Nicolas était dans sa chambre. Tranquille. Aucune pression. Il actualisait juste tout le temps la page de sa fac pour avoir le résultat de son examen final en décembre, histoire de savoir s'il passait en deuxième année de bio. Ouaiiis voilà tranquille. AUCUNE PRESSION. Aaron profitait d'une de ses dernières journées de congé pour sortir au parc, avec Starshine, faire des bonhommes de neige. Jérémy, soit au restaurant, soit en entraînement... Généralement ça se passe comme ça. Nicolas, il a suivi personne. Nah, il est resté dans sa chambre à F5 comme un gros taré. Qui fait ça en 2019 sérieux (ndla : moi, quand forumactif fait une maj) ? Bon. Crayon de bois qu'il mordille entre ses dents, cahier dans lequel il note ses projets de sciences qu'il réserve pour le club à Terrae, Nicolas n'a pas vraiment la tête à réfléchir... Il a la tête à rien depuis que la fac a annoncé que les résultats mettraient un peu plus de temps à arriver... C'qu'est rare au Japon, donc, il allait pas gueuler... Mais MERDE c'est long... Un petit F5 pour la peine. Rien. Bon. Il jette de nouveau un œil sur ce qu'il a écrit dans son cahier avant de repartir dans ses pensées. Il aurait du laisser Aaron le forcer à sortir...

Il se rend compte qu'il tourne en boucle quand il décide de se lever pour aller choper un truc dans le frigo. Dans la cuisine, il ouvre d'abord le frigo, puis les placards, avant d'ouvrir de nouveau le frigo. Y'a une majorité de plat dans des tupperwares en fait, pas vraiment de quoi grignoter. Nicolas pousse un soupir avant de fermer le frigo ; parfois Aaron et Jérémy en font trop. Il osait pas le dire parce qu'il était bien content de manger, mais merde... Il choppe une banane dans la corbeille à fruit et va s'asseoir dans le salon. Il observe l'extérieur par la baie vitrée. Il a neigé dehors, une couche de poudreuse recouvre tout. Nicolas ouvre sa banane avant de mordre dedans, manque d'avoir une furieuse envie de F5 la table... mais se contient. Y'a un silence qui habite la maison et il se rend compte qu'il est seul... Mais ça ne l'abîme pas, comme autrefois. Il sait que sa famille reviendra, il sait que ce soir, ils vont se retrouver pour manger tous ensemble... Il sourit, appréciant le contraste entre le froid de l'hiver au dehors et la chaleur humaine présente continuellement à l'intérieur. Nicolas était bien...

Quelqu'un toque à la porte. Il bat des paupières en terminant sa banane. Il prend le temps d'aller  jeter la peau avant de d'aller ouvrir. Et c'est Boubou. :

-Doude !

Nicolas a un sourire qui grandit naturellement sur son visage, comme à chaque fois qu'il le voit, il ouvre ses bras en s'attendant à ce qu'il se jette sur lui avant de capter qu'ils sont tous les deux dans la même position. Il glousse avant de s'avancer pour se glisser dans les bras de Boubou. S'il ne faisait pas, il allait le faire évidemment. Depuis son Étoilisation, Boubou avait l'air de faire des efforts pour s'équilibrer. Nicolas ne le savait pas trop, parce qu'il avait un sacré filet mental pour éviter d'embêter ses amis avec son côté Sensitif, mais il croyait les autres membres de la Cool Patrol, et la façon dont se comportait Boubou quand ils se voyaient. :

-Quoi d'neuf vieux ? Tu viens pour Zelda ?

Boubou lui dit que ce serait chouette de reprendre la partie sur Breath of the Wild. Donc il n'est pas venu pour ça. Il est surpris qu'il ne soit pas là à cause du DLC où l'on apprend un peu plus sur les champions, et donc sur Mipha, ET DONC sur Sidon, le perso préféré de Boubou. HAN ! Peut-être qu'il est pas au courant que ce DLC est sorti ???... Hm, il lui dira peut-être après du coup, car il enchaîne direk' en demandant s'il y a quelqu'un à la maison. :

-Ah, ouaiiis ch'uis tout seul. Ronron profite de Lottie pour la journée et j'crois que Jérém' bosse ?... 'fin bref, ouais, y'a que moi. Aller, entre !

Bien loin de trouver ça étrange, Nicolas se décale pour le laisser entrer avant de l'accompagner jusqu'à la table. Il lui proposerait bien quelque chose à boire mais il le surprend en train d'inspirer et expirer assez fortement. Oh shit... Here we go agaiiiin. On va le laisser se concentrer alors hein, on lui demandera après. Bonne idée. Nicolas s'installe en face de lui et ne dit rien. Il l'observe avec un grand sourire jusqu'à ce moment où Boubou semble se rappeler qu'il est là, le faisant sourire un peu plus. Il lui avoue qu'il était en train de batailler dans sa tête. Nicolas penche la sienne sur le côté. :

-Oh t'inquiètes doude, prends ton temps.

Car pendant ce temps, Nicolas a toute l'occasion de l'observer. Asbjorn a toujours été longiligne, et ses vêtements trop grands n'aidaient pas à donner l'impression qu'il y avait de la vie la dessous, sauf lorsqu'il bougeait... Et croyez-moi, il bouge constamment. Mais là, même s'il est, plus ou moins puisqu'il a l'air de trépigner, immobile, il semble un peu plus en forme. Ça peut être le rose de ses joues qui viennent de subir le froid de l'hiver, ça peut-être l'éclat de ses yeux, ça pourrait être tout et n'importe quoi mais quelque chose lui fait dire que Boubou change. Boubou se métamorphose. Et c'est pas ses pouvoirs qui le lui disent, ce sont ses tripes.

Et d'ailleurs, c'est ce qu'il lui dit, tout de go. Il a envie de changer. Nicolas appuie sa tête contre son poing, pas surpris, pas ému non plus alors que c'est quand même quelque chose de grand qui est en train de se produire... c'est juste... Nicky. Tout est normal quand cela vient de ses amis. Ils se regardent, mais Nicolas n'a pas le temps de poser des questions que son meilleur ami enchaîne, lui expliquant que s'il veut changer dedans, il faut changer dehors parce qu'il ne s'aime pas. Il le dit alors qu'il n'a pas envie d'en parler. Woah. Ça change de Boubou qui se cache derrière un sourire.

"J’ai toute ma vie sur mon corps et ça m’fatigue un peu, j’pense que tu comprends."

Oui. Bien sûr que je comprends mon doude. Même si je me suis pas attardé sur tes cheveux quand je t'ai vu à poil, allongé sur le sol et inconscient... J'ai juste vu mon pote qui avait besoin de moi. Mais ça tu t'en fous un peu je pense. Parce que c'est pas moi qui me lève et qui doit affronter le reflet du miroir le matin. C'est toi, toi et toi seul face à l'image de ce que tu as été et qui te torture. Moi, j'ai surpassé ça, mes cicatrices font parties de moi, mes cicatrices je ne les vois plus. J'pense même que les plus vieilles ont fini par s'estomper avec le temps... Mais tu n'es pas moi, je ne suis pas toi. Et si tu as besoin de moi pour t'aider, le Loup ou Nicolas, on sera toujours là.

Nicolas hausse une épaule. :

-Ok.

C'était aussi simple que ça. :

-Tu veux boire quelque chose avant qu'on s'y mette ? Si t'as une envie de coupe ou des trucs que tu veux absolument pas avoir ?... Y'a de la grenadine eeeeet... d'autres trucs.

Il a l'air de tout prendre à la légère, comme d'habitude. Mais c'est faux. Nicolas ne prend rien à la légère quand il s'agit de ses proches. Il les aime tellement, et Boubou ne fait pas exception. S'il a besoin qu'on prenne soin de lui le temps qu'on lui coupe les tifs alors il est heureux de pouvoir le faire. Il est heureux de l'aider à faire un pas de plus en avant, comme il l'a fait quand il était au plus mal.

Boubou hausse aussi les épaules en disant qu'il voulait juste quelque chose de différent. Ok. Donc il peut faire des folies apparemment, mais bon, il faudrait rester sage. Sage enfin. Un truc qui lui va bien et qui va potentiellement lui plaire. Même si omg une crête. Non, non, non, restons sage on a dit.

Et puis l'instant d'après, alors que Nicolas s'apprête à se lever pour aller chercher à boire, Boubou l'arrête net en disant qu'il n'a pas soif... en lui demandant s'il est prêt... en demandant s'ils pouvaient pas s'y mettre tout de suite. Si jusque là il maîtrisait plutôt bien un certain flegme pour mettre son meilleur ami à l'aise, l'idée qu'il soit prêt au point de vouloir se lancer directement le secoue un peu. Il pousse une onomatopée tremblante de joie, grand sourire sur ses traits, avant de se ranimer à nouveau, se redresser d'un coup, peut-être en parlant un peu trop fort. :

-Oui ! Oui, oui, pas de soucis c'est parti ! Euuuh... J'vais chercher le matos, installe-toi une chaise au milieu du salon j'arrive !

Non il court pas il euuuuh....... fonce ? vers la salle de bains. Ça fait longtemps qu'il n'a pas coup" de cheveux. S'il est incapable de s'occuper des siens, il a toujours dû prendre soin de ceux de sa mère pendant des années. Depuis qu'il est sur Terrae, ses amis n'ont pas eu besoin de lui et si Jérémy lui demande parfois des conseils, vu qu'il se laisse pousser les cheveux pour la première fois, il n'y a pas grand chose à faire avec des ciseaux. L'occasion est belle autant pour Boubou que pour lui du coup... Il prend les ciseaux, la brosse et le peigne, et prend un spray qu'il remplit d'eau et d'après-shampoing pour éviter de mousser tout en prenant soin du cheveu.

Quand il revient dans le salon, il se sent un peu tendu. Il veut absolument faire plaisir à son meilleur ami, il veut qu'il se sente mieux quand il se regarde dans le miroir, comme lorsque Aoi avait pris soin de lui il y a quelques années maintenant, et qu'il avait commencé à apprendre à s'aimer grâce à elle. Voir autre chose qu'un monstre dans le miroir. Ce qui lui a permis d'embrasser sa personne au fur et à mesure, du moins physiquement. Il prend une brève inspiration pour se calmer... Il faudrait pas qu'il ait la pression, ce serait con. Surtout si Boubou, lui, est serein à côté, ça fout les boules. :

-Bon. Je suis prêt. ...J'te laisse retirer ta capuche.

Parce que Nico n'est pas vraiment sûr qu'il soit capable de le faire. Parce que il veut laisser le choix à Boubou jusqu'au bout. La tentation est grande d'utiliser ses pouvoirs, au moins pour voir son état émotionnel, mais ça le fait vraiment pas... Même s'il se demande ce qu'il pense. Même s'il s'inquiète. :

-Dis. Je suis content que tu me fasses confiance pour ça... Mais je suis encore plus heureux que tu prennes cette décision. J'essaie de rester calme parce que, ce sont tes cheveux quoi... j'veux pas te bousculer avec mes propres émotions à ce sujet... mais j'te connais depuis si longtemps, des fois j'ai l'impression que tu as toujours été là. Alors être là pour toi... ça me rend... 'fin... j'ai pas de mot là.

Nicolas masse sa nuque, autant parce qu'il est mal à l'aise d'avouer un truc aussi con que pour cacher sa main qui tremble... Han merde, maintenant moi aussi je suis ému putain. :

-M'enfinbrefc'estpartiquandtuveuxvoilàonyva !