Je me suis réveillée, il y a un mois, seule et la tête douloureuse. Très douloureuse.
La première chose qui me vint à l'esprit à ce moment là fut de la peur. Une peur intense, mais fugace, comme si ce n'était que le résidu d'un mauvais rêve. Par réflexe, je crois, je me suis mise à chercher quelque chose. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que j'étais avachie contre un arbre, au milieu de la forêt. Pourquoi ?
Mes souvenirs s'arrêtent à mon prénom et aux peu de choses qu'il me faut savoir pour vivre en ce monde.

Par instinct, je me suis mise à chercher un refuge, un lieu où je me sentirais plus en sécurité. J'ai marché quelques heures, errant désespérément avant de tomber sur une petite ville paumée et... assez sale. L'air y est lourd et graisseux, comme si on y faisant brûler de grandes quantités de chaires grasses, sans discontinuer. Une odeur de friture en somme, mêlée à de la poussière.
Il faisait nuit ce jour là, je n'eus pas de mal à trouver un squat. Mal isolé, tout aussi sale que l'extérieur mais les traces de passage étaient vieilles. Presque personne n'y avait mit les pieds depuis un moment donc. Je me suis dis que ce serait une bonne idée de m'y installer le temps de... Le temps de quoi ? Je n'arrive pas à réfléchir, tout est flou. C'est absurde !


Cela fait donc un mois déjà. Je mange ce que je trouve de consommable dans les poubelles et tente de ne pas me faire connaître de mes voisins. Je ne me sens pas totalement en sécurité, mais je ne saurais quoi faire si il me fallait quitter ce refuge subitement. Je veux m'y accrocher, jusqu'à ce qu'une idée, un souvenir, quelque chose, fleurisse dans mon esprit.
Mes journées sont donc encrées dans une routine stressante et solitaire. Je n'ai parlé à personne et ai observé la ville durant tout le temps libre que ma situation m'accorde. Durant ces quelques semaines, j'ai compris que j'avais des habitudes, avant, des tics et des tocs qui m'ont parut naturel et évidents. Mais rien de précis, rien qui ne puisse me servir de piste. Le néant. Ma vie est Néant. C'est cruel et difficile à concevoir.
Malgré tout, mon sommeil est réparateur et calme. Rien n'est venu le troubler en un mois. Jusqu'à ce que...

Un bruit. Désagréable. Je crois que je sais ce que c'est. Je ne suis pas sûre. C'est dans mon rêve ? Non. Ça vient d'en dehors. Dans la réalité.
Je me réveille en sursaut, apercevant au dessus de moi une silhouette. Par instinct, je fis un bond à l'autre bout de ma couche, espérant échapper à mon agresseur. Pas d'armes à portée, rien pour me protéger. J'aurais dû y penser. IDIOTE.
Je me redresse, sortant péniblement de mon sommeil, pour faire face à cette personne.

"Qui êtes vous ?! Que faites-vous ici ? Que voulez vous ?"

Je m'arrête un instant. Le son strident vient de ce personnage. UN TÉLÉPHONE. Voilà ce que c'est !

"Répondez vite. Je suis armée."

Je passe ma main dans mon dos, faisant mine d'y cacher une quelconque arme, espérant que le bluff passe.

"Je viens en paix."

C'est quoi ce guignol ? Depuis quand apparaitre dans la chambre d'une inconnue, au-dessus de son lit, la nuit, est signe de 'paix' ? Il aurait pu se présenter avant de l'agresser. Il aurait au moins eu l'excuse de la politesse.
Il éteint son téléphone, l'air exaspéré, lui aussi, par ce son désagréable. C'est déjà au moins ça.
Mon coup de bluff ne semble pas l'atteindre. Même si il y croit, ça ne lui fait ni chaud ni froid et ça se voit. Le guignol a l'air bien sûr de lui, quoique déçu de ne pas avoir pu réaliser son plan original, quel qu’il fusse.
Je reste stoïque, sur la défensive, prête à me débattre si il le faut. Complètement réveillée maintenant, je pèse la dangerosité de ma situation. Il est possible que ce ne soit qu'un idiot vagabond, un violeur, un tueur sadique qui compte peut être me séquestrer et me torturer avant de violer mon cadavre ? Quelle imagination !
D'un coup la lumière se fit dans le squat. Il n'y a aucune électricité en temps normal ! Ni même une fichue ampoule qui fonctionne.

"Comment...?"

"T'en fais pas, je ne serais pas brute. Mais s'il te plait, tu veux bien que je te kidnappe?"

Vraiment. C'est QUI ce type ? Il me demande sincèrement si je veux bien être kidnappée gentiment, sans rien dire ? Vraiment pas efficace ce plan...

"Heu...Non. Merci, mais je passe mon tour. Je n'ai pas ce genre de fantasme."

Je m'arrête un instant.

"Vous ne m'avez toujours pas répondu. QUI êtes vous ? Pourquoi la lumière s'est elle allumée ? Rien ne fonctionne ici, j'en suis certaine, j'ai tout vérifié. Que me voulez vous ?"

La corde entre les mains, Ys fixe la jeune recrue. Ok, il a pourtant été poli. Il l'a demandé gentiment et poliment à son tour, cette dernière refuse son invitation. (en même temps, c'est normal) Par contre là, c'est quoi cette histoire de fantasme? Non mais il n'a pas le temps pour ça, merde. 
Très bien, si la manière douce ne fonctionne pas, il n'aura qu'à utiliser la manière brutale. Et puis, c'est plus dans ses cordes. 
Exaspéré, il posa la corde sur les épaules tandis qu'un silence ne s'installe. Du moins, un court instant, le Master n'aura pas le temps de trouver un plan B que la jeune femme reprit la parole. 
Relevant les yeux sur elle, Ys la fixa un instant, interloqué. Et puis...

"Ah ouiii!! C'était ça. J'avais complétement oublié de prendre quoi te bâillonner!" 

Oui, oui, pendant que la jeune femme s'inquiète à savoir ce qu'il se passe, le garçon réfléchissait toujours sur ce kidnapping. Non mais elle parle trop et putain, c'est toujours les mêmes questions!! 
Ah d'ailleurs! 

"Attends, bouges pas."

Le Master sortit de sa poche de jean un petit magnétophone qu'il alluma aussitôt tout en le tendant vers son interlocutrice. Oui, il a la flemme. Mais grave.

-Salutations à toi jeune recrue. Je suis Ys Ochikawa. Un Master venant tout droit de Terrae et je suis venu pour toi. Oui tu as bien entendu, uniquement pour toi. J'ai entendu cet Appel et ta détresse. Que dirais tu de me suivre dans un endroit merveilleux où tous tes rêves se réaliseront? Tu pourras te créer de vrais amis, avoir un avenir et même parler aux animaux!! Magnifique n'est ce pas? Allez, tu n'as rien à faire, juste suivre le beau gosse jusqu'à ton nouveau chez toi. A bientôt!

Clic!
Le magnétophone s'arrête de tourner et Ys le rangea aussitôt dans sa poche. Reportant son regard sur la miss, il l'observa un instant, toujours en affichant sa mine blasé. Bah c'est qu'elle n'a pas froid aux yeux la miss. La capturer serait comme se mesurer à un tigre. L'enjeu en vaut la chandelle!

"Des questions? Non? Dans ce cas..."

D'un large sourire sadique, il tendit d'un coup sec la corde tel un fouet. Et déterminé, le démon s'approcha d'un pas de loup vers sa proie. 
Mouais... il devrait sérieusement songer à faire un stage pour "comment faire venir de nouvelles recrues en toute confiance". 

Me bâillonner ? Bon courage, gamin. Je me laisserais pas faire si facilement. Tu sens les ennuis et ça me plaît moyen. Je commence à doucement en avoir marre. Il fait nuit, froid, l'ambiance est presque effrayante tellement elle est absurde.
Je n'avais prévu de quitter si tôt mon refuge, j'espérais ne pas avoir à le faire, mais il semble que j'y sois contrainte. Au premier mouvement qu'il fait dans ma direction, je cesserais toute forme de patience. Surtout si il me traite de cette façon.

Son machin ne m'a pas du tout convaincue. Aucune réponse dans sa bande son, que des questions. Il n'a pas l'air coopératif.
Bien sûr, son histoire m'intrigue. Mais je veux en savoir plus avant de m'embarquer là-dedans. Je ne sais pas ce qui s'est passé durant toutes mes années de vie jusqu'à il y a un mois. Mais je suis certaine que j'ai joué avec le danger et c'est ce qui m'a amené jusqu'ici. Plutôt rester dans ce trou à rat que de refaire la même erreur.

Il s'approche de moi, l'air trop heureux de ses actions. Tu veux jouer à ça ? Jouons gamin.

"Dans ce cas..."

Je fais un bond dans sa direction, fonçant dans la gueule du loup de moi-même. Arrivée à sa hauteur, je balance ma jambe en avant, au niveau de son entre-jambe.
Je ne vois pas moyen plus efficace de mettre à terre un intrus indésirable. Tu vas répondre à mes questions avant de faire quoi que ce soit.

D'un œil satisfait, Ys vit que la nouvelle recrue fut décidée à coopérer. Dans ce cas, c'est parfait, ils allaient pouvoir quitter cet endroit sinistre et Hop au dodo! Non parce que ce genre de mission, très peu pour lui. Maintenant il comprenait mieux pourquoi les nouveaux étaient toujours paumés à leur arrivée, qu'ils ne comprenaient pas réellement où ils étaient. Tu m'étonnes! Une fois que t'as traîné des pieds et des mains pour les emmener, la première chose que tu fais une fois à Terrae, tu te barres et tu les laisse dans la nature. C'est un peut près une forme de ras le bol ou bien de vengeance, c'est possible aussi.
Et forcément quand le Master vit la demoiselle se rapprocher, il s'imaginait déjà tranquille en train de siroter sa bière. Ah ouais sauf que là, elle va vite. Elle va trop vite même!

"Qu'-"

N'ayant pas le temps de réagir ou de comprendre ce qu'il se passait, Ys reçut un coup en plein dans les .... dans les... enfin tu vois quoi.

"AAAAAAHHHH!!!!!!"

Se pliant sous la douleur, Ys fut contraint de lâcher la corde pour mieux se préoccuper de sa descendance. En formation tortue, il frappa du poing contre le sol.

"PUTAINNNNN!!! MAIS T'ES CONNE?! AAAAHHHH!!! J'AI MAAAAAAL!"

Sérieusement, c'est quoi ces recrues? On ne frappe pas les gens à cet endroit sans raison apparente!! Quoi? Non mais il voulait la kidnapper gentiment, c'est elle qui complique les choses. Et bordel, y a vraiment personne qui l'écoute quand il explique la raison de sa venue. Pourquoi ça merde toujours avec lui? C'est quoi ce karma de merde?!

"AAahh.... OOhhhh.... Je... Aaaahh... Là, je vais mourir ici. Un peu."

Traînant sa carcasse jusqu'au lit, il s'allongea sur ce dernier, toujours recroquivillé. C'est qu'elle n'est pas allé de main morte. Peu à peu, la douleur se calme. Enfin, c'est un grand mot hein. Ca douille toujours autant. Mais au moins, il peut retrouver l'usage de la parole pour mieux la hair encore.

"Je te jure qu'une fois debout, je vais te défoncer sale peste!"

GUIGNOL. Il se plie sous la douleur du coup, lâchant la corde dans la foulée. Ma stratégie a parfaitement fonctionné. Il pensait donc réellement que je me laisserais faire sagement. On est en Oregon mon vieux. Tu sors d'où ? Jamais entendu parler de BTK ?

Je ramasse la corde, pendant qu'il se traîne dans le lit, toujours souffrant.

"Je te jure qu'une fois debout, je vais te défoncer sale peste!"

"Commence par essayer de te mettre debout déjà. On verra le reste après."

Avec un sourire narquois, je saute sur lui, le bloquant contre le lit de tout mon poids, la corde en main.

"Agresseur agressé. Fallait pas me chercher. Fallait surtout pas me trouver."

Je fais en sorte de peser sur lui, la corde toujours en main, cherchant à bloquer les siennes pour qu'il ne puisse pas s'en servir contre moi.

"Tu ne vas pas mourir. Rassure toi, je veux juste que tu me répondes. Ma demande est pas compliquée, non ? Explique moi ce que tu fais ici. Oui, ça m'intrigue ton truc. Je vais sûrement faire un raccourci, mais c'est toi qui a allumé la lumière, non ? Jusqu'à aujourd'hui ça n'était pas arrivé, même après des dizaines d'essais désespérés."

Mon genou droit reste au niveau de son entrejambe. Pas que je souhaite à nouveau tenter de le castrer, mais par mesure de précaution.

"Alors réponds. Mon nom est Lys. Qui es-tu, de quel endroit parle tu et pourquoi ?"

Il se détend et semble plus coopératif. Je note: la menace de castration est une vraie menace. Avec le sentiment de l'avoir dompté qui monte en moi, je me détend à mon tour. J'y suis peut être allée un peu fort. Il a presque l'air inoffensif.
Mais ses yeux brillent d'un air de défi. Il semble se croire supérieur à moi malgré la situation. Peut-être. Après tout, si son but avait été de me faire du mal, il m'aurait sûrement droguée, assommée... Il aurait fait quelque chose de physiquement désagréable, en somme, avant de songer à simplement me ligoter. Ou alors il n'est pas très futé. Il y a beaucoup trop d'hypothèses qui me semblent crédibles.

La psychopathe ? Bon. Je l'avoue, encore une fois, j'y suis peut-être allée un peu fort. Dans la panique on ne réagit pas forcément avec bon sens.
Il me propose de déboutonner sa chemise. Que vais-je trouver sous ce tissu ? La réponse au sens de la vie ? Ce serait beau. Mais c'est sans grande conviction que je m'exécute. Je ne vais pas commencer à espérer des choses de ce type.

En le déboutonnant, ma surprise devient de plus en plus grande et affichée. Je sens mes yeux s'écarquiller devant l'image qui s'impose à moi. Un dragon tournoyant le long de son torse. Je redresse la tête, cherchant à planter mon regard dans les yeux rouges de mon agresseur... Pour les découvrir dorés, pétillants, électriques.
La lumière se fait dans le squat, comme par magie. Celle-ci serpente dans la pièce, se déplaçant comme si tout était normal.

"Mais... Comment...?"

Je me tais. Il parle. Même si son regard semble toujours narquois, sa voix a changé. L'atmosphère toute entière s'est transformée. Pour la première fois depuis un mois, je vois, je ressens, une petite lueur d'espoir.
Je me pince les lèvres, je me sens honteuse maintenant. Sa voix m'a charmé en un instant et ses mots ont touché là où il fallait.
Après quelques secondes, je défais ses liens et me redresse, le laissant libre de ses mouvements.

"Non. Je ne veux pas rester ici. Il y a déjà un mois que je me suis réfugiée dans ce... trou à rats. Je ne me souviens de rien avant ça. J'ai peur. Je crois."

J'inspire profondément.

"Je suis désolée, pour le coup. J'ai paniqué. A vrai dire, regarde ma situation actuelle. Comprends qu'un inconnu comme toi face paniquer une jeune femme comme moi. Rien de personnel. Encore désolée, j'espère que tu n'es pas trop rancunier..."

J'expire longuement.

"Je veux bien partit. Emmène moi 'là-bas'. S'il te plaît."

[HRP: Les voisins de Lys ne savent pas qu'elle squatte l'endroit, ils ne la connaissent pas à vrai dire. Par contre le fait qu'ils s'attroupent du coup me semble encore plus justifié si ils pensent que l'endroit est vide]


"Bien dans ce cas nous pouvons y aller. T'as besoin de rien hein? Et puis c'est bon, te refais pas une retouche, t'es sexy comme ça."

Je secouais la tête, cachant au passage le rose qui me montait aux joues. Non, je n'ai besoin de rien. A vrai dire je n'ai rien, à l'exception des vêtements que je porte. D'ailleurs, je me rends enfin compte que l'état dans lequel je suis. Sale, les vêtements froissés, tâchés, déchirés par endroit. Tu m'étonnes que je meurs de froid constamment. Mes cheveux n'ont absolument aucun sens logique, complètement emmêlés, gras. Quant à mon visage... Le manque de sommeil se voit à travers mes cernes, mes lèvres sont gercées par le froid, ma peau sèche et le teint encore plus pâle que d'habitude. Bref, j'ai passé un mois à me cacher, à fouiller les poubelles et à me laver avec l'eau la moins sale que je pouvais trouver.
Si telle est la définition de 'sexy'....

"Je ne sais pas préparer les pancakes. Mais ça doit être bon. Je vais apprendre."

Je l'observe se diriger vers la sortie tout en passant les doigts dans mes cheveux pour en arracher les plus gros nœuds. La porte s'ouvre sur une foule de curieux qui s'empressent d'agresser l'homme de questions. Sans attendre il la referme et se retourne vers moi tout en gardant la porte scellée.

"Oui, il y a une autre sortie. Ce squat est plein de trous partout. J'en ai 'comblé' un avec une planche de bois."

Je me dirige vers la dite planche, à l'opposé de là où se sont entassés les curieux qui tentent de forcer le passage. Je n'ai pas vraiment comblé ce trou. J'ai simplement posé et calé la planche contre ce passage histoire de diminuer le courant d'air qui s'y infiltrait. Je la déplace donc, révélant un trou béant, assez grand pour qu'on y passe en rampant.

"Je n'ai pas mieux à te proposer. Cela conviendra ?"

Sans attendre sa réponse, je récupère la planche de bois et me dirige vers lui et la porte d'entrée qu'il garde fermée grâce à son propre poids.

"Tiens, mets la contre la poignée, ça nous donnera le temps de filer avant qu'ils ne puisse forcer le passage."

Une seconde de silence.

"Tu... Tu t'appelles comment ?"

Comment ça personne ne l'écoute ? Il s'était présenté ? Ah peut être dans sa bande son que j'ai écouté de biais. En fait, concrètement on est partit sur la base d'une succession de défauts de communication. En même temps, je le répète, il voulait me kidnapper à l'origine. C'est une raison suffisante pour l'enchaînement d'action qui a suivit. A mon avis.

Ys, donc, bloque la porte et se dirige avec moi vers notre porte de secours. Je m'y glisse d'abord, suivant son invitation. Bien que le trou soit étroit et qu'il nous mène directement dans la boue, je n'ai pas trop de mal à me faufiler. Ma carrure n'est pas bien imposante, l'action ne me demande que de jouer un peu des hanches sur la fin pour éviter de me prendre un clou mal enfoncé.

Arrivée à l'extérieur je prends le temps d'essuyer la boue qui a éclaboussé sur mon visage. Pas bien efficace au final, car mes mains et tout le reste de mon corps est tout aussi sale que le sol extérieur. J'abandonne donc vite l'idée et me tourne vers Ys. Il m'a suivie de prêt et grommelle. Il semble tenir à son apparence. Tant mieux, si il a l’occasion de se faire beau, autant ne pas s'en priver.
Je ne relève pas sa pique. Après tout je peux le comprendre, ça doit être compliqué pour lui de se traîner dans la boue si il n'en a pas l'habitude. Même moi je n'y ai toujours pas pris goût, même après un mois.

La veste qu'il vient de me poser sur les épaules a immédiatement amélioré ma résistance au froid ambiant. Je ne dis rien et lui offre simplement un sourire reconnaissant, respectant le silence avec lequel il a effectué cette action.

"Allez amènes toi. On a de la route. Je nous aurai bien téléporter mais t'aurai pas supporter."

Je hausse un sourcil, l'air intrigué.

"Tu peux te téléporter ? En plus d'allumer les lumières ? Au final, tu as l'air assez cool comme type, Ys."

Bêtement, mes prunelles pétillent d'un air enfantin. A mes yeux il est passé d'un kidnappeur à un sauveur presque charmant. Presque.
Et c'est sans plus de remarques que je me mets à le suivre, légèrement en retrait. J'en profite pour l'observer et enregistrer son visage dans ma tête, proche de la casse où j'ai rangé son prénom.