Elle ne cille pas à ma réaction pourtant excessive, confirmant l'impression qu'elle me laisse. Ce n'est pas le genre de meuf fragile qui tremble au moindre problème. Et très vite, j'ai l'impression que l'air devient de nouveau respirable dans cette cage de métal. Ce qui ne m'amène pas pour autant à répondre quoi que ce soit à cette proposition d'aide. Je pensais avoir été clair. Je n'ai pas l'intention de m'abaisser à demander de l'aide à qui que ce soit. Je suis parfaitement capable de m'occuper de moi-même.

Je ne sais pas vraiment où elle veut en venir. Je profite donc de ce semblant de calme qui revient, la poitrine moins oppressée. Jusqu'à ce qu'elle lâche cette nouvelle bombe. Qu'est-ce qu'elle veut dire ? Les sourcils froncés suite à cette nouvelle révélation, je ne crois pas que ce soit le genre de nouvelle qui me plaise.

- "Ma référente... ?"

Je répète ce mot à voix haute comme si ça pouvait m'aider à en comprendre les réelles implications. Évidemment que je me doutais qu'elle devait avoir je ne sais quel lien avec Hideko. Mais maintenant que c'est aussi clair, ça me donne encore moins envie de lui adresser la parole. Bah voilà, ce sentiment d'apaisement n'aura pas duré longtemps, puisque je sens de nouveau mon sang qui circule beaucoup plus vite dans mes veines.

- "Ouais ça va, j'ai pigé."

J'ai surtout pigé que c'est la fin de la liberté. Pour le peu que j'ai pu avoir jusque là. Qu'il va de nouveau falloir redoubler d'attention et d'ingéniosité pour récupérer quoi que ce soit. Elle ne veut peut-être pas me fliquer mais dans les faits, bien sûr que c'est ce qui va se passer. Je ne suis pas le genre de mec à renoncer après la première mise en garde. Et je ne vais de toute façon pas pouvoir me contenter d'un simple job bien rangé comme celui-ci. Mais elle va avoir tout le temps de s'en rendre compte.

- "Te fais pas trop d'illusions quand même. On n'est peut-être pas obligés de se faire la misère mais dans les faits, c'est sûr, c'est c'qui va se passer."

Parce que jouer les hypocrites, ce n'est pas dans mes habitudes. Pourtant, ces mots sont prononcés sans émotion particulière, seulement comme un simple fait énoncé à voix haute. Est-ce que c'est cette étrange sensation qui parcourt mon bras, jusqu'à calmer les pulsations dans mes phalanges qui ont rencontré la paroi de l’ascenseur un peu trop brutalement précédemment, qui m'amène à seulement regarder Aoi quitter cet endroit dans lequel on vient de passer beaucoup trop de temps, sans bouger ? Ou tous ses mots qui continuent à s'agiter dans mon esprit.

Quoi qu'il en soit, il me faut quelques secondes avant de me décider à sortir à mon tour. Au moment où les portes allaient se refermer en fait, ce qui me fait réaliser que je n'ai pas du tout envie de passer plus de temps que nécessaire dans cette boîte de ferraille. Ouais, je vais aller prendre l'air. Et une clope avec, ça m'aidera peut-être à faire le tri dans tout ce qui s'agite actuellement dans ma tête. Parce que maintenant c'est clair, c'est la merde.