• Prénom : Liam
• Nom : Narcisse
• Âge : 22 ans
• Affinité et pouvoir : Eau + Lunaire

Commençons par l'essentiel ! Liam a un joli torse, le genre de buste qui laisse deviner un fin entretien régulier et un régime alimentaire plus ou moins régulé ... plus ou moins. Sportif plus par principe même, il n'est pas exactement de la fibre passionnée des pratiquants. Les convictions d'autrefois l'avaient convaincu qu'un physique agréable à l'oeil serait bénéfique pour la notoriété qu'il souhaitait se voir bâtir. Enfin, il est bien plus svelte qu'il n'est musclé, et s'est plutôt amaigri par rapport à ses "jeunes jours". La force du sort oblige parfois des pressions sur le corps qu'on ne désire pas ... mais pour l'instant, il ne s'en tirait pas trop mal.

Le visage, lui, est une sorte de raffinement d'angles droitement cousus et aplatis en d'harmonieuses formes. L'arête de son nez, par exemple aucunement fortuit, est d'une nette droite à peine altérée par quelconque courbure. Quant au plus voyant, les mèches de Liam sont colorées d'une teinte rousse foncée, qui appuie parfois ses nuances orangées vers du marron plus clair. Plus longs que courts, ses cheveux s'avancent environ jusqu'au bas de ses joues. Les pupilles de ses yeux, elles, sont sujettes à quelques débats. Là où certains affirment y voir du noisette, d'autres insistent sur un marron simple, avivé par la luminosité ... mais ouais, c'est plus du noisette qu'autre chose. Autre chose, concernant le visage, Liam a prit l'habitude de ne jamais dépasser sa barbe au-delà du bas menton, il prétend que ça lui sied, on le croit sur parole. Dernière chose sur son petit minois, Liam a des sourcils assez épais, qui s'amusent souvent à appuyer les oeillades entendues qu'il amorce.

Maintenant, hors du concret de l'apparence, ce jeune homme-ci est bien plus qu'un visage, des cheveux et ... un buste. Ainsi, pour commencer, sa voix est assez profonde, peu étonnant, considérant qu'il va la chercher du fond de sa gorge. Dans les moments où il sert d'accompagnement au chanteur, il ne change que très peu de l'alto, mezzo, tout au plus, mais ça voix ne porte pas jusqu'au soprano.  Question manières, Liam est plutôt détendu, on ne le verra pas secouer les jambes, ou pied tapoter son talon tout autour de ses chevilles. Il n'est par contre par rare de l'entendre fredonner des musiques, ou pied taper la mesure avec le bout de sa chaussure. Les manies, c'est pour ceux qui ont des choses à exprimer et qu'ils n'osent pas libérer...

Abnégation, empathie, sympathie et ... complicité pour certains. Liam est le genre d'ami que l'on rêve tous d'avoir. Que ce soit le psychiatre que l'on attend lorsque l'on en a trop sur le coeur, l'intello qui refile les travaux à ses collègues ou bien même l'imbécile qui suit chaque connerie au bon coeur, il n'est jamais absent d'une bonne preuve de camaraderie. Ce penchant, voire même, cette sacralisation de l'amitié est intimement lié à son passé à l'extérieur, il se fait une image de cette dernière d'un serment, d'un voeu, le gage d'une confiance infaillible. La loyauté, c'est quelque chose avec laquelle le rouquin ne plaisantait pas et lorsque c'est sérieux, ça se voit.

Question éthique, pourtant, Liam n'a jamais de remords à briser la loi, preuve en est, il est parfois un fumeur convaincu. Certes, il préfère les petits cigares aux cigarettes, monsieur a des goûts de luxe, mais il n'empêche qu'il essaie toujours de se rappeler qu'à chaque latte, c'est sa voix qui en souffre. Il est donc bien plus sur une mentalité relationnelle, privative, plutôt que morale au sens propre du terme. Sa souplesse avec les lois n'a d'égal que sa souplesse avec autrui, en somme. Le pardon, il l'accorde facilement, l'amitié, il est tout disposé à en construire de nouvelles. Et pourtant, bien souvent, il se garde d'aller lui-même au contact des autres. Au fond de lui, il a peur que ne se répète un scénario similaire à celui qui l'a amené en Terrae.

En privé, Liam ne diverge pas de ses habitudes sociales. Il n'est pas du genre à se forcer, ou bien à juste vouloir absolument se faire aimer. Parfois, la solitude est la meilleure amie dont on peut rêver, pour penser, réfléchir, rêver ... il y a des choses que l'on ne peut partager, pas même avec les meilleurs amis du monde. Et pourtant, ne faudrait-il pas que des mots ? Le problème, hélas, ce sont les mots-mêmes, parfois, ils manquent, parfois, ils sont ineffables et parfois, on les réduit volontairement au silence.

S'il appuie sa confiance sur les autres et les suit qu'importe ce qu'ils désirent faire, Liam est, revanche, très indécis lorsque les décisions sont de son ressort uniquement. S'étant lui-même obligé à une vie paisible, calme, joyeuse, il manque d'ambition, de motivation, parfois et surtout de dynamisme. A quelques exceptions près ... par ailleurs, il s'inquiète également facilement des problèmes de  ceux qu'il fréquente et cherchera par tout moyen à offrir son appui moral, ou concret.

Liam est un féru de viande rouge et de sucre. Depuis son arrivée au Japon, il ne se lasse également pas des sushis, en particulier lorsqu'ils sont marinés dans de la sauce soja sucrée, le tout accompagné d'un petit solo de basse ... le paradis en résumé. Il en faut peu pour être heureux ! Et ça ne saurait être plus vrai avec un cigare en bouche, des bières remplies et ... de bonnes âmes pour les vider, bien sûr. Pour continuer sur l'alcool, il a également un faible pour la manzana et, lorsque de plus hauts degrés s'imposent, il a tendance à favoriser le whisky. Pourquoi le whisky ? Parce qu'il est le symbole de l'hédonisme et de la bonne tenue, qualités essentielles pour chaque âmes joviales.

Musicalement, car après tout, c'est bien tout l'intérêt de ce garçon, Liam a trois favoris. D'abord le rock, variété classique, guitare sèche, batterie et vocalises en soliste, il a déjà incarné la basse sur plusieurs morceaux qui, à la base, s'en passaient. Mais caler cet instrument n'est pas difficile, tant que l'on reste sur la descendance du gospel. C'est bien d'ailleurs pour ça que son second favori est le jazz, pour la polyvalence, la technique et la rythmique. Il n'y a pas de tempo plus singulier que ceux du jazz, les temps tournent comme une spirale véritable et, maigre rouage dans l'engrenage, même en tant que musicien, on ne peut que s'émerveiller du résultat.

Et enfin, bien qu'il aime autant ce dernier style que les autres, il est bien le plus caractéristique su la manière d'être de Liam. Il lui est arrivé, une seule fois, de s'essayer au metal. Et, comme la première bouchée d'un cookie, une fois commencée, on ne s'arrête plus. Il a trouvé dans ce style, comme une manière d'exprimer tout ce qu'il pouvait garder retranché au fond de lui. Que ce soit passion, désir, hédonisme, violence, même, rien ne saurait aussi bien défouler qu'un bon morceau de metal.

Comme notre ami n'est pas très sport, il ne faut pas lui  demander lequel il préfère. Il répondrait simplement qu'il se contente de faire de la musculation en privé et qu'il n'est pas souvent derrière sa télévision. Mais, s'il devait classer, d'après ses maigres expériences, il mettrait certainement le volley et le handball en tête de liste.

Et dernière chose, l'orientation sexuelle de Liam est très ouverte, il ne trouve pas de tabous aux affaires de la chambre et ne saurait donc qu'avouer une minime préférence aux femmes par rapport aux hommes.  <

Liam est né simplement, d'une mère notaire et d'un père jazzman, dans la périphérie de Manhattan. Ce dernier organisait des concerts dans les quartiers alentours, et avait un petit groupe composé d'amis proches, avec lesquels il s'adonnait souvent aux plaisirs des cartes et de la boisson. Rien de malsain, toutefois, la vie de famille de Liam était celle d'un petit ménage ordinaire, mangeant à leur faim, dormant sous bonne couette et rêvant avec l'esprit en quiétude. Bébé, il était gardé par son père, qui n'avait de travail que dépendamment de ses concerts. Et lorsque les horaires de ces derniers venaient, bien souvent, sa mère était déjà rentrée.

En grandissant, Liam prit de sa mère comme de son père. De la première, il tira l'apprentissage de la valeur des règles qui font et régissent une société, du second, il apprit l'importance de ne pas laisser ces dernières l'étouffer et de chérir les bonheurs qu'offrent la vie. A ses premières classes, le jeune garçon eut d'abord du mal à oser s'approcher, à oser s'intriguer, s'immiscer chez les autres. Il constatait que, parfois, toute la bienveillance du monde ne suffit pas à se faire des amis, et que parfois, toute cette bienveillance n'était pas nécessaire. Et son éducation primaire fut secouée par assez d'échecs pour que, bambin qu'il était, il devint jeune adulte plus vite que ce que l'on aurait soupçonné.

Au rythme de son âge, il prenait également un intérêt grandissant pour l'art et le métier de son paternel. Ce ne fut qu'un jour, un Lundi au rentré de l'école, qu'il en découvrit la portée véritable.
Ce jour-là, il avait été malmené par des gosses qui n'étaient pas exactement du genre sympathique, ou du moins, de son point de vue. Il avait ouvert le battant de la porte, larmes aux yeux, accueilli par une mélodie plus douce que ce auquel ses oreilles s'étaient habituées. Son père le vit entrer, passer la porte du salon, paupières humides et genou écorché. Déposant sa guitare, il déposa un regard apitoyé sur lui ...

- Que t'es tu donc fait ...?
- C'est les ga... garçons de l'é...

Le bon vieux paternel arqua un sourire en coin, comprenant sans que son enfant n'ait besoin d'en dire plus. N'était-ce pas là quelque chose de très normal ? Chaque môme se retrouve un jour inquiété par le regard des autres, par le mépris qu'il croit qu'on leur porte. Mais, plus habilement que l'adresse que l'on accorde aux pères, ce dernier prit soin de son garçon avec des gestes experts. Le regard qu'il rendit alors à son petit fut empreint d'un doute subtil, bénin, avant de finalement se résoudre à ... quelque chose que lui seul savait.

- Est-ce que tu voudrais m'accompagner au pub, ce soir ? On fait un concert après manger, je suis sûr que maman n'y verra pas d'inconvénient, ça te dirait ?

Il hocha la tête avec un sourire timide. Ce concert ... il y assista, avec l'instruction qu'avait laissé son père résonnant dans sa tête. "Trouve l'instrument qui te plait le plus, tu me diras lequel c'était, après". Et, pourtant, il ne parvenait pas à distinguer quelconque son de l'autre, à part son père à la guitare sèche et, bien entendu, l'immanquable batterie. Mais quelque chose de plus enfoui le secouait. Ce n'était pas la grosse caisse de la batterie, ni même la basse corde de la guitare. C'était un instrument qui faisait vibrer son coeur à chaque pincement, un murmure furtif qu'il n'arrivait pas à saisir.

La provenance de ces sensations ne s'éclaircit que lorsque leur auteur se décida à un solo improvisé. C'était ça, c'était ce son qu'il cherchait. Et ainsi, Liam gagna en intérêt pour la basse, et le lendemain même, au retour au foyer, son père lui en avait offerte une. A défaut d'avoir des amis avec qui partager sa nouvelle passion, il avait un lien fusionnel avec un père impliqué. Ses premiers pas dans le monde de la musique, il les fit aux  côtés de son paternel. Et d'élémentaire jusqu'à l'équivalent du collège, les choses demeurèrent les mêmes.

Finalement, sans que Liam en ait trop la conviction, son père l'incita à rejoindre un groupe. L'établissement dans lequel il étudiait disposait d'une salle de musique très complète et quelques jeunes s'y exerçaient parfois. Après une démonstration de ses talents, le jeune garçon fut vite intégré à un groupe de blues-rock, composé d'un chanteur, d'un batteur, d'un guitariste et, plus singulièrement, d'un piano. C'était l'une des premières amitiés partagées du petit bout d'homme, mais qui ne dura que le temps de quelques années. S'étant fixé un avenir dans la musique, il s'écarta bien vite des études pour participer à des auditions, des concerts, des démonstrations ...

A l'âge de quinze ans, il se mit en tête de trouver des sponsors, sans même avoir de groupe. Il était convaincu que s'il avait le support matériel, il trouverait sans mal un complice avec qui gratter de la corde. Et, alors qu'il descendait d'une brève série d'accords scéniques devant des jurys , il entendit ce garçon, à peine plus jeune que lui, pousser une gueulante dans un coin de la pièce d'audition.

- Mais, attendez ! Vous n'avez même pas pris la peine de m'écouter, comment pouvez-vous seulement dire que vous n'êtes pas intéressé si vous ne savez même pas à quoi vous intéresser ?!

L'un des invités de l'audition tournait le dos au jeune homme, visiblement lassé par les paroles vaines de ce dernier. Liam n'y prêté qu'une attention minime ... jusqu'à ce que le gueulard en question passe sur scène. Il y allait sous karaoke, visiblement, accompagné d'une instrumentation d'abord simpliste, qui tourna bien vite à l'ardeur d'un feu vivace. Ce fut une voix claire qui accompagna le premier couplet, un timbre situé entre le mezzo et le soprano. Mais, la plus grande surprise, elle se révéla durant le refrain. L'interprète sur scène partit en groll, le genre de chant guttural qui ne plaît qu'à ceux qui en ont l'habitude, un typique des musiques jugées "extrêmes" par certains.

Le jury ne fut toutefois aucunement séduit par cette performance, mais Liam, lui, était estomaqué. Des vocalises pareilles, ça ne se trouvait pas dans les salles de spectacle, ni même dans les pubs de jazz qu'il fréquentait autrefois. A la sortie des auditions, le jeune rouquin s'assura de bien attendre devant la porte, un certificat de sponsorship dans la main. Il ne se redressa que lorsqu'il vit s'approcher ce fameux chanteur ...

- Hey ...

Ce dernier leva un sourcil circonspect, visiblement, ces séances l'avaient mis de mauvais poil. C'était compréhensible, mais Liam ne comptait pas vraiment passer sur l'opportunité.

- Je t'ai entendu, sur scène, tout à l'heure.
- Ah ouais ... et alors ?
- Eh bien, j'ai reçu cette lettre d'un des jurys qui m'a dit de vite trouver un groupe pour la mettre à profit. C'est pour ça, que là, maintenant, je suis en train de recruter un chanteur.
- T'es sérieux ? Il se mit à rire silencieusement.
- Bien sûr que je le suis.

Il ne fallut pas plus de cérémonie. Dans les semaines qui suivirent, ils joignirent à leur petit groupe un batteur, une guitariste et une violoniste. Cette dernière était un caprice du chanteur, Tom, qui insistait sur toute la beauté qu'un seul violon peut insuffler à une mélodie aussi brute que celles que l'on accorde au metal. Bien vite, ils se mirent à l'oeuvre pour composer, mais avant tout, pour jouer là où les lieux s'y accordaient. Ils trouvèrent un maigre succès du fait du jeune âge de la plupart des membres du groupe. Certains y voyaient toutefois une force, une originalité et surtout, une admiration pour un talent aussi juvénile. Tommy, plus que tout autre, impressionnait par ses facultés vocales une communauté bien spécifique, si bien qu'après trois ans, leurs noms commençaient enfin à s'entendre sur les forums spécialisés.

Après mûre réflexion, ils avaient opté pour Passerby pour nom de groupe, et leur premier album Living within, composé notamment d'une musique principale éponyme, fut modestement apprécié par leurs fans. Encore un an après, entre plusieurs virées musicales, ils sortirent finalement un autre volume de leurs talents, intitulé Ethereal. La musique titre de cet album fut un coup de coeur général, c'était l'une des rares musiques où Tommy ne s'égosillait pas. C'était le registre de base de Liam qui avait bercé les accords de cette musique, un blues moderne aux allures de rock, entremêlés de lents accords de guitare, structurés par les battements de la basse et déposé sur un lit de cordes de violon.

La première fois que le jeune homme entendit d'ailleurs la nouvelle de l'appréciation communautaire, il était proche des 22 heures. Ils dormaient dans un van de tournée, enfin,  certains buvaient et parlaient encore, mais Liam et Tommy étaient couchés. C'est ce dernier qui rompit le silence instauré entre eux, d'une manière à l'élégance douteuse.

- Dieu m'tripote ! Liam ! Viens voir !

Les yeux froncés du concerné s'en étaient allés vers le visage insistant de son chanteur. Il était tout sourire ce débile ... et, à raison. Infecté par cette risette, Liam rameuta le reste de leur troupe. Des critiques avaient mis leur album dans la section "Coup de coeur de l'année", multipliant les vues sur les musiques concernées. Toujours positif, toujours enclin à l'entrain, Tommy balança un regard aussi complice que fier à son bassiste.

- Ca, mon vieux ... hoho, ça, ça va nous lancer.
- Je t'avais bien dit que ça allait marcher.*
-  Et ... il toussa ... je savais que ... il toussa encore.
- Allez, tu vas t'en sortir, Tommy, aligne ta phrase.
- Haaa ! Je disais, cher Lilou, que je n'ai jamais douté de toi. Cette toux, j'te jure ... enfin, ça va passer !

... ce ne fut pas le cas. Dans les semaines qui suivirent, les concerts prévus furent annulés, les posters enlevés, tandis que Tommy se faisait allonger sur un lit d'hôpital avec un masque à oxygène sur la bouche. On lui avait diagnostiqué un cancer épidermique au niveau de la gorge, une infection des cordes vocales repérée bien trop tard. Le médecin disait que l'on n'attendait plus qu'il soit prêt à partir ... ce manège dura pendant une année complète. Liam passait le plus clair de son temps à son chevet, jouant leurs morceaux avec sa basse tandis que Tom ne faisait que battre la mesure avec son doigt.

Les rayons d'un soleil couchant brillaient au travers d'une vitre entrouverte, illuminant la chambre d'hôpital d'une douce lueur orangée. Assis sur une chaise, Liam grattait les accords de musiques bien plus connus que les leurs, des balades qu'il s'efforçait de rendre joyeuses. Le sourire de son ami le confortait dans l'idée qu'il faisait un bon boulot. Ce dernier lui pointa le masque du doigt, avec un regard dérangé par le fardeau que représentait cet attirail. Sa voix n'était plus aussi vivace qu'avant, elle était déchiquetée de l'intérieur, ravagée comme une terre désolée, autrefois prospère.

- Tu devrais ... rentrer.
- Personne ne m'attend, Tommy. Je préfère rester.
- Sacré Lilou ... têtu ... comme toujours.
- Têtu, hé, ce n'est pas moi qui survit depuis un an à un cancer. T'es bien plus obstiné que moi, admets-le.
- Ah ça ... il se mit à rire douloureusement. Je déteste donner raison aux autres, et ... qu'est-ce que j'aimerais ... contredire le pronostic du médecin.
- Je sais, Tommy, je sais. Tu vas y arriver.

La tignasse blonde de l'ancien chanteur était toute emmêlée, mais ne couvrait pas l'éternelle risette provocatrice qu'il arborait continuellement. L'alité parut pensif, un instant, puis tourna lentement la tête vers Liam.

- Cette musique qui nous a rendu connus ... ça va comment déjà ?

Le bassiste sourit, acceptant la demande implicite de son ami qu'il comprenait parfaitement. Ses doigts vinrent doucement frotter les cordes de son instrument, délivrant en ton bas la mélodie d'Ethereal. Il franchit l'introduction, le couplet, accompagné du doigt convalescent qui battait toujours la mesure ... et au refrain, Liam releva la tête. Tommy fredonnait ... murmurant les paroles dans une rythmique saccadée.

- Lay down ... a while ... become ethereal, ethereal ...

Le rouquin s'arrêta un instant ... hésitant, avant de reprendre. La mélodie continuait ainsi, encore et encore, passant les couplets, le pont, arrivant au dernier refrain. Le regard solennel du rouquin s'humidifiait à chaque corde, tandis que l'expression du chanteur s'affaissait peu à peu, sa voix faiblissant sans jamais quitter le flot d'accords. Liam enchaîna la dernière ligne d'accords, doucement, glissant son doigt sur la corde basse ...

- ... ethereal.

Ses yeux se fermèrent, le son de l'électro cardiogramme passa à la note constante, laissant la mélodie en suspens sur le dernier accord. Tommy ne chantait plus, son doigt ne battait plus la mesure, la seule musique qui hantait désormais la pièce, c'était celle qu'articulait cette machine. Liam resta assis, regardant contemplativement le sol, avant de succomber à ses larmes.

Dans les semaines qui suivirent, le jeune homme perdit toute motivation, toute envie de seulement continuer à faire de la musique, à continuer le groupe sans Tommy. Il s'écarta de Passerby, se retrouvant seul dans un appartement étroit, visitant plus le bar que n'importe quel autre lieu, noyant son passé dans l'alcool. Il jouait parfois à l'occasion, des morceaux de basse qui rendait l'âme molle et serraient le coeur. Liam ne trouvait plus que faire de sa vie, à part la gaspiller dans la boisson et attendre qu'elle ne s'arrête.

Et un soir, alors qu'il buvait un énième bourbon, on s'assit à côté de lui. C'était un homme, une personne à une voix si douce, si tranquille ... l'opposé du chant de Tommy, même s'il savait poser son timbre, lui aussi. On lui proposa un avenir, loin du néant auquel il s'était promis, sceptique, il avait posé des tas de question. Où, quand, pourquoi, comment ? Tout y était passé, mais finalement, après considération ... il accepta.

A l'arrivée, Liam est resté fidèle à lui-même, calme, à l'écoute, compréhensif des consignes données. Il se sentait incomplet, incapable de faire quoi que ce soit de par lui-même, n'avait plus envie de faire quoi que ce soit à part se saouler. Même la musique le dégoûtait parfois. Il se remet progressivement de ses manies et de sa mollesse, le goût de la basse, lui, est revenu comme il était parti.