À chaque fois qu'il passe au gymnase, ces derniers temps, Misao se force à d'abord jeter un oeil dans la pièce pour s'assurer que Ryu n'est pas là. Pas qu'il le déteste (un peu), mais depuis qu'il lui a cassé la gueule avec la lampe de bureau de sa soeur, il faut dire que leurs relations, de cordiales, sont passées à carrément polaires. Le Feu culpabilise peut-être un peu, il est vrai. Seulement un peu. Rien de folichon, il suffit de faire abstraction aux repas de famille, de faire semblant de sourire, de ne pas trop croiser son regard, de faire genre "ohlala on est copains" devant les enfants et tout va bien.

Ouais. Tout va bien dans le meilleurs des mondes, c'est clair. C'est pas comme si Misao était passé du stade de parasite au stade de salopard suprême dans la tête de son beau-frère. Pourquoi c'est toujours compliqué, les relations avec les gens ?

Comme il fait une chaleur à crever, cette après-midi-là, et qu'il n'a pas vraiment la force de courir après sa balle de baseball tout seul (RIP Misao qui ne trouve jamais personne pour jouer avec lui ; et franchement, jouer au baseball à deux ou, pire, tout seul, c'est pas trop ouf), l'Invisible s'est décidé à explorer le gymnase en quête d'un truc à faire. Pas de boxe, ça ne l'intéresse pas trop aujourd'hui — il aime bien faire des séances avec Elwynn ou Huo à côté, histoire de discuter un peu, et sinon, quand il est seul, c'est pour passer sa rage. Pas de muscu non plus, il déteste ça. La corde à sauter, c'est pas mal pour l'échauffement, mais depuis qu'un mec l'a surpris en train d'en faire et a passé la moitié de l'après-midi à le vanner (résultat, le mec a vu ses affaires disparaître pendant qu'il prenait sa douche, c'est ballot hein), il évite. Alors lorsqu'il tombe sur un ballon de basket, il se dit que ça peut être une bonne idée.

Misao n'est pas forcément le scientifique le plus gringalet sur terre. Oui, on peut faire du sport et avoir un cerveau. Oui, on peut aimer mettre des paniers ET réussir à en faire et être chercheur à côté, n'en déplaise à Sheldon Cooper. (Ah oui, non, pardon, il ne fait que de la biologie, c'est de la sous-science, excusez-moi.)

Bref, Misao met quelques paniers et fait des dribbles, la base. Il met du temps à retrouver de l'aisance, mais ses mouvements sont guidés par son instinct déjà forgé par la pratique. C'est quand il lance la balle contre le panier un poil trop fort et que celle-ci rebondit contre la tête d'une fille qu'il se rend compte qu'il aurait peut-être dû faire un peu plus attention à son environnement.

—Oh merde !

Misao se précipite vers la brune, en espérant qu'elle ne soit pas trop sonnée. Grimace.

—Tout va bien ? J'suis désolé, je l'ai lancée trop fort… Je t'avais pas vue.

Sari aime bien cette sensation d'être en vacances. Ici, les gens sont relativement sympas et accueillants et elle a pas besoin de bosser. Genre les repas à la cafét sont gratuits, elle a un lit dans un dortoir - UN DORTOIR !! Elle avait jamais eu à partager sa chambre avant c'est extrêmement bizarre - et puis elle peut passer ses journées à explorer un peu, parler avec les gens. Elle aime bien parler et rencontrer des nouvelles personnes. Elle du mal à s'habituer à la puce traductrice mais bon rien que le fait que c'est un petit bijou technologique la fait relativiser. De toute façon elle peut difficilement parler aux gens sans.

Enfin le problème avec le fait d'être en vacances, c'est qu'elle s'ennuie vite. Puis bon, une fois qu'elle a fait le tour du parc et du Lac, faut bien s'occuper autrement. Elle a pas encore trop fouillé les bâtiments d'ailleurs. C'est une école de magie ici quand même. A défaut d'avoir jamais reçu sa lettre pour Poudlard, elle peut toujours compenser avec l'Institut. Y a surement des passages secrets ou ce genre de trucs ici, c'est sûr !

C'est un peu la déception d'apprendre que les sous-sols sont interdits en vrai. Elle essaiera d'y aller une autre fois. Genre quand elle aura de quoi forcer la serrure.

Elle aurait bien fait un jogging autour du Lac aujourd'hui mais elle a trop dormi et c'est déjà l'après-midi et il fait beaucoup trop chaud. Elle a trop d'énergie à dépenser pour rester surplace, là. Faut qu'elle bouge. Mais pas dehors. Trop chaud. C'est quoi ce pays, sérieusement ? Ils connaissent pas le froid ? A Londres au moins l'été on se liquéfie pas au soleil même si il fait chaud. L'avantage c'est que comme ça les bâtiments sont un peu climatisés. Ou ventilés. En tout cas fait moins chaud dedans. Elle a vu qu'il y a des salles d'entrainement et un gymnase en plus sur sa petite carte de l'Institut.

Ça fait un bail qu'elle a pas refait de la self. Même si elle est toute seule, elle peut toujours pratiquer des mouvements. Et avec un peu de chance, y aura peut-être quelqu'un avec qui s'entrainer ?

Bon visiblement, y a pas grand monde dans le gymnase, juste deux types qui s'entrainent dans un coin et un autre qui joue au basket. Sarika s'échauffe un peu lentement dans son coin, des mouvements basique pour mettre son corps en route. Des petits sauts, des mouvements d'épaules, les poign- Aïe !

— Ça va...

Elle se frotte le crâne là où le ballon l'a frappé.

— C'est une manie ici, de lancer des trucs à la tête des gens ? Une façon de souhaiter la bienvenue peut-être ?

Elle avait encore du jaune dans les cheveux pendant deux jours après l'incident dans la cour.

— Non parce que, si c'est ça, faudrait songer à revoir la méthode. Ça risque de faire fuir les candidats potentiels.

Le Feu laisse la balle rouler dans un coin, préférant s'approcher de la jeune femme. Elle est relativement grande, brune, et visiblement elle n'est pas du genre timide. Il esquisse un demi sourire amusé qu'il remballe bien vite, c'est pas le moment de lui faire croire qu'il se fout de sa gueule.

—Désolé, ne peut-il s'empêcher de rire. On doit inconsciemment vouloir faire fuir les nouveaux arrivants, qui sait ?

Donc elle est nouvelle ; ça, au moins, c'est dit directement. Par contre, elle a l'air d'avoir eu du mal avec d'autres gens ici ; elle s'est fait attaquer par quoi, une boule de feu, une sphère d'eau ? C'est toujours un peu bizarre dans les premiers temps, mais bon, on s'y habitue, aux trucs qui volent dans tous les sens. (En même temps, y a que les nouveaux pour se prendre des trucs dans la gueule, les autres font déjà trop gaffe pour ne pas voir arriver un ballon de cette taille- Oui il se dédouane, et alors ?)

—Tu es arrivée y a pas trop longtemps, du coup ? Pas super comme accueil, j'admets, grimace-t-il en allant récupérer le ballon, qu'il coince entre son bras et son flanc.

En général, l'accueil à Terrae, c'est plus thé et petits gâteaux, voire flammèches et éclairs pour les plus casse-cou(illes). Enfin, quand ils n'ont pas la chance d'avoir un Master qui les guide jusqu'aux dortoirs — c'est vrai que c'est rare, ces bestioles-là. Faudrait qu'ils songent à faire leur job un jour, les gars.

Bon, il sait pas trop comment faire la discussion, il a plus trop l'habitude. Avant, ça venait plus rapidement, mais il se sociabilisait plus, aussi. Maintenant, ses seuls moments de sociabilisation intensifs c'est avec Sibylle quand il la croise. Et on peut pas vraiment dire qu'il cause beaucoup avec elle, vu qu'elle monologue la majorité du temps. (Promis, parfois il lui répond-)

—J'devrais peut-être te laisser à ton sport, sourit-il maladroitement. Tu allais te lancer dans quoi ?

Elle a pas sorti de matos, alors ça peut être approximativement n'importe quoi, en fait...

Sari détaille rapidement le mec qui vient voir s'il ne l'a pas assommé avec sa balle de basket. Il a l'air japonais. Pas forcément moche pour un mec mais qu'est-ce qu'elle y connait ? Il est grand en tout cas, plus qu'elle c'est sûr. Au moins il s'excuse directement en riant. Elle sourit en coin à la petite vanne.

— C'est pour donner moins de boulots aux responsables, elle rétorque avec un rire.

Elle hausse une épaule à la question. Le mec qui l'a ramené était assez sympa en vrai, il lui a expliqué rapidement comment ça marchait et lui a même donné un petit plan avec un guide en sortant de l'examen psy. D'ailleurs c'était chelou de voir un psy. Genre, est-ce que tout le monde doit en voir un ? Pour quelle raison ? Ils ont peur de ramener des psychopathes ?

— Je suis là depuis une semaine ou deux, ouais.

Elle a encore un peu de mal à s'habituer aux dortoirs mais la vie en communauté lui plait bien. Elle a toujours été sociable comme fille. Sinon elle aurait pas tenu un bar. Il y en a ici d'ailleurs, des bars. Elle pourrait proposer d'y bosser surement, si un jour elle a la foi mais… Enfin elle est trop habituée à bosser comme gérante pour retourner faire la serveuse surement.

— J'avais pas vraiment d'idée. J'ai fait de la self-défense quelques temps mais c'est moins intéressant sans partenaire. On peut se faire un un-contre-un s'tu veux ?

Sari est pas la meilleure basketteuse au monde mais elle est sportive. Et puis, courir et lancer une balle, c'est un peu la base. Elle joue mieux au cricket ou au foot mais le basket, elle sait faire. Elle regarde la balle coincée sous son bras avec un sourire. Elle a bien envie de la lui piquer pour voir.

— Moi c'est Sarika, au fait. Et tu es...?

Moins de boulot aux responsables... L'idée est plutôt tentante, mais bon ; on peut pas dire que les Masters sont vraiment occupés. Certes, ils ont leurs missions, mais la plupart fait quand même semblant d'être débordé. Misao sourit en coin, puis acquiesce lentement quand elle répond à sa question sur le temps qu'elle a passé à Terrae. Ouais, toute récente quoi. Est-ce qu'elle a déjà eu affaire aux pouvoirs, ou pas encore ?

—Oh, t'es encore une newbie alors. J'espère que Terrae te dépayse pas trop.

L'Etoile fait rebondir quelques fois la balle sur le sol et hausse un sourcil amusé, détaillant la jeune femme. Bon, elle est plus petite que lui, mais elle sera sûrement plus rapide s'ils se font un match.

—Pourquoi pas, oui ? Moi c'est Misao.

Il lui lance un sourire et continue à jouer avec le ballon, plus par automatisme qu'autre chose. Le bruit du rebond contre le sol est agréable — plus que le grincement des chaussures sur le parquet quand il fait des feintes.

—Si jamais tu veux continuer les cours de self-défense, à l'occasion, tu peux toujours voir par ici le samedi aprèm et les vendredi et mercredi en fin de journée. J'ai une amie qui y donne des cours.

Le Feu retient un petit "Elle est plutôt badass" ; c'est pas la peine de s'étendre sur le sujet, hein. À la place, il se contente de lancer le ballon vers Sarika pour qu'elle démarre le jeu.

—On se prend cette portion de terrain ? lance-t-il en désignant la partie gauche de la salle, là où il s'échauffait quelques instants plus tôt, avant de s'y déplacer, prêt à défendre le panier et intercepter la balle. J'te laisse commencer.

Il se met en position. Il est censé y aller mollo avec elle, ou pas trop, en fait ?

Sari roule un peu des yeux quand il la traite de newbie. Bon, c'est vrai qu'elle est nouvelle mais ça veut pas dire qu'elle ne sait rien. Enfin, elle a vu des gens faire des trucs chelou de magie déjà un peu. C'est assez surprenant au début mais maintenant elle a surtout envie d'avoir les siens. Ca a l'air grave cool, de pouvoir maitriser l'eau ou l'air. Ça lui rappelle un peu la religion hindouiste. Pas qu'elle soit vraiment pratiquante mais c'est toujours quelque part.

— J'aime bien. L'endroit est cool. Ça change de Londres. Fait grave chaud, par contre.

Il accepte sa proposition de duel et elle sourit largement. Cool. Vu comment il fait rebondir sa balle, il a l'air de s'en sortir au basket et elle aime bien les défis.

— Oh… Oui, j'irai. J'aimais bien les cours de self que je prenais.

Ça l'aide à décharger un peu sa frustration en général. Pas que Sari soit quelqu'un de violent mais elle aime se dépenser et elle a de l'énergie à revendre surtout depuis qu'elle n'a plus le bar.

Elle attrape la balle qu'il lui lance et la fait rebondir un peu pour la prendre en main. Elle dribble pour se mettre vers la partie de terrain sur laquelle ils vont jouer. Misao s'est placé d'instinct entre elle et le panier pour défendre. Cool.

— Trop galant, elle rigole. Soit sympa avec moi, j'ai pas joué depuis un bon moment.

Elle dribble un peu sur place en réfléchissant à sa stratégie avant de s'élancer vers lui. Elle tente une feinte vers sa droite en essayant de le passer mais il recule et elle se retrouve presque sous la panier. C'est pas très avantageux pour elle, vu sa taille. Et le brun est bien plus grand qu'elle. Elle essaye encore de le feinter pour lancer le ballon mais il la gêne et la balle rebondit sur l'arceau. Raté. Elle le laisse aller rattraper le ballon qui est sorti du terrain.

Oh, elle vient de Londres, alors ? Ca l'étonne à demi, mais c'est vrai qu'il faut pas juger à la tête, ici. On peut avoir des gens de partout dans tous les coins ; au moins, Sarika ne doit pas avoir trop de mal à comprendre la majorité des personnes ici. Faut dire que la communauté Terraenne est essentiellement anglaise, française ou japonaise, ça aide pour la compréhension quand on n'aime pas avoir la puce dans les oreilles.

—C'est vrai qu'il fait particulièrement chaud cette année. Mais c'est sûr que Londres, c'est pas réputé pour être la ville la plus ensoleillée du monde.

Ouhh, les vilains stéréotypes.

Ils ne tardent pas à se mettre en place pour le jeu. Il est toujours curieux et content de tomber sur des femmes sportives, mais c'est aussi parce qu'il a du mal à se sortir ses clichés de la tête. Après, elles font toujours une bonne compagnie, c'est pas les plus prises de tête.

—Oh, je vais essayer d'y aller tranquillement alors, se moque-t-il à demi. J'ai pas joué depuis longtemps non plus, j'te rassure.

Elle dribble sur place ; Misao analyse d'instinct ses mouvements, avant qu'elle ne s'élance. Feinte sur le côté ; il recule. Elle ne peut pas tirer de là où elle est, mais elle tente tout de même. Elle aurait pu tenter de reculer plutôt que de tenter le coup, là. Le Feu récupère le ballon. Au moins, elle dribble bien ; elle est aussi capable de feinter, elle est rapide. Pas mauvaise, donc. Fut un temps, il arrivait bien à feinter d'une main sur l'autre, et utiliser son bras faible, mais ça fait quand même perpette qu'il s'est pas entraîné.

Il se lance aussi ; feinte à droite, à gauche, il fait passer le ballon derrière elle pour le récupérer plus loin. Il a la chance d'avoir de plus longs bras qu'elle, ça aide. La balle lui échappe un instant, il manque de la perdre, mais réussit à la conserver jusqu'à tirer. Trop bas.

—Hé, t'es plutôt douée, rit-il en récupérant puis lui relançant la balle.

Sari esquisse un demi sourire grimacé. Oui, bah, voilà. Elle sait que Londres est réputée pour avoir un climat pourri mais il y fait pas toujours mauvais eh ! C'est juste que c'est quand même le Nord de l'Europe. Genre c'est pas l'Espagne. Atteindre les 30°c sans le réchauffement climatique c'est un peu utopiste.

Ils commencent à jouer et elle est contente de savoir qu'elle est pas la seule à y aller tranquillement. Fin, le mec a pas l'air du genre du genre à faire du sport seulement les 36 du mois au moins. Il est un peu musclé quand même. Il a pas la silhouette clichée du gringalet asiatique.

Son panier raté la déçoit. Sa visée a été meilleure, c'est clair. En même temps, elle aurait dû trouver une meilleure occasion au lieu de forcer le lancé. Il a récupéré la balle du coup. Et il est bon en plus. Il sait dribbler mieux qu'elle et feinter. Et il est grand. Et il a des grands bras. C'est de la triiiche.

Elle essaye de récupérer le ballon quand il la passe mais elle se fait avoir par la feinte et il avance encore. Pas le temps de le rattraper avant qu'il lance mais il rate le panier aussi. Elle récupère la balle avec un petit rire, essaye de la faire tourner sur son index.

— Merci, sweetie~

Elle rigole doucement, s'amuse un peu avec la balle avant de recommencer à dribbler sur place.

— T'es assez bon aussi, je te rassure.

Elle s'élance encore en avant vers lui en partant vers la droite avant de pivoter sur son talon pour le contourner. Il est grand mais elle est plus agile, elle profite de l'avoir passé pour sauter en lançant sa balle.

— Ouiiiii ! Panier pour moi !

Elle sautille un peu avant d'aller chercher la balle qu'elle lui lance.

— Aller je te laisse ta chance pour une revanche !

Hm, dites-voir, elle l'a appelé comment, là ? Sweetie ? Elle s'y croit pas un peu, peut-être ? Il esquisse un sourire amusé. Désolé pour toi princesse, mais on évite les surnoms mignons sur un terrain de basket, ça fait mauvais genre.

—Désolé pour toi, mais je suis loin d'être sweet.

Faut pas déconner un peu, c'est son honneur qui est en jeu. Et son égo, qu'il réprime la plupart du temps (non.)(enfin à peu prè-)(n o n.), est assez malmené quand elle met son premier panier. Il lui lance cependant un sourire large en la félicitant, avant de hausser deux sourcils et sourire en coin, plus carnassier.

—Ma chance ? J'ai pas besoin de chance, gamine.

Misao passe la vitesse supérieure. Il faut se rappeler une chose à son propos : s'il aime s'amuser et jouer de manière fair-play (il ne faut pas oublier qu'il est un japonais jusqu'au bout des ongles, et loin d'être aussi retors que certain) il aime surtout jouer de manière fair-play et foutre une raclée à ses adversaires. Pas question qu'il se laisse faire par une newbie. Et il n'aura même pas besoin d'utiliser son invisibilité pour ça, pff. Ces gens qui croient pas en ses skills.

Il s'élance rapidement pour la dépasser. Feinte. Il fait passer la balle, se bat un moment pour conserver le ballon ; les actions sont rapides, vives ; il est presque sous le panier, saute, fait un dunk en s'accrochant à l'arceau. Il se relaisse tomber souplement sur ses jambes, se redresse et jette un oeil à Sarika, une expression à la fois fière et provocatrice sur le visage.

—Je t'ai dit : pas besoin de chance.

Comment dire qu'à partir de là, le match va devenir TRES serré ?

Sari s'amuse vraiment beaucoup, elle rigole carrément quand Misao se vexe pour le surnom qu'elle lui donne. C'est bien les mecs hétéros ça, toujours à s'offusquer pour ce genre de chose. Puis, la tête qu'il tire quand elle réussit à marquer vaut son pesant de pistaches. Comme il est susceptible rhooo.

Bon, du coup il aime pas perdre, c'est bon à savoir. Il est direct plus agressif dans son jeu. Elle a un peu plus de mal à suivre le rythme et essaye de le gêner mais comme il est injustement grand il en profite. Est-ce qu'il va- MAIS NON ! Mais c'est trop de la triche là vazy ! Comme c'est injuste de lui faire un mouvement pareil puis son dunk là ! Frimeur !

— Tch !

Elle détourne la tête. Oui, elle est vexée. Elle est trop petite pour pouvoir dunker, elle. Injustice.

— Espèce de sale frimeur, elle rétorque.

Puis d'où il l'a appellé gamine, quoi ?! Elle va le taper en fait.

— Tu vas voir ce qu'elle va te mettre la gamine.

Ha bah oui, fallait pas la provoquer aussi. Se laisser faire c'est pas le genre de la maison. Elle va chercher la balle et s'avance en dribblant vers oui, presque en courrant. Elle essaye de le passer mais la feinte ne prend pas alors elle recule un peu. Ils sont sur la limite des trois points et elle pourrait tenter mais il la gêne avec sa taille d'asperge.

Elle se déplace vers un côté en suivant la limite de la zone avant de faire volte face pour filer dans l'autre sens. Elle a juste assez d'avance et elle saute dans le mouvement en lançant la balle. Le ballon roule un instant sur l'arceau, en équilibre avant de tomber dans le filet.

— Ha ! Je te l'avais dit !

Elle est fière d'elle, clairement. Mais elle sent qu'elle va le regretter...

Ouuuuh comme elle est jalouse. Les lèvres du feu s'étirent largement devant la réaction agacée de la joueuse ; frimeur, lui ? Ouais, peut-être un peu, mais quand on fait des dunks, on peut, ok ! Faut lui laisser au moins cette parcelle de fierté, déjà qu'il a pas trop de raison de l'être, le pauvre. Il éclate de rire et hausse un sourcil amusé et provocateur. La tigresse sort les griffes, c'est bien ; c'est beaucoup plus amusant quand y a du challenge.

—Quoi, vexée ?

Et évidemment, elle marque le prochain panier. Et lui aussi. Il parvient quelques fois à lui récupérer la balle, elle loupe quelques fois, lui aussi ; bref, très rapidement, et ce malgré un jeu assez rapide, ils parviennent toujours par remonter leur score et finissent systématiquement à égalité. Epuisés, les deux sportifs se fixen dans le blanc des yeux (cey intense).

Misao finit par lever la main et laisse tomber le ballon qu'il tenait entre ses mains pour la contre-offensive. Il reprend finalement la parole, essoufflé, mais un rire dans la voix.

—Bon, temps mort.

Il s'assoit sur le sol et laisse aller sa tête vers l'arrière, complètement KO.

—Bien joué, bien joué. Mais là j'suis claqué, j'ai besoin d'une pause. On dit qu'on en reste là ? se marre-t-il.

Il lui tend le poing, un sourcil haussé. Oui, il initie un contact, ohlala.

—C'était cool, merci pour le match.

Sari n'est pas mauvaise joueuse. Non mais c'est vrai ! Elle sait reconnaître qu'elle a perdu. Par contre, elle se vexe quand elle perd. Et elle aime prouver qu'elle sait faire des choses. C'est un peu une recette à désastre quand elle se retrouve en face de quelqu'un d'aussi obstiné qu'elle.

Elle compte pas laisser tomber sa victoire comme ça mais faut avouer qu'il se débrouille en face. Ils manquent quelques paniers chacun, en marquent d'autre. Elle se laisse galvaniser par le son du ballon orange qui rebondit sur le parquet du gymnase. Finalement ils en arrivent à un ex-equo. Elle soupire de soulagement quand il propose de s'arrêter là.

— J'ai cru que t'allais jamais le proposer, elle répond en riant, un peu essoufflée.

Elle lui rend le fist bump qu'il lui propose et se laisse tomber sur le sol, allongée sur le dos. Sa poitrine se soulève rapidement alors qu'elle reprend son souffle. Là, elle est morte un peu. Faut qu'elle prenne cinq minutes pour se recharger.

— Merci aussi. T'es fort, ça se faisait un moment que j'avais pas fait ça.

Elle faisait toujours du sport de temps en temps, du jogging, de la marche, la self qu'elle avait commencé mais à part les matchs de cricket avec son père… Les sports collectifs ça faisait longtemps, depuis le lycée peut-être ?

— J'en peux plus, tu m'as épuisé.

Elle rigole doucement, se rassoit par terre pour le détailler un peu plus. Il est cool. Ça lui fait du bien de parler avec des nouvelles personnes. Des gens qui ne savent pas qui elle est, qui ne vont pas poser de questions, lui demander comment elle va.

— Ça te dit qu'on aille boire un coup ? Genre, pour discuter ? Ou un café.

Enfin après la douche parce que bon, les vêtements de sport et la transpiration dans un café...

Les deux adversaires sont, semble-t-il, aussi têtus que des poteaux, l'un comme l'autre. Ils restent campés sur leur position, et, surtout, n'acceptent jamais la défaite. Ce pourquoi la proposition d'arrêter lorsqu'ils arrivent pour la énième fois à égalité les arrange tous les deux : leur égo n'est pas malmené, et ils ont fait un bon match. De quoi leur laisser un bon souvenir pour les prochaines heures. (Du moins, jusqu'à ce que leurs courbatures leur rappellent qu'ils ont abusé et qu'ils devraient peut-être ralentir le rythme, par moment.)

—Tu aurais pu le faire aussi, rit-il en retour.

Il accepte le compliment et fixe le plafond avant de fermer les yeux ; il sent sa tête qui le tourne un peu maintenant qu'il a arrêté de courir. Son coeur bat à sa tempe, c'est une sensaton qu'il n'aime pas trop, même si elle est significatrice d'une bonne partie, généralement.

Le Feu ne peut retenir un rire, un peu nerveux et fatigué, lorsqu'elle reprend sur sa fatigue. Il pense exactement la même chose, mais hors de question qu'il le dise à voix haute ; il n'est pas encore suffisamment au bord de la mort pour ça.

Il s'essuie le front et grimace en sentant sa sueur. 'Tain, il a surtout besoin d'une douche, lui.

—Je t'avoue que je suis pas contre un truc frais, rit-il, le souffle encore un peu court. Tu me laisses juste remonter prendre ma douche, avant ? Faut vraiment que je me change.

Non parce que là, il a pas envie d'un café, il a surtout envie de boire la moitié d'une piscine d'eau fraîche et éventuellement d'une citronnade. (Avec du citron vert svp, on a du goût ou on en a pas, d'accord ?)

Il galère à se remettre sur ses jambes et s'étire un peu en soufflant lourdement, les yeux fermés. Ahh, oxygéner les muscles, ça fait du bien.

—On se rejoint devant l'institut dans une quinzaine de minutes ?

Comme ça, ils auront le temps de souffler un peu avant de ressortir dans Le Grand Chaud.

Elle laisse échapper un demi rire essoufflé quand Misao remarque qu'elle aurait pu proposer de s'arrêter. Oui. Certes. Mais elle est trop fière pour admettre qu'elle en peut plus avant d'arriver réellement au bout du rouleau dans ce genre de cas. La compétition c'est son truc, enfin le sport surtout. Puis le défi. Bref.

Elle se sent toute collante et humide. Transpirer lui fait toujours du bien. Elle remonte tant bien que mal les quelques mèches de cheveux qui trainent sur sa nuque. Trop court pour faire un chignon ou une queue de cheval mais trop long pour pas avoir chaud. Elle les maintient comme ça un instant le temps de rafraichir sa nuque. Ça fait du bien.

— Je dois prendre une douche aussi, t'inquiète. Je rêve d'une limonade ou d'un thé glacé. Oh, ou d'une glace à l'eau bien froide.

Elle se redresse et se relève lentement. Ourf. Ouais va falloir boire de l'eau si elle veut pas payer pour le match demain. Elle sent venir les courbatures. Mais bon, ça fait jamais de mal de suer un peu. Elle s'étire lentement pour se refroidir un peu.

— Ca marche. Me faudra bien ça pour aller me changer et trouver la sortie, elle rigole.

Elle a encore un peu de mal à se retrouver dans l'Institut parfois. Heureusement que les dortoirs sont au même étage que le gymnase et les douches. Ca ira vite. Elle termine de s'étirer.

— Je te retrouve là bas alors. A tout de suite.

Elle fait un petit signe de main au brun avant de filer prendre une bonne douche brulante. Ca la détend bien et elle se paye même le luxe de finir sur de l'eau froide pour se rafraichir. Les dortoirs sont à côté et elle en profite pour enfiler un short et un petit haut coloré. Elle se dit qu'elle pourrait essayer de relever ses cheveux mais c'est un échec alors elle met une pince à l'arrache au lieu de les coiffer. Et comme elle a perdu du temps, Misao est déjà là.

— Hey ! C'est mieux après une bonne douche, hein ? Alors, on va où ?

Il connait surement plus de coins pour boire un coup.

Putain, il a trouvé encore plus mauvais perdant. Enfin, tout aussi mauvais perdant. Meh. C'est pas facile à avouer, comme défaut ! C'est plus simple de se perdre dans la compétition et il trouver un réel plaisir quand on se sent pas déçu du résultat à la fin, hé. Et puis. Il se surprend à se dire que ça pourrait être bien, de faire ça de temps en temps, avec quelques autres personnes. Du style, Elwynn ? Un petit match. Il faudrait une autre personne au moins, alors. Dans tous les cas, ça pourrait être intéressant de se retrouver entre amateurs de sport, un peu comme ces clubs, là. (Urg, il pense soudain au club de science qu'on lui a plus ou moins imposé. Et aux deadlines. Pourquoi les deadlines...)

—Ca va la sortie pas si lointaine, s'amuse-t-il. Ils vous donnent pas des plans du bâtiment quand vous arrivez ?

Un signe de la main de la part de Misao, pour répondre à celui de la brune. Il ne perd pas son temps pour remonter prendre sa douche et mettre des habits de ville plus classiques. Genre. La chemise. Pantalon sobre. Tout bien repassé, évidemment. Je dois vraiment continuer à vous faire le topo du mec psychorigide sur son apparence ? (Enfin, si c'était que sur son apparence, à la limite...)

La douche lui a fait du bien en tout cas. Surtout ses narines qui préfèrent largement l'odeur de son gel douche alliée à celle de son parfum, hein. Non putain il va pas à un rendez-vous, il s'habille tout le temps comme ça sfbsh scrogneugneuh.

Il est un petit peu en avance par rapport à Sarika ; et encore, il a pris son temps. Il est arrivé pile à l'heure. Ne pas faire de remarque.

—Carrément. Je me serais pas vu sortir dans cet état, il se marre.

Il est content que ses cheveux soient encore humides quand il se confronte à la chaleur de l'extérieur.

—Pour ce qui est de l'endroit... Je sais pas, en ville, pour commencer. Doit bien y avoir des endroits libres pour se poser et boire un coup. T'as eu le temps de visiter un peu, déjà, d'ailleurs ? Je sais plus si j'ai déjà posé la question.

Ouais, ils se sont lancés tellement vite dans la compète... Et avec son cerveau dans le flou comme ça (la faute au sport), il a du mal à replacer les bouts.