[Précisions Hrp : Coucou ! Ce rp est un rp speed écrit initialement sur discord pour nous permettre de rattraper un peu notre retard de timeline. Pour aller vite, on n'y respecte donc pas la limite minimum de 15 lignes demandées avec l'accord d'Hideko.
Le rp se passe en mai à Hong Kong, un peu après l'anniversaire de Huo.]

Je l'avoue, je suis stressé. Voilà, c'est dit. Déjà rien que l'idée de retourner à Hong Kong alors que j'y suis surement plus ou moins recherché par la Triade me plait moyen. Mais ma mère m'a convaincu, aller savoir comment. Elle me manquait je pense. Et puis le risque est pas si grand, tant que je reste dans les quartiers fréquentables. C'est pas comme si on prenait l'avion de toute façon. En plus comme c'est le printemps je peux me balader avec lunettes et chapeau pour me camoufler un peu sans que ce sois trop suspect. J'ai quand même voulu arriver un peu en avance au café où on a rendez-vous. Aoi a l'air aussi stressée que moi, c'est presque drôle.

Bon. Bien. D'accord. Aujourd'hui, je rencontre la mère d'Huo. Pas que je n'en ai pas envie, bien sûr ; simplement, je ressens un peu d'appréhension à cette idée. Comme on dit, je suis en conflit avec moi-même. On arrive à Hong-Kong un peu en avance ; beaucoup trop en avance. Je ne suis clairement pas prête psychologiquement et je vais faire un malaise, tout va bien. Nerveusement, je regarde autour de nous. J'ai du mal à ressentir du plaisir à l'idée d'être ici ; et même le fait que je ne connaisse pas la ville n'arrive pas à me convaincre de profiter du paysage. Quelle idée...

Nous entrons dans le café, assez bondé à cette heure. Je ne connais pas les usages chinois, j'ai l'impression que je vais me faire taillader en pièces. Tout va bien-...

—Tu crois que c'est trop tard pour partir ? je chuchote à mon fiancé, alors qu'on s'installe à une table.

Je suis nerveux, c'est affreux. Je ne l'ai pas vue depuis quoi... 10 ans ? Pas loin, en tout cas. Elle avait l'air vraiment enthousiaste à l'idée de rencontrer ma fiancée mais maintenant j'ai peur qu'on se dispute. Arg. Et Aoi a l'air tellement pas à l'aise aussi.

Je prend sa main discrètement sous la table. Ça va être compliqué si aucun de nous est détendu. D'habitude on arrive à être à peu près compensés en terme d'humeur mais là...

— On est arrivés jusque là, on ne va pas partir maintenant. Et puis, tu sais, je pense qu'elle va bien t'aimer.

Enfin si elle passe au delà de son métissage évident mais je l'ai prévenue. Si elle a une remarque déplacée, on s'en va.

Sourire un peu crispé de ma part. Ce n'est pas totalement faux ; et habituellement, je ne suis pas si peu courageuse. Cela étant, je n'ai jamais rencontré les parents d'un de mes chéris avant... tout simplement parce qu'il est le seul que j'aie eu ? Ça n'aide pas à compenser ma volonté de tout contrôler dans une situation déjà peu contrôlable.

Délicatement, je serre sa main en retour. Inspiration. Je souris un peu plus doucement, du moins je le tente.

—On dit toujours ça~ Mais c'est surtout...

J'ai une moue.

—Elle aurait peut-être voulu te revoir seul à seule, non ? Ça fait très longtemps que vous ne vous êtes pas vus.

Je lui renvoie un sourire doucement. Elle a tellement envie de faire bonne impression… Ma chérie, crois moi qu'après la façon dont je suis parti, tu vas être l'ange rédempteur aux yeux de ma mère, je risque plus que toi.

— Hm… Peut-être. Mais là c'est moi qui ait envie de lui présenter ma Princesse.

Je me mordille la lèvre, embarrassé.

— Et j'ai peur que si on se retrouve juste nous deux, on retombe dans nos anciennes habitudes ? Je sais pas, c'est égoïste mais j'ai envie que tu sois là pour qu'on le fasse ensemble ?

La famille c'est compliqué. Sauf quand c'est elle.

Huo arriverait presque à me faire oublier que cette rencontre risque d'être aussi stressante que ma première réunion en tant que néo-Master, il y a quelques années de ça, avec ses mots doux et son sourire d'enfant gêné. Mes doigts s'entrelacent aux siens ; il sait comment me parler pour que je me sente plus à l'aise, depuis le temps.

—Par pitié, ne m'appelle pas comme ça devant elle... je réponds en riant, mi amusée mi gênée d'avance. Mais je comprends.

Sans un mot de plus, j'amène sa main à mes lèvres pour déposer un baiser sur ses doigts.

—Ce n'est pas égoïste. Ça me fait aussi plaisir.

... Même si je zyeute un peu trop vers la porte. Déjà que j'ai l'impression qu'on se fait dévisager...

Je rigole doucement et lui fait un sourire innocent. Moi ? L'embarrasser devant ma mère ? Naaah. En vrai j'oserais pas, elle me le ferait payer plus tard. Même si ce serait drôle. Et puis, COMMENT VOUS VOULEZ QUE JE RÉSISTE QUAND ELLE FAIT CA HEIN ?!!

Ça devrait être interdit ce genre de geste affectueux en public maintenant j'ai envie de l'embrasser. Quoi, comment ça, je me gêne pas d'habitude ? Ouais bah avec ma poisse dans ce genre de situation, ma mère débarquerais au moment où on se bécote. Pas moyen.

— J'suis content alors. Et détend toi, vraiment. Les gens sont juste curieux, ça leur passera.

Hong Kong est pas si cosmopolite que ça mais on est dans un quartier aisé. Ils ont l'habitude de voir autre chose que des chinois.

Ohhh non. Je reconnais ce regard et ces yeux qui pétillent ; pas moyen. Range tes bisous, chéri. Il est hors de question que tu nous affiches en public, non mais. Déjà, tu as vu le monde autour de nous ? Il ne manquerait plus que ta mère arrive... Mon sourire se tire en coin et mon sourcil se hausse dans mon amusement.

—En même temps, on doit passer pour des attractions de foire... je m'amuse à demi, avant de me raidir quand quelqu'un s'avance vers nous... mais ce n'est qu'un serveur.

C'est pas vrai. Je suis détendue. Je le vis bien. Au secours. Quand je disais qu'on se serait fait surprendre, je ne disais pas de bêtise, hein !!

J'étouffe un éclat de rire pas du tout approprié à l'ambiance un peu feutrée du café. J'aime lui tirer ce genre d'expression. On se connait tellement bien, je sais parfaitement à quoi elle pense.

Je demande une théière au serveur qui s'est approché dans un cantonais hésitant. Je n'ai plus trop l'habitude de le parler. Depuis que je suis à Terrae, je pratique plus l'anglais qu'autre chose.

— Respire. On s'en fiche des gens. Personne va nous aborder ici. On est juste deux amoureux qui profitent de leur journée.

Et puis si on doit parler d'attraction de foire, je suis pire qu'elle. Entre mes cheveux roux et son physique de métisse européenne, c'est clair qu'on passe pas inaperçus.

Nous commandons déjà du thé. Est-ce qu'elle ne va pas mal le prendre si on se sert avant son arrivée ? Enfin, si elle arrive dans les quelques prochaines minutes, elle n'aura pas besoin d'attendre son thé, au moins... Ahhhhh. J'aimerais bien dire que je suis aussi calme que je le laisse entrevoir physiquement (c'est à dire un peu, mais pas beaucoup), mais ce n'est même pas le cas. Inspirer, expirer. L'attente c'est encore pire ; pourquoi on est venus en avance ?! Huo veut vraiment me tuer, en fait.

Oui, d'accord. Je sais pourquoi on est venus en avance : à tous les coups, si on avait eu la moindre minute de retard, sa mère en aurait profité pour le déshériter. Sauf qu'il est déjà déshérité. Donc. Le. Je sais pas, d'accord ?!

—Je respire voyons, je ne fais que ça, je chuchote.

Et puis tu sais bien que le problème ce n'est pas la question d'être abordés ; je m'en contrefiche. Rien que les regards, c'est suffisant.

—Rassure-moi, c'est le bon café ?

Laissez-moi paniquer, merci.

Je retiens encore un petit rire. Mais bien sur, elle est parfaitement calme, ça se voit. J'essaye de la rassurer un peu avec un sourire. Je vois bien que les regards des gens l'angoissent mais à part les fusiller du regard je peux pas faire grand chose. Et même ça, ce serait genre super impoli donc vaut mieux pas.

— Oui, je suis sûr.

J'ai vérifié l'adresse trois fois. Je crois qu'elle a dit qu'elle venait ici de temps en temps et qu'ils ont du bon thé. Tain, c'est bon je vais finir par paniquer aussi.

— Elle ne va pas tarder je pense.

Elle aime être à l'heure. Et j'ai bien fait attention de me mettre avec la porte dans mon champ de vision. Revenir ici me fait retomber dans mes vieilles habitudes.

Il est sûr. Bon. Bon. Bien. Mais. Il peut revérifier peut être ? Parce qu'il est presque l'heure, et si ça se trouve, on s'est trompés, donc elle pensera qu'on n'est pas venus, ou alors elle sera fâchée parce que- Non, ok, d'accord. Je suis calme, on a dit.

Pour me donner bonne conscience, je tourne la tête vers la porte... Et c'est juste au moment où une dame dans la cinquantaine passe la porte. Petit regard vers Huo. Il s'est crispé. C'est elle ?? Oui, c'est elle. Ah. Ahhh. Ahhhhhhhhhhh-

Je fais quoi, je me lève, je bouge pas, je me ratatine sur moi-même, je cesse d'exister ?? Il est trop tard pour fuir aux toilettes ??

Gloups, je suis pas prête pour ça.

Je m'apprête à lui répondre, essayer de la calmer un peu mais mon regard accroche la femme qui passe la porte. Damn. Damn. Je me suis pas tendu, c'est faux. J'suis stressé, j'ai envie de disparaitre sous la table.

Je me lève, un peu raide, incertain et hésitant. Je ne sais pas trop quoi dire mais elle ne me laisse pas le temps de réfléchir. Sa main prend la mienne doucement et elle sourit.

— Bonjour Huo.
— Bonjour Maman.

Je serre sa main dans la mienne doucement avant de la relâcher et l'aide à s'installer. Je suis coincé entre ma tension et mon soulagement de la revoir.

— Je te présente Aoi, ma fiancée. Aoi, ma mère, Bao-Zi Zhang.
— Enchantée de vous rencontrer, Mademoiselle.

Huo est retourné se rouler en boule dans un coin de son cerveau, je constate avec un brin de compassion. Lorsque j'ai revu ma mère, il y a quelques années, j'étais dans un état à peu près similaire... sauf que ça ne faisait pas dix ans que je m'étais enfuie de chez moi. Je pose ma main sur la sienne avant qu'il ne se lève, en soutien. Contiens-toi, Aoi, ce n'est pas le moment. Je me lève à mon tour et attends patiemment à côté de lui.

Ils se retrouvent face à face. Sa mère est très jolie ; elle a quelques rides en pattes de mouche au coin des yeux, du même bleu que ceux de Huo, un chignon bas et des cheveux qui tirent vers le gris.

Les retrouvailles sont minimalistes, étranges. Même si je connais cette pudeur propre à nos cultures de l'est, ma propre mère est bien loin de ces faux-semblants et de cette attitude irréprochable : c'est un tourbillon, qui n'aurait pas hésité à me prendre sauvagement dans ses bras, même au beau milieu d'un lieu public. Je me demande si, quelque part, le café n'était pas de trop.

Lorsqu'elle est installée, je m'installe à mon tour et lui sourit. J'incline doucement la tête.

—Ravie de vous rencontrer, Madame Zhang, je réponds poliment dans un mandarin hésitant que j'ai travaillé avec Huo ces derniers jours.

Et maintenant je sais plus quoi dire, bien. Oh le thé, merci monsieur le serveur, vous me sauvez la vie-

J'ai conscience que je la dévore un peu des yeux. Je note tous les changements, les nouvelles rides, ses cheveux qui commencent à tourner au gris mais qu'elle ne teint pas. J'aimerais la prendre dans mes bras mais je sens bien qu'elle n'en a pas envie. Pas en public en tout cas.

Son mandarin est irréprochable comme toujours et je la vois qui sourit avec indulgence devant la formule de politesse d'Aoi. Dieu que je l'aime quand je vois ce qu'elle fait pour moi.

— Oh, vous parlez mandarin ! Je parle un peu anglais mais Huo m'a dit que vous étiez japonaise.

Pas de jugement, juste une remarque polie et je souris. Je suis content de la voir. Je remercie le serveur qui nous apporte la théière et j'en profite pour servir tout le monde.

— Aoi fait beaucoup d'efforts pour moi. J'essaye d'apprendre un peu le japonais aussi.
— Tu as toujours été doué pour les langues.