Ca va bientôt faire mois. Ca devrait changer bientôt, si l'Eclipse a un effet régulier. Aucune idée de ce qu'on sera par la suite. J'ai passé les trois dernières semaines dans la forêt à accepter Nicolas de façon irrégulière et à bonne distance, j'ai appris seule à gérer mieux l'électricité. Ayant déjà été Téléporteuse, j'avais quelques idées de base, pour avoir demandé à Nico et Ronron quand il avait le temps au milieu de ses activités. Mais là c'était aussi la seule façon de sortir de mes propres émotions qui me noient en permanence. Mais t'as cru, j'ai beau pas faire bonne figure, galérer, et pour une fois avoir fui un problème tu m'connais. J'ai quand même essayer de calmer cette merde de pouvoir.

En fait j'voulais le maitriser un minimum pour revoir la Cool Patrol, mais surtout Jérém'. Je sais qu'il va m'faire confiance. Je sais qu'il peut pas théoriquement mal réagir, parce qu'il a fait la même. Mais j'veux pas le laisser sans nouvelle. Alors aujourd'hui j'ai décidé d'essayer d'aller le voir. Sauf qu'une fois arrivée derrière les maisons Master, j'flippe, j'ai peur de ressentir les autres. J'ose pas aller dans la rue et croiser quelqu'un. Alors j'passe par derrière, me plante derrière le jardin. La fenêtre de Jérémy est fermée. Et t'façon, j'allais crier quoi. J'sais pas quoi dire, quoi faire. Et puis qu'est-ce qu'il va en penser ? Est-ce qu'il aura envie de me voir ? J'ai pas envie de le sentir.

Ca m'fait tellement flipper cette histoire que dans je ferme mon poing, un putain d'éclair zèbre l'air juste à côté de moi. Sa race même moi j'suis surprise... Faut vraiment que j'me détende, m d r. Le visage de Jérémy apparait, et là y a une nouvelle décharge mais rien à voir avec mon pouvoir. Je le fixe, sans bouger, sans sourire. Juste j'le regarde, il est là. Hm, les bons constats yes.

Puis j'ose un sourire. Il saura jamais quoi faire de ce sourire, j'le connais trop bien. Est-ce qu'il aura envie de me voir ? Est-ce qu'il aura envie qu'on discute ? J'en sais rien. Autant tenter. Je penche la tête sur le côté, fait un mouvement du côté de la forêt. "Viens." Si l'envie te vient. Je souris puis me retourne et file vers la forêt sans une hésitation. Je sais qu'il me trouvera.

Jérémy regarde ses godets de basilic et lâche un son pensif entre ses lèvres pincées. Il savait qu'il fallait qu'il garde les semis au chaud et dans l'humidité, le temps qu'ils germent, mais il avait peur de noyer la plante... et d'un autre côté s'il utilisait le spray, est-ce qu'il ne lui donnait pas assez d'eau ?... Hmmmmmmmmmmm... Du bout du doigt, il frôle la minuscule touche de vert dans le minuscule pot de terreau. Crache le morceau sinon j'envoie Nico pour t'interroger... Ah, les vieilles habitudes qui reviennent... Mais ça sert à rien de torturer une plante Chasseur, ça n'a pas de système nerveux. Il se redresse et pschitt-pschitt d'eau l'ensemble de ses godets d'un geste rageur. Non mais. Il a intérêt à être parfait le basilic de c't'année !

De la lumière dehors, attire son attention. Il fronce les sourcils, se lève en emportant ses semis pour les mettre à la fenêtre... Et y'a Elwynn dehors. ...WAIT WAHT ? Jérémy bat des paupières, très vite, il est statufié. Non mais elle est là, c'est bien elle, il rêve pas... Et elle sourit... Et elle lui fait signe de venir... AH ! EUH ! OK ! ATT-...

Jérémy court dans la maison, va dans l'entrée pour choper ses baskets en se cognant dans tous les murs sur son chemin. Nicolas dépasse sa tête du salon. :

-C'est quoi c'barouf ?

-Y'a que El' j'ai vu et là partie donc j'y vas.

Faire des phrases grammaticalement correctes, c'est en option. Pourtant Nicolas semble comprendre puisqu'il s'approche lui aussi pour mettre des chaussures tout en remuant sa queue de loup. Mais Jérémy le choppe par les épaules. :

-Non. Stop. J'invoque mon privilège de petit ami.

-EH ? Mais c'est pas juste !

-J'ai pas pu la voir pendant un mois, d'où c'est pas juste ?! ...Alors coucouche panier le Loup.

Nicolas croise les bras en boudant. Jérémy sait qu'il veut la voir aussi. Il sait que toute la Cool Patrol veut la voir... Elle manque à tout le monde. Mais elle est aussi venue à sa fenêtre, pas à la porte de la maison. Doit y avoir une raison et il est pas prêt à prendre le risque de lui faire peur en rameutant toute la smalah avec lui, même s'il en brûlait d'envie aussi. Il soupire, secoue la crinière de son frérot compréhensif et sort en trombe de la maison.

Ok alors la forêt, la forêt... Le f- WOH. Jérémy s'est téléporté. Il a oublié que lorsqu'il se concentrait sur un lieu particulier ça pouvait lui arriver... Bon d'habitude c'est sur des petites distances et ça se voit ; il est paaas vraiment arrivé devant non plus, mais il a bien avancé dans cette direction. Il réfléchit pas plus et s'élance avec de grandes foulées. ...Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas approché d'une forêt. Beaucoup de souvenirs, même si celle de Terrae est bien différente des bois dans lesquels il a grandi. Il y a un chemin de terre tracé au sol... Jérémy l'observe un instant avant de dévier, s'enfoncer dans la partie plus "sauvage".

Aussitôt, sa marche se fait plus lente, calculée. Ses yeux s'ouvrent grands et notent les variations dans le paysage ; là une branche cassée, ici le manteau de feuilles au sol a été soulevé, au-dessus la lumière du printemps, en-dessous la mousse et le lichen qui poussent sur les roches et les troncs. Il traque. Il essaie de se souvenir de la dernière fois qu'il l'a fait... Ça lui semble si lointain et pourtant tout ses gestes lui sont revenus. Il se sent bien en plus, pas le même bien que lorsqu'il est en cuisine... mais bien. Il suit la trace presque imperceptible et fraîche au sol ; il reconnaît la foulée d'Elwynn.

Il s'avance, glisse de temps en temps sa main sur les troncs. Des traces de boue. Un brin d'herbe plié. De la terre retournée. Des cailloux placés de manière étrange. Un son devant lui... Il lève la tête et se relève, marchant de nouveau normalement pour s'approcher d'Elwynn qui l'attend, comme si tout ça était normal en fin de compte. Il sourit... ouais, c'est leur normal à eux. :

-Salut. Euh... Tu voulais m'voir hein ? J'ai pas mal compris le signal ?

Quoi ? On sait jamais !


HRP : Petit un, j'ai pas résisté à un échange entre Nico et Mymy.
Petit deux, j'ai pas oublié que je devais parler de ce moment de "chasse" et je suis content.
Petit trois, je suis sous la barre des "un an" sans avoir rép, c'est pas du retard, c'était de la profonde réflexion u_u...

Je me cale sur une souche, les jambes croisées, au milieu d'un espace un peu sans arbre, pour qu'il me trouve sans trop de difficultés. Enfin en vrai, j'pense qu'il est la personne la plus apte à m'trouver. Parce que c'est lui, et parce qu'il me connait. Et j'me suis pas planté, il se ramène assez rapidement après, un peu trop même. Il est quoi lui cette fois ? Téléporteur j'crois ? Il me demande immédiatement s'il a bien compris. J'ai un léger sourire.

T'as bien compris, t'en fais pas. Et, salut.

Il a pas l'air de m'en vouloir le moins du monde, il a l'air surtout inquiet. J'arrive à rentrer mes émotions dans moi, et j'ressens les siennes mais elles sont loin, c'est pas trop les miennes. C'est trop bizarre mais comme quand je l'ai pas vu pendant 1 mois la dernière fois, j'ai envie de le prendre dans mes bras, de le sentir contre moi, tout vivant qu'il est. J'avais oublié comme c'est paisible dans moi quand il est là. Bon là ça bouge pas mal, en fait souvent ça doit bouger pas mal au fond comme ça, mais lui il amène du calme.

Est-ce qu tu vas bien ?

C'est ça qui m'importe le plus en vrai. S'il va bien, ça va. Même s'il m'en veut, s'il est en colère, si lui va bien, c'est déjà énorme.

Excuse-moi de pas avoir réussi plus tôt. A te voir. Et j'suis contente que là, on s'voit.

J'lui souris encore un peu plus. Je sais que j'ai merdé, j'suis vraiment désolée, mais j'veux qu'il sache que je suis vraiment heureuse de le voir, que j'suis contente qu'il ait accepté de venir me voir, qu'on puisse discuter.

Elle est installée sur une souche, tranquille. Elle lui répond qu'il ne s'est pas trompé. Il ne retient pas son soupir rassuré et un bref sourire avant de regarder autour de lui. Il aimerait s'assoir aussi mais... ben la nature quoi, pas de chaise. Il va se salir... tant pis. Il se met à genou au sol, histoire que ses fesses soient pas dégueu quand il va se relever... Comprenez-le, il n'a qu'une envie c'est de la prendre dans ses bras et de la couvrir de baisers. Mais aussi, il a été télépathe et s'est isolé à sa manière, comme Elwynn l'a fait, alors il est déjà bien content de la VOIR. Du coup, self-control. Jérémy met sagement ses mains sur ses cuisses, les tapotant brièvement du bout des doigts, les lèvres pincées. M'voyez tout va bien !

C'est ce qu'il allait vraiment répondre en plus. Mais elle s'excuse. Elle s'excuse de pas avoir réussi. Il la regarde intensément. Elle est bien là, comme souvent. Elwynn pourrait être au milieu du désert, perdue dans l'océan, isolée dans une ville, de nuit ou de jour, elle serait quand même dans son élément, faite pour s'adapter à tout. Jérémy a un sourire en coin. :

-Qu'est-ce tu racontes... Tu es là, en bonne santé, tu as tout réussi pour moi. Oui je vais bien... Ça va encore mieux maintenant.

Elle est si belle... Il voudrait se tenir plus près pour mieux la voir. :

-Tu m'a manqué-

Il s'est téléporté devant elle. :

-....... aUsSiii ?

...Jérémy ça doit bien faire six ou sept ans que tu as mué, c'est quel genre d'ultrason que tu viens de pousser exactement ? Il ferme la bouche, la rouvre, se perd dans les yeux émeraudes face à lui, la peau mouchetée de tâches de rousseur, les cheveux sauvages,... Ah. Elle est si proche il pourrait la toucher... Son coeur explose. ...MERDE C'EST VRAI IL EST SI PROCHE !

Il se jette d'un coup en arrière les bras battants l'air pour... pour rien, faire une brasse coulée dans les feuilles mortes ? En tout cas pour quelqu'un qui voulait rester propre, il retourne vite sa veste quand il s'agit de sa copine, eh. MODE PROTECTION DES EMOTIONS ENCLENCHÉ ! C'est le moment de faire le caillou-huître !

Il a l'air heureux de me voir aussi. C'est giga rassurant j'vous jure. Et j'le vois regarder autour de lui, puis se mettre sur les genoux. Oh, oui, il va se salir, j'oubliais qu'il est bien plus sensible que moi sur ça. J'hésite un instant à bouger de la souche, mais il a l'air bien décidé. J'vais bouger après, mais j'ai trop envie de savoir comment il va. Il est tout crispé là, j'le vois bien, en même temps j'dois pas être mieux. J'ai tellement envie de le prendre dans mes bras.

Il me regarde intensément, je fais la même chose. C'est pas gênant, c'est entre nous, on connait, c'est limite confortable de retrouver ça. Il se met à sourire. Hm. HM. Ce p'tit sourire là. Arrêtez on connait tous quelqu'un, voire des gens, qui quand ils sourient comme ça, toi t'es là. "HM."

Ahaha. Baka. Merci.

J'ai envie de lui dire que j'suis reconnaissante qu'il ait attendu, qu'il ne m'en veuille pas du tout, j'ai envie de le rassurer et de lui dire que tout va bien, que j'suis toujours là. Mais là, c'est lui qui est là : devant moi, giga proche. On doit être aussi surpris l'un que l'autre. Eh j'te jure mon meilleur pote est Téléporteur, j'ai l'habitude, mais bordel JEREMY NON J'AI PAS L'HABITUDE. L'étang intérieur est secoué, y a des vagues de partout, ça va déborder, j'ai eu peur un peu, du coup j'manque de paniquer totalement, Jérémy panique aussi et-...

C'est si brusque que j'le prends presque comme une gifle. Déjà parce que j'ai vu personne pendant un mois t'sais. Mais là il est proche de moi, nos regards se croisent, et y a une vague de joie, de sérénité, de passion et de désire qui m'envahi. C'est agréable, enivrant, ça donne envie d'y rester. Mais c'est carrément pas mes émotions. Alors j'm'y rattache comme je peux pour calmer les miennes avant que Jérémy recule comme un ouf.

Mes mains cripsée sur mes bras croisés, je baisse les yeux vers lui. Respire un coup, essaie de rester proche de cette douce euphorie tout en la laissant partir.

Panique pas. Vraiment. Ca va. Tu ressemble à un vieux sanglier avec les feuilles partout comme ça.

Je pouffe de rire, puis je sens la panique remonter, et mon regard change d'un coup, paniqué et beaucoup trop agressif à la fois.

PANIQUE PAS BORDEL.

Je m'auto-calme. Ca va pas, de crier sur lui alors qu'il a rien fait bordel de cul ? ET TU VEUX QUOI TU VEUX TE BATTRE. Je suis ridicule. Ca va trop vite dans ma tête, et je finis par enfouir mon visage dans mes mains, respirer à fond, essayer de me déconnecter de tout lentement. Je murmure.

Pardon. Ca va. Vraiment. C'est bien... c'est bien quand juste tu... T'es là.

C'est bien quand tu m'aimes, parce que ça me rappelle que moi aussi, je t'aime, et que quand je t'aime, je sais ce que je ressens.

Il ressemble à un vieux sanglier qu'elle dit... Pardon ?! Ah, oui, forcément à se rouler par terre ça joue un peu. Il l'entend rire mais il n'est pas assez rassuré et tente de s'éloigner un peu plus dans sa panique -ce qui ne l'éloigne qu'à peine remarquez. Le cri d'Elwynn l'immobilise ; il ne se tend pas comme si on lui avait aboyé un ordre, c'est même tout le contraire. Prenant une grande inspiration, il arrête de secouer les bras dans tous les sens, les posant par terre. Voilà. Jérémy fait l'étoile par terre et tente d'imiter le fameux caillou-huître. Si elle avait crié, lui, il lui répond dans un murmure. :

-Je ne panique plus.

Franchement, eh, c'est t'y pas genre méga utile de vivre avec des Sensitifs ?... ...Un peu.

Il y a un moment de pure paix d'un coup... Jérémy arrive à se tenir dans cet entre-deux de vide calme et d'émotions qui l'apaisent dès qu'il pense à sa proximité avec Elwynn. Il souffle, les yeux levés vers le ciel tout en songeant à l'intensité de ceux de la jeune femme... Elle s'excuse, lui dit que ça va... :

-C'est moi, pardon. J'avais... J'avais très envie de te voir... mieux...

Son cœur se serre d'un coup et il lâche un "gnnh" en se frottant le visage de ses mains. Fuck. Il était amoureux. Et c'était si fort qu'il en avait du mal à rester un caillou-huître. Mais il voulait pas qu'elle se sente mal à cause de lui. Aller, il peut le faire ! Pour El' ! Il respire à nouveau, calmant la douleur dans son thorax avant de reposer les bras au sol. :

-Je suis content de pouvoir te voir... Il rit un peu avant d'ajouter. Une nouvelle preuve que tu es bien plus forte que moi.

Oui, il faisait allusion à la période où il était Télépathe et où il a pas réussi à sortir de sa chambre... En même temps la comparaison était immanquable ; ils avaient une façon bien différente de gérer leurs peurs les plus enfouies.

Il ne panique plus. Dès que j'lui demande. Je m'en veux d'avoir crié. J'veux pas le brutaliser alors qu'il y est pour absolument rien. Il respire, moi aussi, ça va aller. On va y arriver hein ? On y arrive toujours à un moment. Il regarde le ciel, et s'excuse. J'suis un peu surprise au début, puis je souris, un p'tit peu. Il est bête. Ahaha. Ca fait du bien qu'il me dise ça.

T'inquiète. J'sais que c'est pas évident d'être Téléporteur non plus.

J'ai mal au coeur d'un coup, je porte ma main sur ma poitrine. Ca me rend triste, mais en même temps ça va. C'est pas moi qui suis triste. Jérémy est triste parce qu'il peut pas s'approcher de moi ? Ouah. C'est assez ouf. Oh tiens, j'arrive à prendre du recul assez rapidement sur ce que je ressens. On va tenter de tenir ça. Il sourit. Il me dit que j'suis forte aussi. Je pouffe du nez.

Baka. J'suis pas si forte que ça. Comment t'as fait toi, pour arriver à gérer toutes ces émotions de partout ? C'est un truc de ouf.

Je reste là un peu, à le regarder. Puis j'prends mon courage et j'fais un pas, un autre. Je m'asseois, proche de lui, sans le toucher. J'suis allée doucement. A mon rythme. J'croise son regard.

J'ai des larmes qui me montent, puis qui repartent. Ca c'est les miennes. Parce que j'ai senti la joie et l'amour de Jérémy. C'est. Ahaha. Je me mets à rire. Je pose une main devant ma bouche, en continuant de rire.

Je. Jérém' ?

Je me remets à rire. Ca chatouille dans ma poitrine. Ca vous est déjà arrivé, ces moments où on vous regarde et vous avez l'impression d'être super aimé ? C'est fou hein ? Moi aussi, je l'ai déjà vécu. Mais là, je sais, j'ai senti. Et ça n'a RIEN A VOIR les p'tits potes. C'est 15 fois plus vénère.

Tu... m'aimes tout ça ?

C’est pas évident d’être Téléporteur non plus… Jérémy souffle. Non mais en fait rien est évident quand on a des pouvoirs apparemment, y’a juste des gens qui gèrent plus ou moins. Et on peut pas dire qu’il gère quoi que ce soit en fait, chez lui en tout cas. Parce que bizarrement quand il s’agit des autres… D’ailleurs Elwynn lui demande comment il a pu faire. Il réfléchit un temps, les yeux fixant le ciel… :

-Pendant des années tu anesthésies la moindre émotion pour pouvoir accomplir ce que tu as à accomplir pour survivre… Alors c’est marrant quand il s’agit de la peur, des remords et du chagrin mais quand la joie disparaît… Puis un matin tu te réveilles… et tu es chez toi.

Jérémy sourit, calme. :

-Tu es chez toi, à ta place, et ta petite sœur t’envoie le plus beau des sourires parce qu’elle est contente de te voir réveillé en même temps que Papou et Nico. Oh ouais ça m’a fait un mal de chien mais… c’est tellement beau, les émotions pures et intenses des gosses. Alors… j’ai géré comme ça. En me disant que ça faisait mal ouais, mais c’était magnifique aussi.

Alors en pensant comme ça, ça lui a fait mettre de l’ordre dans les crises d’angoisses, ça lui a fait comprendre la subtilité du bonheur, ça lui a permis de relativiser toute la complexité des émotions et d’assumer un peu, tout ce qu’il y avait au fond de lui-même.

Et puis il réalise qu’Elwynn est toute proche. Il se redresse sur ses coudes et la regarde… Elle a l’air… eeeh, il sait pas il a jamais vu cette expression sur elle. Elle rit. Euuuh oookééé ?… :

-Mmmmouiiii ? C’est moi.

Elle rit encore. Ah, elle est magnifique quand elle rit putain mais… Mais qu’est-ce qu’il a dit de drôle en fait ?... Rien. Il a rien dit parce qu’il a rien eu besoin de dire en fait. Oooh… OOOH. S’IL L’AIME ??!!! AHAHAH !!! Stfu putain… Oh bordel qu’est-ce qu’on va s’amuser je le sens. …Ben vas-y, répond-lui champion. :

-Mh beh euh gnh. Oui. Oui c’t’évident. Je te l’ai déjà dit non ? Hm.

Son cœur enfle encore, il baisse la tête et pince ses lèvres. Yep. Hm. Ça doit être horrible de sortir avec quelqu’un qu’est Sensitif…

Il est apaisé. En parlant il est si calme. Et c'est apaisant. Il a l'air d'avoir vraiment géré ça. C'était dur mais c'était beau, c'était quelque chose dont il avait besoin aussi, peut-être. Ca a eu l'air de beaucoup l'aider. Alors même qu'on a eu ce même réflexe de bloquer les sensations. La différence près qu'il les ressentait quand même. Moi j'étais... Détraquée ? Je sais pas. Enfin j'ai quand même tué des gens sans que ça me fasse ni chaud ni froid y a moyen de se poser la question finalement. Mais autant la Télépathie m'a fait du bien... Peut-être parce que je pense trop ? Parce que au fond j'm'en fous de ce que pense les gens et que j'ai un peu choisi de garder ce que je voulais bien ? Autant les sentiments, c'est trop. C'est trop, et ça m'en donne bien plus que prévu, je sais pas gérer ça moi. Je l'écoute jusqu'au bout. Et puis j'lâche un pouffement de rire.

Va m'faire croire que t'es pas doué. Que t'es pas fort.

Prends-moi pour une conne. Tu comprends bien plus de choses que tu ne le penses Jérémy. Tu le conscientises pas, c'est tout.

Il me regarde intensément, il essaie de comprendre pourquoi je ris, et il est tout chamboulé et je sens qu'il m'aime alors je ris encore, encore et encore. Il me répond à demi-mot que oui. C'est fou. Mon coeur enfle comme le sien, mais c'est autant mon émotion que la sienne. Il se mord la lèvre. J'suis pas jalouse dans la vie vous savez, mais j'le serai presque de toutes les personnes qui le voient comme ça dans la vie. D'autant que j'me souviennes, ça m'a toujours trigger.

Je me laisse envahir.

Ca bat fort dans ma poitrine, j'ai l'impression que mon ventre a froid et tombe vers le bas, j'ai les mains toutes molles, j'entends plus que lui, je sens plus que son odeur. Du bout des doigts je redresse son visage vers le mien et viens l'embrasser. Il a les lèvres toujours aussi hydratées, toujours aussi fines, toujours aussi douces. J'aime bien sentir son nez cassé proche du mien, plus fin. Effleurer ses cils avec les miens pour le regarder, tantôt juste le goûter.

Je pourrais m'excuser encore, de l'avoir laissé aussi longtemps, d'avoir crié sur lui, de pas être la meilleure copine de l'univers parce que j'suis pleine de trauma, et que j'les ai pas encore géré, de m'énerver si fort pour rien, de l'aimer aussi fort pour moi, de l'aimer tout court, de pas savoir cuisiner correctement, de pas être foutue de retenir la marque de son savon (mais l'odeur, oui). J'pourrais.

Mais il m'aime, et je l'aime, et c'est tout là maintenant. Juste panique stp. Fais-moi confiance, encore un peu. J't'avais dit que j'te ferai plus de mal. J't'avais dit que j'te ferai confiance. Que je voulais de toi. Fais-moi confiance Jérém', là, ça va.

Après sa tirade toute pétée sur la façon toute pétée dont il gérait les émotions toutes pétées, Elwynn pouffe et lui balance qu’il ne doit pas lui faire croire qu’il n’est pas fort. Faut pas se mentir, il est très content de recevoir ce compliment de, plus que sa copine, la personne qu’il respecte énormément pour sa force. Alors ouais, peut-être qu’elle perd la boule en riant de bon cœur mais ça lui fait du bien. Il pense. Il espère. Non mais ça a l’air d’aller donc, oui. Voilà.

Puis l’ambiance change du tout au tout, d’un coup, comme si on lui avait arraché tout l’air qu’il avait dans les poumons. Quand Elwynn redresse son visage, il a soudain la chair de poule et les intestins qui fondent. Quand ils s’embrassent, ses réflexions disparaissent quelque part dans le néant. Il n’y a plus rien qui compte que les taches de rousseur, parsemant sa peau douce, qu’il aperçoit dès qu’il entrouvre les paupières.

Elle n’est pas parfaite, mais il ne lui a jamais demandé de l’être. Il ne l’est pas non plus de toute manière. Mais ce n’est pas important. Ils sont imparfaits mais heureux.

Il la serre tout contre lui, les mains baladeuses, tout en continuant de l’embrasser. Il n’avait pas réalisé à quel point ça lui avait manqué. Mais en tripotant un peu les cuisses d’Elwynn -qu’il connaît bien obviouslit-, il constate qu’elle a un peu maigri. Fatalement eh, on passe pas un mois dans les bois sans conséquence, même si Nicoloup lui ramène parfois des fruits secs hein. Il sème des baisers sur sa joue, son cou, son épaule… :

-Quand tu iras mieux je vais te faire à manger comme jaja. Bisou. Burger. Bisou. Tartiflette. Bisou. Et pleins de gâteaux. Bisou. Full crème chantilly. Bisou. Et on fera l’amour. Bisou. Après la digestion. Bisou. Si t’en a envie.

Parce que « Sharing is caring » et « le consentement c’est sexy »… et qu’il perd pas le nord. Eh.

Je sens bien que j'fais changer l'ambiance, il se calme d'un coup, il se laisse envahir lui aussi, à sa manière. J'essaie de pas empiéter ce qu'il ressent, mais en installant un contact c'est clairement pas évident. Et moi j'ressens tout. Mais je sens que c'est lui. Paradoxalement, le toucher m'aide à sentir la barrière entre ce qui est à lui et ce qui est à moi.

Il pose ses mains sur moi, m'attire conre lui, je passe mes bras autour de lui pour le garde tout près aussi. Ca fait du bien de le sentir. Ca m'avait manqué. C'est beaucoup trop à encaisser j'vais finir par tomber mais c'est doux, ça fait du bien. C'est lui et tout va mieux quand c'est lui. Et puis j'avais oublié mais ça reste Jérém'...

Qui commence à m'embrasser partout ce p'tit mâlin. Il s'inquiète quelques instants, je le sens aussi beaucoup trop intensément, mais ses baisers me font trop d'effet à moi pour avoir le temps de paniquer. Je ferme les yeux et penche la tête, laissant la voie libre. Je ris doucement, tout en fermant mes mains sur son t-shirt pour le garder fort contre moi.

J'ai très hâte.

J'ai hâte de manger avec toi, j'ai hâte de faire la cuisine avec toi et de me faire engueuler donc te regarder faire en me sentant inutile mais heureuse de te voir si rayonnant, j'ai hâte que tu m'engueules parce que j'ai oublié de manger à midi, j'ai hâte qu'on mange devant une série et de te sentir t'endormir sur moi doucement. J'ai hâte de te retrouver. Je souris et passe ma main dans ses cheveux alors qu'il embrasse la base de mon cou.

Est-ce que je dois vraiment attendre ?

Parce qu'il perd peut-être pas le nord mais en attendant moi j'ressens fois mille ce qu'il ressent et comment vous dire que ça ne fait qu'alimenter ce qui bouillonne dans mon corps. J'ai l'impression que mes mains sur lui et ses lèvres sur ma peau c'est un feu doux et agréable, un lien de joie ? D'heureusitude ? C'est assez vénère quoi. Dans le bon sens ! Déstabilisant aussi. Mais euh. C'est Jérémy. Et Jérémy c'est ok.

Si un jour, par le plus grand des hasards, Elwynn doute un seul instant que Jérémy ressent du désir pour elle... elle va retenir ce moment-là. Garantie de chasseur.

Elle peut sans doute ressentir sa joie toute pétillante et colorée quand elle lui dit qu'elle a hâte, et Jérémy il est simple ; il peut couvrir la personne qu'il aime de cadeaux et de nourritures il va pas se gêner eh. Alors, elle connaît déjà sa façon de sourire, ses lèvres fines contre sa peau, comme s'il se cachait ou cherchait à imprimer sa joie là... rejoindre les baisers que les anges ont laissé et échanger ceux des démons contre les siens.

Elle peut sans doute ressentir tout le bien qu'il y a dans son corps quand elle glisse ses mains dans ses cheveux longs, quand ses doigts passent sur son crâne, sa nuque, ses épaules, tout le poids du monde, qu'il oublie toujours tant il a l'habitude qu'elle soit là, disparaît soudain. Et il respire, il respire au plus profond de l'océan et de sa pression insoutenable sans en ressentir le moindre mal, bercé par les courants si doux qu'ils paraissent immobiles... Alors elle connaît déjà cette profonde inspiration qu'il prend dès qu'elle lui touche le visage, et qu'il ferme les yeux, comme s'il partait dans un rêve qu'il veut capturer sous ses paupières.

Elle peut sans doute ressentir la surprise qui le traverse quand elle lui demande si elle doit vraiment attendre... Une lumière qui éclate au milieu de l'ombre, très brève mais pas violente... Ce choc presque pur que ressentent les enfants quand ils apprennent une bonne nouvelle, quand ils reçoivent un cadeau pour la première fois depuis longtemps, quand ils sont émus mais pris trop au dépourvu pour dire quoi que ce soit. Alors elle connaît ce léger sursaut qui le traverse, son visage qui fait tout pour rester neutre mais ses yeux dorés qui s'animent, bouleversé par la moindre variation de ses émotions.

...Elle peut sans doute ressentir la fureur ardente d'un désir instantané et pourtant si doux. La chaleur brut de son feu qui cherche à s'exprimer avec l'électricité qui l'habite maintenant, créant de petits arcs sur sa peau... Le frisson qui fait naître la chair de poule sur son corps et la réaction instantanée de sa chair. Cette attente qui le tord, cette envie qui l'anime... Alors elle connaîtra toujours ces pupilles dilatées, ce visage amoureux, ses lèvres qu'il mordille et ces mains qui s'accrochent à elle encore, toujours plus près. Et cette voix plus grave encore, presque un souffle... :

-Non.

Voilà, si jamais elle a un doute, elle se souviendra qu'une seule phrase, qu'un seul geste peut tout défaire en lui.

...Et qu'il peut retirer son t-shirt en deux secondes top chrono si elle le lui demande, même s'il déteste se salir et qu'il est gêné à l'idée de se foutre à poil dehors à la base. Yep. ON EN EST LA.

Jérémy n'a aucun doute sur ce qu'il ressent. C'est juste là. C'est intense. C'est vraiment intense. J'le connais pourtant, je le connais vraiment bien, lui, ses mouvements, ses mimiques, son corps, ses expressions, je sais, je connais. Je sais très bien ce que je déclenche. Mais le ressentir comme ça, en plus de tout ce que moi je ressens. C'est terrible. Et c'est trop. Et c'est si rassurant pourtant.

J'arrête de contenir.

Je lui laisse ressentir. Je penche ma tête vers lui, je veux voir son visage se poser contre mon corps, je veux le voir ressentir, je veux associer cette nouveauté à ce que je connais si bien. Je veux voir le trouble dans ses yeux en ressentant sa joie si simple. C'est désarmant. C'est littéralement désarmant. Et pourtant j'suis du genre armée comme meuf. Bah ouais. Là mes yeux se remplissent de larmes. Ca déborde, c'est beaucoup tout ça, c'est trop pour moi toute seule, alors je pleure. Faut que ça sorte et j'ai pas d'autres façons de le faire sortir. Je pleure au milieu de mon sourire. Comme lorsqu'il m'a dit qu'il m'aimait la toute première fois.

Je ris doucement. C'est purement nerveux, ça aussi, c'est pour faire couler en dehors de moi toutes ces émotions. Je caresse doucement ses cheveux et sa peau. Je veux plus de lui. Je veux tout, en fait. Je veux l'entiereté de ce qu'il est. Le beau, le laid, le blessé, le fort, le téméraire, le curieux, le connaisseur, l'expert, l'inquiet, l'hésitant, le sûr de lui, le vantard, l'amusé, le drôle, je veux tout. Je veux ce qu'il ressent, ce qu'il vit, ce qu'il est, son corps et tout ce qu'il me dira.

Il retire son t-shirt, et les gars s'il avait été Feu on aurait pu dire qu'il a allumé le mien mdr. Il me fait rire, il est si rapide. Si doux, si désireux, de moi et de bien faire. Il est beau. Je ressens le besoin de le préciser parce que vraiment. Je galère un peu plus à retirer mon t-shirt, mais le suit dans le mouvement. Je viens poser mon corps contre le sien, embrasse ses cheveux, son front, ses oreilles. J'suis encore giga émue. Je l'aime. Il m'aime. C'est fou. Non mais si c'est fou. Ca met si bien. J'veux pas le mettre mal à l'aise parce que je sais que c'est pas son fort d'être dehors. Il l'a déjà fait dehors ? On s'en fout non là de suite ?

J'attrape son visage et l'attire vers le mien pour l'embrasser de nouveau, fort, intensément. Merci d'être toi. Les larmes coulent encore un peu,doucement, c'est parsemé, mais ouah c'est si intense. INTENSE. Passer mes mains sur son torse, le retrouver, le sentir, le toucher et le ressentir, tout ça à la fois, c'est beaucoup beaucoup beaucoup. Et c'est tout ça que je veux.

Elwynn pleure et sourit. Ça lui rappelle des souvenirs. Et il ressent... C'est étrange parce qu'il reconnaît ses émotions, il reconnaît celles d'Elwynn. Elles se mélangent parce qu'elles se ressemblent et pourtant elles sont bien distinctes... On dirait deux nuages qui s'enlassent. Jérémy pose ses grandes mains sur ses joues, essuie les larmes avec ses pouces et souffle doucement. :

-Eh.

Elwynn rit, c'est nerveux. C'est le bonheur qui l'étreint toute entière et ça le rend heureux. Elwynn le touche. C'est l'envie qui anime ses mains et ça le fait vibrer. Elwynn se déshabille aussi et l'embrasse, de baisers qui volètent un peu partout sur son visage, ses cheveux... Elle l'aime si fort. Elle l'aime. C'est si clair qu'il l'entend presque, qu'il arrive à percevoir une inquiétude, une question lointaine qu'il repousse lentement. Il fond dans cette affection si pure, dévoilant la sienne, bien loin des chaînes qu'il s'impose et du stress constant, cette direction qu'il s'est décidé de prendre à vouloir être parfait, être quelqu'un de bien. Ça n'existe plus. Il l'aime si fort. Il l'aime. Encore et encore.

Il la laisse s'emparer de son visage, l'embrasser fort. Plus fort que d'habitude ? Jérémy en a l'impression. Il a plaqué ses mains dans le dos d'Elwynn, doigts arqués frottant sa peau. Il ne griffe pas mais s'il avait eu des ongles longs ça aurait pu arriver... Il s'est perdu quelque part dans la sensation de leurs bouches et de leurs langues, cet extraordinaire monde parallèle qu'ils se sont créé d'un coup où leurs énergies fusionnent, mais pas tout à fait. Et ses mains descendent plus bas, chaque centimètre de peau est une redécouverte. Après autant de temps. Dans ces circonstances. Oui. C'est plus fort que d'habitude. Et c'est bien. Tellement bien. Il veut retenir chaque soupir et graver ce qu'ils signifient au plus profond de lui. C'est- ça commence à être... compliqué de... :

-Elwynn...

J'ai eu l'impression de me mettre à genou devant elle en murmurant son nom, comme un mendiant devant une sainte. Je l'aurais crié au monde qu'il aurait eu moins d'impact dans mon corps... Je suis animé d'une passion que je redécouvre, je sais ce que je fais ; pas parce que ce sont des caresses que je connais, que j'ai déjà fait... ce sont des gestes que j'ai envie de faire et remplis d'amour. Je l'ai soulevée, un peu, malgré moi. Je crois qu'elle n'aime pas trop quand je la manipule de cette manière, et ça m'arrive parfois, quand j'ai tellement envie de lui faire plaisir. Et à cet instant c'est si vrai... C'est pas animal, c'est pas langoureux non plus... C'est vraiment nouveau. On s'embrasse encore et ça me fait mal au cœur mais je dois reculer. Je dois te regarder Elwynn, j'adore te voir Elwynn. Tu es si belle. ...Et c'est impossible de te résister en fait. Tes yeux, ta peau, ton sourire. Je passe une main dans sa nuque et tombe lentement en arrière pour m'allonger dans les feuilles, l'emportant avec moi. Je la veux contre moi. Je veux sentir son corps et ses moindres réactions... Si c'était possible je fusionnerais à elle pour entendre jusque dans mes os la plus infime de ses sensations quand je la touche... :

-Viens là.

Je l'ai déjà dit. J'en suis certain. Je crois que ça fait parti de ces choses que je devrais dire plus souvent. Ça et... :

-Je t'aime... Je t'aime. je répète, comme une prière, la touchant plus bas. Je t'aime. Je t'aime Elwynn...


HRP : C'était pas prévu BUT WELL. C'est beau donc on va faire genre c'était calculé *larmichette*...

J'vais pas me répéter sur combien Jérémy me surprend à chaque fois qu'il se passe quelque chose de fort et de nouveau : depuis la première fois qu'il m'a surprise on s'arrête plus. Mais vous trouvez pas ça fou, vous ? Non j'veux dire. Jérém' et moi ça fait un p'tit moment qu'on se connait, et qu'on sort ensemble aussi. Et jamais on s'est disputé vraiment. Y a des moments difficiles mais on les gère. Non mais genre j'pensais pas ça possible vu comment ça a l'air galère pour les autres (sauf ma soeur mais c'est pas la même chose elle sort avec Alice)(et encore j'suis sûre c'est pas tous les jours faciles). C'est fou. Il est trop fort.

Il est heureux, il est bien là, je sens. Il me serre fort, plus fort que d'habitude, comme si mon corps pouvait devenir suffisament souple pour qu'il reste prisonnier dans ses mains. Il respire si fort, je veux me rappeler de tout, je veux tout en même temps. Ca fait du bien de l'embrasser. Je regrette pas de m'être planquée ne serait-ce que pour être capable de supporter cet instant, et de tout ce qu'il me donne. Et j'suis déjà loin, très loin avec lui, mais quand il dit mon prénom ça termine de me faire switch. J'abandonne l'idée d'avoir un quelconque contrôle sur mes pouvoirs. C'est pas grave en fait, s'il est là tout ira bien. J'ai suffisament fait d'efforts avant pour lâcher prise là maintenant. On est loin de tout. On est que nous. Il n'y a que lui. Je ne veux que lui.

Il fait de même, il arrête tout dans sa tête. Et il sait juste ce qu'il veut faire. Ce que je veux moi. Ce qu'on peut faire ou non. On se sent. Il me prend doucement par dessus lui, je glisse mes jambes autour de lui, sans lâcher son visage et ses cheveux. C'est pas comme d'habitude, c'est pas particulièrement sauvage, c'est juste ok. Et c'est tellement nous que j'ai l'impression que tout est évident. C'est donc comme ça que les Sensitifs survivent à ce monde, ok. Il se recule, j'ouvre les yeux, dorés en miroir aux siens. Il ressent si fort de l'amour, et du désir, il le dirait avec des mots que je le comprendrais moins bien. Je souris au milieu de toutes ces vagues, j'ai l'impression que rien n'existe à part lui ; et c'est vrai.

Il m'attire avec lui au sol, je viens embrasser sa peau, chaque morceau de chair, je veux tout recouvrir de ce qu'il m'offre.

Viens là.

Des petits arcs électriques parcours mes épaules et mes bras. Il est partout, il est géant, et je le sens partout, je ressens tout. Je m'abandonne, la tête posée dans le creux de son cou, les mains aggripées à sa peau, sans lui faire mal, juste accrochée à lui comme on tient fort la main de ceux qu'on aime pour mieux leur dire.

Il m'aime tout entier, moi toute entière, avec ses mots, avec ses yeux, avec son corps, avec sa main, avec son âme. Ca brûlerai presque tant c'est trop. Mes larmes se remettent à couler, un gémissement aigue sort de moi sans que je ne le contrôle vraiment et je souffle.

Je t'aime.

Mes mains viennent se poser sur ses épaules, ma bouche contre son oreille, je le respire en lui demandant de ne pas s'arrêter. Ne t'arrête jamais de m'aimer. Moi j'ai pas l'intention de m'arrêter non plus. Jamais. Plus jamais. C'est toi et c'est comme ça. Je remue à son rythme, à notre rythme. C'est mon corps et mon ressenti qui guide, moi je ne suis pas là de toute façon. Je suis très très loin, envahie par le concret et Jérémy. J'ai jamais eu autant confiance en ce que je vivais. C'est lui l'important. Tout le reste n'est que détail. Mes vêtements qui glissent, les siens qui suivent, un détail. Le vent dans les arbres, l'air frais du printemps, ma chair de poule, détail. Le son des animaux qui vivent leur petite vie autour, détail. C'est lui, l'important. Je veux le sentir encore, mieux, plus fort, plus lui.

Je pose une jambe à terre, enroule l'autre autour de lui et glisse, roule, le fait venir sur moi. J'entoure son corps de mes jambes, passe mes bras autour de son cou et de son torse, me soulève du sol pour mieux le sentir. Je veux sentir mes lèvres sur les siennes, son souffle et ses poumons presser les miens quand il inspire. Entre le ressenti physique du poid de son corps, de ses paumes ouvertes sur mon corps, de le sentir vivant tout en entier avec moi, de ressentir son amour, sa joie et son désir, je vivre le mien comme je ne l'ai jamais vécu, je ne suis vraiment plus là. Et après on s'étonne qu'on puisse développer des addictions aux Cristaux Sensitifs. Y a rien d'étonnant. C'est la meilleure transe que j'ai jamais vécue. Et je veux l'offrir à Jérémy.