Tenez une goutte d'eau dans le creux de votre main et imaginez qu'il s'agit de l'océan, vous aurez une image de ce que Jérémy ressent lorsqu'il tient Elwynn au creux de lui. Une larme est un raz-de-marée, un rire est un cyclone. La moindre vague dans une seule petite goutte qui glisse sur sa peau, qui demain reviendra au ciel mais se souviendra de lui. A retomber en neige, tourbillonner dans l'orage, fondre dans son corps bouillant. Vapeur et brouillard. Glacier et neige. Lac et rivière. Dans une seule goutte... Elwynn.

Leurs éclairs se meuvent et dansent autour d'eux. Quand il passe sa main sur ses épaules, ceux d'Elwynn s'arquent et le survolent, viennent rejoindre les siens... Eux aussi ont des mains qui se trouvent, à la recherche d'une connexion de plus comme si tout le reste n'était pas suffisant. Si elle bouge, il bouge. Si elle souffle, il souffle. Ce n'est pas parce qu'il sait, ce n'est pas de l'instinct... C'est elle tout simplement qui l'anime tout entier, béni par un gémissement, un contact, un baiser... Sa voix qui lui dit qu'elle l'aime, une vague qui dévore une plage au sable incandescent.

Ce qui se passe n'a aucune importance, tout est dans ce qu'il ressent et le désir face au sien. Il suit son mouvement pour ne pas quitter sa peau, pour ne pas quitter ses lèvres, sentir son corps sans l'écraser... Il ne réalise pas ce qui se passe, juste emporté dans le tourbillon de l'extase que le moindre geste créé en eux. C'est quand sa main caresse la cuisse offerte et qui le tient qu'il comprend... Cette main libre remonte alors tout ce corps, un mouvement lent mais fort, jusqu'à la joue d'Elwynn... Ils ont un frisson lorsque les doigts plongent dans sa chevelure, quand il décale son visage pour embrasser sa joue, papillonner à sa mâchoire, fondre à son cou,... Il mordille, parce qu'elle aime, mais déposer un baiser là où ses dents ne laissent pas de traces, parce qu'il aime. Ils s'aiment.

Il plonge en elle, comme on saute à la mer, naufragé perdu et désespéré, bercé par le roulis de l'eau, chaotique dans la tempête et pourtant si doux. Les bras de la mer dans cette simple goutte. Elle n'est pas le froid de l'océan, il est brûlant comme l'enfer et leurs sueurs se mêlent dans une fragrance ultime. Le velours de sa bouche contre la sienne, des mains qui s'accrochent ses yeux si clairs, si brillants, si chauds...

Ok, je vais probablement mettre du temps à digérer ce mois, ce pouvoir, ce vécu et toutes ces nouvelles sensations. Mais ce qui se passe là, j'me ferai un plaisir de ne jamais, jamais, jamais l'oublier. J'suis bien placée pour savoir que dans la vie on peut perdre les gens du jour au lendemain. Bah j'oublierai pas ça. Vous pouvez me croire. Jamais.

Nos pouvoirs se mêlent, sa respiration, la mienne, nos bouches, nos cheveux, nos mains, nos lèvres et nos langues, nos corps, c'est presque comme si on fusionnait, presque comme si tout était lisible et accessible chez l'autre. Pour une fois mes yeux clignottent pas, ils se contentent de rester dorés, électriques, alors que ses lèvres parcours ma peau, que l'herbe se réchauffe contre mon dos.

On va compter sur le fait que personne ne passe par ici en ce moment. Parce que je ne retiens ni mes soupirs, ni mes gémissements, ni mes rires ni mes pleurs ni rien du tout. C'est une façon d'être vivante que j'avais jamais vraiment vécu. C'est que du ressenti, y a rien d'autre. J'ai fini de survire, fini de me sentir vivante parce que je cotoie la mort, j'ai appris à me sentir vivante parce que j'aime être là avec les autres, à me sentir à ma place, là où j'me sentais bien, heureuse, utile, ou tout en même temps. Et là, là j'me sens vivante aussi. J'ai rarement été aussi consciente de mon corps, mes émotions, et ceux de l'autre en même temps. Qui d'autre que l'homme que je connais par coeur. J'ai pas peur, j'le sens partout sur mon corps et c'est ça que je veux. Je bouge avec lui, aggripe son dos pour que jamais il ne parte. T'en vas pas Jérémy. Me lâche pas. J'te lâcherai pas.

Je respire dans son oreille, j'aimerais lui dire que je l'aime, que je suis si heureuse qu'il soit là, qu'il soit dans ma vie tout court, qu'il est la plus belle personne que j'ai croisé dans le monde, que j'l'aimerais au point d'en crever ou de crever même des légendes. Et que j'ai jamais autant aimé autre chose que lui. Mais j'y arrive pas, parce que tout est trop déjà, que je me noie dans le feu qu'il m'offre, que j'compte pas remonter à la surface tout de suite, alors je respire, pleine de saccade, de soupirs, de grondements, de larmes et de rire, jusqu'à ne plus en pouvoir, jusqu'à exploser de plénitude, jusqu'à être saoule de lui et de ses sens à lui.

Il la sent, dans tous les sens possibles, imaginables et bien au-delà, du terme. Il y a le velours de la chair, l'odeur de leurs corps, les éclats de lumière, les gémissements qu'ils soufflent, le goût de sa peau, certes. Il y a cette sensation de poids sur elle, ses mains qui s'agrippent à son dos et ne le lâchent plus, la présence surnaturelle de la forêt autour d'eux, l'absence de haut, de bas, de bien, de mal, d'accord. Mais surtout ses émotions, ses sensations. A elle. En plus des siennes. C'est affreux. C'est parfait. C'est indescriptible. Autant physiquement que mentalement. Il croyait qu'Elwynn lui avait déjà montré ça mais c'est encore un cran au-dessus, ça les dépasse totalement... et c'est fantastique. Tout ce qu'ils s'offrent éclate dans une apothéose calme, un chaos concentré, un flash blanc vibrant de millions de couleurs...

Et ce n'est pas fini, car elle reste, elle s'attarde, elle est imprégnée en lui. Est-ce qu'il pourrait recommencer là ? Oui. Est-ce qu'il avait sous-estimé la puissance de l'orgasme féminin ? Oh oui. Il s'y perd, ses yeux observant l'expression d'Elwynn, sa main lissant ses cheveux, ses lèvres papillonnant des baisers sur sa joue. Il n'ose pas parler, il n'ose pas bouger,... mais il n'a pas forcément envie de le faire non plus. C'est comme entrer dans un deuxième paradis.


HRP : Bordel je suis désolé plus ça va plus c'est court mais uesh va décrire ça toi aussi.

Ca dure longtemps, ce moment d'extase, ça recommence, ça ralenti, j'explose plusieurs, et puis sans qu'on ait besoin de se le dire, tout se calme, tout s'apaise. Il est toujours là, tout en entier, à vif, mais tout va bien. Je garde une main sur sa nuque, sa tête contre mon épaule. Je n'ai plus peur. Je respire contre lui, les yeux fermés. Tout retombe lentement, et je veux rester comme ça le plus longtemps possible. L'étreindre, tout simplement, me poser doucement contre lui, et puis respirer, ne plus rire ni pleurer, tout m'apaise. C'est bien la première fois que sentir le poids d'un corps, son corps, sur le mien, me rassure et me fait me sentir en sécurité. Comme si rien de mal ne pouvait plus arriver, comme si le monde en fait, n'avait jamais vraiment existé.

Et puis malgré sa chaleur, et la mienne, je commence à avoir froid. Je décale ma tête, glisse ma main sur sa joue pour faire tourner son visage vers moi. Je lui souris, le regarde un moment, pour de vrai. Son visage m'est si familier, je le connais mieux que le mien, je pourrai tracer ses contours avec mes mains sans modèle. Si tout l'amour qu'on doit donner en une vie se cumule, celui que j'ai gardé pour moi toutes ces années, c'est rien du tout par rapport à ce que j'ressens maintenant.

Je t'aime Jérémy. J'ai jamais aimé autre chose plus fort que toi.

Je pose mon front contre le sien, retenant un peu mes grelottements qui commencent à secouer mon corps.