La jeune femme s'énerve de plus en plus et tente même de se dégager de cette emprise. Evidemment Ys ne lui obéit pas et la retient contre son grès, insistant toujours un peu plus sur cet acte violent. Quand soudainement des flammes jaillissent sur le poignard obligeant ainsi l'ancien Master à lâcher son amie. S'exécutant, Ys fit un pas en arrière tandis qu'Aria plante l'arme sur le rebord de la fenêtre. Puis elle se lâche. Elle ne le craint pas. Se débarrasser d'elle demande bien plus d'efforts. Il l'admet, elle a une force de caractère à toute épreuve. Ceci dit, il reste sur ses positions.

Restant soudainement calme, il la fixe tandis qu'elle déverse sa colère. Elle désire réellement l'aider. L'aider à aller mieux. Et cette simple pensée transperce le cœur du garçon. Elle ne peut pas comprendre qu'il est déjà trop tard pour ça.
Lorsque l'atmosphère retombe, des larmes coulent sur ses joues. Elle lui ordonne alors de ne plus jamais refaire ça. Par peur? Peut être.

"Lâches prise."Souffle-t'il calmement.

Il n'obtiendra rien d'elle de cette manière. Ni par la violence, ni par l'humiliation. Seulement il n'est pas prêt à se livrer, à qui que se soit. Son but est simple mais incompris. Se détournant de son amie, il prend une nouvelle cigarette de son paquet.

"Tu ne peux rien faire. Alors arrêtes de t'obstiner."Relance-t'il en crachant une fumée."Fais comme les autres. Occupes toi de tes problèmes. Et vas pas croire que je vais mal parce que je débloque."

S'affalant sur la chaise, Ys relève le regard sur l'ancienne rouquine. Fourrant une main dans la poche du bermuda, il reprend quelques bouffées avant de relancer toujours calmement:

"Contrairement à ce que tu peux croire, je vais très bien. Pour une fois, je sais ce qu'il doit être fait. Et je le fais. Ah et juste, je ne tiens pas à en tirer aucune gloire."

Petit détail à préciser. Il se moque bien d'une reconnaissance. Son seul but est de préserver Terrae bien que ses méthodes soient contestées bien qu'elles lui paraissent indispensables.

Depuis combien de temps n'a-t-elle pas explosé de colère ainsi ? L'a-t-elle déjà fait ? Elle se souvient d'une des dernières discussions qu'elle a eue avec sa mère… Elle n'a pas eu le courage de lui dire tout ce qu'elle souhaitait, mais elle a au moins eu le courage de mettre fin à la discussion et ne plus la recontacter. Est-ce qu'il lui faudra faire la même chose avec Ys ? Pas question, c'est ce qu'il attend !! Mais en même temps,… Il la teste, il joue avec elle, et elle ne peut pas s'empêcher d'y voir là bêtise et malveillance. Est-ce qu'il a repoussé Mitsuki de la même manière ? Est-ce que c'est pour ça qu'il est ici ?

Et puis, comme si rien ne venait de se produire, il lui dit de lâcher prise et attrape une cigarette. Comme ça. Comme s'il ne venait pas de lui demander de le poignarder. Sa main agrippe le bord de la fenêtre et la serre, presque à y planter les ongles. Mâchoire serrée, elle l'observe débiter ses conneries.

—Tous les hommes qui pensaient mieux savoir ce qui devait être fait ont dégénéré en tyran et dictateur. Ils ont décimé des peuples entiers et fait pleuvoir des bombes, ils ont tué des gens, et ce sont des monstres. Toi, tu es mon ami, et tu t'inquiétais de savoir ce que les gens penseraient de toi en sachant que tu te transformes en dragon… Tu crois vraiment que tu pourras faire comme si de rien n'était en revenant ? Si tu reviens un jour… sanglote-t-elle presque.

Elle serre les deux poings et s'écarte, sans le quitter des yeux.

—Ne me demande pas de lâcher-prise quand tu es pas capable de le faire toi-même. Tu débloques complet. ET tu vas MAL. Evidemment que tu vas mal ! Comment ça pourrait aller ?? La femme de ta vie a été victime d'une explosion ! Et je… Je comprends pas pourquoi tu es pas auprès d'elle ! Elle doit être traumatisée et effrayée !

L'ancienne Morphe essuie ses larmes d'un geste brutal, mais aucun moyen de les arrêter. Sa voix est amère, encore haute. Elle encaisse trop. D'abord Allen la quitte. Puis maintenant l'un de ses meilleurs amis pète complètement les plombs. Elle vit dans un cauchemars, c'est sûr. Faut qu'elle se réveille…

—Je vais pas réussir à te convaincre de pas partir parce que t'es un couillon doublé d'une tête de mule, ça je le sais ! Mais ne pars pas seul, parle aux autres Masters ! Mitsuki va être anéantie s'il t'arrive quelque chose… Et moi aussi… ajoute-t-elle en serrant les dents, croisant ses bras sur sa poitrine, comme pour contenir toutes ses larmes. C'est mon problème si mes amis souffrent. S'ils veulent partir.

Pourquoi n'a-t-elle pas été si véhémente avec Allen ? Pourquoi l'a-t-elle laissé partir, lui, hein ? Peut-être que cette fois, elle sait ce qu'il lui en coûtera si elle laisse faire. Si elle ne lutte pas, au moins un peu. Si elle ne dit pas ce qu'elle pense.

Mais comme toujours, on ne l'autorise pas à être près de ceux qu'elle aime. Elle ne peut pas aider. Elle est une gêne, elle l'a bien compris. Comme avec Allen...
Alors si elle ne peut pas le faire changer d'avis, autant lui dire tout ce qu'elle a à dire. Peut-être qu'après, ils pourront partager un dernier gâteau, hein.

Se contenter d'une cigarette pour reprendre contenance ne semble plus suffisant au jour d'aujourd'hui. Néanmoins, c'est cette vieille habitude qui lui reste. Tant qu'il ne peut assouvir sa soif de vengeance, c'est son seul remède afin d'éviter l'impardonnable.
Aria est une amie. Plus qu'une connaissance. Mais….
Si elle en vient à le freiner, à l'arrêter, la donne serait différente. Il ne verrait en elle qu'une menace, un obstacle à éliminer.
Ni amour, ni amitié, ni peine. Aucun sentiment ne pourrait l'arrêter car il en est désormais démunis. Il n'est plus que l'ombre de lui même guidé par sa colère et sa rage. Alors qu'importe qui se trouve devant lui, du moment qu'il ne puisse en faire ce qu'il désire et à sa guise.

L'ancien Master relève ses prunelles rouges alors qu'Aria reprend du courage pour reprendre la parole.

"Pfff, encore un serment…"Lâche-t'il irrespectueusement alors qu'il laisse retomber sa tête en arrière.

Autrefois, ses paroles auraient pu avoir un impact. Se soucier ce que les autres pouvaient penser de lui sous sa forme de Master…
C'était autrefois. Aujourd'hui, il n'est plus question de cela. Il s'en moque éperdument. Ey la mention qu'un jour il puisse revenir le fait doucement sourire en coin.
Mais il n'a pas le temps de s'en réjouir que la jeune femme n'en démord pas avec lui. Elle insiste. Elle persiste. C'est dommage. Elle aurait du rester silencieuse.
Ce qui Mitsuki vit désormais... son état... ses pensées... ses sentiments....

De douloureux souvenirs lui reviennent. Ses lèvres qui prononcent durement ces paroles "cette chose" lui tordent l'estomac. Cette explosion qui a manqué de la détruire. Ce petit corps inerte. Puis les autres....
Leur demander, leur avis. "Considères que tu ne fais plus partie de Terrae".
Son sang ne fait qu'un tour quand la colère le gagne de nouveau. Il se relève alors brutalement et éjecte sous l'impulsion sa chaise contre le mur qui s'écrase dans un fracas.

"FERMES LA! TAIS TOI!!"Hurle-t'il dans de grands gestes."Arrêtes de vouloir essayer de comprendre. Tu ne comprendras jamais! Toi et les autres, vous êtes perchés dans vos petites vies étroites en bouffant du marshmallow."

Excédé, il se dirige alors vers elle rapidement, trop rapidement. Il se tient suffisamment proche d'elle pour la pointer du doigt juste sous son visage. Son regard est dur et violent. Il ne souhaite plus rien entendre de la rouquine. Ni ses demandes. Ni son aide.

"Je ne suis pas ton ami. Vous autres, vous n'êtes qu'un handicape. Ces histoires d'amitié à vouloir aider, c'est des conneries. M'emmerdes plus avec ça. Si t'es pas foutue de faire ton devoir de super préfète alors barres toi. Sinon j'hésiterais pas t'éjecter par moi même!"

Les sentiments, les souvenirs, les amis... toutes ces choses qui dessinent une vie, toutes ces choses sont puériles et handicapants. Tout ce temps à se bercer d'illusions en oubliant le véritable danger. Voilà où même ces rêveries. Voilà ce qu'elles font oublier.
Et pour cela, il allait devoir rejeter toutes ces choses qu'autrefois il pensait importantes à ses yeux.

Un sermon, oui. C'est ce qu'elle lui administre, même si elle avait tenté de s'en empêcher. Elle était venue pleine de bonnes intentions, mais au final, ses émotions ont repris le dessus. Sa peine, sa colère, son incompréhension. Pourquoi a-t-il changé à ce point ? Est-ce qu'ils auraient dû le voir plus tôt ? Depuis quand agit-il… si froidement, si-… Ses larmes coulent alors qu'elle se souvient. Déjà l'année dernière… Si ça n'avait pas été elle… Si ça n'avait pas été elle, si elle ne s'était pas retransformée, jusqu'où serait-il allé, sur ce toit ? Est-ce qu'il aime faire du mal aux autres ? Qu'est-ce qui lui a mis ces oeillères, qu'est-ce qui l'a rendu si aveugle ?

Elle peut voir que ses paroles le touchent… Ses prunelles s'agitent, ses sourcils se froncent, et puis d'un coup il est debout, la chaise a volé contre le mur, et il est tout près d'elle à vociférer. Une voix en elle lui hurle de partir, mais cette fois elle est pétrifiée. Le visage d'Ys est défiguré par la rage et la bestialité, celui d'Aria par le chagrin et la peur. Son impulsivité l'a encore mise dans la panade, mais elle ne recule pas, autant par peur de bouger que par fierté.

Chaque mot est comme un coup de poing, un coup de poignard. Elle se refuse de croire en ces mots, mais ils font si mal, si, si mal… Peut-être qu'il a raison. Peut-être aussi que certaines choses ne se règlent que par la violence…

Mais tout ça va contre ses valeurs, contre ce qu'elle a décidé de défendre, ce qu'elle a décidé de combattre.

Elle ferait mieux d'abandonner. Mais… Mais. Sa tête se secoue, et elle est seulement capable de lâcher d'une voix erraillée, bras pressés contre sa poitrine dans laquelle l'air a du mal à passer :

—Non… Je peux pas t'abandonner…

Elle ne peut pas le laisser partir. Elle ne peut pas accepter, elle ne peut pas dire d'accord et tourner les talons. Elle ne peut pas perdre toutes les personnes qu'elle aime comme ça.
C'est au-dessus de ses forces.




HRP : ... bonjour ici le commissariat, on lance un appel à témoins pour retrouver la répartie d'Aria--
Bon si Ys la fout pas dehors elle partira sûrement au prochain post de toute manière, elle est cassée c'est bon--

Elle ne souhaite pas abandonner.

Ses paroles résonnent encore tandis que le regard déchiré par la colère d'Ys continue de la fixer. Le jeune homme s'arrête et cesse d'hurler. Pourquoi?
Pourquoi s'acharne-t'elle tant à le retenir? Ne peut elle pas faire comme les autres et se préoccuper de sa vie? Ca serait pourtant plus simple. Pour elle. Pour lui.
Elle désire sauver quelque chose qui ne le souhaite pas. Qui ne peut plus être sauvé. Ce qu'elle n'accepte pas de voir c'est que son ami n'existe plus. Ys a abandonné lui. Il a abandonné toute foi et loi. Plus aucun principe ne guide sa route. Il est désormais ce qu'il a toujours été. Autrefois et bien avant Terrae, il est redevenu ce garçon méprisable et déshonoré. Son quotidien est uniquement rythmé par ses caprices et son instinct vengeur. Amour. Amitié. Loyauté. Toutes ces choses qui autrefois avaient un sens selon lui ne sont plus que des souvenirs.

Mais elle se tient toujours devant lui. Barrant son passage. Si aujourd'hui ses mots ne le frappent pas, un jour, ils viendront le hanter.
Il ne peut pas se rendre compte de cette chance que quelqu'un puisse autant donner de son âme pour le retenir. Et pourtant, il ne peut se résoudre à la toucher. Il respire profondément, retenant cette nouvelle vague de colère avant de reposer son regard sombre sur elle.
Celle qui lui parait si petite désormais. Celle avec qui autrefois était sa collègue de travail. Celle pour qui il avait cuisiné un dessert pour sécher ses larmes. Celle qui un jour avait donné de son temps quand lui vivait mal sa rupture.
C'est toujours Aria. Ce pourquoi, ce sentiment n'a pas sa place dans cette bataille.

"Tu devrais songer à arrêter de faire semblant que tout aille bien. Parce que ton petit monde parfait n'existe pas et qu'un jour, il te le rappellera."

Et il sera probablement trop tard.
Sa voix est sèche mais plus calme. Néanmoins à ses yeux, Aria reste cette fille qui se soucie des autres pour mieux oublier qu'elle va mal. Seulement un jour, elle finira par s'y perdre. Progressivement, elle s'engloutira dans sa propre douleur dans l'espoir que quelqu'un lui tend la main.
Ils sont tous prisonniers de leur propre mal mais aucun ne l'admet.
Sur ces dernières paroles, l'ancien Master contourne la jeune femme pour saisir sa veste en cuir et les clés de moto. Il ne posera plus aucun regard sur elle. Il décide de faire une croix sur elle, sur leur passé, sur leur amitié.
Et claque la porte...

Hrp> Félicitations M'demoiselle! Vous avez gagné un appart lugubre mais dont le loyer est payé à l'avance. x'D
Mais avec mes plus sincères excuses, je t'aime :')

HRP : Alors je voulais répondre beaucoup plus tôt, mais j'étais prise dans la rédaction de mon mémoire PARDON JTM. La première fois que j'ai lu ton post j'étais là ":))))))))))))))))) koi"
Du coup ben
YS T'ABUSES MDR.
Je voulais absolument clore proprement (je lock direct) donc KDO p'tit batar va
jtm



Dans ses yeux fauves se lit la froideur de ceux qui ont cessé de croire. Ariana ne pourra pas le retenir, et ce serait sans doute bien sot de sa part de penser le contraire. Elle tait pourtant la voix en elle qui l'interpelle, qui cherche à lui faire comprendre qu'elle ne trouvera pas de solution aujourd'hui. Qu'elle ne trouvera sans doute pas de solution ; qu'elle ne peut pas le sauver si lui ne désire plus l'être.

Sans doute pense-t-il se sauver de cette manière. Trouver un semblant de réponse quand pourtant il n'y en a aucune ; reprendre du contrôle lorsqu'il sent la situation s'échapper comme du sable entre ses doigts. Ariana, elle, se contente de rester face à lui, aussi courageusement que sottement. Entre la porte et son ami, comme si ses épaules toutes frêles pouvaient vraiment y changer quoi que ce soit.

Reste, Ys.

Mais il ne restera pas.

Soudain, il lâche quelques mots, la contourne, et sort. Cela ne prend que quelques secondes, et Ariana les passe à regarder le vide, là où Ys se trouvait encore quelques instants auparavant. Sa vue se brouille alors que sa poitrine se compresse encore et encore ; elle sent quelque chose se briser en elle. Ce n'est probablement pas la première fois depuis l'éclipse, et ce ne sera pas la dernière. La porte qui claque dans son dos résonne en boucle, en même temps que les paroles d'Ys.

Son petit monde parfait n'existe pas. C'est vrai. Ce n'est pas forcément la première fois qu'elle s'en rend compte, mais c'est la première fois qu'on lui dit. Il était bancal, elle parvenait encore à recoller les morceaux, parfois ; à faire illusion. Et pourtant...

Elle croise les bras et les agrippe de ses petites mains, les dents serrées à lui en faire mal, les épaules secouées par ses sanglots.

Et dans cet appartement froid, rempli de courants d'air, elle se demande encore comment réussir à recoller des morceaux dont il ne reste que de la poussière.