Il n'est pas particulièrement tard ce soir, même si le soleil est déjà couché depuis un certain temps en cette saison. Ça doit faire tout juste deux heures que j'ai quitté mon service à l'hosto. Et pourtant, j'arrive déjà à être dans un sale état. Pas à cause de l'alcool ou de tout autre produit cette fois. J'ai même pas la motivation pour ça. Non, j'avais juste besoin de me défouler. Encore. De me passer les nerfs. De laisser sortir toute cette colère qui continue de s'accumuler sans que je ne sache comment la gérer.

Je sais, il aurait mieux valu que j'aille au gymnase ou en salle d'entrainement pour ça. Et ça m'a traversé l'esprit à un moment. Mais une bien meilleure opportunité s'est pointée en cours de route, comme si Lucifer s'amusait constamment à semer ses graines de tentation sur mon chemin. Et comme d'habitude, j'ai échoué au test de volonté. Sans même avoir essayé de résister. Quand mon regard à croisé celui de ces gars qui bossent pour la concurrence, il n'a pas fallu plus de quelques minutes pour que les provocations verbales se transforment en échanges de coups beaucoup plus concrets.

C'est stupide de s'en prendre à plusieurs types quand on est seul. Même avec des pouvoirs. Mais je n'avais pas l'intention de m'en sortir indemne dès le départ. J'avais juste envie de frapper. Fort. Sans avoir à me retenir. C'est ce que j'ai fait. Et c'est aussi ce qu'ils ont fait. Au moins, maintenant je suis bien plus calme. Il n'y a plus que ces idées noires à gérer, alors que je m'avance un peu au hasard dans le parc, attirant certains regards un peu curieux avec ma démarche qui doit attester de mon état actuel. Ma démarche, ou les tâches sur mes fringues, mélange de terre et de sang qui prouvent quelques passages au sol. Sûrement même que mon visage n'est plus tout à fait net, un arrière goût de fer toujours présent en bouche. Mais de tout ça, je n'en ai rien à battre.

Je me contente seulement de m'affaler sur un banc de libre (les températures chutent rapidement en ce moment, ce n'est plus la période où les gens trainent trop tard dehors du coup ce n'est pas compliqué d'avoir de la place !), avant de m'allonger sur le dos, le regard perdu vers les étoiles. Comme si je pouvais trouver la réponses à tous mes problèmes actuels là haut. Il faudrait déjà que j'arrive à faire le point avec moi-même sur tout ce qui a pu se passer récemment. Ce dont je suis encore incapable. C'est beaucoup plus facile de se contenter du déni. Ouais, suffit d'attendre que tout ça passe. Attendre, sans rien faire. J'ai même pas envie de fumer. Rah, je déteste cet état. Mais je n'arrive pas à trouver la force de me bouger pour autant.