Je jette un coup d'œil au cercle dont les flammes s'amenuisent. Yep, j'm'y attendais un peu après la manœuvre de l'aile du phœnix. La directrice n'aime pas trop abîmer ses élèves, elle préfère les pousser à bout d'une manière plus... constructive disons, qu'une pluie de coups dans la face. Le fait que je m'acharne à ce qu'elle me fasse confiance doit aider un peu j'avoue. Le feu a à peine eu le temps de cramer mon pantalon... comme mes éclairs n'ont été juste une distraction pour l'attaquer mentalement. Donc ouais, je risquais pas grand chose à rester campé sur mes positions... et elle non plus du coup. Par contre, si ça avait été aussi simple que sur papier, genre baston de regards, j'aurais pas dit non... Mais Hideko se saisit du lasso-éclair qui la tient encore et la douleur qui parcourt mon bras me surprend tellement que je lâche un cri entre mes dents serrées.

Elle m'annonce, comme ça, en grognant tranquille, qu'elle est Marionnettiste.

...CH'UIS AU COURANT !! Tu m'as décalé des flammes et- oh bordel, je dois pas m'énerver.

Des flammes partent du poing serré de Hideko pour remonter le long de mon lasso électrique. Mes bandages sont à moitié brûlés, à moitié déchiquetés. Je peux pas avancer, je peux pas reculer, on est plus concentré l'un sur l'autre que du jus de tomate. Je fais tout mon possible pour ne pas perdre la connexion mentale mais l'apparition de nouvelles boules de feu me fait faillir, et quand je reviens à elle, son regard est fermé et ses barrières sûres, solides, infranchissables,... Est-ce qu'on commencerait pas à être un poil découragé par hasard ? Oui, oui, carrément même. Non, mais non merde ! J'ai juste le temps de faire un bouclier faiblard pour me protéger des explosions, plus intenses que celles au début du combat...

Faiblard, parce que je faiblis. Je le sens dans mon poing qui tient toujours le lasso. Je tremble un peu, et les crépitements de mes éclairs s'amenuisent, le feu cherchant à étouffer le dernier lien qui m'attache à Hideko... et y'a toujours d'autres sphères explosives qui me tournent autour... et maintenant la directrice me regarde sans pitié avec des flammes bleues. Bleues. Donc plus chaudes. Ok c'est fini. Elle est à fond là, son esprit est clos et moi, j'ai plus autant de jus qu'au début... sans mauvais jeu de mot. Pourtant, j'ai pas lâché. J'ai dit que je lâcherai pas tant que je ne saurais pas pour sa Greffe alors, l'entêté que je suis n'a pas lâché. J'ai pas traversé tout ce que j'ai traversé pour lâcher maintenant. J'ai pas été sorti de l'enfer pour échouer à ce moment précis. Je veux que Ronron et Lou soient fiers de moi. Je veux que Lottie sache qu'elle peut compter sur son grand frère pour la protéger. Je veux rendre à Terrae tout ce qu'elle m'a offert... et putain, je lâcherai pas. Ce sont pas des flammes bleues qui vont m'faire peur ! J'peux relâcher toute l'énergie qui me reste et faire comme elle-...

...Minute elle a dit qu'elle est Marionnettiste.

Et si c'était juste ça ?! Quoi ? Double-Marionnettiste ? Non, non plus genre... Marionnettiste ++. J'y ai pensé en me disant que si elle mettait tout ce qu'elle a maintenant dans ses attaques, je pouvais le faire aussi. Ce serait quelque chose de plus qu'être sa Marionnette ou du simple mimétisme. Du coup quoi ? On fonce dans le tas en espérant que ce soit ça ? On improvise depuis le début pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?... Je souffle. Je ne peux pas m'empêcher d'être inquiet... Mais toute cette énergie, il faut bien que je l'utilise aussi. Il faut bien que je montre que je suis capable de la maîtriser et de l'utiliser pour ma famille, mes amis,... tout ceux qui se tiennent dans les gradins.

Je ferme les yeux et je me concentre sur les énergies autour de moi. Une seule main lâche le lasso pour être libre et je sens mon flux électrique s'y concentrer petit à petit... Je ne suis pas seul... Dans mon corps j'entends des cris et des murmures qui promettent de se venger mais je sens mon cœur qui bat et me rappelle de ne jamais quitter la lumière des yeux. Cette lumière qui m'a tant manqué, cette lumière qu'on m'a offert... et que je peux garder. La foudre quitte soudain ma main, crachant de rage, allant s'écraser contre les dernières boules de feu qui explosent et j'absorbe tout ; les impacts, la chaleur, tout. Je me penche un peu en avant dans la fumée noire. Mes jambes, mes fidèles jambes qui m'ont toujours aidé à fuir, je dois m'en servir pour aller de l'avant et pas question qu'elles me trahissent à ce moment. Je pousse un hurlement pour réunir toute l'énergie que m'offrent ma détermination, ma colère, mon espoir... et je cours enfin, dans une détonation d'orage, ma main en avant pour tenter d'attraper Hideko.

De partout sur mon corps, des éclairs noirs partent dans toutes les directions, à la recherche de lumière à absorber.

Quand je sentis l'énergie de mes sphères se faire absorber par Nicolas, un léger sourire vint étirer le coin de mes lèvres. Ce n'était pas à la portée de tout le monde d'être capable d'un tel prodige, mais Nicolas avait bien fini par comprendre que l'électricité surpassait les flammes. Ce n'est bien que grâce au tonnerre que nos ancêtres ont pu découvrir l'origine du feu...

Un hurlement s'échappa de ses entrailles alors que le reste de ce qui l'entourait se concentrait à l'intérieur de son propre corps, l'enveloppant d'éclairs noirs. J'arquai un sourcil un instant. L'envie de jeter un coup d'oeil à Aaron pour comprendre l'origine de ces éclairs me traversa l'esprit, mais il sembla indubitablement plus intelligent de rester concentrée sur l'adversaire qui me faisait face, aussi ne cédai-je pas à cette envie.

A la place, je fis un pas en arrière en voyant qu'il commençait à s'élancer dans ma direction. S'élancer dans...

Trop tard. Pas le temps. Il courait vite, trop vite, ses éclairs se régalant de la moindre trace d'énergie qu'ils pouvaient croiser. Je déglutis. Une seconde. Deux. Plus d'alternatives. Je pensais qu'il l'emporterait en se servant de son pouvoir de sensitif et en me faisant craquer. Il aura choisi un autre chemin. Plus frontal. Plus direct. Tout aussi efficace, et moins difficile émotionnellement.

Je pestai en érigeant un mur de flammes en face de moi, juste de quoi le ralentir quelques secondes. Toute l'énergie qu'il était en train de dépenser me prit aux trippes et je me pinçai les lèvres. Si je ne l'arrêtai pas là, il était capable de se tuer, et de m'emporter avec lui.

Alors qu'il franchissait le mur de flammes qui se trouvait en face de moi, absorbant toute son énergie, je levai mon index pour le déposer sur son front. L'indiscernable tatouage qui symbolisait ma greffe s'élargit jusqu'à recouvrir de formes diverses l'entièreté de ma main, remontant jusqu'à mon coude, et je soufflai dans un murmure :

-Félicitations, Nicolas.

L'énergie se déversa en lui sans crier gare. Il perdit instantanément le contrôle de son corps qui ne répondit désormais plus qu'à moi. Sa conscience le quitta pour laisser la place à la mienne, si je souhaitais prendre possession de son corps ; ce qui n'était plus nécessaire. Ses éclairs filèrent et disparurent sur le sol de l'arène, et je m'empressai de récupérer son corps avant qu'il ne tombe sur le sol, inerte.

Les battements de mon coeur reprirent leur course folle et j'accompagnai le corps de Nicolas jusqu'au sol, passant délicatement une main derrière son visage pour replacer délicatement ses cheveux. Mon tatouage se résorba lentement et j'accusai un léger vertige. L'adrénaline retombait avec un peu plus de violence que prévu.

Je n'aurais jamais eu le temps de prendre un quelconque envol, et quand bien même j'aurais trouvé ce temps, ces éclairs noirs auraient dévorés mes flammes. L'électricité surpassera toujours le feu. Je n'avais donc pas eu le choix. Il l'avait emporté, et il pouvait en être fier. C'était une très jolie victoire.

Alors que je lâchai son corps, je me redressai et m'éloignai de quelques pas, faisant un geste de la tête à Aaron. Mes yeux se posèrent ensuite sur mes bras et mes mains et je grimaçai. Il allait me falloir quelques heures de soins intensifs... Mais hors de question que je reste à l'hôpital. Les guérisseurs allaient devoir se donner.

Le combat était à présent terminé.

Ca cogne dans ma poitrine, je crois que j'ai passé le combat entier à me tenir le visage et me cacher à moitié derrière mes mains. Mais j'peux pas ne pas regarder là, c'est trop important !!!!! Ipiu m'le fait bien sentir sur un ton humoristique. Comme si j'le savais pas !!

J'ai pas réussi à revenir m'assoir auprès de Lou, je suis toujours debout comme un con, appuyé contre la balustrade en retenant mon souffle depuis le début du défi. Hideko me le casse pas trop, heureusement (pour elle), et une partie de moi en est ravie. L'autre, en revanche, hurle intérieurement d'horreur à chaque assaut de l'un ou l'autre des protagonistes. J'ai cru que j'allais faire un arrêt cardiaque, et pourtant, c'est pas le combat le plus violent auquel j'ai assisté. Au fond de ma gorge se sont accumulés mes sursauts de peur et une émotion que j'arrive pas à identifier. Je crois que j'aurais voulu l'encourager, mais y a rien qui sort, tout qui bloque. La maîtrise dont il fait preuve est incroyable, et en même temps, j'suis trop pris par toutes ces émotions qui se dégagent de partout et les miennes qui jouent au yoyo.

Et soudain, ces éclairs ; ils s'accumulent, prennent une couleur que je ne leur connaissais pas, absolument incroyable. Je m'agrippe cette fois à la rambarde, m'y penche, comme pour voir de plus près, le coeur prêt à éclater. Nicolas fonce vers Hideko… Une détonation se fait entendre ; c'est le coup de Tonnerre.

Et elle le stoppe. Elle a utilisé sa Greffe. Je me recule pas tout de suite, serrant la barre entre mes mains, me laissant presque retomber sur elle, avachi… Puis je plaque ma main contre mes lèvres pour contenir un rire sangloté. Les larmes coulent toutes seules, sans que je les retienne. Y a un temps où j'aurais eu honte de montrer mes émotions de cette manière, mais ce temps est révolu aujourd'hui. J'arrive même plus à voir ce qu'il se passe au centre de l'arène après le mouvement de tête d'Hideko, je sais juste que Nicolas a gagné. Je lui fais un vague geste de la main, un truc genre "oué merci de pas l'avoir buté", alors que quelques guérisseurs commencent à atterrir dans l'arène. Je sens une main dans mon dos qui me le frotte gentiment, puis Louisa s'appuie contre mon bras. J'ai même pas les mots pour décrire tout ce qui s'agite en moi.

—Tu n'y vas pas ?

Là, j'ouvre de grands yeux en relevant la tête vers elle. Elle filme encore, mais ça m'importe pas vraiment. Un grand sourire s'étire sur mes lèvres en écho au sien. Je l'embrasse sur la tempe et file descendre les marches des escaliers pour être aux côtés de mon fils lorsqu'il reprendrait conscience. Charlotte s'approche de Lou en fronçant les sourcils, un peu décontenancée par toute cette agitation :

—Bah, pourquoi Papou i'pleure ?

Lou la soulève dans ses bras pour qu'elle puisse voir toute cette foule applaudir son grand frère, sans s'arrêter de filmer.

—Il pleure parce que ton frère est un héros, lui explique-t-elle simplement, taquine.

Le visage de Charlotte s'illumine alors qu'elle tape dans ses mains, toute heureuse, et acquiesce fermement. C'est vrai qu'elle n'en a jamais douté.

—C'est vrai, c'est vrai !!

Et d'ici quelques années, sur la vidéo, on pourra encore tous constater à quel point j'étais un chialeur quand j'suis allé le serrer fort dans mes bras pour le féliciter. Tant pis pour la décence, j'en ai plus rien à foutre. J'ai jamais été aussi heureux et fier de toute ma vie.

J'ai rarement autant hurlé de ma vie. Ariana était au moins aussi déter que moi, ça m'a pas aidé du tout à rester calme. Crier quoi faire, des encouragements, pas fuir, pas abandonner, faire gaffe à sa fichue posture. J'suis restée sagement assise entre ma pote et Jérém', jusqu'au moment où Nico s'est fait entourer de flammes, le lasso dans les mains. J'me suis levée là, vous êtes des oufs, c'était giga chaud, il devait être épuisé. Mais Nico, j'sais bien, on sait tous en vrai, même mort il s'arrêtera pas tant qu'il aura pas c'qu'il veut pas vrai ?

Et il pète. Genre il explose. Là clairement j'arrête de crier. J'fixe tout ce qu'il se passe, y a tout qui se suspent, un coup de tonnerre, Nico court, il traverse les flammes, il est trop fort, il est si courageux, il sera debout à la fin, j'en ai aucun doute. Il est debout face à Hideko. Il se passe un truc. Elle a utilisé sa Greffe là ? C'est bon ? Elle l'a fait ? Il a gagné ? Nico a gagné ?

Nico a gagné ??

Nico ? T'as passé ton épreuve ? Omg. Il l'a fait. Mon best bro va devenir Master. Et il a tous les mérites.

NICOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !!!!

Je sais pas quoi hurler d'autre, je saute sur place, me tourne vers Ariana, l'attrape dans mes bras et sautille avec elle en criant de joie. Il est trop fort, j'étais sûre, j'le savais. Je n'avais aucun putain de doute. Nico est trop fort. C'est l'meilleur. Le plus têtu des têtus, aussi, donc c'était sûr. T'es le meilleur frérot.

Je pense que je ne mériterai pas mon nom si je ne me déplaçais pour un événement tel que celui là. Pour une fois ce n'est pas une excitation du combat qui m'a mené jusqu'à l'arène (après tout je n'ai pas dans l'intention de faire quoi que ce soit, ça se joue entre ses connaissances) mais la perspective d'une pause bien méritée. Et le fait que j'ai promis à Chris de venir s'il venait.

Ça fait bizarre de regarder le spectacle depuis les gradins des Masters. On est plus proches, et c'est plus animé -par des enfants, des proches, etc...) et je me retrouve au milieu de tous mes... Collègues, qui ont longtemps été des maîtres et des personnes à admirer. Ce n'est pas pareil qu'en salle des Masters, ici tout le monde peut nous voir. Je vois quelques personnes encourager avec ferveur Nicolas -souvent les mêmes d'ailleurs, ces jeunes sont amis avec tout Terrae en fait- et je concentre mes yeux sur le combat. Quand c'est Hideko qui descend dans l'arène je laisse échapper un petit rire tandis que Chris grogne. Pas qu'il aurait aimé être choisis je pense, mais ça lui rappelle probablement le fait que je l'ai déshonoré en ne lui faisant pas le privilège de l'y inviter quand c'était mon tour.

Je prends une inspiration quand j'entends le défis, ah bah voilà qui est intéressant.
La façon de s'y prendre de Nicolas aussi est intéressante. L'incitation aussi franche j'avais encore jamais vu, c'est comme si ce gamin était aussi sonore. Mais ça rend le combat plus lisible pour des non-sensitifs. J'ai presque envie d'y répondre aussi, mais je ne saurais pas quoi répondre.
Je suis attentive lorsque le feu jaillit, le phoenix renaissant, lorsque Nicolas s'y frotte, lorsqu'il esquive, attaque, méthodiquement. Mes yeux s'ouvrent d'étonnement devant ses éclairs noirs. J'avais encore jamais vu ça, maintenant je suis curieuse !
Enfin, mes lèvres s'étirent en un sourire satisfait lorsqu'Hideko signe la fin du combat. Dommage qu'on ne la voit pas plus utiliser ladite greffe mais soit, c'était exactement tout ce que l'on attend d'un combat de passage à Master. Mon dos retourne dans le fond de mon siège -que je ne me souvenais pas avoir quitté-, satisfaite.

Il ne fait aucun doute que Nicolas fera un Master impressionnant.
Je retourne mes yeux vers la foule, me fixant sur les diverses réactions, entre les cris de joie d'Ariana et ses amis, la fierté d'Aaron et l'objet entre les mains de Lou- oh !

_ Hmpr, non Athéna.
_ Oh que si.
_ Laisse les profiter, tu iras demander la vidéo après.
_ Mais les éclairs étaient noirs-

Je vois Chris lever les yeux au ciel, c'est qu'il me connaît le bougre.
Je lâche un petit rire. Il a raison, je verrais plus tard. Prenons un peu de repos avant la dernière étape, la plus importante.

Comment le combat avait été IMPRESSIONNANT. Franchement, la tension. Par contre c'était méga frustrant quand Hideko lançait une attaque et qu'en suite elle sauvait Nicolas in extremis. Les Sensitifs c'est vraiment des oufs, ils peuvent faire ce qu'ils veulent, c'est dingue. J'ai vraiment peur de ce pouvoir.

Quand des éclairs noirs s'échappèrent du corps de Nicolas, je me redressai sur mon siège, m'avançant jusqu'à la rembarde pour m'y pencher. Omg mais c'est quoi ce délire ? C'est quoi ces éclairs ?! Mon alerte énergie Tonnerre se mit à sonner et j'écarquillai les yeux. Woah mais. Mais. MAIS C'EST UN DINGUE EN FAIT. C'est quoi ces éclairs qui se NOURRISSENT littéralement de l'énergie qu'ils trouvent ?! Pour gonfler encore plus ?! Ptn mais va falloir que j'revois Nico pour qu'il m'apprenne à utiliser ce truc ! Après ouais, ça a l'air de demander VACHEMENT d'énergie, mais quand même, c'est pété comme technique ! Le mec il peut mettre tout le monde KO oklm comme ça et surtout il partage pas !!!! C'est un truc de fou !!!

Quand Hideko utilisa enfin sa greffe pour le faire perdre connaissance, je me rassis sur mon siège, presque déçue de pas avoir vu les effets que pourraient avoir ces éclairs noirs à son contact. Ca aurait été sympa de tester l'ampleur des dégâts quand même... Fin au moins on a une idée de la puissance autre que celle qu'on ressent en sentant toute l'énergie qu'il libère. Encore plus frustrant du coup !

Mais c'était pas grave PARCE QUE. Mes yeux se portèrent sur Mokona et Modoki qui continuaient à voler autour de l'arène, et je leur envoyai un signal électrique pour leur dire de rappliquer banco. TOUT EST DANS LA BOÎTE impeccable. J'vais tellement pouvoir étudier ça. Je savais que j'devais filmer les combats de Master, j'vais revendre ça vous allez voir, j'vais me faire un vrai p'tit business.

Ne sachant pas trop quelle place je devais tenir, j'attendis de voir Aaron arriver au centre de l'arène pour me téléporter et rentrer chez moi. Plus qu'à décortiquer les vidéos maintenant.

... Bon l'problème, c'est que j'pourrais plus ressentir les énergies à travers une image. C'est quand même bien plus stylé le live.

Nicolas est terriblement perdu. Parce que la directrice le félicite, parce qu’au lieu de reculer elle avance sa main, parce qu’elle le touche du bout des doigts,… Pendant une brève seconde, il a un petit pincement au cœur. Il ne saurait pas expliquer cette petite pointe d’amertume. De mon côté j’étais en paix. J’avais réussi à faire mes preuves, je souriais légèrement… avant de sombrer dans le noir. Genre paf, patatrac, youpla. Zbleh. Rideau. Nicolas dit souvent qu’il ne s’est jamais évanoui. C’est faux ; il a déjà eu faim au point de perdre connaissance. Mais ça n’a rien à voir. Une extinction des feux -lol- aussi nette et précise, à en faire rêver les insomniaques, c’était magique.

Quand il revient à lui, la directrice s’éloigne de lui… et Ronron arrive. Il y a des Guérisseurs qui examinent ses mains. Il y a la trace du fouet qui a serré son poignet ; si ses éclairs ont déchiqueté ses bandages, les brûlures viennent des flammes de la directrice… Il y avait quelques trous dans son t-shirt à cause des explosions, des bleus et des égratignures. Rien de bien sanglant, pourtant jamais Nicolas n’a été aussi épuisé… C’était donc ça, avoir les batteries à plat. Il se taperait bien une petite sieste là… M’enfin y’a une paire de bras qui l’a bien réveillé d’un coup, en le serrant à lui vider les poumons d’air. :

-Ouah ! Papou, steup’… Moins costaud le câlin… J’ai survécu et j’aimerais en profiter encore un peu.

Il a l’amabilité de desserrer un peu, mais il ne le lâche pas. Il doit être en train de pleurer, il sent le sel des larmes… Délicatement, de sa main la moins abîmée, Nicolas tapote le dos de son papou avant de poser sa joue sur son épaule, le regard tourné vers les gradins, vers ceux à qui il a dédié ce combat. Y’a des cris encore, du soulagement et des sourires… Il fait un petit signe dans leur direction. Il a encore du mal à réaliser qu’il a réussi, mais au moins c’est terminé. ‘fin, cette partie-là du processus était terminée. Il retient un bâillement en serrant sa mâchoire avant d’interpeller Hideko. Il avait réussi son défi, mais il avait aussi réussi à le faire sans rien briser… Son petit défi personnel. :

-M’dame Honda… Merci.

Est-ce que ça se dit ? Non mais sans déc’, ça fait pas genre chelou de dire merci à ce moment de ta vie, comme rire en plein milieu d’un enterrement ? Peut-être. Mais il voulait vraiment le dire… Il avait compris qu’elle pouvait l’arrêter avec sa Greffe, elle lui avait offert l’occasion de se donner à fond sans crainte. Alors il a un sourire un peu timide avant de se planquer dans le cou de Aaron… Aller ciao, c’est l’heure de dodo. AH ! Non il fallait qu’il aille récupérer son cristal dans son manteau en cuir… Hmm… Quand Ronron arrivera à le lâcher hein.