Jérémy était immobile, fixant avec intérêt la nuque de Nicolas. Ce dernier était comme souvent assis par terre, le corps plié en avant en train de lire un énième bouquin obscur sur de la science. Le col de son t-shirt laissait dépasser le tatouage de sa Greffe... Si on lui demandait ce que le dessin représentait, Jérémy avait beaucoup de mal à le comprendre. Un loup vu du dessus, paraît-il. Il ne le voyait pas... mais il a cru Nico quand il le lui a dit. Il a pas les yeux dessus mais il doit bien être au courant de ce qu'il a derrière la tête... nan ? ...Est-ce que c'est une métaphore ? Putain si je l'savais... tu serais le dernier au courant. Enfin bref, cette Greffe le mettait mal à l'aise...

Il n'y a pas si longtemps, lors de l'Éclipse, Nicolas avait été terrifié par son apparence de Loup. Il n'était pas sûr si c'était parce qu'il avait eu peur de ce qu'il avait pu faire par le passé, ou qu'on l'abandonne à son sort en le voyant... Peu importe au final, toujours est-il que Jérémy avait compris que pour son frère, cet animal était particulièrement négatif. Et il savait que c'était en partie sa faute... Leur vie dans des gangs opposés lui paraît si loin et pourtant elle était toujours là... sous ses yeux... dès que Nicolas lui tournait le dos. Cette Greffe était l'image du Loup. ...oui et définitivement ça le mettait mal à l'aise...

Jérémy avança ses doigts vers le tatouage avant de se recaler au fond du canapé... Est-ce que Nicolas allait vraiment aussi bien que ce qu'il prétendait ? Papou avait expliqué, enfin il avait tenté de lui expliquer mais comme souvent Jérémy avait du mal avec certains concepts... et les pouvoirs en faisait parti. Bref, Papou lui avait expliqué que la Greffe était personnelle, aussi bien une représentation de la personne, de la clef dont elle a besoin pour comprendre qui elle est, les autres, ce qui lui manquait,... Ça peut aussi ne rien avoir en rapport, être un don de plus offert... Donc oui, en gros, Jérémy ne risquait pas de comprendre la Greffe de Nicolas et que, s'il avait des questions, qu'il les lui pose bon sang, Jérémy t'es grand maintenant parle-lui ! ...Tu paraphrases. A peine.

La dernière fois fut la bonne ; il se redresse pour plaquer ses pouces dans la nuque de Nicolas, entourant le tatouage sombre avec, ses autres doigts cerclant son cou... Vu de loin, on pourrait croire qu'il est sur le point de l'étrangler ; de près, Jérémy est en train d'appuyer sur certaines zones du loup avec ses pouces, comme s'il essayait de l'activer.

Nicolas était penché sur son livre mais ça faisait un moment qu'il ne lisait plus en réalité. Il avait repéré le petit manège de Jérémy depuis un moment déjà ; dans son dos, il le sentait se redresser, presque sentir ses mains lui frôlant les épaules avant de replonger au fond du canapé. Il attendait simplement le moment où il allait craquer et lui poser la question qui le taraudait, où il allait se coller à lui pour avoir plus chaud, où quoi que ce soit d'autre parmi les habitudes étranges qui avaient scellées leur statut de frères depuis quelques années maintenant.

Mais- mais- mais-... Nous parlons de Jérémy fucking Bonnet, et les nouveautés sont rares, certes, pas impossibles. Aujourd'hui, Jérémy a donc décidé qu'il allait emprisonner son cou entres ses grandes paluches. Nicolas n'a pas tressailli au contact, ça ne lui arrive plus du tout depuis son passage Master -sinon avec des inconnus qui tentent de le surprendre mais heureusement c'est pas souvent. Par contre, s'il voulait le tuer après qu'ils aient enfin réussi à construire quelque chose de stable, où ils s'engueulentt pas trop, c'était vraiment pas le meilleur plan de sa vie... et Jérémy est pas aussi débile, même si on dirait pas comme ça. :

-Qu'est-ce que t'essaie de faire exactement ?

Parce que Nicolas est débile, lui, mais il est assez perceptif pour savoir que quelque chose dans sa Greffe l'intriguait... voir même le dérangeait, s'il écoutait attentivement ses pouvoirs. Il avait simplement attendu que Jérémy soit prêt pour en parler... Le moment était venu apparemment. Il le laissa jouer quelques instants avec sa nuque avant de souffler. Il décala son livre sur le côté, écarta les mains de son frère de son cou pour se retourner. Là, il planta son regard dans le sien, le menton sur le genou de Jérémy. :

-Tu veux le voir ?

Me voir, techniquement.

Nicolas était patient avec lui. Il le laissait toucher l'image de la Greffe sans rien dire... Jérémy pu en profiter largement, réalisant que certes, c'était un tatouage, mais il n'en avait que l'allure... Le Loup n'avait pas été gravé sur la peau, c'était plutôt comme s'il venait de l'intérieur, n'altérant qu'à peine la chair, la laissant quasiment lisse. C'était à la fois fascinant et inquiétant, réanimant ses craintes que Nicolas n'aille pas aussi bien. Et puis il dut le relâcher ; Nico se retourna pour le fixer de ses yeux d'argent, le menton sur son genou, lui demandant s'il voulait le voir... Voir la Greffe active, déduisit-il.

Jérémy n'avait jamais les bonnes réponses, c'était son impression. Il mettait toujours les pieds dans le plat, disait LA chose à ne pas dire, blessait les gens,... Il faisait des efforts, réparait ses torts, mais il y a des choses si lointaines qui ne lui seront jamais pardonnées, et à raison, qu'il se demande s'il mérite bien toute la patience et l'affection qu'on lui porte aujourd'hui, même s'il est quelqu'un de différent. C'est quelque chose qu'il travaille avec Elwynn, qu'est toujours la première à le défendre et qui serait prête à botter le cul du monde entier pour lui, mais quand il s'agit de Nicolas, c'est toujours un peu... amer. A cause de leur passif.

Il voulait le voir, mais réalisait qu'il n'avait aucun droit de lui demander. C'était si personnel. Il avait peur de le comprendre aussi... qu'il se comprenne un peu au passage. Ils sont différents mais leurs fonctionnements sont si diamétralement opposés qu'au final, avec un peu de bon sens, on peut comprendre comment est l'un si on connaît l'autre. Il voulait le voir, mais il avait forcé tellement de souffrances et de misères sur Nicolas qu'il voulait ne plus jamais forcer en rien. Malgré toutes ces pensées, il sourit. Jérémy avait tellement changé ; est-ce que le Loup avait changé aussi ?

Jérémy posa sa grande main sur la tête de Nicolas, lui ébouriffant un peu plus ses cheveux anarchiques avant de se pencher un peu vers lui. :

-Oui... Est-ce que tu veux me le montrer ?

Nicolas ne se pose plus la question de savoir si Jérémy a changé. Il n'est plus brutal dans ses gestes, même les plus anodins. Il arrive à sourire sans cacher ses lèvres depuis son étoilisation... C'est assez incroyable pour le noter, Nicolas ne savait pas jusqu'à récemment que les dents de Jérémy étaient parfaitement droites et alignées. A son image, rien ne dépassait. Il lui répond sincèrement qu'il aimerait voir sa Greffe, sans oublier de lui demander s'il veut bien la montrer. Il n'aurait jamais fait ça... Ça fait quelques années maintenant qu'il n'est plus le Chasseur. Ce n'est plus un effort pour lui. C'est incroyable. C'est rassurant. C'est devenu un animal complètement différent.

Lâchant un rire dans un souffle, Nicolas active sa Greffe. De sa nuque, elle couvre ses épaules, vient passer sur son crâne, glisse sur ses yeux jusqu'à rendre ses sclères noires, faisant ressortir avec force ses iris d'argent à la pupille qui se fend. Pour Nicolas, rien ne change ; c'est toujours nous, son lui. Entier. Ses sens ne sont pas plus développés. A l'activation, s'il est seul, la Greffe ne change que son apparence. :

-Voilà. Est-ce que tu as encore peur ?

Il leva sa main pour présenter sa paume, doigts écartés. :

-...Est-ce que tu veux voir ce que ça fait ?

Jérémy observa avec attention la Greffe prendre forme sur le corps de Nicolas... Les cicatrices qui étaient plus qu'à peine visible avant, disparaissaient complètement à la faveur de ce dessin noir imitant le pelage du loup. Il leva lentement sa main vers le visage de son frère, près du sourcil fendu. Plus rien ne repoussait sur le vestige de la balafre que Jérémy lui avait laissé, frappant son visage contre un mur à plusieurs reprises. Même la Greffe ne semblait pas vouloir couvrir cet endroit, le pelage y étant plus clair que le reste... Le tatouage se meut alors qu'il y fait glisser son pouce. Sous la peau, les poils du loup ondulent comme s'il réagissait au vent, aux caresses, aux mouvements. ...Est-ce que c'est ça ? Une des clefs de Nicolas ?...

Il lui demande s'il a encore peur... Jérémy ne s'était pas encore posé la question. ...Peut-être parce qu'il était concentré sur autre chose, ses questions se sont envolées, ne laissant plus que de la concentration et de la curiosité. Mais il est content... Nicolas lui demande s'il a peur alors qu'il pourrait très bien utiliser ses pouvoirs pour le savoir. Il le regarde dans ses nouveaux yeux... Il n'a pas changé. C'est toujours ce petit con derrière ce regard. C'est évident. C'est rassurant. :

-Non. répond-il simplement.

Puis Nicolas lève sa main. Jérémy sait instinctivement ce qu'il doit faire. Il plaque sa paume contre la sienne et ne prononce pas un mot. Et il sentit soudain tout un nouveau monde s'ouvrir en lui, un son creux avec des échos de souvenirs...

Il se voit.

La réaction de Jérémy le surprend, mais rien qu'un peu. Il passe tout de suite sa main à l'endroit où il lui a laissé sa dernière cicatrice. Son sourcil fendu ne le dérange plus autant qu'avant, surtout maintenant qu'avec la Masterisation, il se sent comme réparé. Ses anciennes blessures sont toujours là, témoin des épreuves qu'il a passé pour survivre, pour lutter, contre les autres et contre lui-même, mais elles sont propres, comme si elles avaient été soignées au premier jour. Il s'était soigné à l'intérieur. Son frère lui dit qu'il n'a pas peur et il le croit. Son frère n'hésite pas quand il lui propose de lui montrer. C'est à ce moment que la Greffe est utile, dès qu'il n'est plus seul. Nicolas a glissé ses doigts entre ceux de Jérémy et l'a fixé, son énergie fusant jusqu'à lui, comme s'il avait dû la retenir jusque là.

Jérémy a une bonne vue, en même temps il ne passe pas son temps penché sur des bouquins ou à observer une réaction chimique infime au microscope. Il a un bon odorat aussi, mais il est plus attentif à ce qu'il entend. Il entend mon souffle aussi fort que moi je peux sentir l'odeur de savon sur ses mains... En parlant d'odeur, il reconnaît la mienne. Il aime toujours celle de mon tabac, même s'il a arrêté... Il ne fait pas de lien entre ses sens, pas comme moi. Chez lui tout semble catalogué. Carré. Droit. Jusque dans ses perceptions. Ça doit te faire bizarre de voir comme moi, le chaos va peut-être te déranger, excuse-moi. Nicolas rigole. Un rire grave qui vient du fond de sa gorge.

Je peux arrêter cet étrange partage quand je veux, sans forcément désactiver ma Greffe. Je pense que tu peux le comprendre sans que je te le dise. Il penche sa tête sur le côté. Tu n'as pas aussi froid que ce que tu penses en fait... Tu es sensible au niveau de tes mains je pense, il n'y a que tes extrémités qui sont moins chaudes que le reste de ton corps. Nicolas apporte la main qu'il tient près de lui, il la tient avec ses deux mains et frotte chaque doigts lentement. C'est peut-être parce qu'elles sont raides à cause de tes anciennes blessures.

Nicolas relève la tête, surpris par une émotion éveillant ses sens, lui rappelant une odeur qu'il n'a jamais connu, une odeur qui appartient à Jérémy en réalité, rattaché à un sentiment qu'il connaît bien maintenant. Il lui sourit. Je ne regarde pas promis. Je vais même fermer les yeux tiens. Nicolas ferme les yeux mais peut voir à travers le regard de Jérémy.


HRP : Je teste des trucs pour voir ce que ça donne. Restez calme.

Jérémy se voit d'une étrange manière, sans perdre non plus sa propre vision du visage de Nicolas. Il ne savait pas qu'il sentait si fort le savon, il ne reconnaissait pas ses ridules d'expression,... Il réalise que c'est comme ça que Nicolas voit le monde, chaque sens est attaché à un autre, transformant la moindre odeur en symphonie, le moindre geste en danse étrange. Il est saisi par tout ce soudain chaos sensoriel et il a un frisson... La chaleur de Nicolas se répand dans ses doigts raides qu'il tient. Il ne l'entend pas précisément, ça n'a rien à voir avec ce qu'il a vécu en tant que Télépathe... C'était plutôt comme un instinct ; il arrivait à lire les mouvements et les expressions de Nicolas, ce qu'il percevait et dégageait à la fois et pouvait comprendre le fin fond de ses pensées... Il fallait être honnête, pour communiquer ainsi. Ce simple contact lui rappela ce langage muet qu'il avait quand il était petit et que seule sa mère comprenait ; il se souvient de la frangipane des galettes qu'ils faisaient tous les ans.

Jérémy secoue la tête. Ça va en vérité, il ne lui faisait pas mal au doigt, il n'était pas obligé de fermer les yeux. Pourtant il le fait... Jérémy fixe un instant son frère avant de regarder autour de lui... Maintenant qu'il n'a plus les deux regards dans un même champ de vision, il essaie d'observer le salon qu'il connaît bien. Ils sont souvent dans cette pièce, même à l'époque où ils n'arrivaient pas à se supporter, ils étaient là, parfois à ne rien faire. Comme deux animaux restés trop longtemps solitaires, ils quêtaient les autres. La pièce à vivre portait bien son nom dans le regard de Nicolas ; les odeurs s'y mélangeaient pour en créer une autre, une toute nouvelle qui illuminait la pièce même dans la pénombre... Il voyait tellement de mouvements même quand tout paraissait immobile... Est-ce que c'est pour ça qu'il a toujours réussi à arrêter ses attaques, même s'il arrivait par surprise ?

Jérémy baisse la tête, se tourne vers Nicolas qui sourit, les yeux toujours fermés. Faut toujours qu'il revienne à ça hein ?... Les bastons. Jérémy mord sa lèvre. Ok, on va tester des trucs. Il enfonce son index dans l'épaule de Nicolas qui réagit. Il ouvre ses yeux, claque sa langue. Jérémy apporte sa main à sa propre épaule. Il comprend bien pourquoi ça l'agace... C'est pas horriblement douloureux mais appuyer cette veine est désagréable. ...Et Jérémy l'avait senti lui aussi. Est-ce que ça marche avec tout ? Jérémy pose sa paume sur la joue de Nicolas. Il sent le velours de sa propre peau sur sa joue... C'est... Il grimace. Ok c'est pas une Greffe qu'il faut sortir à toutes les occasions.

Nicolas a les yeux fermés... ...mais je ne suis pas aveugle. Chaque endroit que Jérémy observe attentivement, je peux le deviner, à travers ses propres perceptions ; à la fois de la façon dont je pourrais le vivre, et celle qu'il vit chaque jour. Le salon, c'est l'entrée vers son vrai monde, la cuisine qu'est un peu plus loin. Il n'y a pas retenu les odeurs que j'ai retenu, mais il a tout un catalogue de sons qui lui sont évidents. Les rires de Lottie, les couverts dans les assiettes lors des dîners, les bruitages des consoles de jeux qui s'allument,... Je comprends mieux pourquoi je pouvais le prendre par surprise plus facilement dans les bois que dans le village ; je pouvais me fondre au premier, le second a toujours été plus compliqué. Il sourit encore. Tu vois Jérém' moi aussi je pense au passé. En même temps avec tout ce qu'il s'est passé c'est difficile à ignorer, une expérience pareille !

Il rit légèrement, en silence. Puis un index s'enfonce dans son épaule. Nicolas claque sa langue et fronce les sourcils. Jérémy est surpris d'avoir perçu la douleur lui aussi. Oui j'aurais peut-être dû préciser que le lien était physique lui aussi... Est-ce que c'est une raison pour me planter l'artère avec son doigt tordu J'CROIS PAS NON ! Jérémy apporte soudain sa main à son visage... mais il ne fait que lui caresser la joue. Nicolas s'immobilise... avant d'éclater de rire. Tu as tort ! Mais je vais sûrement pas t'expliquer à quel point.

Si tu veux tester des trucs, c'est le moment ! Y'a une question que je me suis toujours posée... Viens ! Nicolas se lève, ses mains serrant l'avant-bras de Jérémy pour l'attirer et le forcer à le suivre dans les couloirs de la maison. Devant la porte de sa chambre, il s'arrête, l'ouvre et pousse Jérémy à l'intérieur. N'allume pas la lumière. Nicolas, toujours dans le couloir, pose son front contre le bois, comme pour se concentrer. Je vais te guider. Garde les yeux ouverts. Nicolas souffle et se concentre...

Jérémy se laisse emporter dans les couloirs pour être limite balancé dans la chambre de son frère. Ce petit con avait encore oublié d'ouvrir ses volets. Il approcha sa main de l'endroit où devait se trouver l'interrupteur. N'allume pas la lumière. Il s'immobilisa, obéissant à l'étrange instinct qui lui parlait... Je vais te guider. Garde les yeux ouverts.

Il se tourna lentement, les yeux fouillant le noir complet. Il avait pourtant l'impression de percevoir le placement des meubles, ses membres se mouvant dans une habitude qu'il n'a jamais eu. Il ne savait pas où il allait mais il s'avançait, levant ses genoux plus haut à intervalles réguliers. Il tendit ses mains et il heurta un meuble. Ses mains qui fouillèrent l'espace et il reconnut sous ses doigts le cuir des livres qui n'étaient pas les siens, leur odeur qu'il n'avait jamais senti. Jérémy tâta l'épaisseur d'un livre en particulier avant de le prendre et de faire demi-tour. Qu'est-ce que Nicolas cherchait à faire ? Il voulait ce livre, il le sentait...

Jérémy arriva jusqu'à la porte et posa sa main dessus. Il est là.

Nicolas ouvrit la porte et alluma la lumière. Ils plissèrent tous les deux les paupières un bref instant avant de baisser les yeux sur le livre. Qu'est-ce que c'est ?... Un docu. En anglais. "Les prédateurs de la forêt" ? Il est sérieux lui ? Il tape la tête de Nicolas avec le bouquin, un demi-sourire aux lèvres. Il sent l'impact sur son crâne mais c'est surtout l'odeur du livre se mélangeant au shampoing de Nico qui l'intrigue. Ça fait une mélodie joyeuse faite de tintements et de flûtes qu'il n'entend pas vraiment, c'est tout mental. :

-Comment tu-

Oh fuck c'est sa voix ça ?! C'est... tellement plus grave que ce qu'il entend de lui. C'est chaleureux. Jérémy secoue la tête. Concentration. :

-Comment tu fais pour voir autant sans te taper la migraine ?

Il se retourne et constate le bordel présent dans la chambre. Ah, il comprend mieux pourquoi il devait souvent lever les jambes, c'était pour éviter les différents tas d'objets présents.

Dans ma chambre, je sais où tout se trouve. Du moins ce qui n'est pas "rangé". Je sais, c'est pas normal. J'évite le tas qu'est mon pyjama, la pile de livres à lire, mon sac à dos,... A côté de ma guitare, il y a un meuble où je range tout ce qui n'est pas un roman ; des thèses, documentaires, encyclopédies,... Je reconnais leurs tailles, je peux deviner le contenu à l'odeur. Quand la main de Jérémy passe sur celui que je cherche, elle s'arrête et s'en empare. C'est celui-là que je veux. Demi-tour, éviter les mêmes obstacles... Nicolas décolle sa tête de la porte. Il est là.

Nicolas ouvre la porte et allume la lumière. Yes ! C'est le bon ! Je peux vraiment guider ma Meute à distance avec mes connaissances et mes sensations ! Nicolas rit avant de se prendre un léger coup sur la tête. Il répond  au sourire de Jérémy. Il me parle, et ça fait tout bizarre. Je comprends ce qui le dérange avant même qu'il ne réussisse à finir sa question, je le sens. :

-J'ai-...

Pour moi aussi, c'est surprenant. J'ai ma Voix de Master qui se mêle aux souvenirs de Jérémy ; il se souvient de celle que j'avais quand j'étais gamin. Miel et fraises. C'est presque mignon. :

-J'ai toujours vu le monde comme ça... Et ne juge pas l'état de ma chambre eh !

Nicolas attrape son avant-bras. J'voulais le cogner à la base, mais vu qu'on est connecté c'est pas une bonne idée. Il le regarde dans les yeux. :

-Ça va mieux maintenant ? T'es rassuré ?