Senri avait fait le tour de sa chambre une bonne quinzaine fois. Quand je dis le tour, c'est à un niveau inquiétant. Dans le sens où, il s'était mis à escalader les armoires, monter sur les tables, se caler dans l'intestice entre le mur et les toilettes. Tout ça pour envoyer, un pauvre message.

"Bonjour Chou. Est-ce que tu voudrais qu'on aille à la patinoire ensemble ?"

Reposons un peu le contexte. La situation était devenu assez étrange entre l'air et le tonnerre. Pas assez pour causer à un orages, mais assez pour créer quelques nuages. Ils s'étaient embrassés, ce qui était une chose positive, puisque Senri avait plus ou moins réalisé qu'il voyait Chou d'une manière tout à fait différentes des autres personnes. Et ne serait-ce que pour confirmer son diagnostique, il avait relu ses collections de shojo, pour s'assurer que oui, il était absolument amoureux de Chou.

Le problème c'est qu'entre le moment de cette réalisation et de leurs baiser, il y a eu l'étoilisation de Chou et la perte de Roda. Très logiquement, parler de la nature de leur relation n'a pas été une priorité. En fait, depuis leur baiser, rien n'avait véritablement changé. Ce qui rendait toutes interactions entre eux incroyablement étrange.

Mais, ça devait changer. Senri s'était décidé à proposer une journée d'activité à son amie. Si parler de ses sentiments n'était pas possible, ça n'allait pas non plus l'empêcher de passer du temps avec elle.

C'est ce qu'il se disait, le corps contorsionné dans le maigre interstice entre le haut de son armoire et du plafond.

J'étais parfaitement immobile, fixant mon téléphone qui a maintenant un écran noir. Mais je l'ai vu. J'ai bien vu oui, "Chiri" qui s'affichait avec le début de son message qu'était un formel "bonjour". J'étais en train de tricoter ; je faisais un poncho en laine multicolore pour le cadeau de Noël d'Alice. Je peux poser mes aiguilles, ma ligne est finie, aucun risque de perdre une maille mais mes mains ne bougent pas. Tétanisées.

Ça va bientôt faire un an que je suis Étoile. Bientôt un an depuis que Roda est partie. ...et que j'ai vaguement donné mon premier baiser. Je dis ça, ça doit donner l'impression que je suis pas contente, non ! Non, vraiment, tout va bien. J'veux dire... On n'en a pas parlé, du tout. Bon c'est ma faute aussi, j'ai eu un timing nul sur cette action ; je perds ma meilleure amie, je dois faire mon deuil après, je comprends que je donnais moyen envie de parler bisou. Mais au passage Master d'Alice, et après, à la fête donnée en son honneur, comme on y est allé tous les deux, j'me disais... Mais on n'en a pas parlé non plus. Ni quand on s'est revu après... ou après... A chaque fois, je me mettais dans des états de stress impossible en me disant que ça y est, il va me dire que je suis dégoûtante et qu'il ne veut plus me voir. Ça n'est jamais arrivé. Donc au fil du temps qu'on passe ensemble je me détends, je mange, je regarde des dessins animés, je ris avec lui. Et tout va bien.

Par contre oui, je stresse là.

Je prends une profonde inspiration pour me donner du courage et pose mon ouvrage pour m'emparer du téléphone et lui répondre.

"Chiri   ! J'aimerais beaucoup oui, ça fait longtemps que je n'ai pas patiné en plus. On se retrouve quand ?"

Voilà. Simple. Pas de malaise.

Senri toisait son téléphone. Dès que l'écran s'assombrissait et menaçait de s'éteindre, il mettait son gros pouce dessus pour éviter le verrouillage. A tel point qu'il vit la conversation s'actualiser et le message de Chou apparaître. Pourtant, il ne put s'empêcher de sursauter quand son portable vibra. Si bien qu'il tomba de son armoire et roula sur le sol.

Il se releva d'un saut et tapota sur son écran, à une vitesse plus que soutenue.

"super. je peux venir te chercher stv"

Il se rendit compte qu'il avait envoyé sans avoir relu pour la quinzième fois, et comme par hasard, c'est maintenant que le message avait été envoyé qu'il se rendait compte d'à quel point il était affreux. L'adolescent secoua la tête et s'empressa d'ajouter.

"ENFIN ON EST PAS OBLIGE TOUT DE SUITE JE DOIS ME PREPARER"
"pardon capslock. Je peux venir APRÈS si tu veux."

Senri était assez efficace en terme de préparation. C'est pour ça qu'il s'était aménagé un temps de préparation purement mentale.

Ce qu'il n'avait pas prévu c'est qu'après sa douche, s'être parfumé, il changea quatre fois de tenue. Il finit par sortir, portant un sweat noir relativement large sous lequel il portait un débardeur à motif fleuris pour se donner un air relaxé - qu'il n'assumerait pas. Et un pantalon de survêtement noir. C'était le pantalon qui lui avait donné du mal puisqu'il lui fallait un vêtement à la fois chaud et confortable, qui ne soit ni tâché, ni troué. Et surtout, il avait deux pantalon qui remplissait ces critères, le reste était des shorts.

Il était vraiment grand temps qu'il refasse sa garde robe. Sur le chemin jusqu'à l'aile des airs, il se demanda s'il ne devrait pas demander à Nicolas de l'aider à choisir des vêtements. Ou de lui en prêter.

Tout ça pour dire, que lorsqu'il arriva enfin devant la porte de Chou, il se figea devant. Tétanisé par l'angoisse de la déranger ou de la surprendre alors qu'elle n'était pas encore prête.

ET SURTOUT. IL AVAIT OUBLIE LES CHOCOLATS QU'IL AVAIT ACHETÉ POUR ELLE.

La réponse de Chiri fut quasiment immédiate, me surprenant un peu. Je reprends mon téléphone, lit le message et me lève brutalement. Oh maintenant. Il voulait dire qu'ils y allaient maintenant ! Je regarde autour de moi, en essayant de lister ce que je dois faire le plus vite possible avant que mon ami arrive mais mon cerveau n'arrive pas à fonctionner correctement dans la panique. Heureusement, d'autres messages font leur apparition et j'ai soufflé de soulagement. J'ai même ri un peu quand j'ai vu Chiri s'excuser pour les majuscules. Il parle comme il écrit, j'ai l'impression de l'entendre quand je vois ses messages.

"D'accord ! Je dois me préparer aussi de toute façon ! A tout de suite !"

Je-... J'ai mis un cœur ! ZUT. Non mais c'est rien. Je mets souvent des cœurs et des fleurs dans mes messages, avec tout le monde. Pourquoi je panique d'abord ? Y'a pas de problèmes. Et je dois m'habiller chaudement pour sortir, j'ai autre chose à penser, voilà.

J'ai une épaisse jupe en laine, le motif noir et gris rappelle les tartans écossais, mais je mets mes bas les plus épais -ils ont des petits visages de chat en haut de mes cuisses, cachés par la jupe, c'est mignon. J'ajoute des chauffes-chevilles rose pastel, avant de mettre mes bottines, pour mettre un peu de couleur, accordé à mon large pull en laine. J'hésite à m'attacher les cheveux ; ils sont très longs maintenant, ils m'arrivent à la moitié du dos et je devrais refaire ma frange, si je dois patiner ce serait mieux de voir où je vais. Je décide de faire des tresses devant pour qu'ils ne gênent pas mon visage, se rejoignant à l'arrière de mon crâne mais je laisse ma longueur derrière. Je pose mon long manteau bleu marine et l'écharpe de mon frère sur mon petit canapé, et je pense que je suis prête. J'ai le temps de préparer mon sac ; je n'avais plus de bonbon à la menthe hier au travail, j'étais un peu malheureuse j'avoue.

Je sens son énergie arriver. J'étais pas loin de la porte et il a une aura bien différente des autres Airs qui se baladent dans le couloir... C'est la seule raison hein, c'est pas du tout parce que je l'attendais et que je le connais tellement je le regarde que je pourrais le reconnaître dans le noir. Pas du tout. Il ne toque pas par contre... mais j'ouvre la porte quand même. :

-C'est la première fois que tu manques l'occasion de taper une porte. je lui lance en souriant pour simple bonjour. Tu as un souci ?... J'ai plus qu'à mettre mon manteau pour partir.

Ça se trouve ça l'embêtait de m'attendre à l'intérieur alors c'est pour ça qu'il attendait devant ?... Mince, je suis bête, j'avais pas pensé à ça.

UN CŒUR. ELLE A MIT UN COEUR. JE RÉPÈTE COEUR IDENTIFIÉ PAR SMS C'EST FORCÉMENT UNE DÉMONSTRATION D'AMOUR PUR ET SINCERE ET EN MÊME TEMPS MÊME KAIKO MET DES COEURS DES FOIS.

Voilà, un apperçu de ce qui s'était passé dans le crâne de Senti après avoir reçu le message de Chou. Dire qu'il était en plein tumulte émotionnel face à ce SMS était un euphémisme. Cela dit, quand la porte s'ouvrit, les multiples interprétations du messages de Chou furent reléguées au second plan.

Le visage de Senri se décomposa, en voyant son amie tout apprêté. Il ne put s'empêcher de murmurer entre ses lèvres.

- Trop jolie.

Évidemment après une réaction aussi mièvre qui aurait fait soufflé un spectateur de Miraculous Ladybug (Senri est une Marinette, à n'en point douter), l'adolescent vira au rouge et tenta de se reprendre le plus vite possible.

- EUH NON TOUT VA BIEN C'EST JUSTE QUE-Vos portes sont plus jolies que les nôtres. Alors je regardais ta porte qui est jolie. Je veux dire comme les autres, mais la tienne l'est plus. Puisque, eh bien, elle est différente car, même si c'est une porte, avec du bois, une poignée, eh bien je la trouve plus jolie car, je ne sais pas elle a l'air spéciale.

Alors que Chou l'invitait a rentrer, Senri acquiesça.

- Pardon, je parle beaucoup. Je ne suis pas du tout stressé, hein ! Je suis désolé, je suis peut être en avance.

C'était amusant de voir Senri et son gabarit entrer dans une chambre et tenter de s'y faire le plus petit possible. Bien qu'il y soit déjà venue, il était toujours très intimidé de rentrer dans la chambre de Chou et aussi un peu gêné. Mais rien de plus normal, après tout de se sentir impressionné quand on rentrait dans l'intimité de son amie. Surtout, quand, quelques jours plus tôt, une certaine discussion avait tourné autour du fait d'embrasser cette amie.

- AHEM. Euh. J'ai oublié ma gourde, je suis désolé. Je peux te demander un verre d'eau ?

Bon. D'habitude, j'entends pas forcément ce qu'il dit quand il marmonne. Mais bon là, il est juste en face de moi, c'est difficile de louper son murmure. J'ai mon cœur qui bat fort pour un bref instant... mais Chiri se corrige vite. Il parle de la porte. J'ai... J'ai jamais remarqué qu'il y avait des différences entre les portes des différents couloirs, mais je lui fais confiance. Il en a cassé tellement qu'il doit s'y connaître bien mieux que moi. Alors, je ne remets pas du tout en question l'analyse de mon ami. :

-Oh c'est vrai ? C'est super ! je fais en examinant brièvement ma porte. J'aime bien ma porte. Et j'aime la tienne aussi ! Tu l'as si bien personnalisée qu'on pourrait la reconnaître entre mille !

...Si Senri est Marinette, Chrys est clairement Adrien.

Hm ?... Bon, c'est pas tout mais je dois finir mon sac. J'invite Chiri à entrer alors qu'il s'excuse. Je secoue la tête en souriant. :

-Non, non ne t'inquiètes pas, je dois juste vérifier ce qu'il y a dans mon sac... Et puis j'ai hâte de patiner, alors être en avance, c'est cool !

Alors... Mon sac. Je vire ma trousse de crayons et mes petits carnets, je pense que je n'aurais pas besoin de dessiner ou de prendre des notes. Par contre je laisse le désinfectant et les pansements, toujours. Je rajoute un petit sachet de bonbons à la violette quand Chiri me demande un verre d'eau. Je file aussitôt en cuisine. :

-Bien sûr Chiri~ ! Tu voudras qu'on repasse par ta chambre si tu veux emmener ta gourde ? Ça me dérange pas, et c'est important de bien s'hydrater, surtout qu'on va beaucoup bouger.

J'en suis pas au point de me dire qu'on va faire du sport... sauf si on transforme notre sortie en compétition de vitesse, je vais certainement pas me laisser faire ! Je lui amène tout de même le verre d'eau qu'il a demandé et le lui donne avant de mettre mon manteau, mon écharpe et mon sac. J'écarte les bras, triomphante. :

-Et voilà ! Toute prête ! Je suis rapide hein ?

- C'est vrai que je l'utilise beaucoup, alors elle est usée. C'est normal.

Non, ce n'était clairement pas normal d'user une porte en l'utilisant pour sauter par la fenêtre. Ce qui n'était pas normal non plus, c'était les battements de son cœur qui s'était accentué quand Chou lui avait dit qu'elle aimait sa porte. Il s'était même un peu empourpré. C'était ce genre de chose qui permettaient à Senri de se rendre compte qu'il aimait Chou plus que les autres.

Qu'elle aime sa porte le faisait rougir.

100% Chrys est Adrien y a aucun débat.

Senri rentra dans la chambre de Chou et comme d'habitude, même s'il était venu plusieurs fois, il s'était mis dans un coin en se faisant le plus petit possible. Ce qui était cocasse - et un peu drôle- quand on voyait sa musculature.

Il observa Chou faire son sac. En regardant un peu aux alentours. Sa main serra un peu autours de son poignet. Il eut un sourire quand elle déclara qu'elle avait hâte de patiner. Il avait tellement peur de lui avoir proposé une sortie qui ne lui plairait pas...

A la question sur sa gourge il répondit par la négative. En se maudissant immédiatement... et les chocolats ?? Quand lui donnerait-il ? Il avait décidément répondu trop vite. Il vida le verre d'un coup en buvant de ses deux mains, avant de le reposer dans l'évier et... De le laver ??

- Très !! Je suis désolé, tu es déjà prête et moi j'ai sali ton verre !

C'était aussi une excuse pour cacher ses joues rouges, parce que vous son amie aussi triomphante, lui avait fait bondir le cœur.

Il termina rapidement de laver le verre et rejoignit Chou.

- Allons-y !! Je crois qu'il faudra qu'on loue des patins. Tu y a déjà été ?

Il tentait d'un peu faire la discussion, et orienta leur chemin. Il avait réfléchi à un itinéraire précis, qui passait par des rues pour finalement rejoindre l'arrêt de bus.

Senri cherchait à éviter au maximum les lieux où Chou et Roda s'étaient promenées.

Je ris quand il a une excuse toute trouvée pour l'usure de sa porte. Je ris en le voyant essayer de se faire tout petit dans ma chambre. Je ris en le voyant partir laver le verre dans lequel il avait bu. :

-Mais ce n'est rien Chiri ! Je l'aurais lavé en rentrant !

J'attends sagement qu'il revienne vers moi pour prendre son bras avant de sortir. Je laisse toujours ma porte ouverte si Aylan veut entrer pendant que je suis pas là... et ça lui évite de perdre du temps à forcer la serrure. Senri me demande si je suis déjà allée patiner à Terrae, je secoue la tête. :

-Non ! Je savais qu'on pouvait mais je n'aime pas patiner toute seule. Mais je sais le faire ! Quand j'étais petite, on allait avec mon frère sur les lacs gelés en hiver. On utilisait les patins de nos parents, alors je devais mettre pleins de chaussettes épaisse pour qu'elles soient à ma taille !

Je souris et sautille sur place. J'adore ce souvenir, c'est un de mes préférés.

On a fait des détours... Je n'ai pas compris pourquoi. Mais j'animais la conversation en parlant de l'hiver et de ce que ça voulait dire pour moi. C'est ma saison préférée, celle qui donne envie de boissons chaudes et de se blottir contre les gens qu'on aime. Celle où tout paraît éteint mais qui va bientôt renaître.

Quand on arrive, on s'approche de l'accueil. On me demande ma taille de chaussures et je m'exclame. :

-36 ! S'il-vous-plaît !

OUI j'ai des petits pieds pour ma taille ROH çavaheinbon...

Senri écouta silencieusement Chou sur le reste di chemin. En acquiesçant avec vivacité, en posant des questions pour relancer la discussion. Mais il était davantage dans une posture d'écoute. Dès qu'il passait du temps avec elle, il avait envie de l'écouter parler de tout.

Il se permit néanmoins de réagir, quand elle évoqua les souvenirs avec son frère.

- QUOI UN LAC CA PEUT GELER ?? Même quand c'est aussi grand ?? Et c'est assez solide pour patiner dessus ? Vous n'avez jamais eu peur que ça casse ?

Il nota l'information des chaussettes, la classant immédiatement dans son cerveau dans une catégorie bien particulière.

- J'ai jamais fais. J'espère que tu pourras m'apprendre !! Enfin si, il y a eu une fois pendant l'éclipse mais ça ne compte pas vraiment.

Si Senri avait pratiqué de nombreux sport, tout ce qui avait attrait à l'eau, il était passé à côté. La piscine parce qu'il n'avait appris à nager qu'à Terrae, au moment où il avait abandonné les études pour devenir un agent de terrains de Terrae. Et la patinoire parce qu'il n'avait simplement eu jamais eu l'occasion.

Et, pendant l'éclipse, eh bien, la séance de patinage était davantage un entraînement et elle avait été écourté par une altercation avec un autre tonnerre. Comme par hasard.

Les deux étoiles arrivèrent à la patinoire et se rendirent a l'accueil. Et par la même occasion, il apprit la pointure de Chou. Il se sentit un peu coupable d'avoir appris une telle informations. Mais surtout intimidé, alors qu'il marmonna dans sa barbe.

- 41, s'il vous plaît.

Non pas que Senri avait honte de sa pointure ou quoique ce soit. Juste il détestait tout ce qui avait un quelconque lien avec ses pieds.

Néanmoins après avoir récupéré leurs patins, Senti fut un peu circonspect.

- Hm. Tu crois qu'on doit aller dans des vestiaires ? Je n'ai pas pris de tenues de sport en fait...

Est-ce que je suis étonnée que Senri ne sache pas qu'un lac puisse geler ? Non. Plus rien ne m'étonne avec lui. Je secoue la tête. :

-Oui ça peut ! Il faut un hiver bien froid en France, et que ce soit en montagne. Mais c'est possible !

Je ne lui parle pas du fait que je vivais non loin des Pyrénées, je pense pas qu'il sache où ça se trouve. Mais entre la montagne et la mer à quelques heures de route, les chemins de randonnées boisés et les champs de fleurs sauvages, j'étais bien servie en nature dans mon enfance. J'ajoute, un peu joueuse quand il s'inquiète que la glace d'un lac puisse se briser. :

-Ça peut se casser oui, mais justement, ça ajoute le frisson du danger ! J'étais casse-cou quand j'étais petite tu sais !

Je sais, ça se voit plus trop. Mais c'est vrai... Aussi, j'avais pas le droit d'aller au lac gelé toute seule, justement pour éviter un grave accident. :

-Bien sûr je te montrerai... Tu as fait déjà du patin genre... rollers ? C'est le même principe, ça glisse juste un peu plus.

Je me rends à peine compte de la différence moi, je ne fais que répéter ce qu'on m'a dit en vérité.

Nos patins récupérés Chiri me demande si on doit aller dans un vestiaire. Je... Je sais pas en vérité. Parce qu'au Japon les gens sont plus pudiques, il doit y en avoir, mais je vois pas ce qu'il y a de dérangeant à être en chaussettes devant les autres... Alors je me penche pour retirer ma bottine, tout en expliquant à mon ami Tonnerre. :

-Pas besoin. Comme on n'est pas des patineurs pro, on peut être habillés comme on veut. Et si tu apprends, de toute façon, je vais pas te faire faire des trucs trop compliqués.

Je garde mes chauffe-chevilles par-dessus mes patins après avoir correctement fait mes lacets. Et oui, je vais patiner en jupe. I am a Queen, ça m'fait pas peur. :

-Serre bien tes lacets Chiri... mais pas trop non plus. Il faut que ta cheville soit-... J'peux le faire si tu veux.

Je demande avant, j'ai pas envie de le mettre mal à l'aise. En attendant, j'ai donné mes bottines au gérant de l'accueil pour qu'il les conserve à l'abris.

Senri écarquilla les yeux, quand Chou lui parla de goût du risque. Le goût du risque, c'était un combat seul contre quatre, avec des terminales du lycées d'en face, affronter un initié alors qu'on est novice... MAIS RISQUER UNE BAIGNADE GELÉE ?? C'était presque inimaginable pour le jeune tonnerre.

- T'es super courageuse.

Il n'avait pas d'autre mot. Oui, parce qu'il ne croyait pas un instant que Chou n'était plus courageuse. Lorsqu'elle lui demanda s'il avait déjà fait du patin, il hésita un instant.

- Hm, avec Mitsu on avait une planche à roulette. Mais y avait un guidon. Est-ce ça compte ? Par contre j'ai vu un animé dessus.

Donc, toute la notion d'équilibre demandée par la pratique des sports à patin était passé à la trappe.

Arrivé sur place, il écouta les instructions de Chou avec attention. Et la garda mettre ses chaussures, en acquiesçant sérieusement à chaque phrase. Cela dit, il ne put s'empêcher de bomber le torse quand elle déclara qu'elle ne lui ferait pas faire de choses compliqué.

- On peut !!! Je suis sûr je vais apprendre super vite !!! Et puis plus c'est dur plus vite je vais apprendre !!! Je vais t'impressionner !

Et en disant cela, il retira ses chaussures pour mettre ses patins, dévoilant, tenez-vous bien. Des soquettes de sport. SENRI TU METS DES SOQUETTES DE SPORT A UN RENDEZ-VOUS ? Quand bien même, ce sont tes préférés car il y a des tigres dessus, ça n'est pas vraiment très engageant.

En terme de vêtement, Chou était de toute façon, beaucoup plus élégante. Ce qui faisait un peu rougir l'adolescent.

- Non je crois que je peux me débrouiller ! En boxe c'est hyper important d'avoir la cheville bien fixé ! Regarde ! J'ai un quadruple noeud !

Nul besoin d'être expert pour voir qu'en voulant impressionné Chou, Senri était juste en train de se couper la circulation tant il avait serré ses patins.

-Ahah ! Je sais pas si c'était du courage ou de la bêtise, mais c'est vrai que ça me faisait pas peur à l'époque !

J'étais une gosse en même temps, ça me fait penser à Aylan. Cette façon de pas réaliser à quel point on peut se mettre en danger, même si ce qu'on fait est exaltant... Je crois que j'ai arrêté de faire ça après l'accident. Comme si j'avais eu assez d'émotions fortes pour une vie. Mais je n'y pense pas, il ne faut pas que j'y pense !.... Je vais m'amuser avec Chiri. Et l'écouter dire ses bêtises qui me font éclater de rire quand il me demande si patiner c'est comme faire de la planche... avec un guidon ?... et si ça aide d'avoir vu un animé dessus ? Quoi ?? :

-Ahah ! Je ne sais pas ! On verra bien~ !

Ok, c'est un peu sadique... Mais j'aime le voir tout déterminé à vouloir m'impressionner. Il n'en a pas besoin, mais j'ai hâte.

Enfin, s'il se blesse avant même qu'on arrive sur la glace ça vaut pas le coup. :

-Chiri c'est-... C'est trop serré tu vas te faire mal !... Attends, regarde !

Je suis déjà à genou par terre et s'il essaie de m'empêcher de l'aider je vais lui lancer mon regard spécial, attention. Il a beaucoup serré le... quadruple ? woah... les nœuds, du coup, mais je suis patiente et calme, je libère sa cheville après un peu de temps, sans me presser. Je refais les lacets, tranquillement, avant de me relever. :

-Là ! Remue ton pied, c'est quand mieux nan ? et je tends mes mains vers lui pour l'encourager à se lever lui aussi. Tu es prêt ? On y va ?

Il acquiesça avec vivacité et entrain quand elle répondit à ses interrogation sur le sport en lui-même. Elle avait raison, les mots ne valait certainement pas l'expérience. Mais alors qu'il allait se lever, elle l'arrêta, pour lui refaire ses lacets.

Le gros tas de muscle qui se pavaner comme un paon devint soudainement, une espèce de loque rougissante. Il était vraiment désolé de lui faire subir ça. Mais, après qu'elle ait libéré ses chevilles, il put faire quelque mouvements.

- Oui !! C'est plus confortable !! Désolé. Je vais faire attention !!

Il déglutit quand elle l'invita à le rejoindre, avant d'acquiescer et d'attraper sa main. Il avait peut être un peu peur finalement. Une fois sur la glace, il se sentit glisser.

- WAH CA BOUGE !!

Il s'agrippa un peu plus fermement au bras de Chou, alors que ces jambes partait en avant, puis en arrière. Après un petit temps, il parvint à retrouver son équilibre.

- Désolé, je t'ai pas fais mal ? Ca demande beaucoup d'équilibre, fin, ça bouge beaucoup quoi ! Je suis habitué à être ancré dans le sol, alors là, ça fait vraiment bizarre ! T'es sûr que ça peut pas se casser hein ? Chou ? Pourquoi tu t'éloignes ??

Effectivement en ayant lâché le bras de Chou, et s'être mis à parler en gigotant comme s'il était sur la terre ferme, il avait commencé à reculer ce qui le fit paniquer et jeter ses pieds n'importe où. Inévitablement, il tomba en avant. Les fesses en l'air et le visage contre la glace.

- Est-ce que ça existe des patins de mains ?

Oh la, je pensais pas... Enfin je me doutais que ça allait pas être facile du départ mais à peine debout sur la glace que je sens Chiri partir en vrille. Je le laisse s'accrocher à moi, plaçant mes pantins pour rester immobile sur la glace, lui laissant le temps de se redresser et arrêter de tanguer. Une fois que c'est fait, il me lâche et... Et... ok je devrais l'attraper au moins mais, le voir parler sans réaliser qu'il part en arrière, c'est-... Je mords ma lèvre, me retient de rire quand il me demande pourquoi je m'éloigne. J'ai pas bougé.

Puis il s'étale par terre, dans sa panique. Je rigole plus, je m'avance précipitamment pour voir s'il ne s'est pas fait mal. :

-Chiri ?! Est-ce que ça va ?

Plus de peur que de mal je pense, puisqu'il demande si les patins pour les mains existent. Je souffle un rire tout doux, rassurée. :

-Non malheureusement non... Par contre, on peut essayer-...

Je l'aide à se lever -et ça prend du temps croyez-moi- et je lui donne une astuce pour qu'il ne bouge pas, en lui disant de ne pas poser les lames de ses patins de manière parallèle. Puis je lui prends ses mains, je lui tourne le dos... et je les pose sur mes épaules. :

-Voilà, maintenant remets tes patins comme ça. je lui montre. Ne bouge plus, reste droit d'accord ?... Je vais avancer doucement.

Bien que Chou se soit un peu moqué de lui, elle s'était rapidement précipité auprès de Senri quand ce dernier était tombé.

- Ca va, je suis tombé en avant j'ai pu me rattraper ! Mais j'ai vu que tu t'étais moqué !!

Il jouait assez mal l'insurgé, il avait conscience qu'il avait été un peu ridicule dans sa chute. Il se redressa avec l'aide de son amie - non sans mal. La répartition du poids était ce qui lui posait le plus de problème. Heureusement, Chou lui montra comme s'arrêter et conservait son équilibre.

- Oh !! C'est trop bien, j'ai l'impression d'être comme sur la terre !!

Puis, elle mit les mains sur ses épaules, pour qu'elle puisse les guider.

- Euh, ouais, alors, là, comme ça... C'est bon j'suis prêt ! On peut y aller !!

Alors qu'ils commençaient à glisser doucement, Senri prenait doucement ses marques. Il poussait parfois des petits cris, et des expressions de surprise, mais globalement, se tenir à Chou l'aidait grandement.

- Je te fais pas trop mal aux épaules ? Je crois que j'ai un peu compris comment on fait ! Je te lâche ?

Il était impressionné par tout, et ne savait absolument pas quoi faire, du coup il posait des questions à tout moment, sur à peu près tout. Pour essayer de comprendre comment elle arrivait à avancer et à se diriger.