HRP:

"Vivement la fin de cette mission putain."

J'écrase ma clope dans le cendrier et pousse la porte du café, inspirant une grande bouffée des arômes si agréables des pâtisseries et gâteaux encore chauds. Baxter est déjà au travail. Normal en même temps, depuis quelques semaines déjà j'arrive le plus tard possible pour essayer de dormir un peu, nos entrainements communs avec l'équipe 4 et ceux que je m'impose débordant souvent sur mes heures de sommeil. Sans compter les fois où Morphée me fuit, la tête trop pleine de doutes et de questionnements pour réussir à fermer les yeux. Je remercie les dieux pour aimer autant mon travail et que me lever pour aller bosser m'emplisse autant de joie et de fierté. Je referme la porte après que Tifa se soit glissée à ma suite, et je tourne le panneau qui indique maintenant OPEN derrière la porte vitrée.

"YO BAXOU, J'ESPERE TU M'A PREPARE UN BON P'TIT DEJ MON MIGNON"

J'le salue chaleureusement et on continue de discuter pendant que je prépare ma mise en place pour la dizaine de tables disposées un peu partout dans la boutique.

"Normalement on devrait recevoir le camion de livraison en fin de semaine, oublie pas de me dire si t'as besoin de trucs particuliers avant demain soir, que je puisse faire ça ! Sinon je prends comme d'habitude on est d'accord ? "

On dirait pas mais c'est quand même tout un boulot de s'occuper d'un établissement. Je suis vraiment content d'avoir des collaborateurs aussi géniaux et autonomes, quelle galère ça serait sinon. Surtout qu'apprendre la gestion un peu sur le tas comme ça c'était pas une mince affaire. Mais bon, ça fait maintenant presque un an qu'on a ouvert et tout se passe pour le mieux. Mes dix tables sont dressées, je m'attaque à la préparation de tout ce dont je pourrais avoir besoin pour faire de bons cafés. La routine habituelle, quoi ! J'dois avoir une petite vingtaine d'ouvrages à ranger, étiqueter puis après je pourrais me consacrer à mon activité préférée : boire du café bien noir en lisant les derniers mangas qu'on a reçu !

En vrai je prends mon temps. Y a encore personne dans la boutique, alors je joue un peu avec la chienne noire qui me tient compagnie. Ce que je l'aime bordel.

"Dès qu'on a terminé le travail on va courir ma belle ça te dit ? Oh oui je me doute bien que ça te plaît cette idée ! "

J'suis en train d'enfiler mon magnifique tablier Made In Ariana quand j'entends la cloche de la porte d'entrée sonner.

"Oh, いらっしゃいませ !! (irasshaimase)"

Traduction:

C'est un petit bonhomme haut comme trois pommes qui pousse la porte de ses petites mains en prenant garde de ne pas toucher la vitre. À peine entrer il inspire l'odeur à plein poumons et sourit, dévoilant deux jolies petites quenottes.

- 'Jour môsieur ! Sent bon ici !

Il est suivi par une petite femme trapue qui a de longs cheveux tressés en dreadlocks et un bandeau dans les tons marrons sur l'oeil gauche. Elle porte une robe ample dans les tons rouges foncés, avec des arabesques couleurs terre. Son menton est tatoué et elle est pied nus, tout comme le petit et ce malgré le froid. Elle entre timidement et regarde tout autour d'elle, entendant la formule de bienvenue. Elle identifie rapidement d'où elle provient et elle s'incline poliment pour saluer celui qui l'accueille .

- ... Bien le bonjour

Sa voix est posée, plus qu'elle ne l'a été ces dernières semaines. C'est probablement la bonne nuit de sommeil et la bonne humeur qui petit qui y sont pour quelque chose. Nyree s'approche du comptoir et son fils se met presque à baver face à la vitrine de pâtisserie, levant un regarde implorant vers sa mère.

- Votre café nous a été chaudement recommandé, il serait possible d'y déguster quelque chose en lisant d'après ce que j'ai compris des explications qui m'ont été données.

Je prends Peter dans mes bras pour lui permettre de mieux voir les produits en vitrine. Du haut de ses deux ans, il ne pouvait pas voir tout ce qui était proposé. Je ne connaissais pas la moitié des produits proposés, alors j'imaginais sans peine que ce devait être pire pour mon petit garçon.

- Que dirais-tu de demander à ce monsieur de nous aider à choisir mmh ?

- Voudrais du socolat moi ! Et de l'eau ti to plaît môsieur !

Je me tournais  à mon tour vers le jeune homme pour commander quand Peter tapota ma poitrine de sa petite menotte, les yeux plus brillant encore que devant les pâtisseries. Un petit chien au pelage noir traînait dans la boutique et mon fils avait apparemment décider d'aller le saluer. Il se tortillait dans tous les sens :

- Mam' descend' ! Veut voir le chien !

- Attends mon chéri, c'est un chien qu'on ne connaît pas, tu te souviens de comment il faut faire ?

Mais peine perdue, j'avais à présent un enfant plus proche du singe-araignée pendu à sa branche d'arbre que du petit garçon. Il tendait le main vers le chien pour lui faire coucou et essayait de lui parler. Légèrement inquiète, je me tournais vers le vendeur :

- C'est votre chien ? Mon fils voudrait lui dire bonjour, je vous assure qu'il est plus délicat avec les animaux qu'avec moi !

un sourire malicieux étira les lèvres de la jeune mère tendit que son oeil valide se mit à pétiller malicieusement. Après tout, le spectacle valait le détour entre cette mère et son accoutrement particulier et son fils qui était littéralement pendu par les jambes et se penchait vers l'arrière dans l'espoir de quelques précieux centimètres pour se rapprocher du canidé.

Je noue le tablier dans mon dos et tend la tête vers la porte pour voir que c'est un gamin qui vient de la pousser. Et pas n'importe quel gamin. Un gamin qui ne sait même pas lire. J'vous jure il a pas intérêt à poser ses doigts sur ma vitrine !

"Bien le bonjour petit bonhomme ! Tu es avec ton papa ou ta maman ? "

À peine ai-je posé ma question qu'une femme que j'imagine être la mère du petit apparaît dans mon champ de vision.

"Bonjour madame ! C'est un petit garçon drôlement poli que vous avez là ! "

J'accompagne mon compliment d'un grand sourire au pitchoune, toujours inquiet pour ma vitrine, même si sa politesse me rassure un peu. Peut-être qu'il n'est pas du genre à baver partout après tout.

"C'est exactement ça ! J'espère que vous remercierez la personne qui fait des compliments aussi élogieux sur notre établissement pour moi ! Est ce que vous voulez manger quelque chose ? Ou ça sera simplement des boissons ? "

Ok mon cœur fond un peu au "ti to plait môsieur". Un quelque chose avec du socolat et un grand verre d'eau !

"Et pour vous mada-"

Je suis interrompu par le bout d'chou qui se met à gigoter dans tous les sens. Comme si elle avait compris qu'on s'intéressait à elle, la labrador répondit par un aboiement interrogateur. Je tapote une ou deux fois sur ma cuisse et elle réagit directement, trottinant vers moi pendant que je fais le tour du bar, histoire de jouer les entremetteurs correctement

"Viens là ma grande- C'est la chienne la plus douce que je connaisse, si vous pensez qu'il peut être doux lui aussi il n'y a pas de soucis ! Elle a l'habitude des enfants. Tu dis bonjour Tifa ? "

Aussitôt dit, aussitôt fait, l'animal s'assied à mes pieds, face aux clients, pendant que je lui gratouille le crâne histoire de la féliciter. Elle est plus toute jeune maintenant, et même si elle garde la forme je sais que trop de sollicitations peut la fatiguer rapidement. Je profite de ce léger moment de flottement pour examiner la femme et son fils. C'est un plaisir que je m'accorde rarement, de peur de déranger ou mettre mal à l'aise les clients si je les fixe trop longtemps. Leur tenues sont atypiques c'est certain, mais rien n'est vraiment trop exotique pour Terrae. Leurs pieds nus me tirent un léger frisson. Il fait pas vraiment chaud dehors quand même. Après je juge pas, hein ! C'est cependant sur le visage de la femme que mes yeux passèrent le plus de temps. Entre le tatouage et le bandeau, ça a l'air d'être un phénomène la madame ! Heureusement qu'elle m'arrive à peine à l'épaule sinon j'pourrais me sentir attaqué dans ma virilité Je me tourne vers le petit bonhomme :

"Je te présente Tifa. Tu es gentil avec elle, promis ? Tu peux lui faire des caresses si tu veux, mais il ne faut pas taper ou tirer sur les poils, d'accord ? Sinon, pas de chocolat pour toi ! "

Si ma vitrine va bien j'imagine que ma p'tite sœur va simplement passer un bon moment à se faire papouiller. De toute façon, si le garçon a un geste maladroit, elle retournera simplement dans son coin. Elle n'a mordu personne en 7 ans, et ma condition de Morphe nous a beaucoup rapproché, on se comprend et se complète énormément, elle sait qu'elle peut compter sur moi pour traduire ses ressentis, plutôt que d'avoir à essayer de se faire comprendre elle-même d'inconnus.

Effectivement, une fois à terre et le chien assis pour les présentations, le petit garçon se calme immédiatement et s'approche doucement et il tend la main vers le chien pour la présenter non loin de son museau

- 'Jour Tifa ! T'es gentille ?

La mère hausse un sourcil amusé face à l'interaction enfant animal. Ce dernier semble d'une gentillesse extrême et laisse Peter le caresser. Et l'enfant lui, après quelques caresses, revient près de sa mère en trépignant

- Mam' Mam' t'as vu !! L'est cro gentille Tifa !

- J'ai vu mon chéri ! Mais interdiction de lui donner à manger, le chocolat c'est mauvais pour elle. Tu peux seulement lui faire des câlins d'accord ?

- Oui oui juste câlin !

Je regarde ce mini bout d'homme retourner près du chien et se re-présenter, paume en avant pour s'assurer qu'elle est toujours d'accord pour recevoir des caresses. Rassurée sur l'attitude de mon fils envers l'animal, je me tourne de nouveau vers le jeune homme :

- Merci de le laisser se présenter, votre compagnon à quatre pattes est adorable !

Je jette un oeil au menu puis à la vitrine sans vraiment savoir quoi prendre et je me mordille les lèvres en réfléchissant.

- Je suis à peu près certaine de vous prendre du thé pour commencer, mais je... j'avoue ne rien connaître en pâtisserie, vous avez un conseil ou une sorte de plateau de dégustation ? Le temps passé sur place est-il limité ? J'aimerais que le petit découvre un peu le plaisir de la lecture et nous n'avons pas emmené beaucoup d'ouvrage quand nous sommes arrivés, je me suis dit qu'il trouverait peut-être son bonheur ici.

D'après le monsieur du bureau d'informations où je me suis rendue, cet endroit est le meilleur café-librairie de Terrae et peut-être même de Tokyo, j'imagine donc que Peter comme moi allons pouvoir trouver notre bonheur en termes de lecture. Je vois déjà des dizaines de livres très fin, donc il doit y avoir beaucoup de choses, même si je ne m'y connais que très peu en littérature de fiction. J'ai toujours été plus attachée aux documentaires, à l'apprentissage et à la tradition orale, mais Peter ne se fixe pas bien longtemps sur une histoire sans images. Il est encore petit et même s'il connaît certaines histoires de notre peuples, il a des difficultés à se les représenter et je suis bien piètre dessinatrice.

Peter revient vers moi après avoir papouillée le chien. Quand celle-ci s'est levée, il l'a laissée retourner derrière le comptoir pour s'allonger et il est venu glisser sa main dans la mienne tout naturellement. Dans les traditions maories, le chien n'est que très peu présent et j'ai toujours eu peur que Peter se fasse mordre, aussi je lui ai appris très tôt à traiter un chien comme on traite un cheval étranger. Avec respect et en se présentant à lui avant d'essayer quoi que ce soit. Le fait que le premier chien vu ici soit Tifa était plutôt rassurant, elle renvoyait une image de sagesse calme plutôt que le grain de folie des jeunes chiens. Il lève les yeux vers moi avec un grand sourire :

- T'as choisi Mam' ? On s'assit pour les liv' ?

- On s'assoit oui, Je euh... Je vais vous prendre un petit plateau avec... ça, ça et ça !

Je pointe trois pâtisseries totalement inconnues, je fais confiance à mon instinct, il y aura peut-être quelque chose au citron ou à la bergamote, moi qui adore les agrumes. Ou à la framboise pour le côté acide...

- Si vous avez un conseil de lecture je suis preneuse aussi !

Ok bon ce petit est trop trop trop trop mignon. Il est doux, il attend patiemment que la chienne rapproche sa tête de sa main pour lui faire des papouilles et bientôt il passe ses bras autour du cou de la labrador, gagnant une léchouille sur la joue au passage. Sacrée blessure de guerre pour un brave guerrier, si vous voulez mon avis.

"Quand je vois le résultat je me dis que ça aurait été dommage de passer à côté de cette occasion." Un grand sourire se dessine sur mon visage. "Vous pouvez vous présenter à elle aussi si vous le souhaitez ! "

J'isole l'éclair au chocolat que j'envisageais de servir à la petite pile sur pattes et rempli un verre d'eau sur le comptoir en utilisant mes pouvoirs.

"Voilà pour le jeune homme, qu'est ce qui vous ferait plaisir madame ?"

J'écoute sa réponse, réfléchissant à ce que je pourrais proposer.

"Avant de vous répondre pour les gâteaux et les boissons, ne vous en faites pas, vous pouvez rester aussi longtemps que vous le souhaitez une fois que vous avez commandé quelque chose ! Dans la limite des horaires d'ouverture évidemment ahah ! "

Ils sont donc arrivés récemment, c'est en tout cas ce que je peux en conclure. Mmmh. Alors je sais ce que je peux proposer !

"Un thé vous me disiez donc, très bien ! Vous savez peut-être que c'est une spécialité japonaise ! Est-ce qu'essayer un thé typiquement nippon vous ferait plaisir ?  Il faut savoir aussi que ce thé là est traditionnellement servi au court d'une cérémonie spécialement conçue en son honneur ! Regardez cette jolie teinte verte ! "

Profitant de la courte pause entre mes deux dernières phrases, j'avais attrapé derrière moi un pot de Matcha. Ce thé, broyé en une fine poudre vert vif, pouvait être surprenant en goût mais laissait rarement indifférent ! Ensuite les pâtisseries, alo- C'est ce moment précis que le pitchoune reviens glisser sa main dans celle de sa mère pour lui demander d'aller s'asseoir. Du coin de l'œil je vois Tifa qui pose son museau sur ses pattes avants, fixant les clients les yeux brillants de contentement. Elle a passé un bon moment. Cependant, l'intervention inattendue de l'enfant fait choisir au hasard quelques gâteaux à la mère, et je rajoute sur le plateau, à côté de l'éclair au chocolat, un scone à la framboise, une tarte au citron meringué et un daifuku (boule de mochi fourrée à la pâte de haricot rouge), puis je fais un grand sourire au p'tit bonhomme et rajoute un taiyaki (gaufre en forme de poisson fourrée elle aussi à l'anko).

"Parce que tu as été très gentil avec Tifa et qu'elle est très contente, voilà pour toi, c'est un cadeau ! "

Je prends le plateau de pâtisseries d'une main, pose le verre d'eau dessus et commence à faire chauffer l'eau pour le thé avant d'accompagner la mère et son fils à travers les étagères couvertes de mangas et autres bandes dessinées et comics. C'est ma table préférée, celle que squatte régulièrement Aria-senpai quand c'est calme.

"Voilà, vous serrez bien, ici, loin des courants d'air de la porte ! Est-ce que vous avez des préférences en terme de genre ou de style, pour vous ou votre fils ? Comme ça je peux y réfléchir le temps de préparer votre thé ! De l'aventure, peut-être ? Ou de l'amour ? Du voyage ? Du sport, des super-héros, du slice of life, de l'histoire même ! Pour le jeune homme ça va être des petites histoires courtes avec des animaux , je pense qu'il est encore un peu jeune pour mes recommandations habituelles ! "

Je sens ma petite sœur qui vient trainer dans mes pattes maintenant que j'ai posé le plateau- J'ai réussi à lui expliquer qu'il ne fallait pas tourner autour des gens avec des plateaux dans les mains, ça a pas été une mince affaire mais je suis ravis de voir qu'elle l'a bien intégré. Je lui fait deux trois gratouilles dans le cou avant de me tourner vers le gamin :

"Ton copain te manque déjà c'est ça ? Comment est ce que tu t'appelle mon grand ? Tifa est jalouse tu connais son prénom mais tu ne lui a pas dit le tien ! "

La jeune mère se laisse guider vers la bonne table et s'installe, mettant Peter sur une chaise en s'assurant qu'il tenait à peu près droit. Le petit garçon était bien installé, mais il ne pouvait s'empêcher de bouger, de se mettre à genoux, de se rasseoir, usant de la force de ses petits bras. La jeune mère soupira avec un sourire et le laissa vaquer à ses occupations. La jeune mère ne savait plus où se mettre après le cadeau que leur faisait l'inconnu en ajoutant une petite pâtisserie. Elle s'inclina pour le remercier et refusa poliment l'idée de se présenter au chien. Elle aimait énormément les animaux, mais elle n'était pas très à l'aise avec l'idée de les toucher. Ce n'était pas vraiment sa culture. Mais la remarque sur l'échange de prénom l'amusa car elle savait déjà quelle question suivrait :

- Mam' ! faut faire le Haka ?

Je ne pu retenir un petit rire et secouait doucement la tête. Je jetais un regard malicieux au vendeur qui ne devait pas vraiment connaître nos coutumes. Peut-être ne connaissait il même pas notre ethnie.

- J'en doute mon chéri, si c'est à Tifa que tu te présentes ton prénom suffira ! Tu ne voudrais pas faire peur à ce gentil monsieur qui t'as offert ce gâteau en forme de poisson n'est-ce pas ?

- Oui veux pas faire peur à Tifa, l'est gentille !

- Et le monsieur aussi n'est-ce pas ? Alors tu pourrais peut-être te présenter correctement ?

Mon fils hocha la tête, descendit de sa chaise et se dirigea jusqu'au blond avec un grand sourire. Il tendit sa petite menotte pour serrer la main de son interlocuteur. Il semblait si petit face au géant que le tableau en était touchant. Je me levais pour suivre mon fils et, une fois leur échange conclu, je présentais ma main également.

- Salut môsieur, je m'appelle Peter ! Toi tu s'appelles comment ?

- Quand à moi, je me prénomme Nyree. Je suis ravie de faire votre connaissance.

Tifa s'approcha de moi et je la laissais me renifler, me penchait pour lui faire sentir ma main et me reculait une fois qu'elle eut terminé pour ne pas me montrer menaçante. Au moins la créature avait elle compris que je ne lui voulais pas de mal, mais que je ne voulais pas non plus développer d'interaction avec elle. Mon fils, par contre, fût ravi de pouvoir lui caresser la tête à nouveau et se mit à glousser de contentement. Je haussais un sourcil et me tournait de nouveau vers l'homme nous ayant si gentiment accueilli :

- En effet, des histoires avec des animaux seraient parfaites pour lui, même s'il adore aussi les histoires qui se déroule dans l'espace... Quand à moi je suis passionnée d'histoire et je ne connais pas bien l'histoire du Japon je l'avoue ! Ni celle de Terrae s'il existe des livres sur le sujet ?

Le Haka ? J'aurais dû m'en douter. Ça me saute aux yeux comme une évidence maintenant. Bon faut avouer qu'avoir des potes rugbymen ça aide. Et madame va me faire rougir, c'est vrai que je suis gentil mais eh, faut bien fidéliser les nouveaux clients, puis un bout d'chou aussi poli et bien élevé ça mérite des petits cadeaux de temps en temps. Tifa elle fait comme lui elle a une friandise aussi après tout. Oui tout ce que je connais à l'éducation c'est le dressage écoutez. Vous êtes qui pour juger ? Je saisis la petite main minuscule dans la mienne, les genoux légèrement fléchis pour arriver à la bonne hauteur.

"Enchanté petit Peter ! Je m'appelle Erik et je suis ravis de te rencontrer. J'aurais adoré voir ton Haka mais comme tu vois, il y a plein de livres autour de nous, et il ne faut pas faire trop de bruit à côté des livres, eux aussi ils peuvent prendre peur ! "

Je tends ensuite la main vers la femme, dénommée Nyree, pendant que les enfants se font des papouilles à côté.

"Enchanté Nyree ! J'espère que vous vous plaisez à Terrae ! "

Je vois la truffe humide de la chienne se placer à côté de la main de la Novice, et Tifa comme moi sentirent le respect dont elle faisait preuve. Cela suffit à la labrador qui retourna chercher un peu d'attention auprès de Peter.

"Je ne vais pas avoir grand chose pour les tout jeunes, mais je peux jeter un œil pour l'espace, doit bien y avoir un petit chat cosmonaute ou un truc du genre qui traine. Et pour vous j-"

Je m'interromps, ayant entendu le sifflement caractéristique de la bouilloire :

"Je vais y réfléchir le temps de préparer votre thé, si vous voulez vous pouvez regarder un peu autour de vous, contre ce mur ça va plutôt être des shôjo (manga ciblant un public d'adolescentes), et ici vous aurez des josei (manga ciblant un public féminin plus mâture). Je reviens tout de suite avec quelques suggestions et votre boisson ! "

HRP :

Je m'incline rapidement pour prendre congé et retourne en vitesse derrière le comptoir pour sortir l'eau chaude du feu. Alors. Une cuillère à café de matcha dans le bol. Refroidir un peu l'eau en la mélangeant à de l'eau froide grâce à mes pouvoirs, pour ne pas ébouillanter la poudre de thé. Agiter doucement avec le chasen (fouet en bambou) en faisant de petits cercles avec l'avant-bras. Pendant que j'effectue ces gestes avec la tranquillité qu'offre l'habitude, je réfléchis à ce que je peux proposer à Nyree. Une fois la boisson prête, je fais un détour en passant devant deux des étagères qui contiennent quelques ouvrages qui pourraient peut-être lui plaire.

"Et voilà votre thé ! "

Je dépose la boisson devant elle, ne laissant sur le plateau que mes recommandations que je dépose devant elle un par un après une brève présentation de chacun d'entre eux.

"Je ne vais malheureusement rien avoir sur Terrae, mais je sais que vous pourrez trouver quelques ouvrages en parlant à la bibliothèque ! Et n'hésitez pas à poser des questions à certains professeurs ou Master, je suis certain que quelques-uns d'entre eux connaissent TOUT sur tout à propos de cet endroit. En attendant, voilà la petite sélection que j'ai à vous proposer:

- Le Pays des cerisiers de Fumiyo Kouno. Ça parle du Japon post bombardements atomiques, il a reçu un prix il y a quelques années !

- Ensuite, un classique parmi les classiques ! Kenshin le vagabond, par Nobuhiro Watsuki, qui raconte la fin de l'ère des samouraïs !

- Ma dernière suggestion pour le moment serait Afterschool Charisma, de Kumiko Suekane. Ça se déroule dans une école imaginaire qui regroupe des clones de personnages historiques comme Napoléon, Beethoven, Hitler ou même Freud, Mais ces clones restent bien différents des originaux et ne savent pas pourquoi ils existent, ou pourquoi ils sont obligés d’exceller dans les disciplines où ont brillé les originaux. Ça va être beaucoup plus généraliste sur l'Histoire, mais ça soulève beaucoup de questions sur ce qu'est le destin et la fatalité.

J'espère que vous trouverez là quelque chose qui pourrait vous plaire ! En vous souhaitant une bonne dégustation et une bonne lecture, je reste à votre disposition à la moindre de vos questions ou de vos soucis."

Je me tourne ensuite vers le petit Peter qui trépigne d'impatience à l'idée d'avoir ses livres lui aussi.

"Et pour toi mon grand, voilà ! Il y a Bonjour Tamago, qui raconte l'histoire d'un petit poussin et de sa maman, ou alors Chic, des bonbons magiques ! qui raconte les aventures d'un Petit Cochon farceur qui a des bonbons qui donnent des pouvoirs magique ! Est ce qu'il y en a un des deux qui te fait envie ? "

J'attends sa réponse, les bras tendus avec chaque livre dans une de mes mains, avant de lui tendre celui de son choix, regardant du coin de l'oeil Tifa qui se tient près de la chaise du petit bonhomme.

"Hun-hun, montre moi si tes mains sont bien propres avant de prendre le livre ! C'est parfait, tiens mon grand ! "

- Le cosson le cosson !!

Peter lève ses mains, doigts bien écartés et des étoiles plein les yeux avant de saisir le livre respectueusement et de le poser sur ses genoux, ouvert en plein milieu sans suivre l'histoire. Je me crispe légèrement, mais tente de me rappeler que le but est de le laisser apprécier le livre malgré tout.

- Tu veux que je te le raconte mon chéri ?

- Non non je connais ! Là le cosson il mange un bonbon et là, il se transforme en dragon !

Je jette un oeil à l'image et voit le cochon supposé être transformé en loup. Je n'ai pourtant pas vraiment le coeur à le contredire et après un moment d'hésitation, je me concentre sur mon propre choix de lecture, veillant à ce que Peter tourne les pages avec respect. Je regarde les étagères dont m'a parlé Erik et reste un peu perplexe face aux titres sur je vois et ceux que m'a proposé le jeune homme. Je saisis "Le pays des cerisiers" et m'installe en l'ouvrant dans le sens de lecture occidental. Je ne comprends rien à l'histoire.

J'ai l'impression qu'il s'agit de la fin au vu de ce que je lis, mais le dessin est d'une délicatesse sans pareil, semblable à un canva prévu pour une aquarelle. Je retourne le livre et voit la couverture, je commence à lire à l'envers et me rend compte qu'il a été mal imprimé, puisque le début se trouve à la fin de l'ouvrage. Je regarde Peter, toujours plongé dans son livre, riant des images et jette un oeil inquiet vers Erik avant de recommencer à tenter de comprendre ma lecture.

Sourcil froncé, il faudra plusieurs pages à Nyree pour comprendre qu'elle tient le livre dans le mauvais sens, elle se lève et se dirige vers Erik, gardant un oeil sur son fil qui, bien sage, continue tranquillement de parcourir les pages de son album. La jeune mère interpelle le blond avec un sourire d'excuse et lui tend le livre en expliquant qu'il y a eu un petit problème d'impression et qu'il est imprimé à l'envers. Ne sachant bien sûr pas qu'elle fait montre de son ignorance face à la lecture japonaise, elle lui dit quand même que l'histoire lui paraît agréable, même si elle s'attendait à quelque chose avec moins de dessin pour les adultes.

Ok Peter est vraiment trop adorable, bien élevé et je prends un malin plaisir à l'entendre répondre aux questions de sa mère. Il parle fort, mais comme ils sont les seuls clients je laisse faire pour l'instant. Ma mise en garde avec le Haka et les livres qui pourraient avoir peur n'a il semblerait pas suffit, mais je m'en réjouis. C'est toujours fascinant de voir les plus jeunes s'approprier la lecture et l'objet livre en tant que tel. C'est une des grandes force des albums et des bandes dessinées et autres mangas, l'accessibilité !

Après m'être assuré que le livre sera bien traité, je retourne à mes occupations, Tifa sur les talons, et m'attaque à un petit peu de rangement et de tri d'ouvrages, un café bien chaud à porté de main. C'est quand je termine d'enregistrer une réservation qu'on vient de me faire pour cet après midi (un petit Terre qui, il semblerait, souhaite découvrir Dr Stone, peut être pour réviser ses cours de Sciences, qui sait ?) que je suis rejoins à mon comptoir par Nyree qui essaie de m'expliquer qu'il y a un soucis avec le livre que je lui ai recommandé ! Ni une, ni deux, je la remercie et commence à feuilleter l'ouvrage, en commençant par ce qui est logiquement pour moi la première page, dans le sens traditionnel. J'écoute pendant ce temps les remarques qu'elle a à faire sur la qualité de l'ouvrage et sa surprise quand à la présence d'autant de DESSIN ? Nan ok je crois que j'ai compris.

"Merci pour vos retours Nyree j'apprécie beaucoup ! Et je vous rassure, tout va bien avec de manga ! Ici, les livres se lisent de droite à gauche, depuis des siècles ! Et comme le manga est un style originaire du Japon, 99% de ces ouvrages vont se lire dans ce sens. C'est bien la version anglaise que je vous ai proposé, mais elle suit elle aussi le sens traditionnel. Et pour lire les cases dans l'ordre, et les bulles, c'est pareil, d'en haut à droite vers en bas à gauche, comme ça- j'illustre avec mon doigt, insistant bien sur la priorité de droite vers la gauche PUIS haut vers le bas, en ligne et non pas en colonne -Est ce que vous êtes familière avec le style de la bande dessinée ? Peut-être aurais-je dû commencer par là..."

Je l'invite à regagner sa place, la suivant et m'installant à côté d'elle, après m'être assuré que m'asseoir ici ne la dérangeais pas, mon mug plein de café avec moi. Tifa, elle, est restée près du comptoir, somnolant doucement.

"Alors Peter, Petit Cochon va bien ? "

Après un bref échange qui me fait sourire, je me tourne vers la mère du petit.

"Je comprends votre surprise, si vous n'êtes pas familière de la bande dessinée. Il en existe de toute sorte, et les trois plus répandues sont le manga, le comics et la Franco-Belge, respectivement Japonais, Américain et, évidemment, Franco-Belge. La principale différence avec les livres classiques sont l'utilisation du support. Les auteurs et dessinateurs prennent le parti de, plutôt que se contenter d'utiliser des mots pour raconter leur histoire, dessiner et mettre en image leur histoire. Et ça n'empêche pas certains d'aborder des sujets très adultes, comme celui ci, Le pays des cerisiers. Vous devez probablement connaître l'expression "ne pas juger un livre à sa couverture", et je pense que la bande dessinée en est la meilleure illustration. C'est le cas de le dire. C'est un petit peu comme regarder un film ou un dessin animé, le son étant remplacé par des 描き文字 (Kakimoji, onomatopées) et les dialogues sont mis dans des bulles. Je pense vous avoir donné tous les outils nécessaires pour profiter au maximum de votre lecture, donner une chance à ce genre est souvent une expérience qu'on ne regrette pas ! "

J'essaie d'être le plus pédagogue possible, indiquant du doigt chaque aspect de l'objet que je présentais.

"Oh et surtout, n'oubliez pas votre thé, c'est meilleur quand c'est chaud ! "

- Oui môssieur, mais je pourrais aussi lire l'autre après tu crois ? J'aime bien !

Peter ne semble pas perturbé le moins du monde par les petites différences culturel que nous vivons au quotidien. Sans doute que son jeune âge l'aide à s'adapter plus vite que moi qui vient littéralement de me ridiculiser face à Erik. Heureusement, ma peau sombre ne laisse que très peu transparaître le rouge qui me monte aux joues.

- On peut dire que je n'en loupe pas une ! Je suis plutôt habituée aux ouvrages universitaire, notre source n'avait pas précisé que c'était de la lecture plaisir. Mais je serais ravie de m'y essayer ! De toute façon, si je ne lui montre pas l'exemple, dis-je en désignant mon petit, il ne risque pas de se laisser aller à la découverte n'est-ce pas ?

Si elle tente de donner le change en souriant alors qu'elle parle, Nyree bout contre elle-même à l'intérieur. Elle n'a pas l'habitude de se montrer si ignorante des choses et avoir pris un manga pour commencer était un peu ambitieux. Elle regarda les bandes dessinées, saisissant un titre qui lui parlait, "Les dames de Kimoto". Elle saisit l'ouvrage avec curiosité et retourne s'installer, suivant les conseils d'Erik pour prendre une gorgée de thé. La saveur subtile du thé lui réchauffe le coeur autant que le gosier et elle laisse échapper un petit bruit de contentement surpris. Nyree a toujours aimé le thé, ça fait partie d'elle, mais elle ne pensait pas découvrir encore un thé qui puisse la surprendre et la ravir à ce point.

Erik avait raison, chaud, ce thé était d'une douceur particulière. Je me laissais aller au fond du petit fauteuil où j'étais installée et jetait un oeil à Peter, toujours en train de lire, tournant les pages avec précautions et riant à gorge déployée face aux illustrations.

- Tu t'amuses bien mon chéri ? Fais attention de ne pas faire trop de bruit, n'oublie pas, nous sommes dans un endroit où certains pourraient vouloir du calme.

- Ah oui ! Puis Tifa fait dodo aussi !

Avec beaucoup de sérieux, il reprit sa lecture, se contentant de pouffer légèrement et de glousser pour faire moins de bruits. Avec un sourire je repris ma lecture et goûtait une des pâtisseries sur mon petit plateau. Une drôle de petite boule. Après un premier coup de de dent, je constatais que l'espèce de beignet pas cuit était fourré avec une étrange pâte rouge légèrement sucrée. Je ne pu retenir un petit son de plaisir à la dégustation et, le bruit ayant sans doute attirer l'attention d'Erik, je le vais le pouce pour lui indiquer que son petit gâteau bizarre était vraiment excellent.

"Bien sûr que tu pourras lire l'autre ! Je le pose sur la table d'accord ? "

Je dépose l'autre ouvrage sur la table et me tourne vers Nyree, que j'écoute se justifier :

"Vous avez raison, le mimétisme est quelque chose à prendre en compte quand on a la responsabilité de ptits loups comme ça ! Après, il a l'air bien plus curieux que beaucoup de petits de son âge que j'ai pu accueillir ici. Et beaucoup plus autonome ça c'est certain ! Et puis vous, vous n'êtes pas la première et vous ne serrez pas la dernière à ne pas savoir comment lire un manga en arrivant ici. Et il n'y a vraiment aucun mal à ça. Si ce sens est toujours utilisé, c'est avant tout par tradition et par orgueil, ou fierté, mais tous ont conscience que c'est loin d'être la norme, et que ça sort beaucoup de nouveaux lecteurs de leur zone de confort. Toutefois, si ça vous perturbe encore trop, il y a beaucoup de bandes dessinées qui se lisent dans le sens occidental, si vous voulez y aller étape par étape. Ça sera les étagères plus larges devant lesquelles nous sommes passés tout à l'heure, fiez vous aux thèmes au dessus des rayonnages pour vous guider, ou bien n'hésitez pas à demander ! "

Je réfléchis un instant avant de reprendre.

"Je peux comprendre l'intérêt, et j'ai beau respecter les ouvrages documentaires, je dois avouer trouver ça parfois ennuyeux, alors qu'une bande dessinée ou un manga peut m'apprendre des choses tout en étant plus ludique. Mais la vraie raison d'être de cet endroit c'est que, même si j'adore ce type d'ouvrages, c'est bien plus accessible, et la population de Terrae est souvent jeune, ça reste bien plus confortable pour eux qu'une grande bibliothèque impressionnante, et si j'arrive avec ce café à initier des jeunes à la lecture et à l'envie d'apprendre, ou de voyager en leur permettant d'accéder à des histoires, alors c'est une petite victoire ! Enfin je vous embête sans doute avec mes histoires, bonne lecture et bonne dégustation, à tout de suite ! "

Nan parce qu'en vrai les documentaires et encyclopédies, ça a beau être super intéressant c'est barbant de ouf on va pas mytho. Et je dis pas ça parce que j'ai appris l'anglais en regardant des séries ou en jouant à des jeux vidéos plutôt qu'en cours, ça n'a rien à voir... Par contre ouais, j'dois l'importuner la pauvre dame, puis j'ai des choses à faire de toute façon je vais pas les embêter. Quelques clients arrivèrent dans la foulée, et les rires du jeune Peter se firent plus discrets. Sans doute que sa mère l'avait repris. Parfait.

J'installe les nouveaux arrivants, des habitués, et je continue de trier certains livres qui avaient été "rangés" au mauvais endroit. Alors que je suis en train de fouiller dans l'étagère à côté de la table de Nyree et Peter, j'entends la femme laisser échapper un "mmmmhh" de contentement, et je ne pu m'empêcher de tourner la tête vers elle, un grand sourire sur les lèvres. Sourire qui s'élargit encore, au point de me tirer un bref éclat de rire mêlé de satisfaction et de fierté quand elle leva le pouce. Heureux de voir que le fruit du travail de Baxter lui plaît. J'lui dirait, il sera content.

La jeune mère n'aurait jamais pensé être aussi touchée par une fiction, aussi secouée par l'histoire de femmes qu'elle ne connaissait pas et qui, quelque part, n'existait pas vraiment. Enfin de cette femme surtout, étonnamment, Nyree se sentait particulièrement proche de cette femme et de ses traditions dans lesquelles elle se confortait, tout en les remettant parfois en question pour y trouver sa place de femme.

La maorie avait la sensation de se revoir autour de ses vingt-trois ans, quand elle avait commencé à vraiment réfléchir à son implication dans sa communauté. La place de l'amour, de la maternité dans la bande dessinée lui rappelait ses propres craintes, ses sentiments, ses incertitudes. Lorsqu'elle referma la bande dessinée, Nyree essuya une larme aussi discrètement que possible, mais avec un enfant de 2 ans en face, rien ne pouvait être discret.

- Oh Mam !!! Mam' !! Pas pleure mam, moi je t'aime !

- Oh mon coeur...

Je pris mon adorable petit garçon dans mes bras. Il passa ses jambes sur chaque côté de ma taille et me serrait dans ses petits bras. Je le berçais, doucement de la droite vers la gauche, frottant son dos pour le rassurer.

- Tout va bien mon chéri, j'ai été émue par le livre que j'ai lu.

- C'est quoi émue ? Pourquoi tu pleures ? Le livre il est pas beau
HEY MONSIEUR DES GÂTEAUX ! TON LIVRE PAS BEAU IL FAIT PLEURER MA MAMAN !

Je sursaute face à son cri et, je n'ai pas le temps de le retenir qu'un petit garçon de deux ans se tient, poing sur les hanches comme je le fais quand je suis fâchée. Il lève son petit air renfrogné vers l'homme et j'ai cette vision d'un géant de fer face à un tout petit garçon. Depuis si longtemps que je suis ici, je ne peux plus me retenir et je me mets à rire.

La jeune mère n'arrive pas à se remettre et part en véritable fou rire, voir un enfant à lair boudeur face à ce type immense la fait hurler de rire au point qu'elle s'en tient les côtes et qu'elle a la sensation qu'elle travaille plus ses abdos en cet instant qu'au court de sa vie entière. Les larmes perlent sur ses joues et elle tente de se calmer, essuyant le coin de ses yeux avec un grand sourire. Son petit garçon se tourne vers Erik sans savoir s'il doit toujours être fâché que sa maman ait pleuré ou non. Il finit par se détourner un peu quand Tifa vient lui réclamer une caresse et l'enfant oublie totalement son grief à l'encontre de son interlocuteur précédent.

- Je suis désolée, cet ouvrage m'a beaucoup émue et... je pense que le petit a cru que je ne l'aimais pas. C'était plutôt l'inverse je dois dire. Je ne pensais pas que de la fiction m'emporterait à ce point...

La mère regarde la bande dessinée qu'elle a refermée et poser sur la table. Elle la recule pour ne pas risquer de l'abîmer et saisit une autre des douceurs posées sur mon plateau pour la goûter. Elle est au moins aussi bonne que la première et vraiment, l'artisan qui travaille ici doit avoir suivi une très bonne formation pour obtenir un tel équilibre dans les saveurs. La mère jette un coup d'oeil à l'étagère, puis vers Erik et se lève pour le rejoindre près du comptoir.

- Mmmh... Si je vous demandais de me montrer votre oeuvre préférée sans tenir compte de mes demandes précédentes... Vous me conseilleriez quoi ?

Il fallait que je me l'avoue à moi-même, je venais d'entrer dans un monde où je ne connaissais rien de rien et, si je n'acceptais pas de m'ouvrir un peu à la différence, je pourrais risquer de passer à côté d'autres petites merveilles comme la pépite que je venais de poser sur la table dans la pile des "Si on peut, on l'achète". Il allait falloir que je me trouve rapidement un boulot si je voulais pouvoir maintenir cette envie subite. Pour payer la bibliothèque en plus des livres qu'elle accueillerait.

Je tournais le dos au petit Peter quand il s'est mit à hurler. Mais attend il me crie dessus en plus le petit merdeux ? J'vais lui régler son compte. J'ai failli me faire avoir par sa petite bouille toute mignonne et ses bonnes manières, mais on me la fait pas à moi, j'avais vu clair dans son jeu depuis le début ! Les sourcils froncés, je fais comme l'ensemble des gens présents, je me tourne vers le garçon, avançant vers lui les poings sur les hanches, moi aussi. D'un ton ferme, le dominant de toute ma hauteur, je m'adresse au bambin

"Je vais te demander de ne pas crier Peter, sinon je vais me fâcher-"

J'allais enchaîner mais la vision de Nyree, du coin de l'œil, qui se tient les côtes les larmes aux yeux me déconcentre un moment.

"Je comprends que tu t'inquiètes pour ta maman, Peter, et j'espère que tu continueras en grandissant, mais comme je t'ai déjà dit, il ne faut pas faire de bruit, comme pour le Haka. sinon tu fais peur aux livres."

J'avais prononcé ces mots avec mon regard qui jonglait sur les deux maoris, un air légèrement accusateur dirigé vers la mère qui se devait de montrer l'exemple à son fils et faire moins de bruit. Même si je dois bien avouer son rire communicatif. Et que les accusations et les propos de Peter étaient adorablement mignons, il ne faudrait pas déranger les autres clients. Je m'accroupie en face du garçon, posant une main sur son bras, juste en dessous de l'épaule, plongeant mon regard dans le sien.

"Regarde, ta maman va bien. Est ce que tu as goûté le gâteau au chocolat ?"

Je lui tapote doucement le bras au moment où Tifa vient glisser sa truffe entre lui et moi.

"Oh, regarde qui voilà. Je crois qu'elle t'aime beaucoup, Peter, elle a dû être réveillée par tes cris et elle vient te voir pour savoir si tout va bien."

Je gratouille le crâne de la labrador et me redresse finalement pour faire face à Nyree qui m'explique la situation. Etrangement, même si je sais que j'ai légitimement le droit d'être agacé, et même énervé par son comportement et celui de Peter dans mon établissement, vis-à-vis des autres clients, je n'arrive pas à lui en tenir rigueur.

"J'espère que votre relation avec Peter restera comme elle est. Qu'il n'aura jamais de raison d'arrêter de veiller sur vous. Ma gorge qui s'était resserrée en prononçant ces mots m'oblige à déglutir discrètement avant de continuer- Je suis vraiment ravi que ça vous ai plu à ce point. C'est une des grandes forces de la fiction, d'arriver à permettre au lecteur de ressentir les émotions des personnages."

Je jette un œil sur la table pour voir qu'elle a totalement changé de livre et s'était tournée vers autre chose qu'une de mes recommandations. Un peu déçu, mais savoir qu'une bande dessinée a pu tirer autant d'émotions d'une néophyte me rempli de fierté. C'est pour ce genre de moments, de réactions, que j'ai voulu ouvrir cet endroit. Je fais un grand sourire à la Novice.

"Vous êtes toute excusée, j'espère cependant que vous arriverez à canaliser l'impulsivité de Peter la prochaine fois, sinon j'aurais le regret de vous demander de partir.. J'espère que vous m'excusez, et que vous ne prenez pas ça pour une menace, mais plutôt comme une invitation à faire votre maximum pour respecter le calme et la tranquillité de ce lieu et de ses visiteurs."

Je m'incline poliment avant de faire un grand sourire et de tourner les talons. Même si je suis à Terrae depuis des années, parfois, les 50% japonais de mon ADN reviennent au galop, surtout quand on parle de travail. J'sais bien que ça peut donner un air hautain et tout mais promis je bosse un peu dessus.

Je suis rejoint après quelques minutes par Nyree, et je lui souris par dessus le comptoir.

"Oh euh. Et bien... Déjà, je suis très flatté et ensuite-"

Je réfléchis un instant et l'évidence qui s'impose à moi me déstabilise un bref moment.

"Je crois bien que je ne me suis jamais vraiment posé la question. Je crois même que je n'ai pas vraiment d'ouvrage préféré ? J'en aime énormément, et pour plein de raisons différentes, mais là tout de suite j'ai bien du mal à désigner un chef-d'œuvre parmi tous ces chefs-d'œuvre. Je mh- Suivez moi ! "

Après avoir vérifié que Peter jouait toujours avec Tifa, j'attrape Nyree par le poignet et l'invite à me suivre derrière le comptoir, vers mon bureau, l'endroit où je fais ma gestion, ma compta et ce genre d'activités évidemment passionnantes. Mais aussi l'endroit où traînent souvent les ouvrages que je prends plaisir à relire au lieu de pratiquer ces mêmes activités passionnantes. Sur une étroite étagère, à côté de l'ordinateur, se battent quelques tomes de mangas et quelques volumes de bande dessinée.

"C'est l'endroit où je me pose parfois pour faire semblant de travailler. Et les quelques œuvres que vous voyez là sont sans doute celles que je prends le plus de plaisir à feuilleter quand j'ai besoin de faire une pause. Ça va être surtout des seinen, comme Berzerk, de Kentarô Miura, dont j'aime énormément le dessin et la narration, même si j'ai peur que ça soit peut-être un peu violent-"

J'allais présenter les autres ouvrages quand je me rendis compte qu'en fait, si c'était celui ci qui m'était venu en tête en premier, si c'était le premier que j'avais présenté c'est qu'il y avait sans doute une raison.

"Je crois que c'est quand même ce qui se rapproche le plus de ce qu'on peut appeler une œuvre préférée. Venez, on devrait pouvoir trouver la version anglaise devant, ce tome-ci est en japonais-"

En plus je sais exactement où il est rangé. On passe la porte de service, puis devant le bar, et c'est sur une des étagères à droite de la porte d'entrée. Peter est toujours là, à papouiller ma petite sœur.

"Voilà le premier tome. Ça se lit comme je vous ai expliqué tout à l'heure, de droite à gauche. Et je vous mets en garde. C'est violent. Physiquement et psychologiquement. Mais l'histoire, les personnages, leurs relations, leur développement sont de petits bijoux qui viennent parer la demoiselle qu'est la qualité du dessin, ses détails, ses doubles pages sublimes et son trait si unique."

Je glisse le livre dans les mains de la femme, avant de les presser contre l'objet, les prenant dans les miennes un instant.

"C'est une expérience. Mais une belle expérience. Sachez que je ne mettrais pas ça dans toutes les mains. Mais si une œuvre peut vous ouvrir un tout nouvel horizon, ça serait celle-ci."

Et quand je parle d'ouvrir un nouvel horizon, je parle pas de vous faire un deuxième trou du cul. Même si, si jamais un bouquin en était capable, parmi tous les bouquins ça serait lui. Parce que par moment, il prend littéralement aux tripes.

"Oh et, avant que vous ne retourniez vous asseoir... Comment trouvez-vous votre boisson et vos pâtisseries ? N'hésitez pas s'il vous faut autre chose ! "

Peut-être que j'aurais dû lui conseiller autre chose quand même. C'est vrai que c'est quand même brutal. On parle quand même de massacre, de sang, de démons, de viols. Filer ça à quelqu'un qui possède un Vide tout neuf c'est peut-être un peu balancer de l'huile sur le feu ? C'est une masterclass après. Et je force personne à lire quoi que ce soit. Rien ne l'empêche de refuser, ou d'arrêter la lecture en plein milieu. Alors certes, ça serait péché. Ça serait même une faute très très grave. Mais c'est pas une enfant. Et c'est elle qui a demandé aussi, je ne suis qu'un prophète parmi d'autres, après tout. Rest in peace, Miura-Sensei. Que le fruit de votre travail soit béni.

Nyree pris conscience de la situation un peu tard, mais elle comprenait globalement la position d'Erik, même si elle dissimulait une part de peur derrière son sourire de façade. Quand Erik l'emmena dans son bureau pour lui parler d'un nouveau manga, elle se sentit un peu intimidée. De toute évidence, Erik n'était pas seulement un membre de la maison comme elle l'avait cru, mais pratiquement le patron. Ou au moins le gérant, ça c'était sûr.  Quand elle sentit les mains d'Erik sur les siennes, elle baissa les yeux, intimidée plus qu'elle ne l'aurait cru. Depuis le père de Peter, elle n'avait connu personne et n'avait plus vraiment l'habitude des contacts physiques.

- "Je vais essayer ça alors, merci beaucoup !"

J'allais retourner m'asseoir et m'apprêtai à prendre Peter avec moi quand Erik m'interpella pour savoir si j'appréciais les pâtisseries et le thé qu'il m'avait recommandé. Je hochais la tête et hésitai un instant avant d'ajouter mon sentiment personnel :

- "Au fait je... Je suis désolée pour Peter. Nous avons tendance à vivre si souvent en extérieur qu'on en oublie parfois que notre culture est très éloignée de celles qu'on retrouve ici."

Erik ne pouvait pas le savoir, mais la voix dans la culture maorie était notre meilleure arme, notre plus grande fierté et, bien sûr, indissociable de notre être. C'était une des plus grosse différence avec les sociétés différentes de nous, notre tradition se basait avant tout sur une transmission orale très ancrée et, si j'avais connu le calme des bibliothèque universitaire lorsque j'avais fait mes études, ce n'était pas le cas de mon fils de deux ans qui avait encore beaucoup de mal à s'y faire. Mais je ne voulais pas expliquer tout cela à Erik, cela sonnerait comme une excuse facile. Alors je fis ce que tout bonne japonaise aurait fait et m'inclinai bas, serrant le livre contre mon coeur pour ne pas le faire tomber.

- "Cela ne se reproduira pas."

La jeune mère lui offrit un sourire et se détourna pour récupérer son fils et le ramener à la table avec elle. Ce dernier n'avait pas encore terminé de manger ses petits gâteaux et il n'avait presque rien bu, la mère devait s'assurer que son enfant soit au moins bien hydraté. Elle en profiterait pour rappeler au petit que l'espace de calme devait être respecté afin que tout le monde puisse profiter de cet espace. Heureusement, le petit garçon écoutait plus facilement sa mère que les inconnus et il fit attention à ne pas faire trop de bruit. Cependant, il fut rapidement arrivé à la fin de l'histoire du petit cochon et demanda à sa mère de lui passer le deuxième livre. Elle le fit d'un air un peu distrait, plongée dans la lecture de ce premier tome de Berserk.

Si on lui en avait parlé sans qu'elle n'ait le sentiment de pouvoir essayer, elle n'aurais probablement jamais sauté le pas. Il lui avait fallu quelques pages pour s'habituer au sens de lecture, mais maintenant qu'elle le comprenait, il lui semblait presque aussi naturel que le sens de lecture qu'elle connaissait depuis toute petite. Elle dévora le premier tome d'une traite et le referma, toujours sur sa faim. L'histoire de ce Guts, ces créatures étranges qu'elle n'identifiait pas et dont ele ne comprenait pas l'origine et, surtout, le côté mystérieux de la marque apposée sur sa nuque la firent frissonner.

Vérifiant que Peter lisait sagement, elle se leva pour se diriger vers l'étagère qu'Erik lui avait montré un peu plus tôt et, après avoir soigneusement rangé le tome 1, s'empara du suivant. Nyree revint s'installer et vit son fils poser le livre sur le côté avant d'attraper son éclair au chocolat.

- "Mam', tu mets le bavoir to plaît ? "

Nyree hocha doucement la tête et lui mit une serviette en guise de bavoir. Elle vida sa tasse de thé et regarda le café qui commençait doucement à se remplir. C'était étonnant qu'un tel endroit de demande pas aux gens de partir après un certain temps. Nyree n'était pas certaine que tout le monde consommait beaucoup de gâteaux et pâtisserie, mais, de là où elle était, elle voyait Erik qui continuait de s'afférer à droite et à gauche. Il avait l'air serein et la maorie songea que, s'il avait vraiment eu des difficultés financières, cela ce serait sans doute vu sur son visage. Elle se concentra de nouveau sur son fils qui avait de la crème sur le nez et pouffa discrètement.

- "Attend mon coeur, je vais t'essuyer le nez, tu as de la crème !"

- "Dis mam', les livres, je peux les prendre pour la maison pour toujours ?"

La question me prit au dépourvu, je n'avais pas beaucoup réfléchis à l'implication, mais elle est pourtant tout à fait légitime. Je réfléchis un instant à l'état de mes finances, je n'ai pas encore trouvé de travail, mais je continue les leçons d'anglais depuis l'étranger ce qui me fait une toute petite rentrée d'argent. Ici nous sommes pratiquement logés, nourris et blanchis le temps de gérer notre vide et d'être utile ici. J'avais de quoi nous autoriser ce genre de petit plaisirs, même si je n'y avais pas pensé de manière plus permanente.

- "Je vais demander à Erik d'accord ? "

Le petit hocha la tête, frotta sa bouche et ses mains, les montra à sa mère qui l'aida à se débarrasser des dernières traces et il saisit les deux livres. Nyree hésita en regardant le tome 2 de Berserk et attrapa le premier tome pour se diriger vers le comptoir et vers Erik.

- "Dites Erik.. C'est une... librairie classique ici ? Peter est vraiment tombé amoureux de vos recommandations et je dois dire que... Moi aussi, nous aimerions commencer notre collection de livres ici... "

La jeune femme lui tendit les 4 livres, les deux pour enfant et les deux premiers tomes de Berserk. Elle n'osa pas le regarder dans les yeux de prendre un manga avec autant d'envie, mais l'histoire avait réussi à la happée et elle voulait connaître la suite à tout prix. La violence n'étant pas vraiment autorisée dans la culture maorie, Nyree avait la sensation de frôler l'interdit avec la complicité d'un homme qu'elle connaissait à peine. Si sa mère l'avait vue, elle aurait probablement fait un commentaire sur le fait qu'une union avec un homme de violence ne serait bon, ni pour Nyree, ni pour Peter, ni pour les esprits de leur famille. Mais Nyree n'avait pas envie d'une union, elle voulait seulement de la lecture. Beaucoup de lecture.

Au vu de son vide encore tout récent et de la présence de son fils, Nyree se considérait déjà comme une vieille fille prête à devenir grand-mère. Ou Nonne. Et les yeux qu'elle levait vers Erik étaient certes remplis, mais non d'amour, plutôt de reconnaissance et d'espoir de pouvoir embarquer ces livres chez elle.

Elle a prit Berserk je répète, elle a prit le livre ! J'crois j'ai réussi ma vie. Enfin on verra bien si elle accroche, mais eh, déjà c'est un bon début. Et elle me remercie en plus. J'ai presque honte, là. J'suis le responsable de ses prochains cauchemars quand même. Enfin, ses excuses ont vraiment l'air sincères et j'hoche la tête en signe de contentement.

"Vous agissez déjà en vraie petite japonaise ahah. Franchement, sa réaction m'a fait beaucoup rire. Il va devenir un courageux petit bonhomme ! Et puis, arriver à Terrae nécessite forcément un temps d'adaptation, c'est normal. Dans tous les cas c'est passé, vos excuses sont les bienvenues mais ne vous tracassez plus pour ça ! Je vous remercie, profitez bien de votre temps ici ! "

Je m'inclinais à mon tour, puis je saluais les gens qui venaient d'entrer. Le café commençait à se remplir doucement, mais rien de bien compliqué pour moi, passant de table en table pour m'enquérir du bien-être de chacun. Et quand je n'avais rien à faire derrière mon comptoir, je restais planté là, les deux pieds parallèles en face de mon évier, à cristalliser mon pouvoir entre mes mains. Avant, j'essayais juste de remplir le bac le plus rapidement possible en créant de l'eau, mais Aria m'a tapé sur les doigts en disant qu'il ne fallait pas gaspiller. En soit je gaspillais pas vraiment, c'est un peu comme faire pipi sous la douche. Enfin. Aria elle a dit, alors moi je fais comme ça. En vrai c'est cool comme entraînement, puis ça me permet de stocker de l'eau pour remplacer celle du jacuzzi quand Piu fait des cochonneries dedans. J'étais dans mes pensées, concentré sur l'exercice quand Nyree revint vers moi. Elle tenait dans les mains les deux reco' que j'avais fait pour le p'tit, et deux tomes de Berserk.

"Vous m'en voyez ravis ! Et flatté, en plus de ça. Par contre j'avoue ne pas avoir comme habitude de vendre des ouvrages. Pour la simple raison que j'ai la chance de pouvoir commander chaque livre en plusieurs langues différentes à la fois. Mais je me débrouillerais. Je crois avoir encore quelques exemplaires de Berserk sous blister. Puis bon, pour les livres pour Peter, j'ai beau les recevoir en japonais, espagnol et anglais, les petits ne savent pas lire, je ne pense pas que ça soit très gênant s'il doivent se contenter d'une langue étrangère quelques jours... Attendez moi 2 minutes, je vais quand même vérifier si j'en ai pas des neufs ! "

Je me retourne et me dirige dans ce qui pourrait s'appeler une réserve, si ça ne servait pas aussi de lieu de stockage pour certains produits non-alimentaires. Comme des livres, ou du PQ. Malheureusement, aucune trace des bouquins recommandés à Peter, il faudra simplement que je note leur nom avant de leur vendre. Par contre, j'étais tombé sur une petite surprise pour Nyree, et c'est tout sourire que je retourne derrière mon comptoir.

"Vous pouvez prendre ceux-là pour Peter il n'y a pas de soucis. Quand à vous, voici- Je lui tends ma trouvaille, les deux premiers tomes de Berserk dans le même blister- "- Ils m'avaient envoyé ça y a quelques mois, pour faire de la pub sur la mort du mangaka. Et il est hors de question que je me fasse de l'argent sur le dos de cette tragédie. C'est pour vous, Nyree. En guise de bienvenue à Terrae. Et vous ne me devez rien pour ceux de Peter. Vraiment, j'insiste. Je- Mhhh- Je dois avouer avoir un petit faible pour les gens comme vous deux, qui ont l'œil qui pétille en lisant. Ou en regardant des images et en s'imaginant une histoire autour, pour votre petit bonhomme. Et puis je vous indiquerait une bonne librairie pour la prochaine fois, mais vous êtes les bienvenus à tout moment si vous souhaitez vous faire un avis avant d'acheter ! "