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[Centre] Parler des missions - Tu veux démissionner ?! - Mais t'es con ptn • Erik ♥
##   Dim 22 Jan 2023 - 20:02
Ariana Vicente

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Aux alentours du 10 décembre.


Le moment du départ approche ; elle a l’impression d’être vidée de sa substance à force de s’entraîner. Toujours plus, toujours plus fort ; quand elle avait l’impression d’être arrivée à sa limite, son corps allait plus loin, ses pouvoirs poussaient plus fort. Elle fait de son mieux pour se muscler, pour apprendre à se défendre et à attaquer ; pour imiter, pour se contenir. Elle tremble et frémit, ça fait mal ; mais elle sourit encore au travail, même si elle a un peu abandonné sa couture à côté, petit à petit. Servir le café de manière mécanique, rire avec Erik, avec les clients, avec ses amis, c’est ça qui l’anime.

Le matin, elle va s’entraîner ; et puis en début d’après-midi, après une douche, et quand ses muscles sont las d’avoir trop porté l’équipement lourd, d’avoir trop tiré avec des armes qu’elle ne veut pas utiliser, elle rejoint Erik pour son service.

Lui aussi fait partie des équipes s’entraînant pour l’opération ; ils n’en ont jamais trop parlé, surtout parce que les premiers temps étaient vraiment difficiles à gérer en terme de fatigue. Même lui devait le sentir, malgré sa carrure. Il a même déjà pris un peu du muscle ! Elle le taquine un peu à ce sujet… Elle, les abdos et les biceps qu’elle s’est taillé depuis début septembre à force de s’épuiser au sport sont gentiment cachés par ses gilets polaires durant l’entraînement ou ses pulls en dehors. Elle veut juste pouvoir récupérer Lola…

Alors quand ils ouvrent le café, cette après-midi de décembre-là, leur premier réflexe est de s’étaler sur le comptoir en attendant les clients. Des clients qui… semble-t-il, ne pointent pas le bout de leur nez. Et en plus, ça caille à mort.

—Dis, tu crois qu’on peut monter un peu le chauffage ? Il fait super froid, geint Aria, posant sa joue sur le comptoir. En plus j’ai mal partout aux muscles, là…

Elle se redresse finalement et s’étire dans une grimace, puis lâche un bâillement.

—C’est vraiment trop lourd, leur matos… J’envie trop Luna, elle a juste besoin de tout soulever et HOP !! Trop facile. Ca doit être si bien, d’être Titan. Pourquoi on peut pas juste copier les pouvoirs des autres en se transformant en eux, en fait ??


S'émerveille en #E7654D
##   Dim 22 Jan 2023 - 23:20
Erik Akimaru

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Erik Akimaru
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Je suis tellement rincé, les mains dans le bac à glaçons, que quand Ariana pousse la porte du café mon premier réflexe a été de lui dire qu'on était fermé. Ouaip. On dirait pas, mais mes nuits elles sont plus courtes que les minijupes d'une streameuse hottube.

"Yes j'crois que j'ai réussi à réparer la machine ça devrait aller mieux ! Et me parle pas de muscles stp meuf. Tu savais qu'on en avait genre, partout ? J'en ai découvert un au niveau d'un orteil là, il me fait trop mal j'te jure."

Je peux classer mes entraînements en, je dirais, 4 catégories. Tout d'abord les entraînements au combat. C'est ceux où j'étais le plus à la ramasse, en commençant. Mais j'ai eu d'excellents professeurs, et même si je suis encore loin d'atteindre leur niveau, ils considèrent que je suis opérationnel. Ce qui n'était pas forcément gagné, à l'origine. Mais ma carrure m'aide beaucoup pour les corps à corps, et je me débrouille franchement bien pour le tir. Par contre, l'utilisation de mes pouvoirs en combat, c'est vraiment pas encore ça. J'ai encore trop de mal à contrôler de grandes quantités d'eau. La générer, ou la faire disparaître, je me débrouille, surtout pour un Initié. Les transformations bon, je préfère pas en parler, par contre. Ça c'est la seconde partie. La suivante, c'est la condition physique, le sport, et je crois bien que c'est la seule où j'ai même de l'avance sur certains. Et pour la dernière partie, la coordination, l'esprit d'équipe et le travail en groupe, je crois bien qu'on s'en sort tous très très bien. Mais c'est putain de chronophage, d'énergivore et tout et tout.

"Franchement. Jpense tu te prends trop la tête pour le matos. C'est important de ouf c'est vrai, mais une fois que t'es transformé, ça pèse pas plus lourd qu'un t-shirt ! Enfin, après, le but c'est d'être protégé quand même déconne pas ! Et imagine le poids de mon casque à moi avec ma grosse tête ! "

Je sors enfin les mains de la machine à glaçons et les réchauffe près du radiateur que je viens tout juste de monter.

"Et si on pouvait éviter de parler de se faire soulever par Luna ça pourrait devenir gênant, on a déjà assez de points communs comme ça. Mais euh ouais, c'est vrai que c'est décevant de pas pouvoir avoir les pouvoirs des gens qu'on imite. Enfin. J'espère bien ne plus jamais être Titan à nouveau, hein. J'ai quand même pété la souris de mon ordi avec cette Eclipse de merde. Plus jamais. Ils en font plus de ce modèle là en plus."

Je me tourne vers ma compère Morphe, les mains encore rouge de froid, et viens les poser sur ses joues avant d'esquiver le coup de poing qu'elle m'envoie en slow-motion à grand renfort de bruitages enfantins. Elle a même pas assez d'énergie pour réagir pour de vrai mdr on a vraiment pas l'air frais.

"La prochaine fois t'oublies pas de dégivrer le frigo stp meuf. Une vraie merde c't'engin. Par contre wouaaaaah t'es BG avec tes biscotos là, on les devine presque sous ton sweat."

Je m'avachie sur le comptoir à mon tour. C'est très peu pratique pour parler, d'avoir une joue immobilisée. Mais ça m'empêche pas d'essayer.

"Ch'est vrai qu'tu vas dans la michion princhipale ?- Je me redresse, posant cette fois mon menton sur le meuble - Super Rouquine ne cesse de m'impressionner c'est trop une dinguerie comment t'es forte, avec des Masters et tout. J'serais presque jaloux si je savais faire la moitié de ce que t'es capable de faire."

Cette fois c'est mon front que je viens poser sur le comptoir, pliant et dépliant mes doigts, les bras tendus de chaque côté de ma tête.

"Vazy ptit café pour nous réchauffer ?"

Mes doigts commencent à retrouver leur agilité, autant en profiter hein.
##   Lun 23 Jan 2023 - 23:06
Ariana Vicente

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Ariana Vicente
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Aria grimace et rit dans dans le même souffle.

—T’es sûr que les bottes que tu as prises sont à la bonne taille pour toi ??


Enfin, vu le poids des rangers, ça l’étonne pas trop que ses muscles puissent le tirer jusque-là en bas, honnêtement !! Elle sent surtout les petits muscles sur l’intérieur des cuisses, mais si, vous savez, celui qui vous DEFONCE quand vous vous accroupissez. Celui-là, ouais. Et puis ses doigts, aussi. Ca, c’est à force d’être crispée sur les armes, c’est un vrai enfer — et un rappel constant de ce qu’elle apprend à faire.

Aria roule des yeux et, finalement, appuie son menton dans sa main en l’observant bidouiller dans le congélateur, l’esprit à demi absent. Pour une fois, c’est Erik qui parle plus qu’elle ; des fois, ça lui fait du bien de ne pas avoir à faire la conversation toute seule pour combler les blancs.

—Oui enfin, ça demande une sacrée quantité d’énergie quand même, il faut que je m’économise un peu !
s’amuse-t-elle, avant de rire de bon cœur. C’est clair, mais toi t’as les muscles pour le porter au moins ! Si tu me le mettais en mains, je tomberais par terre, je suis sûre !

Puis elle rougit et gonfle les joues. WOAH MAIS POURQUOI IL PARLE DE SE FAIRE SOULEVER PAR LUNA, C’EST PAS CE QU’ELLE A DIT MAIS ROH MAIS AH MAIS ENFIN. MAIS ENFIN !!!  

—Oh bah pauvre bébou qui a cassé sa sou-… AHHHHHH MAIS SALAUUUD POURQUOI LES MAINS, MAIS QU’EST-CE QUE JE T’AI FAIT !! pleurniche-t-elle en se recevant les mains toutes froides d’Erik sur les joues là WOUAH mais quel enfoiré !

Elle essaie de lui mettre un petit coup lamentable, sans succès, renifle en se tenant les joues, comme si elles venaient de congeler. C’est évidemment faux.

—MAIS TU ME DEMANDES ET JE LE FAIS EN DEUX MINUTES AVEC MES POUVOIRS LÀÀÀ comme t’abuses ! Parle avec des mots, avec des mots !!

Elle croise les bras sur sa poitrine et détourne la tête, ne notant pas la remarque sur ses biscotos. En fait, si, elle la note.

—Et commente pas mes muscles toi !! Occupe toi des tiens !

C'est vrai, quoi, il se fiche d'elle ?! C'est pas joli ?! Ahhh.

Ariana rouvre un oeil et observe finalement son compère en biais… sans pouvoir retenir un nouveau sourire derrière sa moue. Pffttt il la fait trop bien rire, quel vilain. Elle lui fait signe de se rapprocher et attrape ses mains pour essayer de les réchauffer en les entourant d’une gangue d’eau chaude — pas suffisamment pour le brûler, juste assez pour que ce soit agréable. Elle essaie de contenir le liquide pour qu’il ne se déverse pas sur ses mains, mais soit plutôt comme une sorte de balle caoutchouteuse, mais qui en épouse la forme ; elle fronce un peu les sourcils sous la concentration, tâchant de ne pas laisser trop de gouttes humidifier sa peau.

—Pff t’es chou, c’est rien d’impressionnant… C’est juste de l’entraînement. Toi aussi ça viendra, petit à petit ! Et je veux bien un café, merci… Oh, avec plein plein de chantilly !

Ouais, elle a pas répondu à la question. Elle s’humecte les lèvres puis reprend avec des étoiles dans les yeux, mais l’air un peu lointain. Elle balance un peu ses jambes dans le vide.

—Puis, toi aussi tu vas avec deux Masters, et en plus avec Jérémy et Elwynn ! Tu verras, vraiment, ils sont trop trop chouettes, enfin, tu le sais hein, mais c’est deux de mes meilleurs copains. Ils sont trop forts, vraiment ils m’impressionnent toujours. Je suis sûre que vous allez gérer.


Parler c'est dur, ok.


S'émerveille en #E7654D
##   Mar 24 Jan 2023 - 16:31
Erik Akimaru

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Erik Akimaru
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"Bien sûr que c'est à ma taille omg t'as cru t'étais la seule capable de me faire des fringues dans lesquels je rentre ou quoi ??? "

J'ai juste mal à ce muscle. Enfin. Plus à celui-ci qu'aux autres, c'est tout. Depuis quand la douleur c'est logique t'façon.

"J'suis sûr tu le soulève d'une seule main et tu le fait tourner comme un ballon de basket sur ton doigt, téma le bibi que t'as."

Oui j'insiste sur le biceps hein, après tout y a pas de raison que je sois le seul à me faire chambrer là dessus. Et bim, l'attaque du pingouin congelé sur tes joues là, au lieu de te MOQUER DE MOI WSH. Je ricane en me mettant à l'abri derrière un plateau vide que je place devant mon visage.

"Putain c'est vrai que la glace c'est de l'eau. J'suis trop con aussi, j'pense pas à ce genre de choses j'ai trop l'habitude de le faire à la main. La prochaine fois c'est toi qui fait ! Et euh hein, parfois les mots ça suffit pas, surtout quand mon interlocutrice elle a fait tellement de squats pour se muscler que ses fesses lui bouchent les oreilles tellement elles sont volumineuses wsh."

Et toc, Y A QUOI ? J'suis bien content d'être protégé n'empêche. Protection que je dois abandonner pour préparer les cafés. Bien noirs là, bien chauds. Et avec de la chantilly pour madame, évidemment. Mes doigts réchauffés par la magie d'Aria connaissent la partition par cœur, et bientôt je tiens entre mes deux mains le mug presque brûlant, pendant que la pauvre chantilly de celui d'Aria fond à vitesse grand V.

"Nan mais me parle plus de Nikkou j'te jure. Ce bâtard il essaie de faire croire à tout le monde que j'me balade cul nul dans l'Institut, et que si les gens voient des crottes dans Terrae c'est parce que j'ai été mal éduqué par Ipiu. C'est bon aussi. J'voulais juste pisser et j'étais bloqué dans ce putain d'ascenseur j'te jure. Crois moi stp, Aria-senpai. Je lui fais les yeux doux, un air faussement sincère et triste sur le visage, avant de taper du poing sur le comptoir Enfin heureusement les autres j'les aime trop ! Même si Aoi-Sensei elle fait peur un peu. Mais elle est gentille. Mais elle fait encore plus peur que toi quand tu te transforme en truc dangereux j'pensais pas ça possible."

J'ai bien remarqué qu'elle avait esquivé la question. C'est que ça touche quelque chose de sensible, je le sais. C'est toujours comme ça avec Ariana. Toujours le sourire, toujours faire genre qu'on est fortiche et qu'on gère. J'suis pas stupide non plus Aria...

"Tu sais Aria- Je prends une gorgée de café. -C'est normal d'avoir peur. Même les super-héros plus fortiches que toi -et ils sont pas beaucoup- ils ont peur, parfois. De ne pas être à la hauteur d'une tâche. Ou des conséquences d'une action. Ou d'eux mêmes, de leurs responsabilités, p'tete même juste des petites araignées toutes mignonnes. J'sais très bien qu'on y va pas juste pour donner une bonne leçon à ceux du Centre Aria. Même si cette raison m'a suffit pour me proposer. Si jamais ça peut te rassurer. On sera là, avec toute les autres équipes, pour s'assurer que tout se passe bien."

Je dépose le mug à côté de moi et viens cette fois placer mes mains réchauffés par sa magie et par la chaleur de la tasse sur les joues de la rouquine.

"T'as le droit de le dire, que t'es inquiète. Ça te rendra pas moins formidable aux yeux de tout le monde. Et tu peux compter sur tes nouveaux biscotos, ainsi que sur les miens pour te rassurer si t'as besoin, ok ? "
##   Mar 24 Jan 2023 - 17:17
Ariana Vicente

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Ariana Vicente
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Humeur : YOLO !!!!!

Aria tire la langue à son compère en riant à sa réponse sur les fringues. Oui enfin elle fait pas des chaussures, elle, et surtout quand on a mal à un muscle des orteils ON VERIFIE SA POINTURE OMG.

—Gnagnagna.

Quelle répartie aujourd’hui, Ariana, félicitations. Mais elle n’a pas le temps de s’y intéresser, la suite évolue plutôt en BAGARRE. S’il veut se batter, elle va se batt- aïeuh ça fait mal !! Punaise !! Y a aussi un muscle là derrière dans le bras ! Mais insup ! Elle bougonne.

—Mais bien sûr que la glace c’est de l’eau !! Rohhh mais- EH MAIS ARRÊTE AVEC MES FESSES LÀ, ELLES SONT SUPER. ... POURQUOI, ELLES ONT BEAUCOUP GROSSI TU TROUVES ? geint-elle encore, regardant vers l’arrière pour essayer de… bah mater son propre cul, du coup. T’es juste jaloux parce que… parce que j’ai de plus jolies fesses que toi !!

Elle lui jette des paquets de sucre posés sur le comptoir dessus, mécontente. Franchement, heureusement qu’elle est sympa !! Elle aurait dû le laisser se geler les doigts, pfffrt. Qu’il fasse les cafés, ouais ouais, c’est ça.

La petite Morphe secoue ses jambes pour s’occuper pendant qu’ils continuent à se disputer gentiment au sujet de leur boule respectif. Elle retrouve le sourire en attrapant sa tasse et sourit largement en plongeant la cuillère dans le diabète en mousse qu’elle se met sous la dent… ah d’ailleurs elle doit se rajouter des doses pour son insuline du coup. Elle checke les quantités sur sa pompe tout en gardant la cuillère en bouche, haussant un sourcil à l’attention d’Erik qui lui raconte ses déboires. Cuillère avec laquelle elle s’étouffe quand il lui évoque l’ascenseur.

—Attends attends, mais… Mais Erik !!! Tu pouvais pas te retenir comme tout le monde, t’étais bloqué combien de temps là-dedans ?! Désolée mais c’est purement mérité ! éclate-t-elle de rire, se tenant le ventre et manquant de chuter de son tabouret… avant de sursauter quand il tape sur le comptoir. AH !!! M’effraie pas !!

Elle rit.

—Aoi est gentille quand on la connait, oui ! Mais elle est sévère, donc ça m’étonne pas qu’elle te fasse peur si tu fais caca partout, hihi. J'comprends que Nikkou te juge de fou, par contre.


Puis prend une gorgée de son café, avec une moustache de chantilly dont elle ne laisse pas un gramme ! Et d’un coup Erik prend son ton et sa tête tous sérieux, et elle lève les yeux vers lui par-dessus son mug, regard fixe, l’expression cachée par la chantilly. Normal d’avoir peur… Ses yeux fuient vers le côté, et elle sourit, et acquiesce calmement. Tout ça, elle le sait, mais au fond c’est dur, pour tellement plus de raisons que d’aller donner une leçon au Centre, tellement plus de raisons que de chercher Lola. Et il touche assez juste, finalement, même s’il ne sait pas tout ce qui l’anime. Elle se crispe un peu au nouveau contact, puis pose son mug et rit un peu en posant les siennes sur celles d’Erik. Ses yeux sont un peu humides, même si elle se contient.

—T’es trop mignooonnn. T’inquiète pas… je sais que ça va aller, je vous fais confiance à tous. Et je pars avec Nicolas, Alice, Norah. C’est les meilleurs !! Enfin, non, pas les meilleurs, mais… pour moi c’est les meilleurs, et c’est mes meilleurs copains. J’aurais pas pu faire ça sans eux. Et eux... même le Lieutenant anglais, ils me font confiance.

Elle ne laisse pas partir les mains d’Erik, ne le regarde pas non plus. Elle s'y accroche un peu plus, ça la réchauffe.

—J’ai peur de faire du mal à ces personnes qu’on a désignées comme des ennemis. Et en même temps, je désire plus que tout leur faire du mal. J’ai l’impression de devenir folle à m’entraîner à tirer avec un pistolet ou des aiguilles, à me dire que je pourrais être amenée à tuer des gens. Et parfois j’ai envie de le faire, et j’ai peur de le faire au moment où ce sera pas nécessaire, et j’ai peur de pas réussir à le faire au moment où ça le sera. (Elle a la gorge qui se serre.) J’ai pas envie d’y aller, mais je peux pas ne pas y aller. Si j’y vais pas je me le pardonnerais jamais. Mais si je fais tout foirer, comme toujours, parce que je prends pas les bonnes décisions, parce que je suis pas entraînée comme les autres, parce que je suis pas assez forte

Sa lèvre tremblote un peu. Elle se dit des fois qu’elle devrais laisser quelqu’un de mieux prendre sa place, mais elle ne le dira pas à voix haute. Ce n’est pas un “tu es géniale Super Rouquine” qui va lui permettre de se sentir mieux, ni les meilleurs compliments du monde. Parce qu’elle est coupable autant que les personnes du Centre de ce qui arrive à Lola, à cette petite fille qui n’a rien demandé. Si elle avait fait attention, si elle l’avait avortée, ou si elle ne l’avait pas mise à l’adoption, peut-être ; est-ce que tout aurait été différent ?

Pas vraiment. Au final, le Centre existerait, et il y aurait d’autres enfants à chercher. C’est ça qui est dur à avaler : le fait qu’elle n’ait aucune possibilité de retrouver un sentiment de contrôle, à part en y allant.


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##   Mar 24 Jan 2023 - 19:24
Erik Akimaru

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"Comme tu peux le voir, mater son propre cul c'est pas pratique. Du coup j'suis ravi que tes fesses soient plus jolis que les miennes, c'est plus simple de se rincer l'œil."

J'ai vite regretté cette blague douteuse quand elle a essayé (de façon concluante) de me marcher sur le pied.

"OKOKOK AÏE PARDON AÏE OK OK JMATTERAIS PLUS TON CUL PROMIS ! "

Une fois que j'ai mis une distance de sécurité assez élevée entre ma collègue et moi-même, je la regarde s'affairer avec sa pompe à insuline. Et c'est vrai que j'ai tendance à oublier qu'un sucre comme elle pourrait se tuer deux fois si elle décidait de se manger. Une fois parce que se manger si on choisit pas les bonnes parties ça peut être fatal. Et une deuxième fois d'hyperglycémie parce que bah, c'est un sucre. Faut suivre hein.

"Eh mais j'sais pas on a été bloqué genre 2 minutes ! Mais IMAGINE toi t'as envie de pisser bloquer dans un ascenseur- EH MAIS ECOUTE MOI WESH- J'éclate de rire à mon tour avant d'essayer de continuer à me justifier entre deux hoquets de rire. -MAIS GENRE. Genre- genre- genre imagine t'as envie de- de pisser, et le PIPI c'est de l'eau et- Et genre plutôt que de souffrir touuuuut le temps de la captivité tu fais pipipi, puis avec ton pouvoir tu f- tu fais disparaître le pi- le pipi et du coup tout va bien pour tout le monde avoue c'était malin sur le papier... MAIS CA AURAIT PU DURER DES HEURES ET C'EST PAS BON POUR LA SANTE DE SE RETENIR J'L'AI LU SUR INTERNET-"

Bordel je pleure putain. Heureusement qu'Aria me soutient dans ma démarche hein. "J'comprends que Nikkou te juge de fou". Bah super.

Enfin. Les mains sur les joues de mon amie Morphe, je lui fais la leçon. Et c'est pas super agréable, de faire la leçon à quelqu'un qu'on aime et qui a rien fait de mal. Surtout quand la personne en question c'est Ariana. Et que ce que je voulais utiliser pour capter son attention ça se retourne contre moi, et qu'elle prend mes mains et qu'elle veut pas les lâcher, mais qu'en même temps elle fuit mon regard et. Ok respire Erik. Tu savais déjà que tu avais un problème avec cette fille. Peut-être que maintenant tu réalises l'ampleur du problème. Parce que ça c'est clairement pas les battements de cœur de quelqu'un qui veut rassurer son amie. Pourtant, j'arrive à garder le sourire, malgré la chaleur qui envahit doucement mes joues et que je fais tout mon possible pour ignorer.

"Dois-je donc comprendre ici que la seule personne qui n'a pas confiance en toi, c'est toi ? Et si, je te rassure. C'est les meilleurs dans ce qu'ils font. Sinon, ça ne serait pas eux qui partiraient en mission avec toi. Et y a personne de plus fiable que les amis et les gens qui s'aiment."

C'est au moment où j'entends la voix de l'Etoile changer sous les coups de l'émotion que je sens mes yeux s'embuer. J'ai envie de l'interrompre. De juste la serrer contre moi. Mais non, la grande, la forte, la fière Ariana s'ouvre un peu, là, tout de suite, devant moi. Et il est hors de question que je l'empêche de sortir ce qu'elle a sur le cœur. Elle mérite que je l'écoute. Jusqu'au bout. Alors je hoche la tête en recueillant chaque mot avec précaution, les mains toujours sur ses joues.

"Avoir peur, c'est une chose. Te déprécier comme tu fais c'en est une autre."

Je lève les yeux au plafond, la bouche tordue par la mimique de quelqu'un qui réfléchit, qui pèse ses mots. Ce que je suis évidement en train de faire, bougeant la tête de gauche à droite.

"C'est normal d'avoir la haine. D'avoir peur. Ces gens sont de sombres fils de putes. Et je suis vraiment pas tendre avec les putes, là tout de suite. Mais ça reste des gens. Et ils ont autant le droit de vivre que les gosses qu'on va chercher. Même s'ils méritent absolument pas notre pitié. Même s'ils ont fait des choses encore plus horribles que ce qui a pu créer ce Vide, en nous. Et même si j'souhaite de tout cœur qu'ils soient hors d'état de nuire, la seule chose qui pourrait me faire tirer, c'est parce que ne pas le faire signifierait que quelqu'un. Elwynn. Ou Jérémy. Ou Aoi, ou même cet enfoiré de Nikkou. j'esquisse un sourire Ou moi. Ou toi. Ou n'importe qui. Est en danger. Et c'est important de savoir le faire, si on est amené à devoir s'en servir pour nos convictions. Et si ceux de ton équipe te font confiance, c'est parce qu'ils savent qu'à ce moment là, tu prendras la bonne décision. Tu es la personne la plus droite que je connaisse. Et pourtant je vis avec Ipiu, qu'est littéralement à moitié droite tout le temps."

Je souris à Ariana, même si elle ne le voit pas. J'ai bien conscience de dire des choses évidentes, des choses qu'elle sait déjà mais qu'elle refuse simplement d'intégrer. Mais je sais que parfois, ça peut faire du bien de l'entendre. Le silence nous enveloppe un moment, avant que je ne reprenne, après avoir choisi soigneusement chaque mot qui allait venir.

"Ariana Vicente. Personne n'a envie d'y aller. Personne n'a envie de risquer sa vie, de se mettre en danger. Mais nous avons tous nos raisons. Personnelles. Certains y vont parce qu'ils savent que leur présence facilitera le travail des autres. D'autres s'entraînent jour et nuit pour se sentir utiles, pour rendre à Terrae ce que cet endroit leur a donné. Aucun d'entre nous ne veux être la raison d'un échec. Mais on sait tous que la réussite de toute cette opération repose sur nous. Sur les épaules de Masters. De soldats de métiers. D'Etoiles. D'amis. De membres d'une même famille. D'Initiés trop ambitieux- Je ricane. "-Franchement, ça n'est pas par envie, mais par devoir, que tous se sont inscrits. Et tu ne feras absolument rien foirer. Tu es capable. Tu t'entraine encore plus que les autres. Sinon on ne serait pas dans le même état- Je souffle du nez -Tu prends ça sérieusement. Et tu n'es pas plus stupide que moi. Alors tu prendras les bonnes décisions. Et concernant ta force. Si tu parles de ta force en tant que combattante, je ne me fais pas de soucis. Parce que tu es tout à fait capable de te débrouiller seule. Ce que tu ne seras même pas. Par contre, si tu parles de ta force, là haut- Je retire ma main droite de sa joue, le temps de venir tapoter mon index contre sa tempe gauche -alors j'ai encore moins de doutes. Regarde toi. Toujours à sourire, toujours à faire la fête à ses amis quand elle les croise. Toujours à se plier en quatre pour leur faire plaisir. Toujours à se placer en retrait pour laisser les autres briller. Je pouffe. -Sunshine, hein ? C'est bien comme ça que t'appelle Nicolas, non ? Ça te va terriblement bien. Tu connais un truc plus fiable, plus fort que le Soleil, toi ? Enfin, surtout. Tout ça, être souriante, briller pour te refléter sur les copains. Tout ça, tu le fait avec ce Vide en toi. Ce Vide que tu garde pour toi, pour ne pas embêter les autres. Ce Vide dans lequel c'est si facile de plonger, de se perdre. Et pourtant, je t'ai rarement vu dans un état comme ça, là. Garder la tête hors de l'eau comme tu le fais, seule, depuis si longtemps. Si ça c'est pas de la Force, avec un grand F. Alors je ne sais pas ce que c'est."

Je réussi enfin à libérer les joues de la rouquine pour venir planter un index vindicatif au sommet de son sternum.

"Aria. T'es aussi forte que euh- J'sais pas- Une maman oiseau qui se bat contre un serpent qui veut manger ses oeufs. Aussi forte qu'un Soleil qui permet à la vie de se développer sous sa chaleur et sa lumière. Alors dire que tu fais toujours tout foirer, c'est rien qu'un sale mensonge que ton Vide il te répète en boucle. Quelqu'un qui fait toujours tout foirer, la première chose qu'il sabote, c'est ses relations avec les gens. Et vu le nombre de gens qui comptent sur toi et sur qui tu comptes, désolé mais ça tient pas debout."

Je sais pas si c'est parler autant qui me donne chaud, mais chez moi on dit qu'il faut combattre le mal par le mal. J'attrape mon café à deux mains, dissimulant leurs légers tremblements en les crispant sur la tasse.

"J'ai un peu l'impression de revivre le débriefing de ma première mission avec Super Rouquine, là tout de suite. Je souris timidement. T'es un exemple, pour moi, Aria. De volonté, de courage et de gentillesse. Et ça me rassure un peu, de voir qu'au fond, mon exemple il a ses failles, qu'il est humain. Qu'est ce que c'est que le courage, sans peur, de toute façon ? Au mieux, de la témérité. Au pire, de la stupidité. Si tu as confiance en tes amis, alors tu peux avoir confiance en toi, parce qu'eux, ils te suivrons jusqu'au bout du monde. Jusqu'en enfer. Même si cet enfer s'appelle le Centre."
##   Mar 24 Jan 2023 - 22:30
Ariana Vicente

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Pour se venger, Aria lui marche sur le pied et lui jette un sucre de plus, en essayant de viser le col de sa chemise… ET ELLE ARRIVE A L’Y ENVOYER MESDAMES ET MESSIEURS. C’est un magnifique trois points pour Vicente, youhou ! Hum.

—Crains mon courroux !

(C’est pas à cause des cheveux qu’elle dit ça, la blague marche qu’en français, déso.)

Heureusement, elle sait qu’il rigole. Normalement. Peut-être ??? Hm. Nan mais au pire, ça la dérange pas qu’on la regarde en appréciant, mais qu’on mate ?? Bon, ça dépend du moment, d’accord. De quoi ils parlaient déjà ? Ah oui punaise, l’histoire du pipi… Aria éclate à nouveau de rire en même temps que son ami. Mais noooooooon.

—Nan mais tu cherches là aussi !!! DEUX MINUTES AHHHH. Et comment tu peux faire pipi dans un ascenseur, ça se fait trop pas ?! C’est mérité franchement !

Et puis bon, ça y est, ils parlent du truc sérieux qui fait un peu mal. Erik l’écoute, et Aria est contente de pas le regarder, même si elle sent ses mains contre ses joues. C’est important pour elle, cette présence. C’est rassurant, et c’est doux, même si ce qu’elle ressent au fond l’est beaucoup moins. Lui aussi semble comprendre ce qu’elle vit — cette crainte d’appuyer sur la détente, de faire, de ne pas faire. Il écoute.

Et puis quand il se met à parler, eh bien… Ariana prend cher. Elle lève les yeux vers lui, le fixe un peu, troublée ; puis les baisse à nouveau. Bah oui, elle n’a pas confiance en elle, c’est évident. Elle repense à cette fois où elle s’est fait casser la jambe lorsqu’elle a voulu protéger ses amis du Master Morphe fou, dans la forêt. Elle se mord l’intérieur de la joue, comme elle le fait parfois, discrètement, et sans même s’en rendre compte. Acquiesce.

—Je sais bien…

Mais il n’a pas fini. Il a l’air de réfléchir, et parle longuement. Elle l’observe, sans rien dire ; toute proche. À l’intérieur, ça bouillonne et ça se glace. Elle acquiesce — ce sont des gens. Des gens… Pour elle, dans ses valeurs, enlever une vie est le pire des péchés. Mais elle l’a déjà fait une fois, alors-… Et pourtant elle comprend Erik. Qu’il faudra peut-être blesser, peut-être tirer. Ses yeux s’humidifient, elle pince les lèvres et fixe le comptoir. La plus droite… Un rire. Elle lui sourit en retour, piteusement, et acquiesce, sans lâcher ses mains.

Ariana. Personne n’a envie d’y aller.

Alors qu’est-ce qui nous y pousse ? Qu’est-ce qui m’y oblige, au fond de moi ? Je pourrais ne pas y aller, je pourrais laisser les autres s’en charger. Ils n’ont pas besoin de moi. … Et peut-être qu’au fond, si, j’ai envie d’y aller. Pour me le prouver. Prouver que je mérite de pouvoir parler à Lola un jour. Ou est-ce que j’essaie de me punir ? Est-ce que c’est le devoir ? Est-ce que ce n’est pas tout ça à la fois ?

Erik continue. Et ses arguments sont bons, ils touchent justes. Il enlève sa main de sa joue, alors elle baisse l’autre, mais la garde dans la sienne, sur le comptoir, et les fixe.

Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elle a toujours dû s’entraîner plus dur que les autres. Parce qu’au contraire, Ariana est plus stupide que lui. Oh, pas qu’elle est vraiment stupide, mais c’est ce qu’on lui a toujours répété. Qu’elle était idiote, et qu’il fallait qu’elle fasse mieux, travaille plus, parce qu’elle n’y arriverait jamais. Qu’elle était un échec. Même le chant, même la danse, même le dessin, même la couture, même sourire parfois, ce n’est pas assez bien. Alors elle doit s’entraîner physiquement, parce que sinon elle pète les plombs, mais aussi parce que sinon elle ne tiendra jamais la cadence. Parce qu’elle doit aller plus loin, si elle veut être à la hauteur, et pas un boulet qu’on traîne à son pied.

Bien sûr, elle le pense un peu moins, aujourd’hui. C’est pour ça qu’elle travaille dur, d’ailleurs, pour se sentir légitime, au moins un peu, au moins un instant. Elle sourit faiblement, même si elle a envie de rentrer la tête dans les épaules, parce que le discours commence à devenir gênant, et qu’elle a pas forcément envie qu’on lui remonte le moral, qu’on lui rappelle ce qu’elle fait mais n’a pas l’impression de faire. Elle essaie de répliquer, cette fois, par esprit de contradiction — mais il ne la laisse pas faire, et il continue.

Et suspendue aux sons qui sortent de ses lèvres, elle s’arrête un peu de respirer… serre très fort les doigts d’Erik, pas au point de lui faire mal, mais pour s’y accrocher encore. Elle encaisse, ne dit rien — on pourrait croire qu’il lui dit des méchancetés, mais en réalité il ne fait que répéter et redire ce que ses amis s’échinent à lui dire, encore et encore, jour après jour. Par les mots, par les gestes, par les expressions, par les moments passés ensemble. T’es Sunshine.

Ca y est, c’est bon, elle est obligée de se retenir de pleurer. Lui il l’a pas trop côtoyée quand elle allait pas bien, et puis surtout, elle n’en parlait pas. Mais elle en a eu, des moments dans le mal. Elle brillait pas du tout, là. L’Eclipse aussi, c’était ça — c’était elle qui se sentait éclipsée, au fond d’elle. Puis lui aussi, qu’est-ce qu’il raconte ? Lui aussi il garde son Vide pour lui. Tout le monde, en fait. C’est pas quelque chose d’extraordinaire.

Elle rit encore quand il pointe sa poitrine… serre plus fort les lèvres. Une maman oiseau qui se bat pour défendre son nid. Une de ses mains retombée sous le comptoir se serre, et se serre, et se serre encore. Est-ce qu’il a bientôt fini ? Est-ce que- Respirer, c’est important. Il a raison, c’est ça le pire. C’est vraiment, vraiment pire que le premier débriefing de Super Rouquin, frère.

—Ouais, un peu… rit Aria avant de se mettre à pleurer pour de bon, incapable de dire un mot de plus.

Où voit-il tout ça ? Elle ne se déteste plus autant qu’avant, mais c’est presque une hérésie que de songer qu’elle a le droit d’y croire. Et pourtant… Elle songe aux visage ses camarades ; confiants, sereins. De leurs mains qui se joignent, s’enserrent, se frappent, se cognent, se soutiennent.

Elle se cache le visage, submergée par les larmes qui débordent, débordent, débordent sans s’arrêter. Elle ne sait même plus pourquoi, au fond, parce qu’il a juste essayé de l’encourager. Il a dit des choses si gentilles, et elle en doute encore, comme elle doute d’elle, inconstante. Elle aimerait lui dire qu’il est gentil, qu’il dit n’importe quoi. Mais Nicolas et Alice, Norah, même ce soldat de métier qui l’encourage et l’observe avec cette confiance tranquille… eux n’ont pas ce doute. C’est terrifiant, quand on la regarde comme ça. C’est terrifiant, parce qu’elle a tellement peur de les décevoir, de mettre leurs vies en danger. Elle pense aussi à Aylan, parce qu’elle sait que pour lui, elle est prête à y plonger toute entière, en Enfer.


Et dans sa nuit la plus sombre, tout au fond du labyrinthe de murs bétonnés, elle espère vraiment l’y trouver, sa lumière.


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##   Mer 25 Jan 2023 - 2:06
Erik Akimaru

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Erik Akimaru
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Ma main libre vient se poser par dessus celle de mon interlocutrice, ignorant mon cœur qui bat comme un fou contre ma poitrine. Parce que je sais bien que ce n'est ni le moment, ni la façon de- 'fin. J'sais que ça le sera jamais. C'est Aria. C'est pas ambiguë avec Aria. Ça peut sembler delusional et même si là je me rends bien compte que j'ai un gros crush sur ma senpai. Et c'est très bien comme ça. Ça devait finir par arriver t'façon. Enfin. C'est le cas depuis longtemps, j'imagine. Mais fallait bien que je m'en rendre compte un jour. Mais c'est pas une raison pour espérer plus. J'veux pas plus, de toute façon. Mais eh c'est pas normal de crush un peu sur ses potes ? C'est ça le seul défaut d'avoir des amis fantastiques. Et puis MERDE ERIK c'est pas le moment de penser à ton petit kokoro. Mais à celui de ton amie. Qui est en larme en face de toi. Je crois bien que c'est la première fois que je la vois pleurer. Et c'est vraiment pas beau. Un massacre, c'est le mot. Alors je me contente de lui tenir la main. Ou de la laisser me tenir une main pendant que de l'autre je fais de petits ronds avec mon pouce sur la sienne. Mais c'est pas assez pour lutter contre ce raz-de-marée. Et franchement, je me dis que le mieux, ça reste sans doute de laisser couler. Mais c'est pas suffisant. Sans lâcher sa main, je fais le tour du comptoir, pour passer de son côté, et je passe mon épaule sous son menton, puis les bras dans son dos, et je la serre doucement contre moi, ma main droite montant et descendant le long de son dos au rythme de ma respiration, espérant ainsi aider la sienne à reprendre pied, pour calmer ses sanglots.

"Là, comme ça je te vois pas ruiner ton maquillage. Alors tu peux te laisser aller, si tu veux."

Je sais que c'est maladroit. Je sais que là, tout es maladroit. Moi. Mes mots. Ma posture, genoux légèrement fléchis. Ma façon de lui frotter le dos. Mais tout ce que je veux, c'est qu'Ariana se sente mieux une fois que les larmes s'arrêterons. J'ai cette horrible impression que c'est de ma faute si elle pleure, que je suis un sale hypocrite d'essayer de la réconforter, de lui tenir compagnie. Je sens les larmes monter en moi. Comme si les larmes de la Morphe avaient été la goutte d'eau qui a fait sauter le barrage. Barrage qui craque quelques secondes à peine avant moi. Je jette ma tête vers l'arrière, les yeux clos. Sans doute que c'est un reniflement que je voulais discret qui me trahit.

" 'Scuse boi Aria. J'voulais bas te faire bleurer boi."

Bon là si elle doutait c'est cramé à 100% c'est sûr. Tant pis du coup. Je la serre un petit peu plus fort que depuis le début de l'étreinte, avant de la libérer et sortir un paquet de mouchoir de ma poche, en attrapant un avant de tendre le reste à l'Etoile.

POUEEEEEEEEEEEEEET

D'un revers de poignet, je chasse une nouvelle gouttelette qui voulait se former au coin de mon œil, attrape mon mug et celui d'Aria, puis nous installe à la table la plus proche, tirant la chaise pour mon aînée avant de m'installer en face d'elle.

"J'vous demande pardon pour avoir osé poser mes pieds sur la table, chef ! "

Puis sans attendre de réponse, je pose un talon sur la table, buvant une gorgée de café avant de croiser les mains derrière ma tête penchée vers l'arrière, les coudes écartés.

" 'Scuse moi. J'voulais pas te faire pleurer. Tu veux savoir pourquoi j'fais cette mission ? "
##   Jeu 26 Jan 2023 - 12:38
Ariana Vicente

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Elle n’arrive pas à s’en empêcher ; ses larmes coulent et coulent encore. Si elle pouvait se cacher, se rendre invisible ou disparaître, devenir un petit insecte, elle le ferait. Mais elle est épuisée, tant par l’énergie qu’elle déploie à se préparer au pire qu’à attendre que la situation arrive. Parfois, l’attente est même pire ; elle apporte son lot de scénarios, d’espoirs, de cauchemars. Son lot de “et si” dramatiques, de craintes, de terreurs dans le noir. Elle ne veut plus vivre ça, ne veut plus songer à ce qui l’attend, simplement se préparer — et pourtant, elle ne songe plus qu’à cela, elle n’est plus que cela ; une Eau qui s’agite pour ne pas geler quand les températures tombent trop bas. Ce n’est même plus pour respirer ; elle ne respirera que lorsqu’elle pourra mettre Lola en sécurité, qu’elle accepte son existence ou pas.

Ariana arrive encore à se convaincre que si cette enfant ne veut pas d’elle, ce sera peut-être plus simple pour elle. Elle n’aura pas à s’imposer, à lui parler, à s’occuper d’elle, à prendre les responsabilités qu’elle a fui — un peu malgré elle, mais fui quand même. Elle aurait pu revenir, elle aurait pu demander à la revoir… Ses parents adoptifs le lui avaient autorisé. Mais elle n’est jamais revenue, et c’est peut-être bien ça tout le problème.

Maintenant, ils sont morts et Lola n’a plus personne. Peut-être qu’il aurait mieux valu qu’elle soit une mère indigne que ce qu’elle a fait là — Lola n’aurait pas à connaître la perte de ses parents… même si elle n’aurait pas été plus heureuse, certainement.

Elle sent qu’elle a un peu oublié la présence d’Erik à côté d’elle quand il contourne la table pour l’enlacer, et elle entoure son corps de ses bras pour s’appuyer contre lui, continuant à pleurer encore. C’est dur. C’est dur et elle ne sait même pas comment lui expliquer tout ce qui la traverse au quotidien, tellement ce qu’elle a fait est innommable pour elle. Mais finalement, le contact la calme, elle pince les lèvres fort pour se contenir, essaie de rire à sa blague. Elle renifle et sent sa lèvre trembler, renifle encore. Inspire.

—Merci.

T’es gentil, Erik.

Elle ne sait pas trop comment les gens la supportent, à être triste tout le temps. Il dit qu’elle est un soleil, mais elle a plus l’impression d’être le nuage qui le cache et crache sa pluie toute la journée. Comme une petite bruine, continue, et suffisamment morose pour niquer ta journée.

Lui par contre, il est rigolo. Il est gentil. Il se plaint pas, enfin sauf pour râler quand il fait une bêtise et qu’on le juge après. Ouais, pisser partout c’est pas bien, Erik, ok. Ca la fait sourire quand elle y repense, puis elle rit. Un peu. Beaucoup. Et elle part en fou rire dans ses larmes, accrochée à lui, avant de s’écarter, toute surprise, son mascara qui a un peu bavé au coin des yeux.

—Oh bah… Mais non… C’est pas ta faute. Pleure paaas, geint-elle en le secouant un peu, gentiment ; elle lui fait des yeux de chat triste. T’as dit des choses trop gentilles et-

Je les mérite pas. Elle ne va pas le dire, il va encore râler. Alors elle attrape juste un mouchoir et, blasée, s’essuie juste n’importe comment les yeux avant de passer ses doigts en dessous pour enlever le surplus de mascara. Elle rit encore, le regarde s’éloigner en se tournant vers lui avec son tabouret. Aria acquiesce alors.

—Dis ?


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##   Jeu 26 Jan 2023 - 21:08
Erik Akimaru

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Erik Akimaru
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I'm so fucked. Aria pleure, je pleure. Aria rit, je ris. J'ai bien conscience d'être empathique, mais là c'est quand même du rire aux larmes ou l'inverse en très peut de temps. Après on va se dire que c'est juste les nerfs qui lâchent, la fatigue qui s'exprime. Et regarde sa petite bouille de- Alors c'est censé être un chat, j'en suis sûr, parce que le Chat Botté est sorti au cinéma mercredi. Mais avec le make-up qui coule ça fait plus raton-laveur. Ça reste très mignon mais je peux pas m'empêcher de faire le malin :

"Impressionnant, même sans pouvoirs t'arrives à ressembler à un mélange entre un panda roux et un tanuki."

J'embrasse le front de la Morphe avec un smack bruyant puis me mouche à nouveau une fois installé comme un cowboy, jusqu'au moment où j'dois recommencer à parler, après l'invitation d'Aria à lui donner mes motivations. Je me redresse et pose mon menton sur mes poings, les avant-bras perpendiculaires  à la table, les coudes contre le bois. J'affiche mon plus grand sourire, mais mes yeux et mon ton trahissent les émotions qui me parcourent en laisser ces mots sortir de ma bouche.

"J'participe à cette mission parce que je sais ce que c'est, de ne pas avoir d'enfance. Je sais ce que c'est, d'être utilisé, d'être battu. Parce que je sais ce que c'est d'être ni plus ni moins qu'un outil. Parce que Terrae m'a sauvé. Et que je refuse que cet endroit, que ma maison, soit la raison qui prive ces gosses de leur enfance. Je ne pardonnerais jamais au Centre de maltraiter des enfants. Et je ne leur pardonnerais jamais de le faire à cause de cet endroit auquel je dois tant."

Je marque un temps de pause, cherchant son regard avant de reprendre.

"J'participe à cette mission parce que je veux me rendre utile. Parce que mon rêve de devenir un super-héros, c'est pas juste une blague. J'sais que le côté 'super' avance, et plutôt bien, mais je suis encore loin d'être un héro. Et je ne trouverais jamais de cause plus juste que de permettre à des enfants de grandir dans de bonnes conditions. Ils ont besoin d'aide. Comme j'ai eu besoin d'aide. Je suis la personne que je suis parce qu'une chienne a écouté son instinct maternel plus que ma propre mère, lui sautant à la gorge pour me protéger. Et même si Misha n'était qu'une labrador, elle m'a appris à ses dépends que- qu'être un héro, ça demande pas grand chose, en fait. Il suffit d'agir pour les autres, pour ceux qui ne peuvent pas agir eux-mêmes."

Je sens une larme, seule, glisser le long de ma joue quand j'évoque le nom de la maman de Tifa. Je ne la chasse pas, me contentant de me redresser, droit sur la chaise, les mains jointes, les pouces pointés vers mon torse. Je me mord la lèvre inférieure avant de continuer

"Je participe à cette mission parce que des gens que j'aime y vont. Pour les protéger, pour ceux qui se sentent incapable de le faire et qui resteront ici. Pour ceux qui ne veulent plus avoir affaire à ces gens. J'ai pas eu l'occasion de parler à Aylan de tout ça, et sans doute que j'le ferais pas. Mais j'suis prêt à parier que c'est de là-bas qu'il vient. Que les infos qui nous permettent de préparer cet assaut ne sortent pas de nulle part. Et ça a dû beaucoup lui coûter. J'y vais pour m'assurer que ce p'tit bonhomme aura pas fait ça en vain."

Je laisse tomber mes mains de part et d'autre de mon café, portant ensuite le mug à mes lèvres, le gardant au niveau de mon menton pour me réchauffer les doigts. Et pour me cacher un peu.

"J'participe à cette mission pour me prouver des choses à moi-même. Toujours être seulement Initié, après tout ce temps ? C'est pas forcément facile pour l'ego. Même pour un ego d'Eau. Est ce que quelque chose ne va pas, avec moi ? Je sais bien que c'est pas une course. Ou n'importe quelle forme de compétition. Mais j'ai l'impression d'être face à un mur. De m'entraîner pour rien. Cette mission, c'est une occasion de me prouver que ce que je fais ici, depuis bientôt 5 ans, ça a du sens. J'aime ma vie à Terrae. Mais putain. J'ai l'impression de perdre mon temps, avec ces histoires de super-héros. J'sais bien que c'est pas ouf comme rêve. Que c'est enfantin. Puéril, même. Mais ça donne un sens au temps que je passe à m'entraîner, à prendre soin de moi. De savoir que je le fais aussi pour les autres, en quelques sortes."

Mon regard erre sans but précis, faisant des vas et viens entre ma tasse, la table et la tranche d'un livre par dessus l'épaule d'Aria. Je ferme les yeux, le temps d'une inspiration, et chasse les larmes qui commençaient à vouloir s'échapper.

J'le fais parce que c'est logique, en fait. Parce que je veux avancer. Participer. Aider. Parce que ces putains de gosses, ils méritent pas ça. J'en ai vécu des choses horribles. Mais imaginer ces gens leur faire bien pire... Je crois que ça me met en... colère ? Je crois bien que c'est de la colère."
##   Ven 27 Jan 2023 - 0:20
Ariana Vicente

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Aria fait un petit V de la victoire en tirant la langue, pas très convaincante. Elle fera un meilleur panda roux une autre fois, là elle est trop éreintée. Elle rougit au baiser sur le front, un peu surprise d’un contact pareil. Comme il se réinstalle, la rouquine comprend bien vite qu’il en aura pour un moment à nouveau ; cela lui laisse tout le loisir de calmer sa respiration et terminer d’effacer les traces de mascara — une habitude lorsque l’on pleure beaucoup, on sait comment effacer les traces et faire comme si de rien n’était en quelques minutes à peine. Si elle n’en avait pas foutu partout avec le mouchoir, seul Erik aurait su qu’elle a pleuré cette après-midi là.

Erik commence fort. Il s’expose, parle de lui comme il ne l’a jamais fait ; en tout cas pas devant elle. Lentement, la Morphe baisse les yeux, presque honteuse. Une partie d’elle réagit immédiatement, lui dit que lui a des raisons de se plaindre, pas elle. Mais les souffrances ne se comparent pas ; et c’est le moment de l’écouter. Même s’il parle beaucoup depuis tout à l’heure, elle comprend aussi pourquoi. Alors elle l’accueille, du moins elle essaie, avec un peu de désespoir et de tristesse.

Puis de colère.

Pas envers lui ; mais il reparle du Centre, et elle se souvient de ce qui l’anime elle. Ils pensent à la même chose — de quel droit se permettent-ils ?

Alors elle relève le regard vers lui, et ses yeux verts embués de larmes prennent lentement une autre lueur, son visage une autre expression. Plus dure, plus franche, plus ferme. Oscillante, tremblante.

Ca la bouleverse de l’entendre parler ainsi de lui, de son passé ; elle ne sait pas trop si elle y était préparée, au fond. Mais il cherche son regard, et lui qui a été là pour elle, elle veut lui montrer qu’elle l’écoute. Même si ça l’effraie, même si ça lui fait mal, elle pose ses yeux dans les siens et l’écoute se livrer. Inspiration.

Elle ne comprend pas tout. Sa mère semblait maltraitante, et sa chienne… lui a sauvé la vie, visiblement.

—Je suis désolée, Erik…

Ca a été dur à prononcer, comme phrase. A la place, elle se lève aussi et tire une chaise à côté de lui pour lui frotter le bras gentiment, en soutien. Sa mère à elle n’a pas été aussi terrible, mais… une partie d’elle comprend, bien qu’elle n’ait pas eu à subir de coups. Ce sont des choses qui marquent, et qui expliquent peut-être ses craintes, ses insécurités. Son besoin de se référer à quelqu’un, à un senpai, peut-être. C’est pas facile, quand on a grandi en n’arrivant à faire confiance à personne. Lui peut-être pourrait comprendre ce qu’a vécu Lola, là-bas… Et Aylan.

Il en parle, justement. Il a eu cette intuition, qui n’est pas stupide et loin d’être fausse. Ses yeux se baissent un peu, elle acquiesce, sans rien dire.

Elle aussi a envie de dire beaucoup de choses, mais les mots se perdent un peu. Alors elle le laisse finir, puis le serre contre elle, sans rien dire, lorsqu’il termine. Elle a de nouveau un peu les larmes au yeux, comme en miroir — touchée par ses raisons, par le courage qu’il a eu de s’ouvrir, par sa détermination à avancer.

—Tu es pas nul, et ce que tu fais ça a du sens. Être un héros c’est pas toujours botter les fesses d’un méchant, mais c’est aussi faire sourire les autres avec un bon café et des BD. Peut-être qu’il faut que tu comprennes que t’es déjà un peu un héros, avec tout ce que tu fais… sourit-elle doucement, sans le lâcher.

Inspiration.

—Je suis désolée que tu aies vécu tout ça, c’est… c’est horrible. Tu as eu l’air d’avoir une mère horrible. Je suis contente que tu sois là, et que tu ailles mieux… Que tu sois toi, comme ça.

Elle s’écarte un peu pour le regarder et lui redonne le paquet de mouchoirs qu’il lui a passé tout à l’heure. Même si elle a de nouveau les joues humides, mais les larmes sont moins épaisses, bien que son chagrin ne soit pas moins profond.

—Moi je m’entraîne parce que j’en ai envie. Enfin, c’est ce que je faisais avant. Mais j’ai aussi envie de protéger mes amis, et de m’amuser, et juste d’explorer tout ce que je peux… parce que cette magie, c’est si beau, c’est si merveilleux. C’est moi, tout entier, ajoute-t-elle en fixant sa main, puis la referme en la reposant sur la table. C’est ça ce que Terrae m’a donné, c’est un endroit où je pourrais m’autoriser à vivre un peu, à espérer, à avoir des rêves. Me sentir appartenir à un endroit. Et c’est doux.

La Morphe se recule sur sa chaise et fixe un point un peu vague entre la table et le comptoir, serrant ses propres doigts entre les siens. Sa gorge se bloque, mais elle continue, cherchant à échapper au regard d’Erik, à ce qu’il la touche. Le dos droit, tendue comme fil sur lequel on n’arrête pas de tirer.

—Tu sais, à la fin de l’été, Aylan m’a parlé d’une fille qui venait du même endroit que lui. Il était dévasté, et j’ai pas compris tout de suite qu’il parlait du Centre. Mais il… disait qu’il avait été là-bas, qu’on l’a torturé, qu’on l’obligeait à tuer des gens. Et qu’il y avait d’autres enfants là-bas. Qu’il fallait qu’on aille les sauver. C’était dur pour lui, parce que le Centre… (Elle a de nouveau les larmes aux yeux.) Ils l’ont tellement brisé, il a demandé à Ryu de l’hypnotiser pour qu’il puisse nous parler, nous dire ce qu’il savait… c’était horrible. C’était… juste horrible.

Ce petit bout d’homme, brisé et désespéré ; son regard rempli de larmes, sa main minuscule dans la sienne. Elle fixe sa main comme si elle y était encore, ferme les yeux porte ses poings rassemblés à son front, comme une prière silencieuse, mais qui cacherait sa grimace de douleur. Elle reste immobile un instant, un peu tremblante, tâchant de respirer. Finalement, elle se laisse aller dans le fond de son siège, sans pouvoir desserrer ses mains. Tenter garder les morceaux ensemble, à défaut de réussir à les recoller.

—S’il m’en a parlé, c’est parce qu’il m’a vue pendant que je priais. J’ai grandi dans une famille très chrétienne en Espagne, je t’en avais déjà un peu parlé. C’était l’anniversaire de Lola, et j’avais mis quelques photos… C’était horrible. (Elle inspire, panique un peu, se lève et s’écarte d’Erik, puis s’appuie dos contre le comptoir, la respiration plus sifflante, la voix à la fois plus faible et plus aigue.) Lola… c’est une petite fille. Que j’ai eue. Il y a douze ans.

Et ça coule encore, les larmes. Aria fixe le vide, perdue, les yeux tournant doucement au bleu lumineux.

—J’ai été obligée de la garder. Puis de la mettre à l’adoption. J’ai pas eu le choix, parce que ma mère est une salope. (Elle inspire, tremblante.) Elle avait trouvé une f-famille chouette. C’était chouette. Alors pourquoi elle a eu des pouvoirs ? En fait, à quel moment elle a eu des pouvoirs ?? Pourquoi elle a ressenti un Vide, et elle s’est retrouvée au Centre ?? Pourquoi il a fallu qu’elle aille là-bas ? Pourquoi il a fallu que ce soit la même enfant-

Elle s’essuie le nez en reniflant, secouée d’un sanglot. Elle parle de plus en plus vite, poing serré, encore, à s’en faire mal.

—Alors je vais aller la chercher... Parce que j’ai pas le droit de pas y aller. J’ai plus le droit de faire comme si elle existait pas, parce que c’est pas juste. Parce que j’ai promis à Aylan que je lui ramènerai son amie... parce qu'il s'est torturé lui-même pour nous permettre de les retrouver. Parce que si j’avais pas arrêté de merder TOUT LE TEMPS !, si j’avais pris au sérieux une des visions que j’ai eue pendant l’Eclipse, on aurait pu aller les chercher y a trois ans et éviter tout ça.

Puis elle regarde Erik et lève la main vers lui, comme un Stop, la mâchoire à la fois tremblante et contractée :

—S’il te plaît… ne t’approche pas. J’ai pas envie que tu me consoles. Que tu me dises que c’est pas ma faute. J’ai pas besoin d’entendre ça maintenant.

Aujourd’hui, ce n’est pas de compassion qu’elle a besoin ; c’est de partager sa rage.


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##   Ven 27 Jan 2023 - 17:19
Erik Akimaru

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Entendre Aria s'excuser n'avait fait qu'accélérer la montée des larmes jusqu'à mes yeux. Pourtant, je continue de parler. Parce que ça me fait du bien. Parce que mettre des mots sur ce que je ressens, ça rend tout plus tangible. Et ça devient d'autant plus concret, d'autant plus réel quand Aria vient se placer à côté de moi, sa main sur mon bras pour m'accompagner, me réconforter. Me montrer que je ne suis pas seul. Alors je continue à parler, et à parler encore. Elle me tend le paquet de mouchoirs. Je la remercie d'un hochement de tête, les yeux brillants du mélange entre les larmes et la gratitude. Pas à cause du mouchoir, mais des mots gentils qu'elle prononce. Je sais qu'elle a sans doute raison, mais c'est dur d'y croire. J'éclate de rire.

"Bruce Wayne aussi il fait des trucs géniaux la journée. Mais ça l'empêche pas de devenir Batman la nuit. Je souris en reprenant J'te remercie. J'veux faire plus, mais ça fait chaud au cœur de savoir que mon travail est apprécié."

Puis je retiens ma respiration en même temps que mon amie. Et je fais un effort dont je ne me pensais pas capable pour retenir un nouveau flot de larmes. Ma voix tremble quand je reprends la parole, mais je réussi à la stabiliser rapidement.

"C-c'est p-pas ta faute, t'excuse pas. Merci d'avoir écouté. Merci de me voir comme tu me vois. Ça compte tellement, pour garder la tête haute quand ça ne va pas. Je suis content d'être ici, moi aussi."

Je passe ma main sur la sienne, la serrant brièvement, parce que ça vaut pour moi autant que mille mercis. Elle reprend, et j'écoute en hochant la tête, validant ses propos, l'encourageant sans ouvrir la bouche. Puis, sans vraiment crier gare, je sens l'ambiance changer. Peut être que c'est simplement le fait qu'elle ai retiré sa main. Ou alors que son regard soit perdu dans le vide. Je le sais parce que je le suit, préférant ne pas chercher à le croiser quand ça me semble évident qu'elle fuit le mien. Alors quand elle se redresse, je pose lourdement ma tête sur ma main et ouvre grand les oreilles. Et je sens la colère m'envahir. J'avais vu juste. Mais je n'avais pas imaginé une fraction l'horreur qu'Aylan avait vécu. C'est au moment d'instinctivement chercher le regard de la Morphe que je prends réellement conscience de la noirceur de ma colère. De sa violence. Quand mes yeux passent sur mes phalanges, plus blanches que la porcelaine sur la table devant moi. Pourtant, ce n'est rien, comparé à la douleur de ma compère. Ils ont torturé un petit garçon. Qu'est ce que tu caches, derrière ton sourire et tes yeux violets, Aylan ?
Mon regard devient fixe. Chaque mouvement me coûte, parce que la seule chose qui occupe mon cerveau, ce sont les mots d'Aria. Ses émotions. Les miennes, qui les suivent, main dans la main avec les siennes. Puis c'est le dérapage. La sortie de route. Lola ? Sans doute une de ses amies que je ne connais pas. Ou une sœur, une cousine à elle. Pourtant Aylan parlait d'une fille, probablement de son âge si j'ai bien compris. J'ai le temps de comprendre, presque, pendant que la rouquine fuit jusqu'au comptoir. D'assembler les morceaux, les pièces grossières du puzzle, de couper dedans comme une brute pour me préparer à ce qu'elle allait dire. Pourtant, j'étais si loin du compte.
Je savais déjà qu'Aria venait d'une famille catholique, et c'est fréquent que ces gens aient beaucoup d'enfants. Alors je supposais que cette Lola était sa petite sœur. Quelle erreur. Rien que la conclusion à laquelle j'étais arrivé me faisait bouillir intérieurement. Mais là. C'est comme sentir le sol gronder avant une éruption. Ces fils de putes étaient en train de torturer la fille d'Aria. En ce moment même, peut-être. Je ne sens plus mes doigts. Je ne sens plus rien d'autre que la douleur de mon amie. Je la sens dans sa voix, brisée. Dans sa respiration. Dans son regard. Même sa posture. Je suis bien heureux de ne pas être sensitif, là tout de suite. Parce que rien n'aurait pu apaiser Ariana. Et je me sens déjà assez inutile comme ça. J'encaisse, immobile. Je ne peux m'empêcher de rire jaune quand elle insulte sa mère. C'est clair que ni toi, ni moi n'avons tiré le gros lot à ce niveau là Aria. Et là, je perds totalement pied. La douleur d'Aria change. De sourde, pulsative, elle devient sinistre, lancinante. Elle passe d'une hargne féroce à la douleur cruelle d'une plaie qu'on empêche de cicatriser depuis trop longtemps,, de peur qu'elle s'infecte. Toujours présente, Aria-chan. Elle crie. Elle hurle sa haine contre elle même. Je me lève instinctivement, prenant appui de mes poings sur la table.

"..."

Je me fige quand elle érige un mur entre elle et moi. Pourtant, je sens mes poings se desserrer. Enfin. Je me penche au dessus de la table pour attraper ta boisson d'Aria, ainsi que la mienne, quasi vide. Puis je m'approche du comptoir à mon tour, les mains en évidence à hauteur d'épaule, chacune contenant un mug. Puis, contrairement à Aria, je passe derrière le comptoir, posant les tasses devant moi. Je refais une bonne dose de café, que je partage en deux, directement dans nos cafés. Puis je me penche pour attraper la bouteille des grandes occasions. Celle cachée sous le comptoir. Et je remplis nos verres à ras bord.

"J'ai pas fait assez de café, quel maladroit je fais."

Je pousse sa part vers la Morphe. Je ne sais pas si elle en a besoin, ni même envie. Mais je trempe aussitôt les lèvres dans cette parodie d'Irish Coffee. Vraiment une honte de servir ça. Sauf que j'ai pas le temps, ni la patience pour. Je m'enfile une grande gorgée, que je viens aussitôt remplacer par plus de whisky.

"Lola... C'est toi qui a choisit ? Le prénom, je veux dire. C'est joli. Ça doit être une sacrée demoiselle, pour avoir percé la carapace d'Aylan et s'être liée d'amitié avec lui."

Ne m'attendant pas forcément à une réponse, je prends une nouvelle gorgée rapide, avant de continuer, regardant devant moi, pour ne pas croiser le regard de mon amie, de peur de la faire fuir. Ou de me faire mal en y trouvant une tristesse face à laquelle je suis impuissant. Je me redresse, ma main libre dans la poche, avant d'utiliser encore une fois la formulation que j'ai répété plusieurs fois un peu plus tôt.

"Je participe à cette mission pour sauver Lola."

Mais cette fois, je ne pense pas avoir besoin d'expliquer.
##   Sam 28 Jan 2023 - 1:19
Ariana Vicente

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S’il était facile pour elle d’écouter Erik, tout à l’heure, de poser sa main sur son bras, de le serrer contre elle, c’est un peu moins aisé de le laisser faire la même chose avec elle. Cette distance qu’elle prend, ces quelques mètres, malgré sa tentative d’humour qu’elle aurait apprécié en temps normal, ne lui fait ni chaud ni froid. Elle s’est contentée de lui sourire comme elle pouvait… et voilà.

La suite, c’est bon, on la connaît — inutile de décrire ce qu’elle en pense, car tout ça est assez clair. Mais cette colère qui bouillonne en elle, qui la dévore, qu’elle tente de mettre à profit pour se rendre utile, ne pas se sentir emprisonnée dans une attente meurtrière, celle-là, elle se laisse la ressentir. Elle pourrait expliquer longuement toute cette rage qu’elle ressent — qui va de celle d’encore devoir exister à celle de vivre.

Même sans le regarder, elle peut le voir se figer, lentement se redresser, contrôler jusqu’à sa respiration. C’est sorti un peu tout seul, et peut-être qu’elle regrettera de lui avoir dit — mais si elle ne lui dit pas maintenant, c’est Aylan qui le fera un jour ; et elle préfère contrôler cette annonce, se laisser l’opportunité d’accuser le coup. Reprendre un peu de contrôle là où on lui en a jamais vraiment laissé.

Quand elle croise le regard d’Erik, un instant, alors qu’il se lève, qu’il veut venir vers elle, elle peut y lire son trouble, sa colère, sa tristesse, sa compassion. Un instant, Ariana s’imagine que l’éclat de colère qu’il a la concerne elle — ce qu’elle a fait, sa faute, ses manquements. Rationnellement, elle sait que ce n’est pas le cas, mais son coeur loupe quelques battements. Alors il la contourne, et elle reste dos au comptoir, dos à lui, le temps de se calmer. De fermer les yeux, de compter dans sa tête, de poser ses paumes contre ses yeux… trembler. Qu’est-ce qu’il va penser d’elle, maintenant ? Qu’est-ce qu’il doit penser d’elle ?

Mais il ne la juge pas, pourtant. C’est Erik. Erik est gentil, il ne comprend pas toujours ses difficultés, mais il essaie. Il écoute. Il l’a écoutée. Il l’a consolée. Il a vu que ça n’allait pas. Elle ne voulait pas exploser comme ça, ici, mais à force de se côtoyer, et avec l’opération qui approche… Elle inspire et se tourne finalement lorsqu’il lui pose un verre ; elle voit le whisky, le fixe un peu vaguement, puis souris faiblement et tire à nouveau un tabouret pour s’asseoir, prendre une gorgée. Elle grimace, mais en reprend une autre.

—Merci.

C’est tout ce qu’elle arrive à dire, aujourd’hui, ma parole. Et encore, ça va, elle s’est pas excusée dix fois. Elle n’a pas l’énergie pour ça. La rouquine regarde le fond de son verre en ayant une grimace.

—Nan… Nan, c’est pas moi qui ai choisi. C'est ma mère. Lola ça vient de Dolores... ça veut dire douleur. J'ai jamais compris comment on peut appeler son gamin comme ça.

Et elle reprend une gorgée, repose un peu brusquement son verre. Enfin, y a bien une version qui dit que ça vient de Carlota. C'est moins terrible, mais ça ne lui reste pas. Ce n'est pas ce nom-là qu'elle aurait voulu lui transmettre, pas cet héritage.

—Quand j’étais enceinte, je l’appelais Lucia. C’était ma luz.

Ma lumière.

Elle dodeline un peu de la tête — l’alcool monte presque trop vite, ou alors c’est juste son esprit qui est trop confus et abandonne les armes.

—Tu sais, je pense que c’est plutôt l’inverse, vu comme il m’en parle. Que c’est lui qui a ouvert un truc chez elle. … Il sait tellement plus de choses sur elle que j’en saurais jamais, tu imagines ?

Comme si elle vivait dans un autre univers. Elle relève les yeux vers lui, finalement, un peu vidée.

Sauver Lola… Sa gorge se serre, et elle acquiesce, lèvres pincées, sans savoir quoi lui répondre. C’est aussi pour ça qu’elle s’entraîne. Elle n’a rien d’une héroïne, Aria, contrairement à Erik — Erik qui veut faire ce qu’il faut, qui est prêt à sacrifier gros pour participer, simplement se sentir utile, aider. Elle le fait égoïstement, et elle le sait. C’est son caprice, comme si ça pouvait effacer ses fautes et la racheter. Ca ne fonctionne pas comme ça. Elle n’imagine pas un après mission, en réalité ; pas qu’elle s’imagine mourir là-bas, mais une partie d’elle, en tout cas, risque de s’effondrer et de ne plus jamais en revenir.

Il n’y a qu’hier, aujourd’hui, et demain, lorsque la mission débutera ; mais après tout ça, le reste ne sera plus entre ses mains. Finalement, elle sourit, faiblement.

—T’es courageux, Erik.


S'émerveille en #E7654D
##   Dim 29 Jan 2023 - 1:29
Erik Akimaru

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Je ne peux m'empêcher de soupirer d'un mélange entre soulagement et culpabilité quand la Morphe porte enfin l'alcool à ses lèvres après m'avoir remercié. Je me contente de hocher la tête, affichant un sourire timide. Par contre, la tristesse d'Aria quand elle m'explique la raison du prénom de sa fille- Et c'est à ce moment là que je comprends, que je réalise vraiment qu'Ariana est MAMAN ????- me fend le cœur, et vu sa réaction à ma dernière blague sur Batman, je m'abstiens de lui dire que Pain est le meilleur antagoniste de tout Naruto Shippuden. Attends. Aria. Est. Maman. A R I A-E S T-M A M A N. Je regarde mon verre. Vide, déjà. Parce que je vois le fond. Je viens me pincer l'arrête du nez et décide de me resservir quand même, sans café cette fois. Et croyez moi, prendre un whisky one the rocks comme ça, pour un mec qui passe sa vie à faire des cocktails, c'est vraiment que ce qu'il se passe est exceptionnel. Et pas dans le bon sens d'exceptionnel, en l'occurrence. Mon amie. Ma collègue. Ma senpai. Pour la première fois depuis que je la connais, j'ai l'impression d'entrevoir Ariana Vicente, entière. Et en même temps tellement Vide. Tellement triste. Tellement en colère. Je comprends les larmes. Les moments d'absence. Les moments où elle a besoin d'être seule. Et je ne lui en veut pas le moins du monde. Je sais pas si c'était une sorte d'accord tacite entre nous, mais nous n'avons jamais vraiment parlé de la raison de notre présence ici. Par envie d'intimité. Par peur de faire pitié. Par gêne. Parce qu'on a pas besoin de connaître les souffrances de l'autre pour l'accepter comme il est. Pour ne pas déranger, aussi, sûrement. Je n'arrive pas à imaginer ce qu'elle peut ressentir. Je ne sais pas comment réagir. Alors comme souvent dans ce genre de situations, au lieu de ne rien dire, je bafouille.

"Oh je- Désolé. C'est quand même joli, mais ton idée était mieux. On aurait bien eu besoin d'un petit soleil ici, surtout après l'Eclipse."

C'est vraiment plus fort que moi, dire de la merde dans des situations pareilles.

"Tu penses vraiment que tu n'aurais pas l'occasion de nouer une relation avec ta fille ? Il faudra du temps. De la patience. Des efforts. Mais vous aurez le droit à vos moments de complicité. C'est normal qu'Aylan sache plus de chose sur elle que toi. C'est son ami."

J'ai envie de rajouter des choses. Plein de choses. Mais j'ai peur de lui faire mal. De dire des choses qu'elle ne veut pas entendre. Qu'elle ne peut pas entendre, peut-être, même. Pourtant, quand elle me fait un compliment, je perds patience. J'en ai assez de t'entendre te déprécier. Mes doigts se serrent sur mon verre, et je cherche le regard de la Morphe avant de commencer, mais je regarde rapidement ailleurs pour qu'elle ne se sente pas acculée.

"Merci. Je prends le compliment. Aria. Toi aussi tu es courageuse. Ça n'est pas parce que Lucia, ou Lola, peu importe, est ton enfant que ça veut dire que tu n'es pas courageuse. C'est immensément courageux, de faire face à ses responsabilités. Pour une enfant qui a déjà appelé une autre "Maman". Sait elle seulement que tu existe ? Tu as sûrement des attentes, des espoirs quand à votre future relation. Et faire face à cet inconnu là. Je crois bien qu'il n'y a rien de plus courageux. Tu veux l'aider. Tu veux qu'elle puisse revoir son ami. Tu veux qu'elle soit libre. Epanouie. Et tu n'as aucune garantie de participer à tout ça. Mais tu vas risquer ta vie pour elle, pour ses amis."

J'ai froid, soudainement. Sans doute parce que les mots qui suivent me terrifient.

"Réveille toi, Aria. T'es pas bien. Et c'est normal. Ce que je viens de dire, c'est pas que Lola te déteste. Ou qu'elle t'en veut. C'est que t'es pas dans sa tête. Que t'as déjà bien assez à gérer avec tes propres émotions, inquiétudes et traumatismes. Ta grossesse. La réaction de ta mère. L'adoption de ton bébé. Ça n'est pas des choses que tu peux changer. C'est fait. Si tu veux participer à cette mission. Si tu veux la sauver. S'il te plaît, Aria. Fais le pour lui offrir un avenir. Pas pour effacer le passé. Parce que si tu veux faire partie de sa vie, en revenant- Je m'humidifie les lèvres avant de continuer -il faut que tu sois toujours capable de sourire."
##   Lun 30 Jan 2023 - 12:33
Ariana Vicente

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Le goût de l’alcool et du café mélangés n’est pas très agréable, ni très réconfortant ; c’est presque une punition qu’elle s’inflige, mais aussi parce que ce sera plus simple à supporter. comme ça. De cette manière-là. Elle laisse le temps à Erik de comprendre ce qu’elle lui a dit, et observe sa rage, sa triste, puis l’incompréhension et finalement la surprise — la panique, presque — dans ses yeux. Elle ne réagit pas trop aux différentes blagues d’Erik, pas parce qu’elle ne les trouve pas drôles — en fait, si un peu — mais parce qu’elle se sent comme coupée de ses émotions, d’un coup. Elle ne veut pas rire et s’y refuse en cet instant. C’est pas grave, elle ne lui en veut pas ; qui saurait comment réagir dans une situation pareille ? Peut-être qu’elle aimerait juste qu’il arrête de parler, qu’il arrête d’essayer de la convaincre qu’elle est une bonne personne, là où elle est persuadée d’être tout l’inverse.

Malgré tout, elle sourit quand même, parce qu’elle espère que Lola l’aurait été, ce petit soleil qu’il décrit. Mais ce sourire s’éteint — il se fane, puis se crispe. Elle respire lentement. Nouer une relation avec sa fille ? Non. Elle ne l’a pas envisagé. Elle l’espère, mais qu’est-ce qu’elle peut faire ? Lui dire : bonjour, je suis ta mère ; tiens, je vais faire partie de ta vie maintenant que tes parents sont morts. Alors elle détourne les yeux, blessée et agacée, sourcils froncés, se retenant de répliquer immédiatement. Elle ne disait pas cela à propos d’Aylan car elle en est jalouse — mais elle ne l’a tenue que quelques minutes au plus dans ses bras. Elle se souvient à peine de son visage, et pourtant ce moment est gravé dans sa mémoire à jamais. Mais c’est tout ce qu’elle a d’elle — ça et quelques photographies.

Bien sûr qu’il faudra du temps et des efforts, mais est-ce que Lola voudra seulement entendre parler d’elle ? Et elle, arrivera-t-elle seulement à lui parler ?

—Peut-être… Je sais pas.

Elle se referme. Et après ça, elle le complimente, dit un truc ou deux, puis ne dit plus rien. L’entendre prononcer le prénom Lucia lui donne envie de lui jeter son verre à la gueule. C’est pas son prénom — et Lucia, ça lui fait presque plus mal que Lola, parce que ça n’existe pas et ça n’existera jamais. Lola elle existe. Et personne, personne à part elle n’a le droit de l’appeler comme ça. C’est son secret. Son enfant, ce bébé qu’elle a portée. Sa souffrance à elle, sa lumière à elle.

—Erik, arrête, elle finit par lâcher entre ses dents, après l’avoir laissé parler beaucoup trop longtemps à nouveau.

Il ne dit pas des conneries — au contraire, c’est tout à fait vrai. Elle a des attentes, même si elle essaie de ne pas en avoir. Elle a des espoirs, des doutes, des craintes, des peurs. Elle l’imagine d’une certaine manière, mais cet imaginaire est déjà complètement balayé par les mots d’Aylan. Et elle ? Et elle, est-ce qu’elle voudra seulement d’Aria ?

Evidemment, qu’elle va pas bien. Evidemment qu’elle est pas dans la tête de Lola. Elle a de nouveau des larmes qui coulent, et elles sont encore plus amères, celles-là. Amères et salées.

—Je sais pas pourquoi je le fais, mais je le fais parce que je sais qu’il faut que je le fasse. Les raisons, on s’en fiche.

Ses lèvres tremblotent. Capable de sourire…

—Je sais pas si j’ai envie de faire partie de sa vie. Je sais pas, et j’ai peur. J’ai pas envie de savoir. C’est pas à moi de décider ça.


Elle repense à nouveau à la phrase qu’Ys lui a dite, un peu avant de partir de Terrae, pour tuer tous ceux qui la menaçaient… Elle se la répète souvent, dans sa tristesse, dans sa rage, dans son désespoir. Un jour, ton monde de bisounours va s’effondrer, Aria. Il s’effondrera peut-être demain, comme il s’est déjà effondré. Elle ne sait pas comment tout ça va la changer.

—Si toi tu te sens capable de sourire en revenant, on en reparlera. Moi, pour le moment, je vais au moins essayer de survivre à tout ça.

Après l’opération, pour elle, ça n’existe pas. Hier n’est plus, demain n’est pas encore ; elle ne peut que vivre dans le présent, hantée par des regrets qu’elle préfère taire.

—Tu es gentil. Je sais que tu veux me consoler, me secouer… Là j’ai pas besoin de ça. J’ai pas envie de ça. Je suis pas roulée en boule dans mon coin… Je fais les choses qu’il faut. Mais tu as raison, je peux pas tout… anticiper. J’arrive pas, en fait. (Elle boit encore.) C’est pas grave. Tout ça… ça va finir par passer. Y a des moments où je gère.

D’autres un peu moins, c’est tout.


S'émerveille en #E7654D


Dernière édition par Ariana Vicente le Mar 31 Jan 2023 - 0:53, édité 1 fois
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