Elle ne glousse pas très fort, mais elle glousse longtemps, un peu rouge.

—Il en serait capable. Tu sais pas. Peut-être que c’est un piège ! Mais je sais pas quel genre de piège il serait capable de te tendre en te ramenant chez moi…

Et puis Aria ramène tout le matériel auprès de Luna : les tasses, le plaid, la bouillotte. Elle fait plusieurs aller-retours, et aide Luna à s’emmitoufler correctement après lui avoir bazardé la couverture dessus. Elle se colle un peu à la Titan quand elle lui passe la couverture sur les épaules, et en referme les pans pour ne pas se manger un vilain courant d’air.

La rouquine observe son amie, d’un peu près vu la position, et sourit lorsqu’elles échangent le joint. Tranquillement, appuyée à moitié contre le rebord de la fenêtre et à moitié contre Luna — solide, ferme — elle prend son temps pour le savourer, pour se détendre, pour oublier ses soucis. Puis elle lui rend, l’observe longuement porter l’objet à ses lèvres, et sourit.

—Hmhm. Ca marche. J’ai assez chaud, là. C’est bien contre toi comme ça.

C’est bien. C’est bien parce qu’elle est pas toute seule, que Luna est là et chouette, que, tranquillement, les taffes qu’elle prend la font fondre un peu plus. Elle pose sa tête sur l’épaule de Luna, jouant de ses doigts sur sa propre tasse, le regard se posant tantôt sur l’extérieur, où les étoiles sont peu nombreuses à cause de la pollution lumineuse de Tokyo, tantôt sur son visage, tantôt sur son bras — celui qui brille, là, par-dessous la couverture.

Pendant un moment, elle ne dit rien — elle essaie de reconnaître les quelques constellations qu’Allen lui avait apprises, à l’époque, quand ils parlaient beaucoup à l’observatoire. Elle se demande si c’est un endroit qui plairait à Luna, si elle l’a déjà visité. Peut-être. Elle est un peu hors normes, Luna — et en même temps, même pas vraiment bizarre. Ce serait l’hôpital qui se fout de la charité que de dire le contraire. Ce n’est pas non plus qu’à cause de son bras — c’est juste. Elle sait pas trop. Elle est directe, pragmatique — bon, elle est Terre quoi. Mais là, c’est rassurant.

C’est sûrement ce dont elle avait besoin, ce soir, quelqu’un de pragmatique avec qui se poser.

Lentement, Aria tend la main vers son visage et attrape délicatement une mèche de cheveux. Elle joue avec un peu.

—Dis, tu utilises quel shampoing ?

__–Vous savez, c’est quand-même pas mal bizarre.
__–Sans déconner, je pensais pas atteindre un jour le stade de maturité où je pourrais être là, posée avec une meuf aussi fraîche qu’Ariana, collées l’une à l’autre, se passer le bédo, jouer avec nos cheveux, profiter du silence et de la compagnie de l’autre, mais sans spécialement que j’aie envie de la niquer.
__–Enfin.
__–Enfin, si, bien sûr que j’ai envie de la niquer, mais j’ai encore plus envie qu’elle décide si oui ou non elle en a envie une fois qu’elle aura toute sa lucidité et sera capable de prendre la décision. J’veux dire moi y’a pas d’enjeu, si on me demande, je vais pas dire non hein, même si la dirlo m’appelle en mode « viens on fait un plan à trois, j’ai envie de mettre un peu de piment dans ma vie de couple », je lui répondrai, « je passe à partir de quelle heure ? » Par contre, là, c’est ma pote quoi. Déjà, je trouve qu’elle me mérite pas et que, genre, c’est un énorme privilège de pouvoir traîner avec une nana aussi incroyable.
__–Qui regarde les étoiles. On en voit pas beaucoup, avec la pollution visuelle de Tokyo. Une fois je suis allée sur une propriété, en pleine campagne, un peu loin de la ville… Ne me demandez pas pourquoi je n’en parlerai même pas devant un juge, et, ouah. Quand t’as grandi et vécu tout le temps dans la même ville, tu vois tout le temps, genre, une démo gratuite de ce qu’est le vrai ciel. Et là j’avais un aperçu du vrai truc. La vérité je suis restée une heure juste allongée dans l’herbe à mater ces beautés. Le genre de truc qu’Ariana pourrait faire, tiens. Ce sera un truc à s’organiser ça, une sortie au milieu de nulle part. Si possible vers l’équateur, j’suis sûre elle connaît par cœur le ciel de l’hémisphère nord, je lui montrerai un peu le mien.
__–Ah et ouais elle m’a posé une question.
__–« Euh, j’en utilise pas… Enfin je les lave hein, je fais ça au bicarbonate et au vinaigre blanc. C’était pas vraiment… dans mes moyens, les produits que t’as en bouteilles colorées là et je comprends rien à tout ça t’façons. Je mets un peu de gel d’aloe vera, aussi. Que je fais pousser et extrais moi-même. Si t’en veux, un jour, tu me demandes. En vrai, avec un peu de sucre dans de l’eau chaude, deux bonnes cuillers, c’est pas mal aussi. »
__–Ah, ça me donne une idée, ça.
__–« T’sais quoi, nan, j’vais pas t’en donner, mieux, j’vais te l’échanger contre des conseils mode. »
__–Ouais parce que clairement, je suis manchote sur ce point aussi et avec Ariana je serai entre de bonnes mains. Ah. Ah. Ah.

Un peu perdue dans ses pensées, Ariana joue avec les cheveux de Luna. Elle a envie de lui faire un massage sur la tête, mais la position n’est pas vraiment adéquate pour ça. Et ce serait un peu bizarre peut-être, mais qu’est-ce qui peut être plus bizarre que l’embrasser par inadvertance ? Hmng. Peut-être que si elle le fait correctement la prochaine fois, ça passera mieux. Elle s’imagine un peu, puis rougit un peu en se demandant pourquoi elle pense à ça, d’un coup. Alors à la place, elle essaie de se concentrer sur ce que lui dit Luna, curieuse de ses secrets beautés. Après tout, ce n’est pas un type de cheveux qu’elle connaît bien ; Luna doit mieux s’y connaître qu’elle. Elle respire encore son parfait… Hm, ça doit être l’odeur de sa peau, alors, en fait. Ou l’aloe vera. Aria lui lance un sourire.

—Oh bah avec plaisir ! (Elle rit encore.) De quel genre de conseils tu as besoin ? Tu es bien comme ça.

Enfin, même si elle saurait comment la mettre encore plus en valeur, elle a plein de jolis vêtements qui lui iraient. Avec sa peau, la forme de son visage, ses cheveux, sa morphologie,… C’est facile pour Aria, c’est naturel. Parfois, elle se dit que c’est tout ce qu’elle sait faire, alors elle est heureuse quand ses amis lui demandent de l’aide. Alors elle se redresse, s’appuie un peu contre le rebord de la fenêtre et sourit en coin.

—Si tu as envie à l’occasion, j’ai plein de vêtements que je voulais vendre. Et si tu veux quelque chose de spécifique, je peux te le faire sur-mesure aussi ! J’ai juste besoin de tes mensurations… En plus avec les biceps que tu as, je suis pas sûre que les tailles uniques t’aillent au niveau des bras, rit-elle en tirant gentiment sur le tissu au niveau de son biceps.

Oh, elle ne dit pas qu'elle va le faire maintenant, ça risquerait de les mettre mal à l'aise toutes les deux. Enfin... Quoique ?

__–Résiste, Luna.
__–Je sais que c’est tentant de répondre « c’est l’amour qui te rend aveugle », mais putain de bordel de merde, résiste.
__–Non parce que, si je le fais, même pour la blague, même si elle saisit tout de suite que c’est pour la blague, tout est déjà tellement ambigu, est-ce que c’est vraiment utile d’en rajouter ?
__–Et heureusement, elle change pas de sujet. Oui je sais c’est pas courant.
__–« Ah ben ouais, carrément, je note. Après stuveux, mon problème, c’est plutôt que, euh… Ben en vrai j’ai genre, aucune idée de comment on se sape bien… »
__–C’est un peu chaud à expliquer, peut-être que j’ai un peu honte, peut-être que j’assume pas trop… Enfin, c’est Aria, merde quoi, c’est bon, je peux parler tranquille.
__–« C’est que tu sais, à Manaus, on était pas super riches, les fringues c’était pas vraiment ma grosse priorité quoi. Et puis, si j’achetais un vêtement… ou le volais, il devait me servir quand il faisait sec, quand il faisait humide, quand je faisais de la moto, quand je sortais dans les bars, quand j’allais… Je sais que son meilleur pote c’est Nico elle connaît les bails, mais pas de détails non merci. Faire des trucs avec mon calibre et les mecs quoi, donc euh… Ouais, c’était clair pour tout le monde que j’étais une meuf, et on me le rappelait et je leur rappelait que j’avais pas de couilles et eux si d’un bon coup de pied dedans… Mais du coup, pour moi, des gens stylés à qui j’avais envie de ressembler, c’était pas des actrices ou des meufs dans des magazines, ou sur Insta ou même juste des nanas que t’as genre dans les quartiers où j’traînais que pour vendre de la poudre et qui quand elles se sapent c’est que pour être belles quoi. Enfin si, y’avait les putes, ou les meufs des mecs, mais c’était pas pareil, il fallait au contraire que je ressemble pas à elles. Même si des fois, les mães, tu les regardais pas dans les yeux, tu leur manquais pas de respect, sinon elles avaient pas besoin de leur mecs pour t’envoyer dans le Rio Negro avec un trou dans le bide comme le petit Jésus hein, mais elles faisaient pas des trucs. Nan, les gens à qui j’avais envie de ressembler c’était plutôt des types, des mecs quoi, parce que j’étais une des seules nanas à mettre un falzar, un calibre et tu m’touches t’es mort… bon pas vraiment mort mais pas loin. Les autres nanas où j’étais là en mode ; ouah elles ce sont des bonhommes, bah elles étaient en fut, en veste et même des fois en cravate quand elles avaient du pognon. »
__–Ah bah je m’attendais pas à parler autant. Ça me fait bizarre, d’habitude j’évite de trop en dire, surtout sur ma folle jeunesse. D’il y a trois ans, un peu plus un peu moins.
__–« Non ’fin voilà quoi. Puis en vrai fais pas genre, toi aussi t’es bien stock, j’suis sûre tu te couds les trois quarts des trucs que tu te mets. »
__–Puis moi aussi j’peux te palper le bras, oh.
__–… Okay, elle m’a pas vraiment palpée, d’accord, c’est vrai, mais, euh, merde quoi.
__–« À l’occasion genre maintenant ? »
__–Oui parce que même pas en rêve j’allais louper une occasion de me mettre à poil en sa présence. Rien faire une fois à poil… Enfin… Rien faire qui implique des muqueuses on va dire, ça oui, mais nan ça va, roooh. Ça compte même pas, c’est pour des vêtements, c’est genre ma styliste attitrée, comme dans les films d’époques là, avec les têtes couronnées et tout.
__–… Vous savez quoi, oubliez ce que j’ai dit sur l’ambiguïté et tout ce baratin sur est-ce que c’est utile d’en rajouter.

L’ambiance est posée, Aria continue à observer Luna en biais, un sourire aux lèvres, l’écoutant tranquillement. Elle a l’air toute gênée, d’un coup, et finalement elle comprend bien pourquoi. La rouquine incline la tête, absorbant l’information, touchée qu’elle parle un peu de sa vie d’avant Terrae. C’est souvent très secret pour chacun, et être en capacité d’en parler est une marque d’affection et de confiance importante, selon elle. Pas qu’elle se sentirait capable d’en faire autant, cela étant. Mais elle retient les informations importantes, acquiesçant parfois légèrement, juste suffisamment pour lui faire comprendre qu’elle suit ce qu’elle lui dit.

Ca ne la surprend pas vraiment d’apprendre que Luna était dans un gang, et ce n’est pas la première de ses amies qui a évolué dans ce type de milieux ; ça lui donne un petit frisson, parce qu’elle repense au Centre et à Aylan, et à Lola, mais elle repense vite à Nicolas, et Jérémy, et Tina, et Elwynn… Elle les admire beaucoup pour avoir réussi à survivre à ce genre de vie-là, et même si elle ne peut pas comprendre tout ce qu’ils ont vécu, elle ne les juge pas pour ça. C’est habituel, maintenant, une partie de sa vie.

Elle sourit néanmoins en se disant que c’est peut-être ce côté fort qui a amené Luna vers son pouvoir de Titan. On a tous un peu un lien avec la magie qui finit par nous habiter, ça a souvent un sens, au moins un peu — enfin, elle ne ferait pas de généralité, mais c’est sa croyance en tout cas. Elle rit quand elle lui dit qu’elle matait les mecs qui essayaient de la prendre de haut, et ses yeux brillent un peu en imaginant la scène. Trop classe. Elle imagine les fringues, elle imagine les scènes d’action, elle l’imagine avec des lunettes de soleil et veste en cuir sur fond d’explosion type Michael Bay.

Hm, on se concentre. Elle se tait jusqu’au bout, ne l’interrompt pas. Elle comprend un peu mieux ce lien aux vêtements qu’elle peut avoir — quel style avoir, quand jusqu’ici le style est un costume que l’on met, pour renvoyer sa classe sociale ou plus simplement son rôle dans la société ? Evidemment, une prostituée ne s’habillera pas de la même manière qu’une des copines des gars, et évidemment si Luna essayait de se faire une place, elle n’aurait peut-être pas pu le faire en se sexualisant à outrance. Ca lui en apprend étrangement beaucoup sur elle ; ça lui apprend aussi qu’elle a l’air un peu paumée dans son identité. Elle n’a pas besoin de conseil, Luna, à part peut-être celui de porter ce qu’elle aime pour elle, pas pour renvoyer une image aux autres.

—Ca doit être trop intimidant comme milieu, t’es super courageuse ! T’en as vécu, des tas de trucs… Après, tu sais qu’ici tu as pas besoin de t’habiller d’une certaine manière, hein ! rit Aria. Fais déjà comme tu as envie, et… Si tu as envie de tester des choses qui te plaisent, c’est ça l’important. On pourra regarder ensemble une fois, si tu as envie. Quand on se cherche, il faut s’autoriser à essayer plein de trucs, même des choses où on se dit que ça passerait pas… Noter des styles. Des éléments de styles. Par exemple, il y a peut-être des choses chez ces filles dont tu me parlais, ou ces mecs, et que tu aimerais porter, ou essayer. Et puis ça peut se moduler… elle sourit encore, pensive. Je sais pas, tu as envie de ressembler à quoi ou à qui, aujourd’hui ?

Puis elle rougit et lui tire la langue.

—Eh, j’y peux rien, je m’entraîne beaucoup pour la mission !! Sinon j’arriverais pas à porter l’équipement… Et j’ai pas envie d’être un poids.

Mais parlons d’autre chose, voulez-vous ? Luna lui propose maintenant. Maintenant ? Elle rit fort, ça lui échappe un peu.

—Maintenant ?! Oh bah si tu veux… Il faut que je cherche mon matériel. Je te laisse fermer la fenêtre quand tu as fini de fumer ?

Aria se décolle un peu de Luna, difficilement au vu de la torpeur dans laquelle elle était jusqu’ici, et s’étire un peu en sortant de sous le plaid, les joues bien rouges. Elle enlève son petit gilet pour dévoiler ses bras, puis se contorsionne un peu pour atteindre l’arrière de sa robe et geint :

—De toute manière j’ai un peu chaud, et faut que je me change pour crapahuter… Tu peux m’ouvrir la robe s’il te plaît ? La tirette est derrière, j’arrive pas à l’atteindre.

Bon, voilà, c’est… stupidement long pour quelque chose de longuement stupide.



__–Han.
__–En vrai, vous savez, ça me touche. Les rares, genre, très rares fois où je parle de cette partie de ma vie, j’ai généralement des remarques un peu bateau, je saurais pas en reproduire là comme ça parce que ça rentre par une oreille et ça sort par l’autre. Après, bon. Ariana fait un peu ça. Genre, je me sens pas du tout courageuse. Pas du tout. Ma mère, elle est courageuse pour en être sortie dès que possible. Et j’ai pas vécu des tas de trucs. Enfin, rien de racontable, quoi. Rien dont je pourrais me dire, « ça a foutu des séquelles sur ma vie dont je me serais très bien passée, mais je vais transmettre ce parasite qui vit dans ma mémoire à d’autres personnes ». Non. J’ai qu’une seule envie, c’est que toute cette période, tous ces gens, tous ces actes, tous ces moments, meurent à tout jamais, disparaissent. C’est déjà assez chiant qu’ils doivent survivre en moi, c’est pas pour qu’ils vivent dans d’autres, à travers d’autres. Il y avait des bons moments. Il y avait des gens que je respectaient. Mais c’est pas un tableau comptable où on regarde le bon et le moins bon. Et ceux que je respectaient le plus, diraient pareil que moi là.
__–À part ça, elle donne des bons conseils. Ça me fait un peu marrer, quand j’y pense. Me saper comme les caïds ou leurs nanas ? Wah. Le délire quoi. Vous imaginez, faire la belle dans les rues de Manaus, en mode regardez-moi, je suis plus une gamine au pif qui vit sous un toit en tôles, je suis installée, j’ai une affaire légale, une famille, un chien, des employées, des relations chez des gens importants (oui les masters ça compte), je suis pan et je l’assume publiquement mais vous pouvez pas m’toucher si vous tenez à vos doigts et tout l’bordel.
__–Huh.
__–En vrai, je crois que je me le serais jamais autorisée si on m’avait pas dit, vas-y c’est bon tu peux le faire.
__–Alors, je lui réponds, direct :
__–« À Paola Castro. »
__–Ok, je vais devoir expliciter. Petite infraction à ce que j’ai dit avant, mais si c’est pour elle, ça va.
__–« C’était une meuf… Déjà avec un nom pareil, c’était tout tracé… Bon si tu veux, c’était un peu… la guerre des gangs et… j’étais pas dedans, mais tout le monde suivait le truc… Y’a le Comando Vermelho qui s’est pointé et a commencé à démonter la Familia do Norte, qui tenait Manaus avant ça, tu vois. Et alors, t’avais cette nana, Paola Castro, c’était la meuf d’un lieutenant rouge. Et quand je dis rouge, je veux dire… rouge, genre avec un portrait de Lénine dans leur salon, tu vois…? Bon et bref, c’était une malade cette meuf. Elle avait sa tenue de guerre. Quand elle devait se montrer, on la voyait. C’était tout un rituel. Des grosses bottes noires, un futal de moto genre cargo noir avec des chaînes et tout, un gilet en cuir noir sans manches avec un haut rouge et un pin’s triangle rouge sur le torse, t’sais. Qui brillait, mais de malade. Ouais, peut-être que je pourrais copier ça mais sans le canon scié qu’elle avait à sa ceinture… Mais dès que je la voyais, et j’étais gamine genre, collège, ouais, je me disais que être comme elle, ça m’irait bien. Je les ai jamais rejoints pour de vrai, le Comando, parce qu’il faut être dingue, mais ils faisaient partie du paysage que j’aimais bien visiter, quoi. »
__–J’parle trop c’est chaud, j’vais la gonfler. Enfin j’ai pas l’impression.
__–Et puis, en plus, après la mission, je serai sans doute digne de ressembler à Paola. J’aurai défendu ma communauté, avec ma vie dans la balance. J’aurai aidé à sauver des gamins d’un gang rival. Ouaip. Après comme elle dit, Ariana. ’faut pas être un boulet. Et revenir.
__–« Hé, pour l’instant, les poids tu les soulèves. »
__–Je reprends une taffe après cette réplique hautement philosophique.
__–Ariana bouge, vire son gilet. (Ses bras, bordel les gens, ses bras, j’vais pas baver ça ferait désordre, mais pas loin.)
__–… Ses bras trop courts en fait.
__–…
__–Uh.
__–OUI. T’ES PAS LA SEULE À AVOIR UN PEU CHAUD, T’INQUIÈTES.
__–Ah ça, c’est pas l’Eau de service qui va devenir liquide.
__–« Euh, ouais, attends. Je. J’arrive. »
__–Alors, euh. Euh. Euh. Euh. Je. J’éteins ma taffe. Ferme la fenêtre.
__–Attendez mais c’est quoi le plan, là ? C’est quoi sans déconner ? Je la désape ? Jusqu’où je fais descendre sa robe ? Non, attendez, est-ce que je la fais descendre tout court ? Je peux la toucher ? À quels endroits exactement ? (Alors, vous allez rire, mais j’ai jamais retiré de robe à fermeture éclair – qu’est-ce que ça peut bien être ça, une tirette, la puce a déconné j’crois – à aucune nana de ma vie. Bah oui, on l’oublie mais j’étais hétéro avant d’arriver à Terrae.)
__–Du couuuup j’ai proprement aucune idée de comment on fait, mais, euh. J’imagine. Qu’il faut. Tirer dessus ?
__–Du coup je. Bugue un peu devant son dos. Place la main gauche sur sa nuque. Genre, doucement. (Et la droite ça allait faire un peu froid.) Me concentre à mort pour contracter mon pouce et mon index et arriver à saisir la fermeture éclair. Tire lentement parce que, c’est avec ma main en métal là, pas envie que le p’tit bitoniau de métal me glisse entre les doigts ou que je l’arrache à forcer comme une mala—
__–Ah.
__–denisbrogniart.gif
__–Okay.
__–« Ah, tiens, Moi non plus j’aime pas en mettre, j’suis pas confortable avec. »
__–Discussion tout à fait normale entre deux meufs, hein, même si elles veulent pas niquer, hein ??? Et discussion normale entre deux meufs, même si elles veulent niquer, hein ???
__–J’arrive jusqu’en bas.
__–ET MAINTENANT JE FAIS QUOI.
__–Bon ben, euh. Ce qu’on fait toujours dans ces cas là : on demande.
__–SAUF QUE.
__–Si elle a pas besoin de mon aide. (Et elle sait pas que je sais pas si elle a besoin de mon aide pour la suite ou pas.) Elle va se dire, oh bah ça alors, Luna me propose de me désaper alors que j’en ai pas besoin, c’est donc qu’elle veut me désaper pour de toutes autres raisons et il y a pas dix milles raisons pour lesquelles on retirerait les sapes de quelqu’un qui nous a embrassé un peu plus tôt dans la soirée.
__–SAUF QUE.
__–J’ai. Hm. À la fois très envie que ça arrive, hein. Parce que, euh, héo, c’est Ariana, elle est super fraîche.
__–Et en même temps. Ça fait. Longtemps, Que je résiste. Que j’essaie très, très dur d’être la meilleure amie du monde. De pas abuser d’elle. De rien suggérer dont je serais sûre qu’elle serait… pas… ok… et… attendez. Je viens de me rendre compte d’un truc.
__–« Hé, tu veux que j’enlève le reste ? »
__–Je me plante peut-être complètement, hein. Mais, au pire, je peux toujours lui dire stop si je sens qu’elle est toujours trop défoncée pour pas regretter plus tard. Et donc. Je me plante peut-être complètement. Mais si, depuis le début, elle était pas gênée avec le contact physique prolongé au point de me bécoter oklm et sans aucune raison. C’est qu’elle ne doit pas trop l’être dans l’absolu et que un peu de tension sexuelle pour déconner, ça doit pas la mettre mal à l’aise.
__–Aloooooors…
__–On tente le coup, hein ?
__–Est-ce que j’y réfléchis trop ?
__–Ah mais, si j’étais payée à la connerie sécrétée par mon cerveau, c’est pas d'un lieutenant que je m'inspirerais pour mes fringues mais du chef de toute l'orga.

Aria a un sourire quand Luna lui parle de cette fameuse Paola. Avec un nom pareil, elle s’imagine déjà une caïd, et effectivement… Aha. Elle contient un rire silencieux, s’appuyant contre la rambarde pour observer son amie qui lui parle de cette meuf. Meuf sur laquelle elle devait largement baver, malgré son jeune âge, si vous voulez son avis. Tenue de guerre, carrément, woah. Elle imagine, et finalement, Aria se dit qu’elle comprend pourquoi une Luna au collège serait en capacité de se cacher derrière un mur en rougissant pour l’observer. … Est-ce que c’est ce que lui a dit Luna ? Pas du tout, mais c’est ce qu’Aria a entendu et retenu.

—Hyper coool… commente Aria alors que Luna lui décrit son apparence. Elle devait être trop impressionnante, woah. T’aurais envie de tester des trucs un peu similaire ? Les grosses bottes, le cuir,… rit-elle.

C’est marrant, elle se dit que ça lui irait bien. Parfois, certaines personnes arrivent à être ultra féminines dans des vêtements purement masculins — il suffit de voir Elwynn par moments — et pour Luna… Ouais, ça collerait bien. Ca lui rappelle un peu ses années punk, en plus. Oh, j’en parle beaucoup de ces années-là, mais ce n’est pas le meilleur souvenir d’Aria. Pas qu’elle n’aimait pas ses amis, mais elle fumait et buvait un peu trop, et c’est là qu’elle est tombée enceinte, alors forcément elle n’aime pas trop évoquer le sujet. C’est un peu l’ultime erreur de jeunesse, la source de sa honte. Ca lui manque, parfois, cette défiance qu’elle pouvait avoir, le chaos qu’elle créait dans sa petite famille bien catho de merde, quand elle a commencé à se rebeller et à dire OUAIS JE PEUX PARLER FORT, JE ME TAIRAIS PLUS. Elle aurait sûrement dû aller jusqu’au bout, mais sa mère s’est assurée de la mater — et c’est peut-être pour ça plus que par croyance que sa mère l’a obligée à garder Lola. La garder sous contrôle, à la maison, à nouveau. T’es fragile — reste à la maison. Tu veux qu’on te juge ? Tu veux qu’on te pointe du doigt ? Tu veux que tes amis, TOUS tes amis te rejettent ? Alors reste à l’intérieur. Cache-le. Repens-toi, parce que là t’as déjà trahi ton Dieu.

Ouais, parlons d’autre chose, ça devient trop amer pour elle. Elle éclate de rire. C’est vrai qu’elle les soulève un peu, tout compte fait… C’est pas une honte, mais on lui a toujours dit que c’était pas très féminin les muscles. Pourtant, elle, elle aime bien, surtout sur les femmes. Bon, les mecs aussi, hein, mais une femme musclée hmmmmmng ça a une petite place spéciale dans son coeur… (Non parce qu’elle aime bien quand on arrive à la soulever, quoi. Soulever dans les bras. Hm.)

Enfin, la suite on la connaît : Aria commence à se déssaper au calme et demande un peu d’aide à Luna. Elle peine, faut dire ; elle arrive même pas à trouver l’attache de la fermeture éclair et grommelle un peu dans son coin. Elle pousse un soupir de soulagement et lance un regard un peu désolé et gêné à Luna, puis rassemble ses cheveux pour les soulever et dégager sa nuque.

—Je mets jamais de bouton pour fermer mes robes à l’arrière, sinon je peux jamais les enfiler ou les enlever toute seule, c’est trop embêtant. Celle-là, j’ai placé la fermeture éclair un peu trop haut… (Elle commence juste au dessus de ses omoplates.) C’est joli mais je suis obligée de m’allonger les bras avec mes pouvoirs pour l’ouvrir aha.

Ca devient un peu gênant, donc elle parle en même temps. Elle sent qu’elle a encore plus chaud, et le contact de la main de Luna sur sa peau est… aussi un peu froide, le courant d’air de l’extérieur l’a rafraîchie. Un frisson remonte le long de sa colonne, mais elle reste bien tranquille pendant que Luna ouvre la robe. Et puis… Aria comprend pas trop de quoi elle parle, mais elle est soulagée de sentir faiblir la pression de la robe fermée sur ses épaules. Elle les roule un peu avec un soupir satisfait. AH !!! Si elle a compris.

—De quoi, soutien-gorge ? Oh je comprends, j’en mets pas souvent, ça me fait mal au dos !! Puis la majorité des tissus que j’ai sont doublés ou assez épais, ça se remarque pas trop vu que j’ai quasiment pas de poitrine. L’avantage, hihi. C’est plus embêtant en été, ça se voit plus, mais j’essaie de pas faire attention ; si ça gêne les gens, c’est mieux qu’ils regardent ailleurs…

Elle dit ça en jetant un coup d’oeil vers l’arrière et observer le visage de Luna, figée dans une espèce de, euh, expression. Laquelle ? Aucune foutue idée.

Puis du coup son regard accroche celui de Luna, qui a toujours sa main sur sa nuque, toujours son autre main sur la fermeture éclair de la robe, et elle rougit fort. Elle souffle, à la fois embarrassée et sans hésitation :

—Si tu as envie, tu peux.

Y aura pas grand-chose de plus à enlever que la robe, son collant et son sous-vêtement, par contre.



EDIT HRP : À partir de là, y a mention de fesses, nudités et câlins, mais c'est pas trop osé j'crois. (.... j'crois, dites-moi hein-)

__–« Ouais, la poitrine. En vrai j’en ai pas beaucoup non plus, mais t’façons, tu m’connais hein. Si quelqu’un regardait alors qu’il devait pas, il voyait d’un coup ma main droite puis le sol. »
__–Au bout d’un moment, on te cherche plus.
__–Pas tellement parce que tu fous des claques. Ça marche pas bien, ça. Imagine si le mec en face il s’énerve ? Est-ce que t’as vraiment envie d’une baston parce qu’il a maté tes formes ? Franchement. Mais, si tu te faisais respecter, c’était en général parce que tu t’étais faite remarquée et qu’un caïd avait dit, personne la touche. Parce que t’étais bonne, souvent… Ou dans mon cas, parce que je lui faisais 150 000 réaux en une nuit de livraisons et le triple en pari lors des courses, parce que j’avais déjà pointé mon calibre sur des connards qui lui devaient du fric, parce qu’on m’a déjà vu boire des bières avec lui et ses potes à un de ses barbecues. Et à partir de là, quand je fous des claques, personne les rend. Déjà, les mecs étaient contents de s’en sortir avec que ça.
__–Bref.
__–Niquer.
__–Enfin non pas encore.
__–Je suis.
__–Extrêmement.
__–Concentrée. C’est qu’il y a zéro le droit de se planter en fait là.
__–Je fais glisser sa robe le long de ses épaules. Pour l’instant, je frôle à peine sa peau. Assez pour sentir ses muscles, mais sans plus. Quand on arrive avec le torse entier de nu, je pose mon menton sur son épaule.
__–« Ça va peut-être faire un petit peu froid, mais bouge pas. »
__–Oui parce qu’il faut passer les jambes mais elle est assise. Alors je glisse très, très légèrement ma main en métal sous la robe, sur son collant. Donc sur ses fesses, au cas où y’en a qui suivraient pas. Hé, comme ça je peux dire que je lui ai pas vraiment mis la main au cul, pas encore. Par contre, une fois que ma paume est à l’horizontale, j’ai juste à ajuster un peu ma prise et soulever un peu, pour qu’Aria quitte le sol et se retrouve assise sur mon avant-bras. Je me cale de sorte à ce qu’elle ait vraiment aucun effort à faire, qu’il y ait aucun déséquilibre. Et je me lève.
__–Et du coup y’a Ariana. Assise à mi hauteur. Vraiment, sur mon avant-bras. Et moi qui la tiens, comme ça, comme si elle pesait rien – parce que pour une titanide, elle pèse rien. Et je fais passer la robe par ses jambe et voilà. Et là par contre, j’en profite pour les caresser.
__–« Ça va t’es bien ? »
__–Et ouais là j’ai chuchoté.

La rouquine lâche un rire un peu aigu, très spontané. Elle imagine très bien Luna face à quelqu’un qui la reluque, et honnêtement la baffe n’est pas tellement la réaction qu’elle aurait le plus imaginée venant d’elle. Peut-être que son point de vue est un peu… biaisé. Elle la verrait plutôt lâcher un “Hmm, t’aimes c’que tu vois ?” agrémenté d’un haussement de sourcil et un sourire en coin un peu sexy. Aria lui lance un sourire amusé par-dessus son épaules, main posée sur le canapé, un peu derrière elle pour se soutenir.

Luna ne se démonte pas après la réponse d’Aria à sa proposition — ç’aurait été particulièrement hors personnage, pense-t-elle, mais cela l’arrange un peu. C’est dingue, parce qu’elle a vraiment encore plus chaud qu’avant, là. Les joues brûlantes alors que l’air est froid, et le contact avec sa peau dans son dos ne l’aide pas à faire baisser la température. Un frisson remonte le long de sa colonne, jusqu’à ses joues, et descend le long de ses cuisses. Et puis il y a une délicatesse dans sa manière de faire descendre sa robe, de l’abaisser, de dévoiler ce qu’il y a en dessous — pas grand-chose, du coup, si ce n’est elle.

Le menton de Luna se pose sur son épaule, et Aria s’appuie légèrement vers l’arrière, contre elle, consciente de l’extrême concentration de son amie à son contact, à sa vue. Extrêmement consciente, en fait. Contrôle de la respiration, pour que ce soit lent ; sinon elle sent qu’elle va s’emballer en même temps que son coeur, la gonz, et c’est beaucoup trop agréable cette attention, cette finesse, cette douceur dans sa fermeté. Sa main glisse sur ses fesses, puis dessous pour la soulever. Oh… Oh woahh… Aria s’accroche un peu à son cou par réflexe, toute perturbée lorsque Luna se lève. Comme si elle ne pesait rien……. et objectivement c’est un peu le cas.

Elle n’est vraiment plus assise sur le canapé, hmm ? C’est ça la prise d’un Titan — elle le découvre pour la première fois, avec une fascination mêlée d’enthousiasme. Ses jambes battent doucement l’air, comme pour tester la posture, l’équilibre que lui procure Luna, et elle se mord un peu la lèvre pour retenir un gloussement rieur, son regard glissant vers la brésilienne.

C’est dingue, depuis qu’elle est plus habillée elle a encore plus chaud. Trop dingue. Les mains de Luna ne la quittent pas, et ça l’arrange bien au fond. La rouquine glisse un index sur la joue de la Terre, tout doucement, et acquiesce dans un frisson.

—Je suis bien, merci.

Elle retrace le contour de sa mâchoire, effleure son cou jusqu’à son col, l’autre bras toujours autour de ses épaules, pour pouvoir se rapprocher, plus près encore. Quand elle comprend qu’elle n’a pas besoin de ça pour se stabiliser, parce qu’elle la tient et ne la lâchera pas, elle autorise cette main à glisser de la même manière dans son dos.

—Je peux t’embrasser pour de vrai, cette fois ?

Correctement, pas comme les deux premières. Prendre son temps, savourer le baiser. Prendre le temps, comme s’il n’était pas compté.

__–Alors en vrai, du point de vue technique, c’est chaud comme demande.
__–Non parce que là, elle est dos à moi. Alors oui, je pourrais juste la poser par terre, elle se retourne et paf on se bécote, mais ce serait beaucoup trop facile. Non mais attendez, je vais la garder un peu encore dans mes bras. Pas besoin d’être télépathe pour comprendre qu’elle apprécie pas mal ma force de titan. (C’est chaud ce que c’est con comme phrase, d’ailleurs…)
__–Alors déjà, on va prendre une prise plus adaptée. Je pose ma main gauche sur sa nuque pour maintenir Ariana bien droite et stable. Je lève la jambe, en mode flamand quoi (pas la sous-catégorie de Belge, l’oiseau), pour qu’elle puisse s’asseoir dessus, retire mon bras en métal et la fais tourner vers sa gauche. Ouais, heureusement qu’elle pèse rien hein. Donc là, elle est passée de parallèle à perpendiculaire à moi, j’ai plus qu’à mettre mes deux mains sous ses aisselles… « Attention, ça peut faire un peu froid. » Enfin, beaucoup moins depuis que j’ai la peau synthétique de Nico installée, mais vu comme mon corps à chaud, forcément ça doit faire une sacrée différence de température.
__–Puis je la soulève et la colle à moi, poitrine contre poitrine. Lève encore la jambe pour qu’elle s’asseye dessus, mais cette fois elle est entre les deux siennes. Lâche le haut de son corps, puis mets les deux bras sous ses fesses, pour qu’elle puisse s’y asseoir et moi la porter de sorte à ce que nos têtes soient au même niveau… Et puis, vachement proches.
__–Je lui souris.
__–« Là, c’est bon. »
__–Ah mais, attendez. Maintenant qu’on est à cette étape, ça vient de me frapper, là. Un détail en passant, juste un truc…
__–EST-CE QU’ARIANA EST D’ACCORD POUR M’EMBRASSER POUR DE VRAI.
__–ET PAS DANS UNE SITUATION AFFREUSEMENT STUPIDE ET GÊNANTE.
__–GENRE. POUR DE VRAI.
__–AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH.
__–Extérieurement, je reste stoïque.
__–Intérieurement, je suis un flan laissé un peu trop longtemps sous le cagnard.
__–(C’est poétique ça, dites-donc.)
__–Après, il y a un truc que je me demande, hein. Ariana, c’est quand-même assez loin d’être la première meuf que j’embrasse, sans parler de la première personne tout court. Et jusqu’ici, c’était super sympa, on s’est souvent beaucoup amusé, on a partagé des moments exceptionnels qui resteront toujours dans mon cœur, etc, mais est-ce que j’ai déjà ressenti cette espèce de chaleur bizarre, là ? Pas… vraiment ?
__–(Oui oui, je vais l’embrasser, laissez-moi sur-analyser encore un petit peu. On passe notre vie à faire des préliminaires gênés et gênants depuis qu’on se connaît elle et moi, vous pourrez bien en subir encore un peu.)
__–Je disais quoi ? Ah oui. C’est quoi, l’expression, déjà ? Avoir des papillons dans le ventre ? Un truc du genre. Ben écoutez, j’en ai déjà mangé pour de vrai des papillons (on juge pas hein, j’avais faim, pas une thune, bouffer des insectes ça me fait pas spécialement peur, un caligo qui passe… bref), et, ouais, ça ressemble à peu près à ça. Non. Je me suis perdue, on reprend.
__–…
__–Okay bah ça va j’ai compris je suis amoureuse d’elle, voilà c’est dit.
__–Bon ben je l’embrasse hein.

Aria regarde Luna, fascinée par ses mouvements compliqués visant à la garder… juste là, assise sur elle. Sur son bras. Dans ses bras. C’est un peu pareil, mais c’est chaud comme elle n’a pas envie que ça s’arrête. Elle rit au contact froid du métal, mais c’est un contraste plaisant sur sa peau. Lentement, la rouquine enroule ses bras autour du cou de la Terre, se serre contre elle, et enroule ses jambes autour de sa taille. C’est amusant pour elle aussi, elle a l’impression de redécouvrir des sensations avec ses mains fermes et fortes… et puis maintenant, elle a le loisir de l’observer de plus près. Aria louche un peu en se rendant compte d’à quel point elles le sont — près — et recule son visage pour faire le point… Ils sont jolis, les yeux de Luna. Ils sont verts comme la forêt tropicale qu’elle a fait pousser, le jour où elles se sont rencontrées. Aria lui sourit en retour… Ses doigts tracent le contour de sa mâchoire, c’est tout doux.

Malgré la confusion qu’il y a dans son regard, et, Aria l’espère, de l’envie aussi. Comme elle en a envie.

Elles s’embrassent. Aria prend le temps, les yeux fermés, de savourer le moment — et woah punaise ça faisait longtemps. Elle prend le temps de toucher ses locks, elle prend le temps de retracer la courbe de son cou, de se presser un peu plus contre elle. Pour la sentir, se gorger d’elle, de l’odeur du cannabis, de sa peau, de son parfum. De sa stabilité, de sa douceur, de sa fermeté. Elle se demande à quel point c’est bien, de se faire tenir comme ça contre une Titanide, et veut en savoir plus, en découvrir plus, la tenir plus.

L’embrasser encore, découvrir sa peau. Aria recule seulement un peu son corps du sien, juste assez pour que Luna la voie — elle apprécie ce regard vert sur elle — et suffisamment pour pouvoir jouer avec le col de sa chemise. Puis avec le premier bouton, alors qu’elle dépose de petits baisers sur sa mâchoire, légers comme une plume. C’est drôle de se sentir vivante comme ça, à quelques semaines de la mort. Sans doute pour cette raison qu’elle s’est laissée guider par son envie, et pas par la crainte des conséquences à venir.

Mais quelles conséquences, si ce n’est un délicieux moment ?

—Tu préfères la chambre, ou tu préfères le canapé ? sourit-elle, mutine.

Ses yeux brillent un peu. Elle se laissera porter où que Luna le veuille, et ensuite elle s’assurera qu’il ne restera pas de vêtements entre elles. Pour sentir sa chaleur, ce contact qu’elle aime. C’est pas pratique, debout, comme ça.

Même si elle aime bien se faire porter.


HRP : Je te propose d’ellipser après ton post ?

__–Je souris.
__–« Canapé. »

__–Et on se retrouve quelques instants après.

__–C’est d’une douceur.
__–Presque surréaliste.
__–C’est différent d’avec toutes les autres personnes avec qui j’ai ken dans ma vie. Je saurais pas comment décrire ça efficacement… J’ai fait pas mal de sexe bien énervé, où on finissait sur tous les meubles, dans toutes les positions, avec des jouets en plus, détruits de fatigue, à crever de soif et avoir envie d’une longue douche.
__–Là, alors qu’on s’est enfin rhabillées (à peu près), que je me colle contre elle et elle contre moi sur le canapé, j’ai pas ce même sentiment. Je suis fatiguée hein, mais juste de la journée qui s’est passée, parce que c’est le soir. En même temps, c’était si… lent. Doux. Calme. Et intense. Intense comme rarement.
__–J’pensais pas que ce serait possible, limite.
__–« Ça va ? »
__–Je resterais bien là, collée à elle, avec juste ma chemise remise sur mes épaules, un plaid sur nos jambes, nos corps collés et avec la bouillotte. Déjà, j’ai l’impression que l’instant dure, s’étire. Une douce et petite éternité. Où on fait rien. On dit presque rien. On se contente d’apprécier la compagnie de l’autre.
__–Presque envie de dormir avec elle, quand-même.
__–« Tu veux faire quoi, maintenant ? »
__–Et franchement, si tu veux mon avis, la meilleure réponse c’est encore « j’en sais rien ». Je prendrai ça avec plaisir.

Luna a raison, la chambre était trop loin. C’était bien, là ; tout calme, très doux. Comme si elle découvrait Luna autrement, ce qui était le cas, quelque part. C’est là qu’elle se rend compte que ça lui avait manqué, le contact, comme ça. Quelqu’un à tenir contre elle, à aimer, profiter des moments comme ça le soir, à faire des blagues chuchotées et rire, à découvrir la peau de l’autre comme on découvrirait une expo d’art.

Et puis après, Aria se sent toute calme. C’est enfin apaisé dans sa tête, c’est apaisé dans son coeur, ses craintes envolées. C’est sécurisant comme ça, ses jambes encore emmêlées à celles de Luna… elle trace un petit cercle du pouce sur sa hanche, presque ensommeillée maintenant.

—Ca va… souffle Aria, tout sourire, les yeux fermés. Et toi ?

Elle rouvre quand même les yeux pour observer le visage de Luna dans la pénombre, à travers ses cils ; son makeup doit pas avoir tenu le choc, mais c’est pas grave.

—Je sais pas trop… Je prendrai bien une douche avant d’aller dormir tout à l’heure. Mais je suis bien comme ça.

Silence.

—Tu veux rester ou tu préfères rentrer ?

Pas qu’elle la retiendrait, mais c’est chouette de dormir avec un doudou humain, quand même. Et elle garde parfaitement bien sa chaleur, là, ce serait trop dommage. Mais elle comprendrait ; tout le monde n’aime pas rester. Avec n’importe qui qu’elle ne connaîtrait pas, elle ne resterait sûrement pas non plus… Mais là, c’est Luna, c’est ok. Tout va bien, comme ça.

__–Alors, oui, la chambre c’était loin, mais c’est surtout qu’on peut ken dans plein de positions en plus sur un canap’.
__–« Moi ça va tranquille. »
__–Profiter de la vie et pas trop-trop penser au lendemain, je suis un peu une experte dans le domaine, mais c’est pas tous les jours que j’ai pas ma conscience que me dit en arrière-plan que, hm, hé au fait, ce serait bien de rentrer chez soi et réfléchir à son avenir plutôt que de faire… des trucs. Vous voyez. C’est encore plus rare qu’elle me dise que, clairement, en ce moment mieux vaut faire des trucs que de penser à l’avenir.
__–Une douche c’est un bon plan, ça, d’ailleurs.
__–« Si t’as besoin d’une troisième main pour te frotter le dos, tu m’dis. »
__–Non mais, si elle m’avait pas proposé de rester, je me serais pas permise, hein, hein, ahah, je vais convaincre qui là sérieux.
__–Non puis, c’est chaud. Enfin, non. Enfin, on reprend. C’est compliqué pour nous deux de se dire qu’on va quitter sa bouillotte de compagnie, là.
__–« Hmmm, si t’as un double lit… ou même un lit simple… Ou même juste attraper une couverture rester là sur le canapé… J’pourrais me laisser tenter. »
__–Je me colle un peu plus à Ariana. (Puis elle est à ma droite, sans bras entre elle et moi, on est plus proches, y’a quelques avantages. Ma prothèse ? Elle traîne dans un coin. Bah ouais, j’allais pas la doigter avec du métal, bref.
__–À quel moment j’ai pu croire que ça ne finirait pas comme ça.

Ca va tranquille, alors tout va bien… La réponse tire un sourire à Aria, tout doux, un peu fatigué, qui se mue en sourire en coin un peu mutin.

—Oh bah j’ai toujours pensé qu’on en avait pas assez de deux ! Enfin, sans que ce soit bizarre, parce que tu en as qu’une, mais, euh-… Enfin oui je veux bien que tu me frottes le dos.

Ou n’importe quelle autre partie du corps, en fait, tant qu’à faire. Et un petit massage sous la douche. Ohhh… En voilà une idée excellente.

—Je te fais un massage sous la douche ? sourit-elle en battant des cils.

Evidemment qu’elle le fait un peu exprès. Evidemment qu’elle espérait qu’elle dise oui — déjà tout à l’heure — qu’elle se propose pour l’accompagner sous l’eau. En plus, l’eau, c’est l’élément d’Aria. Elle aime quand c’est chaud et moite. Mais avant de se lever, elle profite encore un peu, elle sent son odeur, son coeur qui bat, leur peau qui colle un peu ensemble à cause de la sueur. Quand elle lève les yeux vers Luna, elle n’a pas trop besoin de comprendre ce qu’elle veut lui dire, qu’elle a pas trop envie de bouger elle non plus.

—Y a beaucoup de place dans mon lit.

Enfin, il faut juste qu’elle vire les peluches, mais elles finiront par terre, c’est bon, elle en aura pas besoin ce soir. Alors elles restent un peu, et finalement, Aria se relève, prend le visage de Luna entre ses mains pour encore voler ses lèvres, et sautille jusqu’à la salle de bain. Puis s’appuie à l’embrasure de la porte, croise les bras, prend presque la pose.

—Bah alors, tu viens ?

Ouais, elle va bien dormir ce soir.