__–Personne.
__–Hm.
__–Karen haussa les épaules. Elle avait dit qu’elle serait là, elle n’était pas là, c’était un scandale, tant pis pour la sacro-sainte inviolabilité de sa maison. Après tout, elle l’avait déjà pénétré, ce ne serait pas non plus si surprenant.
__–Karen pressa donc la poignée de porte et entra.
__–Qu’est-ce qui menait notre électrique protagoniste et ses deux fils jusqu’au pallier, puis dans le vestibule de sa médecin traitant et de la marraine de ses enfants, me demanderiez-vous ? Hé bien, John, de constitution quelque peu fragile, était un brin malade en ce milieu d’automne. Tout naturellement, sa mère s’en était alarmée et l’avait emmenée en consultation. Il n’avait rien de très grave, mais il avait fallu lui administrer quelques médicaments. La barquette finie, il fallait simplement revoir Aoi et, si besoin, prescrire une nouvelle ordonnance. La première étape avait été remplie, mais l’ordonnance oubliée. Qu’importait : Aoi s’en était rendue compte et l’avait imprimée chez elle, il ne restait plus qu’à la remettre à Karen. Elles s’étaient données une heure de rendez-vous.
__–Problème, Aoi ne l’avait pas honoré.
__–Hum, oui alors, normalement c’est pas mon taf, mais comme on est avec une narration interne bah on fait c’qu’on peut, en fait Karen est conne. Oui je sais ça surprend. Elle a confondu le jour. Normalement elles se voient demain. Du coup bah oui, normal qu’elle soit pas là.
__–Qui a-t-il ?
__–Rien t’occupes.
__–Soit.

__–Et donc, à l’intérieur, pas de Aoi.
__–Pas de Fai non, plus, remarqua-t-elle, après avoir tendu l’oreille et constaté l’absence de jouets colorés étalés partout dans le salon. En lieu et place… Un homme. Une espèce de Chinois, qui lui disait quelque chose. Installé sur la table du salon, devant son ordinateur et une montagne de papiers, manifestement tout aussi étonné qu’elle de la voir, ses deux enfants dans les bras.
__–« Euh. T’es qui toi ? Tu fais quoi ici en fait ? »

En fait, la fin de la semaine c'est cool. Si, si ! J'vous assure. Genre, là, bah c'est heu…Vendredi ? J'crois ? Ou Jeudi ? Bref, c'est bientôt le week-end. Et donc. Ça veut dire que c'est bientôt le jour de repos. Non, parce que. Avant, j'avoue les jours de la semaine c'était bof dans mes préoccupations principales. Mais. Maintenant j'suis papa d'un petit garçon qui va à l'école. Donc au lieu d'être absolument pas régulier bah j'ai commencé à organiser mon taf en fonction de quand j'ai du temps pour le faire.

Bref. J'ai beau bosser dans mon salon une fois sur deux, je le fais quand le petit est à l'école. Et en vrai, bon, j'admets que des fois je re bosse aussi le soir quand il est couché si ma femme a rien de prévu. Mais j'ai quand même un minimum d'hygiène de travail, j'vous jure !

Et ça m'oblige à être moins bordéli- Ok, ça c'était un mensonge, j'suis toujours du genre à en foutre partout quand je bosse. La différence c'est que maintenant j'essaie de ranger après. Déjà que Fai laisse trainer ses affaires partout parce qu'à son âge le rangement c'est un peu un concept étranger, si je fais pas un effort, Aoi pète un câble.

J'entends la porte d'entrée qui s'ouvre et je me frotte les yeux pour regarder l'heure au lieu de mon mail en cours de rédaction. C'pas encore le moment d'aller chercher Fai. J'ai pas oublié l'heure. Donc ça peut pas être Aoi. Et j'avais personne de prévu qui devait passer. Je crois ?

Et là. Une blonde avec deux gamins en bas âge entre dans le salon. De ma maison. Et me demande ce que je fous là. Je hausse un sourcil mi-surpris, mi-ironique dans sa direction.

— Je suis l'homme de ménage, ça se voit pas ?

En vrai, mérité. Parce que je viens de la remettre, c'est Karen. La gamine Tonnerre que Aoi a adopté accompagné pour sa grossesse. Avec le résultat de la-dite grossesse donc. Elle pourrait faire un effort, quand même. J'sais qu'on s'est pas croisés souvent mais on s'est vu au minimum l'an dernier quand Aoi a aidé pour Thémis.

— Aoi est encore au boulot, tu voulais quelque chose ?

En vrai, elle aurait pu appeler avant de passer. Aoi m'aurait prévenu si elle devait se voir ici, j'pense donc clairement elle est ici à l'improviste et- Attends, est-ce qu'il y a un problème ?

— Y a un souci ? Tu veux que je l'appelle ?

Non parce que j'suis pas compétent si c'est un truc d'ordre médical.

__–Oui, alors, vieux frère, le problème de ce genre de blagues, c’est que ça marche pas sur les Tonnerres.
__–Karen le regarda donc comme on considère un chewing-gum accroché à sa chaussure. Puis le reste de la maison. Arrêta son regard sur la table du salon. Haussa les sourcils.
__–« Ben ça ce voit pas, elle te paye vraiment à rien foutre. »
__–Et sans lui accorder plus d’attention que cela – à présent qu’il avait déclaré faire partie du petit personnel, il était devenu un meuble – elle entra. Où Aoi pouvait-elle bien avoir placé cette fameuse ordonnance. Elle considéra les meubles les plus proches de l’entrée, qui seraient assez logiques pour y poser un papier que Karen prendrait en vitesse avant de partir. Rien de cette sorte. Elle pouvait aussi bien l’avoir laissé dans sa chambre, son bureau ou quelque chose de cet ordre, Karen n’avait pas visité de fond en comble la maison de son médecin traitant et ignorait donc comment le lieu était agencé. Elle examina ensuite la table basse, qui s’avéra elle aussi être vide du précieux papier.
__–Et voilà que Boyce commençait à s’agiter : le pauvre avait été interrompu en plein exercice d’empilement de petites voitures – il ne les faisait pas rouler ; le concept de roues étant encore en cours d’acquisition – et s’il appréciait certes d’être ainsi collé à sa mère et à son besson, ce dernier s’était assoupi et lui ressentait poindre le désir impérieux de faire quelque chose de ses mains. Bien empaqueté dans l’écharpe porte-bébé, il ne pouvait dégager ses bras pour se saisir de tout ce qui serait à portée – cheveux, nez, main de John –, ce qui n’ennuyait fort.
__–« Oui oui ça va, on reste pas longtemps, écrase. »
__–Elle avait dit cela à voix haute, ce qui pouvait laisser planer le mystère sur l’identité de son destinataire.
__–En désespoir de cause, Karen augura la masse de papiers sur la grande table.
__–« Oh et puis merde, à tous les coups elle l’a foutu là. Tiens, rends-toi utile au lieu de me regarder et rien glander, tu peux pas en prendre un ? »
__–Je me demande, compagnon, ne pouvait-elle pas se douter de quelque chose sur l’identité de Huo, étant donné qu’il lui était impossible de percevoir ses émotions, du fait de la qualité de ce dernier de master ?
__–Bah en soi si, mais elle est conne, alors qu’est-ce que tu veux faire.

Je la vois qui me lance un regard super méprisant avant de balader ses yeux sur mon bordel dans le salon. Puis elle me prend au premier degré et rétorque que si je suis l'homme de ménage, ça se voit pas. J'avoue, j'ai retenu une facepalm. J'avais oublié que c'était une Tonnerre. Ma faute. En même temps, elle aurait aussi juste pu connecter ses neurones deux micro-seconde et se rappeler que Aoi avait pas fait son fils toute seule… Cette phrase faisait mal. Rappelle-toi Huo, elle est Tonnerre.

Du coup elle rentre carrément dans la maison et commence à farfouiller à la recherche de… Je sais pas ? Elle a pas écouté ce que j'ai dit non plus. Mais bon vu qu'elle a pas l'air paniquée, j'vais partir du principe que tout va bien. Elle a l'air de galérer un peu avec ses jumeaux avant de se diriger vers la table du salon. Je la regarde passer en haussant les sourcils dans une question silencieuse mais elle en a rien à battre.

— Prendre un...?

Je me lève quand même en posant mon PC sur la table basse et je me rapproche d'elle.

— Tu cherches quoi, au juste ? Aoi m'a pas dit que tu devais passer aujourd'hui.

Ce qui est ok, en vrai. Juste. J'aimerais bien savoir ce qu'elle fout là ? J'avais pas prévu de devoir gérer une ado et ses deux monstres aujourd'hui, j'avoue. J'ai, genre, du boulot, en fait.

En désespoir de cause, j'peux toujours appeler ma chérie mais elle bosse, là donc elle répondra probablement pas. Puis bon, si elle doit, comme elle le dit, juste faire un truc rapide, je peux surement me débarrasser d'elle assez vite.

__–Rooooooh. On est passé à ça d’avoir une blague sur du Jean-Jacques Goldman. ’faut les dire à voix haute, toutes les conneries que tu racontes !
__–Tiens donc, tu connais ?
__–Bah oui, je suis un shlag, pas un inculte. Non mais bref, tu fais la suite de la narration ou on s’les touche ?
__–Bien sûr, bien sûr… Karen se trouva donc devant l’incompréhension de celui qui n’avait pas eu la politesse de se présenter sous sa véritable identité – paaaaaas le bon moment pour parler de qui est le moins poli frère ! –, pencha légèrement sa tête sur le côté, haussa les sourcils, prit son ton de voix le plus méprisant et lui tendit Boyce.
__–« Bah j’ai pas cent cinquante trucs sur moi hein. »
__–Boyce, qui en constatant qu’il allait être transvasé d’une personne à l’autre, se mit à pousser de petits glapissements de joie et à tendre ses propres bras, à son tour, vers Huo. Il avait bien entendu remarqué dès son arrivée ce grand personnage intriguant et il lui tardait de pouvoir sécréter sur son épaule, tirer ses cheveux et lui envoyer des coups de pieds. John préféra observer tout ce qui était autour et sucer son pouce.
__–« C’est genre, un papier quoi, une ordonnance, pour John. Pas celui que j’te file hein, t’inquiètes. »
__–L’importante sécrétion de bave qui s’échappait de sa bouche ne rendait, cela dit, pas le port du bébé sain forcément plus souhaitable.
__–« Bon alors, tu me le files ce coup de main ou tu restes planté là comme un gros plot ? Super le petit personnel, quoi. »

Évidemment elle me tend un de ses gamins et je hausse un sourcil avant de le prendre. Elle a confiance, dis donc. Elle me connait pas, sait pas qui je suis. Elle fait quoi si je pars avec ? Bon, le gamin me bavouille dessus mais j'avoue que depuis Fai, c'est pas le genre de truc qui me phase de ouf.

Je tiens le petit, un bras sous sa tête et la main sous les fesses. Il agite les bras et essaye de m'attraper les cheveux. Je le laisse un peu faire par habitude, ne retenant pas une grimace quand il tire un peu fort. C'est vraiment une garce cette nana, elle m'a exprès refilé la terreur et elle se garde le sage.

— Ah… Mais tu aurais pas juste pu passer la voir à l'hosto ?

Je crois pas qu'elle m'ai parlé d'une ordonnance mais bon j'ai aussi pu ne pas imprimer l'info. Tout en tenant toujours le gosse d'un bras, je commence à empiler des papiers sur la table pour voir si je trouve la-dite ordonnance.

— Vu que tu as pas l'air d'avoir connecté ton cerveau, je vais t'aider un peu quand même mais tu sais que ma femme est du genre très organisée ? Donc à mon avis, si elle t'a pas donné l'emplacement exact de ton ordonnance, ça m'étonnerait qu'elle soit ici.

Surtout que les papiers qu'on est en train de regarder, c'est les miens surtout. Y a bien que moi qui laisse trainer ma paperasse en piles plus ou moins triées que je déplace. J'ai besoin d'avoir les trucs accessibles quand je bosse, ok ? Quand je sais que j'y toucherai plus, je les classe mais pas avant.

__–Sans surprise, Boyce fut ravi d’être ainsi attrapé et transporté. Lui qui affectionnait tant le contact avec des personnes étranges et nouvelles, voilà qu’il était servi. Enfin de compte, John en fut presque jaloux et voulut lui aussi interagir avec quelque chose. Ennuyée d’e l’entendre geindre, sa mère finit par le poser sur un tapis et à lui présenter un des jouets de Fai qui reposait là, qui répondait autant à un critère de couleurs variées et chatoyantes, que de non-dangerosité pour un petit être qui était tout de même bien plus jeune. (Même s’il ne devait pas y avoir grand-chose qui serait adapté à un enfant de trois ans et non à un de moins d’un.)
__–Et comme c’était John, Karen put le laisser là, avec une surveillance lâche, seulement du coin de l’œil : elle savait fort bien que, posé, un camion dans les mains, il resterait totalement immobile ; son bonheur étant déjà là où il était.
__–Boyce, lui, n’était en rien calme.
__–« Ouaaah ça va mieux. Et euh bah non hein, c’est elle qui m’a dit qu’elle l’avait laissée là en fait. Enfin, elle devait être là normalement, Mais bon, pff, okay quoi. »
__–Au moins, ce personnage s’attela-t-il à l’aider… Ce « personnage » mdrlol.
__–…
__–« Attends quoi. »
__–Et làààà c’est le moment trooop bieeeen où elle se rends compte qu’elle est complèèèètement teubée et elle passe en mode panique de Tonnerre, genre vite vite, passer pour moins conne que je ne le suis vraiment en essayant de me rattraper.
__–« Ah mais oui ok t’es Huo, je te resitue, p’tain mais t’es trop con de faire des blagues comme ça, tsk. Non ‘fin j’veux dire, pardon hein, mais, ok, d’accord. Bon bah euh. Merci de l’aider. »
__–Hihihihihihi.
__–Passons. Effectivement, après un petit moment, le verdict fut sans appel : l’ordonnance n’était pas là et Huo devait dire vrai. Agacée, Karen sortit son téléphone, pour parcourir leur dernier échange de SMS et vérifier si elle n’avait manqué aucune information… Et il lui apparut la date où Aoi lui avait demandé de passer. Elle la compara avec celle du jour.
__–BAH ALORS C’EST COMMENT D’ÊTRE UNE GROSSE DÉBILE QUI SAIT PAS LIRE ?
__–C’est le moment du coup spécial Karen : t’façons c’est pas ma faute.
__–« Ok non d’accord, j’ai compris, elle a pas été claire, wesh en fait. »
__–Je sais paaas à quel moment « après-demain 16h » c’est pas clair, puis je sais pas dans quel univers Huo va pas dire à sa meuf ce soir « ah au fait, tu sais qui est passé c’t’aprem ? » et je sais pas d’où tu peux croire qu’Aoi va pas se foutre de ta gueule puissance 10 000 quand tu la verras demain. Bien. Fait. Pour. Ta. Gueule.
__–« Non bah euh, ok. Merci de l’avoir tenu. Tiens, tu peux m’le rendre. »

Le bébé continue de me baver dessus allègrement et Karen pose son deuxième par terre avant de ramasser un des jouets de Fai pour le lui donner. En vrai, bonne stratégie, Fai est encore trop jeune pour avoir des jouets qui seraient potentiellement dangereux pour un môme de huit mois.

Je note quand même que l'autre que j'ai dans les bras est pas du genre à rester tranquille si j'essaye de faire pareil sinon elle aurait utilisé la même chose pour lui. Du coup je vois si par hasard on retrouve la fameuse ordonnance mais que dalle. Ce qui m'étonne pas.

Et puis là, elle percute quand je lui signale, mine de rien, mon identité. C'est qu'il aura fallu du temps pour allumer la lumière, dis donc. Je retiens même pas un sourire en coin très fier de moi dans sa direction quand elle essaye de rattraper sa connerie en m'ayant pas reconnu.

— C'est pas grave, ça arrive à tout le monde de pas capter l'ironie.

Surtout aux gens un peu cons, en fait. Mais bon, j'lui pardonne tout le monde peut pas utiliser le sarcasme comme moyen de communication principal.

Du coup, pas d'ordonnance et madame se dit que finalement ça pourrait être une idée de vérifier qu'elle a pas raté le rendez-vous et oh surprise ! Elle a juste mélangé les dates. J'suis pas surpris. Et non c'est pas parce qu'Aoi a pas été claire. Je la connais, quand il s'agit d'un rendez-vous médical, elle fait pas de formulation ambigüe.

— Hmhm. Si tu le dis.

On sent le scepticisme, vraiment. Je lui rend son môme du coup, qui gigote un peu mais il rejoins sa mère avec plus ou moins de bonne volonté.

— T'avais besoin d'autre chose, sinon ? Fin à part l'ordonnance.

On sait jamais, hein. Je sais à quel point ça peut être relou, un petit malade. Donc si elle a besoin d'un doliprane enfant...

__–Karen aurait bien adressé une moue désapprobatrice et moqueuse à ce personnage, en réponse à son histoire d’ironie, mais elle préféra la garder pour elle. Elle allait suffisamment se faire enguirlander par Huo comme ça, nul besoin d’en rajouter.
__–C’est qu’elle a un minimum d’instinct de préservation, ’faut pas croire. Un minimum très petit, mais déjà il est là.
__–Karen réfléchit donc un petit instant. Une partie d’elle aurait envie de lui demander quelque chose de profondément ennuyeux, comme, en effet, un doliprane, dans le bon dosage, avec un verre d’eau, d’attendre qu’il soit administré, bien sûr dans un biberon de lait, donc d’en faire chauffer, ainsi de suite. Afin, dans son sentiment de lui faire payer de… je ne sais pas.
__–Nan mais laisse elle est conne, à un moment c’est tout quoi.
__–« Ça va. Merci. Bah euh. Attends. »
__–Pour commencer, Karen reprit son enfant et le cala dans ses bras. Et comme il s’agaça d’être ainsi privé de la présence de Huo et se mit à râler et à s’agiter, elle soupira un long moment et généra un petit éclair entre ses deux doigts, ce qui fascina immédiatement le bébé et le fit se calmer instantanément. Puis, il explosa de rire, bien sûr juste à côté des oreilles de sa mère, ce qui fit la fit vriller et presque perdre l’équilibre. John comprit qu’il y avait plus excitant que les morceaux de plastique et de bois colorés – et rien ne saurait plus susciter l’intérêt que la magie de sa mère – et se mit à gambader, fort maladroitement, de ses quatre pattes, vers la jambe de Karen. Celle-ci le récupéra et le positionna à côté de son jumeau.
__–« Bon bah euh, on s’taille alors. À plus. »
__–Et elle s’en alla, sans autre forme de procès.


Le lendemain, même heure.


__–Elle revint donc, toujours accompagnée de ses deux enfants : un Boyce roupillant et un John reniflant à qui mieux mieux, toujours le filet de morve coulant de son nez.
__–Et une Karen qui en a déjà marre et s’attend à une belle tannée très, très méritée. Et, truc de ouf, elle sonne avant d’entrer.

Elle a l'air de réfléchir un instant et j'ai presque envie de retirer ma proposition même si trop tard. Au final elle est sympa, elle me demande rien et elle reprend son môme avec quelques difficultés. Ça a l'air d'être un petit terrible, celui-là.

Au moins elle a le truc pour les faire se tenir tranquilles. Et elle a l'air habituée à jongler avec les deux. Je note qu'elle a du bol et que les deux petits ont l'air d'être fascinés par sa magie. Si seulement ça marchait encore avec Fai ça… Bon, j'suis mauvaise langue, en vrai. Il est toujours impressionné quand je fais des trucs cools avec des flammes mais les petites lucioles ça dépend s'il est d'humeur.

Sur ces bonnes paroles, Karen se casse et je retourne à mon boulot. Aoi va surement rigoler quand je lui raconterai ça tout à l'heure.


Évidemment, elle voulait que je sois là pour quand la miss revient et en vrai, j'ai pas dit non. Déjà parce qu'il y a moyen que je rigole un peu, et ensuite parce qu'elle a demandé donc j'ai dit oui. Quoi ? De toute façon j'avais rien d'autre à faire cet après-midi.

Oh, ça sonne. Bon, du coup je vais ouvrir avec un petit sourire amusé et je salue Karen d'un signe de tête. Décidément, le petit est toujours malade et son frangin a l'air de juste dormir. Au moins elle en a qu'un sur les deux qui renifle...

— Bonjour, Karen.

Je lui fait pas l'affront de lui demander pourquoi elle est là, non plus. Je me pousse juste pour la laisser entrer.