« Je vais prendre l’ours si ça te va, prends le lapin je suis sûre tu vas être trop adorable avec ! »

J’enfile donc le bandeau pour rassembler tous mes cheveux en arrière, évitant également que mes toutes petites mèches ne restent coller sur mon visage. Un large sourire transcende mes lèvres lorsqu’Angie enfile le pinou.

« Ça te va vraiment bien, gloussais-je. »

On parle encore un peu et je demande si ça va être froid, chose qu’il me confirme en partie. Je prends une grande inspiration pour me préparer mentalement au changement de température que ma peau va subir mais je garde confiance. Je laisse mes mains posées sur mes jambes, je détends mon visage et laisse Angie faire son application. Effectivement le premier contact me fait presque sursauter mais la douceur du pinceau rend le geste agréable. Je ne peux pas m’empêcher de fixer les oreilles de lapin sur sa tête mais je ne dois pas sourire afin de ne pas me retrouver avec de l’argile dans la bouche.

« Hm-Hm oui impeccable ! »

J’offre un micro sourire avant de l’effacer pour qu’il continue. Tout mon visage finit par avoir cette petite sensation de froid par l’argile étalé sur ma peau. Certaines personnes ne sont pas fans et pourtant je trouve que c’est cool, mieux qu’un bain de boue en tout cas. Il est vraiment adorable Angie. On se connait à peine mais nous voilà déjà en train de se faire des masques. Très très sympa. Si un jour une pyjama party s’organise, il sera le premier invité pour sûr. Une fois le visage recouvert, j’entrouvre un minuscule mes lèvres pour parler entre mes dents.

« Merci Angie, ça fait un bien fou. Prêt à ce que ce soit ton tour ? C'est à toi de te faire chouchouter un peu ! »

Bien sûr que ça te va bien, à qui un bandeau lapin n’irait-il pas ? Être un lapin c’est être la chose la plus adorable de la création. Enfin, à condition que personne ne s’interpose entre soi et son foin. Dans ces situations l’on devient des vrais armes de guerre, de même que l’on peut se transformer en bunny-doser tous les matins à sept heure en se mettant à gratter dans sa litière. Hm. Je m’égare.

Tu hoches la tête, faisant se trémousser tes oreilles de lapin. C’es tellement cute. Tu lui souris, ça fait quand même des drôles de tête l’argile sur les gens. Tu souris, tu ne te demandes pas un instant la tête que ça te fera, et ce pour la simple raison que tu la connais. T’as quand même passé assez de temps devant ta glace, à te maquiller de manières plus ou moins logique, et bien entendu qu’en t’appliquant de l’argile tu t’es souvent amusé à regarder ce que tu pouvais faire avec. Ce que tu préfères c’est faire apparaitre des formes dedans quand elle commence à sécher, ça donne un effet de maques baoulés.

« Tu peux y aller ! » tu confirmes oralement.

Faut dire que tu sais pas si elle comprend tes gestes, peut-être que elle aussi son attention est accaparée par le mouvement de tes oreilles de lapin ? On ne peut pas savoir, alors que comme ça elle est certaine. Puis tu fermes les yeux et t’essaie de détendre tes traits, mais on ne te retirera pas les petites ridules au coin de tes lèvres. Celles qui malgré les épreuves se sont creusées, parce que finalement ton sourire est ton plus beau masque.

J'offre un léger signe de tête au Terre avant de commencer à peindre doucement sa peau avec le pinceau. Je garderai en tête cette image d'Angie qui secoue sa tête pour que les oreilles puissent se balancer sur sa tête. J'étale avec douceur et précision afin de ne pas lui en mettre sur la bouche, ou dans les narines.

C'est une journée étrange mais agréable. Je l'ai rencontré pour la première fois à la fête, il a réparé un mur en un claquement de doigts et était devenu le serveur de la soirée. J'ai rarement croisé des Télépathes ou du moins, j'ai discuté peu avec eux. Peu importe qu'ils voyaient des choses dans mon esprit qui ne les tentait pas de m'aborder ou... juste que je n'ai jamais eut vraiment l'occasion.

Peut-être qu'aujourd'hui... avec une bonne soupe et de l'argile... c'était le moment. Je sens ma peau tirer tranquillement par le produit.

« Dis-moi Angie... Qui es-tu hein? OK non ma question est peut-être dit étrangement mais je pense qu'au stade où en est à se peinturer avec de l'argile... on peut prendre un temps pour discuter, 'fin faire connaissance. J'ai pas de souvenirs qu'on ai fait tant connaissance à la fête. On a encore un petit moment avant que l'argile sèche au complet et qu'on ne puisse plus parler haha. Je parle très rarement avec des Terres si j'enlève Luna, une Titan, de ma liste. Tu accepterais de me parler un peu de toi ?»

Ce serait pas mal, savoir un peu plus de choses que juste son nom et son affinité.

Ah bah, elle y va pas par quatre chemins. Ce qui en soi, te convient plutôt bien, tu aimes bien te rapprocher des gens et ne pas en effleurer seulement la surface. Sauf que t'es meilleur pour écouter que pour parler. Puis te présenter, c'est jamais très facile quand on ne sait pas qui on est. Ou peut-être quand on a peur de le montrer...

"C'est plutôt compliqué comme question. Tu me laisses y réfléchirun peu ?"

C'était un oui, même si ce oui manquait de conviction. Tu réfléchis à ce qui te définis. Si tu étais ton pote, tu te présenterais comment ? Tu doutes que quelqu'un prenne le temps de parler de toi en ton absence... foutu manque de confiance en soi.

"Je m'appelle Charlie-Ange, mais je me présente toujours comme Angie parce que je déteste que l'on abrège mon prénom en Charlie. J'ai toujours eu l'impression qu'on faisait ça par flemme, alors je ne laisse plus le choix aux gens de mon surnom."

C'est peut-être la première fois que tu énonces à voix haute cette vérité bien que tu la saches depuis longtemps. Angie gardait un peu de tes deux facettes sans en faire disparaître l'une ou l'autre.

"J'ai trente-trois ans, bien que ce soit un détail. Je suis artiste, même si je trouve que c'est prétentieux de le dire moi-même et que j'ai tendance à me considérer comme un scribouillard du dimanche qui vend par erreur des croûtes qui l'aident à gagner la sienne. "

Ton âge était-il important ? Aucune idée. Tu cherchais encore des choses à dire, mais t'avais l'impression de rien avoir à raconter.