Même toi t’as fini par capter qu’il se passait quelque-chose de pas normal. C’est con, quand t’avais demandé à Mitsu si elle était libre pour t’aider avec un de tes projets d’art le lendemain, t’avais pas compris que c’était si grave quand elle t’avait dit qu’elle partait en mission. Elle partait régulièrement en mission, ça faisait partie de son taf, alors t’en avais pas été si étonné.

Puis il y avait eu l’annonce aux haut-parleurs, et même un simplet comme toi avait pu faire le lien. T’étais pas bien. Tu t’étais dit que tu lui avais juste envoyé un « Tant pis, une prochaine fois ! » et que tu lui avais pas dit bonne chance, que tu lui avais rien dit d’important, tu lui avais pas dit de faire attention à elle, tu lui avais pas dit qu’elle comptait pour toi. T’avais rien dit, et d’un coup tu pouvais ne plus jamais la revoir. Ça faisait juste mal. T’avais peur. T’avais vissé tes écouteurs à fond sur tes oreilles et t’avais peint. Peint tout ce que tu pouvais, parce que ça tu le maitrisais encore.

Puis t’étais aller prendre des nouvelles, quand tout était fini, et on t’avait dit qu’elle était rentrée vivante mais blessée. Alors l’espoir avait remplacé la peur. Blessée à Terrae c’était jamais si grave qu’on voulait le croire, les soignants étaient quand même badass, et tu le savais avec toutes les fois où t’avais fini à l’infirmerie : rien ne leur résistait. Mitsuki allait bien, et c’est tout ce qui importait.

T’avais attendu qu’elle soit de retour chez elle, pour pas la surcharger et la fatigué de trop, tu lui avais pas envoyé des tonnes de message, tu voulais pas qu’elle se sente forcée de répondre. T’avais compris qu’elle était feu et qu’elle galérait avec ses pouvoirs, et qu’elle avait un bras en écharpe. Elle semblait par messages aller plutôt bien.

Juste tu te disais que ce devait être la merde de cuisiner avec un bras en écharpe. Alors voilà. T’étais-là, maintenant, avec deux immenses sacs de courses que t’avais eu du mal à porter. Tu sonnes un coup puis t’entre-ouvre la porte avant de crier :

« Mitsu t’es là ? J’peux rentrer ? »

Contexte : Le RP se déroule vers Avril, Mitsu a retiré son attelle il y a peu et est prise en charge par Tiago pour sa rééducation.


Assise dans mon canapé, je fixais ma main droite. Répétant inlassablement le même geste, je m'évertuais à serrer cette balle entre mes doigts. Clairement, ce n'était pas encore ça, et je sentais bien que je n'avais pas encore récupéré toute ma force, mais j'étais tellement contente d'avoir enfin retiré cette attelle, d'avoir enfin récupéré tous mes pouvoirs, que même le constat de cette force médiocre ne pouvait pas déloger ce sourire qui trônait sur mes lèvres. Et puis de toute façon, Tiago était confiant, et il m'assurait que j'allais certainement récupérer très vite, alors ça m'allait très bien. Même si j'aurais aimé que ça soit encore plus rapide, je ne pouvais pas vraiment satisfaire mon impatience, et j'étais bien obligée d'attendre que le temps et les séances chez Tiago fassent effet.

La sonnerie retentit alors et la balle s'échappa de ma main pour rouler sous la table basse. Je reconnus rapidement la voix de Charlie-Ange, ce qui me tira un large sourire, mon coeur se gonflant de bonheur -nous ne nous étions toujours pas revus depuis cette fameuse mission !- et je me levai rapidement du canapé, récupérai ma balle pour la poser sur la table, et me précipitai vers l'entrée pour accueillir comme il se doit mon ami.

-Coucou !! Mais qu'est-ce que tu ramènes, attend, je vais t'aider !!!

M'approchant de lui pour récupérer un de ses sacs que je tenais fermement sur mon bras gauche, ma main droite en soutien bancal, j'allais le déposer dans la cuisine avant de me tourner vers Angie dont je voyais enfin le visage.

-Qu'est-ce que c'est tout ça ? T'emménage ici ? ris-je.

Elle n'a plus d'attelle, preuve ultime que Terrae est à la pointe de la technologie médicale. Elle a l'air en forme, ce qui semblait pas gagné suite à vos premiers échanges smsiques.

"J'ai fait quelques courses."

Tu lui réponds, et tu ne vas pas en détailler la liste exhaustive, disons qu'il y a bien de quoi faire à manger pour une semaine. Pas des trucs bien compliqués cela étant, t'es loin d'être un bon cuisinier ! T'as de quoi préparer de la salade, un gratin de pâtes, du houmous, de la bolo dans des lasagnes... et déjà c'est pas si mal. Au moins ces plats-là tu sais que tu ne vas pas te foirer. Sans compter que pour les desserts tu as prévu diverses salades de fruits que tu feras pousser en fonction de ceux qu'elle préfère et des glaces. Tu maîtrises pas du tout les desserts. T'as pas pris yaourts ou de compotes qui sont la base de ton alimentation parce que hier soir t'as essayé d'en ouvrir un avec une seule main... l'idée était ingénieuse, la réalisation par contre...

Elle t'aide comme elle peut à porter les sacs de course que t'avais posé pour toquer. Elle plaisante sur ton emménagement. Bien que l'idée de m'épandre à ce sujet et d'envoyer un screen à Ys me traverse l'esprit, tu ne m'en laisses pas le temps.

" C'est pas que l'idée d'avoir plus d'espace où mettre mon bordel me dérange,
mais j'avoue que tes robots me font un peu peur... Alors je viens juste remplir ton frigo, déso !"

-"Quelques courses", répétai-je en y mêlant mon rire.

Tu parles de quelques courses ! Il a dévalisé le magasin ! Mais l'attention étant parfaitement adorable, je ne pus que m'approcher de lui pour lui faire un gros câlin.

-Merci, t'es vraiment un super copain !!

Je m'éloignai de lui pour le gratifier d'un sourire, et retournai vers le sac que j'avais déposé sur la table de la cuisine pour aller fouiner dedans, cédant à la curiosité.

-On prépare quoi de bon aujourd'hui alors ?! Tu manges avec moi bien sûr !

Je tournai la tête vers Charlie-Ange.

-Tu crois qu'on pourra quand même inviter Mokona et Modoki à table avec nous ? Récemment ils ont développé une nouvelle passion et ils adorent regarder des humains manger en s'imaginant à notre place.

Et Balto profita de cet instant pour apparaître de nulle part et aller saluer le Terre.

Certes, ‘quelques’ n’était pas l’adjectif qu’une personne censée aurait utilisé… Enfin, tu rends son câlin à Mitsuki, t’es pas gêné de ce genre d’interactions. Si pendant un temps tu avais cru être amoureux d’elle, fréquenter d’autres masters t’avait permis de remettre les choses à leur place : tu adorais la tonnerre, mais la lumière qui l’entourait n’était en rien le reflet d’un amour né au premier regard. C’était quand même chelou, est-ce qu’les masters savaient ? Genre, ils devraient en lancer un ou deux en politique discrétos (pas des tonnerres ou des feux de préférence) et prendre le contrôle du monde.

« Alors j’ai pris de quoi faire des lasagnes, du houmous, un gratin de pâtes, de la salade, de la soupe de poulet… Du coup ce qui te fait envie pour aujourd’hui et je mets le reste dans des tuperwares pour la semaine ! »

Ou alors dans des plats, t’avais ramené du films plastique si elle n’avait pas de tuperware, t’avais jamais réellement cuisiné chez elle. T’avais aidé quelques fois à mettre la table par contre… Mais tu savais très bien faire comme chez toi quand il le fallait !

« Coucou Balto ! Comment tu vas mon vieux ? C’est qui le plus beau ? »

T’as lâché la cuisine pour t’agenouiller devant le chien et lui faire des mamours.

« J’ai pensé à toi ! » tu dis en te redressant et en fouillant dans un des sacs. « Je peux lui donner s’il te plait ??? » tu demandes en montrant un os à ronger qui est censé nettoyer les dents, si on regarde le détail des indications en kanji… toi tu sais pas les lire, mais l’image du chien qui sourit sur le packaging t’a plu…

-Woah mais tellement de choses !!!!!

Et dire que je ne sais pas cuisiner, mais quel gâchis. Bon, il y a des trucs pour lesquels ça devrait aller, non...? Genre. La salade. C'est facile à préparer la salade non ? Et les pâtes aussi je sais faire !

-Tu vas me faire vivre une semaine de cuisine française, je vais jamais m'en remettre !

Je reportai mon attention sur les sacs pour les vider petit à petit et déposer les différents aliments sur la table de la cuisine pendant que Charlie-Ange était occupé avec Balto qui était bien content de le voir. Il me désigna un os qu'il avait acheté, me demandant s'il pouvait lui donner, et j'éclatai de rire.

-T'as vraiment pensé à tout ! Bien sûr que tu peux lui donner, il va être super content !

Et en plus, il traînera pas dans nos pâtes quand on sera en train de cuisiner, donc c'est plutôt pas mal.

-Du coup ça veut dire que la semaine prochaine il faut que je te fasse vivre une semaine de cuisine japonaise ?

Oups, parce que si c'est le cas, j'suis pas certaine d'être la personne la plus adaptée pour le guider dans cette expérience.

-On commence par préparer la soupe de poulet ?

Oui, pour moi c'est évident qu'on va quand même tout cuisiner aujourd'hui sinon je serais jamais capable de suivre correctement les recettes si je suis toute seule.

Elle te donne la permission de gâter Balto, et bientôt il se retrouve à ronger l’os que tu lui as amené. Bien entendu tu n’as pas eu le cœur de lui demander de s’asseoir et de te donner la patoune avant de lui offrir cette friandise. Tu es la hantise de tous les maitres qui essai d’éduquer leur chien.

« Je garde mon « bon pour une semaine de repas jap gratuits » pour quand j’en aurais besoin ça te va ? »

Tu ne lui dis pas que tu ne le réclameras pas à corps et à cri, tu te souviens qu’elle n’aime pas particulièrement cuisiner, et tu n’as aucune raison de te retrouver le bras en attelle après t’être battu contre une organisation pseudo-terroriste-para-militaire-et-étatique.

« Je comptait faire du batch cooking et tout préparer d’un coup la première chose qu’il faut faire c’est couper des oignons, beaucoup d’oignons… Je crois que c’est la base de toutes les recettes que je fais… Quand je demandais à ma mère une recette elle commençait toujours par « tu fais revenir des oignons. » C’est devenu un running gag familial… »

Aussitôt dit, aussitôt fait. C’est pas bien compliqué il faut ôter les couches de l’oignon avant de le couper en deux puis couper en lamelles plus ou moins fines dans un sens en gardant le culs de l’oignon pour tout maintenir, puis dans l’autre sens… Ce qu’il devait arriver, finit par arriver.

« Mitssuuuuuuu, je suis trop triiiiiiiiiiiiiiiiste ! » tu dis avec un grand sourire alors que des larmes de crocodiles s’écrasent sur tes joues. Foutus oignons.

Un sourire sur les lèvres, je hochai la tête à sa réflexion.

-Ok, pas de souci, quand tu veux tu auras ta semaine de repas jap gratuits.

A base de ramens instantanés et de soupes toutes préparées à l'avance. Faudrait pas que je me rate et qu'il recrache son plat quand même, c'est plus safe de passer par les choses déjà préparées. Au moins il restera la dimension "gratuit" pour lui.

-Des oignons donc...

Je hochai la tête, et ris quand il évoqua ses souvenirs d'enfance. Ok, donc à noter : il y a des oignons dans tous les plats français. Sauf que l'oignon qu'il sort du sac pour commencer à le découper me fait tomber des nues. C'est... un oignon ça ? Ca n'a rien à voir avec les oignons que j'ai l'habitude de manger. Ca sent hyper fort en plus. Ca a l'air de piquer un max. On est sûr que c'est de la nourriture saine ? Et d'ailleurs, ça veut dire quoi "faire revenir des oignons" ? OK J'AI 0 SKILL EN CUISINE A L'AIDE.

J'observais un bon moment le Terre cuisiner sans rien dire, suivant les mouvements de son couteau, me frottant les yeux à cause de l'odeur. ATTENDEZ MAIS IL PLEURE pourquoi il a un grand sourire ?

-MON DIEU c'est quoi cette nourriture qui fait pleurer quand on la prépare ?!

« Ahah, t’inquiètes, le piquant disparait à la cuisson. Les oignons ont du être cueillis sur le tard, ça les rend piquants quand tu les coupes mais ça change rien au gout final ! »

Tu répètes ce que t’as toujours dit ta mère, toi t’as aucune raison de mettre en doutes ses paroles bienveillantes de cuisinière. Alors oui, peut-être qu’il y a des lignages d’oignons qui sont plus doux, mais les seules distinctions que tu sais faire c’est rouges, jaunes et blancs. Enfin , parfois les blancs et les jaunes c’est pas si net que ça.

« Et pour le goût que ça apporte ça faut le coup de pleurer un peu ! »

Tu rigoles et là… c’est le drame.

« PUT… » de bordel à couilles d’ornithorynque hermaphrodite.

Oui, t’as voulu essuyer tes larmes de crocodiles avec ta main… Tu sais celle qui tenait l’oignon. Oui. Celle-là même. T’es con, t’es con. T’aurais pu te laver les mains avant de faire ta connerie, mais ça aurait été moins dramatique. J’ai envie de dire bien fait pour toi et pleure tu pisseras moins. Voilà attrape le torchon et éponge. Après t’être lavé les mains stp. Soit pas plus cons que t’en as l’air actuellement merci.

« Ah et « putain » c’est une insulte courante, mon père en assaisonne souvent les plats. »

Ton père il serait pas sudiste ? non, comme ça une intuition.

Alors que mon ami m'expliquait les raisons qui poussaient cet affreux oignon à faire pleurer les gentils cuisiniers que nous étions, je me frottais les yeux avec le dos de ma main. Pas une très bonne idée, si vous voulez mon avis. Je reniflais péniblement.

-C'est vraiment compliqué d'être cuisinier en France, en fait. Tu vas vraiment au front quand tu découpes les légumes, ils te crachent littéralement leur venin au visage !

Ouais, ce sera ma conclusion. Cet oignon proteste contre son assassinat. Il est pas prêt face à sa prochaine menace, mes dents !

J'éclatais ensuite de rire à la remarque de Charlie-Ange.

-Tu m'étonnes que les cuisiniers en assaisonnent leurs plats s'ils doivent pleurer à chaque fois qu'ils cuisinent ! C'est trop dur comme métier en fait !

Je me baissai ensuite pour accéder aux placards du bas.

-Du coup j'imagine que tu auras besoin d'une casserole ? Ou d'une poêle ? Enfin, qu'on aura besoin, je vais t'assister bien sûr, mais pour préserver la saveur du plat, je pense qu'il est préférable que je ne m'implique pas trop si tu veux mon avis.