« Désolé... J'espère que je t'ai pas fait mal, dis-je d'un sourire désolé. »

Son rire me fait chaud au cœur sur l'instant.

«  Oui vas-y je m'en occupe!  »

J'aurais pu y penser avant. C'est emmerdant de se trimballer tout ça, ça nous empêche de profiter l'un de l'autre. Ouais. Mais, peut-être qu'inconsciemment je voulais pas l'avouer pour pas avoir à le laisser. Je l'observe sécher le tout qu'il me tend, que j'empile sur mes épaules et sous mes bras. Quand il se met contre le mur, je lui offre un large sourire, faisant un signe de ''Bye'' avec deux doigts qui s'envolent de ma tempe. Un dernier regard sur le blondinet tandis que je m'emmène dans ma chambre. Je dépose les affaires rapidement sur le lit avant de lâcher un long soupir. J'ai déconné merde. Faut que je me contrôle plus que ça sérieux. Il me fait perdre mes moyens. Je veux accepter toute sa douceur, mais je me l'interdis. Avec cette arrière pensée de ne pas le mériter ou... un truc comme ça. Bizarre d'être soudainement dans ma chambre, sans lui. Ça fait vide un peu. Chaque coin de la pièce me fait penser à lui. Me rappelle nos moments brûlants. Nos moments doux. Ceux qui nous ont fait gloussé comme des pintades. Je suis complètement trempée, mais je me laisse un micro temps pour souffler fort. Ressaisis toi meuf. OK? T'imagine t'aurais chialer devant lui comme une merde? Le pauvre. J'ai un doute de s'il sera encore là quand je vais y retourner. J'ai cette boule au ventre un peu. On a cette instabilité féroce par moment qui nous met dans un malaise tordu. Puis ça disparaît. Puis ça réapparaît. Je sais pas, chelou. Je souffle un dernier coup avant de revenir dehors. J'ai gardé mes fringues trempées, pieds nus, retrouvant l'odeur de la pluie, sa douceur qui tombe sur moi, et Erik qui est toujours là. Il sourit, ce qui fait étirer mes lèvres dans un sourire aussi.

«  Quelle coïncidence effectivement!  »

Je ricane avec lui avant que, libre de nos mouvements, ses mains m'attrapent, ses mains que je serre tandis que dans un énième baiser, on se perd dans une tendresse sans limite. J'oublie la merde que j'ai failli mettre peu de temps avant. Ne me lâche pas, s'il te plaît. Moi non plus je ne veux pas oublier cette journée. Contente que tu ne sois pas parti pendant mon aller-retour.

«  Ah oui?  »

Un nouveau baiser, rapide tandis qu'il vient m'enlacer de derrière. C'est... tellement agréable. Ça me fait fermer les yeux brièvement, profiter de cette étreinte qui me rend légère, souriante. Je pose une main sur un de ses bras.

«  ...Oui?  »

Je me retrouve d'un coup en hauteur. Porter par la force d'Erik sur épaules, ça me fait échapper un léger cri de surprise. Il est fort. Très fort. Ses mains tiennent mes jambes, tandis que je pose les miennes euh... bah...  sur sa tête. Ce serait relou que je tombe en arrière. C'est vraiment un rayon de soleil ce mec. J'éclate de rire face à ses questions. Je tends le bras devant moi, pointant du doigt dans notre direction.

«  Direction Isengard pour la bataille des arc-en-ciel!!!  »

Cette belle sensation de redevenir une ado. De me faire tenir par Erik. On avance sous la pluie comme deux enfants. Ça me remplit le cœur de joie. On s'en fout de tout. Y a que nous qui compte, sous cette pluie.

«  Pour ton info, monsieur le roi des hommes, je suis mi-elfe, mi-hobbit! J'ai pas de chaussures!  »

Je pars en fou-rire tout en tentant de garder un équilibre sur ses épaules. Ce changement d'ambiance soudain. Non. Tu peux pas me dire que je suis un rayon de soleil quand, en fait, ce mec c'est un univers complet à lui tout seul?? On est là, on discute, on avance jusqu'à notre point d'arrivée pour voir les arc-en-ciel que j'ai vraiment envie de voir, en sa compagnie.

«  T'sais avec un peu de chance, on pourra peut-être voir un double arc-en-ciel!! Je te jure ça existe c'est trop beau j'en ai déjà vu!!! T'en as déjà vu toi?? »

Meilleure vue de ma vie. Après celle d'Erik je dirais. Je tiens pas trop sa tête mais j'espère que mon dos fasse le boulot. Étrange qu'elle soit entre mes jambes mais pour autre chose- NON MAIS QUOI PUTAIN NON HEIN ÇA SUFFIT.
Mes mains lui caressent doucement la tête de temps en temps. Oui bah je sais pas quoi faire d'autre puis ça évite que ses cheveux retournent dans ses yeux. Là, on est pas dans une piscine à jouer à la bagarre, si on tombe, c'est le béton.

«  T'as pas mal au dos?? Ça va Erik?  »

On rigole. On s'amuse. On crie, pendant que le monde n'est rien qu'à nous. Je saute dans des flaques, Nana sur mes épaules. Ce bonheur simple, enfantin,on le partage tous les deux. C'est vraiment amusant. Après ces barrières stupides qu'on s'est mise, tous les deux. L'orage continue, les éclairs se font certes moins nombreux, mais ils sont toujours présents, fendant le ciel de temps en temps. J'éclate de rire, quand elle répond à ma référence au Seigneur des Anneaux. J'dois admettre qu'effectivement, ça a un petit côté marché des Ents vers l'Isengard. Sauf qu'on y va pas pour Saruman, mais pour des arcs-en-ciel.

"Et bien j'espère que ton appétit correspond plus à celui des elfes que des hobbits, sinon le budget bouffe risque d'exploser ! "

C'est vrai qu'elle est pieds nus. Je pouffe quand mes doigts viennent chatouiller la plante de son pied, la faisant s'agiter dans tous les sens sur mes épaules, criant au scandale. Vraiment, cette promenade me fait un bien fou. L'ambiance peut être si pesante, parfois, à Terrae. Ou juste dans ma vie. Là, je m'amuse. Je prends du plaisir à juste marcher sous la pluie en bonne compagnie. Je dois avouer que c'est pas de cette manière que je pensais finir entre ses cuisses, mais c'est tout aussi bien. Peut être même mieux. Ses mains qui passent dans les cheveux, ses pieds qui battent contre mes flancs au rythme de mes pas. Son rire qui résonne pendant que les gouttes s'espacent. On est quasiment arrivé au Lac, et le temps semble s'embellir.

"Des doubles ??? C'est genre quand ils sont l'un par dessus l'autre ??? Ou genre ils se croisent juste. Moi une fois j'ai vu 3 arcs en ciel dans le ciel en même temps c'était trop bien ! "

Je suis à peine essoufflé. Il faut dire qu'elle ne pèse pas si lourd que ça. J'nous emmène sur la rive Est du Lac, là où on a la plus belle vue, la plus dégagée.

"Je t'empêcherais pas de descendre mais j'peux te garder là haut encore un moment ! Pas trop le vertige de ton côté ?? Tu me dis si tu vois un truc hein !!! "

La pluie est sur la fin, j'ai l'impression. Je le sens, au fond de moi. Les nuages s'espacent. Le soleil va bientôt les traverser. J'espère être le premier à surprendre la naissance d'un arc en ciel mais la concurrence sera rude, j'en ai bien conscience. C'est finalement la voix de Nana qui brise le silence, depuis son perchoir, le doigt tendu devant mon visage pour me montrer sa trouvaille !

"OHH TROP BEAU !!! "

J'suis trempé, cette fille sur mes épaules. En train de regarder un arc en ciel après une promenade sous la pluie. J'ai bien fait, ce matin, de décider de faire la grasse matinée sous forme de chat. Ce moment, avec elle. Il me rend si heureux.

«  Désolé mais j’ai l’appétit d’un Hobbit, ricanais-je. »

Chose vraie. Bon parfois je saute des repas et je me fais gronder par Senri mais quand je mange… je mange. Mon amour pour la bouffe est énorme. Peut-être un peu trop. Ses doigts osent venir me chatouiller alors je me dandine sous la contrainte, lui criant d’arrêter avant que je ne lui tire les oreilles, riant aux éclats. On avance tout en s’amusant, allant vers le lac, sans penser à autre chose que de voir ces arc-en-ciel.

«  Ouais ils sont l’un au dessus de l’autre !! Genre alignés- QUOI 3 ?! Je savais même pas que c’était possible ! »

Impressionnant.
J’hésite sur l’instant quand Erik me propose de descendre. C’est pas que je le veux, mais j’avais juste peur de lui faire mal. Je sais pas.

«  Nan mais je veux juste pas que tu te fasses mal c’est tout ! Je suis bien Erik t’inquiète ! Trop pas peur des hauteurs ! Oui oui attend je vais regarder ! »

J’inspecte, une main collée contre le front dans ce cliché de regarder au loin. Les gouttes donc de moins en moins, redeviennent fines. On s’approche de plus en plus du lac quand je vois-

«  ERIK REGARDE !! LÀ-BAS »

C’est un demi arc-en-ciel. Il n’est pas encore là complètement mais c’est trop beau. On s’extasie à deux. D’un pas plus rapide on s’avance vers le lac pour ne rien louper, trop impatients de vouloir voir ce qui va s’en venir. On est bien à deux, à se lancer des références du Seigneur des Anneaux, à vouloir avoir le ciel juste pour nous, à pouffer de rire. C’est marquant, ce moment, cette sensation, Erik. C’est vraiment agréable tu sais.

«  Je vois le lac !! En avant toute !! »

On y est vraiment proche. Erik a gardé son rythme pour finalement qu’on y arrive assez vite. Pour ne pas manquer le spectacle. Le ciel est encore sombre, rendant l’eau du lac noir, mais on peut voir qu’il s’illumine doucement.

«  Les premiers rayons de soleil ne devraient plus tarder je pense ! T’en penses quoi toi ?  »

Je tapote mes mains ensemble. La vue est dégagée, on ne pourra rien louper. Je suis vachement haute quand même et la vue est sublime. Je viens effleurer du bout de l’index le front d’Erik pour qu’il lève la tête et me regarde.

«  Tu peux me faire descendre maintenant s’il te plaît ? Dis-je avec un large sourire. »

Parce que je veux être à ta hauteur pour regarder, puis tes yeux bleus me regardent avec une telle lueur… je peux pas me pencher assez pour t’embrasser, mais je le ferais lorsque je pourrais retoucher le sol.

"Ah oui c'est pour ça que j'ai l'impression vous êtes plusieurs là haut ?? "

Elle est toute légère ça se ressent même pas, alors je ricane, fier de ma connerie. Je continue à marcher, concentré sur l'objectif pendant qu'on papote, qu'on rigole, qu'on vit à fond cette expérience sous la pluie. On se fait des blagues, on se touche. On se tait, parfois, pour juste écouter le bruit de mes pas, de nos souffles. Sa main dans mes cheveux, les miennes sur ses chevilles.

"Ouf, tant mieux. Une Téléporteuse avec le mal des transports ça m'aurait fait rire hehe- ET TU DIS POUR DE VRAI HEIN MOI AUSSI J'VEUX VOIR L'ARC EN CIEL !!!! "

Je coupe à travers les arbres pour arriver plus vite, j'connais le chemin par cœur de toute façon. J'y vais doucement par endroit, la terre détrempée peut réserver de sacrées glissades et j'suis pas tout seul. Le cri de vigie retentit et je lève le nez :

"HEIN QUOI OU ÇAAAA- OOOOOOOOOOOOOOH !!! "

J'accélère le pas, le nez levé une fois notre destination en vue. Il est tout petit tout mignon pour l'instant, mais je ne doute pas que sa splendeur se fait simplement attendre pour le moment. Qu'on soit là où on le verra mieux. Main dans la main. Je rougis à cette pensée. Franchement. J'ai quel âge ? On dirait un écolier qui veut regarder les étoiles avec son amoureuse. ... Ouah. Ouais. Je rougis encore plus. C'est parce que j'ai le souffle court, à presque courir jusqu'à la grève. Le Lac nous regarde arriver, dans sa robe sombre habituelle du moins pour quelqu'un comme moi qui vient ici tôt le matin, ou tard le soir, et je souris à la vision de cette masse grouillante d'énergie, de magie. Est ce que l'orage, et les éclairs, ça fait la même chose pour ma cavalière ? Je garde la question dans un coin de ma tête.

"J'en pense qu'ils pourraient se faire attendre encore un peu que je verrais quand même comme en plein jour-"

Parce que même si je me répète, ouais, tes yeux, et ton sourire, c'est des soleils. Chauds, doux, ils réchauffent mon cœur, mon corps et mon esprit. Je souris, regardant l'arc-en-ciel s'allonger doucement. Le doigt de la Tonnerre sur mon front me fais lever les yeux. Croiser son regard, alors qu'elle se penche à la limite de ce que son équilibre permet. Je lui souris, incapable de me retenir.

"T'es en train de me demander de me mettre à genou devant un arc-en-ciel ? Alors que tu pourrais juste te téléporter au sol ? J'vois le genre-"

Je m'exécute, les mains serrant ses cuisses pour éviter un accident de dernière minute. Un genou à terre, j'attends que ses pieds retrouvent le sol et qu'elle avance de quelques pas pour me redresser. J'ai à peine le temps de lever la tête que déjà, ses lèvres sont sur les miennes. Moi qui voulait m'étirer et regarder les jeux de lumière dans le ciel, je me retrouve les yeux clos, pendant que mes autres sens s'imprègnent d'elle. Mes mains courent contre ses flancs avant de finalement s'arrêter jointes juste au dessus de ses fesses, l'attirant contre moi pendant qu'elle fait la même chose, ses bras derrière ma nuque encore chaude de ses cuisses. Au loin, j'entends un premier oiseau chanter le retour du soleil. Puis un second. Les grenouilles se joignent finallement à leur chant. J'interromps notre étreinte à regret. On est pas venu pour ça. On aura tout le temps pour ça.

"Attends, attends, on va louper le meilleur moment- "

Je passe mon bras gauche dans son dos pour nous mettre face à l'arc-en-ciel qui traverse maintenant le firmament de part et d'autre. Ma main droite se glisse dans la sienne. Je ne veux pas perdre une seule miette de ce contact, pendant que nos yeux regardent au même endroit. Je devine son sourire, du coin de l'œil, et je crois que jamais je n'ai ressenti un tel sentiment. Celui d'avoir gagné. D'avoir vaincu ce monde. D'avoir vécu cette vie. D'être juste heureux. Tranquille, dans ce moment doux. Innocent. Partagé avec elle. Nana. Cette fille qui me fait oublier de respirer.

"Est-ce que tu crois que c'est juste une coïncidence, Nana, si il y a 7 couleurs dans un arc-en-ciel ? "

As The World Caves In

« Bah, vu que tu me tiens... ça se peut que tu partes avec moi dans la téléportation haha. Puis si je ne fais que me téléporter, c'est pas drôle du tout.»

Mes pieds retrouvent finalement le sol, les jambes encore chaudes du contact avec Erik. Pas le temps de s'étirer, ça fait un petit moment que j'attendais... Je m'avance rapidement prendre son visage qui se relève entre mes mains pour l'embrasser langoureusement. J'aurais juste pu dire une blague nulle et regarder l'eau du lac, mais j'avais envie de ce contact. C'est malsain non? Je lui ai pas demandé. Enfin. Je sais pas. Difficile à dire. Ce qui est simple à dire est que mes mains se déplacent jusque dans sa nuque pour l'enrouler de mes bras. Laissant la chaleur de nos deux corps ensemble faire le boulot pour nous réchauffer sous cette pluie battante. Comment tu fais, Erik, pour me faire sourire et rire autant? Pour me faire avoir cette envie incontrôlable de garder de contact proche de moi. T'es dangereux. Ou c'est moi qui suis inconsciente. Ses mains qui se baladent sur moi, sur le tissu mouillé qui me colle comme une seconde peau, me font sourire de l'intérieur. Je tente de récupérer mon air quand il interrompt le contact, un léger sourire en coin.

« On y est ? »

Installée confortablement contre lui, son bras dans mon dos qui me soutient. Mes yeux découvrent cet arc-en-ciel énorme qui nous fait coucou depuis le ciel. Il est brillant, les couleurs sont vives. Je viens serrer la main d'Erik qui vient reprendra sa place dans la mienne. J'ai un large sourire. Mais, est-ce que je souris parce que c'est l'arc-en-ciel? Parce que je suis avec Erik ici? Parce que je suis juste contente? Tout ensemble? Je ne le sais pas, mais mon cœur lui danse la macaréna devant cette vue, cet instant. Il y a ce petit silence et mes yeux qui ne veulent pas quitter écharpe colorée qui dessine le ciel. Un rire m'échappe.

« Peut-être Erik... Mais est-ce que tu crois que c'est juste une coïncidence que ce soit grâce à l'eau qu'un arc-en-ciel apparaisse? »

Est-ce qu'on joue aux devinettes? Je le sais bien ce que veut dire mon nom. Il aime bien blaguer dessus, et j'aime ça. Ou peut-être que ce que je lui dis, c'est trop doux. Je le sais pas. Mais je le pense alorsé Ça me fait rire aux éclats. Alors on finit par rester comme ça, sans se dire un mot, les doigts serrés tandis que le ciel reprend tranquillement une apparition moins sombre. Les nuages foncés quittent pour de nouveaux horizons, ne laissant la trace que de cumulus blanc comme neige. Ça doit être bien de pouvoir voler là-haut... Mais ce qui est bien tout de suite, c'est d'oublier tout ce que la vie peut marteler sur la tête pour ne profiter que de ce que la nature nous offre. J'ai laissé ma tête se poser contre son épaule. Les rayons de soleil viennent percer doucement à travers les gouttes affinées. Faisant apparaître cet espèce de deuxième bout d'arc-en-ciel derrière.

« T'AS VU? »

Oui j'ai pété le silence en hurlant. Mais la beauté que ça offre. Je tourne la tête pour regarder le blondinet qui s'extasie devant ce petit bout supplémentaire. Il a les yeux qui brillent, et un sourire qui ressentir cette petite lumière en moi. Je le quitte pour regarder le ciel. J'en oublie presque comment je m'appelle devant cette beauté. Difficile de me l'avouer totalement, mais j'adorerai que ce soit ainsi tous les jours, avec lui. Il me fait me rendre compte un peu que juste de passer un moment aussi simple, aussi doux que celui là, peut valoir tout l'or du monde. Peut valoir tous les codes moraux possibles. On s'en fout du monde putain. De la terre. De tout ce qui est autour. Je sais pas. Ou peut-être c'est moi qui pense trop large. J'ai du perdre quelques neurones sur le chemin. Ce n'est pas grave, tout comme des mailles sur un collier, ça se remplace. Est-ce que dans mon histoire, le crapaud en prince, c'est un chat? Cette pensée me fait sourire un peu plus. À mon plus grand étonnement. Je jette des petits coup d’œil pour le regarder. Avant qu'un sourire un peu espiègle prenne sa place, mon pouce qui caresse la paume de sa main.

« T'sais ce qui peut faire d'autres arc-en-ciel d'un coup? »

Je penche la tête et le regarde, un air malin sur le visage avant de serrer un peu plus sa main et de nous téléporter dans l'eau du lac. Ouais enfin. Juste au bord. On a les chevilles enseveli et je lâche sa main pour me reculer et lui envoyer un  jet d'eau avec la main.

« ÇA- Hahahahah, »

J'ai 5 ans d'âge mental. Tout va bien. Mais je pense qu'on peut en créer des arc-en-ciel si il bouge l'eau, et que je fais des éclairs assez fort qui traverse je sais pas où. Techniquement, je n'ai pas eut tord en posant ma question. On est déjà trempés de toute façon alors autant s'amuser encore... avant que la journée décide de se finir... Mais pas tout de suite. Puis je sais que j'ai aucune chance contre un Eau, dans de l'eau hein.

Mes joues n'ont jamais été aussi rouges. Est-ce qu'elle vient vraiment de rire ça ? Que si elle rayonne autant, c'est parce que je suis là ? J'ai bien entendu, hein ? Je fabule pas. Genre. Elle m'a renvoyé ma phrase de lover à moitié assumée/moitié blague comme ça, dans la gueule. Son rire face à ma mine déconfite. J'ai envie que tu dises d'autres choses comme ça, Nana. C'est trop addictif, de t'entendre dire mon nom. De sentir tes doigts contre la paume de ma main.

"J'imagine qu'à deux, on peut rendre la traversée de n'importe quelle tempête plus facile, quand on sait ce qui se cache derrière-"

C'est pas vraiment comme ça que je voulais le tourner. Mais c'est comme ça que c'est sorti. Qu'on peut, tous les deux ensemble, faire des arcs-en-ciel, voilà ce que je voulais dire. La tête de la jeune femme vient se poser sur mon épaule, et un soupire de contentement m'échappe. Ses cheveux humides, si proche de mon nez. Leur douce fragrance. Mes lèvres qui viennent se poser délicatement sur son crâne alors qu'elle s'exclame à nouveau, me faisant relever le nez.

"Woaaahh-"

Je ne peux pas détourner le regard de ce petit bout de lumière dans le ciel, un grand sourire aux lèvres. C'est si joli. Si rare. Si doux. J'aurais pu le louper, si Nana n'avait rien dit. Parce qu'il dure pas longtemps. Mais on l'a vu. tous les deux, l'un contre l'autre. C'est pour ça qu'on venait après tout. Enfin. Ça nous donnait une raison de passer un peu de temps ensemble. Et ce temps, mes amis. Ce temps au bonheur simple, enfantin. À jouer avec elle. Je rougis légèrement. Depuis quand est ce que Nana est devenue "elle", quand je pense ? Longtemps, je crois. J'avais pas capté. Ou peut-être que je voulais pas capter. Nos yeux s'accrochent à nouveau, et on se regarde un moment.

"Merci-"

Merci pour cette balade, pour les arcs-en-ciel, pour ta présence, ta chaleur et ta bonne humeur. Est-ce que c'est un merci d'au revoir ? J'en ai pas envie, mais il sonne comme tel, nan ? Ce n'est pas ce que la Tonnerre a l'air de penser. Son regard se fait espiègle, alors qu'elle recule d'un pas, sa main dans la mienne. C'est euh. Sa main me serre un peu plus fort. C'est le moment où elle nous téléporte au sec ? Où on laisse libre court à nos envies, à nos pulsions ? Est-ce que je sais ce qui peut faire un arc en-

"HEY MAIS EH OH-"

J'viens de prendre une rafale d'eau dans le visage, les pieds dans la vase du Lac. Oui, je sais très bien ce qui peut faire un arc en ciel, mais- J'éclate de rire, prenant appui sur le sol instable pour me ruer vers la blonde.

"Alors ça, tu vas le payer ! "

Je loupe son poignet une première fois, quand j'essaie de l'attraper, emporté par mon élan. On va être fair-play. Pas de pouvoirs. Pour l'instant. La paume de ma main, doigts serrés pour former une sorte de palme, vient racler la surface de l'eau pour en projeter dans la direction de Nana alors que j'fais demi-tour pour retourner à l'assaut. Et cette fois, c'est la bonne. J'arrive à la ceinturer, d'un bras, et vient la poser sur mon épaule malgré ses gigotements incessants pour se libérer. J'admets que ma seconde main qui vient se poser sur ses fesses, c'est pas juste pour l'immobiliser. Je me suis laissé emporter par le moment, okay ? C'est pas comme si elles étaient sur mes épaules tout à l'heure, de toute façon, hein. Une fois que l'eau m'arrive au dessus de la taille, je soupèse mon paquet. Flemme de la lancer, je crois.

"Je t'avais dit que tu allais payer-"

J'la met en garde pour la forme. Qu'elle puisse se boucher le nez si elle veut. Et je nous laisse tomber tous les deux dans l'eau, dans une nuée d'éclaboussures impressionnante. Je remonte à l'air libre le premier, dégoulinant, et elle me rejoint vite à la surface. J'espère qu'elle a eu le temps de reprendre sa respiration. Parce que je ne lui en laisse pas l'opportunité. Mes lèvres viennent cueillir les siennes, mon corps pressé contre le sien.

"Espèce de- de- de chipie."

J'avais rien de mieux en réserve.

Je nous ai foutu dans l’eau. Profitant pour en envoyer un coup vers Erik dans un élan d’amusement. Je ricane fortement à sa réaction.

«  Vas-y je t’attends ! »

Il arrive mais me loupe de peu. Je continue de rire en restant sur mes gardes. Le jet d’eau qu’il envoie dans le visage me déstabilise et je m’essuie le visage, perdant de vue Erik qui arrive et m’attrape comme un vieux sac. Un cri de surprise m’échappe, puis un rire.

«  Naaaaan lâche moi arrête je t’ai juste envoyer de l’eau !! HEY-. »

Je gigote comme un poisson hors de l’eau sur son épaule mais faut se douter qu’il a de la force et son appui est assez bien placé pour que je sois coincée. Je tente par plusieurs façons de me libérer mais Erik m’emporte avec lui dans l’eau, le nez pincé. Je me laisse couler un petit temps, profitant que l’eau m’enveloppe dans une embrassade langoureuse, rendant mon corps léger.
Avec quelques battements je remonte à la surface pour rejoindre Erik. Je ressors la tête dans une grosse inspiration pour remplir mes poumons vides quand la carrure d’Erik vient m’envelopper à son tour. La douceur de ses lèvres mouillés contre les miennes tandis que mes mains viennent s’accrocher à ses épaules. Serre-moi. Je me fais traiter de chipie et ma seule réponse est de lui rendre le baiser qu’il avait déposé, lâchant un rire au passage. Mes mains se déplaçant dans sa nuque pour le garder proche.

«  Tu veux vraiment voir c’est quoi une chipie ? »

Oh non. Pourquoi tu dis ça meuf.
Je plonge sous l’eau pour me faufiler entre ses jambes et ressortir en arrière pour sauter sur son dos.

«  C’EST D’ESSAYER DE TE COULER »

Et je pars aux éclats de rire tandis que j’essaye de fixer ma prise pour le déstabiliser et le faire aller sous l’eau. Mais le mec est balèze, va couler un nageur hein. C’est une bataille qui continue tandis qu’il essaye de rester droit, qu’on rit ensemble et que je me fais provoquer parce que j’y arriverai sûrement pas. Puis c’est pas tout mais je me suis entraînée dur et l’épuisement commence à me prendre un peu. MAIS COULE LÀ. Je l’ai fait se déplacer jusqu’à un niveau où l’eau arrive aux épaules. Mais. Je finis par lâcher un soupir et de me laisser couler dans l’eau, pour lâcher un peu. Je remonte à la surface pour lui faire face, les sourcils froncés, mais avec un large sourire.

«  C’est pas juste HEIN »

J’aurais ma revanche. Peut-être un jour. Si on se revoit. Enfin. Pourquoi on se reverrait pas ? Pourquoi j’ai toujours cette impression que c’est la dernière fois ? Eh- Non n’y pense pas hein. Profites juste de maintenant, de ses yeux qui sont accrochés au tien et de son doux sourire.

«  Je sais ce qui peut te déstabiliser , ricanais-je. »

Je m’approche doucement comme un petit requin fourbe. Avant de placer mes bras autour de sa nuque, mes jambes autour de sa taille.

« Tu veux toujours pas couler ?  Dis-je avec une fausse moue triste. »

Imaginez une maman chat. Et son bébé chat. La maman chat fait tranquillement la sieste pendant que le chaton joue avec les limites, et crapahute sur sa mère, l'escaladant à la recherche d'attention. C'est un peu cette impression que j'ai actuellement. Sauf que je m'amuse autant que le chaton. On crie, on se provoque, on se charie, on se fait des prises de catch, on s'envoie de l'eau, et elle finie par essayer de me faire un étranglement par derrière, agrippée à moi comme un mollusque à son rocher. Par tous les moyens, elle essaie de me faire boire la tasse et, jouant le jeu, j'avance petit à petit vers un endroit où j'ai à peine pied.

"Sacrée chipie, en effet. Tu feras gaffe, t'as plus pied toi. Illustrant mon propos, j'appuie sur sa tête pour l'enfoncer de quelques centimètres sous l'eau, éclatant de rire Me parle pas de justice. J'suis resté super fair play j'ai même pas utilisé mes pouvoirs ! Va juste falloir muscler un peu ton jeu. Ehehehe-"

Elle est de nouveau face à moi, battant doucement des pieds pour garder la tête hors de l'eau. J'allais lui tendre la main pour qu'elle puisse se reposer conte moi, mais il semblerait que ça ne soit pas dans ses plans.

"Ah ouais ? J'aimerais bien voir ça..."

Un sourire moqueur sur le visage, mon regard dans le sien, je la regarde s'approcher. C'est bel et bien le regard de quelqu'un qui a un plan. Et je crois que je vais bien aimer ce plan...

"Une Tonnerre qui réfléchit ? Qui êtes-vous madame ? Qu'avez vous fait de ma Nana-"

COMMENT ÇA MON REUF. COMMENT ÇA MA NANA ??? EHO ALLO ROUGIS PAS COMME ÇA SOMBRE FILS DE PUTE CONTINUE DE PARLER J'SAIS PAS-

"Tu vas faire quoi, du coup ? Essayer de me déconcentrer comme tout à l'heure ? "

Ses bras autour de ma nuque. Ses jambes autour de ma taille. C'est tout naturellement que mes mains prennent leur place sur les fesses de la Téléporteuse. Et que mes lèvres prennent les siennes. Elle est si douce. Si drôle. Belle comme un cœur. Avec ce qu'il faut de répondant. Elle me complète. Je comprends pas. J'vais finir par couler. Par me noyer en elle. Avec elle. Pour elle. J'oublie notre petit jeu dans le Lac. Je veux juste que nos corps ne s'éloignent plus jamais. Qu'elle reste accrochée à moi pour toujours.

Breathe your name

Oui bon. Très drôle j'ai pas pieds. Mais je suis bonne nageuse alors je n'ai pas peur de couler. Sauf quand il se met à appuyer sur ma tête. COMME SI J'ÉTAIS UN BUZZER DANS UNE ÉMISSION DE TÉLÉ. Alors je ressors la tête en rigolant, criant à l'injustice alors qu'il se dit fair play, je fronce les sourcils.

« Mais je SUIS musclée OK? »

OK, Elle était drôle celle-là.  Enfin. Juste pour moi. Je sais pas. Mais je veux me lancer le défi d'arriver à le foutre sous l'eau. Alors que je le regarde, et que je veux m'accrocher. Rester proche. Faire une pause aussi hein. Je suis grande pourtant, mais même mon gros orteil ne touche pas le fond. ''Ma Nana'' ça résonne... ça me fait sourire sur le moment.

« Je ne vois pas de quoi vous parlez m'sieur, je suis toujours la même...  »

Et tienne... NON MAIS DIS PAS CA MEUF. TU TE PRENDS POUR QUI. Eh-... Alors je viens contre Erik, je suis accrochée... comme un bébé... koala... Qu'est-ce que je fous?  Non mais oui le déstabiliser mais est-ce que je veux laisser mes pulsions prendre le dessus, je vais un peu loin peut-être? Mais sa réaction me donne un peu plus envie de me pousser... de le pousser alors que mes jambes sont bien accrochées. La tempête est presque partie. Ses lèvres viennent me rejoindre, dans cet échange à nouveau doux et surtout... voluptueux. C'est de pire en pire... Je me sens tourbillonner de l'intérieur sans vouloir me décrocher, le cœur battant. Est-ce que c'est moi qui cherche la petite bête? Que je ne peux pas m'empêcher d'aller vers lui? Ses mains contre moi, son corps qui ne veut pas me lâcher, je perds le nord... bien que je ne suis pas sûre que je l'avais déjà.  Eeeeeeet on retouche ses cheveux à peine qu'on se décolle le visage, allez. Que quelqu'un m'empêche de le faire s'il vous plait ça devient maladif. Ses mains qui me tiennent...... Hhhhhhh..... JE ME RÉPÈTE MAIS C'EST JUSTE QUE- Bon. Je viens placer une mèche derrière mon oreille.

« Ça marchait bien alors... pourquoi ne pas retenter? Hein Erik ? Tu te crois plus fort que tout à l'heure ?  »

Je laisse mon regard plongé dans le sien, ses yeux redeviennent plus bleus que tout à l'heure en reprenant les mêmes couleurs que le ciel qui se dégage, les rayons du soleil éclairant nos visages un peu plus. L'eau du lac est calme, donc j'ai pas de risque de boire la tasse. Je me mords un peu les lèvres de l'intérieur, mes mains à la recherche de sa peau sous l'eau, descendant mes bras pour qu'ils passent entre les siens. Mes doigts défiants le bas de son jersey pour passer en dessous, voyageant sur son dos. Sa peau est toujours si douce. Il est moins habillé que moi alors j'ai l'avantage. Ça dérive vers ses côtes... son torse... Je le fais languir sans laisser ma bouche s'écraser sur la sienne parce que bon- ça devient dangereux. Mais en même temps ce que je fais... ça pousse à la tentation... Eh-.... L'eau est froide. Mais j'ai chaud. Te laisse pas perdre dans ton objectif meuf. Le couler. Le couler. Le couler. Non mais je veux couler avec lui, qu'il ne me lâche pas- ARRÊTE DE PARLER. Putain. Fais chier. ALLEZ. Je me laisse tenter par nous téléporter à l'horizontal sous l'eau, j'ouvre les yeux pour voir son visage et j'ai un large sourire sur le visage. Je l'ai lâché pour qu'on puisse battre des jambes, il se retrouve donc en dessous de moi. Je suis emmerdante jusqu'au bout. Mais, je n'aurais pas fait ça... c'est son caleçon qui sautait... Fallait clairement que je garde la tête froide si je peux dire. Je prends son visage dans mes mains, toujours sous l'eau avant de l'embrasser doucement mais pas trop longtemps parce que bon, moi et l'apné ça fait 15. Je ris, lâchant de nombreuses bulles d'air.

"C'est vrai que t'es super forte, j'ai même cru t'étais Titan à un moment j'te jure ! "

Elle est musclée j'suis bien d'accord. Ça lui fait une silhouette athlétique que je trouve magnifique. Puis je l'appelle ma Nana, et alors qu'elle vient s'accrocher à moi et m'appelle Monsieur et me vouvoie et- C'est trop pour moi mdr, elle veut m'achever j'en suis persuadé. Putain. Ok il est bien son plan pour me faire couler. Elle rigole plus. enfin. Si. Mais elle est sérieuse quand elle dit qu'elle veut me faire couler. Et je vois dans son regard qu'elle est prête à tout. Ce que je trouve extrêmement- satisfaisant. Admirable. Excitant. Amusant, aussi. Mon corps crie son nom pendant que nos lèvres s'unissent. Encore. Je ne m'en lasse pas, de toutes les émotions, toutes les nuances que ses lèvres me partagent, me font vivre. Tantôt passionnels, tantôt doux ou tendre, parfois même désespérés, comme lors de nos adieux de l'autre fois. Juste avec ses lèvres. Et ses mains dans mes cheveux, c'est. Un putain de poison. J'ai l'impression d'être un animal assoiffé de papouilles. Seul mon égo m'empêche d'en redemander. C'est tellement mignon. Adorable. Ça me fait me sentir si bien...

"Je t'ai pas dit que je t'avais laissé gagner ? Que j'ai préféré te rendre ton baiser avec la même intensité que celle que tu mettais, plutôt que de rester sec ? Ma concentration allait très bien- Du coup non, mais j'suis toujours aussi fort hehe-"

Mais nan mais gars arrête de parler ça ne veut rien dire. Genre. Tu l'as laissé gagner ?? Genre non. Elle a juste joué avec mon désir. Elle a gagné, au moment où j'ai décidé que je voulais lui rendre ce baiser. Si j'ai eu envie. C'est parce qu'elle m'a donné envie de le faire. Putain. Ok. Je perdrais pas, cette fois Sauf si elle est trop mignonne et adorable et- Nan. J'perds pas. C'est tout. Pourtant. Ouah. Ses mains sous mon t-shirt. Dans mon dos, remontant sur mon torse, les ongles me caressants autant que la pulpe de ses doigts. Ses lèvres qui restent si loin de moi. Je suis obligé de fermer les yeux par intermittence, tant le désir monte. Si je lui saute dessus, c'est certain que je coule. L'eau est aussi froide que d'habitude à cette période, pourtant je ne ressens rien d'autre que le corps tiède de Nana contre le mien. Je ne bouge pas, les mains toujours sous elle. Si je les bouge. C'est mort. Je la vois inspirer plus fort que les fois précédentes, et fait de même, à plein poumons. Je l'ai senti venir. On est sous l'eau. Je vois la surface, au dessus de moi. Mes yeux brillent une seconde, le temps que j'évalue la profondeur au dessus de nous. Tout va bien. Elle est là, entre moi et le ciel. Souriante. Ce sourire qu'elle a quand nos regards se croisent. Ce qu'elle est belle, les cheveux flottant autour d'elle comme une auréole brillante. Ses mains se posent sur mes joues et un baiser sous-marin s'en suit. C'est. Particulier, mais loin d'être désagréable. Elle rigole, laissant s'échapper des bulles d'air qui fusent vers la surface. Puis elle me repousse vers le fond et tente, de quelques battements de jambes, de remonter à la surface. J'ai dit que je perdrais pas. Désolé, Nana. Ma main droite s'enroule autour de sa cheville et je la tire vers moi, lui volant son inertie pour venir placer mon visage en face du sien. Elle a peu d'air, je le sais. Toutes ces bulles un peu plus tôt. Puis ça se lit sur son visage. Pourtant, ses mots de tout à l'heure, dans la cour, me revienne. Ce mot me revient. Quand j'ai demandé si elle me faisait confiance. Ce oui, timide. Il était sincère. Je le vois, dans son regard, et mon cœur loupe un battement. Je l'entraine vers le fond et pourtant, elle sourit, malgré le manque d'oxygène. Remarque. Ptete que c'est juste son cerveau qui est plus oxygéné et elle vrille complet. Non. Son regard. Elle me fait confiance, c'est tout. Mes lèvres viennent se coller aux siennes et je la laisse respirer l'air dans ma bouche. C'est l'avantage d'expirer par le nez, sous l'eau. Même si c'est pas grand chose, au moins c'est pas saturé en CO². Ma main glisse sur sa joue et je vide mes poumons, coulant vers le fond du Lac. Prends de l'avance, Nana. Y a pas de soucis. Je lui fait un petit coucou de la main quand elle me regarde par dessus son épaule. J'atteins le sol vaseux, fléchis les jambes et viens placer mes bras en flèche au dessus de ma tête, prenant une impulsion de toutes mes forces pour me projeter vers le haut, à toute vitesse. Pour aller encore plus vite, je bats des jambes et j'imprime ma volonté sur l'eau stagnante qui m'entoure, pour me créer un courant ascendant. Je crève la surface juste avant Nana, hurlant le peu d'air qu'il me restait dans les bronches, bras levés au ciel en signe de victoire-

"YOUHOUUUUUUUUU- "

« Si tu le dis, dis-je en souriant.»

Ma mauvaise foi crie à l'intérieur de moi. Vraiment hein? Tu vas me dire que mon toucher ne te fait rien? C'est pas ce que tu disais dans ma chambre la dernière fois- OK NANA ON SE CONCENTRE. Putain vraiment heureusement qu'il est pas Télépathe je serais dans le jus complet. F-O-C-U-S. Contre moi, mes mains viennent le caresser dans tous les sens dans le haut du corps, mes ongles passant doucement sur sa peau. C'est tentant. C'est tentant. C'est tentant. C'est tentant. C'est tentant. NON. ON A DIT NON OK. Alors, je me laisse tenter par la tricherie et je l'emmène sous l'eau. Remplissant mes poumons au maximum avant de faire agir ma téléportation. La brillance de mes yeux disparaît sous l'eau tandis que nos regards se croisent sous l'eau. Que nos lèvres se retrouvent mais dans cet environnement aquatique où les sensations sont bien différentes. Indescriptibles, mais douces. Je l'observe un peu tout en riant avant de vouloir remonter à la surface pour récupérer de l'air. Je commence à batifoler mais une force me ramène dans les profondeurs par la cheville. Le visage d'Erik revient en face du mien.

J'ai un coup de stress mais sans cogiter. Mon niveau d'air est vraiment bas. J'en ai trop lâché en rigolant. Mais il me regarde. Qu'est-ce que tu as attends? Est-ce que les Eau sont des sirènes qui gardent leur proie au fond de l'eau pour les noyer et les bouffer? Non mais meuf juste pousse le et retourne à la surface. Pourquoi tu bouges pas? Tu vas pas te laisser crever? Je le sens que ma cage thoracique est en détresse un peu. Mais quand je vois son visage et ses yeux... Je sais pas... Je me sens de rester. Fais quelque chose Erik... Tu m'emmènes vers le fond... Est-ce que je dois m'inquiéter? Je t'ai dit que je te faisais confiance... Je souris parce que je m'amuse, mais j'ai un peu peur au fond de moi. Je veux pas flancher. Je lui fais un léger signe que je vais devoir remonter sinon je vais m'évanouir. Dans le fond de ce lac, soudainement, quand il replonge son visage contre le mien, ce n'est pas un baiser cette fois-ci, enfin, s'en est un mais qui remplit mes poumons d'air alors que j'aspire l'air qu'il me fournit.

Je pose ma main sur la sienne le temps du transfert, pour ne pas perdre l'équilibre dans l'eau. Quand on se lâche, il coule encore. Est-ce que ça va? Je vois. Il va remonter d'un coup, j'imagine. Au pire si je vois qu'il remonte pas, j'irais le chercher. Je lui souris une dernière fois quand il me fait coucou avant de faire de grands mouvements pour remonter vers la surface ensoleillée. Pourquoi j'ai douté de sa confiance en pensant que j'allais crever? Je sais pas. Pourtant je me doutais qu'on se laisserait pas mourir dans l'eau non plus, mais... peut-être le manque d'air m'a fait perdre un peu la tête je sais pas. Je suis proche, j'y suis presque, l'air d'Erik dans mes poumons.  Puis, finalement, le voici le pouvoir d'un Eau. Il me dépasse à la vitesse de la lumière en ressortant la tête le premier, un instant avant que ma tête ne sort. Je prends une giga inspiration.

«  HHHHHHHHHHhhhhhhhh »

C'était chaud. Est-ce que c'est vraiment réel tout ça. Je suis épuisée, me laissant flotter comme une planche dans l'eau, seule le visage est à l'air. C'était... incroyable...  c'était... je sais pas. Les mots me manquent pour trouver une définition. Mais ça me fait sourire.

«  Ouais OK bravo t'es ressorti en premier MAIS je t'ai coulé c'est ce qui compte!»

Je regarde en planche parce que là... mes muscles hurlent. Il me faut un moment pour m'en remettre là. Cette expérience. Pfiouh.

«  C'était... très impresionnant. »

Et FOU. OK? Vraiment. Ce moment qu'on a partagé, vraiment intense, du jamais vu.

«  Je savais pas que c'était faisable de se partager de l'air comme ça! T'es un vrai triton, ricanais-je. »

Je me laisse retourner un peu sous l'eau pour remonter afin de remettre mes cheveux en place puis de me déplacer vers la vase où j'ai pieds un peu, effleurant l'épaule d'Erik au passage avec un petit sourire en coin. J'ai la respiration un micro saccadée encore mais un peu plus stable. Putain j'aurais pu crever là-dessous???? Non. Enfin. Je lui faisais confiance. Et j'ai bien fait. Puis je pense que si vraiment ça aurait été la merde, j'aurais trouvé de la force pour me téléporter. Mais je l'ai suivi... dans le fond... peut-être parce que je pourrais le suivre partout... JE SAIS PAS?

«  OK- J'avoue j'ai eut un petit coup de panique rapide. MAIS, c'était incroyable non franchement bravo, ouais t'es tout autant adorable ET badass que moi. Je te l'avoue. Je te dirais pas que t'as gagné je suis trop mauvaise perdante mais au moins je te laisse ça, hm? »

Ok Nana t'as dit badass mais ADORABLE?????

Je la regarde émerger. Reprendre sa respiration. Longtemps. Je passe mon bras sous son aisselle pour m'assurer qu'elle ne coule pas.

"Comment ça tu m'a coulé ? Genre. couler ça veut dire s'enfoncer dans l'eau. Se retrouvé téléporté sous l'eau c'est plus une tentative d'homicide que couler quelqu'un ! "

On se met sur le dos, face vers le ciel. Il ne pleut plus, et l'arc en ciel, s'il n'a pas déjà disparu, est probablement caché par la cime des arbres. Je créé un courant qui nous ramène doucement vers la berge. Pas trop vite, qu'on profite de nos mains liées pendant qu'on dérive. Nana me fait sourire, même si le ciel est le seul à en profiter.

"J'ai eu peur que- 'fin. Si t'avais pas inspiré, ça aurait pu être dangereux. J'm'en serait voulu. T'as eu le bon réflexe. Puis c'était rigolo, tes cheveux comme ça, et tes mains 'fin. Entre le jacuzzi, la douche, sous la pluie et maintenant le Lac. Tu vas finir par penser que j'ai un fétiche bizarre..."

J'ai un fétiche bizarre ? Probablement plus d'un même en vrai. Mais j'sais pas j'crois pas que l'eau en face parti omg. Et comment ça sous la pluie et le Lac ? Genre on a pas ken. 'fin. J'sais pas. J'suis dans le même état qu'après un orgasme, un peu. Bien. Heureux. A bout de souffle. Avec sa main dans la mienne. J'sais pas. O.M.G. Comment ça j'suis Adorable et Badass? Genre.

"Ah oui donc toi t'es badass puis seulement après t'es adorable, et moi je suis "petit minou", et ADORABLE PUIS SEULEMENT APRES badass ?? C'est même pas être mauvaise perdante là c'est clairement de la diffamation... Et j'ai vu ta panique. J'étais prêt à te faire du bouche à bouche t'en fais pas. Même si le faire pendant que tu étais consciente c'était vachement plus satisfaisant, j'avoue-"

On se dresse sur nos jambes, finalement. On est assez proche de la berge pour avoir pied alors pourquoi s'en priver, hein. Ma main glisse une fois de plus dans la sienne, comme par automatisme, et je l'attire contre moi pour attraper son menton du bout des doigts.

"Tu aurais jamais dû me dire que tu es mauvaise perdante- Ma main libre passe dans ses cheveux en bataille - Parce que maintenant je vois clair dans tes tentatives éhontés pour tricher. T'as besoin d'avoir le contrôle, c'est ça ?- Mes mains quittent son visage pour qu'à mon tour, mes doigts glissent sous son t-shirt -Ou alors je me trompe, Nana ? "

Mes mains contre la peau délicate de son dos la ramène vers moi, yeux clos, et lorsque nos lèvres se touchent, je ressens comme une décharge dans mon ventre. Je souris contre sa bouche.

"Viens pas dire que je triche. C'est ta technique."

Et je retire mes mains, la gratifiant d'un clin d'œil espiègle quand mes pupilles s'illuminent et qu'une trombe d'eau sortie de nulle par s'abat sur le crâne de la Tonnerre, pendant que je me plie en deux de rire devant sa mine déconfite-

« Promis je voulais pas t'assassiner hahaha »

Je prends en compte que J'AI gagné. On reste comme deux loutres, sur le dos, main dans la main. Revenant doucement vers le bord. Mes yeux se perdent dans le ciel. La lumière me brûle un peu les iris mais ça vaut le coup.

« Si j'avais pas inspiré, je suis sûre que tu aurais fait le nécessaire pour me sortir de là. On se fait confiance non? Puis un Eau qui a un fétiche de son élément, ça ne me choquerait pas tant tu sais, répondis-je dans un rire. »

Nos mains sont toujours reliés, mais on se parle normalement, devenant une normalité autant que de respirer. C'est vrai que nos moments, passionnels ou non, se font souvent avec de l'eau dans les alentours.

« Non mais y a pas d'ordre si tu veux roh, badass ET un petit minou adorable, c'est mieux pour ton égo?? Ricanais-je. Tu peux m'faire du bouche à bouche quand tu veux t'sais. »

Mais... MEUF. C'EST QUOI CETTE CONV. P'tain. OK ALLEZ HOP ON SORT DE LÀ HEIN. On se relève, l'eau nous arrivant maintenant aux hanches à peu près. Mon cœur s'affole quand je suis emportée contre Erik. Quand il tient mon menton entre ses doigts, à chaque fois, c'est l'effet du bombe à l'intérieur de moi. Depuis la première fois dans le jardin. Mes doigts sont ancrés encore dans les siens, et j'en souris. Ça me fait tourner de la tête. Est-ce que j'ai vraiment respiré de l'oxygène depuis que j'ai quitté le fond ou je suis dans une hallucination? La chaleur de son corps contre le mien, c'est agréable.
Je me pince les lèvres FORT OK? Ce ton de voix, ses mots, MON NOM qui quitte ses lèvres me chatouillent de l'intérieur tandis que ses mains viennent dans mon dos et empire la flamme qui me brûle si intensément. Je respire FORT par le nez, tentant, effectivement d'avoir le contrôle, mais sur moi.

« Je... suis coupable, Erik, dis-je les yeux mi-clos. »

Coupable de vouloir que tu continues à me toucher, à me garder contre toi, à ce que tu gardes aussi longtemps que tu le veuilles mon menton entre tes doigts, de vouloir entendre mon nom par ta bouche à l'infini. Cette fois-ci ce nouveau contact de nos lèvres me secoue si vigoureusement, je suis à deux doigts de lâcher un éclair dans les airs. Ses mains qui me parcourent le dos, sous mon tee-shirt, je vais hurler. Je tente de prendre sur moi, mais c'est si dur... Je te hais Erik, parce que tu me fais perdre le contrôle de moi-même en un claquement de doigt, en un effleurement. Putain mec.

Et là. Le drame. Le temps que je comprenne sa phrase, ses mains me quittent, et je me prends de l'eau EN MASSE sur la tête. Mon visage surpris finit par se décomposer tandis que MONSIEUR se fout de ma tête. J'ai le seum. Parce que. Je me suis fais piégée. Parce que je voulais pas briser ce toucher. Tu me fais tourner en bourrique.

« Hhhhhhh, C'EST FROID ERIK. »

On va se battre toi et moi. Je suis Tonnerre. Je peux pas te faire de coup foireux comme avec de l'eau. Si tu veux qu'on se la joue gamin, on va se la jouer gamin. Pendant qu'il est plié à glousser comme une pintade parce qu'il m'a bien eut, je retire mon tee-shirt, dévoilant ma brassière de sport, que je roule en boule et jette en direction de son visage. Un sourire mesquin aux lèvres.

« Tiens rigole toujours avec ça HAHAHAHA »

Je me rapproche pour lui arracher le tissu mouillé et le mettre sur mon épaule.

« OK je veux bien admettre que c'est ton territoire ici. »

Encore heureux en vrai. Que j'assume un petit peu. Enfin. Et puis le territoire, je parle du LAC hein. Il m'a bien eut. Je l'avoue. Il est fort. J'ancre mon regard dans le sien avec un sourire un peu plus doux, à mon tour, pour le taquiner, c'est moi qui prend son menton dans mes doigts.

« Dernière tentative de te battre alors Erik... Dis-je en rapprochant mon visage du sien. Le premier... qui arrive.. mes lèvres effleurant les siennes... au bord, à gagner. Pas de triche cette fois-ci... MAINTENANT.»

Je le lâche subitement pour me retourner et partir à toute vitesse en direction du rebord. Lui jetant un regard malicieux.Tentant le diable une nouvelle fois. Je me débats avec l'eau pour marcher vite jusqu'à ce que l'eau arrive au niveau de mes hanches, et que je puisse courir en projetant des gouttes partout avec la force de mes jambes. Peu importe qui gagne cette course à la con. Je sais qu'une fois finie, j'aurais sûrement gagné la chance de le téléporter avec moi pour non pas plonger dans l'eau, mais dans la passion qui me brûle la peau.

On discute le plus normalement du monde, main dans la main, dérivant doucement vers la terre ferme.

"On se fait confiance. Ouais. Même si t'es une vilaine tricheuse..."

Je souris à m'en faire mal aux joues. C'est si doux. J'ai l'impression d'être un enfant, de pouvoir dire et faire ce que je veux, sans être jugé ou quoi que ce soit. Elle est tellement drôle. J'suis content de passer ce moment avec elle. J'suis content de chaque seconde qu'on a passé ensemble, depuis le début. C'est une putain de dinguerie, ok ?

"Nan ok. Nan je préfère adorable petit minou. Ça sonne mieux dans ta bouche. Puis, j'veux pas non plus te faire d'ombre. J'veux pas te faire complexer eheh-"

On se cherche. Que ça soit avec nos mots, ou avec nos corps. On rit. On soupire de plaisir. Bon. Pas là. Mais ça arrive ouais, de murmurer le nom de l'autre aussi naturellement que de respirer. C'est à n'y rien comprendre. On se redresse, finalement, de l'eau jusqu'aux hanches. On s'embrasse. Mes mains courent sous son t-shirt, affamées d'elle, de sa peau fraîche et douce comme de la soie. C'est à mon tour de la faire tourner en bourrique. Même si je n'ai qu'une envie, bien plus sauvage et inavouable, je me contiens pour profiter encore de ce moment. Elle est toute contre moi quand le couperet tombe. Enfin. La trombe d'eau. Et j'éclate de rire, un rire si franc, si sonore qu'il couvre presque les cris d'indignation de Nana pendant que je me tiens les côtes. Elle est coupable, oui. Carrément. Mais elle n'a pas l'air d'en concevoir des remords. La douceur de sa voix, quand elle a prononcé ces mots. Je sentais vibrer chaque mot, qu'elle pensait sincèrement. Son corps était tendu. Prêt à me sauter dessus, comme un prédateur aux aguets. Elle avait vécu le baiser suivant comme une délivrance, comme une invitation, un appel à plus d'intimité. Ce que ça aurait été facile, de lui céder. Comme j'en ai envie. D'elle. D'un nouveau moment de ce genre. C'était si bien, la dernière fois. Et ça sera encore mieux les suivantes, c'est certain. Pourtant, on est en train de rire, malgré toute cette tension dans l'air. Cette tension sexuelle. Et, j'en suis persuadé. Cette tension qu'on rejette tous les deux. Celle de nos sentiments qui se heurtent. S'entrechoquent dans cette cacophonie qui nous faire dire des conneries. Ou penser des choses qui vont contre ce qu'on a établi dès le début. Ma Nana. Petit minou. Genre. Même avec un pote ça passe pas. 'fin.

Le rappel a la réalité est brusque, mais je n'arrête pas de rire pour autant. Au contraire. Voir un peu plus de sa peau sucrée me tire un nouveau sourire, même quand je prends le t-shirt alourdit par l'eau dans le coin du nez. Elle est si belle, vraiment...

"Mon Territoire, c'est Terrae toute entière-"

C'est toi. Que j'ai marqué dès la première nuit. Dans les limites du consentement. Mais c'est toi. Pourquoi je repense à ça ? Voir un peu plus de son corps me fait tant d'effet ? Puis cette ultime mise au défi. Elle joue avec moi. Ses lèvres si proches. Qu'elle ne me donnera pas. Comme à chaque fois. Moi, je lui laisse y goûter quand je joue la provoc'. Je lui laisse les prendre. Mais elle. Je souris, m'attendant au pire et -

"EH MAIS GENRE SI TU FAIS UN TRUC ÉQUITABLE ET FAIR-PLAY GENRE TU EXPLOSE C'EST COMMENT ??? "

J'ai commencé à courir un peu après elle, en hurlant des injures et la traitant de tricheuse. Heureusement que mes jambes sont plus longues, et que du coup je peux prendre de la vitesse plus loin qu'elle du bord. Putain. Nana. C'est pas du jeu j'te jure. Déjà que tu étais entre la berge et moi. Que j'étais concentré plus sur ta voix que tes mots. Bordel. Je donne tout. Je donne tout et j'arrive, après une course effrénée, à mettre le pied sur la grève en même temps qu'elle.

"T'es qu'une sale petite chipie tricheuse, Nana. Je- j'inspire à fond, mes poumons cherchant plus d'air -c'est fourbe. Mais j'imagine que les deux gagnants, à égalité, méritent leur récompense ? "

Ses lèvres contre les miennes, c'est tout ce que je veux en cet instant. Alors je lui offre ce prix bien mérité pour sa course. Tout ce bouillon de sentiment en moi, je l'exprime avec des mots qui ne franchissent pas mes lèvres, qui utilisent seulement ces dernières pour vivre. Exister avant de disparaitre en elle. Qu'est ce qu'on est en train de se faire, Nana ? Pourquoi c'est si bien. Si bon. Pourquoi est ce que je ne me lasse pas. Pourquoi est ce que j'en veux toujours plus ?

« Si Terrae est ton territoire au complet, est-ce que les gens en font partie aussi ? »

Tu pousses le bouchon meuf. Vraiment JE POUSSE. Mais la question me brulait. Je dis vraiment n’importe quoi putain. Comment je peux être aussi franche envers un mec que je ne date pas ???? En même temps. Peut-être que c’est ça. Que la limite que j’impose me permet d’en profiter mais que ça me tiraille. Non je me trompe sûrement.

Je pars à courir finalement. Et je ne réponds que par des ricanements fasse aux hurlements de Erik. C’est si drôle. Si tentant. Chaque réaction qu’il peut avoir, je dois les voir, les ressentir. Je tente de courir au plus vite, mon pantalon collé comme une deuxième peau me ralentit mais je m’empêche de me téléporter pour tricher. Je veux qu’il me court après. Dans cette eau. Alors je laisse mon cardio faire le boulot mais ses jambes sont plus longues. Plus rapides.

« ALLEZ ERIK MONTRE CE QUE T’AS »

Ça court ca court tandis que les échos de nos rires sont de plus en plus grand. Arrivant à la berge, c’est littéralement en même temps qu’on arrive, essoufflés. Qu’est-ce qu’on s’amuse putain. Pourquoi tout est si facile avec toi. Clairement je ne sais pas si je m’amuserai autant avec quelqu’un d’autre. Je ne le sais pas.

« J’ai pas triché regarde je ne me suis même pas téléportée j’ai été fair-play ! Répondis-je entre deux inspirations. Oui, à égalité c’est certain. »

Penchant son visage vers le mien, là voici cette récompense qui, à chaque fois qu’on se touche, réveille en nous cette chose qu’on exprime physiquement. Donnant l’impressions à chaque fois qu’on se redécouvre mutuellement après un long moment alors que de simples minutes de sont écoulées. Que certains mots n’ont pas besoin d’être énoncés pour se faire comprendre. Pas entre nous. Nous. Mais je joue avec le feu… Eh-…

« C’est peut-être ‘un peu’ plus fort que moi de tricher… Ça prouve en vrai que c’est parce que t’es fort alors je dois m’arranger autrement, ricanais-je en essorant le tee-shirt mouillé que je redépose sur mon épaule. »

Putain on est sortis de l’eau. Enfin, je nous ai fais sortir… la tempête est partie… est-ce que… on arrive sur la fin ? Je n’ai pas tant envie de partir. Ou qu’il parte. Il y a cette tension montante depuis tout à l’heure qui est difficile à maîtriser. Je ressens encore ses mains qui me parcouraient sous le tee-shirt tandis que ses mots venaient chatouiller mon oreille pour ne réveiller qu’un peu plus fort mon envie de le téléporter chez moi. Je viens déposer ma tête contre son torse avant de regarder le ciel avec un sourire doux.

« Sacrée tempête en tout cas, merci de m’avoir emmené voir ça Erik. »

Merci d’être venue à ma rencontre surtout. Je ferme les yeux un instant. Un bruit me titille l’oreille puis je me rends compte que ce sont des battements. Qui viennent de sa cage thoracique. C’est rythmique, c’est fort, c’est vibrant. Ça me fait sourire alors finalement, je relève la tête pour le regarder, le menton posé contre lui.

« Un vrai petit minou aquatique. Miaou. »

PARDON MEUF ? CEST QUOI ÇA ? EN PLUS TU RICANES ? NON MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE. CONNECTE TOI AVEC TES NEURONES AVANT DE PARLER. COMMENT ÇA TU MIAULES COMME ÇA MEUF ??? Putain arrête de parler s’te plaît. T’ES EN TRAIN DE TE TAPER UN FOU RIRE DE MALAISE, RESPIRE ????

« Oh d’ailleurs ta robe de chambre est chez moi ! On ira la chercher quand tu veux. Ou… si tu préfères juste que je fasse une TP rapide pour te la ramener… enfin… c’est toi qui décide. »

Si tu me laisses t’emmener avec moi, je pense pas te laisser sortir tout de suite. D’avoir 4 murs qui nous enferment avec toute cette envie hm… mais je lui propose les deux choix. C’est ça être fair-play pour une fois. Mais tu me fais tellement tourner de la tête… je veux pas que tu partes, je saoule.

« C’est fair-play que je te le propose comme ça non ? »