Ma psy me l'a dit, c'est normal. Y a rien à y faire, c'est comme ça, faut accepter. Je n'avais pas envie de me bourrer de médicaments, j'ai testé tous les moyens possibles pour y arriver, mais impossible. Quand ça veut pas, ça veut pas. Et aujourd'hui n'y échappe pas : je me réveille en pleine nuit et impossible de me rendormir. Mon corps me dit qu'il est en pleine forme. Je sais que c'est faux, mais aujourd'hui particulièrement, ça a l'air vrai. Je me suis tout de même couché tôt. J'ai dormi un peu plus que mes insomnies habituelles.

Et comme j'aime bien appliquer les conseils qu'on me donne : je vais accepter. Et me lever. Je regarde ma chambre. La mini cuisine d'un côté. La salle de bain de l'autre. Est-ce que vraiment j'ai envie de faire un truc ici ? Non, pas vraiment. Je me pose à la fenêtre, ouvre le volet. Le jour pointe, c'est vrai qu'au Japon il se lève tôt. J'étire mes bras au-dessus de mon crâne, les yeux rivés sur la forêt. Bon, eh bah, on est partis.

Je change de caleçon, enfile mon meilleur jogging, un t-shirt blanc un poil large. Les clefs dans une banane noire, je quitte le nid pour descendre tout en bas, et me diriger vers la forêt. Une fois la porte de l'institut passée, je me mets à trottiner, puis à courir, je bouge haut mes bras. Et puis, loin du sommeil des autres, je commence à m'échauffer plus sérieusement. Les chevilles, les genoux, la nuque. Souffle un coup une fois prêt. Mes yeux se posent sur le début de mon parcours. De mon parkour. Je fais craquer mes poignets. Et je me lance. Course, deux mains en avant pour prendre appui sur le rocher, je lance mes jambes en avant pour me rattraper avec désinvolture, garde ma vitesse et saute d'une petite hauteur, pour atterrir sur une branche qui ralenti ma course, me laisse tomber, roule au sol, et continue de courir tout droit. Tout droit quoique je trouve devant loin, je vais loin et vite. La sensation de la course, de mon corps qui résiste, qui virevolte, rien de mieux pour me faire me sentir moi. Et puis je vois le chemin arriver, et je dérappe dessus, genoux pliés, avant de me redresser. Hmhm pas mal ce-... Oh.

Y a quelqu'un sur le chemin. Je la reconnais assez vite, c'était la fille mignonne de l'anniversaire d'Ariana et Afya... Euh... Son prénom c'était....

Salut. Tout va bien ? J'ai déboulé comme ça je t'avais pas vu ahaha.

J'avoue que j'ai eu un peu peur de faire peur à Tori. Tori, c'était ça son prénom.

Trois heures et demi. C'est l'heure à laquelle mon réveil sonne. Comme tous les jours de semaine en fait. Et puis le samedi aussi. Et puis le dimanche bah... Bah non, c'est pareil. Sauf que c'est pas le réveil qui se charge de me faire ouvrir les yeux. C'est mes cauchemars. Cette nuit j'ai réussi à dormir. C'est rare, mais ça arrive, alors je considère ça comme une amélioration. Depuis la nuit-catastrophe où j'ai fini chez Alyona en fait. Je crois que ça m'a vraiment fait du bien de partager mon passé avec quelqu'un. Toujours est-il que j'ai un peu de temps pour me préparer. Hors de question de traîner au lit. Je me traîne hors de ma couette et frissonne. Pour moi il fait toujours frais la nuit. Le Brésil me manque parfois.

J'enfile rapidement un short rouge et un débardeur blanc. Pas ma couleur habituelle, mais après avoir fait peur à plusieurs personne en m'habillant en noir, j'essaie de faire un effort. Ma paire de basket de course toute défoncée, ma bouteille d'eau dans une main et mon téléphone au fond de la poche de mon short, je me brosse les dents et descends les escaliers pour sortir. J'ai un peu plus d'une heure pour courir. C'est parfait. Je sors et commence par trottiner en m'échauffant. Après quelques minutes, je m'arrête et m'étire un peu. Par où je vais passer aujourd'hui... J'ai envie de finir par la forêt. L'ambiance alors que le soleil se lève est si agréable. Autant faire le circuit qui passe par le parc. J'ai le temps.

L'heure passe en un éclair, comme toujours quand je cours. Mon esprit se vide, mon souffle se cadence, et je savoure la mécanique de mon corps. Enfin, c'est ce qui se passe d'habitude. Récemment j'ai plus de mal. C'est pour ça qu'en arrivant à la forêt, je souffle fort. Je m'arrête un instant, me plie en deux. Mes jambes me tirent et j'ai mal au ventre. Je me force à me redresser, bois la moitié de ma gourde et entre en marchant dans la forêt. Le ciel s'éclaircit déjà, mais j'ai encore du temps, j'ai été rapide aujourd'hui. Petit à petit, alors que je m'enfonce dans la forêt, mon souffle ralentit et les douleurs s'estompent.

Mon esprit se remet en marche aussi. Combien de sac de farine reste-t-il ? Est-ce que j'ai recommandé de la levure ? Ce genre de chose. Si bien que c'est le bruit devant moi qui m'alerte, et pas le mouvement. Je réagis à l'instinct : mon corps se met immédiatement en garde, les poings serrés près du visage, les hanches en diagonale. Le coup part tout seul, dans la miliseconde suivante. En voyant un visage humain et en entendant une voix, je m'arrête, à quelque centimètre dudit visage humain. Je baisse les poings avec un soupir. J'ai réussi à m'arrêter. J'ai déjà frappé assez de gens ici. Ils sont sympas en règle générale en plus.

Je t'ai pas vu non plus... Désolée, réflexe.

En regardant à nouveau la personne en face de moi, je me rends compte que je l'ai déjà vu quelque part. Quelque part avec beaucoup de monde... L'anniversaire des deux Eaux ! ET IL PORTAIT UNE PELUCHE XXL.

Ah. Monsieur Hippo.

Oups. C'est sorti tout seul.

Décidément, je fais peur à tout le monde dans cet insitut. Je suis trop grand, trop furtif, trop seul... Pour pas changer. Mais bon, ça s'arrange à chaque fois hein. Cette fois, je sais que je lui ai fait peur, parce que son coup part dès qu'elle pose ses yeux sur moi. Heureusement, si son expérience parle, la mienne y répond. Je la vois se mettre en position, j'ai pas besoin de réfléchir pour ce genre de situation, je sais ce qu'il va se passer, c'est de l'instinct à ce niveau. Mes pieds s'ancre dans le sol, mes genoux déjà échauffé s'assouplisse, et le coup qu'elle porte ne me touchera pas. Je recule légèrement, et puis elle arrête son coup et j'arrête de reculer.

Mes yeux croisent les siens. Si elle s'y connait autant qu'elle le dégage, autant que j'en ai la sensation, elle a vu mon réflexe. On se reconnait, dans ce domaine. Je souris en fronçant les sourcils en même temps. Elle baisse son poing, s'excuse sans sourire, calmement. Je me remets droit.

On est deux ahaha !

On se reconnait, et elle me nomme... Monsieur Hippo. Je fronce un peu plus les sourcils, l'air dubitatif, avant que mon visage s'éclaire et que je n'éclate de rire. Je baisse les yeux vers elle, tout sourire.

Eh bien, enchanté de même Madame Mignonne !

Je finis de rire, ça m'a vraiment fait beaucoup rire. Je me redresse, passe une main dans mes cheveux.

Ah, je m'attendais pas à trouver quelqu'un en forêt à cette heure-ci. Toi aussi tu fais des insomnies ?

Je lui souris gentiment, avant d'ajouter, sans moquerie aucune :

Si jamais ça t'es sorti de la tête, je m'appelle Roman. Même si Monsieur Hippo ça me va. Et toi c'est Tori c'est ça ? Belle allonge en tout cas.

Son réflexe est impressionnant. Il a réagi avant que mon coup ne parte, et même si je n'ai plus fait de vrai combat depuis plusieurs mois je ne suis pas tant rouillée. Ça me fait dire que le type s'y connaît. Rien que pour ça, je l'aime déjà bien. Heureusement, même si il n'aurait pas touché, j'ai arrêté mon coup à temps. La politesse veut que je m'excuse, ce que je fais sans sourire, encore un peu sous le choc de cette rencontre surprise. J'ai le cœur qui cogne dans la gorge. Oui, j'ai eu peur, mais hors de question de le montrer. À la place, je sors une énormité.

J'ai mangé son nom alors je l'appelle Monsieur Hippo, à cause de l'énorme peluche qu'il baladait la dernière fois. Sauf que je l'appelle à voix haute. La honte. Je me rends compte que je suis obligée de lever le menton pour le regarder. Ça alors. Des gens plus grands que moi j'en croise pas des masses. Il a l'air sympa, avec ses yeux rieurs... De quoi ? MADAME MIGNONNE ?!
Mais.
Mais-
Mais...
Cette fois mon visage trahit mon expression, je suis littéralement bouche bée. Avant de piquer un nouveau fard. Je frotte ma nuque d'une main.

Ah nan, enfin si ça m'arrive. Je me lève pour aller courir tous les matins. Comme je taffe à la boulangerie alors je suis levée aux aurores... 'Fin là j'ai fini, je faisais ma récup'.

Madame Mignonne. Je m'en remets pas. D'autant plus qu'il se souvient de mon nom, lui !!! Oh la double honte... Il me redonne son nom et j'ai un moment de bug. Ramon ? Non, il a dit Roman. Ah merde. Je suis sûre de le dire mal au moins une fois.

Roman, c'est ça. Désolée, c'est juste que la peluche m'est restée en tête. Et merci. Beaux réflexe, toi aussi. Tu fais des arts martiaux ?

Au moins, sur ce sujet je ne risque pas de faire de boulette.

Je me dis que dans un autre cas, si j'avais été quelqu'un d'autre, au final c'est peut-être elle qui devrait me faire peur. Mais là, pas du tout, je n'ai pas eu la moindre peur, je suis même désolé de l'avoir surprise. Mais tout va mieux à l'instant où elle m'appelle Monsieur Hippo, c'est très, très marrant. Par contre, j'ai du mal à savoir si ma réplique l'a fait rire ou non. Elle a l'air complètement abasurdie, ce qui m'encourage à rire de plus belle. Je me moque pas particulièrement, son visage est juste très amusant. Et cette fois, c'est un peu plus visible : je l'ai gêné.

J'arrête rapidement de rire pour ne pas en rajouter, ni ne m'excuse pour pas qu'on reste sur ce détail si elle a pas aimé. Ca sert à rien d'alourdir le sujet. Je l'écoute tout en détaillant les tâches sur son visage, c'est joli, je crois que j'avais encore jamais vu de vitiligo sur une personne réelle. Je lui réponds sur un ton calme mais avenant.

Oh, je t'ai interrompue en pleine routine, excuse-moi.

Elle taffe à la boulangerie. Je note sans rien dire, effectivement elle doit aller bosser super tôt. Et donc, se coucher très tôt. Et puis quand elle essaie de dire mon nom, je vois que c'est compliqué. Oui je me doute que c'est pas évident de le dire dans toutes les langues. Je balaie l'air de la main.

Si tu préfères tu peux dire Ro'.

Et puis je ris de nouveau quand elle parle de la peluche en hochant la tête. Oui, j'avais bien compris. En même temps elle prenait une place monstre, j'ai pas fait l'entrée la plus discrète qui soit...

Merci de même. Ouais. Enfin... J'ai arrêté, mais j'en ai fait, longtemps. Pas que, d'ailleurs. Du combat quoi.

J'esquive un peu le sujet, c'est encore pas évident d'en parler, c'est encore sensible, mais ça va aller, pour l'instant, pas de signe de panique à l'horizon. Et puis ses tâches, son prénom, mais surtout l'image de la position qu'elle a pris avant de tenter de me frapper...

Eh mais attends. Toi, t'as fait de la MMA non ? Tu serais pas... Vittoria Désirée ?

Je dis tout ça en fronçant un peu les sourcils et en la montrant du doigt. Mais si, c'est elle, et à mesure que je parle, je capte que c'est elle. Putain de championne, j'avais vu pas mal de ses combats quand j'étais en France, j'avais un peu arrêté de suivre avant Terrae parce que... Bah. Parce que ça m'intéressait plus. Ouais. Et puis j'me dis d'un coup que cette championne, monstre de combattante, elle est à Terrae.

Comme Elwynn et moi. Et je sais que pour nous, le combat y est pas pour rien. Alors je baisse le doigt, et je demande un peu plus timidement.

T'as peut-être pas envie d'en parler. Ni que je t'appelle comme ça.

Et voilà que j'réfléchis trop. Et que je pose trop de questions. Raaah....

Je me détends progressivement, il a l'air sympa. Il s'excuse même.

Ah nan, t'inquiète j'avais fini. C'était plus en train de se transformer en balade en vrai.

Il se présente ensuite et je me rends immédiatement compte qu'avec ma dyslexie je vais galérer avec son nom. D'ailleurs ça s'entend, quand je le prononce. J'ai peur qu'il se moque mais non, il prend ça avec nonchalance, fait un geste de la main. Ro' c'est plus facile c'est sûr. Mais l'appeler par un surnom dès la premier interaction, je ne sais pas trop.

Je retiens, merci. Dis-je avec un sourire.

Je le complimente sur ses réflexe. Ma supposition s'avère bonne puisqu'il a effectivement fait des arts martiaux. Et du combat ! Je hausse un sourcil, surprise. C'est rare de croiser un autre combattant. Enfin, Senri a fait de la boxe aussi. Mais Roman, c'est autre chose, ça se voit. Pas les mêmes mouvements.

Il semble me détailler depuis tout à l'heure... Je sais que mon apparence est particulière mais à ce point ? Et au moment où je vais pour lui demander si tout va bien, c'est lui qui prend la parole. Quoi, lui aussi ?! Mais tout le monde a vu mes combats ici, c'est dingue ! Mon nom entier me fait tiquer malgré moi.

Haha oui, c'est moi... Mais j'ai arrêté. Enfin. Si on veut.

Je ne sais pas quoi dire d'autre. Le fait d'avoir un doigt pointé sur moi me met mal à l'aise. Ce n'est pas malpoli au Brésil mais ça reste étrange, surtout quand il n'y a que deux personnes. Roman semble s'en rendre compte et baisse le doigt. Je me détends un peu. Un sourire se dessine sur mon visage quand il devient un peu plus timide.

Je préfère Tori. Je n'aime pas trop mon nom, disons qu'il ne correspond pas vraiment à mon départ dans la vie.

"Désirée", pour un bébé abandonné peu après sa naissance, c'est vraiment du foutage de gueule.

Pour le MMA, ça ne m'embête pas d'en parler.

Après tout, ce qui est fait est fait. Même si je suis encore absolument dégoûtée de la fin de ma carrière, si il a des questions, je ne l'empêcherais pas de les poser. Moi aussi j'en ai quelques unes.

D'ailleurs, tu faisais quoi dans la forêt toi ? Tu as déboulé à toute vitesse, tu étais poursuivi ? Y'a pas d'ours ici, rassure-moi.

Je plaisante, mais si vraiment il y avait des ours, pas sûr que j'y remette les pieds !

Je prends un air soulagé, je suis rassurée de savoir qu'au moins j'ai pas interrompue ce qu'elle était en train de faire. Je souris ensuite, j'espère que ça sera plus simple pour elle de m'appeler comme ça. Mais encore une fois, Monsieur Hippo ça me va bien. C'est très amusant même !

Elle a l'air surprise quand je dis avoir pratiqué des sports de combats. Je lui lance un sourire faussement mystérieux, mais elle pose pas de question et ça me va tout aussi bien pour l'instant. Et puis la pauvre, je la fais passer par 1000 émotions, je la reconnais. Je le sais avant qu'elle me le dise à sa réaction, je m'en veux un peu j'aurais pu faire plus attention... Elle m'avoue avoir arrêté, et j'opine simplement du chef, je comprends. Enfin, je sais pas mais je pense que je comprends. Je lui envoie un gentil sourire, qu'elle me renvoie.

Ok, Tori alors.

Si Désirée correspond pas à son départ dans la vie, ça devait pas être marrant. J'veux dire j'suis pas entièrement idiot, j'ai bien compris. Je suis désolé pour elle. Je lâche sur un ton un peu plus enjoué.

Ca me va tout aussi bien héhé, et puis c'est plus court. Pratique.

Elle me dit qu'elle peut parler du MMA sans souci, et mon sourire reste accroché à mes lèvres.

J'ai pas mal suivi tes combats à une époque, c'était une folie ! J'étais très admiratif. Enfin je le suis toujours d'ailleurs. Je savais pas que tu avais arrêté. J'imagine que c'est relativement récent ?

Je ne cache pas mon admiration, même si je ne suis pas plein d'excitation, juste. Je trouve que c'est une formidable combattante. Et puis pour mes questions, c'est un peu rhétorique : elle est à Terrae. Heh.

J'éclate de rire à sa question de nouveau en lançant ma tête en arrière, avant de lui répondre en la regardant.

Non non, pas du tout ! J'arrivais pas à dormir moi, alors euh, quand c'est comme ça je vais courir ou m'entrainer. Et là je... Euh, je faisais mon parcours habituel. Parcours de parkour, tu sais, le sport où... On saute partout pour avancer tout droit le plus vite possible ?

Je penche la tête sur le côté en croisant son regard, tout sourire.

Tu veux que je te montre c'est peut-être plus simple ? A moins que tu connaisses !

Pareil, elle en a déjà fait. J'veux dire ça serait pas si surprenant.

La discussion est agréable, sans prise de tête. Roman est vif, très expressif et a une tendance à rire. Ça fait du bien, je me rends compte. Il accepte tout de suite de m'appeler Tori, et je me dis que si il m'appelle par un diminutif, peut-être que je peux l'appeler par le sien aussi ? Je risque moins de trébucher sur les syllabes comme ça. On part sur le sujet du MMA. Ce n'est pas un sujet qui me dérange, mon dernier combat a été retranscrit à la télé, et l'incident a sûrement dû avoir sa place dans les journaux du monde entier. Ce n'est ni un secret, ni un tabou pour moi. Du coup, je souris en répondant à la question de Roman.

Relativement, oui. Ça fait quatre mois que je suis ici, à peu près. Et j'ai arrêté un peu avant. En fait, j'ai été interdite de combattre pendant 5 ans. Tu as sûrement dû voir passer l'info dans un magasine. Dis-je en haussant les épaules.

Pas de tabou, et mieux vaut percer l'abcès. Je me demande si Nana et Senri sont au courant... Mais il me semble qu'ils on laissé entendre que oui. En tout cas, je préfère que ceux qui me connaissent sachent comment j'ai fini. Histoire qu'ils n'aient pas de faux espoirs. Une fois les choses mises à plat, je retourne la conversation vers Roman en lui demandant pourquoi il a déboulé comme ça. Le jeune homme éclate de rire.

Du... parcours de parcours ?

Je ne suis pas certaine de ce qu'il entend par là. Il parle d'un sport où "on saute partout pour avancer tout droit le plus vite possible".  Je croise le regard de Roman, qui a l'air super enthousiasmé à l'idée de me montrer.

Ça ne me dit rien, je t'avoue. Dis-je d'un air contrit. Mais du coup, je veux bien une démo.

Si le but est un peu le même qu'un parcours d'obstacles, alors ça m'intéresse. J'ai toujours adoré utiliser la souplesse naturelle de mon corps. Si je n'avais pas été recrutée dans le MMA, j'aurais peut-être choisi de tenter ma chance dans le Chase Tag, une sorte de jeu du chat et de la souris promu au rang de sport.

Je sens qu'elle se détend au fur et à mesure de la discussion et ça me fait plaisir. Elle n'a vraiment pas l'air gênée de parler de MMA et je me détends complètement, j'ai peut-être terminé de faire des bourdes pour ce matin. Elle me confirme que ça ne fait pas longtemps. Quelques mois tout au plus. Et puis j'ai l'air sincèrement surpris quand elle me dit avoir été interdite de combattre pendant 5 ans. La bouche légèrement ouverte, je secoue la tête.

Non, je savais pas. Je suis arrivé y a un an à Terrae et depuis j'évite de regarder les nouvelles, j'espère réussir à m'y remettre bientôt mais... J'ai pas vu passer l'info.

J'ai l'air d'hésiter un instant, avant de demander, avec un léger sourire timide et gentil.

Je peux demander pourquoi ? Tu n'es pas du tout obligée de me répondre, je comprendrais complètement.

Et puis on enchaine sur la raison de ma présence ici, et vu la tête qu'elle tire, elle a pas l'air de savoir que c'est que le parkour. Je lui souris avec les dents, c'est pas grave du tout. Elle accepte que je lui montre, génial ! Je lie mes mains et lève mes bras pour les étirer. Ok !

En gros le but, c'est d'avancer quelque soit l'obstacle devant toi. Ca fait aller plus vite, plus haut aussi. Et tout droit. Ca a été dérivé en pas mal de discpline dont le Chase Tag, et y a des techniques de sauts qui sont repris dans d'autres sports de voltige. Mais le but là, c'est d'avancer. Hmmmm, ok, ça te va, tu cours sans trop te presser par là, et j'te montre en même temps ?

Je lui indique le chemin, et moi, je vais aller dans les bras de la forêt juste à côté d'elle. J'ai l'air de m'amuser, un sourire et les yeux pétillants, je passe d'une jambe à l'autre et vais me mettre un peu plus proche de l'herbe. Je tourne une dernière fois la tête vers elle et lui envoie un clin d'oeil.

Prête ?

Prête Princesse ? /// Prête la Belle ? ///

Je démarre en laissant sur place les souvenirs. Je cours normalement sur quelques mètres, puis lance mes bras en premier sur un gros rocher devant moi, glisse mes jambes pliés entre mes bras et atteri sur mes jambes tendues en avant, sans ralentir ma vitesse de déplacement. Le terrain descend légèrement, et je saute pour attraper une branche, me lancer en avant. Mon corps flotte dans l'air, n'a pas l'air lourd le moins du monde comme si tout était facile. J'ai besoin de beaucoup de force pour faire ça, d'une certaine souplesse et surtout d'une tonicité importante. Et tout ça, ça vient facilement, comme si j'avais fait ça toute ma vie. Parce que j'ai fait ça, toute ma vie. Je rebondis sur un tronc pour me propulser en avant et retrouver le sol en roulant sur l'épaule et me relever en profitant de l'élan. Je tourne la tête vers elle ralentissant un peu. J'ai pas l'air particulièrement essouflé, mon corps profite de ces moments que j'aime tant, comme si avancer était naturel pour moi.

Tu vois l'idée quoi ! En ville c'est encore plus marrant.

Ah il savait pas. Bon bah maintenant, c'est fait. Il me dit ne pas avoir regardé les infos cette dernière année. J'acquiesce, parce que je sais à quel point les infos quel que soit le média sont anxiogène. Je n'ai pas pu m'empêcher de compiler les articles sur mon dernier combat et la façon dont les médias se sont emparés de l'affaire dans mon pays... J'étais la sauvage, celle qui était sortie des favelas et dont la violence de son quartier l'avait menée à sa perte. On me traitait de monstre, d'ingrate, et on disait que je n'aurais jamais dû quitter mon quartier. C'était vraiment dur de lire ça. Je suppose que dans les autres pays, ils ont été beaucoup plus soft. Je vois bien que Roman est curieux, alors je l'encourage d'un coup d’œil à poser la question fatidique. Ce qu'il fait avec beaucoup de tact. Un sourire triste passe sur mon visage.

C'est pas tabou. J'ai... massacré envoyé mon adversaire à l'hôpital. Enfin, ça arrive dans le MMA tu le sais, mais là c'était genre volontaire. Je me suis acharné dessus... J'ai fini en tôle pour deux jours. Interrogatoire, déposition écrite, tout ça... C'est la fille que j'ai cogné qui a permis sans le vouloir ma libération. Elle s'est réveillée et a validé ce que j'ai dit aux flics. Elle était bien amochée, et entre ça et ma déposition, les chefs de la fédération internationale ont décidé mon exclusion pour 5 ans. Voilà. Dis-je en écartant les bras.

Coucou, je suis un monstre infoutu de maîtriser sa colère. C'est beaucoup plus facile de parler de ça que de la mort de Mama, mais ça me met un coup au moral, alors je suis quand même contente quand on change de sujet. Le parkour donc. Je suis curieuse, alors je le laisse m'expliquer et accepte une démonstration. Je regarde Roman s'étirer et m'expliquer un peu le parkour (j'apprendrais l'orthographe du mot plus tard !). Donc dérivé du Chase Tag, forcément je suis encore plus intéressée. Roman me montre le petit chemin en me proposant de courir par là pendant qu'il me montre un peu comment ça marche. J'acquiesce et me poste sur le chemin.

Ok, parée.

Roman prend le départ. Il a une bonne foulée, souple et rapide sans dépense inutile d'énergie. Je le suis en adaptant ma foulée. Puis je l'observe enchaîner les acrobaties sur les éléments naturels de décor. C'est à la fois léger, gracieux et impressionnant. Je suis tellement captivée que je ne surveille plus le sol et manque de m'étaler. Je ne crois pas qu'il l'ait vu, mais il ralentit déjà, et j'avoue que je suis un peu déçue. Je ne suis pas essoufflée le moins du monde et m'approche de lui avec un sourire.

Ça a l'air dingue. Tout a l'air super facile quand c'est toi qui le fait.

Je me rends compte que ma dernière phrase est un peu ambiguë et mes joues chauffent instantanément.

Je veux dire, c'est parce que tu as l'habitude, donc ça a l'air facile. Mais je suis sûre que ça l'est pas !

Mouais on a fait mieux comme rattrapage.

Elle a pas l'air gêné de m'en parler, mais je prends la peine de faire attention, c'est la moindre des choses. Une fois que je lui ai demandé, elle se met à sourire. Sa tristesse me touche, et je l'écoute avec attention sans la lâcher des yeux. J'accompagne son discours de hochements de réguliers et mes sourcils se soulèvent au centre, l'air désolé, presque inquiet. Hm, ouais, pas acceptable dans le sport, et elle a l'air de le prendre avec dépit mais l'accepte. Elle écarte les bras d'une façon évidente. Un sourire en coin et un regard malicieux traversent mon visage. Je lève une épaule.

Hm, effectivement, pas fair play de ta part, je comprends. Mais bon...

Je me penche légèrement vers elle avec un sourire un peu plus grand.

Franchement si elle s'est réveillée et que t'as eu que deux jours de tôles... J'veux dire, j'ai vu pire.

Elle sait pas à quel point j'ai vu pire. Vécu, fait, reçu pire. Mais si elle me croit, alors ça lui fera juste relativiser de me l'avoir dit. Tout va bien, et je la juge pas le moins du monde, j'ai pas l'air particulièrement choqué. La seule chose qui est sorti, c'est de l'inquiétude et une façon d'être concerné. En même temps, j'ai grandi avec deux nanas qui savent pas gérer leurs colères, j'ai vu des crises comme on en voit rarement. C'est pas envoyer quelqu'une quelques heures dans un hopital qui va me faire peur.

On passe à autre chose, elle a pas forcément envie de s'éterniser dessus, et ça me va que pour l'instant, elle me pose pas de questions. Puis on part sur la démo. Elle a l'air curieuse et contente que je lui montre, alors moi je suis ravi. Elle suit la course avec facilité, elle aussi a l'air tout à fait tranquille après la course quand je m'approche d'elle. Elle a les yeux qui brillent, ça a eu l'air de la fasciner, et mon coeur se gonfle, je suis très heureux d'avoir pu lui donner ça. A sa phrase, j'ai presque la même expression que lorsqu'elle m'a appelé Monsieur Hippo. Mes yeux se plissent tant je souris en grand, avant qu'il redevienne normal.

Ahaha, merci !

C'est pas clair, je vois pas si elle rougit, mais j'vois ses yeux qui esquivent, et je capte que la phrase qu'elle a dit peut avoir plusieurs sens, et je ris de nouveau, pas à gorge déployée cette fois, juste un rire léger, j'ai compris, mais tout va bien, je ne suis pas gêné le moins du monde. Je hoche la tête.

Oh bah... Ouais, avec l'habitude, tu dois le savoir aussi, mais on rend les choses faciles quoi. J'excelle pas dans beaucoup de domaine maaaais... Y en a quelques uns que je maitrise pas mal. Par contre j'te montre pas tout ce serait indécent !

Et je tire la langue en faisant un grimace qui se moque de moi-même en relevant mes épaules, avant de rire de nouveau. Voilà comme ça, on est deux ok ?

T'en avais jamais vu avant, de parkour ? Si jamais ça te plaît, je m'entraine régulièrement. J'imagine que t'as un emploi du temps chargé avec le travail à la boulangerie. Mais si jamais, je suis à l'étage des Airs, et j'ai pas encore... Réussi à trouver une activité. Alors j'ai du temps quoi. Enfin, c'est une proposition. Ca t'engage à rien, c'est comme t'as envie.

Roman m'écoute avec attention, et ça me permet de me rendre compte que j'avais aussi peut-être d'une oreille attentive pour vider un peu mon sac. J'ai volontairement omis la provocation de mon adversaire, parce que je ne veux pas avoir l'air de me trouver des excuses. Roman sourit quand j'en finis. Je suis un peu décontenancée par ce sourire. Ce n'est pas vraiment une histoire qui fait sourire d'habitude. D'autant plus avec ce qu'il me dit. Pas fair play... C'est vrai. Mais ça fait mal de l'entendre. Je baisse les yeux, la culpabilité revenant au devant de mes émotions. Il me dit aussi qu'il a vu pire. Enfin, c'est pas vraiment une compétition hein... Et puis, oui elle s'est réveillée, mais elle n'a pas encore repris les combats hein. Je crois qu'actuellement, elle a enfin réappris à parler correctement.

Mouais. Dans tous les cas, j'en suis là maintenant. Et je crois que même si on me réintégrait au circuit je n'en aurais plus vraiment envie.

J'ai plus la rage qui me donnait envie de continuer. En fait je pense que j'ai dû passer à l'étape suivante du deuil. Qu'est-ce qui vient après la colère ?

Heureusement, on ne reste pas sur ce sujet-là, et à la place j'eus le droit à une démonstration en live de ce qu'était le parkour ! Et vraiment, je sais pas si c'est parce que c'est Roman ou si c'est juste la discipline, mais ça piqua mon intérêt. Si bien que je me mélange dans ce que je veux dire et rougis. Ça a au moins le mérite de le faire rire, et son rire m'arrache un sourire... Qui disparaît à sa tirade suivante : comment ça "ça serait indécent" ?! De quoi il parle comme domaine ??? En le voyant sourire et me tirer la langue, je ne sais plus comment réagir. Pourquoi mon cerveau pense à des trucs bizarres ?! Non, mais non, il parle sûrement d'autres choses. Je sens mes joues chauffer.

- C'est malin, je suis curieuse maintenant. Dis-je avec un nouveau sourire.

Pitié dissipe le malentendu. Qui ne vient que de moi. Enfin de mon cerveau. Mais dissipe-le !! Je hausse les sourcils en entendant la suite.

Quoi, tu es Air aussi ?! Mais comment j'ai fait pour pas te remarquer ??

Et c'est reparti. Je m'embarrasse à nouveau.

Je suis ravie qu'elle ait l'air à l'aise de me parler de tout ça. Je me doutais qu'elle s'attendrait pas à ma réaction. Mais ça la réconforte pas plus que ça, alors je laisse mon sourire partir. J'aimerai lui dire que ça arrive, que ouais c'est de la merde, mais elle le sait et ça fait d'elle quelqu'un de bien. Et puis, elle recommencera sûrement plus vu ce qu'elle dit. J'aimerais lui dire que des fois ça sort et qu'on regrette mais qu'on fait tous de la merde, et que c'est ok. J'aimerai la rassurer en lui racontant le pire, mais je sais que ça fonctionnerait pas. Et puis, bon ceux qui connaissent très bien Elwynn savent sûrement de quel pire je parle, mais au final ils sont pas si nombreux, et j'en ai pas parlé trop ici... Alors je sais pas trop quelle réaction elle pourrait avoir, je préfère éviter, mais peut-être que ça viendra ?

En attendant, je hoche la tête, la mine plus solenelle.

Hmhm. Je comprends. J'espère que tu trouveras quelque chose qui te plaira peut-être encore mieux.

On verra plus tard si on en reparle, en tout cas, là, on va se focus sur autre chose ! Et quoi de mieux qu'un truc qui nous fascine visiblement tous les deux ? Elle a l'air tout à fait enthousiasmée et elle se gêne toute seule, mais j'arrive à la rassurer au début. En riolant, et elle sourit, j'aime mieux, elle est pas trop gênée... Ah non en fait. La tête qu'elle tire, elle sait plus trop où se mettre quelques secondes. Et puis, elle retrouve de la contenance. Et me déclare avec un sourire qu'elle est curieuse du coup. Je lève un sourcil, sans perdre le mien de sourire. En fait, ça m'étonnerait pas de ce genre de personnes, une déclaration un peu cash. J'en ai connue des commes ça, des personnes et des déclarations. Mais vu ses réactions depuis le départ, je suis pas sûr. Alors, je réponds avec un ton amical, en gardant la même expression.

Bah non mais rien de fou, je parlais de cul. Parce qu'apparemment j'suis pas mauvais. C'est ça, que j'voulais dire.

Je pouffe à moitié de rire parce que c'est drôle et que j'ai pas envie de me retenir, tout en lui demandant.

Alors t'es toujours curieuse, ou j'avais raison et tu pensais pas du tout à ça ?

Je plaisante pas particulièrement sur ce que j'ai dit c'est juste que la situation me fait énormément et je veux pas le lui cacher, pour qu'elle voit que rien n'est grave, c'est juste marrant. C'est assumé, tout va bien. L'ambiguité, ça peut être gênant mais ça peut être super marrant aussi. Et je continue de sourire quand elle me demande "Comment elle a pas pu me remarquer". Hmhm. J'ai très envie de vanner encore, je retiens un rire en baissant la tête en souriant. Je retourne soutenir son regard avec des yeux brillants de malice.

Hmm. J'ai beaucoup, beaucoup de blagues qui me viennent. Mais je vais choisir la plus soft, et te répondre que c'est sûrement parce que je me trimballais pas avec un hippopotame géant.

Clin d'oeil. Je glisse mes mains dans mes poches.

Blague à part, je t'avais pas remarquée non plus, peut-être qu'on s'est pas trop croisés si tu es Air aussi !

Je comprends en voyant le sourire de Roman faner que j'ai tué l'ambiance. Je sourit pour essayer de rendre le tout moins tragique.

Pourquoi pas le Parkour ? Dis-je en m'efforçant d'avoir l'air plus enthousiaste.

Je suis donc bien contente que le sujet change, avec la démonstration de l'homme. Après un tel spectacle, la bonne humeur est forcément de retour, même si clairement, je m'embrouille toute seule ! C'est de sa faute en même temps, il dit des choses tellement ambiguës que je sais plus sur quel pied danser. Et il a l'air tellement détendu en faisant ça. J'ai l'impression que moi aussi je peux me détendre. J'ose même poser une question qui après coup me semble très osée... Mais qui l'est beaucoup moins que la réponse de Roman !!! Est-ce qu'il me taquine ? Non, pire : il est en train de me draguer ?!?? Je sens mon esprit devenir blanc, comme la fois où Luna m'avait fait une proposition indécente de but en blanc.

Oui haha ! Enfin non ! 'fin si je pensais à ça mais je pensais pas que toi, tu pensais à ça !

Je sens l'embarras monter, mais en face, Roman est tellement hilare que ça fend ma carapace de gêne et je me mets à rire à mon tour malgré mes joues rouges.

Haha c'est ridicule désolée ! Je sais tellement pas comment réagir dans ces moments-là, j'y connais rien dans le domaine moi !

Quitte à faire dans le ridicule, autant dire les choses comme elles sont. C'est pour ça que tout ce qui tend au sexe m'embarrasse autant ! Je sens que je vais regretter de m'être laissée aller, si ce n'est pas parce que l'Air va me taquiner, ce sera après coup quand j'analyserai la conversation et que la honte reviendra en force.

En attendant, Roman m'indique qui est chez les Air et je m'étonne de ne pas l'avoir remarqué. Nouvelle phrase à double sens. Dont l'homme s'empresse de s'emparer. Il mentionne à nouveau la peluche géante et un sourire apparaît sur mon visage.

C'est vrai que c'est soft. Mais oui, c'est sûrement parce que tu avais pas le gros hippo ! Dis-je d'un ton léger.

Il me fais un clin d'œil auquel je réponds en haussant un sourcil amusé.

En vrai, j'y suis pas depuis super longtemps. J'ai été initiée y'a... Ah ouais, un peu plus d'un mois en fait.

Je suis surprise. J'ai encore l'impression que c'était hier... Je n'ai pas utilisé mes pouvoirs depuis... Je me demande si ils vont disparaitre si je ne les utilise pas... À moins qu'au contraire ils explosent comme la nuit où j'ai été toquer à la porte d'Alyo. Je frissonne, prise par les souvenirs. J'espère que ça ne se reproduira plus.

En tout cas, maintenant que je sais que tu es là je viendrais toquer à ta porte pour une course matinale de temps en temps ! Ou pour te regarder faire du Parkour.

J'aimerais essayer, ça a l'air tellement agréable.

Elle a l'air de se détendre de nouveau, et moi je suis juste en train de me marrer. En même temps, les moments comme ça où les gens s'emmêlent, ou ça devient ambiguë, ça m'a toujours beaucoup amusé. Alors bien sûr que je suis détendu et que je ne suis pas gêné, c'est pas ce genre de choses qui me met mal à l'aise, en fait. Je crois qu'elle regrette un peu sa question quand elle comprend tous les sens dans laquelle on peut la tordre. Et ça me fait rire de plus belle, sa réponse est adorable.

Pour une faire une blague presque explicite, je t'assure que je pensais à ça. J'essaierai d'être plus évident la prochaine fois alors, comme ça t'auras pas de doute.

Je hoche la tête en souriant, calmant un peu mon rire, et je décide de suivre son honnêteté et de ne pas me moquer plus que ça. De toute façon on se connait pas assez pour que ce soit complètement ok de continuer de la vanner alors qu'elle essaie d'être sincère.

Mais non ! Tu n'as pas l'habitude c'est tout ahaha, on en revient là. Si tu penses que je fais une vanne de cul tu peux partir du principe que j'en fais une. Et si t'as un doute, demande-moi ok ? Je veux pas que ce soit gênant.

Toujours les mains dans les poches, je cherche son regard pour être sûr qu'elle a entendu ce que je voulais lui dire, parce que c'est aussi important pour moi. J'attends son approbation, avant de sourire gentiment, puis de le rendre un peu narquois le temps d'une phrase.

Puis si t'es connais rien mais que t'es curieuse c'est le meilleur moyen d'apprendre.

Et je souris de nouveau, avant de sortir une main et de tendre le doigt vers le visage de Tori.

Et pas de gêne pour la suite ok ? Ca sert à rien que ça te trotte dans la tête, le ridicule c'est toi qui le décide.

Et je pose mon doigt entre ses sourcils brièvement en me penchant vers elle, comme pour imprimer correctement ce que je viens de dire. Je me redresse, ma main retrouve la chaleur de ma poche, et mon visage un sourire enjoué. On continue de discuter de ma présence chez les Airs et elle prend bien ma blague, répond même à mon clin d'oeil, ce qui a pour effet de faire se plisser mes yeux d'amusement.

Oh ! C'est tout récent en effet, ça explique pourquoi.

Elle part dans sa tête un instant, je ne relève pas, ne pose pas de questions.

C'est avec plaisir. Hmm, me regarder ? Simplement ? Tu voudrais pas essayer ?

Je me rends compte que c'est peut-être un peu incisif, et j'écarquille les yeux et secoue la tête.

Enfin, aucune obligation hein ! Je me justifie mais je me dis qu'avec ta condition physique tu pourrais sûrement t'amuser en faisant, mais je veux pas prendre de décision pour toi.