Aujourd’hui était un jour triste, la pluie tombait sur l’institut de Terrae. Restant dans ma chambre à regarder par la fenêtre, je repensais aux jours passés, tellement d’événement douloureux ainsi qu’heureux s’étaient produits. Je n’avais pas agi comme je l’aurai du, j’ai chercher mon propre malheur et me suis enfoncée dans les ténèbres.

Regardant mes mains, je soupirais lourdement avant de reporter mon attention sur le temps désastreux. Il y a une semaine d’ici, je m’étais battue avec Tomoyo et Marina, les deux jeunes filles étaient toujours à l’hôpital une inconsciente, l’autre gravement blessée. Et moi dans tout cela me demanderiez-vous ? Rien, je n’avais aucune marque sur le corps, je n’avais plus aucune blessures visibles, mais mon cœur quant à lui était blessé, arraché de ma poitrine pour se faire piétiner sans remords.

Par la suite, je fus convoquée dans le bureau d’Hideko. Et c’est là que tout s’arrêta, que le temps n’avançait plus et que la douleur s’abattait sur moi. Tomoe … Tomoe déserta son post à l’institut, elle était partie de Terrae. Où était-elle à présent ? Que faisait-elle dehors ? Avait-elle encore ses pouvoirs, ou plutôt la véritable question était « était-elle encore vivante » ? Je ne savais le dire, je ne savais ce qu’il en était advenu de ce Master déchu. Je me rappelais encore la tristesse dans ses yeux, ainsi que son amertume envers Hideko, je ne savais pas qu’il était possible d’haïr quelqu’un autant.

Tenant le pendentif que j’avais reçu de celle-ci dans mes mains, une larme solitaire traça un sillon sur ma joue tendis que je mordis mes lèvres. Une goute de sang coula, mon sang. Cet objet … était sans doute le dernier qui me rattachait à elle à présent.

A la place de pleurer sur le sort des autres, devrais-je pleurer sur le mien ? Après tout … Je n’étais même plus apte à me considérer comme une étoile de Feu, non, je n’avais plus mon pouvoir. Comment cela se faisait-elle ? Telle avait été ma punition pour mes pêchés. Sous ordre d’Hideko, je me retrouvais démunie de cette puissance … cette puissance qui me manquait tant.

Mais mon passé proche n’était pas si mélancolique que ça, non, j’ai eu droit à une déclaration d’amour. N’est-ce pas merveilleux de trouver de la joie dans cette peine ?

Me levant de mon lit, je fermais les rideaux de ma fenêtre avant de sortir de ma chambre. Ne prenant pas la peine de fermer la porte à clé, je me dirigeais vers les dortoirs des airs. Oui, June avait enfin sa chambre à présent, elle était initiée … De plus, j’avais besoin de la voir, j’avais besoin … de sa présence en ce jour maudit.

Traversant les couloirs, je fini par arriver devant sa porte, toquant légèrement avant de déposer ma main sur la poignée, j’ouvris la porte sans attendre une quelconque invitation de la part de la propriétaire des lieux. M’arrêtant sur le pas de la porte, je restais tel un poteau devant le spectacle si s’offrait à moi. June était là, recroquevillée sur son lit à pleurer.

Décidant d’avancer, je restais debout devant elle tout en pleurant également. Pourquoi est-ce que je pleurais ? Parce que ca me désolait de voir la personne que j’aimais sans doute le plus à présent, pleurer ainsi. Déposant ma main sur sa tête, la suite de mon corps suivit mon mouvement, posant un genoux sur le sol, je vins nicher mon visage près du sien en fermant les yeux.

- Que me vaut tant de tristesse de ta part, June-Chan ?

-Je ne suis pas triste Shizuru, j'ai peur. Je suis terrorisée. J'ai peur comme jamais je n'ai eu peur de ma vie.

La peur, la peur pouvait rendre les gens suicidaires, elle pouvait également paralyser les gens, les obliger à se soumettre devant elle, obliger les gens à faire ce qu’ils n’auraient jamais osé faire dans un état normal. C’est sans doute pour cela que je m’étais un jour promise de ne plus jamais avoir peur, de n’avoir peur de rien ni de personnes. Tout simplement parce que je voulais être maitre de tout et non pas le jouet de mon existence. La serrant dans mes bras, je déposais ma tête contre la sienne tandis que June reniflait en séchant ses larmes pour finalement dire :

-Et toi Shizu-chan, pourquoi pleures-tu ? T'aurais-je manqué à ce point ?

Essayons de rire pour arrêter les larmes de couler, n’est-ce pas ? Affichant un petit sourire et essuyant du bout des doigts la pauvre larme qui essayait encore de couler de mes yeux en emportant avec elle le peu de maquillage que je m’étais mise, je pris le visage de June entre mes mains avant de déposer mes lèvres sur sa joue pour finalement les déposer sur ses lèvres. Un doux contacte me direz-vous, un baiser qui fait sourire et retirer les peines … C’est ce genre de baiser là que je voulais lui offrir à cet instant précis.

- Si tu savais à quel point, je n’arrive plus à supporter d’être loin de toi.

Affichant un nouveau sourire, j’effaçais les quelques larmes se trouvant encore sur son visage. Déposant mes lèvres sur son front, je l’invitais à se coucher à côté de moi en suivant le mouvement. Me retrouvant donc ainsi à côté d’elle, je déposais ma main sur son ventre tandis que mon autre main me servait de support pour ma tête. Regardant le visage angélique de June, je poursuivis d’un ton doux en lui disant :

- Beaucoup de choses se sont passés durant ton absence … des personnes sont parties, d’autres n’ont pas changés et moi … moi je me suis perdue, June. Je ne sais plus ce que dois faire à présent, ni qui je suis vraiment …

-Tu es Shizuru Fujino, une des personnes les plus courageuses et les plus belles que j'ai pu rencontrer. Tu es celle que j'ai choisi d'aimer.

Elle était là, à me parler ainsi, à me réchauffer le cœur des ses gestes et des ses paroles tandis que moi je ne bougeais pas, la laissant se poser tranquillement sur mon corps en fermant les yeux. Sa tête sur ma poitrine, elle pouvait entendre mon cœur battre, je l’entendais moi aussi résonner dans la clame de la pièce. J’étais Shizuru Fujino, une personne courageuse … la personne qu’elle avait choisi d’aimer, une fois de plus, une déclaration d’amour …

- Tu me fais fondre avec tes déclarations June. Moi aussi, moi aussi je t’aime.

Depuis combien de temps n’avais-je pas osé dire ces quelques mots qui en disaient long sur ce que je ressentais, depuis quand n’avais-je pas confesser mes sentiments à quelqu’un ? Déposant une de mes mains valides sur sa tête, j’ébouriffais légèrement ses cheveux avant de reprendre la parole, berçant la pièce de ma voix.

- J’ai appris … plutôt, je sais ce qu’il s’est passé avec Tomoe. Elle … comment dire cela, disons plutôt qu’elle a avoué ses actes, je suppose que tu as du être terrifiée par celle-ci. Je ne connais pas les détails de votre discussion, si tu as envie de m’en faire part, fais le mais ne t’y sens pas obligée.

A présent, elle n’était plus là. Elle n’était plus à Terrae, ce qui voulait dire que June était en sécurité à présent. Et si un jour celle-ci revenait pour se venger ou autre, je l’attendrai les bras ouverts afin de défendre celle qui détenait mon cœur. Je ferrai tout pour la protéger … mais avant cela, il me fallait que je retrouve mon pouvoir, ma puissance … afin de conserver ce que à quoi je tenais.

-Je ne vois pas pourquoi je te le cacherais puisque nous avons parlé de toi. Elle m'a parlé de toi, de celle que tu étais avant et de celle qu'on voulait que tu deviennes. Elle m'a parlé un peu de ta famille et elle m'a dit que ton rôle ne te permettrait pas d'avoir une relation avec moi comme celle que nous avons maintenant. Jamais. Je crois qu'elle t'aime vraiment Shizu-chan mais à mon avis le fait que je lui dise que je t'aimais aussi l'a un peu perturbé.

Elle m’aimait … oui, elle m’aimait tellement que j’étais sans doute responsable de tout ce qu’il se passait. Que bien je ne lui avais jamais dis un « je t’aime sincère », j’avais continué à accepter ses avances, à la laisser jouir de mon corps et moi la même chose. Je n’avais jamais freiné ses sentiments après tout, mais je lui avais dit « Je ne t’aime pas, Tomoe. » n’était-ce donc pas assez formel ?

- Je vois.

Je ne comptais rien dire de plus à ce sujet là, il n’y avait plus besoin d’en parler après tout, autant se dire que le passé devait être scellé à présent, qu’il ne fallait pas le laisser refaire surface pour nous faire souffrir.

- Parlons d’autre chose, tu as tes pouvoirs à présent !

Je n’avais pas a lui demandé ce qu’elle était, bien que j’étais dessue de ne pas la voir feu, j’étais tout de même contente qu’elle soit Air. Après tout … étrange hein ? Elle était comme Tomoe, une air lunaire. Trouvez-vous ca étrange ? Je quitte une air pour tomber dans les bras d’une autre air, à croire que seul cette affinité me plaisait …

- Comment ca s’est passé ? As-tu eu le temps de poser des questions intéressantes à Hideko ? As-tu eu mal ? Ou encore … Tu me montres un peu ce que tu peux faire ?

HRP: Désolée encore du retard :)

-Hideko m'a donné des pistes très intéressantes pour ma mère. Et elle m'a dit que j'étais douée avec mes pouvoirs. Tiens, je te montre.

Sa mère disait-elle, nous n’en avions pas beaucoup parlé, je ne connaissais pas vraiment ce qu’il se passait avec celle-ci. Si mes souvenirs sont bons, la cause de sa venue à Terrae était à cause d’une dispute avec son Père à propos de sa Mère, cette mère qu’elle ne connaissait pas et dont elle cherchait le passé. Tomoe aussi était comme ça, elle aussi au début elle cherchait qui était sa mère qui avait vécu dans l’ancien Terrae, mais depuis peu, cette mère s’était transformée pour elle comme une roturière, une femme dont elle ne vouait plus aucun amour, plus aucun respect. Tout cela … en découvrant la vérité.

Sentant une bourrasque de vent caresser mon visage, je regardais les mouvements de mains de June en serrant mon cristal. Fermant les yeux en essayant de suivre le flux de son pouvoir, je grimaçais en ne voyant rien. Je ne sentais plus rien … je ne pouvais que voir le changement d’air, je ne sentais que ce petit vent … je ne traçais plus rien … je ne pouvais que sentir de mes cinq sens.

Souriant tout de même en applaudissant, je me redressais avant de prendre dans une étreinte June. Serrant ma poitrine contre son dos, je logeais mon visage sur son épaule près de son cou avant de lui murmurer :

- Omédéto Gozaimasu, June-Chan.

Me détachant de son corps, je vins me placer à côté d’elle avant de tendre mes mains devant mon corps, paume vers le ciel en fermant les yeux. Cherchant en vain la source de mon pouvoir, je me voyais me heurté contre une mur dans ma tête. Ce fameux sceau hein … Je l’avais déjà détruit par le passé avant, pourrai-je le refaire ? Sans doute, mais je ne voulais pas … tout simplement parce que j’avais accepté ma punition.

- Je n’y arriverai sans doute pas … C’est même une évidence. Soit, parle moi de ta mère … qu’as-tu réussi à savoir à son sujet jusqu'à présent ?

- A vrai dire pas grand-chose pour l'instant. Je sais qu'elle s'appelait Yin et qu'elle devait être un peu moins âgée que moi quand elle était à Terrae. Elle était Etoile Télépathe à la fin et je pense qu'elle devait être italienne même si elle avait des origines japonaises. Mais je ne sais rien de plus, elle avait environ 20 ans à ma naissance, lorsqu'elle est... morte.

Pour moi, c’était déjà beaucoup. Savoir en dire tant de sa mère avec cette petite lueur d’espoir, n’était-ce pas magnifique ? Je ne pouvais pas jouir de cela, je ne savais être heureuse comme elle pouvait l’être en découvrant plus d’informations à propos de sa mère, la mienne … Elle, je ne l’aimais pas.

- Je suis contente pour toi, au moins tu sais d’ou tu viens en quelque sorte.

Oui, ce fameux problème de ne pas savoir quelles étaient nos origines, je n’en ai pas souffert, je savais d’ou je venais et ou j’allais. Mais je connaissais une personne qui elle n’était pas comme moi, une famille étrange, une enfance encrée dans le mensonge, la mort à porté de main elle n’a pas eu la chance d’avoir ce que je vivais. Une petite fille de 3 ans, arrivant dans un pays étranger, loin de ses parents et de son village. Arrivant chez une femme qu’elle ne connaissait pas, une femme qui l’a pourtant aimé, mais menti. Elle apprit par la suite que ses parents n’étaient pas ses vrais parents, une enfance anéantie, une vie sans pilier, et surtout … ce vide encré dans son cœur à tout jamais.

- Ma mère … la mienne est quelque part dans un hôpital à Kyoto, je n’ai que très peu de contact avec. Un jour, elle m’a juré de me tuer … Et je crois que … Non, je n’ai pas peur, disons plutôt que c’est depuis lors que je me suis rendue compte à quel point je la haïssais. Je suis fasciné par l’amour que tu apportes à cette femme que tu ne connais pas, mais peut être qu’elle est vivante, peut être qu’il est possible qu’un jour, tu la retrouves.

Flash Back

Je me sentais partir, je me sentais mal … J’ai senti quelque chose couler sur ma joue, j’ai cru qu’il pleuvait. J’ai porté mes doigts sur le liquide, j’ai compris que c’était du sang.

J’avais les yeux en larmes, les doigts tachés de sang et, je voyais ce spectacle affreux. Mère … Pourquoi ? Pourquoi ce sang sur ton corps, pourquoi ce sourire et ces larmes disant « Ne t’inquiète pas Shizuru » … Et cette voix, ta voix si douce, ton regard identique au mien, ce visage que nous partageons … Mère … Pourquoi ?

Une goute de sang s’éclatant sur le sol, une affreuse nausée m’envahissait à cet instant. Je crus tomber, mais ce ne fut qu’une illusion, j’étais toujours là, devant cette femme qui n’était autre que ma mère, à la regarder se tuer à petit feu, à regarder la lame tracer sa peau d’un geste droit.

Pourquoi … Pourquoi faisait-elle ça ? Pourquoi je la regardais faire sans bouger, pourquoi mon visage n’exprimait rien même si mon cœur s’acharnait à ce que je bouge, que je l’enlace et je lui dise d’arrêter ? Pourquoi … Pourquoi moi ?

- Ce n’est pas grave Shizuru, ce n’est pas grave, maman n’a pas mal, elle ne fait pas ça pour mourir tu sais …

Maman n’a pas mal, maman n’a pas mal … Mais maman … Moi j’ai mal en te voyant faire ça.

- Ce n’est pas la faute de maman si papa est parti, maman est une bonne personne, n’est-ce pas Shizuru ?

Maman n’était pas une bonne personne, maman n’était pas gentille, maman n’aimait personne à part elle-même. C’est de la faute de maman … tout a toujours été de sa faute.

- Maman n’est pas heureuse sans papa, Maman n’aime pas Shizuru.

Je le savais, je savais qu’elle ne m’aimait pas, autant que je ne l’aimais pas. Je la rendais responsable de la mort de Père, elle me rendait responsable de son malheur …

Je suis restée là … à la regarder se mutiler. Je ne comptais pas intervenir, je ne l’ai pas fait. J’ai souffert en la regardant, mais je suis restée devant sans broncher. Elle s’est évanouie dans son sang, j’ai tourné le dos et je suis partie.

Le lendemain fut différent de ce que j’aurais pu imaginer. Mère était dans son lit quand je suis rentrée dans sa chambre, elle regardait par la fenêtre en chantonnant un air que je ne connaissais pas. Pourtant, encore maintenant je m’en souviens … Cette chanson … Si triste.

Grand-Mère est arrivée dans la chambre, la Mère de Père. Elle m’a regardé de haut en bas, avant de m’annoncer clairement :

- Seiko va partir de la demeure des Fujino, Shizuru. Tu prendras la place de chef de famille à présent.

Je n’avais pas saisis, je n’avais pas compris quand elle m’avait lâché cela sans émotion. Des hommes en blancs sont arrivés, ils ont aidé Mère à se lever, ils l’ont conduit avec eux dans leur voiture.

- Maman ne t’oubliera pas Shizuru, maman te tuera un jour.

Ce furent ses derniers mots avant qu’elle parte en direction de l’hôpital psychiatrique, les derniers mots d’adieu de ma mère.

Flash Back End

- J'aurais vraiment aimé que ce soit possible tu sais Shizu-chan et parfois c'est dur de se dire qu'elle est plus ou moins morte par ma faute. Mais je sais que je ne la reverrais jamais. Elle n'est pas sortie vivante de la maternité, c'est comme ça. Je ne me le pardonnerais sans doute jamais complètement mais je dois vivre avec.

Dans un certain sens, elle n’attendra pas inlassablement de revoir sa mère en sachant que celle-ci est morte. Je me suis un jour demandé la question, qu’était-il donc le mieux ? Savoir que sa mère est morte et être résigné à ne jamais la connaître ou alors l’avoir encore vivante, mais dans l’impossibilité de la revoir ? Les deux cas étaient tristes, désolants mais en même temps, j’aurai opté pour la mort. Pourquoi ? Parce que si ce n’avait pas été le cas, j’aurai sans doute espérer pour rien de revoir le visage de celle qui est ma mère à sa place. Oui, de mon côté je ne suis pas mieux, ma mère est vivante … mais je l’évite le plus possible.

- Tu n’es pas responsable de sa mort, si elle est morte … c’était que son moment était venu. La seule chose qu’il te reste à faire n’est autre que profiter de cette vie qui t’a été accordé.

Oui, profiter pleinement de sa propre vie ne l’honneur de celle qui s’était sacrifié pour elle. Mais il était vrai que pour certaines personnes, vivre sa vie avec le poids d’une autre personne sur ses épaules n’était pas des plus simple, on se sentait vulnérable et coupable quand nous finissions par nous écrouler.

Me levant du lit, je m’étendis un court instant avant de me diriger vers son bureau. Regardant le carnet de dessins se trouvant sur celui-ci, je m’en saisi avant de le montre à June et lui demander :

- Je peux y jeter un coup d’œil ?