—C’est que tu t’y prends pas très bien si tu arrives pas à boire et t’occuper de la musique en même temps, la taquine-t-il. Faut s’entraîner un peu plus, voyons.

Il le pense même pas, je crois qu’à ce stade-là de la soirée, il répond juste pour le plaisir de répondre. C’est tout. Enfin, avec le nombre de conneries qu’il débite avec Pandora, il faut bien qu’elle revienne sur une des dingueries des fois précédentes ; il manque de s’étouffer avec son verre et toussote. Pourquoi c’est aussi tendancieux ce qu’elle dit ??

—On a dit ça…? commence-t-il, en regardant ailleurs. Il faut vraiment que je pense à me taire, en fait. Tu sais, toutes les conneries que je dis ont pas pour visée d’être réalisées…

…

—Non mais ça veut pas dire qu’on peut pas-…

Je hausse un sourcil à la remarque de Misao.

"Ah c’est vrai, j’oubliais que tu étais un expert dans le domaine…"

Je ne suis pas vraiment vexée, je vois bien qu’il me taquine hein, aussi j’ajoute avec un sourire en coin ;

"J’suis tout à fait capable de faire les deux en même temps, le problème c’est que personne n’est assez sympa pour venir m’apporter à boire, et comme j’peux pas quitter mon poste…"

Le sous-entendu n’est pas très subtil, mais bon… Mon sourcil s’arque à nouveau à la réflexion suivante du nippon, mais cette fois, je ne réplique pas tout de suite. Je le fixe en plissant un peu les yeux ; est-ce qu’il est en train de me dire que toutes ces choses qu’il m’a proposées de faire ensemble, ce sont "des conneries qui n’ont pas pour visée d’être réalisées" … ? Oui, là par contre, c’est un peu vexant.

"Je ne te force pas. Mais effectivement, si c’est pour proposer des trucs que t’as pas envie de faire, ce serait sûrement mieux de te taire, la prochaine fois. Je comprends pas trop l’intérêt de faire ça."

Je dirais pas que la réaction de Pandora est un peu méritée, mais quand même. Il s’est contenté de rire, avant de se faire un peu roast pour son retrait au sujet de la fameuse murge. Il dirait bien que c’est parce qu’il n’assumait plus du tout, mais en réalité, cette potentielle soirée lui fait peur par anticipation. Il a pas envie de s’emballer ou faire un truc con, et la preuve étant qu’avec un peu d’alcool, il commence à sortir n’importe quoi, ou en tout cas à ne plus réussir à s’exprimer comme il le souhaite. Alors il accepte le truc, grimace derrière son verre. En essayant de comprendre ce qu’elle a pu comprendre d’autre à propos de la soirée pour littéralement lui dire de fermer sa gueule. Il fronce les sourcils.

—Hm, désolé... C’était rapport au fait de me mettre une mine pour rentrer complètement mort, j’étais peut-être un peu enthousiaste ce jour-là. Boire avec toi me dérange pas, mais si je peux éviter de rentrer en rampant, finalement, je préfère y aller mollo.

Ptnnnn mais il comprend pas.

—Je suis déjà en train de me ridiculiser avec deux verres, imagine avec un troisième, essaie-t-il d’expliciter, un peu confus, en lui montrant son verre quasiment vide.

Il se rend compte qu’il n’est pas encore prêt à baisser autant sa garde devant elle, finalement, au risque de faire une connerie, et une vraie. Pourquoi c’était plus simple il y a trois ans ? Il s’humecte les lèvres. Il ajouterait bien quelque chose, mais franchement, il sait même pas quoi dire.

Je garde un visage neutre, le regard posé sur Misao ; qui s’excuse et s’empêtre un peu maladroitement dans ses explications. Il ne mentionne que cette fameuse potentielle soirée, pas tout le reste, et je me dis que j’ai peut-être un peu surinterprété ses mots… Que je suis peut-être un peu vite montée dans les tours, aussi, je ne suis pas aussi susceptible d’habitude, mh.

"C’est vrai, j’oubliais qu’à ton âge avancé, les gueules de bois sont un peu violentes… Petit joueur !"

Mon ton est railleur, un peu piquant. Je soupire en baissant les yeux sur mon verre, portant une main à ma nuque.

"Excuse-moi, je ne me vexe pas aussi vite d’habitude. C’est juste que… Parfois, j’ai un peu de mal à te suivre. Quand tu me taquines, c’est pas toujours évident pour moi, si tu penses ce que tu dis ou si c’est juste de la provocation…"

… Eeeet alors que les mots sortent de ma bouche, je me rends compte que la réciproque est sans doute vraie aussi, en fait ; il n’est pas le seul à plaisanter et taquiner à tout bout de champs. Je relève les yeux vers lui en me mordillant la lèvre inférieure.

"Je sais bien que je donne beaucoup dans le sarcasme aussi, hein. Mais quand je te propose des trucs, c’est jamais juste lancé comme ça en l’air."

Et je lui souris, doucement, en approchant ma main libre de la sienne pour venir effleurer ses doigts.

Aïe aïe, c’est mérité ; mais honnêtement, c’est pas totalement faux non plus. Heureusement, ça a l’air de d’apaiser un petit peu Pandora, même si elle a encore un ton un peu rentre-dedans ; il contient un soupir soulagé, histoire de ne pas en rajouter une couche.

—Eh, tu feras moins la maline quand t’auras mon âge, répond-il, dépité. J’ai mis des jours à me remettre du mariage !

Et puis elle s’excuse. Il regarde un peu ailleurs, gêné. C’est un peu moins engageant émotionnellement quand il dit les trucs sur le ton de l’humour, mais il ne propose pas non plus des choses qui ne l’intéressent pas, ou qu’il ne veut pas faire. Il comprend un peu comment elle a pu l’interpréter ; c’était pas son objectif du tout. Au contraire, c’était pour prendre un peu de recul et ajouter un peu de modération dans le chaos qui allait s’ensuivre…

—C’était pas mon intention, je suis sincère aussi. C’est pas que je ne pense pas ce que je te propose, c’est que je suis… enfin… J’ai pas envie d’aller trop loin ou que ce soit bizarre. Puis, si je lançais des trucs en l’air, je me serais déjà débiné pour le petit dej et les cours de japonais !

Ses doigts effleurent les siens, et il en est soudain très conscient. Il les attrape délicatement, sans la regarder, le coeur battant dans ses oreilles au point qu’il n’entende plus trop la musique autour.

—J’ai envie d’organiser plein de choses avec toi, il lâche sans la regarder. Ca me fait juste bizarre.

Il a pas autant envie de voir les gens, en temps normal, lol.

J'esquisse un sourire amusé à la réflexion de Misao ; c'est vrai qu'il était bien pompette, au précédent mariage. Moi aussi, hein, mais je suis rentrée assez tôt - lui a sans doute continué jusque tard dans la nuit.

Petit moment de confusion, je m'excuse de m'être vexée (pour rien), et lui explique que parfois, entre toutes les blagues et les vacheries qu'on se lance, j'ai un peu du mal à me situer, à savoir ce qu'il pense vraiment. Il me rassure, gentiment, et je hoche la tête avec un petit sourire quand il mentionne certains de nos moments passés ensemble.

"Oui, c'est vrai ! Mais, euh, pourquoi ce serait bizarre ? Y'a rien de bizarre à proposer de faire des trucs tous les deux, si ? Tant que tu me proposes pas d'aller escalader l'Everest, moi j'suis partante pour tout, hein !"

Même l'Everest, si c'est lui qui lance l'idée avec son air de défi habituel, là, il y a moyen que j'accepte (ouais, non, elle a pas du tout compris ce qu'il voulait dire...). Puis j'approche mes doigts timidement des siens, et Misao les attrape doucement. Mon coeur rate un battement quand il reprend la parole ; ce n'est pas juste ce qu'il me dit, mais la façon dont il le dit, timidement, le regard fuyant.

Je me sens rougir, mais heureusement il a le visage tourné vers la foule. Et comme sa joue est à ma portée, je viens y déposer un léger baiser, avant d'ajouter, près de son oreille ;

"Moi aussi. J'aime beaucoup passer du temps avec toi."

Et malgré ce que j'ai dit quelques instants auparavant, à moi aussi, ça me fait bizarre. La seule personne que je vois aussi souvent, c'est Allen - et il nous a fallu des années avant de devenir aussi proches.

Il ne faut pas se mentir, même si à une époque il y allait un peu plus franco, il n’a jamais été très très doué pour exprimer ce qu’il avait sur le coeur. C’est plus facile quand ça passe par de la taquinerie, au moins il n’a pas besoin d’y réfléchir vraiment, et si ça ne passe pas, hop, il dit que c’était une blague. Tranquille. C’est pour tâter le terrain, tester, un peu ; un comportement qui peut aisément semer la confusion, la réaction de Pandora n’est donc pas hors sujet ou exagérée. Alors quand il lui dit, sur un ton plutôt sérieux mais embarrassé, il espérait vraiment qu’elle comprendrait ; mais non, pas du tout, et ça ne l’aide pas du tout. Il se retient de lui renvoyer un regard presque désespéré. Peut-être qu’il se fait vraiment des films, du coup. Ou alors, au contraire, que ça ne la dérange pas ?

… Nan, elle parle du mont Everest, c’est qu’elle a rien compris ptdr oskour.

—Comment ? Tu n’es pas prêt à escalader le mont Everest ?? Alors que tu es Air et si douée ? Franchement.

Il a un rire dépité, content d’avoir trouvé la parade parfaite pour éviter sa question. Parce qu’il commence à comprendre pourquoi c’est bizarre, et c’est un peu trop angoissant pour lui, soudain. Alors il essaie. Et elle l’embrasse sur la joue. Elle aime bien passer du temps avec lui aussi, c'est ça ? Woah son visage chauffe à fond, là, ça y est. Elle est encore tout près, juste là, à côté de son oreille, et il aurait juste à tourner la tête pour l’embrasser.

Hm.

C’était ce qu’il voulait éviter, lol.

Il y a beaucoup de choses qui se bousculent dans sa tête, alors qu’il tourne son visage vers le sien. Il se contente de la regarder, ne vous y méprenez pas. Mais il la fixe. Et il se demande.

—Tu dois y retourner maintenant, ou je t’emmène danser ?

Bien évidemment, Misao ne rate pas la perche que je lui tends, en parlant d'escalader l'Everest. Je souffle un rire en levant les yeux au ciel, avant de lui donner un petit coup léger dans l'épaule.

"T'abuses hein, t'en rates vraiment pas une !"

Moi, par contre, je rate carrément tous les signaux qu'il m'envoie, hein - et pire encore, je lui en renvoie en retour, sans vraiment avoir conscience de ce qui est en train de se passer entre nous, de la pente glissante sur laquelle on s'engage lentement mais sûrement. Tout ce que je sais, là, c'est que je me sens bien, que j'aime beaucoup la couleur de ses yeux, quand il plonge son regard dans le mien comme ça, et que j'ai vraiment très envie de danser avec lui. Mais avant que je puisse lui répondre, une voix résonne dans mon oreille, fort, et je grimace en baissant la tête, portant mes doigts à mon oreille - les pouvoirs de Sonore, bien plus efficaces qu'un talkie-walkie.

"BON ET ALORS, TU PASSES LA SECONDE COCOTTE ??? Non mais sinon laisse-moi la place hein !"

"Ah putain, mais gueule pas comme ça dans mon oreille, enfin ! C'est bon, j'arrive..."

Je relève la tête vers Misao, une petite moue d'excuse aux lèvres.

"Je dois y retourner, désolée... J'en ai pour, euh, une heure ou deux j'imagine ? Mais si tu es encore là, après, ce sera avec plaisir. Pour danser avec toi. A tout à l'heure ?"

Et sur un dernier sourire, je retourne vers Kiyo, qui me lance un sourire goguenard avant de s'éclipser pour profiter de son temps de pause.

La pente raide, il est en train de la dévaler à toute vitesse. Malgré le trait d’humour, et la tentative de changement de sujet, il finit par abandonner l’idée de faire demi tour. Il lui propose un choix : celui de l’encourager dans cette pente, ou de lui mettre un stop.

Sauf qu’il ne se passe aucun des deux scénarios. Alors que Pandora grimace en portant sa main à son oreille, Misao devine aisément qui l’a interpellée. C’est Kiyo, en arrière-plan, qui les regarde poings sur les hanches, au niveau de la console de son, un sourire à la con sur les lèvres. Alors qu’il détourne justement le regard de Pandora pour les lever vers le Master Sonore, Misao se surprend à lui envoyer un regard assassin. Ce moment était crucial, et il ne fait que creuser l’insécurité mêlée d’incertitudes qui commençait à s’installer à l’intérieur de lui.

Enfin. Il se compose une expression approximativement neutre alors qu’elle s’excuse, puis lui sourit un peu platement et acquiesce.

—Bien sûr, t’en fais pas. Enfin, je resterai sûrement pas tard, mais je te préviendrai au pire. À tout à l'heure.

Il a le seum, et n’est pas très certain d’avoir envie d’être encore là, dans “une ou deux heures”, il ne sait pas bien quoi faire entre temps. Il regarde dans le fond de son verre, un peu perdu, après qu’elle soit partie, appuyé contre la table du buffet. Puis il fixe la foule, le bruit, Kiyo qui s’éloigne, Pandora qui se remet en place à la sono, les mariés qui dansent en riant, et il se sent un peu étranger à tout ça, soudain. Il finit son verre cul sec, en commande un nouveau, et après un temps à attendre comme un con, se met en quête de ses proches pour occuper une partie de sa soirée.

Je suis un peu déçue quand Misao me répond qu’il ne restera sans doute pas très tard - au moins jusqu’à ce que j’ai terminé, j’espère ? A force d’en avoir discuté, j’en ai vraiment envie maintenant, de cette fameuse danse avec lui… Je crois que je tire un peu la tête alors que je reviens vers la sono pour remplacer Kiyo - mais lui, ça a l’air de le faire beaucoup rire par contre, cet enfoiré !

Le temps semble s’écouler plus lentement maintenant que je suis à nouveau seule, mes yeux passent régulièrement de la table de son, à l’écran d’ordinateur, aux invités qui papotent, rient et dansent - et à chaque fois, comme attiré par un aimant, mon regard trouve le nippon au milieu de la foule. Presque naturellement. Il faut dire qu’il se démarque pas mal ; grand, élégant, séduisant. Et je me surprends plusieurs fois à soupirer, alors que je le regarde (reluquer serait un mot plus juste dans cette situation). J’avais aussi espéré que, peut-être, il m’amène un verre à un moment donné - mais non, et ça me rend un peu triste. Heureusement, Luna s’en charge à sa place (déformation professionnelle, j’imagine ?) - une fois, deux fois, trois fois…

Et finalement, quand Kiyo revient vers la sono au bras d’une jolie blonde et me relève de mes fonctions, en me glissant d’un air narquois de "filer retrouver mon beau Misao", je lui réponds par un gloussement. Mh, ok, le champagne m’est peut-être monté un peu plus à la tête que je ne le pensais. C’est pas grave, c’est un mariage, tout le monde est pompette ! Je repère rapidement la personne que je cherche, et m’approche de lui, dans son dos, sans faire un bruit (littéralement, hein). Je me mets sur la pointe des pieds et pose doucement mes mains sur ses yeux en approchant mes lèvres de son oreille.

"Bouh ! Devine qui c’est ?" je murmure, avant de souffler un rire dans son cou.

Il lui a fallu un moment pour réussir à penser à autre chose, et encore, même en essayant de profiter de la fête, il lui jetait parfois de petits regards en biais quand il pensait que personne ne le voyait. (On le voyait probablement, à la fin de son troisième verre, il n’était plus aussi discret.) Il s’est dit l’une ou l’autre fois qu’il pourrait revenir la voir pour lui apporter un verre, mais Luna semblait bien s’occuper d’elle… Il valait aussi mieux qu’il garde un peu ses distances, le temps de retrouver la tête froide, et d’avoir une conversation normale d’humain à humain.

La fête avance, et elle n’a toujours pas bougé de son poste ; de son côté, il a pu passer un moment chouette avec Elwynn et Roman, puis avec Huo et avec les enfants, et puis il a fini par se retrouver à parler avec sa soeur. Oh, rien de très passionnant, leurs discussions les plus banales, notamment par rapport à sa demande de subvention pour un nouveau labo qu’il comptait lui soumettre prochainement, et qui commençait à être bouclé. (C’est que Katsuyo avait fait des recherches, il fallait les mettre à profit.)

Du coup, vous vous en doutez, c’est à ce moment que le drame est arrivé.

Je dis drame, parce que vraiment, vous n’imaginez pas le niveau de terreur dans le corps de Misao quand il a senti des doigts froids se poser sur sa peau, soudain extrêmement chaude, alors qu’il sursaute vaguement ; et encore plus quand il a senti son ventre se tordre en sentant le souffle de Pandora sur son oreille. C’était pas de la terreur, ça.

La terreur, c’était d’entendre le silence d’Hideko, avant qu’elle ne dise :

—Oh. Bonjour Pandora.

Et parte, en lui lançant un regard du jugement.

Il est encore un peu chamboulé par l’apparition subite de Pandora — son souffle — sa voix — et devant Hideko. Il n’a même pas le temps de les rendre invisible, il est simplement là, défait et écarlate, alors que les doigts de la Sonore s’écartent de ses yeux et qu’il lance un regard paniqué à Hideko qui part, puis à Pandora qui… qui est là.

Il y a un court silence, à nouveau.

Elle ne va. Jamais. Le laisser vivre avec ça. (Il faut savoir qu’après ça, Misao ne va plus parler à sa soeur pendant deux semaines, mis à part pour lui envoyer un mail avec son dossier de subventions.)

Un rire dépité le secoue, alors qu’il se passe une main sur le visage, encore brûlant. C’ETAIT ULTRA MIGNON MAIS ELLE A PAS CHOISI SON MEILLEUR MOMENT EN FAIT OMG.

—Hm… J’espère que t’as de l’humour, parce que c’est sûr qu’elle va raconter ça à ton prof dès ce soir…

Oh, woah, elle a l'air d'avoir un ou deux verres de plus dans le nez, et ça se... voit.


Hrp : ptdr je te jure que j'ai tiré aux dés

Je garde les mains sur les yeux de Misao pendant quelques instants, tout en riant un peu dans son cou, quand une voix m'interpelle soudain. Je lève les yeux par-dessus son épaule, et - oh. Hideko. Je ne l'avais pas vue !

"Oh, bonsoir !!"

Elle nous regarde super bizarrement, alors que j'ôte finalement mes mains du visage du Feu (qui est super chaud, d'ailleurs, ahah), les posant sur ses épaules à la place, et... Elle part, juste, comme ça. Quand Misao se retourne finalement et me regarde, lui aussi avec une expression un peu bizarre (dépitée, même), j'esquisse une petite grimace.

"Désolée, j'avais pas vu que ta soeur était là... Je vous ai interrompu ?"

Mais il rigole un peu, alors je me dis que ça ne doit pas être si grave. Je hausse ensuite un sourcil à sa remarque, et tourne la tête pour suivre Hideko des yeux - en revanche, je ne vois pas Ryu, mais il doit être là quelque part.

"Lui dire quoi ? Que je suis là ? Ben il le sait déjà, j'lui ai dit, la dernière fois, que je m'occupais de la sono avec Kiyo !"

Et de toute façon, même s'il ne le savait pas... En quoi ça l'intéresserait, en fait ?! Je pouffe un peu dans ma main, avant de relever la tête vers le nippon, un grand sourire aux lèvres.

"Et sinooonnn... T'as encore envie de danser ??"

Disclaimer : Comme j'ai pas demandé son consentement à Pandora (et que j'ai forcé celui de Ronron), ce post est facultatif et peut tout à fait être supprimé pour le bien de la vanne, qui doit en rester une.
Je vous aime.
Sur ce : NON LA VIE AMOUREUSE DE TES PERSOS N'EST PAS VIDE RONRON.

Attention je suis teuteu:

C’est le coeur empli de dépit que Misao constate qu’encore une fois, Pandora n’a pas du tout conscience de ce qu’il vient de se passer. Il se passe une main sur le visage dans son rire, mais son rire est aussi un peu nerveux. Evidemment, Pandora ne connait qu’Hideko la Directrice ; elle ne connait pas Hideko sa jumelle maléfique et casse-couilles en cheffe.

—Non, non, t’inquiète pas-, répond-il un peu vite.

Lui dire quoi… C’est vrai, ça, lui dire quoi ? Encore une fois, ça ne veut peut-être rien dire pour elle, mais il est certain que la situation est gênante malgré tout. Maintenant, c’est lui qui ne sait plus sur quel pied danser ; d’autant plus qu’elle est déjà bien pompette… Elle rit dans sa main, et avec cette expression, il arriverait presque à lui pardonner instantanément l’humiliation (oui bon, le mot est fort, mais HIDEKO) qu’il vient de vivre, et surtout de RIEN COMPRENDRE PTN. Alors il lui tend la main, essayant de rassembler son courage, son honneur brisé et un semblant d’expression rieuse :

—Bien sûr que j’ai encore envie de danser, je t’attendais j’te signa-

Et puis là, Elwynn arrive. Elle sourit. Il connait ce sourire, elle va encore dire une dinguerie putain.

Ce qui devait arriver arriva au ralenti pour lui. Il est interrompu au milieu de sa phrase (enfin c’était plus vraiment le milieu-milieu, quoi), le coeur tapant fort dans ses oreilles. Très fort. Dans ses tempes aussi. Et dans sa poitrine. Il entend les mots de sa meilleure amie OUAIS OUAIS LA TRAITRESSE SURTOUT ???? en boucle dans son esprit, comme un écho étrange et douloureux et bizarre, et surtout peut-être un peu vrai, mais eh. Ah.

Aïe aïe.

Elle l’embrasse sur la joue, il répond pas, il bouge pas, il est toujours dans la même position, main tendue vers Pandora, clignant des yeux.

Pando elle veut le quoi, et le quoi beaucoup ? Bonne soirée.

Mais va niquer ta bonne soirée, Elwynn ?????

Les mots continuent à s’entrechoquer à toute vitesse dans sa tête alors qu’elle PART et qu’il n’a pas prononcé un mot. Ahhhhhhhh.
ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh. bordel.

Il inspire. Ose jeter un regard vers Pandora, alors qu’il a les mains moites.

Il commence à se sentir pas bien.

—Bah. Alors. J’croyais qu’elle tenait l’alcool mieux que ça, essaie-t-il de prononcer, dans un demi rire.

Il dément pas, hein, faut croire. Mais. L’alcool. Elwynn. Voilà. C’est. Hm. Il est étonnamment conscient des regards autour de lui, bien qu’ils ne soient pas portés sur eux directement. Et le regard de Pandora. Qu’il essaie d’accrocher, maladroitement.

—Donc. Du coup. Tu veux me pécho ?

Et il.

sourit.

(il a paniqué)

Misao sourit en me tendant la main, pour m'inviter à danser - mais avant que j'aie le temps de la saisir, Elwynn débarque de nulle part. Elle a un sourire bizarre. Ce genre de sourire qui annonce une catastrophe imminente.

Et la voilà qui arrive, la catastrophe. Un tsunami que je n'avais pas du tout vu venir et que je me prends dans la gueule à pleine puissance, sans rien comprendre. Mon coeur commence à battre beaucoup trop vite, ça résonne dans tout mon corps, quand elle annonce joyeusement et sans aucune pression, que "Pandora, Misao t'aime vraiment beaucoup". Et puis, il s'arrête complètement de battre quand elle continue sur sa lancée - en fait, tout s'arrête ; mon cerveau et mes poumons aussi. Il n'y a plus que ces mots, qui tournent en boucle dans ma tête, alors que ma poitrine et mon estomac se compriment douloureusement et que mes oreilles bourdonnent. Et lui, qui est là, immobile, juste en face de moi, et qui me fixe avec une expression de stupeur muette - je dois tirer à peu près la même tronche d'ahurie, je crois.

Je remarque qu'Elwynn est partie seulement quand Misao reprend la parole, essaye de rattraper la dinguerie qui vient de se passer, avant de s'enfoncer encore plus. Sa question me fait l'effet d'une gifle, son sourire est encore plus douloureux - mais au moins, ils ont pour effet de me sortir de ma léthargie. Mon cerveau repart au grand galop, les pensées s'entrechoquent violemment entre elles alors que mon visage pâlit dangereusement. Est-ce que c'est une blague, pour lui ? Parce que moi, ça ne me fait vraiment pas rire. Les pièces d'un puzzle, que je n'avais même pas conscience d'avoir entamé, commencent tout doucement à s'assembler dans mon esprit. Et vraiment. Je ne ris pas du tout. Panique, confusion, peur. Les Sensitifs de l'assemblée doivent souffrir avec moi, je crois.

"Mais, je- ... Non."

Et je tourne les talons pour m'enfuir. Trop d'émotions, trop de questions d'un coup, je suis incapable de gérer ça. Pandora-style : s'enfuir quand les choses deviennent trop vraies, que quelqu'un s'approche trop près et que le risque de souffrir devient trop grand. Pandora qui finira seule avec son chat.

"Pandora, Misao t'aime vraiment beaucoup."

Je me fige un peu alors que cette phrase résonne dans ma tête (est-ce que c'est juste un écho de ce moment de l'enfer, ou c'est Alice qui essaye de rattraper la connerie d'Elwynn ? On sait pas). Je contracte la mâchoire si fort que je pourrais ma péter une dent. Oh, et puis merde.

Je fais demi-tour, reviens vers Misao et l'attrape par le bras pour le traîner avec moi, à travers la foule. Il y a déjà bien trop de regards posés sur nous, après la petite scène d'Elwynn ; hors de question de rester ici et de nous donner en spectacle. Alors j'avance d'un pas décidé, le regard droit devant moi - parce que si je prends trop conscience des têtes qui se tournent sur notre passage, je vais juste me rouler en boule par terre et me laisser mourir de honte, je crois. Quand on arrive finalement près de l'orée de la forêt, je le pousse contre un arbre et agrippe le col de sa chemise en plantant mon regard dans le sien.

"Non. Non, je veux pas te "pécho". Ca, c'est ce que je faisais avant, en soirée, quand j'étais complètement torchée, et surtout, que j'en avais rien à foutre. Mais j'en ai pas rien à foutre de toi, Misao. C'est vraiment ça que tu veux ?? Que j'te ramène chez moi et qu'on s'envoie en l'air comme deux cons pour ensuite plus jamais oser se regarder dans les yeux ?! Parce que moi pas, j'ai vraiment pas envie de tout foutre en l'air. Même si c'est un peu tard pour ça, merci Elwynn hein, qu'est ce qu'elle avait besoin de venir lâcher sa bombe là, putain. Et le pire, c'est que j'peux même pas affirmer qu'elle raconte n'importe quoi, peut-être bien qu'elle a raison et que je t'aime beaucoup - mais j'aurais préféré m'en rendre compte par moi-même, plutôt que de me prendre un ras-de-marée en pleine tronche, comme ça. J'suis pas douée pour tout ça, ok, j'y connais rien, j'ai jamais eu de relation moi, j'sais pas ce que je suis sensée dire ou faire ou si c'est normal que tu me fasses peur autant que tu m'attires, et... Misao, je t'en supplie, fais quelque chose sinon je vais jamais réussir à m'arrêter de parler."

Et j'aimerais vraiment arrêter le massacre là, s'il te plaît. Je crois que je suis en train de frôler la crise de panique.