Timeline : Quelques jours après l’entraînement des Tonnerres

Quel bonheur de pouvoir rattraper son sommeil en journée après une longue, loooongue, nuit de boulot. Étalée en étoile au beau milieu de mes draps tièdes, je suis en train de faire un marathon dans mes rêves avec Sylvester Stallone. Oui. Absolument. On est potes et on se fait le marathon du Mont St-Michel, tout va bien. On s’amuse. Il fait beau, on transpire de fou, mais hey, tout pour Sylvester. On discute pendant notre course et j’ose lui demander, oui, s’il compte refaire un Rocky !!! Ou un Expandables parce que hey- ouais la classe quoi. Je lui affirme au passage que je dois lui présenter Senri et il dit oui, incroyable et puis- Bah j’ouvre les yeux soudainement en fait. Je rencontre mon plafond. Un vacarme vient de me sortir de là. Ça. Tambourine. À. Ma. Porte.

Je regarde mon réveil, il est ‘’tôt’’ encore, putain le seum. Si c’est Senri qui vient me voir pour me montrer des nouveaux altères, je hurle. J’essuie rapidement le filet de bave de ma joue et me lève brusquement, wow super les étoiles. Allez, on se rue à la porte tout en grognant. Tranquille j’ai un débardeur et un short, et les cheveux pas trop en pétard, on est bien.

« J’ARRIVE J’ARRIVE !!! »

Arrête de cogner frère, J’ARRIVE.
J’ouvre la porte avec force tout en passant une main dans ma nuque, et je gueule :

«  OUI ? QUOI ? BONJOUR ? »

__–Revenons quelques instants auparavant. La veille, pour être précis.
__–Oui par contre c’est un speed et flemme de ses morts de t’entendre balancer tes conneries ampoulées pour une connerie alors je le fais. Nana est rentrée tard et a claqué la porte sa mère, sauf que baaah quand sa voisine de pallier c’est Karen et que y’a des moutards qui roupillent forcément c’est moyen.
__–Sans compter du fait qu’ils étaient malades.
__–Sans compter, ouais.
__–Aussi, Karen s’était réveillée après une nuit abusivement courte, passée à réconforter ses deux petits, non sans leur promettre la tête de Nana sur un plateau d’argent. Et, le lendemain, elle apparut devant la porte de celle-ci, dans un état de soin du corps et de la vêture… comparables.
__–Elle est sapée en shlag.
__–Le lectorat avait compris.
__–Karen fut donc accueillie par des cris ; ce qui ne la surprit hélas pas.
__–« Bah. Ouais. Bonjour. Pas bonne nuit. Parce que, merci hein, de rentrer bourrée au milieu de la nuit – vingt-deux heures – et de faire un foutu bordel de merde qui réveille tout l’étage ! Ce serait possible de penser à autre chose qu’à sa gueule, des fois ? »

….................Quoi ?

Je ne prends pas le temps d'inspirer, je m'afale contre le cadre de la porte, mon épaule tape dans le bois mais tranquille, croisant les bras contre ma poitrine et pinçant au passage l'arête de mon nez.

Putain Karen. Je roule des yeux. Fort.

« Mais de quoi tu parles, Karen... Premièrement, je bosse de nuit. Deuxièmement, il me semble que si j'étais bourrée hier, je m'en serais souvenue. (Il me semble ?) Troisièmement, qu'est-ce que t'as entendu et surtout pourquoi ce serait moi en fait ? Quatrièmement, ça t'arrive d'être sympa des fois ????»

T'as pas autre chose à faire que de me casser les ovaires ???? On a jamais réglé nos comptes depuis la dernière fois... Et ma patience est faible.

__–Au cours du babillage insupportable de Nana, les expressions de Karen passèrent d’un agacement prononcé, signalé par des yeux légèrement exorbités et une moue de désagrément. Quand sa voisine eut fini, elle pencha légèrement la tête sur le côté et se tapota le crâne.
__–« Euh, ça connecte là-dedans ? Y’a du monde à l’étage ? Quand une porte claque tellement que c’est un exploit qu’elle soit encore là, que ça réveille mes enfants et que ça vient, ça alors, du même appart’ d’où vient systématiquement tout le bordel depuis qu’une centaine personne s’est installée là, ouais, je tire des conclusions ! Puis, pas bourrée… »
__–Karen passa de l’agacement à un subtil mélange de dégoût et de mépris.
__–« En tout cas, je sais pas quand c’est la dernière fois que je t’ai pas vue avoir abusé de trucs. Ou alors c’est ton état naturel, je sais pas ? En fait je m’en fous, du coup y’a moyen de faire moins de bruit ou ça s’passe comment ? »
__–Hâte qu’elle apprenne qu’à se comporter comme ça, on va la faire chier juste pour pas lui donner raison, même si elle a vraiment raison. Nana j’compte sur toi !

Mdr ta gueule Karen.

Plus sérieusement, je l'ai fixé tout le long de son blabla, avec un visage qui tire entre le neutre et l'agacement. Non parce que si t'es agacée, je le suis tout autant OK??? Et c'est quoi cette idée de venir s'embrouiller à la porte des gens comme ça?? Non parce que je me suis déjà tapée Elfie une fois alors que je sortais de l'hôpital... et maintenant c'est pendant que j'essaye de dormir pour le boulot?? Je le vois à sa tête qu'elle est plus jeune que moi, est-ce que je pardonne un peu son immaturité? Franchement, je sais pas. Elle est en train de me faire un caca nerveux. Allez, on la laisse perdre son souffle avant d'ouvrir la bouche.

« Oui alors non pas bourrée, ouais. Je suis pas Terre, mais me semble que les murs ne sont pas en carton non plus ici Karen, je suis TP j'utilise une fois sur trois ma porte et- sérieusement? Tu restes encore sur cette histoire? J'crois que t'as pas compris ce que j'ai dit la dernière fois, ton sarcasme, tu peux te le garder, je suis dix fois plus ancienne que toi ici alors je sais être courtoise moi au moins. »

Je suis calme, très calme, mais je suis gonflée.

« Déjà si t'arrêtais de mal me parler à la gueule, peut-être que tout serait réglé depuis longtemps en acceptant les excuses de la dernière fois et en éclaircissant les points à savoir si c'était vraiment moi hier ou oh bah tiens UN AUTRE TONNERRE du couloir qui aurait fait du vacarme. Est-ce que – je l'imite en tapotant mon crâne, la tête sur le côté – eh oooh, tu sais parler calmement? »