Allez savoir pourquoi j'allais toujours me réfugier là quand j'avais passé une mauvaise journée... Je crois que c'était un peu comme pour Mitsuki ; on avait tous les deux été élevés dans ce genre de lieux, nos parents aimant la nature et pouvant y passer des heures. En même temps faut dire... J'ai cru comprendre (et j'en suis quasiment sûr maintenant) que Maman, Papa et les parents de Mitsuki avaient vécu dans l'ancienne Terrae. Et l'ancienne Terrae... Ben comment dire ? C'était sur une île perdue dans le Pacifique si je me souviens bien. Alors ça devait bien être sauvage... Mais en même temps, encore plus joli. Notre Terrae était plus moderne et plus artificielle, perdue en plein dans la capitale Japonaise. Eux, c'était tellement mieux... Et puis, on voyait qu'ils avaient grandi et découvert ce qu'ils étaient devenus là-bas, quand je voyais les habitudes des parents en question... Maman aimait se balader la nuit dans les endroits les plus étranges pour se balader la nuit (genre des ruines qui peuvent nous tomber dessus à tout instant, une forêt pleine d'ours et de loups...) -on n'évitera de parler de sa tendance à vouloir sauter d'arbres en arbres dans une forêt comme si elle était superwoman-, la mère de Mitsu' n'était pas mieux, a toujours s'entraîner -et pas qu'en endurance, elle s'entraînait dans d'autres trucs bizarres aussi !- dans les endroits déserts, à des kilomètres de la société. Faut voir la répulsion qu'ils pouvaient avoir envers les villes et autres ! On n'est jamais partis en vacances dans des endroits normaux pour ainsi dire, sauf si partir dans les montagnes en Norvège, vide de monde, pour y construire nous même pendant 2 semaines notre propre châlet peut être considéré comme des vacances normales. A part ça, mes amis partaient faire du ski en hiver, hein.

Soupirant en shootant dans un caillou qui traînait, je levai le bout de mon nez vers les étoiles qui brillaient dans le ciel. Maman... Combien de temps avais-tu pu perdre à fixer ces petites illuminations fixées dans le ciel...?

Ils me manquaient, je ne pouvais décemment pas le nier. C'était peut-être étrange, voire gamin à dire... Mais mes parents me manquaient. En plus de ça, je voyais beaucoup moins Mitsuki qu'avant. En moins d'un an, j'avais perdu une partie de ma complicité avec ma meilleure amie, mes parents, les siens, nos liens si forts, et cette ambiance si chaleureuse qui m'avait englobé durant toute mon enfance. Déprimant, hein ? Bah, fallait bien que je m'y résolve ! Après tout, j'étais à Terrae pour passer le cap ! Nan ?

Entendant un corbeau croisser non loin de moi, je m'arrêtai de marcher, fermai les yeux et me concentrai. Il poussa encore un cri... Deux... Gardant les yeux clos, je cherchai à le situer. Mes pouvoirs me guidèrent finalement à lui, et je souris. A ma gauche, entre 10 et 20 mètres, en hauteur bien sûr. Ca ne servait à rien de savoir ça, certes. Mais au moins, ça me permettait d'améliorer un tant soit peu mes capacités !

Je rouvris les yeux, croisai le regard jaune, perçant du corbeau, et souris.

-Ca va, fais pas le gros dur ! lui lançai-je avec amusement.

Glissant mes mains dans mes poches après lui avoir lancé dessus une lame d'air le plus aiguisée possible pour mon niveau (c'est-à-dire médiocre), je repris mon chemin en direction du lac. Il ne me restait presque plus rien à parcourir, j'étais déjà presque sur place.

Alors que je passai mon bras entre les branches, arrivant à destination, je sursautai en apercevant une boule de feu se diriger tout droit sur le lac, pas si rapide que ça, certes, mais déjà bien trop pour moi qui venait tout juste d'arriver. La sphère s'enfonça dans l'eau un court instant avant de partir en fumée, laissant planer au dessus du lac une grosse quantité de vapeur d'eau. Tournant la tête pour tenter de voir qui venait de faire ça, je crus apercevoir des cheveux blancs et je m'avançai, pensant bêtement que c'était Mitsuki (alors qu'elle était Tonnerre, bien entendu.) Je m'arrêtai dans mon élan en remarquant que ses cheveux, bien longs d'ailleurs, étaient violets. Tiens dont, la lune me jouerait-elle des tours ? C'est pourtant d'elle que je tire ma force ! D'ailleurs, est-ce que les Lunaire sont plus puissants la nuit que le jour...? Et les Solaire sont incroyables lorsqu'il y a un soleil radieux ?

-Bien joué, laissai-je échapper pour ne pas avoir l'air con, planté là.

Je l'observai allumer sa clope et en tirer une latte.

-J'espère que je ne dérange pas...

Je fis un pas en arrière, et je plaçai mes bras automatiquement devant moi en guise de défense lorsque l'inconnue se retourna d'un coup sec, brandissant vers moi une sphère de feu... Qui s'éteignit bien vide.
Je dus cligner des yeux à plusieurs reprises pour revenir à la réalité. D'ailleurs, j'en avais zappé ses premières paroles...

-Hum, tu dois me prendre pour une folle mais soit ! Je me présente Tomoyo Marguerite Asama.

Je me replaçai correctement, abandonnant ma position de défense super efficace. L'observant un cours instant, je détaillai son visage. Dis donc, quel nom long... Et bien que Tomoyo, comme Asama, fassent Japonais, je me demandai quel était l'origine de ce "Marguerite".

-"Marguerite", c'est ton deuxième prénom, ou une partie de ton nom de famille ? demandai-je avec curiosité.

Lui adressant un sourire, j'entrepris ensuite de me présenter :

-Moi c'est Allen. Allen Kakurasaka Wilder. Drôle de mélange, je sais...

Après tout, Allen Wilder, ça faisait très anglais... Mais je n'avais jamais pu me séparer du nom de famille de ma mère !

-Et je ne te prends pas pour une folle, rassure-toi ! dis-je derrière un rire léger. Juste à une légère psychopathe, mais après, chacun sa manière de s'éclater ! ajoutai-je en adoptant une posture désinvolte, "comme si".

Le sourire qu'elle afficha m'amena à arquer un sourcil. "Psychopathe" lui allait bien ? Haha, super... On va dire que c'était parce qu'halloween approchait, surtout avec son air sadique... Elle enchaîna rapidement en me demandant comment moi je m'éclatais, m'adressant cette fois-ci un sourire que j'aurais qualifié de charmeur... entre autre !

-Si je suis un rebelle ? demandai-je avec un sourire amusé. A vrai dire, je me suis toujours demandé si sortir la nuit était vraiment interdit. Après tout, on risque quoi ? De se faire manger par un Morphe devenu fou, devenu loup à vie, qui traînerait dans la forêt...? Merci bien, je ne crois pas aux histoires de fantômes !

Je marquai une pause et me dirigeai vers le lac. Je commençai à me concentrer, gardant cependant le fil de la conversation.

-Sinon, j'étais parti me changer les idées, j'ai passé une journée de merde alors...

J'avais arrêté de cligner des yeux, fixant le lac avec insistance. Mon sourire réapparut sur mon visage et je laissai filtrer à travers mes lèvres un léger rire mesquin.

-Et comment je m'éclate, hein...? En général je sonne chez la voisine et je m'envoie en l'air avec elle jusqu'à 2h du matin, mais ces derniers temps elle est pas trop dispo' alors...!

Je dus me retenir de tourner le regard vers elle pour voir sa réaction. Bon, dans le pire des cas elle était Feu et c'était pas comme si j'avais dit ça à une Eau, mais je pouvais toujours espérer une réaction marrante. Pourtant, je continuai à fixer le lac.

-Alors toi aussi, c'est ta mère qui est japonaise ? Kakurasaka, c'est pas mère, Wilder mon père.

Je me rappelai l'espace d'un instant -ou je crus me rappeler- qu'une des Master de Terrae s'appelait... Je-ne-sais-plus-comment Marguerite aussi... Ou bien me trompais-je...? Hmm, c'était à étudier, comme question !

-Hey, j'ai réussi ! m'exclamai-je en apercevant les bulles d'air s'élever jusqu'à la surface de l'eau, comme un gamin surexcité en voyant un de ses rêves devenir réalité (genre la première fois qu'il est allé à Disneyland!).

Je me tournai enfin vers Tomoyo, tout sourire.

-Depuis le temps que je m'entraîne... Tu es à Terrae depuis longtemps ?

En tout cas, elle avait mon niveau : il n'y avait que deux étoiles sur son uniforme.

Face à sa réponse, je ne pus m'empêcher d'afficher un sourire presque ironique. Est-ce qu'elle avait vraiment cru que je couchai avec ma voisine ? Bah... J'avais que des voisins. Mais après tout, je n'allais pas l'ouvrir juste pour dire "désolée, en fait je suis pas un gros pervers dégueulasse, c'était juste une boutade". Elle avait sans doute compris mais avait marché dans mon sens, histoire de se moquer gentiment... A moins qu'elle ait voulu être méchante, mais son sourire prouvait le contraire. Même si son compliment sur mes "bubulles" était vexant, par contre.
Elle confirma ensuite mes propos, en m'éclairant sur les origines de sa mère : japonaise. Maintenant, autre question : Marguerite, c'était de quelle origine...? Bah, elle allait peut-être en avoir marre de mes questions à la longue !

-Yep, Air ! Et merci pour mes... "bubulles".

Peut-être qu'un jour je serais capable de mieux ? Bah, j'y aspirais en tout cas...
Ouais, j'avais pas l'air très motivé, dit comme ça, mais je m'étais rendue compte qu'être un peu plus relax, ça aidait vachement ! Beh en tant qu'Air en tout cas... Comme ça, j'avais souvent la tête dans les nuages. Haha, visez l'humour... De merde, ok, je l'avoue.

-Tu suis ici... Depuis près d'un an maintenant ! Je suis arrivé en Janvier dernier.

Je tournai la tête vers le lac et regardai les dernières bulles éclore à la surface. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. C'est vrai qu'après coup... J'étais là depuis vachement de temps, et il n'y avait toujours aucune trace d'une réelle amélioration. J'étais peut-être pas destiné à être un grand magicien ? Ou alors, fallait que je bosse davantage ma magie... Bah, on verrait bien. Je reportai mon regard azur sur Tomoyo.

-Feu toi, c'est bien ça ? Tu t'en sors, jamais créé d'incendie dans ta chambre pendant que tu dormais et tout ?

Les tornades et moi, copines ? Haha ! Je n'y avais jamais songé ! Mais c'est vrai qu'après réflexion... Quoi que non, j'avais jamais retrouvé ma chambre en gros bordel, ravagée par une énorme bourrasque, à mon réveil... Ouais, finalement, bien au contraire, les bourrasques ne devaient pas m'aimer !
Elle enchaîna par la suite en me demandant si j'avais déjà vu un des scientifiques qui nous traquaient et je sentis les muscles de mon corps se contracter par réflexe. Depuis que Mitsuki s'était faite enlevée, je détestais plus que tout entendre parler de ses monstres... Ils étaient sans coeur, ne pensaient qu'à leurs intérêts, et surtout ne nous considéraient que comme des objets... Le code barre sur le haut de l'omoplate de ces trois personnes qui s'étaient faites enlever le prouvait...
Un goût amer remonta dans ma gorge. Je fixai l'eau du lac, me réjouissant d'y voir un jour sombrer l'un de ces barbares. Je rêvais d'une nuit noire, sans le moindre éclairage...
Je secouai la tête, me remettant les idées en place, avant de lever les yeux sur Tomoyo.

-Pourquoi cette question ? demandai-je plus sèchement que je ne l'aurais cru.

Je tentai de me reprendre par la suite, remarquant qu'en plus de ne pas être dans mes habitudes, ce ton froid pouvait laisser sous-entendre des tonnes de choses... Comme "je n'aime pas franchement en parler." Car même si c'était le cas, je ne voulais pas non plus qu'elle le prenne comme un vulgaire "casse-toi, tes discussions me font déprimer". Ce qui était faux. Dans le fond, cette fille me donnait envie de faire connaissance, malgré sa question. Car après tout, elle ne pouvait pas savoir...

-Je ne les ai pas vu, mais j'ai déjà vu ce dont ils étaient capables... Et je sais parfaitement que si les Masters nous mettent en garde contre eux, c'est pour une bonne raison.

Je laissai un ange passer, levant les yeux vers les étoiles hautes dans le ciel.

-Un très bonne raison même...

PS : Fais attention à la taille de ta signature ><

HRP : Oui, nickel ! ^o^ Elle est jolie en plus, comme signature, j'aime bien ! *3*

Je tournai la tête vers elle et observai de la vapeur d'eau s'échapper de ses mains. Est-ce qu'elle aussi aimer faire des choses insignifiantes, pourtant parfaitement réalisées, pour se prouver qu'elle contrôlait son pouvoir ? C'était ce que je faisais tout le temps. Alors que la majorité des personnes s'entraînaient jour et nuit, faisait tout pour être un jour capable de déplacer des montagnes... Je ne faisais que léviter deux ou trois trucs par jour, et je m'étais une fois amusé à réunir des tonnes d'animaux dans la forêt avec ma voix. Et l'usage que j'en faisais s'arrêtait là...

- Désolé, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise avec cette question... C’est juste que je préfère me tenir informée tu sais... Même si je doute qu’il m’arrive quoi que ce soit.

Tiens, je ne m'attendais absolument pas à ce qu'elle s'excuse, d'autant plus que j'étais le seul responsable de mon emportement. Cela dit, ses excuses étaient acceptées, car justifiaient sa question, bien qu'elle n'aurait jamais pu savoir si oui ou non j'allais bien la prendre, cette question.

-Je comprends. Mais bon, à partir du moment où tu ne pouvais pas savoir à l'avance, je ne peux pas t'en vouloir d'avoir posé cette question ! C'est une question normale après tout, puisqu'on est supposé être 'en danger de mort' si on quitte l'institut... Logique de se renseigner sur ce danger.

A l'évocation du mot danger, je sentis encore une fois que je risquai de m'emporter, alors je décidai de focaliser mon attention sur autre chose. Je l'observai se bouger pour aller s'asseoir dans l'herbe, là où elle se trouvait initialement.

- Dis Allen, tu me ferais une démonstration de ce que tu sais faire ?

Un peu surpris par sa demande, je finis par sourire, amusé par son grand sourire qui dévoilait toutes ses dents parfaitement ordonnées.

-Disons que je ne sais pas faire quand chose, répondis-je presque automatiquement. Mais bon, je veux bien te montrer à condition que tu me montres ensuite !

Lui adressant un nouveau sourire, je fis naître dans ma main que je tendais devant moi une mini-tornade qui accéléra peu à peu l'allure. Je ne savais travailler parfaitement qu'en miniature... Lorsque j'augmentai la taille, je ne tenais pas... Alors autant lui montrer quelque chose de "parfait", même si c'est petit.
Refermant la main sur la tornade, je broyai la pression de l'air dans mon poing, avant de tout relâcher en direction du lac, créant une lame d'air qui flirta un long instant avec la surface de l'eau avant d'être engloutie dans les profondeurs du lac, soulevant une quantité pourtant assez négligeable d'eau. Je l'avais dit, y'avait vachement plus doué !

-Tomoyo, j'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelque part... déclarai-je finalement en reportant mon regard sur elle. On ne se serait pas déjà croisé avant ? Ou je sais pas... Enfin non finalement, oublie ! Je dois être en train de dérailler.