[HRP : Pas de souci, je suis au moins aussi en retard que toi... >< Et l'idée m'a fait bien rire XD]



Je la regardais s'avancer d'un air suspicieux, sur mes gardes, prêt à bondir au moindre danger ! Ouais, je me crois dans un film de science-fiction, et je vous emmerde. Je fais ce que je veux, on est en plein milieu de la nuit bordel ! Et non, je vous interdit, je suis complètement trop pas bourré ! Ce qui est rare. De me voir sobre, je veux dire. Généralement, à cette heure-ci, je rampe du bar à mon chez-moi, tu vois ?... D'ailleurs, ça me fait penser, il faut que j'achète des bombes pour inciter mes très chers amis – qui ne sont pas imaginaires, fuck ya – à rouvrir mon frigo parce que je sens que je vais faire de très mauvaises rencontres à chaque fois que je vais passer cette porte... Purée, le jour où je trouve comment elle s'appelle, cette gosse, elle va souffrir. Oui, je viens de me rappeler que j'ai la haine contre elle, et que je suis en mode « je vais te faire une prise de watsu ! » depuis qu'elle s'est levée de sa chaise.
Parano, moi ? Non, vraiment, jamais de la vie ! Qu'est-ce qui vous fait dire ç-...

- Ils sont horriblement emmêlés. C'est moche.

-AAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !
MES CHEVEUX ! AHHHH MON DIEU ELLE VA ME LES GRAISSEEEEER AVEC SES SALES PATTES ! Pas touche ! Pas touche ! On TOUCHE AVEC LES YEUX, j'ai dit ! Naaaaaah recule, sataaaaaan ! Recule ou ou ouuuuuu... Ou je te crucifie sur le mur avec mes éclairs du style Jésus sur sa croix, ok ?! Et puis d'oùùùù elle les traite de moches ?! Mes cheveux ils pètent la classe, ils ont une couleur magnifique, une souplesse GENIALE, et et et eeeeet...
Lorsqu'elle passa sa main dans mes cheveux, je ne pus m'empêcher de faire un bond d'au moins trois mètres, manquant de pousser un cri d'épouvante. J'ouvrais et fermais la bouche comme un poisson hors de l'eau, alors que je cherchais des mots à caser sur ce qu'elle venait de faire.
Un attentat.
Un attentat aux cheveux, bordel ! PAS. MES. CHEVEUX ! Ce devrait être interdit par la loi et passible de peine de mort, ça ! Au bûcheeer ! Hérétiiiiique !
J'essayais de répliquer, mais sa réplique suivante me fit me taire immédiatement. Han la peste. Han la peeeeeste ! Elle pensait que j'étais incapable de me coiffer tout seul, hein ? Mais elle avait vu ses propres cheveux, elle ?! Cette espèce de débile à la tignasse partant en couilles dans tous les sens a des leçons à me donner, hein, hein, heiiin ? Bah moi, je suis paaaas d'accord ! On touche pas aux cheveux de son Dieu – enfin, son prof de maths, quoi, c'est pareil – de cette manière ! Parfois, je regrette de pas être prof de sciences, et de pas me trimballer avec de l'acide dans les poches. Oh, oui, c'est bon, ça. Je suis sûr que ce serait drôle à voir, un corps en train de se décomposer dans un bain d'acide. Genre le sien, de corps, surtout. Et ses cheveux, qui se barrent en premier. Ou alors je les lui coupe et je les lui fais bouffer, au choix ! Quel menu choisirez-vous, mademoiselle ? Soupe de vous ou touffes de cheveux ?
Je grommelai des phrases incompréhensibles alors qu'elle m'obligeait à m'installer sur une chaise. Et, soudainement, j'eus envie de pleurer.
J'ai jamais été aussi humilié de ma vie. Vraiment.

Contrôlons-nous, contrôlons-nous. D'abord, non, je ne hurle pas comme une hystérique – je suis pas hystérique, d'abord, juste un tout petit peu, mais enfin, c'est pas vraiment de ma faute, parce que vous savez, quand même, c'est mes cheveux quoi, limite ils seraient blonds je pourraient dire que c'est des fils d'or mais là je peux pas le faire donc on va dire queeee c'est juste... Bah c'est mes cheveux, voilà, y a pas besoin d'en rajouter plus, on y touche pas sans payer un droit d'entrée ; et encore, là, c'est toucher avec les yeux, donc fourrager avec ses mains et les maltraiter avec une brosse ou chais pas trop quoi c'est considéré comme un viol ! Oui, un viol, môsieur ! Propriété privée ! C'est mon intimité à moi ! Y a que moins qui ai le droit de leur faire quoi que ce soit. Et mon coiffeur, mais lui je le paie pour qu'il se loupe pas, et de toute manière, il aimerait pas trop ressembler à Jésus sur sa croix, donnnccc... Il ne peut PAS se louper, c'est tout. Il a pas le droit. Sinon il est mort, grillé, cramé, dégommé, écartelé, zigouillé et... – c'est simplement que... Bref, on s'en fout, j'aurais des raisons de le faire ! Et des tas de raisons, d'abord ! Mais on ne va pas les citer, ce serait trop long. Comment ça, je l'ai quand même fait, dans mon monologue intérieur interactif ?! Passssss du tout ! C'est une illusion. Vous avez tout oublié...
Ou en étais-je ? Ah, oui. Cette folle dingue me coiffait. Ok. Bon. C'est pas très commun, de se faire sauter dessus par des élèves en furie qui finissent par jouer au petit coiffeur à domicile. Après, je peux comprendre leurs intentions, sisi ! Je sais que je suis beau, voilà, on va pas se leurrer ! Mais tout de même... Je veux bien qu'on profite de ma magnificence, pas qu'on en profite pour violer mon corps pur et innocent ! Bon, d'accord, plus si pur et innocent que ça, mais ça personne ne le sait, aloooorsss... Voilà quoi. Bref. J'ai remarqué que je disais beaucoup « bref », moi, dans ma vie. « Bref ». C'est moche comme mot. Ca fait genre « Ouais mais en fait, euhhh, je suis parti dans des délires de merde, tu ne veux aaaaabsolument pas savoir ce qu'il se passe dans ma tête à part ça, et de toute façon, même si tu le voulais, à moins d'être l'un de ces abrutis de télépathes de mes deux oreilles, tu le saurais pas, donc te fais pas de mal, vraiment, oublies tout ce que tu viens d'entendre et prends un curly, comme çaaaa, voilààà ! »... Ce qui est absolument le cas mais que personne ne devait savoir, histoire de garder leur pauvre cervelle entière !
Fiou. Je pense beaucoup, en ce moment, j'ai pas l'habitude.
… Oubliez ça, vous voulez ?

- Vous savez, vous ressemblez à un chaton, maintenant.

… Biens, j'hésite à présent entre lui faire avaler sa brosse par l'arrière ou me suicider en la bouffant moi. Des suggestions ?
Un... Chaton. Oh ouiiii, un chaton, c'est doux, c'est mignoonnnn. C'EST MACHIAVÉLIQUE, OUAIS ! Ca n'attend qu'une personne pour le recueillir, là, dans son p'tit carton sous la pluie – tellement cliché, qui plus est – avec ses yeux en mode « Le Chat Potté, bonjour ! » et la bouche en cœur ! Et puis ça en profite pour lui arracher le cœur avec les dents dès qu'il a le dos tourné ! Les chats sont des oeuvres du démon ! Et je ne suis PAS une oeuvre du démon, d'abord ! Oeuvre de Dieu, je veux bien ! Mais oeuvre du Diable ?! Nan mais noooon je suis le bien incarné, tout le monde le sait, eeeeet...
Bref.
J'aime pas les chats. Je suppose que je l'ai déjà précisé un nombre incalculable de fois.
Re-bref.

- Mais rassurez-vous, cette tête là aussi, c'est bien, hein...

« Cette tête-là aussi » ? Quelle tête ? QUELLE TÊTE ?

- Mais... Quelle tête ?!

...Ca m'a échappé.
Je poussai un soupir.

- Heu... Au fait, je voudrais vous dire... Si je vous ai o-offensé... Je suis... Je suis désolée.

Je relevai les yeux vers elle – enfin, j'essayais, mais vu qu'elle était juuuste derrière moi, c'était légèrement très, très, trèèès compliqué – et eus un sourire tordu.

- Ouais, ouais, c'est bon, on va pas en faire tout un plat...

… Dis le type qui a hurlé comme un demeuré quand on lui a touché les cheveux.

- … Même si il faut essayer de se tenir, quand même ! C'pas parce qu'un prof est canon qu'il faut lui sauter dessus comme si c'était un morceau de viande ! lâchai-je d'un faux air énervé, un peu calmé à présent que je me rendais compte que... bah se mettre en colère, ça servait à rien sur des têtes de mules - et des êtres dépourvus d'intelligence...