## Lun 9 Juil 2012 - 22:33 | ||
-Ryu... Ryuuu, je t'en supplie, dépêche-toi ! Ca fait mal ! Ca fait terriblement m-...Raaaah ! Bouge ton cul ! -Je fais tout ce que je peux ! Je suis là dans une minute ! Biiiip. Biiiip. Biiiiiiip... Je me laissai glisser dans le canapé, pinçant mes lèvres pour m'empêcher de crier, laissant le combiné tomber à côté de moi, entre les coussins. J'étouffai un nouveau juron alors que j'encaissai une nouvelle contraction. C'était... Insupportable ! A chaque contraction, j'avais cette sensation que mon utérus allait exploser... Mon Dieu, mais Ryu ne pouvait pas se dépêcher, pour une fois dans sa vie ?! Qu'il vienne en volant et m'emmène -s'il parvient à me porter toutefois- je m'en fous, j'ai trop mal pour supporter ça plus longtemps ! J'avais perdu les eaux d'une manière assez... Bête, il fallait bien le dire. Ayant la fâcheuse manie de cacher parfois des choses sur mon frigo, trop haut pour moi, pour m'empêcher d'y toucher, je m'étais rappelée il y a une heure à peu près qu'il me restait une tablette de chocolat noir, caché à cet endroit-là justement. Gourmande, je n'avais pu résister à la tentation et je m'étais encombrée d'un tabouret pour me permettre d'accéder au haut du frigo. Je pris la tablette... Et perdis soudainement l'équilibre. Je tombai du tabouret, enchaînai quelques pas en arrière en cherchant à tout prix quelque chose sur quoi me rattraper, quand je rencontrais dans mon dos la table de la cuisine. Je m'y attachai et glissai alors sur le sol, me rattrapant de justesse. Je me redressai. Mais pas totalement. Bam. Je venais de perdre les eaux. Les contractions commençaient. Cela faisait 15 minutes que je souffrais à en mourir. J'avais réussi à me glisser jusqu'au téléphone, et avais enfin appelé Ryu pour qu'il vienne me chercher et m'emmène à l'hôpital... Mais je n'y arrivais plus. Là, j'étais à deux doigts de sombrer dans l'inconscience. Je crois que je n'avais jamais autant eu chaud de ma vie ! La canicule, c'est rien du tout, à côté des bouffées de chaleur apportées par les contractions. -Hideko, je suis là ! La porte s'ouvrit à la volée, laissant apercevoir Ryu qui se précipitait dans la maison. Il regarda à droit, à gauche... Avant de me trouver. Il se précipita vers moi, et passa un bras autour de ma taille, me forçant de son autre bras à passer ma main autour de ses épaules. Il m'aida à me redresser. Je ne l'avais jamais remarqué avant, mais Ryu avait tout de même un joli torse musclé... -Allez Hideko ! Dépêche-toi, lève-toi ! Il faut aller à la maternité ! -Mais je le sais, espèce d'idiot ! Je t'attends depuis tout à l'heure ! Je croisai alors son regard, et fus réduite au silence d'un seul coup. C'était idiot, fou... C'était pas le bon moment pour constater ça... Mais je n'avais jamais vu Ryu aussi inquiet. Est-ce qu'il s'inquiétait tant... Pour moi ? -Je t'en prie Hideko, marche jusqu'à la voiture... Tu es la première, depuis l'Ancienne Terrae, à avoir un enfant... Alors que tu as encore tes pouvoirs. Les autres les avaient perdus. C'était moins dangereux ! Je t'en supplie, dépêche-toi, appuie-toi sur moi, mais dépêchons-nous d'aller à la maternité. Je sentis mon coeur se réchauffer d'un coup, avant qu'un nouvel hurlement ne m'échappe. Nouvelle contraction. Mon front était trempé de sueur, et mes vêtements ne m'avaient jamais autant collés à la peau... Je me pinçai les lèvres, et pris sur moi pour avancer jusqu'à la voiture, épaulée par Ryu. Je ne dis pas un mot, étouffant mes cris que je contenais au maximum. Ce n'était pas la peine de réveiller tout le voisinage... Ryu prit le volant et conduisit comme un dingue jusqu'à l'hôpital. Pressé, il courut me chercher un fauteuil roulant et me sortit de la voiture avant de m'emmener au service maternité, qu'il avait pris soin de former justement en l'attente de mon bébé... Ben oui... Pourquoi y aurait-il eu avant un service maternité à Terrae, alors que personne n'était jamais tombé enceinte ? Une infirmière, Master Guérisseuse, secondée par une jeune Etoile que je n'arrivais pas à reconnaître sur le coup, prit ma relève, et, alors que je m'en allais dans le couloir, assise sur mon fauteuil roulant, retenant avec de plus en plus de difficulté chacun de mes hurlements, je tournai la tête vers Ryu, qui me regardait m'éloigner avec le coeur lourd. Non... Non, j'avais besoin de lui... Je vous en supplie... J'avais besoin de lui. J'avais besoin du père de mon bébé. Du père qui allait l'élever... Du père qui allait être là pour lui. Toujours. Son Vrai père. ~~~ -Aaaaaaah ! -Assez Mademoiselle ! Plus fort ! Plus fort ! Vous y êtes presque. Menteuse. Je n'y suis pas presque du tout ! Loin de là... Je ne sens qu'à peine la tête ! Elle est loin d'être passée... Je n'y arriverais jamais. C'est trop dur. C'est bien trop dur. Et puis... Si jamais il se trouve que mon bébé a ses pouvoirs... S'il finit par les utiliser en moi au moment de l'accouchement, sans le faire exprès... Est-ce qu'il ne risque pas de me tuer ? -Allez, respirer. Chuuut, doucement, prenez une grande inspiration, avant d'expirer ! Oui, comme ça, très bien ! Allez, encore, vous inspirez, et vous expirez. Très bien. C'est exactement ça, mademoiselle ! Cette sage-femme n'était pas japonaise. Son accent était occidental. Et puis... Elle m'appelait Mademoiselle. Et non Hideko-san. Vous allez me dire "Est-ce que vous n'aviez que ça à penser ?" et je vous répondrais "J'attendais que Ryu arrive. Que mon bébé arrive. Que cet enfer soit terminé." -Aaaaaah mon dieu ! C'est horrible ! Je vais mourir ! Je vais mourir ! Je vous en supplie... Je vous en supplie, je veux Ryu. Laissez-moi voir Ryu ! Vite ! Viiiite ! La jeune femme me regarda avec anxiété, avant de croiser mon regard noir. Je le voulais. Là, maintenant, tout de suite. Nous n'étions pas ensemble. Il ne m'avait jamais vu nue. Mais je m'en fichais. Pour moi, ce qui existait entre lui et moi était encore plus important que tout ce que la race humaine avait l'habitude de vivre : l'amour, l'amitié, la haine. Non, ce que j'éprouvais pour Ryu n'avait simplement pas de prix, pas de valeur, ce n'était pas quelque chose de mesurable. Je ne le considérais pas comme mon frère, c'était encore plus que ça... Je laissai échapper un nouveau cri lorsque j'aperçus, dans l'entrebâillement de la porte... La tête de Ryu qui apparaissait. Il était habillé comme dans toutes ses séries Américaines où le Mari vient voir sa femme en train d'accoucher. Il était là, en tenue d'infirmier. Il courut vers moi, et me prit la main, le visage couvert par l'un de ses masques ayant pour but d'éviter les microbes. -Ca va aller Hideko. Respire, lentement. Tu vas y arriver. Tu vas donner vie à l'être le plus merveilleux que cette Terre aura connu. Tu vas être la Mère de la plus jolie créature de ce monde. Alors pousse, et respire. Doucement, lentement... Mais sûrement. Je plongeai mon regard dans les siens, alors que les larmes coulaient sur mes joues, à cause de la douleur. J'étais incapable d'y mettre fin... Mais je pouvais au moins la faire durer moins longtemps, non ? Je pris une grande inspiration, et poussai de toute mes forces, serrant la main de Ryu comme jamais, la serrant à m'en faire blanchir les phalanges. J'étouffai un cri en mordant ma main libre avant de recommencer, encore et encore. Je sentais la main de Ryu qui passait sur mon visage, épongeant ma sueur avec un gant de toilette. Je le sentais, près de moi, j'entendais ses mots, mais toutes ces sensations, tout ce qui m'entourait me semblait tellement lointain que j'avais du mal à me retrouver moi-même. J'avais l'impression de me perdre, de m'éloigner de mon coeur. Entrouvrant les yeux avec difficulté, poussant pour la dernière fois, je vis le visage de Ryu s'émerveiller, tandis qu'il déposait avec délicatesse un gant d'eau froide sur mon front. -...y est Hideko ! Ca y est... Tu as réussi ! Tu as... Le reste de ses mots s'estompa dans mon esprit, emportés par mes propres pensées qui me rongeaient. J'avais réussi... J'avais réussi, oui... Il était né... Mon petit bout était né... Et il allait pouvoir vivre une vie heureuse... Une vraie vie heureuse. Tout devint finalement noir autour de moi. Mes yeux se fermèrent une bonne fois pour toute, et la dernière chose dont je me souvins, fut ce moment où ma tête bascula sur le côté pour venir s'étaler sur mon oreiller. J'avais réussi. Mon bébé était né. Il était né, et il était en bonne santé... Une vie entière l'attendait, dès à présent... -Daisuke... murmurai-je faiblement. Il s'appellera... Daisuke... Ma voix s'éteignit avec une facilité déconcertante. La sensation même de me trouver sur un lit s'effaça, et je me retrouvai seule, perdue dans le noire... Perdue dans un long sommeil. Un long sommeil... éternel ? Daisuke... Je t'aime... Une larme roula sur ma joue, silencieuse, avant de venir s'écraser sur les draps blancs. Je t'aime, Daisuke. |
## Ven 13 Juil 2012 - 23:04 | ||
J'en suis devenue incapable. Faire sortir cette chaleur qui se répandait partout en moi ? C'était devenu impensable. J'avais cette sensation que jamais, oh grand jamais, je ne pourrais me sentir seule à présent. Mon monde avait changé. Du tout au tout. Je venais de donner vie à l'être le plus merveilleux de la terre, après tout. -Il se réveille, murmurai-je avec douceur. Mon sourire s'élargit sur mes lèvres. Je glissai un doigt sur son visage, caressant ses joues douces. Ses petits yeux s'ouvrirent petit à petit et je pus enfin admirer leur beauté. Ses iris étaient bleus, aux nuances vertes et dorés. Ses poings, fermement serrés, se relâchèrent lentement, et il leva une main vers moi, attrapant l'une de mes mèches de cheveux qui retombait sur ma poitrine. Curieux, il me dévisageait, étudiant chaque parcelle de mon visage. Moi, j'avais l'impression que mon coeur allait lâcher. A chaque croisement de regard, je le sentais rater un battement. Et puis, il cessa de battre pour de bon, alors que j'apercevais pour la première fois de ma vie son sourire. Je me sentis frissonner alors qu'une bouffée de chaleur m'envahissait d'un coup. Je ne pus m'empêcher de rire tendrement, observant chacun de ses faits et gestes avec une attention toute particulière. Mon monde s'éveillait. Ses fossettes, si bien dessinées sur son visage d'ange, frémirent doucement alors que son rire innocent s'élevait dans la pièce. Je glissai un doigt le long de son nez fin, arborant encore et toujours ce même sourire naïf, avant de déposer un baiser léger sur son front. Je tournai la tête vers la fenêtre, encore perdue dans mes rêveries. -Tu veux le tenir dans tes bras ? demandai-je dans un souffle à Ryu. Ce n'est que là que je remarquai l'air attendri qui animait les traits de son visage alors que je découvrais avec amour chaque détail de cette créature magique que je tenais dans mes bras. Son sourire s'étira et il hocha la tête avant de s'asseoir à côté de moi sur le lit aux draps blancs. Délicatement, je lui passai le bébé, y prenant soin comme à la prunelle de mes yeux. C'était une statue de verre qu'il ne fallait jamais détruire. Au contact de l'homme, le petit être détourna son regard de mon visage pour le planter dans celui de Ryu, profond et sans fin. D'abord perdu, ses yeux s'arrondirent comme des soucoupes, avant de s'adoucir en constatant que personne ne lui voulait de mal ici. Le grand blond commença à le bercer avec tendresse, en vrai père. Oui... Le seul et vrai père que cet enfant connaîtrait. -Bienvenue à Terrae, Daisuke, soufflai-je, mon sourire niais s'étirant encore davantage sur mes lèvres. Je t'aime... Mon amour. |