J'avais déjà failli flancher avec le sublime regard qu'elle m'avait lancé, mais me faire du pied, j'en venais à piquet un fard, je n'avais pas du tout planifié cela , même si je n'étais pas à plaindre il faut l'avouer. Mais c'était trop beau, ou trop facile, un truc sonnait faux, elle ne semblait pas être une fille facile, ni une fille naïve, aussi me permettais-je un test, je décalais légèrement ma jambe en la rapprochant d'elle, tout en répondant à sa question

"Oui en quelque sorte, d'abord pour vous comme pour moi, l'environnement doit être assez exotique, puis se retrouver au milieu d'inconnu, ça a sa part de romanesque, on se croirait dans un roman de formation, ainsi nous devenons Télémaque en quête d'Ulysse, D'Artagnan à la recherche de gloire et d'honneur, et je pourrais encore en citer bien d'autres mais ce sont mes favoris aussi ne ternirai-je pas leur image respective avec des compagnon de moindre envergure. Mais au-delà de tout ça, je crois véritablement qu'ici on nous offre une seconde chance, le moyen d'être nous même entièrement. Voyez-vous mademoiselle Katharina, je suis arrivé ici alors que je perdais foi en l'humanité, le monde me semblais insipide et cela ne faisait qu'exacerber mon naturel cynique, mais ici il y a comme une aura de paix. Cela ressemblerai d'avantage à une fin d'aventure, le héros attablé avec une belle demoiselle, ou l'héroïne attablée avec un damoiseau à la langue trop bien pendue. Puis comme on le sait tous la fin d'une aventure n'est que le commencement d'une autre"

J'avais véritablement perdu le fil de mes pensées, la phrase s'était manifesté d'elle même faisant de moi un simple intermédiaire, je me confrontais à un problème psychanalytique, d'où venait cette foutu phrase?

A ses excuses je répondais:

"Erare humanum est, mademoiselle, il n'y a pas de mal, au contraire souffrir d'erreurs de ce genre plus souvent ne serait pas un problème mais une chance ."

Même si cela paressais gris j'étais convaincu, enfin plus qu'avant, que ce n'était pas volontaire de sa part. Elle m'écoutait parler et semblait même apprécier la conversation, "une femme de gout en plus" pensais-je en aparté. Katharina était très agréable, non seulement à regarder, mais aussi à la discussion. Une si bonne compagnie était trop rare à mon gout de nos jours. Je l'observais attentivement alors qu'elle m'écoutait parler et même lorsque je me tus.

"- J'ai une question." me dit-elle après un cour instant.

Cette phrase était accompagnée d'un regard qui me fit comprendre que si j'avais déjà était le prédateur dans ma vie, à cette instant j'étais devenu la proie, ce qui n'était pas pour me déplaire dans l'absolu. Mais le fait qu'elle annonce la question comme ça était un signe, soit elle allait me troubler, soit elle allait me plaire. Je verrais bien sur le tard.

"Une seule question? c'est bien peu,"commençais-je faussement déçu" mais bon allez y je suis tout ouïe Katharina."

Je lui répondais en la regardant droit dans les yeux, d'un air de défi, comme si je voulais la provoquer pour voir jusqu'à où elle irait. Ah non.... en fait, c'est ce que je voulais vraiment. et j'avais la certitude que je n'allais pas être déçu.

A sa question je partis dans un éclat de rire. Elle revenait assez fréquemment quand je discutais avec les gens et qu'il s'interrogeait sur ma façon de parler. Généralement je répondais à cette question par une boutade, un trait d'esprit, un subterfuge. Exceptionnellement, parce que qu'elle m'était sympathique, j'aillais tenter de répondre sérieusement. Mais me connaissant, cela allait être un exercice complexe, voir pratiquement impossible.

"D'abord avant de répondre je vous demanderais, vous voudriez que je ne sois comme ça uniquement avec vous pas vrai?"

Je fis une courte pause après cette question, et repris sans lui laisser le temps de me répondre, de peur qu'elle se fasse de fausse idée sur ce que je venais de dire.

" Lao-Tseu disait il y a fort longtemps " Les paroles sincères ne sont pas élégantes; Les paroles élégantes ne sont pas sincères" , à mon avis parfois les deux se ressemblent tellement qu'on ne parvient plus à les différencier. Je dois avouer que avec la plupart des gens j'use des paroles élégantes, sans être véritablement sincère, quelle belle hypocrite je fais n'est-ce pas? Mais je tiens à dire que parfois, quand je me plait avec quelqu'un je tend à être honnête avec cette personne. En général les gens ne parvienne pas à différencier ces deux parts de moi-même et doivent se contenter de croire ce que je dis. Cela met souvent les gens mal à l'aise et on me considère comme un être louche et tordu, mais c'est parce que la plupart des gens ne comprennent pas que je cultive l'art du beau et que j'ai horreur de l'hypocrisie, mais je me plis à la convention sociale, sans quoi je serais probablement isolé de tout. Il y a une certaine forme de lâcheté derrière ça je crois. Enfin on est souvent le pire juge de soi qui puisse être."

Je fis un autre pause, histoire de reprendre mon souffle, j'avais l'impression d'avoir fait un effort extraordinaire.

"et vous, mademoiselle, qu'en pensez vous?"

Ma déclaration avait été suivit d'un compliment et d'un sourire, que demander de plus de la part d'une jeune femme? Décemment rien d'autre. Puis être soi-même, c'est le genre de chose que seul les gens indépendants peuvent aspirer à être. Je la regardais, enfin maintenant que je connaissais ses traits presque par coeur cela ressemblait plutôt à de la contemplation, je commençais à connaitre certains de ses tics, rajuster ses cheveux bruns derrière avant de commencer un réflexion, s'accouder presque nonchalamment à la table et de poser son visage sur sa main quand elle écoutait son interlocuteur et bien sur le traditionnel haussement de sourcil quand je la surprenais .

Je pouvais commencer à comprendre ses réactions, avant peut-être de parvenir à la comprendre elle-même. Je lui rendit son sourire alors qu'elle commençait à me vouvoyer.

"Je vais finir par croire que vous aimez me voir rougir." commençais-je " et merci.... il est rare d'avoir un avis franc et clairement tranché de nos jours, et cela compte vraiment, enfin pour moi en tout cas."

Je marquais une pause, que je fit durée juste assez longtemps pour qu'elle ai l'impression que je n'avais plus rien à dire, et j'en profitais pour tenter de relever quelque détail sur elle que je n'avais pas encore remarqué, et fut surpris de constater que ses yeux n'étaient pas de la même teinte de vert. Voilà de quoi alimenter ma prochaine interrogation.

" Bon maintenant je vais tricher un petit peu, sinon le jeu n'est plus amusant, j'appelle ça " pour deux questions posées, un compliment offert". Donc, petit a: Que pensez- vous de Terrae, petit b: Vous me vouvoyer soudainement, pourquoi tant de haine à mon égard? et donc le cadeau: vous avez des yeux aussi sublimes que surprenant."

Je lui disais tout cela d'un trait accompagné de ce que j’espérais être mon plus beau sourire

je crois bien que je la dévorais des yeux alors qu'elle me posais les deux questions, puis quand elle en arriva au compliment, je me sentis rougir de nouveau. Il y avait un problème, définitivement, mais d'où venait-il? De moi? D'elle? Non des deux, ELLE ME faisait de l'effet, j'étais sous le charme.

Réaliser cela me fit probablement virer d'une teinte légèrement rosée à une jolie teinte écarlate. Son sourire amusé fut le coup de grâce je crois, je ne savais plus du tout où me mettre, je bougeais mes jambes dans l'espoir de me mettre plus à l'aise et frôlais ce que j'espérais être un pied de la table et laissé ma jambes trainer par là étrangement réconforté par ce contact involontaire. Je reprenais ma contenance, lui fit un léger sourire et entamais les réponses.

" Bon que penser de Terrae? Première impression, impossible de s'enivrer tranquillement, une véritable dictature. Puis c'est calme trop calme, à coté un enterrement me semble une véritable fête. Mais mon second avis est très différent. Je m'explique: depuis que je suis là j'ai eu l'occasion de faire ce que je n'avais pas fait depuis longtemps, une introspection, me retrouver seul avec mon esprit tordu pour seul compagnon, et j'ai réalisais combien j'étais ennuyeux, et surtout que à chaque fois que j'ai essayé de faire quelque chose de ma vie j'ai lamentablement échoué ou cela m'attirait des problèmes, très souvent les deux. Et cette réflexion, aussi déprimante soit-elle, m'a fait réalisé quelque chose: Terrae est une seconde chance, enfin je crois, une chance de faire mieux pour soi et pour les autres, une chance de s'inventer soi-même comme disais Sartre. quoique depuis quelques temps je trouve que cet endroit nettement plus charmant. Je te laisse deviner pourquoi."

Pendant que je faisais semblant de chercher mes questions je la regardais encore un peu. Merde je suis pas croyable, à peine rencontrée et elle me ferait déjà faire n'importe quoi.

" Bon je crois que c'est à moi, alors d'abord, aurais-je le plaisir de t'offrir autre chose à boire? ou bien préfère-tu aller fumer une cigarette dehors? bien sur toujours à mes frais. Enfin, tu devines bien que tout ça n'est qu'un mauvais subterfuge pour passer un peu plus de temps avec toi."

La réaction allait être amusante et instructive.

Je trouvais son rire tout à fait charmant, en fait elle était charmante, entière et sur d'elle, elle ne semblait pas se poser de question, pas de prise de tête. Mon dieu que son esprit doit être serein et un havre de paix. Je l'admirais encore un peu et partit dans un éclat de rire quand elle parlait de me ruiné

" N'hésite pas à abuser de mes finances, c'est l'argent de mon père et vu qu'il est assez fortuné, je ne me fais pas de soucis"

J'étouffais mon rire le plus rapidement possible voyant qu'elle redevenait sérieuse, toute de suite je tentais de justifier ma phrase précédente.

" Vois-tu, mon cher et tendre paternel était un maitre de l'arrivisme dans sa jeunesse, aujourd'hui bien révolue d'ailleurs," lui disais-je d'un ton emplit de sarcasme ", bref, tout ça pour dire que son argent il ne l'a pas gagné honnêtement, et à défaut de pouvoir le rendre à son propriétaire, je dépenses sans compté quand je peux faire plaisir aux personnes qui m'entoure. Peut-être pas la bonne méthode me dira-t-on mais je n'ai pas trouver mieux ou plus juste ."

Je fut grandement soulagé quand elle accepta d'aller fumer. Son jolie minois soudainement sérieux m'avais inquiété.

Alors qu'elle se redressait, et semblait de préparer à se lever, aussi je me levais, la prenant de vitesse, me rapprochait de la demoiselle et lui présentais mon bras pour l'aider à se lever, je prenais aussi mon air le plus solennel.

" Katharina, permet moi de t'aider "

Elle pris mon bras en me remerciant. Elle semblait un peu mal à l'aise, je la sentais légèrement crispé, enfin mon bras la sentait plutôt. Elle ne devait pas avoir l'habitude du contact des hommes, aussi je me me montrais le plus doux et le plus serviable possible, je lui ôta son paquet qu'elle tenait dans ses mains, accompagnant mon geste d'un sourire charmeur, et l'ajoutais à ce que je portais déjà.

" C'est le privilège des belles demoiselles alors ne soi pas gêner.... ou alors tu n'as pas l'habitude de ce genre de chose ce qui me surprendrais, vu que tu es très.... enfin tu m'as compris hein?"

Nous sortions de l'établissement, en ce qui me concerner parfaitement à mon aise. Alors que je songeais à ma cigarette, un problème logistique se posais à moi, fumer ou conserver la belle au bras. Je choisis le second, profitant de l'instant, je pourrais fumer plus tard. Pour le moment il me fallait rompre le silence que le froid avait installé entre nous.

" L'hiver à cela de beau qu'il rapproche les gens"lançais-je d'abord " Je suis tout de même curieux, en sortant du bar j'aurais volontiers regardé les autres messieurs de la salle, il devaient très probablement m'envier et me maudire de m'enfuir avec la plus belle demoiselle de la salle. Remarque cela semble normal vu que je suis aussi rentré avec elle."

Je faisais la conversation seul, probablement pour lui faire croire que je n'avais remarqué sa gène.

" tu me dis si j'y vais trop fort sur les compliments, je ne veux pas te mettre mal à l'aise ou te faire rougir à causes de quelques vérités que j'énonce, et par pitié dis-moi si je parle trop, je peux être très épuisant quand je m'y met. Tu l'auras sans doute remarquer."

Je meublais la conversation pour la mettre à son aise. Enfin j'essayais.

Alors qu'elle se serrait d'avantage contre moi je la regardais, elle souriait doucement alors qu'elle me rassurait quant à la qualité du divertissement que je lui offrait, un sourire que je trouvais tout à fait charmant. Mais pas seulement son sourire me charmait, il y avait quelques petit détails qui la rendaient très attirante, aussi bien physiquement que moralement me semblait-il. Ses deux grains de beauté, qui n'avait que rarement aussi bien porté leur nom, attiraient le regard vers ses beaux yeux et ses lèvres, charnues, désirables....

"Tu veux aller quelque part ?"

Sa question m'avait rappelé à la réalité, et quelle doux retour à la réalité. J'allais pouvoir profiter quelques temps encore de sa présence. Je ne connaissais pas vraiment le coin ni ce qu'il y avait à faire, je fis une petite moue, déçu par mon manque d'imagination. Si seulement on était à Bordeaux, j'aurais trouvé au moins 100 places différentes pour la distraire et l'amuser, mais enfermé à Terrae.... Je trouvais cet enfermement regrettable et me sentais légèrement irrité par ce phénomène d'emprisonnement, même si il faut l'avouer j'avais choisi de venir ici.
Je me rendais compte à cette instant qu'elle s'était rapprochée de moi, probablement pendant mon moment d'absence. Elle devait avoir froid, aussi je m'approchais d'un banc, posais les divers sacs dessus et me séparais de la demoiselle le temps d'ôter mon blouson et le lui posais sur les épaules , non sans avoir sorti avant une cigarette de la poche intérieur, ainsi que mon briquet. J'affrontais le climat peu clément en T-shirt.

" Je m'en voudrais que tu attrapes froid à cause de mon indécision, et puis tomber malade après avoir passé quelque temps avec un jeune homme, j'ai connu certaines demoiselles qui auraient appelé cela un signe, je prend donc mes précautions."

J'allumais ma cigarettes, luttant mentalement contre les caresses glaciales du vent hivernale. La première latte que je tirais me réchauffait et me faisait le plus grand bien. Ah quelle bonheur que mes Benson. Il fallait trouver quelque chose à faire et vite avant qu'elle s'ennuie.... C'est à ce moment là que mon estomac me rappela bruyamment à l'ordre, me faisant rougir de honte, c'était pas vraiment le moment mais j'avais faim.

" Je euh...... Pardon..."

Y a pas à dire j'avais atteint un nouveau sommet de classe là. Mais je ne devais pas la laissé sur cette impression. Je récupérais les paquets et lui offrit de nouveau mon bras avec un rire léger.

" Je crois que mon tocsin personnel nous fait savoir qu'il est Midi, allait manger un morceau, ça tente?"

Si elle semblait avoir nettement moins froid, je commençais à sentir comme une incontrôlable envie de greloter et luttais désespérément pour qu'elle ne remarque rien et conserver mon crédibilité déjà bien mise à mal.