En me réveillant, je posais mon regard sur les baguettes de batterie posées sur ma table de chevet. Je n'avais pas de cours aujourd'hui, qu'allais-je bien pouvoir faire..? J'avais particulièrement envie de jouer aujourd'hui. Mais il me fallait un livre de partitions. Donc, direction la bibliothèque. Je me levais en pensant à cet endroit où je me trouvais. Je n'étais même pas de mauvaise humeur. Je l'étais de moins en moins en depuis que j'étais là.
Depuis que j'étais arrivé à Terrae, tant de choses bien me sont arrivées. Les meilleurs sont bien sûr retrouver ma sœur chérie, me défaire peu à peu de cette peur panique de l'eau, et enfin découvrir que la salle de musique hébergeait une magnifique batterie comme celles que j'observais avec envie dans les magasins de mon pays. J'avais désormais l'habitude de venir jouer un morceau pendant mon temps libre. J'avais même acheté des baguettes exprès !
Et j'en avais justement aujourd'hui, du temps libre. Je m'habillais donc rapidement après une douche courte et froide et je filais vers la bibliothèque prendre mon livre de partitions préféré, celui que j'utilisais le plus, et dont je connaissais presque tout le contenu par cœur. Puis fonçais à la salle de musique avec mes baguettes dans la poche arrière de mon pantalon. J'étais assez pressé d'y être.
Arrivé à destination je m'installais rapidement et commençais à m'échauffer sur un rythme pas trop dur.

[HRP] désolée si c'est un peu court ><

Alors que j'attaquais un rythme plus soutenu et plus compliqué, une fille à l'air un peu (même beaucoup) déprimé entra dans la salle. J'allais arrêter de jouer lorsqu'elle me fit signe de continuer. Perplexe, je ratais un temps puis un deuxième. Je finis par abandonner et donnais un grand coup de pédale par dépit, faisant retentir un gros coup sourd dans la pièce.
Je me levais et m'approchais de la jeune fille (qui devait avoir dans les 18-19 ans) et l'abordais gentiment, en voyant qu'elle ne faisait rien :

Tu veux jouer ? J'ai fini alors ne te gêne pas. La batterie est toute à toi.

Qui sait ? Elle jouait peut-être de la batterie et attendait son tour. Je m'étais assez exercé comme ça. De plus cette fille me déconcentrait. Elle avait un je ne sais quoi qui m'attirait, bien qu'elle ne se distingue pas tellement d'une autre avec ses cheveux noirs et sa petite taille. Elle est aussi assez menue avec des traits assez fins que je distingue dans son expression de tristesse. Je pense que ce qui m'attire chez elle est la couleur de ses yeux. Un bleu doux et profond. C'est comme si je pouvais pas m'en détacher. Ils me font le même effet que les yeux rouges quoique les miens m'effraient un peu... Quoi qu'il en soit, elle semblait être très déprimée. Je demandais donc avec mon franc-parler habituel :

Comment une jeune fille comme toi peut avoir l'air aussi triste ? C'est assez dépriment. 

Je lui fit un sourire gentil, espérant l'aider un peu.

Elle semble m'inspecter rapidement. Puis lorsque je lui posais ma question, elle me sourit et sortit un carnet et un crayon. Elle commença à griffonner quelque chose et je me penche légèrement en avant, curieux. Elle me montre alors les phrases qu'elle y a écrite.

"J'ai eu quelques histoires récemment. Est-ce que je peux utiliser le piano ?"

J'acquiesçais et la laissait s'installer. Je m'assis en tailleurs le dos au mur et écoutais la jolie mélodie se dérouler dans ma tête. Elle était triste. Non, mélancolique, peut-être. Je fermais les yeux et plongeais dans de très vieux souvenirs. Je repensais à mon pays et me surpris à être légèrement nostalgique.
Je me rendis compte un peu tard que la jeune fille avait terminé son morceau. Je rouvris les yeux et lui sourit doucement. Je me levais et lui dis d'un ton doux :

C'est une magnifique mélodie... Tu joues très bien du piano. Je suis peut-être idiot de demander ça, mais... c'est toi qui l'as inventée ?

J'avais plongé mon regard dans le sien et recommençais à être attiré par les yeux de la jeune fille... Je détachais difficilement mes yeux des siens et clignais plusieurs fois des paupières. Je me sors difficilement de la torpeur et me rend compte que je ne me suis pas présenté. J'enchaîne donc :

Je ne me suis même pas présenté... Je m'appelle Kyle Strenght, enchanté. Et toi ?

Je termine ma phrase par un sourire plus enjôleur que je ne l'aurais voulu. Quoi ? j'y peux rien, cette fille m'attire !

Apparemment elle n'avait pas inventé la belle mélodie car elle secoua la tête en signe de négation. Lorsque me présentais, elle reprit son carnet pour me donner son nom.

"Moi c'est June Shihoïn"

June ? Joli nom. Plus que Kyle... Kyle, ça fait bourrin ! Comment ça je suis bourrin ?! Oui, bon je tape beaucoup, mais ils l'ont cherché ! Faut pas venir me chercher des puces. C'est "des poux" ? Rien à faire !
Bref. Fallait que je me calme. Je sentais que sinon j'allais pas aller très loin. Observant June, je penchais la tête de côté. Je cherchais un sujet de discussion qui ne la dérangerait pas... Je ne voulais pas être indiscret après tout nous venons juste de se rencontrer. Plusieurs fois j'ouvrais la bouche mais la refermais sans savoir quoi dire. Je devais avoir l'air pathétique d'un poisson hors de l'eau. Je décidais donc juste de la fermer. Je jouais avec mes baguettes de batterie n'osant rien dire. On entendait que les jeunes pensionnaires jouant au ballon dans la cours.
D'un coup, il y eut un courant d'air suivi d'un Truc Non Identifié qui m'arriva pile sur le côté de la tête. Je laissais échapper un "Ooow ". Sonné, je fis un pas en arrière croyant tout d'abord que June m'avait frappé. Il s'avéra qu'en fait d'une gifle je venais de me prendre un ballon de foot dans la tête. Dans mon cerveau une Alerte Colère de niveau 3 sonnait en même temps que mes oreilles. Agacé, je ramassais le ballon et m'approchais de la fenêtre avec l'intention de le renvoyer sur une personne assez fort pour lui décoller la tête des épaules.

J'armais mon bras pour lancer la balle de toute les forces lorsque le poids dans ma main disparut. Étonné, je me retournais et vis June à quelques pas de là, un sourire espiègle aux lèvres. Elle faisait sauter le ballon dans ses mains l'air de dire de venir le chercher si je pouvais. Je souris, joueur et rangeais mes baguettes puis me préparais à bondir. Mes yeux rougeoyèrent lorsque je me précipitais sur elle et, pour ne pas lui faire mal, je tournais sur moi-même pour passer à côté d'elle en la frôlant. J'en profitais pour reprendre la balle. Je me mis hors de portée de la jeune femme d'un bond souple puis la narguais en faisant tourner le ballon sur mon index, un sourire en coin apparaissant sur mes lèvres. Je lâchais, amusé :

Tu veux jouer ? Allez, viens me le reprendre si tu peux !

J'éclatais de rire et esquivais sa première tentative avant de passer par la fenêtre pour me retrouver dans la cour. Nous étions au rez-de-chaussée alors ce fut facile. Je ne voulais pas risquer de casser quelque chose. Je criais au enfants :

Je peux vous l'emprunter ?

Ils acquiescèrent pour voir qui allait gagner et se mirent à encourager leur favoris, soit June, soit moi.

Spoiler:

Je ne m'aperçut que June m'avait reprit le ballon que lorsque je constatais que le poids de la balle avait encore une fois disparut. Je jetais un regard étonné vers June, l'air d'un enfant étonné d'avoir perdu un jouet. Elle me tira la langue provocatrice et j'éclatais d'un rire chaleureux. Je demandais :

Sans pouvoirs, hein ?

Je lui tournais autours comme un prédateur, souple et silencieux et attaquais sans prévenir feintant deux-trois fois puis, d'un coup dans la balle, je la fit sauter des mains de la jeune femme. Je lui fit un sourire maladroit, entre le triomphe et le moquerie. Je fis un grand bond en arrière et faisais passer la balle d'une main à l'autre aussi vite que mes réflexes me le permettaient. Je la fixais toujours et continuais à la détailler. J'évitais ses yeux, de peur qu'ils me déconcentrent. J'étudiais les gestes de la jeune femme, pour prévenir une éventuelle attaque et esquivais la première de justesse. Oulah j'avais eu chaud là ! Les enfants criaient de toute part pour encourager leur champion. Je m'amusais à narguer June lorsqu'une bagarre éclata entre deux enfants.
Je lâchais la balle et me précipitais vers les deux garnements. Je sortis deux bonbons de ma poche (j'en avais toujours sur moi) et, m'accroupissant près d'eux j'attirais leur attention :

Hey, hey les garçons ! Arrêtez de vous battre et regardez !

Je fis un semblant de mélange avec mes mains et demandais :

Dans quelle main est le bonbon ?

Les deux petits pointèrent une main chacun et je les ouvrit toutes les deux sous leurs yeux émerveillés. Ils se saisirent de leurs bonbons et je leur expliquais calmement :

Ça sert à rien de se battre pour nous, ça se trouve on sera à égalité, comme vous deux !

Je leur ébouriffais les cheveux puis me tournais vers June le regard interrogateur :

On continue ? Ou on arrête et on rend cette pauvre balle aux enfants ?

La jeune femme me fit signe de rendre la balle aux enfants. Je m'exécutais docilement et regardais les petits jouer. Je rit en voyant les équipes se former en fonction des affinités. J'avais oublié à quel point les enfants étaient facile à gérer quand on savait s'y prendre.
J'étais perdu dans mes pensées lorsqu'une main se glissa dans la mienne et m'entraîna. Je lâchais un "eeeeeeh ?!" éloquent. Je regardais le dos de June tandis qu'elle m'emmenais je ne sais où. Sa main, moins grande que la mienne, est fine et fraîche comme un oiseau. Je me concentre pour ne pas l'écraser. La jeune femme me fait asseoir d'autorité sur un banc puis prend un crayon et son carnet. Je penche la tête curieux. Elle griffonne quelque chose et me le montre :

"Ne bouge pas d'accord ? Je vais te dessiner"

Je me fige instantanément. Elle commence alors son dessin. Je reste aussi immobile qu'une statue. Seuls les clignements de mes yeux montrent que je suis encore vivant. Et mes yeux sont fixés sur le seule chose en face de moi : June ou plus précisément ses yeux. Je reste donc figé, les yeux ancrés dans les siens. Un vrai soldat au garde à vous. Il s'avéra qu'au bout d'un moment (assez long), je ressentit les premiers effets de l'immobilité. Et je me mis à gigoter légèrement, comme un gamin à qui on aurait dit de ne plus bouger pour une photo. J'attendais impatiemment qu'elle termine et me montre son résultat.

Soudain June a un sourire amusé et retourne à sa page pour écrire. Je lis ce qu'elle a marqué. Ah. Elle s'est amusée hein je lui tourne le dos, boudeur alors qu'elle continue et termine son dessin.
Lorsque je l'entends qui bouge un peu je tourne la tête pour voir ce qu'elle fait et je tombe sur... un portrait de moi ! Vrai de vrai ! Je me retourne complètement à la façon d'un hibou, la tête qui bouge pas et le corps qui se remet dans l'axe. Ça doit faire bizarre de voir ça... Bref.
Je reste complètement scotché face au résultat. Transformé en véritable gamin, je pointe le dessin et demande à June :

C'est vraiment toi qui a fait ça ?! En si peu de temps ?

(Ça c'est que la première réaction. Voilà la deuxième.) En regardant le dessin de plus près, je remarque qu'en fait, j'ai l'air super baraqué. Et assez classe avec ma cicatrice et mes cheveux en bataille. Je pars direct dans des tons de rouges qui se rapprochent de celui de mes yeux. Je me met aussi à bégayer :

T'es sûre que je suis comme ça..? Je suis pas si... si... -classe ? baraqué ?- Enfin si... Tu vois ce que je veux dire !

Je suis peut-être dragueur sur les bords (en bon Feu qui se respecte), mais pas narcissique pour un sou ! Non mais !