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Le lac, là où naissent les couleurs nouvelles
##   Sam 10 Mai 2014 - 14:09
Anonymous
Invité

Je pouvais ressentir d’ici une certaine froideur qu’exprimait ma bien-aimée. Bien sûr, la vue de mon sang ne l’aidait en rien du tout. Mais malgré ça, Hisméria savait au fond de lui que quelques choses tracasser Kana. Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Se pourrait-il que le manque d’informations lui pèse au point qu’elle perde confiance en moi ? Pas de doute la dessus, le problème viens bien de se facteur là.

Kana en voyant les locaux de l’hôpital se dessiner prononça simplement :

- Voilà, on y est.

Au service des urgences, Hisméria restait sur le banc, le corps affligé, les yeux hagards. L’homme cognait, sans arrêt, ses jambes contre la balustrade de protection du mur ; Comme pour marquer le temps qui lui paraissait trop long. Le couloir blanc de l’hôpital, l’odeur de l’alcool et de la Bétadine, l’éclairage sans contre-jour ni ombrage, tout cela contrastait dans son esprit d’une manière dramatique. Hisméria s’était cloitré dans une nébuleuse de mélancolie et attendait fébrilement que le personnel médical vienne s’occuper de son épaule. Puis, finalement, un jeune médecin l’appela :

- Hisméria Altair ? Par ici je vous prie.

Le médecin administra un sédatif à Hisméria, ce qui eut pour effet de le plongé dans un sommeil artificiel.

[*]

Je ne savais pas non plus quelle heure il était, mais l'hôpital semblait endormie. C'était probablement la nuit. Généralement, la nuit, les gens dorment, donc ils ont beaucoup moins de chances de se blesser ou de causer des accidents. Ce qui expliquait clairement le calme qui régnait à ce moment-là. Enfin, calme était un adjectif plutôt relatif. Il y avait quand même du personnel qui faisait des vas et viens, et qui chuchotaient entre eux, pour laisser dormir les patients. Dans son ensemble, le corridor était presque silencieux.

Sauf pour cette plainte constante qui m'avait réveillée près de cinq minutes plus tôt et qui ne s'était pas encore arrêtée. Je tournai ma tête dans tous les sens à la recherche de la provenance de cet agaçant râlement. Il y avait environ une demi-douzaine d'autres civières dans le corridor, toutes occupées par des personnes âgées. J'étais la seule jeune adulte aux alentours.

On m'avait mise sur une civière au beau milieu de l'action à l’intersection de deux couloirs, là où absolument tout le monde déambulait et pouvait me voir. Mesure préventive, sans doute. Ils ne voulaient pas que je me sauve. Je ne pouvais rien faire sans que quelqu'un en ait connaissance, mais de toute manière je n'avais aucunement l'envie de fuir et encore moins la force, en plus, évidemment, d'être attachée à une patère et à peine vêtue. Aucune chance que je m’évade…

De nouveau, m’équipe médicale s’occupa d’Hisméria, puis l’homme tomba de sommeil, épuisé par ses précédents combats.

[*]

Un gémissement me sortit de mes songes. Une plainte continue et agaçante. J'ouvris les paupières et je fus tout de suite éblouie par la lumière blanche et éclatante du corridor. Je levai mon bras pour me frotter les yeux, mais une douleur se fit sentir à l'intérieur de mon coude. Mon bras était retenu par quelque chose. C'est là que je me suis souvenue que j'étais reliée à une solution d'eau saline par intraveineuse.

Je suivi des yeux le long tuyau qui sortait de mon bras, jusqu'à un sac transparent, accroché à un genre de porte-manteau métallique qui contenait un liquide cristallin. Je pouvais facilement voir les goûtes de soluté tomber une à une dans le tuyau, comme le temps qui passe dans un sablier.

Je reposai mon bras le long de mon corps et fit retomber ma tête lourdement sur l'oreiller en soupirant. Dans quel merdier est-ce que je m'étais mise encore? J'avais quelques images dans ma tête qui me revenaient, je savais où j'étais et je savais pourquoi j'y étais, mais  plusieurs détails m'échappaient.

Kana se tenait sur une chaise, attendant patiemment que je me réveille. Soudain, une infirmière entra et prononça :

- Vous pouvez sortir. Cependant, à l’avenir, faite attention : vous étiez à deux doigts de perdre l’usage de votre bras.

Hisméria secouant simplement la tête, récupéra son manteau, pris la main de sa bien-aimée et sortie de l’enceinte du bâtiment. L’homme s’alluma une cigarette et commença à fumer.

Recrachant la vapeur, Hisméria prononça :

- Si ça te vas, on peut se rendre dans ta chambre ; J’ai bien ressentis  que tu m’en voulais et que tu ne me ferais pas autant confiance qu’avant… En vue de notre état de fatigue, il faut que nous nous reposions. Et puis, ça sera l’occasion de parler de tout ça.
##   Sam 10 Mai 2014 - 17:52
Anonymous
Invité

La vue du grand bâtiment suffit à me paralyser quelques instants. Ma phobie des lieux médicaux ne me quittait jamais, mais cette fois, c'était un cas de force majeure. Je ne pouvais pas me permettre de passer à côté. Hisméria comme moi, nous étions trop amochés pour se permettre de ne pas entrer. Surtout Hisméria. Je pris donc une inspiration tremblante et entrais.

On nous guida jusqu'à la salle d'attente des urgences. Je voyais que mon compagnon était à bout et je sentais que j'étais moi-même au bord du gouffre, mais la peur m'empêchait de sombrer. Le visage pale et la tache rouge sombre à l'épaule d'Hisméria ne suffit pas pour que je me rapproche de lui. Je m'assis plus loin.

Ces couloirs blancs, cette odeur de désinfectant, ces tenues d'infirmière... Tout ça se mélangeaient et une boule de peur se formait lentement dans mon ventre. Je tentais de me concentrer sur autre chose lorsqu'un jeune médecin vint chercher Hisméria. Je le laissais partir sans un regard, attendant mon tour. Finalement, une femme en blouse blanche se présenta et je la suivi. Après une courte inspection, je me retrouvais avec un bout de bras bandé, un pansement sur une joue et deux points de suture au cou. Rien de bien méchant selon l'infirmière, juste une perte de sang assez importante, comme pour toute blessure au cou ou à la tête.

Finalement, comme je demandais à voir Hisméria, on m'autorisa à rester pour la nuit. Après une nuit courte et peu confortable, je me retrouvais près du brancard de mon compagnon, attendant son réveil. Celui-ce ne tarda pas. Le jeune homme sembla complètement ébloui par la lumière. Il tenta d'abord de se frotter les yeux mais renonça. Je le regardais émerger, l'air toujours impassible. Je lui en voulais toujours et j'avais eu tout le temps cette nuit de repenser à notre périple. Plus j'y avais pensé, plus j'étais en colère contre moi et contre lui qui ne me disait rien.

Un médecin entra et annonça que nous pouvions sortir. Hisméria se releva et m'entraîna finalement dehors. Le contact de l'air froid sur ma peau me laissa une délicieuse impression de délivrance. Je m'étirais doucement. Hisméria sortit une cigarette et commença à fumer après l'avoir allumé. Je le regardais faire, surprise. Encore une chose que je ne connaissais pas. La colère revint alors et je me détournais du jeune adulte. Je lui en voulais et le lui montrais en lui tournant littéralement le dos. Hisméria prit la parole :

Si ça te vas, on peut se rendre dans ta chambre ; J’ai bien ressentis  que tu m’en voulais et que tu ne me ferais pas autant confiance qu’avant… En vue de notre état de fatigue, il faut que nous nous reposions. Et puis, ça sera l’occasion de parler de tout ça.

Je me retournais, mes cheveux coupés à l'arrache volant autours de mon visage. Je sentais les larmes monter. J'avais envie de répliquer quelque chose comme "Pourquoi ? Tu n'as pas une chambre à toi ?" mais je lâchais simplement un froid :

Tu as intérêt à tout m'expliquer en détail, autrement je ne te ferais plus confiance du tout et tu ne pourras plus jamais la regagner.

Sur ces paroles dures, je me mis en marche vers le bâtiment des chambres, le plantant là. La colère brûlait dans mon ventre et les larmes de rage coulaient sans bruit sur mes joues. J'arrivais bientôt devant ma chambre et en ouvris la porte. J'entrais et claquais la porte avec rage. S'il était enfermé dehors tant mieux, il devrait s'expliquer un minimum avant d'entrer. Après avoir verrouiller d'un tour de clé, je me laissais aller sur mon lit, toujours en pleurant, attendant qu'Hisméria frappe à la porte.
##   Sam 10 Mai 2014 - 20:19
Anonymous
Invité

Kana marchait vite, et je ne pouvais pas la suivre avec mon épaule bandé. Froidement, la jeune femme s’exprima :

- Tu as intérêt à tout m'expliquer en détail, autrement je ne te ferais plus confiance du tout et tu ne pourras plus jamais la regagner.

Après avoir prononcé ses quelques mots, la jeune femme traça sans attendre Hismé jusqu’à sa chambre et s’enferma. L’homme non sans peine, finit par atteindre l’étage du domicile de Kana. Après avoir toqué, l’adolescent d’une petite voix s’exclama :

- Kana, c’est Hismé, ouvre moi s’il te plait.

La jeune femme ne répondant pas, l’adolescent reprit :

- Kana, je suis désolé pour toutes ses aventures, je n’aurais pas dû t’entrainer là-dedans.

Hisméria pouvait entendre d’ici les sanglots de sa bien-aimée. Celui-ci dit :

- Tu sais que je ne pourrais pas tout te dire, ce n’est pas que je ne veux pas, c’est qu’il est encore trop tôt. Je suis sous serment après tout…

Après une courte pause, l’adolescent reprit :

- Très bien, je vais te dire tout ce que suis en mesure de te dire. Suite à quoi, si tu ne veux plus m’ouvrir j’attendrais un quart d’heure, et je partirais. Tu ne me verras plus jamais, je te le promets.

Hisméria prit une grande respiration puis s’exprima :

« As-tu déjà subit l’expérience d’un rêve récurrent ? Un rêve qui, chaque nuit, se répète inlassablement dans ton esprit, toujours identique ? Moi, c’est exactement ce que je vis, depuis mes huit ans. Jour et nuit, lorsque je ferme mes paupières, une image s’impose à moi ; lorsque tout le monde sommeille, un sourire aux lèvres, un cauchemar me berce. Ce cauchemar porte un nom : l’organisation R.O.S.E (Real Organization Secret of Earth)…

Lorsque mes paupières se ferment, une scène s’immisce dans mon esprit, tel un poison se répandant dans le corps de sa victime. Tant que mes yeux sont clos, mais que je suis conscient, elle reste présente, et me semble même empirer de seconde en seconde. Un cadavre gît devant moi dans une mare de sang, ses yeux vitreux posés sur moi. Sa gorge sectionnée est presque impossible à distinguer à travers le liquide rougeâtre qui s’en découle. Elle doit avoir une vingtaine d’années, a les cheveux noirs et les yeux gris. La macchabée n’est autre que Célèste, ma grande sœur.

Certains soirs, les rares où, malgré cette vision d’horreur inimaginable, mon esprit trouve le chemin menant au sommeil calme et paisible auquel j’aspire tant, une scène pire encore m’attend, un dernier obstacle entre moi et l’imaginaire. Obstacle que je n’ai jamais franchi. Je vois un enfant, un couteau dans sa main droite, s’avançant lentement vers une femme. Celle-ci est dans le noir, et son visage m’est invisible. J’entends l’enfant hurler quelque chose, mais ses paroles sont incompréhensibles. La demoiselle répond calmement, cependant ses mots ne semblent pas apaiser le jeune garçon. Celui-ci s’élance vers l’inconnue, son arme brandie. Pris par surprise, la jeune femme n’a pas le temps de réagir ; le couteau transperce la peau de son cou, et elle s’effondre sans un cri, sa bouche ouverte laissant s’échapper un filet de sang. Le jeune homme tremblant, laisse échapper l’arme de ses doigts. Dans un bruit métallique, celle-ci touche le sol. Les jambes de l’enfant fléchissent, et à son tour, elle tombe par terre.

C’est à cet instant que je vois distinctement le visage de la jeune femme. Il est, sans aucun doute, celui que je regarde se décomposer lorsque je ferme mes yeux : ma sœur. Mon cauchemar mène alors mon regard vers le jeune garçon. Il est couvert de sang, mais je sais que ce n’est pas le sien.

Des larmes coulent le long de son visage fin, et ses longs cheveux noirs tombent en cascade sur ses frêles épaules. Je sais qui est cette personne. C’est moi, à l’âge de huit ans, et je viens de tuer ma sœur.

C’est généralement à ce moment que je me réveille en sursaut, baignée de sueur, tremblant de tout mon corps, le visage figé dans une expression de terreur indescriptible.

Ma sœur Célèste Altair, est réellement décédé un soir de juillet, alors que j’avais à peine huit ans. Un meurtre, dans lequel je ne serais que témoin oculaire, selon la police. Malheureusement, que ce soit à cause du choc émotionnel lié à la perte de ce membre de ma famille ou de la culpabilité, je ne garde que très peu de souvenirs de cette nuit fatidique.

C’est après sa mort que mes cauchemars ont commencé. C’est pourquoi aujourd’hui j’ai décidé d’élucider ce mystère. Et je l’ai fait. Ce que je découvris me laissa sans voix. Cette assassinat avait été commandité par mon frère S.N.E, âgée d’un an de plus que moi. Déjà à cette époque, il dirigeait l’organisation R.O.S.E. C’était un moyen comme un autre pour que je devienne son bras droit. Chose que j’ai été par la suite…»

Hisméria s’arrêta, une larme s’écoula sur son visage. Le souffle court, l’homme s’accroupi le temps de laisser passer une vague de souvenir un peu trop douloureuse...
##   Sam 10 Mai 2014 - 22:49
Anonymous
Invité

Je suis arrivée à ma chambre en plantant Hisméria. Encore convalescent, il ne marchait pas aussi vite que moi. Ma porte verrouillée, je m'étais laissée tomber sur mon lit en pleurant. Je n'avais jamais été aussi à bout de nerfs depuis la mort des mes parents et de mon meilleur ami. Depuis bientôt deux ans. Pourtant, j'étais dans le même état qu'alors. Comme pour essayer de relâcher un peu de pression, je me levais, toujours en larmes et allais et venais un temps avant de me changer, enfilant une robe blanche. On toqua à ma porte. Je ne relevais la tête que lorsqu'une voix me parvint :

Kana, c’est Hismé, ouvre moi s’il te plait.

Sa petite voix ne m'attendrit pas. Je ne répondis rien, toujours secouée de sanglots. La voix me parvint à nouveau :

Kana, je suis désolé pour toutes ses aventures, je n’aurais pas dû t’entrainer là-dedans.

Des excuses ? Trop tard. Tout ce dans quoi je l'ai suivi aveuglément revient et je suis pétrifiée d'avoir fait ça, moi qui d'habitude n'aime ni frapper ni accorder ma confiance aux autres. Terrae semble m'avoir ramollie. Voyant que je n'ouvrais toujours pas, Hisméria reprit :

Tu sais que je ne pourrais pas tout te dire, ce n’est pas que je ne veux pas, c’est qu’il est encore trop tôt. Je suis sous serment après tout…

"Je m'en fiche" fut ma première pensée. Je ne voulais plus le suivre aveuglément. Je ne savais même pas pourquoi il traquait son propre frère, prêt à le tuer de ses mains. S.N.E semblait avoir accepté ça, il semblait avoir développé une haine contre Hisméria aussi. Je ne comprenais pas, plus j'y pensais, plus tout se mélangeait. Je ne bougeais pas du lit mais je tendis l'oreille pour la suite :

Très bien, je vais te dire tout ce que suis en mesure de te dire. Suite à quoi, si tu ne veux plus m’ouvrir j’attendrais un quart d’heure, et je partirais. Tu ne me verras plus jamais, je te le promets.

Après quoi, il entama son récit. D'abord en parlant de rêve récurent. Un cauchemar plutôt d'après lui. "Il est fou" pensais-je alors. Pourtant une part de moi savait ce qu'il voulait dire, et connaissait parfaitement ce phénomène. Il continua son récit et sa voix m'emporta près de lui, dans ce cauchemar. Une femme, jeune, belle, les cheveux longs et noirs et des yeux gris recouverts d'un voile blanc. La gorge tranchée. Un enfant, le couteau à la main. Du sang, partout. Sur ses vêtements, sur ceux de la femme, sur ses mains, sur le couteau... Tout ce vermeil faisant comme une immense tache d'aquarelle, prenant des teintes plus foncées ou claires par endroits.

J'eus un mouvement de recul sur mon lit. Cette vision était si claire, si vraie que je ne doutais pas que le jeune homme derrière ma porte disait la vérité. Je m'assis sur mon lit, écoutant la suite. L'enfant avait huit ans, il venait de tuer une certaine Céleste. L'enfant pleurait, il venait de tuer sa sœur. Sa sœur s'appelait Céleste Altair. Et cet enfant, c'est lui. Hisméria. Je me mis à trembler et m'apprêtais à lui hurler de s'en aller lorsqu'il enchaîna. Il semblait savoir que s'il ne faisait qu'une seule pause, je le rejetterais. Hisméria semblait ne plus vouloir s'arrêter. Il déversait un flot de parole, comme si c'était du poison qui s'en allait de son organisme. Il vidait son sac en quelque sorte. Finalement, il termina :

Cet assassinat avait été commandité par mon frère S.N.E, âgée d’un an de plus que moi. Déjà à cette époque, il dirigeait l’organisation R.O.S.E. C’était un moyen comme un autre pour que je devienne son bras droit. Chose que j’ai été par la suite…

Je tressaillis. Tout devenait plus clair. Il demeurait quelques zones d'ombres, mais ça s'éclaircissait. Les nuages qui s'étaient formés dans ma tête disparurent en partie. Restait la brume de l'épuisement, un peu de fumée rouge de la colère et de la douleur. Hisméria s'était tu, mon cou me lançait. Mais je ne pleurais plus. Au bout d'un temps infini pour moi, qui s'avéra être seulement cinq minutes, je me levais. Comme un fantôme, je m'approchais lentement de la porte, le tissu immaculé de ma robe frôlant le sol dans un froissement feutré. Mes doigts défirent le verrou et j'ouvrais ma porte, ne sachant ce que je trouverais derrière.
##   Dim 11 Mai 2014 - 16:52
Anonymous
Invité

La jeune femme n’avait toujours pas prononcé un mot, et Hisméria ne se sentait plus la force de continué son histoire.

D’une voix remplit de sanglot, l’adolescent prononça :

- Je suis désolé Kana, je n’aurais pas dû t’importuner avec tous ses détails.


Hisméria fut emporté par un instant de nostalgie, le silence ne l’aidant pas :
[*]

Il pleuvait. Il pleuvait toujours. Des lames de pluie d'hiver, de celles qui saillent d'une balafre académique. Leur mélodie pourtant aussi chaude que peuvent l'être polaires leurs petites gouttes... Cette mélodie. J’étais tout extatique. Il pleuvait enfin. Et il pleuvait encore mieux dans mon cœur. Et leur pluie et la mienne, et leurs cris imitant mes tus, et ce froid engorgé de chaleur, c'était mon corps en pleurs qui sur la ville entière venait désagréger ses sueurs.

J'étais là, au beau milieu de milles moi, exultant encore, encore et encore et encore et encore. Et plop, je me mourrais un peu plus à chaque note. Comprenez : Ces dix dernières années furent pour moi pareilles à un profond brouillard… J’arrive enfin à distinguer quelque chose dans toute cette pénombre : une porte.

Une ouverture. Un courant d'air. Un silence qui passe et qui transporte. Un soupir, une douleur, comme un air de mélancolie, de tristesse, de vide qui me hurle de tout arrêter et de fuir. De fuir cet enfer, cet enfer que les portes ont ouvert. Cet enfer qui me brûle et me blesse. Cet enfer qui enfin me soulage. Car ainsi mon cœur n'est plus rien. Plus qu'un souvenir sur une plaine pluvieuse. D'indénombrables portes s'ouvrent ainsi. Pour blesser plus profondément mon cœur meurtri.

Hisméria devenait de plus en plus effrayés par les fantômes de son passé. La noirceur du couloir ne l’aidant en rien :

Etrange la quiétude qui régnait en ces lieux. Comme si le temps s'était figé et ne continuait à s'écouler que dans cette partie de Ténébreuse. Les éclats que diffusaient les loupiotes ricochaient sur les parois et sur le cristal parant ainsi le couloir d'une allure mystique. La plupart des lumières avaient la même couleur que celle que darderait un éventuel soleil mais certaine étaient bleues, d'autre violettes où encore roses. « Il faut vraiment que je me sorte d’ici pensa » Hisméria.. »

[*]

Hisméria s’apprêtait à partir lorsque soudain il put discerner le bruit de la serrure. Puis doucement la porte s’ouvrit. L’homme se retourna prudemment, de légères lames s’étaient ajoutées sur son visage...

Kana était la debout et ne bougeait pas. Hisméria se jeta dans ses bras et appuya sa tête contre ses épaules. Avant que la jeune femme ne puisse prononcer un mot, l’homme dit :

-S’il te plait ne dis rien pour l’instant.

Hisméria embrassa tendrement Kana.
##   Dim 11 Mai 2014 - 17:33
Anonymous
Invité

Lorsque ma porte fut ouverte, Hisméria m'apparut de dos, les épaules courbées par un poids invisible. Je savais qu'il ne m'avait encore presque rien dit. Qu'il restait encore beaucoup à raconter. Mais ce passage de son passé que je connaissais maintenant avait suffit à apaiser ma colère momentanément. Je me sentais tout à coup vide, privée de force, privée de ma capacité à penser. Je crois que c'est ce qu'on appelle un passage à vide.

Hisméria se retourna alors et à la vue de ses yeux rouges et de ses joues humides, je ressentis un pincement au cœur. J'avais horreur de faire souffrir les personnes, encore plus lorsqu'elles m'étaient chères. Mais tout ça allait trop loin pour que je me passe d'explications. Maintenant que je savais, j'avais plus envie de l'aider que jamais. Mais pour le moment, je n'avais même plus le courage de faire un pas vers lui.

Ce fut donc lui qui vint vers moi. Je l'enlaçais doucement, c'était ma façon de m'excuser sans décocher un mot. J'étais sûre que si je devais parler, ma voix serait rauque et mes mots mal choisis. La tête contre mon épaule, Hisméria me le confirma par une phrase :

S’il te plait ne dis rien pour l’instant.

Je me contentais de hocher doucement la tête. Je ne réagis pas tout de suite lorsqu'il m'embrassa puis finis par me reculer à l'intérieur de ma chambre, lui laissant le choix d'entrer ou de partir. Lui tournant le dos, j'allais jusqu'à la salle de bain, y entrant et laissant la porte ouverte.

Les meubles étaient tous à leur place, propres et rangés. Je cherchais d'abord des affaires comme une brosse à dent, un gant de toilette... J'avais besoin de ranger, de m'occuper. Il le fallait, sans quoi j'aurais l'impression de tomber dans un trou sans fond et de ne plus pouvoir en sortir. M'occuper, encore, toujours. Je ressorti de la salle de bain, rôdant dans la chambre, rangeant, me déplaçant sans cesse. Un peu comme un oiseau en cage qui a besoin de s'occuper et qui lisse ses plumes trop propres. Je finis par retourner dans la salle de bain. Je croisais mon reflet en y entrant.

Je faisais peur à voir. Mes yeux avaient foncé au point d'être proche du noir, laissant un contraste saisissant avec ma peau trop blanche. Le bandage de mon cou était tâché de sang et visible à présent que mes cheveux étaient coupés. Le sabre avait tranché au travers de la masse noire, laissant des mèches plus longues que d'autres et une coupe asymétrique. Hypnotisée par mon reflet, je ne pus m'en détourner et je restais face à cette jeune femme étrange qu'était mon reflet. Comme dans un rêve, je sortis à tâtons d'un tiroir un objet métallique et effilé. Une paire de ciseaux. Une fois les ciseaux en mains, je m'immobilisais, face à mon reflet.
##   Ven 16 Mai 2014 - 21:17
Anonymous
Invité

A ma grande surprise, Kana eu le respect de ne rien dire ; La jeune femme se contenta d’accueillir le baiser avant de rentrer dans la pièce. Se retournant aussi rapidement qu’elle était venu.  Hisméria suivit sans prononcer un mot. L’adolescent rentra silencieusement dans la chambre. Le lieu ne semblait pas avoir changé depuis leur départ, et était toujours aussi impeccablement rangé.

Cependant, Hisméria pouvait ressentir l’inquiétude de la jeune femme : « se pourrait-il que Kana n’ai plus confiance ? » Pensa l’adolescent à son tour rongé par les incertitudes.

Hisméria essaya de se changer les idées, mais malgré tout, l’homme ne pouvait que comprendre que sa bien-aimée ne soit en rien rassurée : ses événements passés l’empêchant déjà de dormir, il ne pouvait imaginer les pensées qui traversaient Kana…

Hisméria pouvait d’ici ressentir l’appréhension naissante de Kana. C’était comme si la peur s’était emparé de son corps pour ne laisser place qu’a des aléas de mouvement cherchant à cacher ses tracas.

La demoiselle se mit à ranger encore et encore sans ne plus s’arrêter. Se déplaçant de manière méthodique dans sa petite chambre, la jeune femme vérifiait point par point chaque chose constituant son foyer. Mais bizarrement, Hisméria comprit que le problème ne venait pas de lui. Celui-ci était tout autre… « Qu’est-ce que ça pouvait bien être ? » Pensa l’adolescent inquiet de voir sa bien-aimée troublé au point de s’isoler dans un mécanisme physique, séparant volontairement sa pensée de son corps.

Hisméria ne dit rien, il l’aurait voulu, mais l’homme n’y arriva pas. Il semblait paralyser de peur de dire une parole qui pourrait être mal interprété.  Une sensation de malaise s’installa, et l’adolescent comprit que pour calmer le jeu, celui-ci se devait d’agir rapidement.

L’adolescent sortit sur le balcon et s’alluma une cigarette. La fumée se répandait progressivement dans l’atmosphère, et aucun bruit ne raisonnait dans l’institut. Pour la première fois, Hisméria apprécia le son du silence depuis longtemps. Le regard de l’individu se perdit au loin, et on pouvait pressentir que ses pensées avaient suivi.

Cependant, un détail sortit Hisméria de ses esprits : l’homme se retourna et aperçut Kana pétrifié devant son miroir. L’adolescent s’approcha doucement pour éviter que sa bien-aimée ne fasse de faux mouvement et qu’elle ne se blesse ; Se glissant derrière elle, l’homme murmura à son oreille :

- Prend ton temps Kana, tu n’es pas obligés de t’occuper de tes cheveux tout de suite.

La jeune femme ne voulait pas en démordre, c’était comme si celle-ci avait commencé une bataille intérieur avec sa conscience pour se convaincre du fondement et de l’intérêt d’achever ce qu’un autre avait commencé. En y repensant, je crois que c’est ça qui lui pèse le plus : le fait que ce fut indépendant de sa volonté. Mais même en y réfléchissant, je ne savais quoi lui dire...

Alors Hisméria pour combler le silence prononça simplement :

- Est-tu sûr de toi ?

La jeune femme ne bougeait plus et n’avait toujours pas prononcé un mot. Hisméria commença à s’inquiéter. A quoi pouvait-elle bien réfléchir ? L’homme fit un câlin à sa bien-aimée et reprit la parole :

- Je t’assure, tu n’as pas besoin de faire ça maintenant, tu es déjà très belle ainsi.
Mais cela ne fonctionnait pas plus, Kana semblait toujours immobile et incertaine.

Hisméria, essaya de changer les idées à Kana et finit finalement par :

- Et si nous sortions plutôt prendre l’air ?
##   Ven 16 Mai 2014 - 22:16
Anonymous
Invité

Je restais pétrifiée face à mon reflet. Celui-ci me renvoyait un regard vide au milieu d'un visage livide et cerné. Le sourire avait déserté mes lèvres et un pli soucieux me barrait mon front. Les pupilles dilatées de mes yeux rendaient mon regard vague et coléreux, un trou noir cerclé d'une bande mauve. Et pour encadrer ce visage effrayant, des cheveux noirs, ternes et mal coupés. Ma robe blanche, descendant jusqu'à mes pieds, et mon badage au cou, taché de sang, me faisaient paraître menue et fragile, comme un fantôme.

Un bruit retentit de mon balcon et soudain Hisméria fut près de moi. Je voyait son reflet dans le miroir. Lui aussi était pâle, les cheveux en bataille et ses beaux yeux gris cernés. Son bras en écharpe et son air inquiet lui donnaient l'air d'un militaire venu en permission se soigner. Je sentais bien qu'il ne savait quoi dire et pourtant il tenta :

Prend ton temps Kana, tu n’es pas obligés de t’occuper de tes cheveux tout de suite.

Je secouais la tête rageusement et adressais à mon reflet un regard haineux. Après tout, ces cheveux avaient été ma fierté et étaient maintenant ternes et mal coupés. De plus je ressemblait à un être d'un autre monde. Ma main droite, qui tenait les ciseaux, se mit à trembler. Hisméria reprit :

Est-tu sûr de toi ?

Non, je n'étais pas sûre, non je ne voulais pas les couper. Mais S.N.E avait si bien fait son travail que j'allais devoir les couper à un moment ou à un autre. Tout s'était passé si vite, si brutalement. J'avais été entraînée par le courant, par les événements. Maintenant il me semblait impossible de changer ça et ça m'inquiétait plus qu'autre chose. Et mes pouvoirs. Je n'osais pas essayer de les utiliser, de peur de faire quelque chose di'rréfléchit. La peur, le stress, l'épuisement, tout cela me maintenait dans un état second, et la rage me permettait de rester sur mes jambes, sans quoi je me serais déjà effondrée. Je sentais, sans utiliser mon pouvoir, qu'Hisméria était inquiet. J'en eus la preuve à l'instant où je le remarquais. Hisméria passa ses bras autours de moi et m'enlaça. Je sentais ses cheveux sur ma joue et son étreinte, forte et chaleureuse malgré sa blessure, me calma un tant soit peu. Il sentait le tabac, mais aussi cette odeur si particulière qui lui collait à la peau. Une fragrance légère, un peu métalique... Il reprit :

Je t’assure, tu n’as pas besoin de faire ça maintenant, tu es déjà très belle ainsi.

Je lançais un autre regard haineur à mon visage. Il fallait que je fasse quelque chose. Garder cette coupe ne ferait que me rappeler qui l'a faite et ça ne servirait à rien à part à me miner le moral. Ma main droite commença à monter vers mes cheveux. Alors Hisméria termina :

Et si nous sortions plutôt prendre l’air ?

Une effluve de désinfectant, de couloirs blancs et de sang monta alors à mon nez. La réponse jaillit en un cri tandis que je reculais d'un bond jusqu'à buter contre le rebord de la douche.

Non !

Je tombais en arrière, mon dos frappant durement le mur le long duquel je glissais. Cette odeur m'avait un instant fait perdre la notion du temps, me rammenant un instant en arrière. Je restai immobile, effondrée le dos au mur de la douche, le regard posé sur Hisméria. Le souffle court, un peu perdue et pétrifiée, je restai ainsi sans un mot. Je voulais à la fois qu'il vienne vers moi et m'aide, mais aussi qu'il me laisse tranquille. Ma tête était un méli-mélo d'images, de sons, d'odeurs et de sensations. Quelque chose de chaud coula la longs de mon cou, imbibant mes bandages.
##   Dim 18 Mai 2014 - 14:31
Anonymous
Invité

« J'ai l'impression que cette histoire n'a duré qu'une semaine. Tout est allé si vite. Je l'ai vu, si loin de ce précipice, avancé lentement, mais sûrement. Comme si il était poussé par l'envoyé du destin. Agonisant, déçu. Mais heureux…  Même dans la déchéance. La routine organisée par l'abîme. Je ne l'ai pas aidé, je n'aurais rien pu pour lui. Son quotidien, peut-être l'a-t-il maudit? Personne ne sait au final ce pourquoi S.N.E à tourner à une telle noirceur » Pensa Hisméria.

Kana perdu dans ses pensées finit finalement par prononcer :

- Non !

Sa réaction fut si violente qu’elle projeta Hisméria contre le mur. Le choc fut brutal et soudain : ravivant la totalité des vielles douleurs. L’adolescent ferma les yeux pour se retenir d’hurler et d’alerter sa bien-aimée. Mais ce ne fut pas l’envie qui lui en manqua. Quand il rouvrit les yeux, Kana semblait perdu dans les limbes de son esprit, un petit filé de sang coulé sur son cou.

La jeune femme était repliée sur elle-même, les genoux repliés contre elle, ses bras les entourant. Son regard autrefois si ardent, enflammé, et maintenant éteint, lointain, mort, était rivé au loin, fixant le calage de la salle de bain. Elle avait tout perdue. Tout. Il ne lui restait plus aucune raison de vivre, plus rien qui pouvait la ramener dans la joie, le bonheur. Elle tourna la tête vers le centre de la pièce, et poussa alors un hurlement empli de terreur, de stupeur et de confusion. Les larmes perlèrent sur ses joues, et une douleur inexplicable pénétra en elle. Elle enfouie son visage entre ses mains, poussant des cris, pleurant autant qu’elle pouvait. Le passé ne cessait de la poursuivre, de la hanter, de la tourmenter...

Hisméria s’approcha tendrement et tacha de la calmer. Il ne la lâcha plus, calmant petit à petit ses larmes. L’homme le plus doucement possible prononça :

- Attend une seconde, viens par-là : cette fois ci, c’est à moi de prendre soin de toi.

Hisméria se dirigea vers le placard à pharmacie puis sorti de quoi désinfecter la plaie. Après avoir imbibé le petit coton, celui-ci prononça :

- Attention, ça risque de piquer un peu.

Suite à quoi, Hisméria s’empressa d’appliquer un petit pansement pour protéger la blessure. Une fois terminé, l’adolescent s’exclama :

- Voilà, c’est fini

L’homme s’empressa de reprendre la jeune femme dans ses bras, envieux de ne plus la lâcher. Et pourtant, l’adolescent ressentit l’importance d’aider Kana à se sortir de cette situation.


Hisméria fit une courte pause, puis d’une tonalité plus sérieuse dit :

- Kana, fais-le une bonne fois pour toute. Je comprends que ça soit difficile, mais tu ne pourras pas avancer si  tu restes ainsi à te lamenter. Je te promets au moins une chose, toi comme moi, obtiendrons notre revanche sur S.N.E...
##   Dim 18 Mai 2014 - 15:30
Anonymous
Invité

Lorsqu'Hisméria s'avança vers moi, l'image d'un médecin, qui m'avait annoncé la mort de mes parents, se superposa à la sienne. Je lâchais un cri et me recroquevillais sur moi-même. Les larmes roulèrent sur mes joues. Mon passé, dont je pensais m'être défaite, ne cessait de me poursuivre, dans une odeur, dans une image, dans un rêve. Alors mes nerfs lâchèrent pour de bon et je me laissais aller à pleurer comme une gamine, malheureuse comme les pierres.

Hisméria sembla comprendre ce qui se passait, la tempête qui avait élu domicile dans mon cœur. Il s'approcha pendant que j'avais le regard détourné et entreprit de me calmer à grand renforts de câlins et de mots apaisants. Mes larmes finirent par sécher, mais mes yeux ne retrouvèrent pas leur vivacité. Sa voix, si apaisante et chaleureuse, retentit à mon oreille :

Attend une seconde, viens par-là : cette fois ci, c’est à moi de prendre soin de toi.

Après quoi, il se leva et alla chercher quelque chose dans un placard. Lorsqu'il posa la bouteille, une envie démoniaque de la ranger et de repartir tout ranger dans ma chambre s'empara de moi. Pourtant, je ne bougeais pas, toujours les genoux contre moi. Il me semblait que mes jambes ne me porteraient pas. Hisméria revint vers moi :

Attention, ça risque de piquer un peu.

Je ne tressailli même pas lorsque la brûlure du désinfectant vint mordre ma peau. Il me semblait que rien de tout ce qui m'entourait ne pourrait m'atteindre. après avoir appliqué un pansement sur la coupure, il lâcha :

Voilà, c’est fini

Sur ce, il me reprit dans ses bras. Nous restâmes un moment ainsi, sans bouger. J'aurais aimé que ce moment dure toujours, car je me sentais enfin calme. Pourtant, après quelques minutes de calme, Hisméria reprit :

Kana, fais-le une bonne fois pour toute. Je comprends que ça soit difficile, mais tu ne pourras pas avancer si  tu restes ainsi à te lamenter. Je te promets au moins une chose, toi comme moi, obtiendrons notre revanche sur S.N.E...

Je devinais à son ton sérieux qu'il ne cherchait plus à m'apaiser mais à me faire réagir. Néanmoins, au lieu de répondre ou de lui jeter un regard, je me défis de son étreinte. Me levant en m'appuyant au mur, je commençais à me déplacer dans la pièce, rangeant à nouveau tout ce qui me tombait sous la main. Finalement, je tombais sur les petits ciseaux. Face à mon reflet hagard, je levais la man et coupais les mèches trop longues. Celles-ci tombèrent au sol comme de la neige noire, formant un cercle autours de moi.

Fébrile, je sentais la nervosité me regagner, celle-ci luttait contre l'épuisement qui grandissait à chaque mouvement que je faisait. Je finis par m'accroupir et ramassais les cheveux. J'avais du mal à croire que c'était les miens. Je me relevais maladroitement. Finalement, je sortis de la salle de bain pour me mettre à arpenter la chambre. Une mèche de cheveux noirs s'échappa de la poignée que j'avais dans les mains mais je n'en tint pas compte. Comme un nouveau-né qui doit pleurer pour s'épuiser avant de dormir, je dépensais les dernières traces d'énergie pour laisser le sommeil gagner.

Enfin, après encore quelques minutes à tourner en rond dans la chambre, alors que j'étais près du lit, je sentis mes jambes céder pour de bon à l'épuisement. Les bras et la tête sur le lit, je finis par m'assoupir, la poignée de cheveux toujours bien serrée dans ma main.
##   Lun 19 Mai 2014 - 20:52
Anonymous
Invité

Kana semblait de nouveau perturbé par l’idée de se couper les cheveux. A vrai dire, Hisméria ne savait plus quoi faire, désemparé par l’ampleur de la situation. Une crainte n’acquit au cœur de l’adolescent, soucieux de la réaction que la jeune femme pourrait avoir ; L’homme voyait bien que sa bien-aimée souhaitait de nouveau tout ranger de manière maladive. Pourtant, celle-ci n’en fit rien. De nouveau, le jeune garçon essaya de la rassurer…

Pourtant, Hisméria pouvait ressentir d’ici la volonté de sa bien-aimée grandir. Au bout d’un moment, la jeune femme s’empara de nouveau de la paire de ciseau, puis, d’un geste sec ajusta la taille de ses mèches !

Hisméria souffla un grand coup : soulagé que la jeune femme réussisse à prendre le dessus sur ses émotions. Afin de se calmer, l’homme s’alluma de nouveau une cigarette et commença à fumer. Pensif, l’adolescent divagua un certain moment, mais celui-ci était complètement incapable de dire combien de temps. Pendant, cette période, Kana s’était endormi une mèche de cheveux à la main...

L’adolescent pouvait entendre du balcon, la respiration lente et régulière de la jeune femme. Ça lui faisait plaisir de voir qu’elle avait finalement trouvé le sommeil. Surement épuisé par toutes ses aventures. Au final, Hisméria ne fit pas long feux, et s’allongea quelques minutes après. L’homme s’assoupi sans trop de peine et se mit à rêver :  

*
« La neige tombait, intense et froide, revêtant la ville d'un manteau blanc. Sur mes membres raides, par l'hiver engourdis, un frisson courait : effroyable, comme un ruisseau qui disparaît dans les bois. J'étais seul, pensif, malade ; Je savais ma vie gâchée, sombre, fade. De douloureux souvenirs se pressaient en foule dans mon cerveau malade et, comme une houle, l'angoisse serrait ma gorge et mon torse. Mes joues se creusaient de larmes ; mon humeur chagrine semblait incontrôlable. Tout cela était sombre ; Mon horizon tout entier se rembrunissait.

Puis la nuit vint, jetant son manteau d'oubli sur mon âme et sur la ville endormie. Lentement, je fermai ma paupière ; La nuit se déployait ainsi qu'une bannière ; Tout s'apaisait, dans l'air, sur mon cœur, Et, lentement, je pleurais, plein d'horreur.

Soudain, en songe, je la vis resurgir, belle, charmante, brûlant d'une flamme éternelle. J'entendis sa voix, douce et calme ; Dans le plus profond de mon âme, je l'aimais encore, sombre captif. Ainsi donc, comme un chant plaintif, je la vis à nouveau. Et son visage, sa bouche, son expression sérieuse et presque farouche me frappa désagréablement. Quand je voulus la toucher, quand je l'appelai, elle disparut .Ombre vaine ; Elle était la cause de tout mon malheur !

C'est elle qui avait ravi pour jamais mon bonheur. Il fallait donc être courageux ! Je devais sortir de cet horizon brumeux et sombre ; l'avenir s'offrait à moi ! J'étais jeune encore et, plein d'effroi, je n'avais souffert que parce que j'étais trop sensible. Je compris que bien des étés m'attendaient encore ; je compris que l'aurore de ma jeunesse ne réclamait point d'efforts et que mon cœur réclamait de la joie ! Je rouvris les paupières ; la lumière soleil emplissait la chambre. Un avenir vermeil m'attendait. Le chagrin avait délaissé mon âme. »

Quelle drôle de rêve pensa Hisméria [... ]

Au petit matin, quand Kana se réveilla, Hisméria avait disparu. Ou avait-il pu aller ? Quelques minutes après sa réflexion, la jeune femme entendit un bruit de porte s’ouvrir…

Hisméria arrivant comme si de rien n’était prononça :

- Je suis allé chercher des croissants, j’espère que tu as faim.
##   Mar 20 Mai 2014 - 19:32
Anonymous
Invité

*Rien. Il n'y avait que le néant autours de moi. Comme prisonnière d'un espace pourtant infini, noir comme une nuit sans lune, je restais figée incapable de bouger pour le moment. Et bien qu'il n'y ait aucune lumière j'y voyais comme en plein jour. Quel était cet étrange endroit..? Un rêve. Bien qu'effrayant, je me sentais en sécurité, comme si je pouvais voir sans être vue.

Un bruit retentit derrière moi et je me retournais, libérée de cette immobilité. J’aperçus une silhouette familière qui s'avançait vers moi. D'abord me parvint le bruit de ses pas. Sans que je ne sache comment, je le reconnaissais. Petit à petit, les détails se firent plus précis. Débord un long manteau noir, puis de fins cheveux bruns et enfin, alors qu'il était tout proche, ses yeux d'un gris de brume, si apaisants.

Hisméria se tenait devant moi. Un air serein adoucissait ses traits. Peu à peu, d'autres silhouettes émergèrent. D'autres individus se formèrent derrière lui. Hisméria ne semblait pas les voir. Pourquoi ? Peu m'importait. Ces silhouettes prirent la forme de mes parents adoptifs, hochant leurs têtes aux visages floutés par des souvenirs vieillissants en signe d'assentiment. Puis mon meilleur ami, son sempiternel sourire plaqué aux lèvres et les pouces levés en l'air.
*

Un sourire vint fleurir à mes lèvres, aussi bien dans ce rêve que dans la réalité. Je changeais de position dans le monde réel, rassérénée, et replongeais dans un sommeil profond et réparateur.

Un rayon de soleil vint chauffer la peau de mon bras, me tirant d'un sommeil délectable. Ouvrant les yeux, je me redressais et m'étirais. Bien qu'une douleur aigüe me vrille le corps entier, je me sentais bien mieux que la veille. Je vérifiais rapidement l'état de mon corps. Couvert de bleus et d’égratignures. Il me semblait qu'un bleu particulièrement douloureux avait élu domicile au niveau du bas de mon dos. Après cette vérification rapide, je pensais à me lever lorsque je m'immobilisais.

Il manquait quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Hisméria avait fumé sur mon balcon la veille et il n'y avait à présent aucun signe de lui. Où était-il allé..? Il n'avait pas pu retourner affronter S.N.E dans son état, alors... Il ne m'aurait quand même pas abandonnée..? Une peur profonde s'empara de moi. Et si c'était le cas ? A cause de ce que j'avais fait hier. A peine avais-je pensé à ça que la porte d'entrée s'ouvrit, laissant passage à un visage bien connu. En voyant mon compagnon, j'eus envie de lui sauter au cou. Quelle idiote d'avoir pensé qu'il m'abandonnerait. Il lâcha en brandissant un sac en papier :

Je suis allé chercher des croissants, j’espère que tu as faim.

Je me levais difficilement, constatant que les jambes était la partie la plus douloureuse de mon corps. Aïe aïe aïe... Je lâchais un sourire mi-heureux mi-rassuré et hochais la tête avant de me rendre compte de ma tenue. Je claudiquais donc jusqu'à la salle de bain où je pris une douche rapide. Laissant la porte entre-ouverte pour que la buée ne stagne pas sur les murs et le miroir, je revêtis le yukata que je portais habituellement lorsque j'étais dans ma chambre.

Jetant un regard au miroir et coiffais vite-fait mes cheveux encore humide. Je nouais l'obi blanc nacre et jetais un nouveau coup d'oeil à la glace. Avec mes cheveux courts, le kimono blancs brodé de fleurs roses pastel me faisait ressembler à une jeune femme de nature pure japonaise. Je tentais un sourire et découvrais une jeune femme complètement différente de ce à quoi je m'attendais. Certes mes traits étaient tirés par le stresse de la veille, mais quand même.

En ayant terminé avec l'arrangement, qui cachait la plupart des bleus sur mes côtes, mon dos et mes bras, je sortis de la salle de bain. Hisméria me tournait le dos. Je m'approchais doucement et l'enlaçais par derrière par surprise, posant ma tête contre son dos. Je restais un moment ainsi, sans le lâcher, puis ouvrais enfin la bouche depuis hier :

Je suis désolée -la voix rauque, je me raclais la gorge - Je suis désolée pour hier... Je n'aurais pas dû me fâcher... C'est dur pour toi aussi. Pardon.
##   Ven 23 Mai 2014 - 20:35
Anonymous
Invité

- Je suis désolée . Je suis désolée pour hier... Je n'aurais pas dû me fâcher... C'est dur pour toi aussi. Pardon.

Hisméria éprouva un drôle de sentiments face à l’engouement du câlin de Kana
*
« C'était le commencement, la naissance de la plus belle chose qui m’est arrivée dans la vie.

Voilà les premiers sentiments que tu m’as inspirés, l'admiration et le respect réservés à certains adultes. Déjà pour moi tu te distinguais au-dessus de tous les autres. Sans nul doute, ta féminité m’accrochait aussi, mais le respect et l’admiration furent les vraies semences de ma passion pour toi.

Et ta simplicité et ta spontanéité multipliaient leur fruit sur moi. Tu ignorais évidemment l’effet que tu causais. Et pas à moi seul. Tu attirais comme un aimant et illuminais comme un phare le monde autour de toi. Et toujours sans t'en apercevoir.

Par conséquent j’ai été déconcerté quand j’ai réalisé que, non seulement je ne t’ennuyais pas, sinon que ma compagnie paraissait te plaire. Et même plus que celle des autres !

Ce fut donc la fierté ce que tu me fis sentir alors. Pour la première fois les interactions sociales ne me gênaient pas et j’y prenais plaisir, car j’attirais l’attention et l’amitié d'une personne admirée et respectée, toi.

Les semences bourgeonnaient, mais ce que j'éprouvais m'était inconnu. C’était subtil et frais, bien loin de la totale passion qu’il deviendrait. Mais son doux parfum se dévoilait déjà, une tendre saveur qui m'accompagne encore. Intrigué, je perçus des similitudes avec l’amour courtois d’un chevalier pour sa dame et avec celui des poèmes. Car mon innocente inexpérience ne connaissait rien d'autre.

Et toujours la joie. La joie de progresser, mais aussi celle de s’épancher et de se consoler. Nos contrariétés se métamorphosaient en félicité sous les caresses des paroles magiques de l’autre, car rien ne pouvait résister à notre amour naissant.

L'arrivée des grands mots, « je t’aime » et « mon amour », constitue un de plus beaux moments de ma vie. De nouveau, tu t'es montrée capable de me surprendre en continuant notre crescendo quand j’avais cru que nous étions arrivés à l’échelon suprême. Tu commenças donc à ajouter tes ravissantes banalités qui me désarmaient en augmentant ma passion.

Mais tu sais déjà tout cela. Je désire t’exprimer comme la découverte de ton amour est restée la plus belle de toute ma vie et son importance s'est maintenue avec le temps.

Il est né d'étincelles de sentiments qui s'enflammèrent pour se transmuter en ce prochain soleil qui éclairait et colorait mon existence lorsque nous le vivions. À ta perte, il a filé au firmament prendre sa place entre les dieux. Depuis lors, hors de ma portée, il m’illumine et me guide depuis la distance comme l'étoile Polaire de mon ciel.

C’est lui qui m’a poussé à le rechercher avec ferveur jusqu’à trouver et accepter avec avidité celui de l’ange qui m’a sauvé : toi Kana. »

Hisméria qui sortait peu à peu des méandres de son esprit prononça :

- Ne t’inquiète pas Kana, tout vas bien, c’est moi qui suis désolé.

Hisméria effectua une courte pause et reprit :

- Et si nous allions prendre l’air ? J’ai envie de retourner au lac, ça te dirais ?
##   Lun 2 Juin 2014 - 18:37
Anonymous
Invité

Je me sentais encore en colère, mais pas contre Hisméria, seulement contre moi. Je m'en voulais de m'être laissée aller et d'avoir craqué comme ça. Je m'étais conduite comme une véritable imbécile, sans prendre en compte ce que mon bien-aimé devait ressentir à cet instant. Je m'étais mise en colère au moment où il aurait eu besoin de soutient, j'avais mal agit face à lui. Pour couronner le tout, mon compagnon était blessé et je l'avais laissé seul pour aller me réfugier dans ma chambre en pleurant. Pathétique, voilà ce que j'étais. Mon comportement était honteux, et j'avais honte. Ma gorge me faisait l'impression d'un étau et j'avais mal au ventre, vraiment mal. L'odeur des croissants me monta au nez et renforça la nausée qui menaçait de me submerger. Pourtant, Hisméria mis ses mains sur les miennes et me rassura.

Ne t’inquiète pas Kana, tout vas bien, c’est moi qui suis désolé.

Je hochais la tête sans enthousiasme, toujours honteuse. Le cœur au bord des lèvres je n'osais plus rien dire. Je ne savais plus comment montrer l'embarras que j'éprouvais à l'égard du jeune homme. Je serrais un instant plus fort celui-ci dans mes bras et soupirais. Le silence s'installa, et comme une écharpe de plomb, se posa lourdement sur mes épaules. Seul le chant des oiseaux brisa ce silence pesant pendant quelques instants.

Et si nous allions prendre l’air ? J’ai envie de retourner au lac, ça te dirais ?

J'acquiesçais timidement et pris sa main. Je l'entraînais hors de l'appartement, laissant les croissants à l'intérieur. Il fallait que je détourne son attention du repas car j'étais sûre de ne rien pouvoir avaler dans l'état actuel des choses. Mon mal de ventre se fit plus fort tendis que je descendais les marches de l'escalier pour sortir de l'immeuble, la tête baissée, honteuse. Dehors, je me rendis compte que je portais toujours mon yukata blanc et rose et mes tabis en bois. Cependant, je n'en avais rien à faire. Mes tabis claquèrent sur le sol bétonné de la cours avec un bruit sec rappelant presque un craquement d'os. Le temps de sortir de l'immeuble, le ciel s'était voilé. De gros nuages blancs couvraient à présent le ciel comme un voile. La lumière était passée de jaune rayonnante à un blanc éblouissant. Des nuages noirs arrivaient en face de nous, annonciateurs d'orage.

Nous nous mîmes en route, main dans la main. Je serrais la sienne, toujours aussi grande, chaude et rassurante. Nous prîmes le chemin du lac et je ne lâchais plus sa main. Alors que nous débouchions sur la rive du lac, un coup de vent violent rabattit mes cheveux encore humides sur ma figure. Le lac était agité par des bourrasques de vent tiède, prémisse d'un bel orage. L'air était lourd et tiède, chargé d'électricité. Curieusement, cet air tiède me donna la chair de poule et je frissonnais. On aurait dit un champs de bataille avant le combat. Le lac, autrefois d'un bleu roi lumineux, semblait sombre, comme abandonné. La féerie qui semblait habiter l'endroit auparavant avait quitté les lieux. Il régnait à présent un silence sinistre et inquiétant. Mon visage s'assombrit encore.

J'avais mis le doigt sur ce qui me semblait étrange. Plus que l'obscurité, plus que l'orage s'annonçant, c'était le silence qui m'avait percutée en arrivant. Un mugissement inquiétant retentit tendis que le vent s'engouffrait entre les branches. C'est lugubre… murmura Voice dans ma tête. Mieux vaut s'en aller, ça sent le souffre. Pour une fois, je ne discutais pas. J'étais d'accord avec elle, je n'aimais pas cette atmosphère. Qui plus est, les orages m'avaient toujours effrayée. Reculant, je me cachais à moitié derrière Hisméria et attrapais sa manche. J'avais toujours mal au ventre et la gorge nouée, mais je préférais encore devoir le dire à mon compagnon plutôt que de rester là. Je tirais un peu plus sur la manche du jeune homme.

Dis… murmurais-je. On dirait qu'un orage de prépare, mieux vaut rentrer, non ? Je n'ai pas envie de rester ici, cet endroit me fait peur.

Effectivement, j'avais peur. Un picotement me parcourait la nuque comme si j'étais observée. Je tournais la tête tout autours de moi sans rien voir. Sûrement une sale impression, mais il me semblait vraiment que comme lorsque j'avais dessiné les elfes, quelque chose se cachait dans les fourrés. Quelque chose de mauvais cette fois. Je savais que mon imagination me jouait des tours, néanmoins, lorsque le premier grondement de tonnerre résonna au loin, je crus entendre un grondement monstrueux à la place. Hisméria n'avait toujours pas bougé. Je tirais à nouveau sa manche pour le faire réagir :

Hismé… j'ai mal au ventre, et je n'aime pas cet endroit, allons-nous-en ! Le suppliais-je.
##   Mer 4 Juin 2014 - 22:13
Anonymous
Invité

Sa bien-aimée ne prononça rien et se contenta d’hocher la tête. Voilà maintenant que nos deux compagnons se retrouvèrent dehors en direction du lac. Hisméria marchait silencieusement, comme si quelque chose préoccupait son esprit. Au loin Hisméria vit un orage se former, ce qui entraina une vague de vieux souvenir :

*
« Dans ses souvenirs, ce n'était d'ailleurs pas un paysage extraordinaire que la campagne ivre s'étalant sous ses yeux. Quelques arbres essentiels, pas même verts encore, clairsemés, agrémentant quelque peu les vastes indéfinissables cultures alentours. Un chemin de terre à l'abandon, tout de même assez large pour que l'on puisse y faire sonner un glas serpente entre les maigres buttes de ce pays plat, bordé d'arbustes et miscellanées plus sombres, ces derniers ne daignant pas même parfois atteindre hauteur de taille d'homme. Cependant, si l'on n'embrase plus cette scène du regard, si l'on ne cherche plus à percevoir une quelconque dimension poétique à cette vue, en d'autres mots si le regard ne s'attarde non pas sur l'ensemble mais sur le particulier, l'on peut, en arrière-plan sans joie, au loin, percevoir une silhouette plus sombre. En s'y concentrant, l'œil peut encore y discerner d'autres détails et les yeux cléments s'ouvrent sur du bleu: çà et là, une ombre un peu plus haute que les autres, un mur, une tour, un château. Il est, gris, sale, décrépi et tenace.

Au mépris de son illustre aïeul, il avait continué « Qu'elle dépasse cette montagne, là-bas, cette colline, ce tas de Terre qui n'aurait mérité que d'être emporté par la pluie».
Après quelques minutes de contemplation, de lucidité, l’adolescent s'apprête à reprendre sa route parmi ses aïeux, à se replonger dans son quotidien, si courroucé par ce qu'il avait envisagé, imaginé, rêvé.

Quand l'orage se déclenche, si subit, Hisméria ne se situe qu'à quelques pas seulement d'une entrée, bien plus petite que celle qu'il avait failli franchir il y a si longtemps, n'a pas le loisir d'hésiter, et rapidement se retrouve dans un corridor rond ridiculement étroit qui a au moins l'avantage de le protéger des effroyables chutes d'eau.

Puis Hisméria se retrouva dans une pièce unique en son genre
Ailleurs, aveugle de lui-même et aux jérémiades dans une vaste pièce aux larges fenêtres d'espoir, les mercenaires de R.O.S.E marchent incessamment d'est en ouest et d'ouest dangereusement. Que faisait-il ici ? Et surtout comment avait-il réussi à envahir les lieux ? Tant de questions demeurant sans réponse… L’adolescent se ressaisit : « ce n’est pas le moment, il faut que je m’enfui ». Pensa-t-il. Hisméria se sentant menacé, se dirigea vers la sortie du bâtiment, le plus rapidement possible. Et c’est dans un orage terrible que l’homme s’enfuit pour ne pas être retrouvé par l’organisation. »

Hisméria reprit peu à peu ses esprits. Pendant ce temps, Kana remarquant la venue du phénomène climatique et de ce fait plus qu’inquiète prononça :

- Dis… On dirait qu'un orage de prépare, mieux vaut rentrer, non ? Je n'ai pas envie de rester ici, cet endroit me fait peur.

Au même moment ou Kana prononça ses quelques mots, un foudre s’abattit sur un arbre, ayant pour effet de créer une petite flamme.

L'arbre résistait, son bois mort craquait mais ses racines tenaient. Le vent l’arracha, Tira sur ses branches, faisant tanguer son mat. Créant une avalanche de feuilles mortes et de débris d'écorces.

Il tomba, et en poussant un craquement déchirant s'aplatit lourdement. Sur le sol trempé comme s'il était pleuré et en un dernier hommage, comme un cri de rage la colère des dieux déchira les cieux éclairant le ciel, Illuminant ce paysage irréel, La forêt noyée par le temps.

Hisméria trouvait ce phénomène fascinant. La puissance du vent lié à l’électricité l’attirait au plus haut point.

L’orage n’en finit pas, le grondement a déjà bien résonné une cinquantaine de fois depuis que nous sommes sur les lieux. Le pire, c’est que j’entends qu’il se rapproche. Il n’y a pas de lumière. D’habitude, les éclairs illuminaient les lueurs crépusculaires ; Mais cette fois rien… L’orage serait-il finit ? Non, ce n’est pas possible, les grondements continuent à se rapprocher. J’attends. Ca à l’air de se calmer quand, soudain, j’entends du bruit, il s’agit de Kana à moitié affolé :

- Hismé… j'ai mal au ventre, et je n'aime pas cet endroit, allons-nous-en !

Tout en prononçant ses quelques mots, Kana a mâché son âme, là, devant moi, assise les bras en serrure, se balançant à l'orée du ciel et des dunes, attendant que les cieux s’éteignent Elle guettait ainsi le ballet du vent, les fœtus d'orage, les premières gouttes qui s'étioleraient, éparses, avec la conviction muette qu'elle changerait d'âme en se mélangeant aux turbulences du temps, à l'électricité de l'air. Pour se court-circuiter les nerfs.

Kana s'est levée avec l’orage, lourde et vacillante ; elle s'est ancrée dans le sol sourd et branlant, et elle a soulevé la pluie. Son âme dansait tout autour d'elle aux bras du vent, échappée dans la brume puis reprise ; son corps dansait à petites dislocations, contraint par le souffle puis libre.

Et elle avait de l’électricité dans les veines, et des cicatrices salines ; qui se cristallisent dans le froid de son ombre quand le silence s'élève ; qui se pendent à arbre lointain.

Alors elle a mâché son âme, là, devant moi; la tête levée au ciel face à la pluie, prête à dévorer les nuages. Puis sa cage s'est gonflée lentement, sa mâchoire s'est comprimée pesamment. Et quand le premier éclair a touché le sol, agrippé à sa tenue, son corps tremblait de part en part de peur de faire un pacte avec la foudre…

Hisméria ressentant le malaise grandissant de sa bien-aimée répondit :

- C’est d’accord, nous partons. Ou veux-tu te rendre maintenant ?

Après une courte pause, l’adolescent reprit :

- J’ai bien remarqué que tu n’as rien mangé ce matin, tu es sur que tout vas bien ?




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