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          ΓΝΛ
##   Mar 2 Juil 2019 - 16:43
Atumane Ngwenya

Personnage ~
► Âge : 24 ans
► Doubles-comptes ? : ø
► Rencontres ♫♪ :
Atumane Ngwenya
Terre au pouvoir solaire
Messages : 147
Date d'inscription : 07/04/2019
Emploi/loisirs : Circulez, y’a rien à voir.

“I think I know what you’re thinking, and you think you know what I know about your thinking, but you’re wrong.”
Hutama, We are All Destined to Prosper






Première partie : Courriel de trois lettres.

     Quelques jours après avoir fait l’acquisition de ses pouvoirs, le temps vint pour Atumane de faire un rapport à sa tante et patronne ; Rosalina, afin de la tenir au courant des nombreux et violentes transformations opérées en lui. Il aurait pu lui détailler ce qu’il en était et l’envoyer par courriel, mais c’était trop important pour se passer de la rencontre en personne. Sans parler du fait que cela faisait un certain temps qu’ils ne s’étaient pas vus, et qu’elle lui manquait un peu. S’il avait attendu, c’était pour se donner le temps de pouvoir, sinon la contrôler, au moins ne pas trop souffrir de sa télépathie, qui l’empêchait de dormir, de se concentrer, de tenir une discussion, ou même de se tenir dans une foule. Sitôt qu’Atumane fut en condition physique et psychique pour pouvoir parler business, il décida de s’y mettre.
     Après avoir fait une première demande de sortie, Atumane envoya à Rosalina un courriel expliquant ce qu’il en était : un master devait l’accompagner, et celui qu’on lui avait assigné était télépathe. Cela ne plaisant guère à sa tante, elle répondit une excuse générique ; que la date proposée n’était pas envisageable, à cause de son travail. Atumane fit donc une deuxième demande, toujours avec un master télépathe, qu’elle refusa une deuxième fois, lui sortant la même excuse. Puis une troisième, toujours identique. Qu’elle refusa. Mais cette fois-ci, elle ne sortit pas l’excuse habituelle. Rosalina ne répondit que trois lettres :

     γηλ

     Ces trois lettres avaient, s’en doute, une signification bien précise. Il s’agissait bien entendu d’un code secret, servant à transmettre un ordre sans que quelqu’un écoutant les communications puisse deviner lequel.
     Le gamma signifiait la suppression totale et immédiate de toutes les archives liées au boulot. Atumane en disposait sous deux formes : papier et numériques, sur son ordinateur. Tous les supports de mémoire de celui-ci furent donc détruits et remplacés par d’autres, neufs. Les archives papiers n’étaient, elles, en rien compromettantes, même pour une agence de renseignement occidentale tatillonne. Toutefois, Atumane se débarrassa de ses classeurs petit à petit, envoyant par la chasse d’eau des feuilles entières régulièrement. En cinq jours, ce fut réglé.
     L’êta signifiait une cessation immédiate de toutes les activités professionnelles. Ça faisait des vacances à Atumane, bien que, vu le contexte, car ce code n’est utilisé qu’en cas d’extrême urgence, il n’avait pas spécialement envie de se poser sur une chaise longue au bord de l’eau avec un cocktail agrémenté d’un petit parasol de papier et d’une paille fantaisie à la main.
     Le lambda signifiait la cessation immédiate de toutes les communications et de toutes les tentatives de contact, peu importe leur forme, pour une durée indéterminée, jusqu’à ce que Rosalina en décide autrement, en prenant l’initiative de rétablir la liaison, d’une manière ou d’une autre.
     En clair, l’état d’alerte maximal avait été prononcé. Il n’avait été utilisé qu’une fois auparavant par les Ngwenya, par Miguel, quand Andropov, nouvellement arrivé à la tête de l’URSS, avait obéi au rituel soviétique habituel de la passation de pouvoir, à savoir la purge des cadres du Parti affiliés au précédent dirigeant – Leonid Brejnev –, de toute son administration et de tous ses fidèles et serviteurs, et ce à toutes les échelles de l’Union. Miguel devant sa fortune aux pontes soviétiques de l’ère Brejnev, ses protecteurs, et donc lui, étaient potentiellement sur la planche, avec un agent du KGB tenant le rôle du pirate les poussant à l’eau du bout de son sabre.
     Pour ce qui était des masters, à qui Atumane devait tout de même donner une réponse quant à savoir s’il allait sortir ou pas, ne sachant pas trop quoi leur dire, il joua les abonnés absents, et ne donna simplement pas suite à sa demande de sortie. De toutes façons, s’ils savaient, alors le protocole γηλ était juste une manière de sauver son cul du point de vue légal en détruisant les preuves et de ne pas faire empirer la situation. Ils devaient donc déjà savoir que Rosalina avait pris peur et refusé le contact. Et donc, ils devaient savoir qu’elle savait qu’ils savent. La question était désormais de savoir si Rosalina allait jouer franc-jeu, et révéler aux masters qu’elle sait qu’ils savent, ce qui aurait des avantages tactiques nombreux, ou ne rien faire. Mais ça, Atumane ne pouvait pas le décider, et ne connaîtrait la décision de sa tante que quand elle aurait été appliquée.




Deuxième partie : Réunion de crise dans le ciel de l’Océan Indien

    Rosalina n’avait eu, on s’en doute, aucun empêchement réel qui l’aurait interdite d’aller voir son cher neveu. Dès la première demande de rendez-vous, elle s’était rendue chez son père, Miguel. Ils avaient suivi l’évolution de la situation ensemble, et activé le protocole γηλ ensemble. Par accord tacite entre le père et la fille, ils devaient se concerter avant d’utiliser cette mesure d’extrême urgence, car elle supposait un risque maximal, et donc, concernant toute la famille.
     Au bout de la troisième tentative de prise de rendez-vous, les deux avaient tiré la conclusion suivante : les masters, malgré les précautions importantes mises ne place par Atumane et Rosalina, savaient pour leur entreprise de trafic d’arme à rayonnement international. Autrement, il n’y aurait pas eu cette précaution de leur part, qui était tout à fait compréhensible : quand le neveu d’un des plus grands agents de perturbation du Nouvel Ordre Mondial voulait aller voir celui-ci pour discuter, juste après son obtention de pouvoirs surnaturels, ce ne devait pas être pour discuter de la forme des nuages et du parfum des glaces tokyoïtes.
     La question avait ensuite été : les masters savent-ils que Rosalina et Miguel savent qu’eux savent ? En clair, les Ngwenya étaient-ils, depuis leur penthouse à Maputo, au Mozambique, sous écoute télépathique ? Dans le doute, père et fille avaient décidé de prendre leur avion pour survoler Océan Indien, et ainsi échapper à toute surveillance pendant qu’ils discuteraient de la marche à suivre. Simple mesure de précaution.
     En passant, ils avaient activé le protocole γηλ.
     Une demi-heure après avoir cliqué sur le bouton confirmant l’envoi du courriel, le jet privé de Rosalina décollait. Ce fut aussi rapide, car comme tous les milliardaires fréquentant la capitale, ils avaient allègrement corrompu les autorités aéroportuaires, et pouvaient causer des retards importants à des avions de ligne pour pouvoir décoller quand bon leur semblait. Et atterrir en hélicoptère juste à côté de leur avion, plutôt que de devoir passer par des contrôles, des douanes et des signatures de papiers.

     Alors que l’avion traversait la couche nuageuse, et se mettait en rythme de croisière, Rosalina tendit un verre d’eau à son vieux père, et alluma un magnétophone. Leurs conversations étaient toujours enregistrées, puis étudiées après coup, de peur qu’on ait évoqué un point intéressant, puis qu’on l’ait oublié à la fin du dialogue. Bien entendu, ces enregistrements étaient ensuite scrupuleusement détruits.
     « Bon, ma fille. On va procéder avec un peu de méthode. D’abord, qu’est-ce qui ce passe ? Ensuite, quel niveau de danger ? Enfin… Ben enfin, merde, qu’est-ce qu’on fait ?
     – Très bien. Ce qui ce passe, c’est clair. Atumane a été grillé, et moi aussi. Ils savent qu’on fait du trafic d’arme, et manifestement, ça les dérange, et ils veulent en apprendre plus.
     – Oui, oui. Continue ?
     – En fait, toute la question est de savoir, ils veulent en apprendre plus sur quoi ? Est-ce que c’est sur nos intentions, nos intérêts, sur nos activités… Ça peut jouer beaucoup sur ton deuxième point à élucider…
     – Mm. Je dirais plutôt, hein, pour simplifier, quand ils ont clairement affiché qu’ils voulaient nous foutre un télépathe dans les… ben, dans les pattes, c’était quoi leur intention ? Quel type de manœuvre, tu vois ? Offensive, ou défensive ? Non parce que, s’ils veulent juste savoir quels sont nos intentions et intérêts, ils veulent savoir en quoi on peut les attaquer.
     – Oui, alors qu’à l’inverse, s’ils veulent avoir des détails concrets, c’est pour rassembler des preuves et tenter une manœuvre. Une manœuvre offensive, en l’occurrence.
     – Voilà.
     – S’ils avaient une politique offensive… en fait, on serait déjà morts —
     – Ou internés à Guantánamo, pour ce que ça change.
     – Oui, tout à fait. »
     Dans la pensée de Miguel et de Rosalina, Terrae étant situé au Japon, et coopérant intensément avec son gouvernement, elle était indirectement un des défenseurs des intérêts et de la sécurité des États-Unis. Et pour cause ; le Japon n’est jamais que leur plus gros porte-avion dans le monde, et leur allié – ou vassal, selon le degré de polémique qu’on a dans son discours – le plus solide. Et ce, que Terrae s’en rende compte ou non, et qu’elle agisse ou non en faveur de Washington : le simple fait d’être sur terre nippone était déjà aux yeux des Ngwenya une compromission en soi.
     « J’ai très, très sous-estimé leur puissance. Ils viennent d’en faire une démonstration écrasante. Je n’avais pour l’instant envoyé Atumane qu’en reconnaissance, et ils nous ont envoyé le signal clair qu’ils en avaient appris beaucoup, beaucoup plus sur nous que nous sur eux.
     – Pas que tu aies jamais eu l’intention de les attaquer, quand-même. Ma fille, on est des marchands d’arme. Je t’ai bien appris ça : on fait des profits, pas des guerres. On gagne du fric, on ne combat pas. Est-ce qu’avoir bossé toute ma vie pour des cocos a fait de moi un marxiste ? »
     Dans son costume violet et or et ses escarpins de cuir rare, qui à eux seuls, en plus d’afficher le goût du clinquant frisant avec le ridicule de Miguel, valaient assez cher pour construire des logements décents à plusieurs familles qui croupissaient dans des taudis derrière un mur les séparant de la résidence de luxe où il vivait, celui-ci n’avait pas besoin d’en rajouter beaucoup plus.
     « Ah, ça. Quoi qu’il en soit, on s’est fait griller, on les a sous-estimé, et on en subit les conséquences. Le tout est de savoir quelles conséquences.
     – Oh. S’ils veulent vraiment nous rentrer dans le lard, le niveau de danger, là, il est élevé. Au pire quoi, ils nous butent.
     – Je ne pense pas que ce soit dans leur politique.
     – Ma fille, tu sauras que quand on te menace, ta « politique », tu t’en torches le cul, vu qu’il s’agit de sauver ta peau, pas tes idées humanistes à deux ronds. Et c’est encore pire quand tu crois être menacé bien plus que tu ne l’es réellement. Si Terrae se croit menacée par nous, c’est déjà fini. Enfin bref. S’ils sont seulement défensifs et veulent juste vérifier si on va pas tenter de les baiser dans une position ou une autre, a priori on risque pas des masses.
     – Tu crois ?
     – Ouais. S’ils prévoient de nous meuler la gueule si nos intentions sont belliqueuses, alors on ne risque rien. On a l’intention de profiter, pas de nuire. Pas notre genre de scier la branche sur laquelle on est assis. »
     Il est assez amusant d’entendre un capitaliste pur jus dire cela, car la spécialité du capitalisme, est justement d’être auto-destructeur. Et de se nourrir de cette destruction, mais quand il n’y aura plus de poisson à pêcher, d’air à respirer et d’arbre à brûler, cela risque d’être assez compliqué de bâtir sur les cendres toxiques qui resteront. Mais Miguel était assez peu friand de pseudo-sagesse amérindienne trouvée sur la Toile.
     « Oui, vu comme ça, je saisis. Pour ce qui est de notre marché hors Terrae, je dirais que tant qu’on interfère par avec leurs intérêts, ça devrait aller. Autrement, ils nous auraient déjà supprimé avant même qu’Atumane ne se pointe, si on les enquiquinait tant que ça. Maintenant qu’Atumane est sous le coup du γηλ, pourquoi attaquerait-ils maintenant ? »
     Prononcez « guèl », et non « gèl ».
     « Pour ce qui est de notre marché concernant Terrae, c’est plus discutable. Tout dépens de leurs valeurs, de leurs procédures d’engagement sur la scène internationale, je dirais. D’autant plus que si jamais ils décident de jouer un rôle géopolitique, on pourrait les aider comme les desservir, et qu’en général, on fait les deux. »
     Rosalina ne savait pas si bien dire. Miguel répondit à cette allusion au temps où il était aux manettes avec un soupir de nostalgie. Est-ce qu’à la chute de l’URSS, Miguel avait fait preuve de la moindre solidarité avec tous les siloviki, tous les généraux, tous les cadres du Parti qui se trouvaient du jour au lendemain sur la pente descendante – à 90° – en terme d’influence, de fortune et de niveau de sécurité ? Certainement pas. Il en avait entubé des tas, poussé des tas à la rue ou devant un tribunal après s’être emparé de stocks d’armes du Pacte de Varsovie pour les refiler à des acheteurs du Tiers-Monde. Qui n’étaient plus seulement des guérilleros marxistes, mais aussi leurs ennemis, désormais. Le seul Soviétique qu’il avait sorti de la misère avait été le pilote de l’avion de Rosalina, Sergueï Kamounov. Miguel avait connu son père en Afghanistan, et avait fait un beau geste. Qu’on ne dise pas qu’il n’a pas de cœur.
     « Qu’est-ce qu’on fait, du coup ?
     – Ah. J’dirais, on a aucun intérêt à ne pas continuer ce qu’on faisait déjà avant, à propos de Terrae. Si les masters sont sur l’offensive, on est déjà morts, c’est juste qu’on ne le sait pas encore, alors, hein, hé, inutile de même prendre en considération ce cas-là, vu qu’on ne peut rien faire contre. S’ils sont défensifs… Ah, ben là. Il nous reste plus qu’à jouer le jeu du capitalisme et de prendre des risques pour investir un nouveau marché. »
     Miguel et Rosalina avaient relativement l’habitude de ce genre de paris : quand on fait des accords avec des terroristes, des dictatures et des criminels en permanence, si on est effrayé quand on se fait mettre un pistolet sur la tempe, on a rien à foutre dans le business. Une menace de mort de plus ou de moins, qu’elle vienne d’un chef de guerre quelconque dans sa pampa du Moyen Orient, d’Asie centrale ou d’Afrique, ou d’une université japonaise un peu spéciale, ça ne changeait pas grand-chose sur le contenu de la menace.
     Par ailleurs, il s’avérait souvent bien plus dangereux de traiter avec Daesh, mettons, qu’il ne s’avérerait jamais de l’être avec Terrae, c’est rien de le dire : Terrae décapite et torture relativement peu. (Façon de parler, évidemment : jamais les Ngwenya n’avaient traité avec Daesh, le marché étant déjà totalement couvert, voire saturé, par les Américains, Saoudiens et Israéliens, qui ont cette tendance à mal supporter la concurrence. Et par ailleurs, Al-Qaïda est bien plus solvable.)
     « Pour Atumane, ma fille, voilà ce que je te conseille : on observe, et on attend. Il continue d’engranger des données, comme avant quoi, le γηλ reste activé parce que sinon, ce serait un peu de la provoc’ il faut dire, et on lui donne le temps de maîtriser un peu plus ses pouvoirs.
     – Et pour Terrae ?
     – Bah. On attend. S’ils laissent apparaître des signes comme quoi ils veulent activement nous contacter, on avise. Sinon, on ne fait rien, comme avant.
     – Tu ne veux pas provoquer un contact ?
     – Mm…
     – Je te demande, parce que personnellement, je ne le ferais qu’en dernier recours.
     – Ah, pourquoi ça ?
     – Parce qu’on ne peux pas traiter d’égal à égal avec des demi-dieux… Poutine, Xi Jinping, Ali Khamenei, Erdogan, et tous les chefs de guerre et trafiquants en tout genre à qui on a affaire tous les jours, même si certains ont un gros melon, ils n’en restent pas moins des humains. Or les masters sont des demi-dieux. S’ils ne se pensent pas déjà comme une caste supérieure, rien ne dit qu’ils ne le feront pas, ou ne le pensent pas déjà inconsciemment. Si ce qui les sépare de cela est un reliquat de considérations morales vaguement humanistes, c’est assez risqué.
     – Le lion ne négocie pas avec le cafard.
     – Tout à fait. Une caste se pensant comme supérieure par nature – et pire que tout, dans le cas présent, l’étant réellement – ne peut pas avoir, parmi des simples humains, des alliés, des partenaires, ou seulement à titre temporaire, et on parle plus alors d’outils, donc on peut disposer quand ça nous chante.
     – Je n’avais pas vu ça comme ça, mais oui, maintenant que tu le dis. C’est vrai que bon, comme j’avais le vernis du FRELIMO, les Soviétiques n’avaient aucun problème à traiter avec moi, un Noir et un capitaliste.
     – Oui. Voilà pourquoi je préférerais éviter à tout prix qu’on se mette à discuter d’égal à égal. S’ils le prennent mal, et quand une caste supérieure doit se rabaisser, elle le prend toujours mal, là, rien ne pourra les retenir. »
     Ils discutèrent encore de détails techniques sans importance, évoquèrent le bon vieux temps, quand on ne devait pas envoyer des membres de sa famille en mission suicide chez des entités quasi-divines et potentiellement psychopathes pour trouver de nouvelles opportunités de marché, et rentrèrent à Maputo.


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Atumane en neuf secondes:
 

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