Il y avait peu de choses que je redoutais en ce bas monde. Reprendre les cours en était une même si dans l'ensemble, trouver un travail aussi avait été un cap à franchir pour le procrastinateur que j'étais et resterais probablement à jamais, mais reprendre des cours de math, je tenais le summum de mes craintes. Certaines personnes ne savent pas siffler, d'autres ne savent pas lire, j'avais même entendu parlé de certaines personnes qui ne savaient pas sauter correctement.. Moi, ma bête noir, c'était les mathématiques. Divisions soustractions, multiplications et additions Ok, mais équations géométrie dans l'espace et autre théorème de je ne sais trop quel idiot pas foutu de mettre des mots cohérents les uns à la suite des autres pour rendre le tout compréhensible.

Pourtant, votre serviteur avait choisi de prendre sur lui et de retourner à l'école quand il ne travaillait pas. Ah le plaisir incomparable d'une sieste sur une table caché derrière un manuel de cours, le bruit d'une trentaine de stylo grattant simultanément le papier alors que mon regard se pose sur ce que la fenêtre veut bien me montrer. Tout ça... Bah ça ne m'avait pas vraiment manqué en fait vu que je ne suivais que les cours où j'étais franchement mauvais donc les maths et la physique. Bon il y avait le cours d'italien avec ce prof qui se donne des airs de mec ténébreux mais là j'étais juste grand débutant et je comptais rapidement maîtriser la langue.

Enfin bref cessons incessamment ces digressions (gressions) et revenons en au sujet de base les maths, plus particulièrement ce fichu dm de math qui m'a tiré deux nuits blanches et une feuille au contenu incertains qui m'avait amené à la porte de mon bon professeur, qui selon les rumeurs, sortait de l'hôpital . J'avais besoin d'aide sur ce devoir qu'il nous avait donné avant e se battre , toujours selon ces mêmes rumeurs, avec son amant. L'idée même de demander de l'aide blessait ma fierté mais quand on est pas capable de résoudre une équation, on se tait. Je toquais donc à la porte de cet appartement sans trop savoir ce qui m'attendais. Je n'avais jamais vu le domicile d'un prof et ma curiosité naturelle prenait le pas sur ma non envie de passer pour un abruti fini devant le dit professeur.... Aaron Williams.... Merde .... je sentais que j'allais m'embarquer dans une situation étrange.

Le temps que je passe devant cette porte me paraît étrangement comme ces grands moments de "calme avant la tempête" qui te disent un trucs du genre "Fuit le plus loin possible et le rapidement si tu veux rester en vie" . Ouais, je n'avais jamais envisagé une rencontre avec un prof de math autrement de toutes façons. Finalement la porte s'ouvre sur mon bon professeur qui visiblement attendait quelqu'un d'autre pour des objectifs nettement plus sympathiques qu'un devoir trop difficile. Son air de... disons le franchement de mec qui a absolument pas envie de voir la gueule d'un inconnu et encore moins d'un élève se pose sur moi. Il aurait fallu le dire immédiatement si il avait pas envie de voir la gueule de ses élèves ou même mieux, ne pas enseigner du tout.... je m'emporte sans doute un peu mais l'idée est là... En même temps son air de mec pas frais me fait aussi douter du fait douter de sa santé, aussi bien mental que physique ... prof de math, physique... haha??? J'en aurais tué pour de moins mauvaise que ça...

" Désolé de la déception, mais je suis pas le brun ténébreux que vous escomptiez. Si je ne m'abuse vous attendiez monsieur Bianchi?"

Voilà le nom de ce minet prof d'italien, le Gae de Gaetano Bianchi bien entendu.

Je ne savais pas trop par où commencer.... peut-être par lui exposer la raison de ma venue, commencer par le début , logique non? aussi je sortais la feuille du devoir qu'il nous avait refiler de ma poche.

" Je suis désolé de vous déranger durant votre convalescence mais vu que cela faisait un bout de temps que vous étiez absent et j'ai appris par mes camarades que vous étiez sorti de l'hôpital et... pour parler franchement, je suis une bille complète en math ... je suis pas foutu de finir un seul des exos sans tricher honteusement grâce à internet. Du coup, je passais en espérant obtenir votre assistance.... mais je pense que ce n'était peut-être pas une si bonne idée après tout, Vous semblez encore avoir besoin de repos..."

Technique de l'immonde lâche qui n'a pas vraiment envie de se prendre la tête avec un prof à moitié mort qui de toute façon ne semble pas avoir vraiment envie de me voir là. Cependant un truc m'interpelle, ça sentait le renfermé à plein nez dans cette appartement, vraiment pas un lieu de repos quoi.

" Permettez que je vous pose une question, depuis combien de temps vous êtes enfermé ici sans prendre soin de vous ou de l'appartement? "

Je jetais un coup d'oeil à l'intérieur en haussant un sourcil... Il vivait en troglodyte ou quoi?

" Je demande parce que si je le fais pas, je pourrais avoir des emmerdes pour non(assistance à personnes en danger, l'environnement est pas saint pour la convalescence."

Oui, je suis ce genre d'homme qui, quand on affiche clairement la non envie de le voir, se permet de critiquer votre lieu de vie alors que vous êtes son professeur. Mais bon quand même c'est pas une raison pour se laisser aller à se point là. Au point ou j'en suis de toutes façons j'étais presque sûr de l'avoir déjà agacé, je plaçais juste ma santiag dans l'axe de fermeture de la porte en toute discrétion pour éviter de me faire jeter comme un malpropre. Je prenais un air inquiet pour tenter de le bluffer un peu et qu'il me vienne au moins en aide, j'avais déjà fait un travail sur moi-même assez énorme pour venir ici et demander son aide, je ne partirais pas sans avoir fini au moins le premier exercice de son devoir....

En réalité, je crois que j'étais même prêt à lui demander à genoux tellement ce truc me rendait dingue.

L'animal que j'avais en face de moi, oui l'animal de un parce que c'est un professeur de math et de deux parce qu'il est aussi agréable qu'une mauvaise grippe en été, cet animal disais-je donc avait tenté un trait d'humour aussi mauvais que pathétique, une girafe domestique quoi. Moi qui tentais de reprendre une vie décente je me retrouvais confronté à un individu exécrable, à réclamer un service alors que ça me faisait chié et j'ai en plus tenté d'être aimable et drôle, j'en avais fait beaucoup trop pour me faire jeter comme ça et aussi pour que l'on m'assène des conneries sur une girafe domestique de merde alors que non, ce n'est objectivement pas drôle. Dieu merci (de rien moi) en apparence j'étais tout à fait capable de garder ma contenance bien que l'envie de lui cracher au visage me démange vaguement. Pas littéralement bien évidemment, je vaux mieux que ça.

Cerise sur le chapeau de clown que j'enfoncerai bien volontiers sur dans le crâne de mon interlocuteur, il me demande de partir avec la courtoisie d'un fauve en rut avant de me menacer avec.... trois misérables étincelles. Je crois que le dédain pouvait se lire sur mon visage alors que je sortais un clope pour l'allumer à l'aide de mon majeur dont j'enflammé le bout en le dressant devant le visage du bon professeur . Je lâchais la première bouffé de fumée en soufflant vers ses yeux avant de donner un coup d'épaule dans la porte que ma santiag avait bloqué pour moi, forçant ainsi le passage vers l'intérieur où j'entrée sans me faire prier avant de me retourner vers mon interlocuteur, laissant enfin paraître ma mauvaise humeur.

" Premièrement, un professeur digne de ce nom à au moins l'amabilité d'accepter de dispenser son enseignement quand un élève prend sur lui pour venir le voir et surtout quand celui ci à la présence d'esprit lui dire qu'il devrait faire attention à son cadre de vie, parce que c'est le reflet de la personne. Ensuite, se respecter soi même c'est respecter les autres, mais ça me parait tellement fondamental et élémentaire que je ne devrai même pas être en train de l'énoncer à voix haute. Ensuite pour le trait d'humour, un gosse de cinq aurait pu se montrer plus original et pour finir, j'en ai vraiment rien à battre de tes putains de menaces insignifiantes, La tueuse en série des bois m'a déjà envoyé à l'hosto une fois et j'ai vraiment d'autres choses à faire que de tenter d'expliquer à quelqu'un comment se comporter en adulte. Je sais pas un minimum d'amour propre peut-être? "

J'avais un peu craqué, il venait de subir mon ras le bol général et je savais pertinemment que maintenant que j'avais haussé le ton, les choses n'allait que s'envenimer, j'allais être remit à ma place, traité d'insolent et enfin viré de cette appart avec ou sans les pouvoirs du master.

" Bordel je suis juste venu demander un service j'ai tenté d'être cordial et avenant malgré le fait que ça me coûte de reconnaître que oui, je suis une putain de bille dès qu'il faut mélanger les chiffres et les lettres."

je tirais une autre latte sur ma cigarette avant de laisser échapper un soupir. voilà, j'avais cracher mon ire. Plus calme je reprenais

" Et en plus je viens d'entrer par effraction dans l'appartement d'un prof... Vraiment il y a pas un truc qui peut se passer normalement à Terrae?"

Il fallait admettre que forcer l'entrée de cet appartement n'avait peut-être pas été mon acte le plus diplomatique, et la réaction de propriétaire des lieux était donc parfaitement compréhensible. Je tirais une nouvelle bouffée de ma cigarette en regardant mon bon professeur se débattre péniblement avec la litanie que je lui avais servie. Bah oui, j'évitais de parler en cours (tout de même il y a un minimum de respect à avoir pour le corps enseignant) et ma langue trop bien pendue pouvait surprendre les non-initiés. Cependant j'avais clairement identifié sa réaction face à l'odeur de ma cigarette. Peut-être, tenais-je là un terrain d'entente. Maigre et glissant mais qui avait le mérite d'exister.

Je l'écoutais se plaindre, expriment son sentiment d'agression quant à l'invasion soudaine, son absence d'amour propre et enfin le fait que l'odeur de clope froide le rebutait. Tant pis pour mon terrain d'entente, il s'en servait comme motif pour me foutre à la porte au plus vite. En même temps il avait pas l'air au mieux de ça forme.... Quelque part, il m'évoquait un chat qui, pour soigner ses plaies, se cache au regard du monde. La logique du si je ne te vois pas, tu ne me vois pas. Aussi connue sous le nom de la technique de l'autruche... et j'en tenais une belle là, d'autruche.

Il tentait de me mettre à la porte en m'attrapant par le bras et me recommandant d'aller voir son collègue Ashton.

" Non mais sans rire, vous pensez vraiment que je vais aller voir ce foutu stéréotype d'anglais? Arrogant, fier et en plus tatillon. Même moi j'aligne pas autant de défauts."

Je devais pourtant bien admettre que entre mes retards et le fait que je l'ai traité de "Corne-buse anglaise" je n'étais pas prêt de remettre les pieds dans sa salle de cours pour mon propre bien. Mon hôte quant à lui, décida de lâcher mon bras pour se saisir d'un pot de crayons, le temps que réalise ce qu'il comptait faire avec, je reçus en plein front le dit contenant . Je m'apprêtais à protester mais la série suivante d'objets qui volait vers moi me pris de cours mais pas autant que le canard en plastique... Qu'est-ce qu'il foutait avec ça dans son appart lui. Après avoir ramassé le fameux pot, me frottant le front, vu que c'était le seul endroit où j'avais vraiment été touché, j'allais me poser sur son canapé en lui lançant mon paquet de cigarettes au passage, lâchant un très laconique :

"[coor=blue] Sers-toi.[color=blue]"

Laissant tomber mes cendres dans le porte-crayons, je tirais une nouvelle bouffée sur ma cigarettes en soupirant.

" Pour l'odeur, j'irai chercher du désodorisant, de l'encens ou que sais-je encore. Mais cet appart sens le renfermé, faut l'aérer dans temps en temps, surtout si tu es en vacances, Sensei. Tu veux peut-être un coup de main pour ça, et en échange tu me donnes un coup de main avec mes maths. Plus vite on trouvera un terrain d'entente, plus tôt tu auras l'immense plaisir de me voir dehors non?"

Négocier, c'était ça ou lui rendre chacun de ses projectiles sous la forme d'un trait de feu. Perso, j'ai pas tellement envie de mettre un master sur la liste des personnes qui ne peuvent pas me voir et... pas qu'il me fasse pitié, si ça avait été le cas j'aurai tourné les talons depuis longtemps mais... mon daron m'avait dit un jour qu'un appartement représentait l'état d'esprit de son habitant, c'est peut-être la seul chose sans rapport avec le profit l'argent ou la notoriété qu'il m'ait jamais dites qui fasse sens. Cet appart manqué de vie, je saurai pas expliquer comment mais on avait pas l'impression qu'il était habité. Cela en disait long sur les humeurs de son propriétaire.