Nathanaël se laissa faire, grimaçant en silence par moment. Cet instant était un véritable cadeau pour lui, un moment de bien-être. Il savait qu'il dormirait bien cette nuit. Il en était convaincu, pas de cauchemars cette fois ! Il ne put retenir un sourire lorsque son amie lui répondit. Le Titan ne pouvait pas la voir, puisqu'elle se situait toujours dans son dos, mais il avait entendu son sourire dans le ton de sa voix et cela lui réchauffait le cœur. Il avait réussi à lui changer un peu les idées. C'était une victoire dont il était fier, un morceau de quiétude dans le chaos.

La Tonnerre finit par retirer ses mains du dos du jeune homme. Il regretta un bref instant que ce soit déjà terminé, car il appréciait ce contact, cette proximité, mais il savait qu'il ne devait pas en abuser. Et puis, il avait déjà eu de la chance. Toute bonne chose avait une fin. Il chassa donc rapidement cette pensée inappropriée. Le Terre haussa un sourcil lorsqu'elle lui proposa de faire quelque chose avec elle ce soir-là. Pourquoi pas ? Il n'avait rien de prévu et l'idée de passer encore un peu de temps en sa compagnie le réjouissait au plus haut point. Même s'il avait parfois des pensées parasites, son amie parvenait à l'apaiser. Ils se rendaient service l'un l'autre, se soutenaient, sans même s'en rendre compte parfois.

D'accord, avec plaisir.

Nathanaël avait souri et sa voix était douce. Il se leva, puis se tourna vers la Sensitive vers qui il tendit la main pour l'aider à descendre du lit. C'était bien évidemment superflu, car elle n'avait pas besoin de son aide, mais c'était une gentille attention et il espérait qu'elle le prendrait ainsi et pas comme un affront de sa part.

Tu pensais aller au cinéma ? Je ne sais pas ce qu'il y a à l'affiche.

Le Terre se rendit compte que ce devait être l'un des rares endroits où il n'était encore jamais allé. Il ne savait cependant pas si la Tonnerre comptait plutôt regarder un DVD avec lui. Il n'avait pas le matériel adapté, mais il ne savait pas exactement où elle logeait... si elle avait bel et bien un endroit à elle pour dormir. Il se demanda aussi ce qu'elle aimait comme genre de film. Lui avait toujours préféré les longs métrages historiques ou réalistes. Il avait évité les films fantastiques comme la peste, considérant ce genre de distraction comme une perte de temps. Il aimait aussi beaucoup la science-fiction, car cela se basait sur des faits scientifiques réels ou probables. Il trouvait génial d'imaginer l'application de technologies encore à leur balbutiement ou d'inventer ce à quoi ressemblera le monde en fonction des découvertes les plus récentes. Cela avait une part de fantastique bien entendu, mais il y avait toujours des maths, de la physique, de la chimie, ... et cela le passionnait. Le Titan s'informait souvent par après sur les idées présentées dans ce genre de film : voyage dans le temps à travers des trous noirs, possible vie extraterrestre, développement impressionnant de l'intelligence artificielle et les dangers que cela comportait, ... Il était cependant souvent déçu par la tournure que prenait les événements dans le scénario. Il fallait du sensationnalisme pour plaire aux gens. Nathanaël avait pourtant trouvé quelques perles qui permettaient aux spectateurs une véritable réflexion sur le sujet développé. L'aspect philosophique l'intéressait aussi particulièrement. Prenez Chappie par exemple. C'est un bon divertissement, mais la question de la conscience humaine est posée. Serait-il possible, un jour, de décrire la conscience humaine au moyen de « un » et de « zéro » ? Quelle remise en question de ce qu'est un être humain ! Ce film avait beaucoup marqué le jeune homme lorsqu'il l'avait visionné et il n'avait pas pu faire le tour de la question. Il y avait parfois des interrogations qui restaient sans réponse.

Souhaites-tu que je te prête quelque chose, un pull ou autre chose ?

La Sensitive ne portait pas de veste. Le Titan savait qu'elle pouvait utiliser son pouvoir pour se réchauffer, mais il préférait tout de même lui proposer quelque chose de plus chaud à se mettre, même s'il n'avait pas grand-chose dans son armoire. Il espérait ne pas réveiller en elle de mauvais souvenir. Pour lui, cette fameuse journée n'en était pas un, étonnamment. Après tout, ce jour-là, elle s'était blessé la main, il avait pleuré, elle avait eu une sorte de « malaise de fatigue », il l'avait amené à l'hôpital, puis il avait attendu, attendu et encore attendu, avant de se battre contre deux membres de la sécurité de l'hôpital pour finalement enfin atteindre son amie et recevoir de ses nouvelles. Il avait ensuite appris qui était vraiment la jeune femme, elle le lui avait révélé et ça avait été un choc. Il y avait de quoi en faire une affreuse journée, mais le jeune homme ne retenait pas ces « détails » malheureux. Il n'oubliait rien, bien entendu, mais il chassait le désagréable au second plan. Ce jour-là, elle l'avait accepté pour la première fois. Elle lui avait fait confiance. Le Terre ne souhaitait retenir que ça. C'était le début de leur nouvelle amitié.

En attendant sa réponse, il enfila le pull qu'il avait mis le jour-même et qui était soigneusement plié sur une étagère. Puis, il se retourna vers elle. Lui, il était prêt. Il n'avait plus qu'à saisir sa veste dans laquelle se trouvait son porte-monnaie et ses clefs et ils pouvaient lever le camp.

T’avais plus dans l’idée de squatter un ordi pour mater un film tranquille, ça avait du bon d’être bibliothécaire, tu pouvais emprunter pour la soirée un ordi, et tu pouvais tout à fait aller le chercher après la fermeture. Les privilèges tout ça, tu n’en avais jamais vraiment abusé mais là… Pourquoi pas ? Ce soir t’avais envie de te poser avec un ami, de regarder tout ou n’importe quoi : tu n’étais pas très exigeante en matière de divertissements.
Tu aimais toutes sortes de films comme tu aimais toutes sortes de livres. Les univers alternatifs, les histoires d’amour, la science-fiction, les films historiques, les films humoristiques, les policiers, les documentaires, les films d’action, les tragédies, les comédies musicales, tout arrivait à t’intéresser. Bien évidemment parfois il y avait des manqués, en général quand tu n’adhérais pas au message véhiculé par le film… Et encore, tu pouvais trouver intéressant d’explorer le côté obscur de la force de ceux qui pensaient autrement. Parfois même tu changeais d’avis, tu n’étais pas vraiment butée pour ce qui relevait des choses qui ne te concernaient que de loin, t’arrivais même à prendre plaisir à avoir tort. A croire que tu étais la seule à qui tu ne donnais pas le bénéfice du doute, le droit à l’erreur ou celui d’avoir le loisir de changer. Tu étais bête et obstinée, persuadée d’être un être sans intérêt et sans âme. T’étais juste du genre saoulante à te trouver tous les défauts, mais cela changerait un jour, et puis à défaut de te trouver cool, tu oubliais que tu ne t’aimais que trop peu quand t’étais avec ce jeune homme. C’était peut-être simplement cela être avec un ami, s’accepter mieux qu’en étant seule.

A la réflexion c’était peut-être dû aux sentiments qu’il ressentait pour toi, mais ça tu n’en avais pas conscience… Et s’il influait sur les tiens sans que tu ne t’en rendes compte cela n’aurait pas été impassable… Cela aurait été probable à la réflexion, mais ce temps-là est révolu… Par la suite tu apprendrais à te connaitre et à reconnaitre tes sentiments. Tu deviendrais toi, celle que tu voulais être du moins.

« Je n’en ai pas la moindre idée non plus, mais peu importe ; le débriefing après sera assez intéressant pour que l’on pardonne au film de nous avoir ennuyés. » parce que tu le savais, il y avait des manqués. Bien que pouvant t’intéresser à tout, parfois la magie ne prenait pas, tu pensais à autre chose, te perdais dans l’intrigue… Tu en tirais toujours quelque chose d’intéressant, mais parfois ton intérêt n’était autre que de décrire en quoi ce film n’était pas intéressant… Tu pouvais vraiment être une sacré conne quand même.

Il t’aida à descendre avec grâce du lit, c’est-à-dire qu’il ne prit pas le risque de ramasser les morceaux d’une Ipiu qui aurait dérapé en chaussettes sur le sol… Pas le risque de voir une Ipiu ridicule non plus. Tu sais que c’est faux, il est juste prévenant et attentionné. C’est ton cher ami, et son côté doux est l’une des choses que tu aimes le plus en lui.

« La dernière fois que tu m’as prêté un pull ça ne lui a pas vraiment réussi… OH. »

Là tu réalises ta bêtise incommensurable, le pire dans l’histoire ? T’as racheté un pull il y a trois jours. Un pull tout doux et très chaud, bon t’imagines qu’il ira bien à ton ami… Mais en même temps t’es persuadée que même le plus kitch des pulls avec genre… Des cerfs et des cœurs dans un style très… montagnard (pour ne pas dire bizarre) lui irait. Non, toi t’avais choisi un pull gris unis avec pour seul motif le travail spiralé de la laine par endroits, ça avait peut-être un nom, mais tu ne le connaissais pas.

« Ça te gêne de faire un détour par la bibliothèque ? J’ai oublié des affaires dans mon bureau. »

Tu n’avais pas envie de lui dire que tu avais racheté un pull. Déjà parce qu’il t’aurait dit que ce n’était pas la peine et que ça t’aurait vexé. T’avais passé un sacré bout de temps dans le rayon des pulls pour mecs (bien qu’il eut été comme partout bien plus restreint que celui destiné à tes congénères à ovaires, il était tout de même bien rempli). Tu te demandais ce qui irait au jeune homme et ce qu’il prendrait plaisir à porter, si tu avais finalisé ce choix sur ces derniers critères de mode, tu avais d’abord choisi au toucher. Pour toi un pull c’était doux et ça pouvait être porté à même la peau, les laines d’animaux qui grattaient n’étaient pas ta tasse de thé. Ensuite t’avais vérifié que le pull passa au lave-linge. Sérieusement, tu ne voulais pas contraindre le jeune homme à laver son linge à la main… Tout de même, même toi tu ne faisais pas de telles concessions au bon gout. La pratique avant tout tu pensais.
Bien entendu s’il avait suivi un peu tes pensées il devait soit avoir compris où tu voulais en venir, à savoir que soit tu lui avais acheté un pull, soit tu avais oublié ta veste dans le dit bureau. L’un dans l’autre tu lui offris un visage innocent qui te donnait plutôt un air idiot. Tant pis, il fallait que tu noies le poisson… C’était hors de question qu’il refuse ton présent. T’avais tellement eu de mal à choisir !

Tu prends la direction de la porte et l’attend sur le seuil, ça te manque un peu parfois un chez toi, mais… Tu n’as pas le courage de te fixer, tu dors à droite à gauche… Parfois t’es invitée, parfois tu t’invites et quand t’es paumée tu finis chez Aaron. Il a la gentillesse ou la flemme de pas te foutre à la porte, alors t’en profites. C’est un brave gars Aaron, mais il ne s’en rend pas compte… Et c’est toi qui pense ça, que le monde est cruel.

« Allons-y on peut sans doute avoir le bus qui part dans six minutes si on se presse ! »

HRP:

Nathanaël avait souri à sa réflexion sur ce qui allait se passer après le film, le « débriefing » comme son amie l'avait appelé. Oui, cela ne pouvait qu'être intéressant, il n'en doutait pas. Il se réjouissait d'avance en attendant que la Tonnerre soit prête. Il revint à la réalité lorsqu'elle lui demanda si cela le dérangeait de passer à la bibliothèque après avoir laissé s'échapper une parole qu'elle avait semblé regretter instantanément. Il aurait aimé lui dire de ne pas s'en faire, mais elle avait enchaîné trop vite et il accepta cela sans revenir sur le sujet. Le Terre avait bien compris qu'elle ne souhaitait rien lui emprunter et qu'elle avait certainement une veste ou un pull dans son bureau. Soit, il comprenait. La jeune femme lui offrit un air un peu bizarre, ce qui lui fit froncer légèrement les sourcils, mais il lui sourit rapidement en hochant la tête, ne cherchant pas à comprendre ce qu'elle avait tenté de lui communiquer.

Le Titan la regarda se diriger vers la porte, puis la suivit en saisissant sa veste au passage. Une fois tous deux dans le couloir, il prit soin de fermer à clef l'accès à sa chambre. C'était un lieu sacré qu'il ne souhaitait pas voir saccagé. Si on tend l'oreille, on peut entendre tout et n'importe quoi dans les couloirs d'une école, des choses que Nathanaël ne préférait pas voir arriver à sa chambre. Même s'il ne pensait pas avoir dans ses amis ce genre de personne, il préférait ne pas prendre le risque.

Très bien, alors dépêchons-nous !

Il se mit à marcher d'un bon pas. Il n'avait aucun doute qu'elle parviendrait aisément à le suivre. Elle était plus petite, mais plus vive. Et puis, elle était elle, pleine de ressources.

Je ne pense pas être déjà allé à la bibliothèque après les heures d'ouverture. Voilà une nouvelle expérience à ne pas manquer !

Le jeune homme sourit et se trouva pathétique. Il n'était vraiment pas drôle, mais n'y pouvait pas grand-chose. Y avait-il des cours d'humour ? Cela avait quelque chose de frustrant, en fait. Lui, un génie en tout, qui n'avait jamais connu l'échec avant d'arriver à Terrae, s'était trouvé deux faiblesses en à peine six mois : son pouvoir de titan et une incapacité à être drôle. Non, en fait, il pouvait être drôle, du moins, il l'était avant. Enfin, il le pensait. Il soupira.

Lorsque les deux amis arrivèrent en vue de l'arrêt de bus, ils virent ce dernier s'y arrêter.

Zut, on va le manquer !

Nathanaël se mit à courir pour avaler le plus rapidement possible les quelques dizaines de mètres qui les séparaient de leur moyen de locomotion. Il arriva juste à temps pour retenir la porte.

Vous êtes en retard.

Oui, désolé.

Le Terre, légèrement essoufflé, se retourna pour voir la Tonnerre attendre à ses côtés. Il sourit et la laissa monter dans le bus en premier. Il se dit qu'elle ne l'avait certainement pas dépassé pendant la course pour ne pas blesser son amour propre et cela l'amusait. Il était orgueilleux, il était vrai, mais pas avec elle, pas pour ça, ou peut-être plus maintenant. Il rejoint son amie rapidement et s'assit à côté d'elle.

C'était moins une.

Le Titan était heureux, heureux d'être à cet endroit avec la Sensitive. Sans doute était-ce aussi en partie dû à l'endorphine, la dopamine et l'adrénaline sécrétées par son corps suite à son petit sprint.

Hrp:

La porte du sanctuaire ou se repose ton ami est refermée, c’est aussi, mais tu le diras pas un peu le tien… Car quand ton cœur est chagrin c’est ici que tu te rends, ce n’est pas tant le lieu que son occupant qui le rend si particulier à tes yeux. Il s’en est passé des choses ici, des chouettes, des choses moins chouettes aussi… Et au final c’était ici que tu retournais, parce que quand t’avais le vague à l’âme c’était lui qui savait te sortir la tête de l’eau. Les amis c’était fait pour ça non ? Même en ces temps troubles tu le reconnaissais en tant que tel, il était ton seul et unique ami croyais-tu, te trompant comme souvent.

« Une fois je me suis fait enfermer dedans alors que je venais juste de commencer à y travailler… J’y ai passé la nuit, je ne me doutais pas à l’époque que cela deviendrait une routine ! » dis-tu en riant.

Il est vrai que souvent tu dors là-bas. Tu t’y sens chez toi, et puis tant que tu trouves le temps d’aller te laver et te changer avant l'ouverture qui trouve à redire de ces heures sup que tu ne comptes pas… Bon, évidemment on pourrait te reprocher de dormir aux frais du contribuable, mais bien avisé celui qui sait exactement d’où vient l’argent qui contribue au fonctionnement de Terrae. En toute logique que tu dormes sur place ou dans une chambre au dortoir, quelle différence ? Tu n'en fais pas.

Tu commences à courir, mais ce n'est pas pour préserver l’orgueil de ton ami que tu ne le dépasses pas, d'ailleurs il court assez vite pour que tu n'aies pas la sensation de te freiner. Certes avec un peu plus d'adrénaline ou de motivations que de voir le bus partir sans vous tu aurais peut-être pu aller plus vite, là tu n'en voies pas l'intérêt. Au pire vous imaginerez une autre manière de vous changer les idées !
Tu joins tes excuses aux siennes et grimpe dans le bus guère essoufflée, c’est étrange… Dans quelques mois passer de ton lit à ton fauteuil te mettrait hors d’haleine. A peine installée tu sens un sourire de bien-être se dessiner sur tes lèvres, il est plaisant de courir ainsi avec Nathanaël. Peut-être que tu devrais lui proposer de courir ensemble un jour ? C’était toujours plus chouette de se motiver les uns les autres, pourtant, tu ne doutais pas qu’il fut sportif. Tu le connaissais trop pour ne voir en lui qu’un rat de bibliothèque.

« Faudra qu’on coure encore ensemble ! » dis-tu.

Promesse vaine, mais tu ne le savais pas encore. Le trajet n’est pas bien long jusqu’à la ville, quelques poignées de minutes tout au plus. Vous discutez un peu, mais de choses sans importances. Tu te sens bien plus calme que lorsque tu es venu le trouver :

« En fait on passera à la bibliothèque après le cinéma, comme ça tu sauras vraiment ce que ça fait de venir en dehors des horaires. Ça te va ? »

Tu aimais vraiment cette ambiance qu’il régnait la nuit dans les rayons de la bibliothèque. Certains l’auraient qualifiée de lugubre toi… tu la trouvais sereine. Tu avançais sans bruit, sur la pointe des pieds de peur de rompre le sort qui avait enchanté ces murs. Pourtant ils n’étaient que papier et bois, tu le savais, et rien n’avait changé entre le jour et la nuit… Mais le fait d’être seule à déambuler, te donnait l’impression d’être une intruse dans cet univers de savoir. Tu voulais lui faire partager ça, cette magie. Lui faire partager ce lieu que tu aimais tant. Un peu comme un cadeau sans prix : des instants partagés.

Nathanaël sourit de plus belle lorsque son amie lui annonça qu'elle souhaiterait courir avec lui. L'idée lui plut instantanément : se maintenir en forme tout en passant du temps en compagnie de la Tonnerre, que pouvait-il rêver de mieux ? De plus, il aimait vraiment faire du sport. C'était un moyen génial et très efficace de se débarrasser des pensées négatives. Elle lui annonça ensuite qu'elle avait changé d'avis et qu'ils se rendraient à la bibliothèque après le cinéma. Le jeune homme acquiesça. Il devait avouer qu'il avait hâte d'entrer dans ce sanctuaire silencieux. Et puis, il savait que cet endroit faisait partie de l'univers de la Sensitive, alors c'était une raison supplémentaire pour attendre ce moment avec impatience. Il n'espérait rien y découvrir de particulier, si ce n'est peut-être un peu de paix intérieure, mais simplement profiter de ce moment qu'elle souhaitait partager avec lui.

Le bus s'arrêta bientôt à l'arrêt souhaité. Le cinéma se trouvait à une dizaine de minute de là. Ils se mirent tout de suite en route. Nathanaël n'avait aucune idée du temps qu'ils leur restaient avant le début du film. Il préférait donc ne pas trop traîner. Ce serait tout de même bête d'avoir fait tout ce chemin et d'arriver trop tard. Une fois devant le lieu de projection, il étouffa un bâillement. Ses mauvaises nuits consécutives se manifestaient à nouveau à son souvenir. Il n'était pas si tard que ça, mais quand on dormait à peine quatre nuits de suite et qu'on se réveillait à l'aube, en sursaut, à cause d'un cauchemar, ça fatiguait. Il se demandait combien de temps il tiendrait ainsi. Il finirait bien pas tomber d'épuisement. Le Titan chassa les images qui lui revenaient à l'esprit. Il ne voulait pas y penser, surtout pas maintenant.

Les deux amis s'approchèrent du guichet où un homme semblait sur le point de partir. Il leur annonça qu'ils n'étaient pas en avance, que la projection allait commencer d'ici peu. Nathanaël consulta la Tonnerre du regard. Ils ne savaient pas trop dans quoi ils s'embarquaient, mais tant pis. Les billets furent achetés et des places rapidement trouvées. Le Titan avait hésité un instant à offrir la place à l’Étoile, mais s'était abstenu. Elle n'aurait sans doute pas apprécié et il devait surveiller un peu ses finances, alors tant pis. Ce serait peut-être pour une prochaine fois. La salle n'était qu'à moitié remplie. La lumière s'éteignit bientôt.

Bon film.

Le Terre offrit un sourire à son amie avant de se concentrer sur le film : Into the Woods. Il comprit bien vite à quel genre de long-métrage ils avaient à faire, une sorte de comédie-musicale filmée mêlant plusieurs contes pour enfants. Il repéra assez vite l'histoire de Cendrillon, Jack et le haricot magique et le petit chaperon rouge. Le prologue dura assez long et était entièrement chanté. C'était assez... spécial. Nathanaël ne s'attendait pas à passer sa soirée ainsi. Il décida cependant de ne pas se forger une opinion précipitamment et laissa sa chance au film. Après tout, cela pouvait être une expérience intéressante et puis on lui avait raconté ces histoires pendant son enfance. Et c'était de bons souvenirs.

Les jeunes gens s’étaient embarqués dans une drôle d’aventure ; elle se sentait vivante au côté de son ami. Elle n’avait plus l’impression de faire semblant. C’était tellement reposant d’être en sa présence. Ils n’hésitèrent pas un instant avant de se précipiter devant un film dont ils ne savaient rien. Elle ne paya pas pour lui, il ne paya pas pour elle. Il l’aurait mal pris et se serait renfrogné, elle ne l’aurait pas laissé faire préférant ne pas voir le film plutôt que de le laisser payer. Ils commençaient à se connaitre, à savoir comment fonctionnait l’autre... Tout comme ils commençaient à accepter cette mécanique sans vouloir la changer, appréciant le roulement régulier des engrenages.
La salle en un instant fut plongée dans le noir. Dès le début du film elle sut qu’elle n’accrocherait pas, s’il y avait bien une forme d’art à laquelle elle était insensible c’était la comédie musicale. C’était comme ça, elle n’accrochait pas. C’en était au point qu’elle préférait (et de loin) lire un opéra que l’écouter. Les aigües lui hérissaient le poil et les nerfs. Elle essaya de s’accrocher à ce film pour pouvoir réellement en débattre avec son ami à la fin de la séance mais elle savait qu'elle serait déjà parti pris, ne comprenant pas l'intérêt d'une telle réalisation. Elle s’ennuyait tellement que sa tête se mit à osciller pour finalement tomber sur l’épaule de son ami alors qu’une respiration régulière et profonde s’échappait d’entre ses lèvres. Elle s’était endormie.

Qui a peur du grand méchant loup ? C’est pas nous, c’est pas nous !

Elle sut en ouvrant les yeux qu’elle avait changé d’univers, pourtant rien ne le lui indiquait, aucune odeur particulière n'ébranlait ses sens. La branche sous son pied craqua et elle chuta sans saisir ce qui lui arrivait. La sensation était grisante autant que terrifiante. Soudain quelque chose arrêta sa chute, elle releva la tête pour voir le paysage qui avait changé autour d’elle. Elle fut surprise de découvrir qu’elle était allongée sur son lit. Elle essaya de se souvenir ce qu’il s’était passé l’instant d’avant sans y parvenir, puis finit par trouver qu’il était tout à fait normal qu’elle soit ainsi allongée au milieu de ses draps.
Elle n’était pas dans sa chambre mais reconnaissait son lit, s’y sentant absolument à l’aise. Elle se leva et fouillant dans une grande penderie y trouva une jolie robe carmine qu’elle s’empressa d’enfiler. Elle descendit les escaliers menant à une petite salle à manger ou ses parents l’attendaient. Elle ne les reconnaissait pas mais savait instinctivement que c’étaient eux. Elle s’attabla à leurs côtés et mangea le somptueux pique-nique qu’avait fait sa mère avant de se lever pour aller jouer dans les herbes folles.
Courant derrière un immense ballon et s’élança et s’envola, prenant ainsi assez de vitesse pour l’enlacer. La sensation était chaleureuse, humaine. Julien, elle lui sourit et l’embrassa comme à chaque fois qu’ils se retrouvaient. Ensemble ils volaient à travers cieux.
La musique entêtant rythma leur danse. C’était un tango endiablé, les notes résonnaient dans son être et s’accordaient au passé. Un cri retentit et elle saisit la main que lui tendait un lapin bleu désirant être son prochain cavalier. Elle se laissa donc emporter.

Les gens commencèrent à se lever et le bruit qu’ils firent éveilla peu à peu la jeune fille endormie. De ses songes rien ne restait qu’un lointain sourire sur son visage. Elle se tourna avec un air désolé sur le visage vers Nathanaël, son ami lui avait cette fois servi d’oreiller. Le pauvre, elle ne lui épargnait rien…

« Désolée… » balbutia-t-elle la voix encore enrouée de sommeil.

[Attention, spoils alerte ! Ceux qui n'ont pas vu le film Into the Woods, à vos risques et périls.]

Nathanaël regarda l'intrigue se développer. Tous les personnages se retrouvèrent dans la forêt pour des raisons différentes : Cendrillon voulait se rendre au bal du prince, le chaperon rouge allait voir sa grand-même et rencontra le loup, le couple de la boulangerie devait réunir des ingrédients s'ils voulaient avoir un enfant, Jack devait vendre sa vache qui ne produisait plus de lait et on rencontra enfin Raiponce et son prince, ... Et tout ça, en musique ! Le Terre trouvait certaines mélodies intéressantes, mais le niveau était globalement moyen.

Soudain, il sentit une pression sur son épaule. Tournant la tête, il constata que son amie venait d'y appuyer sa tête. Il ne sut pas tout de suite pourquoi, mais compris bien vite qu'elle s'était endormie. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres. Il oublia le film un moment et se permit de contempler la jeune femme. Elle semblait si paisible. C'était un spectacle magnifique. Il reporta son attention sur le film lorsque une chanson attira son attention. C'était Jack qui expliquait au boulanger qu'il y avait des géants dans le ciel. Le Titan aimait bien cette musique. La suite du film n'était ni mieux, ni pire. Les événements s'enchaînaient. Le couple finit par réunir tous les ingrédients après avoir croisé quasiment tous les autres personnages : la cape du chaperon rouge, la vache de Jack, le soulier de cendrillon et les cheveux de Raiponce.

Le Titan tint bon jusqu'à la fin de la première partie, malgré quelques bâillements. Il crut que le film était terminé et il s'en réjouissait. Tout allait pour le mieux et finissait bien pour les personnages. Cendrillon se maria avec son Prince, Raiponce put rester avec le sien, le couple de la boulangerie eut un enfant, Jack put garder sa vache et devint riche. Pourtant, les scénaristes ne devaient pas penser que cela suffisait. Un nouvel élément déclencheur se développa. Nathanaël soupira. Il n'était pas vraiment convaincu de la nécessité de cette suite. D'une manière générale, il aimait la musique et voir un film de ce genre ne le gênait pas plus que ça, mais il y avait une limite à tout et là, s'en était trop. Il se demanda d'ailleurs depuis combien de temps il regardait ce long-métrage et combien de temps il allait encore durer. Lassé et fatigué, il ferma les yeux un instant pour se reposer.

[...]

Le Terre ouvrit soudain les yeux. Il cligna des paupières et redressa sa tête qui s'était posée sur celle de son amie. Il avait manifestement lui aussi raté une partie du film qui n'était pourtant pas encore fini. Il étouffa un petit rire. Décidément, ça ne voulait jamais finir ? Il observa le boulanger commencer à raconter une histoire à son enfant... l'histoire du début ! Oh, Nathanaël se dit que ça devait annoncer la fin. La boucle était bouclée ! Effectivement, une chanson débuta et bientôt le générique de fin s'afficha. Il soupira, mais de contentement cette fois. Après quelques minutes, la lumière se ralluma dans la salle et les gens commencèrent à se lever. Il sentit la Tonnerre bouger et tourna sa tête vers elle. Elle s'excusa d'une voix enroulée. Il était difficile de dire ce qui se passa dans la tête du jeune homme à cet instant, si c'était à cause de la proximité de leur visage, de la magie du lieu, de la joie de voir ce film enfin terminé ou peu importe quoi d'autres, mais après lui avoir souri, il l'embrassa sur le front. Le Titan réalisa cependant tout de suite ce qu'il venait de faire et ce qui l'y avait poussé. Il l'aimait toujours, bien entendu, et même s'il avait accepté le fait qu'ils ne soient qu'amis, il faut croire qu'il ne se maîtrisait pas toujours. Son état de fatigue était sûrement une raison de sa faiblesse. Il s'en voulut instantanément, sachant que c'était déplacé de sa part d'agir ainsi et qu'elle n'apprécierait pas ce geste. Gêné, il se leva un peu précipitamment et s'excusa à son tour. Préférant oublier ce qui venait de se passer, il tenta de changer de sujet.

Bon, eh bien je crois qu'aucun de nous deux n'a vraiment été convaincu par ce film.

Il lâcha un petit rire nerveux en se grattant machinalement la nuque.

Tu veux quand même qu'on aille à la bibliothèque ou tu préfères rentrer ? On est les deux un peu fatigué.

Nathanaël avait failli dire « rentrer chez toi », mais il s'était abstenu. Il ne savait pas vraiment si la Sensitive avait un chez elle et, comme la situation semblait être compliquée, il préférait éviter le sujet. D'autant plus qu'elle lui avait dit qu'il lui arrivait de dormir à la bibliothèque...

T’es vraiment désolée de t’être endormie comme ça alors que c’était toi qui avait soumis l’idée de venir au cinéma. La prochaine fois tu piquerais un ordinateur portable pour débarquer dans sa chambre avec plusieurs films téléchargeait plus ou moins légalement, et vous choisiriez quelque chose… S’il voulait encore regarder un film avec toi, après l’incident de ce soir. Ta mine doit être particulièrement affligée puisqu’il te claque un baiser sur le front. Ce qui a pour double effet de te réveiller et de te faire froncer les sourcils. Toi t’as clairement manqué un épisode.
Celui où tu t’endormais sur l’épaule d’un jeune homme qui en pince pour toi et où tu te réveillais les yeux encore ensommeillés. T’as trop joué avec ses sentiments et au point où vous en êtes tu peux t’estimer heureuse que ce baisé ait atterri sur ton front et pas ailleurs, bouleversant votre amitié par des questions auxquelles tu ne souhaitais pas devoir répondre. C’est parce que tu n’as pas envie de les affronter que tu acceptes avec joie la diversion qu’il t’offre. Essayant de faire comme si rien ne s’était passé, après tout il se pouvait tout à fait que tu l’ais rêvé. Rien n’apportait de crédit à ces faits, rien ne prouvait qu’ils aient été réels…

« Tu as eu plus de temps pour ne pas te laisser convaincre que moi… » tu ris.

Tu es bien gênée de t’être endormie comme un sac à patates. Tu ris pour masquer ta culpabilité. T’as un peu l’impression de l’avoir abandonné et ça tu ne le vis pas spécialement bien, tu sais cependant qu’il n’y accorde pas grande importance… Alors tu ne te laisses pas déborder pour ne pas gâcher encore plus votre soirée. C’est vrai que vous feriez mieux de rentrer, tu ne sais pas qu’il a dormi un peu sur ton épaule mais tu as senti la fatigue planer sur lui comme une ombre toute la journée. Tu acquiesce donc avant de regarder l’heure à ta montre. Tu soupire :

« On n’auras jamais le prochain bus, il n’y en pas d’autre avant une heure… Faisons tout de même un détour par la bibliothèque, ça faudra toujours mieux que d’attendre à l’arrêt de bus. »

T’es pas certaine des fréquentations qu’il y aura ce soir, mais dans le doute quand tu es avec Nathou tu préfères éviter tes potes fêtards. Marier les deux univers dans lesquels tu évolue ne te semble pas la meilleure des idées. Ton ami te permet de gagner en profondeur, d’être toi, sans jouer sans bluffer. Tu ne ris pas pour te donner un genre, ne te jette pas dans ses bras pour te donner un genre, ne joue pas l’écervelée avec lui pour te donner un genre. Avec lui tu peux être intelligente, unique, authentique.

Vous marchez d’un pas vif jusqu’à la bibliothèque dont tu sors le trousseau de clefs, tu tapes divers codes à divers endroits de sorte à débrancher les alarmes. C’est pas de la sécurité au de gamme mais ça permet d’être informé quand quelqu’un rentre par effraction… Après, qui pourrait vraiment lui tomber dessus ? Tu ne sais pas, peut-être toi si tu dors sur place… Dans le doute tu enlèves et remets tout de même les codes en fonction de tes allées et venues.

L’endroit est aussi paisible qu’à ton habitude, tu n’as pas allumé les grands luminaires qui décorent le plafond. Tu n’as jamais osé le faire pour ton usage personnel, la lumière qui vous permet de distinguer votre route ici vient des lampadaires extérieurs et passe au travers des grandes baies vitrées. Tu le guides vers ton bureau, allume la lumière de la pièce et fais mine de chercher quelque chose. Tu en sors le pull que tu lui as acheté. Il n’est pas emballé, ce n’est pas un cadeau. C’est un remboursement qu’il ferait mieux d’accepter !

« C’est à toi ! » dis-tu avec un grand sourire.

Tu es heureuse de pouvoir enfin lui donner l’objet que tu as choisi avec tant de soins. Tu espères vraiment qu’il lui fera plaisir et le réchauffera. S’il ne le portait pas tu serais tellement déçue.

« Et n’envisage même pas de refuser ! »

Nathanaël retint un soupir de soulagement lorsque son amie répondit et rit à sa réflexion. Elle ne revint pas sur ce qui s'était passé et il lui en était reconnaissant. Tous deux savaient qu'aborder le sujet n'aurait pour conséquence qu'installer une gêne entre eux. Le Terre ne savait pas pendant combien de temps il accepterait cette situation, mais il ne se posait jamais la question, ce qui était plutôt bon signe.

Je suis d'accord avec toi. Allons-y !

Il avait pris un air enjoué. La gêne était passée. Il n'y pensait plus. Tout allait bien. Le Titan aurait cependant pu lui répondre qu'ils pouvaient retourner à l'institut à pied. Il prenait rarement les transports publics, seulement lorsqu'il était pressé. Il s'était pourtant abstenu. Il préférait évidemment rester encore un moment avec la Tonnerre et ce qui s'était passé tout à l'heure ne l'inquiétait pas plus que nécessaire. Il était à nouveau sur ses gardes et ne laisserait pas son instinct ou ses émotions prendre le dessus sur sa raison. Il était fort.

Les deux amis avancèrent d'un pas rapide vers la bibliothèque. Nathanaël observa ensuite la Sensitive ouvrir les différentes portes et quittancer les multiples alarmes. Il était assez étonné de voir un tel dispositif, mais oublia tout à l'instant où il entra dans le sanctuaire. Le silence qui y régnait lui coupa presque le souffle. L’Étoile n'alluma pas les grandes lumières, sans doute pour préserver l'atmosphère spéciale du lieu. Le Terre fit quelques pas, perdu dans sa contemplation, avant de revenir à la réalité et de suivre la Tonnerre. Il ne savait pas exactement où elle l'emmenait, mais comme le but premier était de venir chercher des affaires qu'elle avait oubliées, il partit du principe qu'elle le guidait vers son bureau ou le vestiaire. Il profita du trajet pour s'imprégner de la paix qui régnait dans la bibliothèque. Contrairement aux heures d'ouverture, il n'y avait en ce moment aucun bruit de pages tournées, aucun raclement de gorge, pas de chuchotement, pas de crayons chutant d'un bureau, rien. Nathanaël comprenait aisément pourquoi son amie aimait cet endroit. Il sourit.

Les deux jeunes arrivèrent finalement dans ce qui semblait être le bureau de la Sensitive. Cette dernière alluma la lumière et commença à chercher quelque chose. Le Titan se désintéressa momentanément de la scène pour observer plus attentivement le lieu de travail de l’Étoile, mais il fut rapidement interrompu par cette dernière qui lui tendit un pull gris, le sourire aux lèvres. Il était tout simple, mais il lui plut tout de suite. Son premier réflexe fut de lever son bras pour toucher la laine, mais il arrêta son geste à mi-chemin. Il ne pouvait pas accepter. D'ailleurs, il ne comprenait pas pourquoi  elle lui faisait ce cadeau. Ce n'était même pas son anniversaire. La Tonnerre sembla lire dans ses pensées, car elle ajouta qu'il n'avait pas le droit de refuser. Nathanaël grimaça, mais son visage afficha bientôt un sourire doux. Très bien, puisque cela faisait plaisir à son amie, il allait accepter. Soudain, il comprit. Ce n'était pas vraiment un cadeau, mais une compensation ou plutôt un rendu. Elle lui redonnait le pull qu'il lui avait prêté en quelque sorte.

Merci, c'est vraiment gentil de ta part. Tu n'étais pas obligée, tu sais, mais ça me touche beaucoup, merci.

Sans plus attendre, il enleva sa veste qu'il posa sur le bureau et le pull qu'il avait mis avant de partir, puis enfila celui qu'il venait de recevoir. La laine était douce. Le Terre se sentait à l'aise dans le vêtement. Il fit quelques mouvements pour tester sa mobilité et fut satisfait. Son amie avait vraiment très bien choisi.

Il est vraiment génial ! Je comprends maintenant pourquoi tu voulais venir ici. Je suppose que tu parlais de ça quand tu disais que tu avais oublié quelque chose ici. Et je ne me suis méfié de rien !

Le jeune homme éclata de rire. En cet instant, il semblait si heureux. Comment aurait-il pu prévoir ce qui allait arriver ? Il y avait des signes pourtant, mais il les ignorait, fermant les yeux sur l'évidence. Il se répétait que tout allait bien et arrivait à s'en convaincre. Il arrivait même à en convaincre les autres, semblait-il, même Elle. S'ils savaient...