Ma référence merdique lui arrache un petit sourire et le mien lui répond :

Aaaah je préfère ça !

Elle essuie ses larmes d'un geste rageur. Je sens une boule de fierté monter dans mon cœur. C'est idiot, puisqu'elle n'est ni de ma famille ni de mes très très proches. Mais je suis fier. Joyce est forte et elle va encore grandir, ce qui promet de belles surprises ! Ca c'est ma Joyce, ça ! Je la regarde se reprendre un peu, soupirer et se lancer :

Ils sont morts à cause de moi Liam. J'ai tué ma famille pour un caprice. Je ne veux juste pas que tu souffres comme eux. Je tiens trop à toi pour te faire du mal comme à eux.. Je veux pas que ça arrive une troisième fois. Je veux pas Liam...

Je souris doucement. La perte de sa famille est douloureuse, encore plus si on en est l'origine, je peux très bien le comprendre, je peux m'en accommoder, je peux compatir, mais sans Hero, difficile de trouver les bons mots. J'hésite trop longtemps et Joyce reprend la parole :

J'ai peur de te perdre toi, comme je les ai perdu eux. J'ai peur de te faire souffrir. Je porte la poisse...

Alors j'ai su quoi dire. J'inspire, priant pour ne pas faire de bêtise et lui souris très doucement.

Joyce. J'ai 20 ans, j'ai vécu par les routes et la poussière, dans la pauvreté, sans maison. Et j'ai appris. Je ne sais pas tout, mais ce que je vais te dire, j'en suis sûr à 200%. Les erreurs, elles servent à progresser. Progresser, c'est comprendre et trouver comment éviter de refaire les mêmes erreurs. La peur, c'est un sentiment normal chez tous les êtres vivants. Mais la peur, ça se transforme. Alors transforme la tienne en force.

Je plonge mes yeux dans les siens et je termine :

Ta force te permettra de protéger ceux à qui tu tiens. Et moi je crois en toi. Et je tiens à toi aussi, c'est pour ça que ma peur de te perdre, je la change en détermination de te garder près de moi.

Joyce. J'ai 20 ans, j'ai vécu par les routes et la poussière, dans la pauvreté, sans maison. Et j'ai appris. Je ne sais pas tout, mais ce que je vais te dire, j'en suis sûr à 200%. Les erreurs, elles servent à progresser. Progresser, c'est comprendre et trouver comment éviter de refaire les mêmes erreurs. La peur, c'est un sentiment normal chez tous les êtres vivants. Mais la peur, ça se transforme. Alors transforme la tienne en force.

Il avait trouvé les mots. Aussi fou que cela puisse paraître, il avait su trouver les mots. J'ai souris doucement, tendrement et un peu plus confiante. Qui aurait pu croire que cette journée allait se terminer ainsi?
J'ai pris une mèche de mes cheveux, m'amusant nerveusement avec, et il a planté son regard bleu dans le miens, certain de ce qu'il affirmait.

Ta force te permettra de protéger ceux à qui tu tiens. Et moi je crois en toi. Et je tiens à toi aussi, c'est pour ça que ma peur de te perdre, je la change en détermination de te garder près de moi.

J'ai cru que j'avais mal entendu tant sa réponse me surprit. Il avait raison. Depuis quand je me laissais abattre moi? Depuis quand je craquai? Depuis quand je flanchais?
J'ai souris plus sincèrement, et je l'ai pris dans mes bras, une fois encore, mais cette fois, c'était pour le remercier, pour lui dire que je tenais à lui et qu'en faîte, il avait raison. Bon Dieu qu'il avait raison.

- Mais qu'est-ce-que j'ai bien pu faire pour mériter ton amitié?

Et j'étais sincère, même si ça fait carrément téléfilm du mercredi après-midi pourrave et bien nian-nian. J'étais heureuse qu'il soit là. Heureuse de m-être un jour permise de l'aborder dans le parc. Heureuse de l'avoir rencontrer. Heureuse de savoir que je n'étais plus aussi seule qu'avant.

- Je sais que je suis pas facile à vivre... Je suis même un cas. Mais... Merci. Et désolée pour... ça.

OK. J'étais pitoyable. Mais vous savez quoi? Je vous emmerdes.

Je crois que j'ai touché juste cette fois-ci. Elle commence à sécher ses larmes, elle a le regard qui se raffermit, son sourire tremblotte moins et elle semble plus sûre d'elle. Enfin, elle redevient ma Joyce, celle que je connais, la petite un peu agaçante parfois mais carrément craquante. Et c'est elle que je veux voir ! Même si la fille fragile, qui peut pleurer et se laisser aller existe aussi en Joyce, je préfère la jeune fille solaire qu'elle est la plupart du temps. Alors, Joyce m'a pris dans ses bras et je me suis senti rosir un peu. Mais pas beaucoup, parce que je savais que c'était sa façon de me remercier de rester ici avec elle.

Mais qu'est-ce-que j'ai bien pu faire pour mériter ton amitié?

Je haussais les épaules. Rien. M'avoir parlé. Être elle-même. Être Joyce. C'est peu, c'est un peu romantique, mais c'est la vérité et ça me suffisait amplement pour tisser des liens étroits avec elle.

Je sais que je suis pas facile à vivre... Je suis même un cas. Mais... Merci. Et désolée pour... ça.

Je secouais la tête. Pas facile à vivre, pas grave. Je lui souris avec un regard d'ange :

Pour quoi ? Je ne vois pas de quoi tu parles.

Pour moi il était tellement normal de la laisser se confier, de la laisser pleurer pour se sentir mieux. Alors si elle avait besoin de moi, j'étais toujours là pour elle. Je me levais et m'étirais. Mon dos et les épaules craquèrent bruyamment.

Je me fais vieux on dirait ! Riais-je. Puis, retrouvant mon sérieux : Il se fait trop tard pour la partition aujourd'hui. On aura qu'à sortir demain, pour la jouer au soleil dans un coin tranquille. Ca te va ?

J'attendis patiemment sa réponse.

Je l'ai vu rosir, et retrouvant mon aplomb et ma taquinerie légendaire, ça m'a fait sourire et ça m'a amusé. Non vraiment, je méritais pas que ce gars prenne le temps pour parler avec moi. Moi j'étais la garce orpheline folle et malade. Oui que ça.

Pour quoi ? Je ne vois pas de quoi tu parles.

Oh si, il voyait très bien. Mais je ne relevai pas, parce que j'avais pas envie de repartir dans mes idées noires. Il s'est relevé et s'est étiré, son dos craquant en même temps que ses épaules.

Je me fais vieux on dirait ! Il se fait trop tard pour la partition aujourd'hui. On aura qu'à sortir demain, pour la jouer au soleil dans un coin tranquille. Ça te va ?

J'ai souris puis ris à sa remarque de vieillesse et me suis relevée, manquant une nouvelle fois de m'étaler tant mes jambes étaient tremblantes. Bonjour la crédibilité!
Je réfléchis un instant à ses paroles. Alors il allait vraiment m'aider? Pour de bon? C'était vrai de vrai? Puis je réfléchis... Demain je ne pouvais pas. Je devais affronter une phobie demain: l'hôpital. On devait vérifier si oui ou non la maladie orpheline était bien bénigne ou si elle avait évolué. Vu les tests, j'en avais pour la journée. Je me garda bien de lui dire pourtant. Pas besoin de l'inquiéter plus hein?

- Euh... Demain je peux pas j'ai... Je suis prise toute la journée... Je dois... Oh et puis merde, j'ai rendez-vous à l'hôpital.

J'avais envie de me gifler, mais j'avais pas vraiment à lui mentir non? Au pire, je lui dirais que je rendais visite à un ami. Ahah. Moi un ami. La blague!
Je souris pourtant, apaisée après le vrac que je venais de faire.

- Mais après-demain je suis libre si tu veux. Et je serais ravie de passer ce temps libre avec toi. Même si je vais très certainement pleurer comme une gosse. Mais t'as l'habitude non?

Il est vrai que Liam m'avait vu pleurer à chaque fois. Ce gars il était pas bénéfique pour moi, je vous jure. Et pourtant je l'adorais. Je devais être maso en faîte, cherchez pas.

Euh... Demain je peux pas j'ai... Je suis prise toute la journée... Je dois... Oh et puis merde, j'ai rendez-vous à l'hôpital.

J'ai bugé. Ouais, j'ai vraiment du tiquer sur le mot hôpital. Je la dévisage un peu et puis je me force à parler :

L'hôsto ? Mais... Pourquoi ?

Ma voix monte dans les aigus, comme un gamin un peu désespéré. Mais je ne suis pas désespéré, juste inquiet. Personne ne va dans un grand bâtiment qui pue de désinfectant pour le fun. Alors elle dois bien être blessée... Ou malade ? Et si... Si elle était vraiment, vraiment très malade ?! Je crois que je vais pas m'en remettre de cette journée...

Mais après-demain je suis libre si tu veux. Et je serais ravie de passer ce temps libre avec toi. Même si je vais très certainement pleurer comme une gosse. Mais t'as l'habitude non?

Je fis la moue. Elle changeait un peu de sujet... Mais je vais quand même lui répondre gentiment. Après tout, c'est ce que je suis, gentil.

Très bien, après-demain. Mais je veux tout savoir de ton rendez-vous, d'accord ?

Si elle refusait alors tant pis. C'est pas du chantage hein, juste un contrat à l'amiable... Je veux juste qu'elle m'informe histoire d'éviter une bourde grosse comme ma bi...cyclette. Mon Dieu je suis vulgaire. Je m'en remet vraiment pas de cette journée.

L'hôsto ? Mais... Pourquoi ?

Il avait l'air tellement à la fois inquiet et incrédule. Je m'en voulus d'avoir cracher le morceau. Putain mais merde, je pouvais pas réfléchir?!
J'ai pourtant souris, pour faire genre, on y voyait que du feu. En tout cas, je l'espérais.

- Eh! Calme Liam y a rien de grave! Je dois juste vérifier que je n'ai toujours pas de séquelles graves de l'accident, ce n'est rien.

Oh la menteuse. Mais l'idée était pas mal, surtout que Liam ne savait pas dans quelles circonstances ma famille était morte. Parfait non? J'étais fière de ma trouvaille. Je me suis approchée doucement de lui, veillant à ne pas m'étaler une nouvelle fois.

Très bien, après-demain. Mais je veux tout savoir de ton rendez-vous, d'accord ?

J'ai ris. Il était mignon à s'inquiéter pour rien. J'avais toujours dis que je ne m'attacherai pas aux autres. Pour me protéger, mais aussi pour les protéger. J'étais malade et sans savoir comment la maladie évoluerait, je ne pouvais prendre le risque de voir les gens que j'aimais souffrir. Sauf qu'en venant ici, je m'étais attachée à bien des personnes, dont Liam. Et bonjour le bordel. Je n'en avais pas le droit, c'était pas juste pour eux. Pas juste pour moi. Je leur devait la vérité non? Mais je pouvais pas. Et pourquoi les inquiéter inutilement? Ça servait à quoi?

- OK, je te raconterai je te le promets. Mais t'en fais pas OK? Tous les six mois, je dois vérifier c'est tout. J'ai eu un trauma suite à la chute alors il faut vérifier. Mais tout va bien j'ai plus de douleur ni rien!

Menteuse? Oui. Mais je voulais juste ne pas l'inquiéter. Est-ce un crime quand on sait que c'était pour son bien? Et puis, je n'avais rien pas vrai? On me l'avait dit non? La maladie était bénigne. Alors pourquoi avais-je tellement peur qu'on m'annonce le contraire? Pourquoi, alors que je pourrais rejoindre ma famille grâce à elle?

Il y avait quelque chose qui n'allait pas dans ce qu'elle me disait mais je ne savais pas quoi. Quelque chose me turlupinait mais je n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, c'était comme une sorte d'intuition. Bizarre, je n'avais jamais eu ce genre de sentiment avant... Peut-être mon pouvoir de Voyant..? En tout cas j'aimais pas ça... Il fallait que je découvre ce qui se cachait derrière cette intuition. Mais en attendant, j'allais faire profil bas et faire comme si j'étais tout à fait rassuré... Allez smile smile Liam !
Je souris donc -je HAIS mentir...- et me levais. J'époussetais légèrement mon pantalon et me redressais. Mon dos craqua. Ca e me réussit pas d'être grand on dirait. Bon, je dois retourner à l'appartement, Hero étant blessé je n'aime pas trop le laisser seul... J'ai toujours peur qu'il lui arrive quelque chose... Et puis laisser un animal d'origine sauvage seul n'est jamais une bonne idée.

Bon... Je vais te laisser. Il faut que j'aille retrouver Hero. Rendez-vous après-demain alors !

Je fis quelques pas et ouvrit la porte de la chambre de la jeune fille.

Et... Range ta chambre !

Je lui fis un signe de la main avec un sourire taquin puis sortis pour éviter un éventuel oreiller ou autre qui pourrait m'atterrir sur la figure. Vivement demain !

Il sourit, comme rassuré, mais quelque chose dans son sourire était faux. Il ne me croyait pas mais il décida de ma faire confiance et ne dit rien. J'avais un sourire rassurant au visage.
Je ne savais pas ce que j'avais mais je voulais pas lui faire de mal avec mes conneries, j'aurais dû m'éloigner de lui. Pourtant, rien que d'y penser, je pouvais pas. Je l'aimais bien trop pour ça.

Il s'est relevé et à épousseté son pantalon et s'est étiré. Je me suis relevée, les jambes encore tremblantes. J'ai soupiré doucement, les yeux rivé au sol. Il m'arrivait quoi? J'avais l'impression d'être une vrai gamine. Décidément, pleurer n'était pas mon truc.

Bon... Je vais te laisser. Il faut que j'aille retrouver Hero. Rendez-vous après-demain alors !

J'ai souris et relevé les yeux, approuvant d'un signe, ravie de le revoir si tôt. Il s'avança vers la porte, ouvrant, tandis que je restai là à le regarder partir.
Alors il eut un signe de la main et un sourire taquin juste adorable.

Et... Range ta chambre !

- Eh!

J'ai prit un oreiller mais le temps que je l'envoie, il s'écrasa sur la porte. Liam était déjà parti. Je m'avançai doucement vers la porte et l'ouvrit.

- Je te revaudrais ça Liam!

J'avais moi aussi un sale sourire taquin. Je refermai la porte et prit quelques fringues qui traînait. Alors, mettant la musique à fond, je commençais à ranger, la tête ailleurs.