Oui ! Bien sûr, des pouvoirs... Il avait oublié qu'il y avait des guérisseurs dans ce monde. D'ailleurs, il faudrait qu'il pense à se renseigner sur tout ça, maintenant qu'il était plus... "stable". Ce qui l'intriguait, c'était l'origine de ce bordel sans nom... Mais même s'il se doutait que, pour beaucoup, cela restait une question sans réponse, il avait envie de grattouiller la merde -car il était certain que ce devait pas être un conte de fée cette histoire- pour trouver une réponse à ces capacités hors du commun. Pour l'instant, il avait décidé de se concentrer sur son adaptation et lui-même avant d'avancer. C'est peut-être égoïste mais au moins c'est logique.

Puis Huo l'assoit... D'abord, il a évidement un geste de recul, mais il se laisse finalement faire. Il sait très bien qu'Huo ne lui veut aucun mal. Mais voilà, le moindre contact physique autre que violent lui semblait anormal au premier abord. Une fois qu'il s'est ordonné de se détendre, il laisse son professeur faire... et puis il se met à parler. De sa vie, à lui. Nicolas comprend, en entendant son récit, qu'il n'y a aucune honte à avoir de posséder un passé tortueux. Dans le même temps, il finit par oublier les doigts étrangers qui lui tâte l'épaule.

Pourtant quelque chose le choque dans ce que lui dit Huo. Lui, il faisait parti des caïds, de ces jeunes qui se battaient pour un peu de reconnaissance... Un peu comme ceux qui s'amusait à le mettre à terre à l'école, ils voulaient juste rejoindre un gang, faire trembler les autres avec leurs noms. Huo était comme ça aussi ? Ou bien... Non, je le vois bien. J'aurais vu son regard au moment de la baston, et il m'aurait sauté dessus direct, sans chercher à comprendre... Nicolas fronce les sourcils, se maudissant d'avoir laissé cette pensée parasite affluer en lui... mais il tenait à mettre les choses au clair. :

-Je me suis jamais battu par plaisir... Au début, je me laissais faire. J'ai pas... il s'arrête, prend une grande inspiration. En fait, aujourd'hui, c'est la première fois que je venais vers quelqu'un pour me battre... D'habitude elles venaient toujours à moi, j'avais qu'à sortir de chez moi et, pour un peu que les autres soient de sortie aussi, ils finissaient par apprendre que leur punching-ball préféré était là aussi. Et Terrae... C'est chouette hein je dis pas le contraire ! Mais... Je comprends pas pourquoi les gens sont gentils ou, aimables... J'me dis... Que ça va forcément me retourner en pleine poire... Comme un mollard qu'on crache dans le sens contraire du vent.

Merde j'ai vidé mon sac....... MERDE J'AI VIDÉ MON SAC !

Il ne panique pas, juste, des millions de questions défilent dans sa tête : pourquoi parler ? pourquoi lui ? pourquoi maintenant ? qu'est-ce que ça allait lui apporter ? est-ce qu'il allait penser qu'il était faible ? est-ce qu'il n'allait pas le juger inapte au combat ?... Et sans se rendre compte de la signification de ses questionnements.

Huo avait réussi à le comprendre, plus que n'importe qui, plus que sa propre mère, en seulement quelques minutes, dont la plus grosse moitié avait consisté à se taper d'ssus sans aucune raison particulière. Il était là, en train de lui toucher l'épaule alors qu'il n'aimait pas les contacts qu'il ne comprenait pas, sans doute qu'il avait eu l'occasion de jeter un œil sur tous les coups de couteaux qu'il avait reçu dans son dos, la marque de la brûlure qu'avait laissé une mobylette le traînant sur quelques mètres de goudron... Mais ça n'avait pas d'importance. Là, il venait en quelque sorte de dompter, que dire, d'adopter Nicolas qui n'avait plus qu'une peur ; qu'il se méprenne sur son compte, alors qu'il voulait limite le rendre fier... Mais voilà, tout ça, ce p'tit abruti ne s'en rendait pas compte.

Alors quand Huo lui propose de lui apprendre des choses, il ouvre grand les yeux. Il le sent à peine remettre en place l'épaule, ce qu'il n'avait pas fait correctement, il grimace juste à l'éventuel dernier craquement étrange que son corps allait émettre aujourd'hui. Mais l'étonnement revient avec force... Sans se lever, il ne quitte pas des yeux l'homme à la chevelure rouge qui s'excuse de rien, de l'avoir aidé.

-Je... Non ! Enfin OUI ! Mais... AH !

Il bafouille, il s'empourpre jusqu'aux oreilles. Je sais plus où me mettre merde ! Avait-on déjà apporté quelque chose à Nicolas ?... Un conseil, un soutien,... ou simplement un cadeau de Noël, ces dernières années ? :

-Je voulais dire non, en fait, merci... pour l'épaule. J'ai rien senti ça va. Et pour apprendre... des... trucs... OH PINAISE j'ai l'air d'un môme ! J'aimerais beaucoup !... Vraiment beaucoup... Mais j'ai rien... et puis ! Je suis plutôt bête hein, je mérite pas hin hin !

Tu t'enfonces... et t'as l'air d'aimer ça en plus pour continuer avec autant d'obstination. Nicolas prend un air décidé... enfantin certes, mais décidé. En même temps, quand on t'offre l'enfance que t'as jamais eu, ce doit toujours être comme ça. Respire, c'pas comme s'il t'avait invité à Disneyland... :

-Ce que je veux dire... Promis, j'vais y arriver !... Je voulais dire que, je serais extrêmement ravi d'apprendre avec toi... Tu m'as déjà beaucoup offert aujourd'hui, je sais que ça à l'air de rien, surtout que tu m'as mis la mine du siècle mais... J'ai appris tout seul, jusque là... A ne pas partager mes sentiments ou ce que je pensais afin qu'on ne me juge pas, qu'on me laisse un minimum tranquille, à effacer un peu de qui je suis vraiment pour ne pas me faire marcher sur les pieds... Terrae a changé tout ça, elle me permet de m'ouvrir un peu plus et de laisser libre cours à mes émotions. Mais je n'y arrive pas, j'en ai conscience, c'est pour ça que je suis venu ici. C'était pour que mon corps, mes habitudes, mes réflexes aussi comprennent que tout a changé... Mais c'est pas le cas, t'as vu... J'me suis encore déboîté le bras, et si avant ça servait à quelque chose, là j'ai du passer pour un maso ou un suicidaire... ...J'dis pas que je suis dangereux ! Nan ! J'touche pas les gens qui m'agressent pas ! J'ai jamais eu envie de m'tuer ! Mais... C'est dur, d'être... normal ? Je suppose. Donc ouais, je le pense vraiment. Je pense vraiment pas mériter de l'attention ou... quelque chose d'autre, de ta part ou de qui que ce soit d'ailleurs. Parce que je suis incapable de commander mon inconscient, de comprendre que je suis en sécurité maintenant. Comme si au final, vraiment personne n'était digne de confiance... Même si c'est faux.

Oh... bordel... de nouilles... J'ai trop parlé. C'était ça, le vrai Nicolas. Le gamin pas sûr de lui, un peu hyperactif, mal dans ses baskets, toujours prêt à donner le sourire aux autres, mais incapable de comprendre que lui aussi peut avoir droit au bonheur... C'est lui, le gosse qui se mord la lèvre inférieure en baissant la tête, mal à l'aise d'avoir occupé un long moment dans la conversation.

-...Euh... Désolé. finit-il par murmurer.

[HRP : Voilà, tu m'as fait faire un pavé. Alors je t'aime, parce que je pensais pas que Nicolas se dévoilerait aussi tôt... Mais Huo est trop cool alors OSEF !... Et désolé si c'est bourré de fautes et de répétitions, j'l'ai écrit d'une traite sans relire... Ah lala, je te re-aime /PAN/ !]

J'esquisse une grimace haineuse. Comment ce genre de chose peut encore arriver au 21ème siècle. Les gens laissent faire ça ? On se contente de détourner le regard en voyant un gosse se faire tabasser comme ça ? C'est dégueulasse. Je suis pas ce qu'on appellerait un humaniste, j'ai même fait pas mal de truc que la moral condamne mais ça... Nan. Y a rien qui excuse de blesser un enfant, de le frapper comme ça juste pour s'amuser. Pendant plusieurs années en plus. Quand je pense que la France se prétend le pays des droits de l'homme. Elle est belle la morale républicaine tiens. Je lui ébouriffe les cheveux doucement avec un sourire.

-On a toujours du mal à faire confiance au début. C'est normal quand on revient de loin. J'dis pas que tout est rose à Terrae, y a même quelques sacrés connards, mais ici à moins que tu provoques la mauvaise personne on viendra pas t'emmerder, je fais en riant.

Enfin ça dépend ce qu'on entends par là. Mais en général y a toujours une bonne âme bisounours dans le coin pour venir faire la morale aux chieurs et te permettre de t'enfuir. Perso j'aime pas fuir un combat, surtout si on me provoque, mais je sais aussi reconnaître quand quelqu'un est plus fort que moi... Je crois ? Bon ça fait mal à mon ego je l'avoue. Mais des fois faut bien se prendre une claque pour redescendre un peu.

Il frémit à peine quand je lui remet son épaule. Ca ne semble pas lui faire mal. Enfin non. Il se met juste à bafouiller en rougissant comme une pivoine et j'éclate de rire. Quoi c'est ma proposition qui le met dans cet état là ? On dirait que je viens de lui offrir un cadeau de Noël qu'il veut pas accepter là. Il est sérieux ? Fin j'ai lancé ça comme ça moi. Il avait pas besoin de- Me dire tout ça ? Ho c'est quoi cette usine à parole là ? Ca va un peu trop vite. Et il s'excuse pour... Avoir trop parlé ? Décidément ce gamin...

Je rit doucement et lui poke le front avec un sourire amusé. J'suis pas fait pour être un mentor. J'ai pas la patience pour ça ni la pédagogie. Pas sûr même d'avoir les connaissances pour. Mais j'suppose que je peux essayer ? Au moins une fois on verra bien ce que ça donne. Ca pourra jamais être pire que d'apprendre à Aoi comment cuisiner chinois (c'est une blague).

-Je... T'excuse pas. Ca me fait plaisir de t'aider. Faut pas t'en faire. On apprend à faire confiance aux autres même si ça vient pas tout de suite. T'es là pour une deuxième chance. Je t'avoue qu'à mon avis je suis surement le pire prof qui existe mais pas pouvoir faire confiance c'est un truc que je comprends. Mais bon si tu tentes pas tu pourras pas savoir.

Je suis maladroit c'est d'un ridicule... Il est juste là à me regarder et moi j'sais pas si je devrais le rassurer ou quoi. Enfin je pense que je devrais. J'aurais aimé avoir quelqu'un dans ma vie pour m'empêcher de faire les mauvais choix. Lui il a pas eu de bol on dirait donc même si c'est juste en lui apprenant à se battre moi je veux bien le faire sourire un peu.

A la fin de son loooong monologue libérateur, il baisse la tête... Pourtant, un petit coup dans le front lui fait se redresser. Il frotte alors l'endroit du bout des doigts. C'est pas un petit poke qui allait lui faire mal non, mais encore une fois le contact le surprend. Une moue gênée s'empare de son visage mais il rougit nettement moins... Le rire d'Huo le rédempte un peu de cette honte de lui et de ses sentiments et ouvre une cage qu'il gardait au fond de lui. Il arrive même à sourire de tout ça.

-Oui... lâche-t-il tout en fixant sa main ouverte, paume n'ayant pas plus été épargnée que le reste de son corps. Merci.

Il va en avoir marre que je le remercie autant... Mais j'ai pas d'autres mots.

Être entendu, savoir qu'on vous écoute et qu'on ne vous juge pas, qu'on vous aide à avancer -même après une soliloque digne de Shakespeare-, ça transforme n'importe quel loup sur la défensive en petit chiot tout mignon, c'est certain. Même si, physiquement, Nicolas était encore sûr qu'on allait s'en prendre à lui, psychologiquement, il avait déjà beaucoup accordé à Huo. De la confiance et sans doute, un fond d'amour fraternel.

Peut-être était-ce du à un bout de passé qu'il partageait, à la violence qu'ils ont subi tous les deux, de deux manières différentes évidemment mais... l'agressivité d'autrui, qu'importe les raisons, qu'importe l'endroit, crée sur un corps les mêmes blessures et les mêmes cicatrices. Un coup de poing gratuit ou un coup de poing vengeur, au final, c'est le même bleu qui apparaît.

Et puis ses yeux d'argent s'ouvrent grand... En fait, il n'avait jusqu'alors fait aucune supposition sur l'âge de Huo. Ils faisaient à peu près la même taille, pourtant il était certain qu'il était plus vieux que lui. Dur, dur de tenter de deviner une info pareille quand on est plus grand que la moyenne au point de facilement passer pour un adulte... :

-Ah ! Je devrais peut-être te vou... ? Euh... Vous vouvoyer ?... Ou vous appeler "maître" héhé !

[HRP : j'avais pas vu que t'avais mis cette musique pour Huo dans ta signa je t'aime ♥]

Il se frotte le front et je souris en coin. Il faut des tripes pour se livrer comme ça à un inconnu je l'admet. Faut reconnaître qu'il a du cran. Je crois que ça me gênerai pas d'avoir un petit frère comme ça. Même si ça me gêne un peu qu'il me remercie autant. J'ai rien contre, ça fait du bien à mon ego, mais je pense pas que j'ai fait grand chose.

Enfin de mon point de vue il a pas forcément besoin de moi pour réaliser tout ce qu'il m'a dit. Simplement... Parfois le dire à quelqu'un, vider son sac, ça fait du bien ouais. Et peut-être que j'en aurais envie aussi. Mais auprès de la personne concernée. Je ne sais pas encore bien mettre des mots sur ce que je fais, ce que je ressens. C'est un de mes défauts j'ai toujours du mal à communiquer. Et au delà de ça je suis pas à l'aise avec les sentiments, avec le fait de ressentir quelque chose. Même si au fil du temps je crois que je m'améliore un peu.

-Si tu te met à m’appeler Maître ou à me vouvoyer je te refous une trempe, je fais en rigolant. Par pitié j'ai que 24 ans. C'est pas si vieux pour que je me fasse appeler Monsieur.

Arg j'ai horreur de me faire vouvoyer. Ca me rappelle l'école quoi. Je pense qu'ici le concept d'égalité est assez présent pour qu'on puisse se permettre de tutoyer presque tout le monde. Sauf les Master les plus vieux et la directrice éventuellement. Je pourrais pas moi. Comme si j'avais besoin de ça pour signifier du respect ou un truc du genre quoi. Si je veux être impoli je peux le faire en vouvoyant les gens quand même. Les conventions sociales sont tellement chiantes.

-Je commence à avoir faim. Ca te dirais d'aller manger ? Ils ont des bons trucs à la cafèt en général.

Nicolas n'a jamais ri aux éclats, mais en réponse à celui de Huo, il s'esclaffe doucement, sans bruit, comme si le mouvement lui donnait mal aux côtes. C'est sans doute l'acte le plus naturel qu'il est fait depuis son arrivée... C'était pourtant bien neuf ans d'expériences qui les séparait et pour un gamin de 15 ans, c'était beaucoup l'air de rien. Mais j'arriverais pas à le vouvoyer de toute façon... J'ai pas l'impression que la maturité changerait grand chose entre nous.

-Ok Huo !... J'ai aucune envie de m'en reprendre une pour le moment !

Parce que s'ils s’entraînaient ensemble à l'avenir, il était sûr d'en voir des vertes et des pas mûres... Et il en était ravi, car c'était tout un arc-en-ciel qui lui restait à explorer.

Il y a une chose qu'il faut savoir avec Nicolas : il a connu la faim. Du coup, lui proposer à manger, c'est faire de lui le plus heureux des hommes. La bouffe ! Le p'tit Nico ne refusait jamais une plâtrée de pâtes, un steak saignant ou même une simple pomme bien rouge... Même quand ça a l'air ragoûtant, il avale tout avec un plaisir visible ; celui de se remplir la panse. Oh, ce n'est pas un gourmet ! Il ne fait aucune différence entre le foie gras et le pâté de canard... Mais d'un autre côté, c'est bien pratique. On peut le combler avec de la purée comme avec un plat de restaurant à trousemille étoiles.

Si son corps ne manifesta pas sa joie, ses yeux devaient briller de bonheur et d'envie... peut-être même d'un peu d'impatience, au moment où son estomac gronda comme mille troupeaux de chevaux sauvages au galop. :

-Oui !

[HRP : de rien mon canard ♥ ! Je pense qu'on peut clôturer là, mais tu peux me dire quoi au cas où t'as des idées !]