Il blaguait. Ok, ce devait être drôle pour les gens qui le savaient... Fallait vraiment qu'il sorte un peu ce pauvre Nico. En tout cas, il apprenait des choses avec Aaron, en plus d'en apprendre aussi sur son prof. Il s'occupait dans la déprime, tout le contraire de lui qui avait tendance à tout ressasser au fond de lui avant d'exploser. La cuisine, la décoration, les animaux... Beaucoup de passion dans une même personne. Nicolas le comprenait, après tout, il touchait un peu à tout aussi ; la cuisine, le bricolage et la musique. Et les animaux aussi, il faut l'admettre... C'est que les animaux c'est cool. :

-Ahah, moi je suis dingue de chocolat. J'en mange pas souvent, mais j'avais l'habitude de m'acheter un éclair au chocolat pour mon anniversaire.

Son petit plaisir annuel. Le seul en fait, mais pas besoin de préciser ça. :

-Et puis, je comprends pourquoi tu aimes les animaux. J'adore les chiens, et j'ai grandi à la campagne. Je crois que de tous les boulots que j'ai pu faire, je préférais ceux où je m'occupais des vaches et des chevaux, même si c'était hyyyyyyyper tôt le matin !

Les animaux sont simples, les animaux sont sincères. C'est une chose qu'on constate très rapidement à force de s'en occuper... Quand un cheval hennit dans son box parce qu'il vous reconnaît et sait que vous allez le sortir pour le nettoyer. Quand un mouton se laisse faire lors de sa tonte parce qu'il vous fait confiance, qu'il sait que vous allez pas le retourner dans tous les sens ou le frapper parce qu'il a bougé. Des petits mercis dans leur langage à eux.

Mais revenons à Aaron qui adore cuisiner au point de rêver de se lancer dans la restauration... Pourquoi pas ? Après tout, c'est vrai que ses élèves ne lui rendent pas souvent ses efforts en classe. :

-Si c'est vot... ton rêve, pourquoi pas ? Même si je pense que t'es un bon prof, si t'as l'envie, les moyens et la passion, tout est possible.

Et puis comme disait Oldie, travailler dans l'éducation c'est vraiment se faire mettre. Nicolas secoue la tête. Ne pas pensez à eux. S'attacher au moment. Écouter M'sieur Williams... :

-Euh... La cuisine... Ben. Il se concentre enfin. J'ai jamais goûté la cuisine nippone, alors la faire... Pas tout de suite, mais je testerai à l'occasion.

Puis il plissa les paupières... Il allait répondre qu'il en connaissait un rayon sur la cuisine italienne puisqu'il avait choisi cette matière pour deuxième langue vivante au collège -un peu par hasard il admet, ses parents ayant grandi non loin de la frontière italienne- mais il tiqua. :

-Gae ?... Italien... Monsieur Bianchi, mon prof d'italien ?

Ils travaillaient ensemble, ils devaient se connaître évidement. Et faire à manger ensemble de temps en temps. Normal, il revint à la première question. :

-Je sais faire les tiramisus et les bruschettas... Mais je ne maîtrise pas la cuisine italienne, même si j'adore la manger. Moi, j'suis plutôt cuisine allemande ; rôtis, choucroutes et quenelles, l'assaisonnement au raifort, les pains de viandes bavarois et spätzle d'Autriche si je me souviens bien... Je suis l'as des pâtes et des pommes de terre ! Et les desserts... J'adore faire des desserts.

En parlant de dessert, les oranges étaient pressés. Nicolas prit le sucre glace et fit de visu, comme d'habitude ; le jus imbiba le sucre. :

-Voilà, on doit mettre ce mélange là à turbiner... Ça risque d'être un peu long parce qu'il faudrait le mettre au frais une journée, mais ça marchera aussi. Et, on doit monter le blanc des œufs en neige à côté.

Bahhhrg, le chocolat. Ok, c'est sympa cinq minutes, mais c'est trop fort, j'aime pas ça. Après... Après, s'il aime ça, je juge pas, hein ! C'est pas de ma faute si j'aime pas ça, non plus… Question goûts, on peut pas toujours choisir, hein ! Je souris en coin et l'écoutant me parler de toutes ces petites choses, du chocolat et des animaux.

— Oh, j'aime pas tous les animaux, tu sais... Y en a qui me font plus flipper que d'autres. Mais c'est vrai qu'y a un truc avec eux qu'on a pas l'impression d'avoir avec les autres humains… Les chiens sont chouettes.

Léger silence. En fait, c'est un peu bête de se dire ça. Parce qu'au final, si on se dit qu'on est mieux avec des bestioles qu'avec des humains, c'est juste de la peur. On a peur de nos semblables. Mais au fond, quand on est sensitif on ressent tout chez eux... C'est pas si différent d'un humain. Il y a juste... aucune hypocrisie. Et ça c'est bien. Ca fait du bien, surtout…

On discute un peu, et je finis par avouer mon envie d'ouvrir un restaurant, un jour. Ca m'embarrasse un peu d'en parler comme ça, mais bon... C'est vrai, j'aimerais tellement. Pouvoir changer un peu, m'ouvrir de vraies perspectives d'avenir. Être avec Gae m'a un peu assagi, je crois… Vouloir me poser, être heureux, avancer réellement dans la vie. Arrêter d'être bloqué au même point pendant des années.

Je me contente de hausser les épaules, sans répondre. Un jour, peut-être...

— Tu verras, c'est pas très compliqué à faire ! Mais faut bien doser pour les sauces et tout ça, puis c'est souvent un peu sucré, j'aime bien.

Le sucré-salé, c'est cool. Plus que le sucré tout court en tout cas !

Un sourire en coin. J'le laisse parler tranquillement, sans rien ajouter.

— Oula, cuisine allemande c'est pas pour moi du tout ! je rigole en suivant ce qu'il fait. Et les desserts je suis moins doué. Faut plus s'entraîner pour les réussir, c'est pour ça.

Je lui pose le batteur pour les blancs en neige et m'occupe de faire turbiner le tout à côté.

— Puis c'est super bon, la cuisine italienne, tu sais pas ce que tu rates… C'est pas si difficile à faire ! Bon après, j'suis capable de faire n'importe quel plat de pâtes, puis le poisson, le calmar, tout ça… Les super salades… Tu devrais tester !

Puis je rigole.

— Sinon ouais, ton prof d'italien. On est ensemble en fait. Euh. Genre ensemble-ensemble, tu sais ? C'est pas tellement un secret, alors...

Y avait même des rumeurs sur nous avant qu'on se case, alors franchement… Je m'appuie sur le plan de travail, avec un sourire amusé.

— Il m'a montré plein de trucs qui viennent de chez lui.

Même si c'est pas tellement le sujet qu'on préfère le plus, y a le savoir-faire qui reste. Tiens, je me demande la tête qu'il ferait si je lui disais que je voulais ouvrir un restau...

— Chez nous aux US, y a pas grand-chose niveau spécialité, à part la dinde à Thanksgiving - et encore, j'crois que j'ai jamais fêté ça avec ma mère, alors bon. Avec mes frangines et Dam éventuellement…

Ouais, 'fin quand tout le monde était encore vivant, j'entends. T'façon, je suis pas sûr de me rappeler de vraies fêtes de Noël and co… A part celles qu'on a organisées après, quand j'me suis mis à vivre seul.

— J'ai l'impression d'être un jeune adulte qui vient de s'installer vu comme je parle, c'est super bizarre, je rigole. Alors que ça fait huit ans que je suis ici... Si je t'ennuie dis-le, hein ?

Graahhh, vieillesse.

Ils discutent cuisine et il en revient toujours pas. Le chocolat, le sucré-salé, les spécialités européennes,... Entres deux discussions sur les animaux et leurs différentes passions. ...Pourquoi c'est si étrange d'avoir une conversation normale, humaine ? Surtout avec un prof de maths... Avec Huo, c'était différent, puisqu'il avait la sensation qu'ils se comprenaient, que leur passé se ressemblait même rien qu'un peu... Mais un prof de maths ! Pourtant il n'insiste pas. Il a envie de profiter du moment. Il n'a jamais eu de conversations aussi légères avec un adulte et, très franchement, même si c'était "bizarre" et ben... ça lui faisait du bien. :

-Je m'entraînerai dès que je pourrais. Et puis, pour les desserts, certes les dosages sont importants, mais c'est ce que je préfère parce qu'on peut toujours ajouter une touche personnelle ! Un ingrédient en plus et ça change tout ! Genre, ajouter du sucre vanillé dans une brioche... C'est basique, mais la recette ne l'identique pas toujours et oh lala... Je t'en ferais une un jour, c'est à se taper le cul par terre !

Cette expression, dans ce contexte, est parfaitement valable.

Il s'empare du batteur que Aaron lui donne et passe un petit instant à analyser les boutons... Bon, c'est simple d'utilisation, il a de la chance cette fois. Il le branche, active la machine et fait attention à ne pas en mettre partout... C'est... tellement... PRATIQUE ! Il retient une exclamation extatique de joie mais son visage doit parler pour lui. :

-J'ai tellement de trucs à rattraper... Goûter des choses, d'autres cuisines,... et dans d'autres domaines aussi ! La culture de ma génération m'échappe je dois dire...

Il a la confirmation qu'il est en retard quand son prof lui apprend qu'il est en couple avec son prof d'italien... et que c'est pas un secret... Han fichtre ça veut dire que je dois me sociabiliser aussi ?! Et puis cette précision sur le "ensemble genre ENSEMBLE". Il avait compris la première fois hein ! Il sourit. L'homosexualité, il s'en fout. Il n'a jamais compris pourquoi les gens en faisait toute une histoire dans son village, comme quoi c'était... contre-nature ?... C'est de l'amour merde, qu'est-ce ça dérange ?! Pour y mettre des mots clairs, Nicolas pensait qu'il y avait déjà pas beaucoup d'amour sur terre, si c'était pour en interdire le peu qu'il y avait, l'humanité n'irait pas loin.

Par contre, ne lui demandez pas comment les gays font l'amour... Il n'en sait rien. ...bon avec les filles non plus vous m'direz... erm. :

-J'étais pas au courant... Bon je viens d'arriver aussi et j'ai pas le réflexe de me lier avec les gens de mon âge... et comment dire que devenir Sensitif n'a pas arrangé les choses ! Il rit. Mais je vais arranger ça. J'ai envie de savoir ce que c'est l'amitié.

Il savait ce que c'était un peu, mais sans barrière, non. Mais est-ce qu'il y arriverait même en se souvenant de ceux qu'il avait abandonné derrière lui ?... ...Il secoua la tête.

Il songea que ce devait être sympa d'être en couple, comme M'sieur Williams et M'sieur Bianchi, partager ensemble et dans leur cas, un peu de cuisine. Le sourire qu'il affiche et même le sentiment qu'il dégage, bien qu'il ne le comprenne pas du tout, a de quoi faire fondre la calotte glacière. :

-Vous êtes heureux tous les deux. C'est beau à voir.

Gros silence. Voilà qu'il parle comme un vieux. Il retient un soupir tout en songeant qu'il ne sait pas grand chose des Etats-Unis, juste ce que le prof d'Histoire veut bien raconter à ce sujet... et l'american dream que voulait vivre les filles du village croyant pouvoir être des mannequins Hollywoodiennes. Alors qu'il débranche le batteur, il zappe complètement le fait que le prof lui demande s'il l'ennuie pour ouvrir la bouche en grand. :

-Putain HUIT ANS !

Toujours avec la même expression peinte sur le visage, il retourne le saladier avec les blancs d’œufs en neige. Ça tient parfaitement, Nicolas a le coup d’œil pour ça... Ça aurait pu être drôle s'il n'avait pas trouvé ça aussi choquant. Là, il savait qu'il allait devoir mettre des mots sur ce qu'il ressentait mais il savait d'avance qu'il allait chier dans la colle. :

-Comment dire... Hmm... Je suis pas choqué par ton âge hein. C'est... Je sais que Terrae m'offre des possibilités d'avenirs que j'aurais jamais eu en France. Je partais pas du principe que j'allais y rester... en fait, non. En vrai, c'est plutôt que je n'ai aucune idée de ce que je vais faire !

Il met les blancs en neige au frais, histoire qu'ils ne retombent pas avant que la turbine ne finisse son travail... Il s'appuie ensuite au plan de travail, les bras croisés, réfléchissant intensément. :

-Avant, j'avais que des portes fermées et ici, tout est ouvert j'ai l'impression... Mais j'en reste au même point. Et huit ans... il fait une pause. C'est une paire d'années quand même. Je peux pas avancer, mais je refuse de reculer ou de rester fixé sur un point. Je sais aussi qu'on ne se débarrasse pas du vide comme ça, d'un claquement de doigt.

Il connaît déjà sa réponse... Ça viendra avec le temps... Alors il décide de reprendre d'un ton plus léger, pour leur éviter de re-déprimer... :

-J'voulais faire éthologue au collège... Un spécialiste du comportement animal quoi. Mais j'avais plus fait ce choix par défaut que par véritable envie, même si j'adore les animaux.

C'est tellement bien de pouvoir avoir une discussion normale avec quelqu'un, une fois. Je veux dire… Là on est vraiment en train de discuter de trucs débiles, mais quelque part, ça me fait me sentir plus normal. Plus serein, plus... tout ça, vous savez ? J'ai un sourire et acquiesce avec excitation lorsqu'il me parle de briche au sucre vanillé. Je suis pas hyper fan de sucre, du coup, mais juste ça, c'est tip-top. Peut-être parce que ça a un goût qui reste doux en bouche ? Enfin bon. Comme pour tout, dès qu'on maîtrise un truc, on peut se permettre de rajouter des ingrédients par-ci par-là ; c'est souvent comme ça que se font les découvertes culinaires, par audace ou par erreur. (Mais ça veut pas dire que crevette-nutella c'est bon pour autant, n'est-ce pas ?)

Nico - ouais, laissez tomber, Nicolas y a trois syllabes, c'est relou à prononcer - semble fasciné par le batteur, ça a quelque chose d'assez drôle à voir. J'ai un sourire en coin en l'observant faire. J'acquiesce un peu.

— Bahhh, tu m'étonnes, elle est chelou ta génération en même temps. Mais c'est pas si compliqué de s'y habituer, tu verras ; faut juste s'y mettre, plonger dedans tête la première et yolo !

Ouais, on s'en fout, mais j'avais besoin d'le dire. Parce que j'pense qu'on se sent tous un peu à part, lui peut-être plus que les autres ; c'est pour ça qu'on est aussi mal à l'adolescence. Parce qu'on a l'impression d'être les seuls au monde à penser de cette manière-là.

Pas de réaction notoire quand j'insiste sur le fait qu'on est ensemble, et pas qu'on joue juste à la pétanque le dimanche aprem' avec les vieux du coin.

— Je comprends, ouais. C'est beau, l'amitié, je lâche avec un sourire.

J'ai une pensée pour Mitsuki, Ipiu, pour Tomoe et Gaetano aussi, un peu... Parce qu'avant d'être comme on est actuellement, on était amis aussi. On a vécu des moments difficiles, on s'est pas toujours compris, mais putain on était là les uns pour les autres. J'crois que c'est avec Piu et Gae que j'ai vraiment compris que les autres étaient là pour nous tirer vers le haut et pas vers le bas. Malgré tout, j'comprends qu'on en ait peur, parfois. Je l'ai toujours dit : s'attacher aux autres, c'est prendre le risque d'avoir mal. J'ai un sourire un peu vague à cette idée-là. À chaque fois que j'y pense, je me demande si le risque en vaut la peine.

Puis je rentre chez moi pour retrouver Gae, ou croise Mitsu ou Piu, et je sais que ouais, ça vaut l'coup.

Sa réflexion me prend un peu de court lorsque je cesse de parler cuisine en babillant sans arrêt. Je sais pas trop quoi répondre et me contente de lâcher un rire nerveux et gêné. C'est embarrassant de se faire dire ça par un gosse, mais en même temps, c'est vrai. J'suis heureux. Ca fait tout drôle, dit comme ça...

Parlons d'autre chose, ça m'embarrasse plus qu'autre chose. Les US, c'est cool les US. Habituellement, j'aurais plutôt échangé ce sujet-là contre le précédent, mais j'crois que ma tête a viré de couleur, donc j'vais attendre de reprendre une teinte plus normale avant de-

OH PUTAIN MAIS D'OÙ IL CRIE D'UN COUP. Il m'a effrayé bordel ! J'ai failli lâcher le saladier que je tenais ; du coup j'lui lance un regard à demi étonné. Bah, euh, oui, huit ans, ça fait long, mais voilà. J'manque de m'étouffer face à son explication et finis par répondre :

— Quoi, tu me trouves vieux ?!!

.... Oui j'ai ignoré son monologue, j'suis resté bloqué et consterné dessus. Je râle un peu :

— J'suis arrivé quand j'venais d'avoir dix-neuf ans, j'te signale !

Kof kof kof. J'ai finalement un rire et m'affale à moitié sur le plan de travail.

— Bon, en vrai j'comprends, je pensais pas passer ma vie ici non plus. J'ai pas forcément envie d'y passer ma vie, mais c'est ici que j'ai pu reconstruire une famille, alors ça devient plus compliqué maintenant. J'pense que c'est le genre de chose qui se décidera en temps et en heure, quand t'en auras envie. Pour le moment tu viens d'arriver, t'as pas forcément d'attaches... C'est normal que tu te sentes perdu par tout ça, c'est nouveau, c'est grand. Puis dans un six mois, un an, tu verras que ça a changé, que t'as changé ; et après tu continues ton chemin, le temps passe, d'un coup t'es étoile, puis Master, et on te dit que t'as le choix entre rester et partir, que les portes seront toujours ouvertes. C'est pas trop mal, nan ? je ris.

J'm'étire un peu et, perdu dans mes pensées, j'oublie un peu qu'on est en train de cuisiner.

— Un jour tu trouveras une voie qui te convient, dans l'éthologie ou ailleurs. J'veux dire, tu as quoi, quinze, seize ans ? je souris. On sait jamais ce qu'on veut faire à ce moment-là. Les portes ouvertes, c'est pas forcément mauvais. Et t'es pas tout seul. Donc profite de la life, mon gars. Tu l'mérites aussi. Fais un truc qui te plaît, peu importe c'que c'est.

J'imagine que ça bloque aussi un peu, parfois. Parce que t'as peur de partir. Moi, j'ai eu peur de partir. J'ai aidé, parce que c'était le début de l'aventure ; j'regrette parfois les choix que j'ai pu faire, mais pas d'être resté ici. J'aurais jamais été aussi heureux sinon. Ça ne veut pas dire que je ne partirai jamais. J'aime bien être enfermé, mais faut pas abuser non plus.

— Sérieux, j'm'installerai au soleil un de ces quatre, je ris une fois de plus.

Pour le moment, je crois que les choses me conviennent. Piu est vivante, j'ai Gae ; je suis heureux. Même si beaucoup de monde manque encore à l'appel.



HRP : désolée du retard, chou !
sinon : #pavé

Il a un rire bref quand ils parlent de génération. :

-Genre "MA" génération ! Je ne suis pas respons... il marque une pause. Attends... Yo... Yo-quoi ? Yolo ?

Non parce que, si on embarquait sur ce terrain on avait pas fini. Il ne supportait pas écouter les "jeunes gens" dans les télés réalités que regardait sa mère, alors il allait dans sa chambre avec son lecteur cassette ou il chantonnait quand il n'avait pas d'autres choix que de rester dans la cuisine, et les échanges sociaux avec ses camarades de classes étaient limités, à part des insultes et des hurlements... Du coup, pas de yolo, lol, non mais allô quoi ou autre #thuglife... D'ailleurs pour lui un "hashtag" restera un dièse. Point final.

Mais bon, là n'est pas le soucis. Il pensait pas que le prof était vieux, nan, il avait pas dit ça. Mais huit ans. C'est la moitié de sa vie hein ! Sûr, on ne pouvait pas comparer deux existences comme ça mais à ses yeux adolescents, c'était énorme ; surtout qu'il considérait Terrae comme une voie de passage, pas forcément un endroit à y faire sa vie. Et neuf ans bordel ! Il amena la main à sa gorge en se rendant compte qu'il avait crié, faisant sursauter Aaron, Il s'excusa mais prit aussi une moue indigné. :

-Hé ! Me fait pas dire c'que j'ai pas dit !

Mais il soupira en tout en écoutant le prof s'expliquer... Nico eut un rire faible en l'entendant dire qu'il allait éventuellement passer Étoile... pire, Master. Ah ! Ca lui paraissait tellement risible que c'était tout ce qu'il pouvait penser. Une onomatopée, un souffle de rire, expression du sarcasme grinçant. C'est un gosse, pardonnez-le.

Vivre sa vie, avoir le temps,... Nico pinça ses lèvres. Pas qu'il en douta mais l'éducation française avait pris un malin plaisir à presser les élèves, dès la quatrième, à choisir une voie dans laquelle s'insérer, at vitam aeternam, et si tu t'es trompé, tant pis pour toi, tu auras perdu dix ans de ta vie et de quoi économiser pour ta retraite -oui, déjà, c'est des barges-. Inspiration. Mais il avait le temps maintenant, pour lui, pour ses pouvoirs, pour les autres... trop de possibilités au point de ne plus savoir quoi faire... Mais ce n'était pas un mal, comme le disait le prof, parce que les portes sont toujours ouvertes. Comme lui qui aimerait bien avoir un restaurant, Nico pourrait toujours, non pas rebrousser chemin, mais avancer sur une autre voie. La bifurcation quoi. Expiration. Il allait faire ce qui lui plaît... bien qu'il ne sache pas encore exactement ce qu'il lui plaisait.

A son tour, il s'étala sur le plan de travail nettoyé quand Aaron lâcha soudain l'idée de vivre au soleil. Nicolas sourit d'un coup. :

-Avec autant d'animaux et une cuisine un peu plus grande !

Il regarda l'appartement qui se déployait devant ses yeux et sourit de nouveau, cette fois malgré lui... Peut-être que j'aurais une maison moi aussi, avec un chien... Des fleurs et des légumes qui poussent dans le jardin derrière, et devant un peu de place pour lui, avec un niche en bois. Une cuisine aussi, en noir laqué toute brillante avec pleins de placards toujours remplis. Un salon qui aurait des airs de cinéma et ma chambre avec pleins d'instruments de musique... Et un jour, j'aurais une baignoire. Une belle baignoire toute blanche avec des pieds dorés comme dans les films américains. Il ferma les yeux, se surprenant à rêver. Il ne s'imaginait pas du tout avec une famille, en fait, il s'en considérait comme indigne et aussi, il n'en supporterait pas la responsabilité, songeait-il... L'expérience avec sa mère restait une blessure toute aussi vive que n'importe quelle de ses cicatrices lui couvrant la peau.

Mais, de ce dernier point, il n'y réfléchit pas plus que ça. Il se redressa en tapant sur le plan de travail. :

-Bon ! Le temps que tout soit bien bien frais, qu'est-ce qu'on peut faire ?

Yolo ? Il connait pas yolo ?! Sérieusement ?! Nan mais attends, c'est… C'est. Ok. Je ne dirais rien. Je vais juste me contenter de lui faire comprendre par le regard que ce qu'il me dit est la chose la plus saugrenue que j'ai entendue de la journée. Et par "chose la plus saugrenue", je pèse mes mots ! IL NE CONNAÎT PAS LE MOT "YOLO" QUOI, NON MAIS ALLO. C'est comme dire, je sais pas, t'es à Terrae et t'as pas eu une vie de merde : c'est pas possible. Im-po-ssi-bleuh. Enfin bon, tralala, tralala, concentrons-nous sur autre chose, vous voulez ? Genre, je sais pas : dehors, il fait jour. Mais si, vous savez, il fait jour ! C'est trop bien !... Bref.

Vous savez, quand Ipiu me sort que je suis un vieux crouton, je dis rien, parce que c'est elle et qu'on s'entre-traite de tapineuses à nos heures perdues - mais bon, c'est vrai qu'on dévalorise un peu leur travail à ces pauv' femmes - mais là... Là ! C'était sorti tellement naturellemeeennt. Non pas qu'il l'ait clairement dit comme tel, mais voilà, je le sais, je le sens dans mes tripes, il le pense !! Même s'il est pas d'accord. Peufeuteuhteuh.

On continue à papoter un peu - enfin, je monologue, c'est pareil un peu, nan ? - et il semble se perdre dans ses pensées une fois de plus. Il n'a pas l'air convaincu de c'que j'lui dit, le p'tit gars… Je sais pas trop s'il est agacé, stressé ou simplement impatient mais inquiet. Peut-être quelque chose des trois ?

Un sourire en coin.

— T'as un truc avec ma cuisine, hein ? je ris. Mais ouais, grave. Avec des perruches dans le salon et des lapins, et des axolotls, argumenté-je. J'ai toujours voulu avoir des axolotls, c'est tellement cute.

Parfois, il a l'air heureux, Nicolas... Ca m'fait sourire un peu à mon tour, alors qu'un silence s'installe. On a terminé la glace, mais faut attendre un peu maintenant. J'me pose dos contre le plan de travail, en train de réfléchir, mes yeux courant sur la cuisine.

— Hmmmnn... Je sais pas bien. Réflexion intensive...

J'me déplace un peu dans l'appartement, le temps que mes yeux captent un truc qui pourrait nour servir d'occupation en attendant. Et je nous vois pas regarder la tv comme des vieux, plantés devant Thalassa. (#trauma, merci Piu)

— OH JE SAIS.

Mon cerveau va parfois trop vite pour moi, merci, au revoir. Je m'approche de la télé et l'allume quand même, mais en profite pour allumer la wii et lui lancer une des télécommandes.

— Réflexe !

Sourire en coin. Je navigue sur l'écran d'accueil et remplace le CD de Rayman contre les lapins crétins - pas de jugement svp - par celui de Just Dance 2015.

— J'espère que tu sais danser mon chou ? ♥ J'te laisse choisir la première chanson !

Ca rappelle tellement de souvenirs ahah. Bang Bang... Bouger ses boobs, toussa. J'suis devenu une reine à ce jeu, juré !




HRP : OMG JE SUIS DESOLEE POUR LE RETARD
MAIS
JE L'AI FAIT ♥ luv

Nicolas glousse quand son prof remarque qu'il a effectivement eut le coup de foudre pour sa cuisine. En même temps, c'est la première fois qu'il voit une cuisine aussi belle et complète... Tous ces ustensiles, ça lui donnait des envies de faire des gâteaux toute la journée, de tripatouiller de la pâte à brioche et de soupirer d'extase en sentant le douce odeur des cookies en train de cuire. Et il a une explication très simple à cet amour soudain. :

-J'aime manger donc j'aime les cuisines.

Et si on aime le chocolat, on aime les usines de chocolat ?... Non mais... NON ! Suivez un peu diantre ! La cuisine c'est un lieu magique où farine + lait = BONHEUR DANS TA FACE ! Ça ne s'explique pas, ça se vit !

La bouffe et les animaux donc ; des choses vraies, sincères, tangibles, justes,... Même si Aaron a une certaine tendance à trouver l'étrange mignon, il comprend bien son point de vue. Mais en même temps, l'axolotl, avec cette tête de branchies-fougères, c'était un animal mystérieux, intéressant et... OK ! Vachement cute à l'état larvaire oui bon c'est kiki, VOILA !

Le prof s'écrie soudain faisant tressaillir Nicolas ; il a apparemment une idée pour les occuper, le temps que la glace se solidifie assez pour qu'ils y goûtent au moins. Aaron se précipite sur la télé pour l'allumer puis il lui jette quelque chose. Nicolas n'a pas le temps de comprendre ce que c'est que son bras se tend et que sa main s'empare de l'objet sans même cligner des paupières une seule fois. Sa langue claque sur son palais quand il se rappelle, à nouveau, que se débarrasser de ses habitudes n'allaient pas être facile. Mais il passe à autre chose ; il inspecte la grosse télécommande, un peu hagard, un peu curieux. Sa tête se penche sur le côté quand, perplexe, il voit Aaron pointer la sienne vers l'écran, puis appuyer sur un bouton pour sélectionner les endroits où il veut aller. Avec son air d'animal craintif, Nico fixe le poignet de son prof et comprend enfin ce qu'il doit faire de l'étrange cordon qui dépasse. Il plisse le nez en mettant la dragonne. Ça a pas l'air optimal du tout ça. Pas trop con, il saisit le fonctionnement de certains boutons, plus ou moins, quand Ronron lui offre l'honneur de choisir une chanson.

Il s'applique avec la télécommande et... oh bordel j'en connais pas la moitié... En fait, il connaissait toutes les chansons sorties avant les années 2000 ainsi que "Let it go" et "What the fox say ?" qu'il a connu dans la cour de récré au collège... Donc y'a deux trois ans déjà... Donc oubliées pour le bien de sa santé mentale. Il pousse un rire bref en voyant le méga connu "Onlyyyyyyyy youuuuuuuuu" (moi aussi) et sourit en voyant Bonnie Tyler et Aerosmith, ravi de savoir que quelque part, il n'était pas le seul à connaître des classiques. Mais bon, il connaissait pas bien le jeu lui de toute façon. Il pinça ses lèvres et s'arrêta sur une chanson qu'il ne connaissait pas mais dont le rythme lui plaisait beaucoup du peu qu'il pouvait entendre à partir du menu. "Happy." :

-Celle-là ? demanda-t-il soudain timide. Je la connais pas mais elle a l'air de bien bouger.

En vrai, il espérait qu'elle soit assez facile pour lui laisser le temps de comprendre comment fonctionnait tout ce bordel...  Mais ça, il ne le dit pas. Et dès les premières notes c'est d'ailleurs le grand dawa, le n'importe quoi complet. Il sait qu'il doit suivre les mouvements du gars mais il a toujours du retard, même sur les plus simples parce qu'il y a tellement de turcs qui se passent à l'écran qu'il n'arrive pas à se concentrer.

C'est seulement après la partie un peu gospel qu'il comprend qu'il ne faut pas essayer de danser comme les gens derrière, qui ne sont là que pour le décor en gros, et qu'il y a des petites figurines en bas pour l'aider à savoir quels pas de danse faire. :

-Raaah mais quel abrutiiiii !

Sachant tout cela, il se met enfin à vraiment danser... Genre bien quand même, car avec les deux derniers refrains, il arrive à avoir une deuxième "étoile" même s'il est bien loin derrière Aaron qui enchaîne les "Perfect" depuis le début. Nico est pas peu fier de lui. :

-OK ! J'ai ENFIN compris le principe... Mets-en une autre c'est bon CH'UIS CHAUD !

Littéralement... Il sautillait sur place tout en secouant la tête : il allait tout donner et avoir appris la valse et un peu de tango allait finalement se montrer utile.

Ahahah, le pauvre. Je le sens tellement perplexe, mais un truc de folie. Il choisit malgré tout une chanson plutôt cool, mais… Ouuuuh. Un peu difficile, quand même ! Happy, du coup ; YAY. BOUGEONS NOUS, BOUGEONS, YAY YAY YAY. Je suis heureux aussi, ahah. Bref. Bon. No comment, je commence à fatiguer.

— Oh ouais grave, ça me va à mort !

Ca va, depuis le temps, j’me suis plutôt bien entraîné sur le jeu ; c’est assez facile au final de faire la choré, même si j’ai quelques moments d’hésitation. Nico, à côté… euh… Euh… Je comprends pas ce qu’il fait, en fait ? Ah. Ah oui…

— Faut que tu suives les mouvements des silhouettes, pas des danseuuurs !

Un rire essoufflé m’échappe, et finalement, on arrive (enfin) au bout de cette partie. POUAH. J’en peux plus. JE ME MEURS.

— Pouah… GG Nico, tu t’en es bien sorti, quand même ! T’avais jamais joué je pense ? Tu bouges bien franchement, t’as le rythme dans la peau !

Ouais, bon, j’suis un peu hyperactif, c’est pas de ma faute d’accord. Fallait pas me parler de trucs aussi cool et fallait pas me faire faire de la glace, ni me laisser jouer à Just Dance eeeet. Bref.

C’est sa faute, quoi. Voilà. J’assume pas.

— ALLEZ ON EN MET UNE AUTRE.

Je mets un truc au pif pour la prochaine, c’est une chanson de One Direction je crois… Mais bon la choré est super sympa ! On s’éclate bien dessus franchement, et Nico et trop à fond, ça fait super plaiz. On a passé quoi, allez, une demi-heure, une heure à enchaîner les parties en se marrant comme des débiles ? Puis on s’est rappelé qu’on avait de la glace au congel… On en a mangé un peu en papotant, franchement, c’était chouette. J’ai voulu en donner un peu à Blobby pour lui faire goûter, mais apparemment c’est pas une bonne idée. Je comprends pas pourquoi, tiens…

Enfin bon, Nico a fini par partir avant le repas, il voulait pas squatter apparemment… Mais bon ! Promis, promis ! On se refera des aprem’ cool ! (Il a tellement pas le choix, j’ai de la peine pour lui.)