Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal. Est-ce que c'est ce sentiment d'impuissance, son regard inexpressif ou qui essaye de l'être ? Je ne pensais pas ce que j'ai dit. Je suis juste trop aveuglé par ma rage et ma colère. Je me hais autant que je la déteste, que je l'aime. "Ces plaisirs violents ont des fins violentes." Shakespeare a un peu trop raison à cet instant. Et moi je ne me suis jamais senti aussi démuni, à nu.

J'ai tellement mal. Mes plaies saignent un peu et j'ai les oreilles qui bourdonnent. Et elle me regarde avec ces yeux tellement trop vide. Pourquoi faut-il toujours que je fasse tout foirer ? Par fierté surement. Mais non ce n'est pas ça. J'ai juste l'impression d'être trop important. Je me donne le droit de la faire souffrir parce que je veux me prouver que c'est possible. Je me convaincs simplement de ne pas y croire. Et je me hais pour ça.

Le coup me surprend, ma tête semble résonner sous le choc. J'ai l'impression d'être sourd comme cette fois où la balle était partie à quelques centimètres de mon oreilles sans silencieux. Ca tue. Réflexe conditionné. Je pare son poing à l'aveugle, referme ma main dessus pour le stopper. Je n'ai pas senti l'autre. Encore une entaille. Je serre les dents, contracte mes muscles. La lame d'air autour de son bras s'enflamme, sa manche brûle.

Parade, esquive. Je me rétablis comme je peux, à quelques mètres. Mes yeux me brûlent. Ce n'est pas le moment. Elle ne me laisse pas de répit et j'esquive autant que je peux, rend les coups de mes poings enflammés. Elle est trop rapide et je tente encore une fois de la ralentir plutôt que de l'immobiliser. L'air est suffoquant. J'ai une idée peut-être.

-Tu ne m'as jamais fait confiance Aoi.

Et ma voix est tellement amère et désabusée. Parce que j'ai tellement peur que ce soit vrai. Qu'est-ce qu'on a fait au juste ? Comment j'ai pu en arriver à ce point ? A vouloir me battre avec elle de cette façon ? Je veux juste mettre toute mon énergie à lui montrer qu'elle a tort.

Je souffle un jet de flamme alors qu'elle tente de me mettre un coup. Ha j'étais sur que je pouvais le faire. Par contre c'est pas top pour la gorge en vrai. Je fonce sur elle encore une fois. Si je veux lui faire utiliser de l'énergie pour ne plus se guérir je dois faire des trucs basiques qui lui demandent beaucoup pour contrer. Je dresse encore un mur de feu que je lui envoie juste devant moi. Je tente encore de la ralentir. Il faut qu'elle force, qu'elle se fatigue. Encore des coups, un jet de flamme vers sa hanche, vers son épaule. La bloquer dans sa position pour qu'elle ne puisse pas esquiver. Je tente de l'entourer dans une bulle de feu pour consumer de l'oxygène en l'empêchant de bouger.

Ma lame d'air s'enflamme. La peau rougit, cloque un peu sous la chaleur ardente qui enflamme ma manche et que je n'arrive pas à éteindre tout de suite. Un gémissement de douleur m'échappe, mais je ne retiens pas mes coups, je ne m'arrête pas. Il faudra m'assommer pour m'arrêter. Et ce n'est pas en le sentant retenir mon corps de cette manière avec ses pouvoirs que ça marchera.

Je croise par intermittence ses yeux rougeoyants, qui me fixent avec une haine triste, une colère que je déteste voir dans son regard. Il me crache encore des insanités au visage, et je suis incapable de lui répondre tant elles me font mal. Le jet de flammes qui suit m'aide aussi à ne pas chercher à répondre, je crois. J'essaie d'éviter le jet en me reculant, mais mon élan était trop vif, mon esquive trop tardive ; j'ai le réflexe unique de tourner la tête pour ne pas voir mon visage se carboniser. Le visage, Huo. T'as vraiment visé mon visage ? Un rire nerveux aurait pu m'échapper si je n'avais pas été dans l'urgence. C'est vraiment chacun pour sa peau, hein...

Le jet de flamme m'a brulé la nuque, la joue, l'oreille et une bonne partie des cheveux de ma queue de cheval. Œil pour œil, dent pour dent. T'es encore fâché de ce que j'ai fait à ta tresse, mon chéri ? Mais c'était y a plus de deux ans.

Je titube, recule et dresse un mur d'air pour me protéger de son attaque ; le mur s'embrase, me brûle la paume des mains et je lance un souffle d'air pour faire s'éloigner les flammes. Elles vacillent, ne s'éteignent pas ; mon visage pulse, mon cou aussi. La peau met plus de temps à se régénérer, mon souffle se fait plus laborieux. Mon corps fatigue, ralentit, son marionnettisme me contraint dans mes mouvements, mais je continue à lui envoyer des projectiles dessus pour le faire reculer, le blesser.

— Tu es vraiment stupide si c'est ce que tu crois, je lâche en serrant les dents, des larmes de douleur au bord des yeux.

Un jet de flamme à la hanche ; le second est intercepté par une épaisse couche protectrice. Je me fais submerger, autant par ses attaques que par mes sentiments. C'est mauvais, très mauvais… Une bulle de feu se forme tout autour de moi, commence à se refermer. Tant pis.

Mes pouvoirs me propulsent, je me retrouve éjectée hors de la sphère, le corps brûlé en de trop nombreux endroits. Mon élastique glisse et tombe au sol, mes cheveux, courts jusqu'aux épaules, atterrissent devant mes yeux. Un soupir. Je les remets vers l'arrière en constatant qu'il m'a brulé une belle dizaine de centimètres, me redresse en refoulant la présence du pouvoir d'Huo, violemment. Je chancèle, la respiration sifflante.

L'air commence à s'agiter dans l'arène. Il tournoie autour de lui, tranchant, acéré, rapide ; puis va directement à la rencontre de son corps. La poussière vole. Je reste à l'écart, prévoie ma défense le temps que mes blessures finissent de guérir. J'ai mal. J'ai mal partout… Mais il faut que je tienne.

Puis, enfin, je m'envole, me jette sur lui, vise sa jambe de la paume de ma main. Mon pouvoir de guérisseuse y est concentré, et l'os résiste un instant, à peine, avant de se fissurer. Vu ce qu'il a fait à mon visage, il a de la chance que je ne le lui brise pas.

Un coup de pied, juste au-dessous de la fêlure. De nouvelles aiguilles minuscules qui vont se planter dans ses muscles. Le vent se fait plus violemment. Les nuages s'amassent au-dessus de nos têtes.

L'arène s'assombrit alors, les nuages noirs, eux, éclipsent le soleil ardent. Un sourire sur mes lèvres. Mes yeux ont définitivement changé de couleur.

L'air continue à tournoyer, de plus en plus rapidement ; on commence à en apercevoir la forme. Un entonnoir semble se distinguer.

En fait, je ne sais vraiment plus ce que je fais.

J'ai voulu m'arrêter. Je ne pensais pas... Que quoi ? Que c'était juste "comme ça" ? Sans conséquences ? J'ai juste regardé et j'ai pensé à celui qui disait "quand tu regardes l'abîme, il te regarde aussi". Je voudrais juste que tout ça s'arrête, abandonner. Je serre le poing. C'est elle qui m'a demandé ça, Je ne voulais pas la blesser de cette façon. Je suis juste celui qui détruit, encore une fois. C'est ce que je fais. C'est le genre d'homme que je suis.

La peau de son visage se régénère lentement et je frémis. Peut-être qu'on va enfin pouvoir en finir avec tout ça. Je suis trop optimiste surement. Je n'ai pas envie de me battre avec elle. Je ne le voulais pas vraiment... Enfin si. Mais non. Je voulais lui prouver que je pouvais dépasser ce que je suis. Mais est-ce que c'est vraiment ça ? J'ai déjà mal partout. Trop de petites blessures. Mon haut éponge un peu le sang. Je sens quelque chose couler de mon oreille, le long de ma mâchoire.

Elle ouvre la bouche pour répliquer quelque chose. Mais je n'entend pas. Je n'entends plus rien. Ni le bruit diffus des gradins, Ni ce qu'elle me dit en serrant les dents. Je continue de parer ses attaques comme je peux. Je suis sourd. Je ne sais même pas ce qu'elle m'a dit, si c'était important. J'ai envie de- NON. Retiens toi putain ! T'es un homme ou pas ?!

Encaisse. C'est pas ça l'important. Continue d'attaquer. Elle s'expulse de ma sphère de feu. Encore brûlée de partout. Ses cheveux ont brûlé aussi. Ils tourbillonnent autour de son visage à cause du vent. Je le sens contre ma peau. Mais je ne l'entends pas siffler dans mes oreilles. Je sens juste la poussière qui agresse ma peau sur mon visage, mes bras.

J'ai à peine le temps de réagir quand elle m'a foncé dessus. J'ai voulu reculer pour esquiver. Sa paume a heurté ma jambe. A peine en réalité. J'ai du me retenir de ne pas hurler. Je me suis déjà cassé des os. Mais de cette façon... C'est comme s'il s'était réduit en miette instantanément. Affaibli. Je grogne de douleur. Son pied m'a frappé juste sous l'endroit où... J'ai mal. Ma jambe se dérobe sous mon poids et je chancelle. Tombe. Encore la douleur. Je serre les dents.

Le vent me gifle les joues. Le ciel devient de plus en plus sombre. Les nuages noirs s'amassent au dessus de nous. Je me relève. Encore une fois. Je m'appuie comme je peux sur ma jambe valide. Fixe mes yeux dans les siens. Je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur d'elle. Pour elle.

J'enflamme mon corps entièrement pour me protéger. Les nuages descendent en tournoyant. Une trombe. Non. Une tornade. Je me mords la lèvre. Je ne sais pas comment je vais m'en sortir. Je la regarde dans les yeux. Braise et argent. Et pour la première fois je crois que je la vois vraiment. Que je la regarde elle, entièrement. Juste elle. Pas ce que je pensais voir. Peut-être que c'est de ne pas entendre, ou juste le fait que je la regarde vraiment avec des yeux... Neutres ?

Et je lâche prise. Totalement. Tout tourbillonne. Colère. Haine. Tristesse. Regret. Amour. Le vent semble prendre feu. Ou bien c'est juste mes flammes qui épousent le contour du vent. Je ne sais pas. Je m'en fous. Ma jambe cassée tremble sous mon poids. Je lance un mur de feu vers elle encore une fois. La chaleur qu'il dégage crée des tourbillons de poussière qui s'envolent.

Je ne regarde plus en arrière. Je veux voir ce qu'il y a au delà de ce combat. Qu'importe ce que j'ai fait. Ce qui compte c'est ce que je ferai. Parce que je veux faire quelque chose. Et pour ça je la battrai. Je serai Master. Regarde moi Aoi. Regarde moi bien.

La tornade semble s'enflammer alors que le feu l’atteins.

Un tremblement dans mes membres. Il se redresse difficilement, semble ne tenir sur sa jambe valide que par la force de sa volonté. Son regard s’ancre au mien, et nous nous jaugeons tous les deux. Mon sourire s’efface. Quelques larmes coulent sur ma joue encore brûlée, encore en train de se régénérer. Tellement imperceptiblement, pourtant. L’énergie utilisée pour créer ma tornade m’est arrachée, et les soins que je m’apporte sont rudimentaires. J’aurai quelques cicatrices, certainement. Je ne sais pas bien. Ça me donne envie de rire, sans joie aucune. Je n’aurais pas voulu que les choses se passent de cette manière. De toute manière, c’est bientôt fini. Il arrive à sa limite. Je frôle les miennes aussi. Sûrement parce que je me suis trop donnée, aux mauvais moments. Ahah. Piètre Master, hein ?

Ma tornade se forme tout autour de lui. Il est acculé, il ne peut plus rien faire. Son image commence à se brouiller par la poussière et la formation compacte qui semble s’opacifier de plus en plus. Puis je tique. Me demande si je ne devrais pas simplement m’arrêter là. Mais il n’a pas l’air de vouloir cesser. Il veut aller au bout. Cette fois, je lui souris. Plus sincèrement. Peut-être parce que je sais déjà qu’il a gagné. Peut-être parce que je suis fière de lui. Mais ça, je ne le dirai pas. J’ai encore trop mal. Je suis encore trop en colère. Pourtant, je suis heureuse, quelque part. Heureuse de mon échec. Quelle stupidité. Aoi, tu es tellement faible. Quelle idée de me combattre moi…

Son corps s’enflamme. Je fais un geste vers l’avant. Non. T’es bête. Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu fais ? Les flammes de son corps entrent en contact avec la tornade. À partir de cet instant, la langue de feu se propage ; elle tourbillonne, prend la forme de la tornade, remonte jusqu’au ciel. Je pâlis. Ma respiration est plus laborieuse. Mon contrôle m’échappe. Oh non.

Un mur de feu m’arrive en plein visage et je n’ai pas la bonne idée de me jeter sur le côté pour y échapper. Je valse un peu, me rattrape à peine et mange sauvagement la poussière. Un gémissement. Mon corps est contusionné et endolori comme jamais. La douleur qui parcourt chaque fibre nerveuse mise à nu par les flammes, à laquelle se colle la poussière, rend les soins encore plus laborieux. Les yeux remplis de larmes, je laisse tomber, me redresse sur mes coudes écorchés, mes mains à vif. Je tremble, jette un regard vers la tornade. Huo est pris dedans. Le feu continue à tout embraser. Je panique.

Non, non, non. Je tends la main ; essaie de contrôler l’air, de retirer le combustible qui permet d’alimenter l’incendie. Non, non, non. S’il te plaît, non. Pas ça. Pas ça. Ne me fais pas ça. Pitié. Pitié…

Le tatouage sur ma poitrine s’agite et va s’enrouler autour de mon avant-bras droit. Le temps s’arrête au centre de l’arène. Les flammes arrêtent de s’agiter, la tornade arrête de tourbillonner. La poussière reste figée dans les airs. La clameur autour de nous, elle, ne s’arrête pas. Ils nous observent toujours. Mes oreilles bourdonnent. J’ai mal.

Difficilement, je me remets sur mes jambes. Chancèle une fois de plus. Je m’avance en boîtant vers la tornade immobilisée. Ma main effleure la structure. C’est étrange, cette masse d’air et de flammes brûlantes sans aucune vie. Au moins Huo est-il à l’abri pendant ce temps. Vu son niveau de fatigue, il aurait fini carbonisé.

Une inspiration ; je créé une solide protection autour de moi avant de passer au travers. Mes muscles sont tendus au maximum alors que je traverse difficilement la surface à demi compacte. Allez. ALLEZ.

Il est là, au cœur du vortex, inconscient de ce qu’il se produit autour de lui. Je l’envie, un peu. Jette un regard à mon tatouage, où le sablier laisse s’écouler le temps qu’il me reste avant que mon pouvoir décide que je n’en pourrais plus ; je saisis Huo par le col et nous propulse hors de la tornade. Il y a à nouveau un moment où je reste comme bloquée par la structure des flammes et de l’air solide qui ne veut pas bouger ; c’est le désavantage total de ce pouvoir. Certainement…

Finalement, nous passons. Nous roulons au sol alors que ma Greffe se désactive. La tornade reprend son tourbillon. Mes bras sont complètement brûlés. Les lever me met au supplice. Contrôler le vent. Contrôler ma respiration. Prendre le temps. Abaisser la vitesse de rotation. Ma vision se brouille. Je regarde cependant derrière moi alors que la colonne d’air ralentit, puis se dissipe finalement. Sa jambe doit avoir dû souffrir lors de l’atterrissage…

Là, je vois Huo en double un instant, m’approche de lui et m’écroule à côté de lui, à bout de forces. Mon regard s’ancre au sien. Je souris. Faiblement. Fatiguée. Il tremble un peu. Mes yeux sont encore humides. J’effleure sa joue de mes doigts décharnés. Le contact autant que le mouvement me fait souffrir.

— Tu m'as fais peur, je souffle, la voix brisée.

Puis je lève la main en direction du gradin des Masters, incapable de prononcer un mot de plus. Enfin, épuisée, je me laisse entièrement glisser au sol, les yeux fermés. J’attendrai les secours comme ça. J’suis plus aux pièces, de toute manière...

Je songe brièvement que j'ai perdu le contrôle. Le feu semble vouloir tout dévorer jusqu'au bout. Même moi. Surtout moi. Ce n'est plus vraiment mon feu. Il y en a trop. Partout. J'essaye de me protéger comme je peux, de reprendre le contrôle mais c'est impossible. J'ai claqué toute mon énergie avec cette dernière attaque. Je suis vidé.

Je ne pense même pas que je pourrais créer une étincelle dans mon état. Mes vêtements commencent à prendre feu. Ma peau rougit sous la chaleur. J'ai mal. Je ne vais pas... Est-ce que je vais mourir comme ça ? Carbonisé à cause de ma connerie parce que je n'ai pas prévu que ça brûlerait aussi bien ? Je me pensais pas aussi con...

Et puis brutalement je suis en dehors des flammes. Comme si je m'étais téléporté en dehors de la tornade enflammée. Je m'écrase au sol. Non. Nous nous écrasons. Je sens sa poigne sur mon col. Elle m'a sorti de là. Comment je ne sais pas. Je suis encore trop désorienté. Je ne comprend rien. Un instant elle était devant moi au travers des flammes et juste après avec moi à l'extérieur de l'autre côté.

Ma jambe me fait très mal. Je ne pourrais pas me relever. Elle est affalée à côté de moi. Ses bras... Sa peau est brûlée de partout. Elle se relève. Tend les bras. La tornade diminue peu à peu avant de se dissiper. Je crois... Je crois que c'est fini. Elle revient vers moi, s'écroule.

Ses doigts sont rêches sur ma joue. Je tremble doucement. C'est ma faute. Il faut... C'est à cause de moi si elle a fini dans cet état. Je réalise enfin à quel point j'ai été con. J'ai la gorge serrée. Je presse doucement ma main sur la sienne. Je me sens presque trop faible pour faire plus que ça. Elle dit quelque chose que je n'entends pas une fois de plus. Mais je ne peux plus... Une larme m'échappe, roule dans le sable et la poussière de l'arène.

-Merci.

Merci de m'avoir aidé jusqu'au bout. Et pardon. Elle s'écroule par terre à côté de moi, ferme les yeux. J'hésite un instant, me redresse sur un coude. Mes lèvres effleurent sa joue et je me laisse retomber sur le dos. C'est fini.

Bon, voilà. Le combat est terminé. Je suis un peu sur le cul, comme à chaque fois que je vois un combat de passage à Master se finir. Ça a été... tendu. Ardent, aussi, sans mauvais jeu de mots. Je me souviens de la fois où je l'avait retrouvée dans les couloirs, effondrée sur les marches des escaliers, en train de pleurer. Elle ne m'a pas vraiment expliqué ce qu'il se passait - je l'ai simplement raccompagnée chez elle, et je l'ai laissée seule. On ne se connaît pas vraiment, même si on s'est déjà côtoyés en salle des Masters ; parce qu'on connaît tous les deux Mitsuki, qu'on a déjà pu discuter ensemble de sujets ou d'autres. C'est une fille calme. La voir se mettre dans un tel état de rage m'a comprimé l'estomac.

Lui aussi, par ailleurs. Il a brillé, pendant ce combat ; mais leur rage était malsaine à tous les deux. J'ai encore le bras qui tremble, et je jette un regard à Gaetano à côté de moi pour lui sourire, maladroitement. "Ça va." Moi, ça va, en tout cas. Eux... eux, je ne sais pas.

Je déglutis. Il est fort, le petit. Il le sera encore plus à l'avenir. C'est un peu effrayant, en soi. J'essaie de ne pas trop y penser. Concentre plutôt mon attention sur Yuna et Nikkou qui ont rejoint le sol de l'arène pour téléporter les deux blessés jusqu'à l'hôpital. Je me lève finalement, lisse machinalement ma chemise.

Eh bien. Voilà que nous accueillons un nouveau membre... Un sourire en coin s'étire sur mes lèvres. Bravo, Huo.

Oh merde.

Cette explosion de pouvoir. Cette tornade de flammes. Cette concentration d'énergie. J'ai serré le poing pendant tout le combat, ait suivi les mouvements, parfois difficilement, des deux combattants. Parce que ce sont en effet des combattants, pas de simples personnes faisant étalage de leurs pouvoirs. Il y a quelques trucs que je n'ai pas compris durant l'affrontement ; tout se passait trop vite, et nous étions de toute manière trop loin.

Si j'allais venir ? Bien entendu. Je suis arrivé un peu en retard, d'ailleurs ; j'avais pas fait gaffe à l'heure, et ils étaient déjà en train de se taper dessus quand je me suis installé en silence au bout d'un des gradins. Mais je ne pouvais pas louper ça. Huo et moi, on s'entend plutôt bien ; alors forcément, j'étais plutôt content de savoir qu'il allait passer Master. Je voulais l'encourager, mais je crois pas qu'il en aurait eu besoin.

Je déglutis. Les pouvoirs sont flippants. Vraiment flippants. Pourtant... Pourtant, il y a cette admiration qui ne me quitte pas. J'arrive pas à penser à autre chose. Me dire que "wow putain il a battu une master"...

D'autant que c'est pas un spectacle qu'on voit souvent.

Je me lève pour quitter l'arène, mains dans les poches, une fois que tout est fini. Les images me trottent encore dans la tête, et je songe qu'il faudra que j'aille voir Huo à l'hôpital pour voir comment il va. Je souris.

Wow.
Juste, wow.
Je ne saurais dire ce qui m'a le plus impressionné, et dire que j'étais venue pour observer, pourtant ce n'est pas la première fois que j'ai la chance d'assister à une masterisation... Mais d'une telle violence, je ne crois pas en avoir vécu une seul non. Alors que je rêvais d'analyser, je n'avais rien pu faire d'autre que retenir mon souffle, encore et toujours, n'ayant même pas la force de murmurer un encouragement.
Je voyais Aoi souffrir, et ça me faisait du mal, Aoi, celle qui m'avait appris à "voler", à qui j'avais offert un balais. Qui venait de déclencher une tornade, de l'arrêter dans le temps et... Je n'arrivais toujours pas à reprendre mon souffle, alors même que le combat semblait fini. Il avait réussi, ce Huo que je ne connaissait pas. Il l'avait battu, il avait réussi.
Bravo, chapeau. Vraiment ? Je n'osait faire un bruit, comme toute l'arène autour de moi, juste avant que tous se précipitent, guérisseurs, master, connaissances, pour tenter de les garder en état. C'était vraiment ça, une victoire ? Je voyais tout ces gens descendre avec précipitation et je restais là, immobile. Je ne pouvais rien faire et je n'aurais servi à rien en bas, de toutes façons.
J'avais juste encore du mal à réguler ma respiration. Je sentais la tension descendre, mes muscles crispés se détendre -merde, j'ai tordu mon accoudoir de fauteuil... Tout était vraiment... Tendu, fort...

_ Wow.

Juste un murmure.
Juste wow.

"WAT
KÉKESSÉTILPASSÉ ?"

Bouche grande ouverte comme une carpe koï, la rouquine a observé l'arène en la fermant, pour une fois, pendant tout le temps qu'a duré le combat. Oh, bien sûr, elle a parfois pété les tympans du petit Nirolas, mais c'était plus des hurlements de surprise ou de peur. Elle a vraiment cru, à un moment donné, que son petit cœur allait cesser de battre dans sa poitrine. Alors elle tournait un regard effrayé au jeune tonnerre, épouvantée. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait dans l'arène ; elle ne reconnut pas vraiment le feu. Il agissait uniquement avec rage, semblait pris dans un tourbillon de colère. Et il n'était pas le seul. Finalement, elle se tut, et observa simplement. Ses sourcils se froncèrent.

Son visage devint sérieux pour la première fois depuis longtemps. Elle mit à profit ces nombreuses minutes pour entrer en introspection. Trop de questions, trop de choses étranges. Il y avait un problème, et, bien qu'elle ne sut pas quoi, elle ne put s'empêcher d'y repenser pendant un moment encore.

Après, ça ne la regardait pas. Mais quelque part, elle trouvait cette exhibition malsaine. Elle trouvait ces pouvoirs malsains aussi. Lorsqu'elle les vit s'effondrer tous les deux, elle remballa ses affaires, lança un sourire troublé au jeune garçon à côté d'elle. Elle s'excusa auprès de lui et quitta les lieux. Effrayée, la gorge nouée. Elle ne viendrait sûrement plus voir les autres Masterisations, elle ne voulait pas faire de cauchemars...


HRP : VOILA j'ai posté avec tous mes persos je peux crever heureuse xD Isis comme tu m'as devancée j'aurais pu faire un strike ! /pan
<3

Trop de puissance. Partout.

Ça l'avait frappé, comme le souffle d'une explosion nucléaire... Autant les flammes... que tout le reste. Nicolas se plia sous le coup, pris d'un léger tremblement, attrapant son maillot au niveau de son cœur avec autant de discrétion que possible pour ne pas inquiéter Aria -qui de toute façon semblait elle aussi avoir compris qu'il se passait bien plus de choses qu'on ne pouvait le voir, au vu de ses sourcils arqués, visage concentré inhabituel pour elle-.

Nicolas serra les dents, trop de choses d'un coup. De mauvais souvenirs, des belles inconnues, de la chaleur bouillante de la haine à la froideur d'une tristesse sourde, Huo lâchait une vanne terrifiante de sentiments et de flammes qui faillit lui donner la nausée. Il préféra fermer les yeux... Attendre que tout finisse... que tout s'achève... comme toujours...

Il ne leva pas tout de suite la tête, il regarda ses pieds un instant, sachant bien que c'était terminé. Pas besoin de voir de ses yeux qu'il avait réussi... Il le sentait. Il se redressa toutefois en voyant Aria quitter précipitamment l'Arène. Il hocha la tête en déglutissant à ses excuses silencieuses... Là, elle était toute excusée.

Il s'adossa à son siège, il voulait attendre que tout le monde sorte avant de vérifier qu'il était toujours capable d'utiliser ses jambes...

Trop de puissance. ...de puissances.
Et l'on pouvait tous atteindre cette extrémité.
C'était terrible... devant tout ces regards...
La force d'un être humain. Plus fort que les mots. Plus aveuglants que la lumière. Plus assourdissant que la guerre.

Nicolas avait peur.

HRP : Bordel de coude je devrais être en train de coder nom de kdjghdfkjgh ! *y retourne direct* J'ai même pas le temps de me faire un café ! Z'êtes contents de vous x( !... Non en vrai, j'ai trop de joua en moi ♥ ! Gg bro !