Je ne savais tout simplement plus quoi faire. J'avais tourné toute la matinée dans ma chambre. J'avais recommencé la même chose dans la cuisine, aux alentours de midi. Mokona et Modoki tournoyaient autour de moi, me préparant un repas auquel je n'avais qu'à peine toucher.
Mes yeux se fixèrent sur la pluie qui s'abattait sur la fenêtre. Un soupir m'échappa. J'avais vraiment merdé... Je m'en voulais tant. J'avais blessé Joyce, et j'avais trahi la confiance d'Ys. Qu'est-ce que je pouvais faire de plus, hein ? Après tout, j'avais déjà détruit Allen plusieurs mois plus tôt. Enfin, vous me direz : si, je pouvais faire plus : je pouvais me mettre Aoi à dos !
Croyez-moi, si j'en arrive là, vraiment, j'abandonne tout. Je pars de Terrae, quitte à fuguer, et je me force à trouver un truc pour me changer les idées. Des années plus tôt, quand j'étais encore gamine, Maman m'avait raconté qu'elle s'était disputée avec Papa. Elle ne voulait pas l'encaisser et l'admettre, alors elle était partie au Sahara. C'est là qu'elle avait développé mieux que jamais sa capacité à créer des robots. Elle avait rejoint une organisation technologique et avait passé de longs mois là-bas, à attendre, laissant le temps effacer la douleur. Mais elle était fière, parce qu'elle n'avait jamais cédé, et elle n'avait jamais craqué. Elle avait pris sur elle, et elle avait encaissé, sans déranger personne d'autre. Et croyez-moi, ça a l'air simple comme ça, mais en réalité, c'est bien plus facile à dire qu'à faire.
Je relevai la tête alors que Mokona et Modoki s'était arrêté de voler à un centimètre de mon nez. Ok. Alors croyez-le ou non, c'est limite si je dois pas rendre des comptes à mes robots. C'est dingue quand même.

-C'est rien, vous inquiétez pas.

Et là, ils se sont décomposés. Je suis une si piètre menteuse que ça ? Vous êtes vraiment nazes. M'offrant un câlin plein d'amour, les deux petites bêtes robotiques s'éloignèrent ensuite pour aller se mettre en veille sur la table basse du salon. Je ne devais pas oublier qu'ils n'étaient que des créatures mécaniques... Ils ne pouvaient pas encaisser ma peine.
Je rangeais ce qu'ils m'avaient préparé sans en manger, et, finalement, après avoir croisé mon regard dans la glace, je décidais qu'il était temps pour moi d'affronter mes démon -et, surtout, de prendre mon courage à deux mains.
Je franchis la porte de ma maison. Je rentrai, dépitée. Oui parce qu'il n'y a que moi pour oublier de prendre son parapluie sous une pluie torrentielle. Déjà trempée, je ressortais, cette fois-ci sous mon parapluie, et partis en direction de l'Institut. J'arrivais en bas des marches et je soupirai. J'étais bien contente d'être Master juste pour ça : ne plus avoir à me taper tous les étages pour retourner à ma chambre à chaque fois que j'en avais besoin. Et encore... Je dois quand même aller en salle des Masters régulièrement. Je pense que le prochain projet que je proposerais à Hideko, ce sera d'installer un ascenseur. Voire deux. C'est toujours utile.
J'arrivais finalement devant la porte de la chambre de Joyce. Je levai ma main pour toquer, m'arrêtai, hésitai. Puis, finalement, je frappai deux coups francs. Fallait que j'arrête de toujours hésiter ! Ca en devenait pesant...
Maintenant, je croisais les doigts pour qu'elle soit là.

La haine. J'avais la haine. Je frappai contre ce sac de boxe depuis des heures et pourtant, ma soif de colère n'était jamais rassasiée. J'en avais assez. Je ne voyais plus Liam, qui avait visiblement disparu de ma vie. Quand à Misao et Ys, même s'ils ne le montraient pas, je savais que la situation était loin de les rassurer.
Et Mitsuki? Depuis notre dispute, je n'avais aucune nouvelle. Je lui en voulais toujours autant pour les mots prononcés ce jour là. Elle n'avait pas le droit. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle me manquait. Sa bonne humeur et sa folie étaient deux vertus qui autrefois suffisaient à ranimer ma joie. Quand à ma rancœur, elle était amoindrie par ma douleur. Mais impossible de faire le premier pas, encore une fois. Trop fière.

J'étais si furieuse que je ne sentis pas mon pouvoir gonfler en moi, et le sac de boxe finit par recevoir une jolie trace de brûlure. La toile brûlée sentait la mort, comme un douloureux présage du futur que l'on pouvait alors envisager.
Cet incident marqua la fin de mon entraînement. Je remontai péniblement à ma chambre, récupérant un legging noir ainsi qu'un pull kaki et je filai à la douche. Dehors, la pluie avait commencé à couler, et bientôt, un torrent tombait du ciel assombrit.
Sortie de la douche, je m'attachai les cheveux en une queue de cheval blonde comme les blés, et je filai à la cafétéria pour grailler une pauvre assiette de pâtes. Même pas faim. J'ai soupiré. Il faudrait bien qu'un jour j'aille voir Mitsuki. Mais les mots amers de notre dernière entrevue suffisaient encore à me retenir d'aller frapper à sa porte.

Lentement, je remontai les escaliers, arpentant les couloirs sans me presser. Je ne voulais pas retrouver la solitude de ma chambre qui avait finit par trouver un certain ordre. Rangée, elle était plus accueillante à présent. Mais pour qui l'était-elle? Peut-être pourrai-je aller toquer chez Liam ce soir, et m'expliquer enfin avec lui, prenant enfin mes responsabilité vis à vis du mal fait, et de mon rôle de petite-amie ratée.
Mais alors que j'arrivai dans la partie feu, mon regard étonné tomba sur le pas de ma porte, où une jeune femme toquait. Elle pouvait toujours attendre une réponse, puisque j'étais dans le même couloir qu'elle, figée, le regard dur.

- Qu'est-ce-que tu fiches ici?

Les mots étaient sortis seuls, sans que je n'ai eu le désir qu'ils soient prononcés. Mais ils étaient criant de vérité. Que faisait-elle en ces lieux? J'ai soupiré, m'avançant et je l'ai doucement poussée, ouvrant la porte.

- Aller entre. Visiblement, on a des choses à se dire.

Ce n'était pas ce soir que j'irais régler mes comptes avec Liam visiblement. Non. Mitsuki m'avait devancé. Il ne restait plus qu'à espérer qu'elle ne soit pas aussi vive que la fois précédente. Cette fois-ci, je la brûlerai vive.

Alors que je croisais le regard de Joyce, mon coeur rata un battement. La suite acheva de me démoraliser totalement. Mon coeur se serra alors que je la fixais glisser la clé dans la serrure. D'accord. J'étais probablement bien naïve si j'avais cru que ça se passerait autrement. Je vivais certainement au pays des bisounours. Mais là, clairement, elle était méchante, non ? J'essayais de faire le premier pas et...
Et si je m'en allais ? La fuite, c'est parfois mieux pour ne pas être encore plus blessée. En même temps, la fuite c'est aussi le meilleur moyen pour ne pas réussir à arranger les choses, ou au moins essayer de le faire.
Un frisson me parcourut l'échine, glaçant mon sang. Joyce venait d'ouvrir la porte et m'invitait, plus ou moins poliment, à entrer derrière elle. Ok. Prends ton courage à deux mains Mitsu. Vas-y. Tu peuuux le faire. On y croit...
Je refermai la porte derrière moi et quand je me tournai, Joyce avait le regard rivé sur moi, attendant visiblement quelque chose. Respiiire ça va le faire. Au pire, tu sais quoi ma belle Mitsu ? Tu t'excuses et tu te casses. Hop, ni vu ni connu.
Vous savez, Terrae a beau m'avoir offert pas mal de pouvoirs, il y a un pouvoir que je regrette de ne pas avoir. C'est le pouvoir de sauvegarde. Comme dans les jeux. Vous sauvegardez, et après, en fonction de la suite, vous chargez la dernière sauvegarde. Ca éviterait pas mal de problème si vous voulez mon avis. Le voyage dans le temps, clairement, c'est plutôt sympa à envisager.

-Je... balbutiai-je.

Ouais, bah c'est clairement pas convainquant. Et à voir la tête que me fait Joyce, elle attend la suite. Bon, en même temps, je pense que tout le monde attendrait la suite après ça.

-Je voulais m'excuser pour l'autre jour.

Je ravalais difficilement ma salive. C'est pas comme si j'avais déjà essayé de le faire la dernière fois mais... J'admets volontiers que la situation ne s'y prêtait pas tellement. Peut-être que là, avec le temps qui a un peu passé, et une ambiance un tantinet moins explosive, ça passera mieux...?

-Et tu me manques aussi...

Vous savez quoi ? J'arrive même pas à savoir si c'est de trop ou pas. Parce qu'en même temps, c'est un peu vrai. Et j'aimerais bien essayer d'arranger les choses à ce sujet...

- Ecoute ma chérie, aujourd'hui, il faut être gentille d'accord? Maman a eu une très grosse dispute avec tata Cassy et elle est très triste.

- Dis papa, c'est grave? Pourquoi on la voit plus tata Cassy?

- Parce qu'elle ne veut plus voir maman ma puce. Elles ont eu une grosse dispute  et tata Cassy est très fâchée.

- Comme maman quand je range pas ma chambre?

- Plus encore. Maintenant, tu veux bien aller voir maman et l'aider en cuisine? Je suis sûre que ça lui fera plaisir.

- Oui! Mais tu sais papa, plus tard, je me disputerai jamais parce que ça fait trop de bobo aux gens qu'on aime!

- Tu as bien raison mon petit ange. Aller file.

Pourquoi repense-t-on toujours aux bons moments aux mauvais moments? Pourquoi l'image de mon père m'était apparu? Pourquoi maintenant? Pourquoi si vivement?
Depuis ce jour-là, alors que je n'avais que quatre ans, je n'avais plus revu ma tante Cassy. Elle n'était même pas là aux funérailles de papa. Quand à celle de Vincent et maman, elle avait été là, regrettant sa dispute violente avec maman. Elles étaient des amies proches au lycée, si bien que Cassy et moi n'étions pas de la même famille. Je n'ai jamais su pourquoi elles s'étaient toutes deux disputés. Je n'avais jamais posé la question.  J'avais seulement perdue ma tante, et ma mère en était désolée et triste. Le reste, je ne voulais pas le connaitre, ça ne me regardait pas.
La promesse faîte à mon père me revint alors en mémoire, et je soupirai, vaincue. Visiblement, j'étais plus mature alors âgée de quatre ans qu'aujourd'hui.

Quand Mitsuki pénétra dans ma chambre, je la suivis avant de la dépasser, attendant une réponse de sa part, expliquant sa présence devant ma porte.
Elle balbutia, visiblement nerveuse. Était-elle là pour s'excuser? Ou seulement pour les entraînements? J'avais dit à Ys que je me battrai certes, mais avais-je encore le cœur à le faire avec elle? Elle m'avait traité à demi-mot de lâche et d'insensible... Comment avait-elle pu?

-Je voulais m'excuser pour l'autre jour.

C'était déjà un début. Moi aussi j'aurais pu. Mais m'excuser de quoi au juste? De ne pas le lui avoir dit? De ne pas avoir démentis? D'abandonner? Ou de lui en avoir voulu? C'était idiot et hors de propos.

-Et tu me manques aussi...

- Et ça y est? Une excuse et on oublie? Désolée mais ça ne marche pas comme ça Hojitake. Je ne crois pas avoir mérité les mots de la dernière fois, et je ne pense pas avoir quoi que se soit à me reprocher. Certes, ma réaction était excessive mais tout de même.

Je pris une pause, consciente de ma cruauté. Mais cela faisait trop mal. C'était la première fois que je l'appelai ainsi aussi, instaurant une telle distance entre nous. Misao avait raison, ce n'était pas parce que la nouvelle était une véritable bombe que les autres avaient le droit de m'en foutre plein la gueule. Je n'étais pas responsable de mon état.

- Néanmoins vous avez raison. Je dois me battre. Et si vous pensez que devenir master pourrait me sauver, alors je veux bien essayer.

Je soupirai.

- Quand au manque... Toi aussi tu me manques. Mais que tu es pu penser ça de moi... Ça me révolte et ça me blesse. Je ne suis pas comme ça et je ne le serai jamais.

Il allait visiblement falloir une longue conversation avant qu'on ne puisse accorder nos violons...

C'est presque comme parler à un mur, sauf que le mur, lui, il a un avantage : il ne risque pas de me blesser.
Face à elle, je ne sais même plus ce que je dois dire ou penser. Je m'excuse, encore, toujours, sans cesse à vrai dire, et pourtant, j'ai l'impression que ça ne change rien. Quoi que ce n'est pas une impression, c'est le cas. Alors qu'elle prononce mon nom de famille pour s'adresser à moi, un frisson me parcourt l'échine. C'en est presque trop. Je ne comprends même plus pourquoi elle m'en veut autant. D'accord je n'ai pas été gentille. J'ai même été égoïste. Sauf que je me suis excusée. Maintes fois. J'ai essayé de lui faire comprendre que je m'en voulais ; j'ai aussi voulu lui faire comprendre que tout ce que je faisais, je le faisais pour elle, pour l'aider, pour essayer, peut-être, de trouver une solution. C'est pas facile d'être mourante, je le sais, et je le comprends. C'est pas facile d'en parler non plus, je le sais pour n'en avoir parlé à personne. Je peux lui pardonner un tas de choses, mais malgré tout ça, malgré moi, malgré ma volonté, je ne pourrais plus lui pardonner si elle repousse sans cesse mes excuses et ne tente pas, un tant soit peu, de faire un effort. J'ai tout simplement tout essayé. Je ne sais même plus exactement ce que je lui ai dit ce jour-là, j'étais dépassée, et elle aussi d'ailleurs. Alors pourquoi cette haine qui persiste ? Pourquoi ne veut-elle pas essayer de m'aider un peu, me donner peut-être la chance de me faire pardonner ? Parce que comme la situation se déroule actuellement, j'ai l'impression que toutes les portes du pardon sont fermées...
Encaissant le choc, ne voulant pas envenimer les choses, je baissai les yeux, respirai doucement. Un point était à retenir : nous avions raison, elle devait essayer de se battre, et dans la continuité, devenir Master.
Je n'arrivais pourtant pas à relever le regard vers elle. Peut-être était-ce parce que j'étais déçue. Je pensais que ça se passerait différemment. Je pensais qu'elle s'excuserait, elle aussi. J'ai peut-être été plus blessante qu'elle, à dire vrai je ne sais même plus, je n'arrive tout simplement plus à analyser la situation... Mais elle a été blessante, elle aussi. J'étais totalement désarmée, je ne savais même plus ce que je devais faire. Je ne dis pas qu'elle aurait dû me remonter le moral et me tapoter le dos à coup de "Mais non, tu verras, je suis mourante mais c'est pas grave !". Certainement pas même, ça aurait été stupide. Mais elle n'avait pas non plus à me crier dessus, à me reprocher d'être au courant. Elle aussi, elle a déversé toute sa colère sur moi après tout. Et j'ai encaissé. Alors même si j'ai été méchante, même si je le regrette, moi, je me suis excusée. Ce qu'elle n'a pas fait. Et j'ai beau faire tous les efforts du monde pour ne pas le montrer, ça me blesse.

-Je n'ai jamais pensé ça de toi...

Malgré moi, je ne pus m'empêcher de me dire que son emportement était peut-être dû à son âge. Elle avait beau être mature, certaines choses ne s'améliorent qu'en grandissant... C'était sans doute un peu audacieux d'avancer ça, compte-tenu de mon propre caractère. Mais j'avais besoin de trouver une explication, au moins infime, j'avais besoin de m'expliquer tout ça pour pouvoir l'accepter et le dépasser plus facilement.

-Je m'excuse pour tout ce qu'il s'est passé cette fois-là. Je ne vois plus quoi dire de plus. Je m'en veux. Et je m'excuse. Maintenant si tu ne veux pas les accepter alors je pense qu'il est préférable pour moi de partir là plutôt que de risquer d'aggraver les choses.

Elle me manquait. Beaucoup. Mais si elle n'était pas prête à me pardonner alors ça ne servait à rien que je me fasse plus de mal encore...

-Je n'ai jamais pensé ça de toi...

C'est seulement à ce moment là que je vis à quel points j'avais pu la blesser. Merde non... Ce n'était pas ce que je voulais. Je ne l'avais jamais voulu et ne le voudrait jamais. Mon regard s'adoucit et la fureur quitta mon être. Comment avais-je pu me montrer si froide? Si immature? J'ai soupiré. je n'étais pas comme ça. OK, elle m'avait blessé, mais Mitsuki n'en avait jamais eu le but. Quand à moi, j'avais déversé ma colère sur elle alors que c'était à Ys que j'en voulais. Quelle idiote...
J'ai tenté de trouver mes mots, de savoir quoi faire ou quoi dire. Mais y avait-il quelque chose à ajouter? Quelque chose à dire? A faire? Rien ne me venait en tête, le cœur commençant à se fissurer. Tout était calme dans la chambre, et la fenêtre fermée nous permettait de ne pas entendre les bruits du monde. Il n'y avait qu'elle et moi, notre rancune, nos regrets et notre culpabilité.
A quel point avions nous brisé notre amitié? A quel point pourrions nous recoller les morceaux? A quel point nous étions nous éloignée? Elle me manquait énormément, et je mentirai si je disais que je n'avais pas pensé aller la voir pour régler les choses. Mais impossible, je me trouvais toujours une excuse. Et le jour où elle fait le premier pas, je la chasse? Mais quel genre de monstre étais-je donc?

-Je m'excuse pour tout ce qu'il s'est passé cette fois-là. Je ne vois plus quoi dire de plus. Je m'en veux. Et je m'excuse. Maintenant si tu ne veux pas les accepter alors je pense qu'il est préférable pour moi de partir là plutôt que de risquer d'aggraver les choses.

- Non Mitsuki attends...!

J'ai baissé la tête, me passant une main dans les cheveux. On fait comment pour se rattraper quand on a tout foutu en l'air sous le coups de l'émotion, et ce, deux fois de suite?

- Je suis désolée moi aussi. Je n'aurais pas du déverser ma rancoeur sur toi l'autre jour. J'en voulais à Ys, et c'est toi qui a prit... Je te pris de m'excuser. Quand à mon attitude actuelle... Je n'ai pas d'excuse, je suis ignoble. Tu fais le premier pas et je te renvois dans tes buts. Je peux vraiment être conne des fois... Désolée.

Je pris une pause et je vrillai mon regard au sien. Pouvais-je croire en une réconscilliation?

- Tu me manques Mitsu... Mon amie me manque. Nos sorties et nos conversations aussi... Et... Et quitte à devoir travailler, je n'imagine pas meilleur professeur que toi.

Un rire nerveux me prend et je m'avance d'un pas vers elle.

- Pourrait-on... Oublier cette histoire et retrouver notre complicité? Vraiment Mitsuki je m'en veux horriblement... Tu as raison quand tu dis que l'on ne peut rien faire de plus que s'excuser... On a déconné autant l'une que l'autre et... Ça n'aurait pas dû prendre une telle ampleur. Je suis sincèrement désolée. Mais je voudrais juste... J'aimerai retrouvé mon ami et oublié jusqu'à la raison de notre dispute.... Je te demande juste pardon Mitsuki. Je ne suis qu'une idiote.

Je restai un moment silencieuse, refusant de m'ouvrir totalement par peur d'être brisée. Mais Mitsuki ne s'en servirait pas pour me détruire et je le savais. Mitsuki et moi étions silencieuse, car bien des choses avaient été dîtes. Mais me pardonnerait-elle?

- Par pitié Mitsuki, ne t'en va pas... M'abandonne pas! Je n'ai plus que vous...!

Et le vous  la désignait elle, mais aussi Ys, Liam, Kyle, Misao... Tous ceux que j'aimais sans concession. Ils étaient ma seule famille. Ils étaient ce qui me retenait sur Terre. Ce qui me permettait de croire en ce fol espoir qu'était celui de me sauver. Sans eux, que me restait-il si ce n'était mes larmes?

Alors que j'esquissais un mouvement en direction de la sortie, la voix de Joyce attira mon attention et me força à faire volte face. Mes yeux trouvèrent le courage de se lever vers elle et j'aperçus que cette fois-ci, en quelques sortes, les rôles étaient inversés... Joyce baissait la tête, et je sentais à son énergie qui tourbillonnait en elle qu'elle était troublée. La situation me mettait mal à l'aise. Je n'étais pas habituée et je ne savais pas comment réagir.
Les mots de Joyce me réchauffèrent le coeur et une ébauche de sourire naquit sur mes lèvres, faible mais pourtant terriblement sincère. Elle trouva la force de relever les yeux vers moi et s'avança dans ma direction. Je ressentais la même chose qu'elle, si ce n'est que je n'étais pas d'accord sur le fait que je sois le meilleur professeur pour elle. Encore une idée d'Ys... Je ne dis toutefois rien, ne voulant pas briser son élan, et surtout détruire cet instant.
Il faut du courage pour reconnaître son erreur, il en faut davantage pour s'excuser. J'avais attendu des excuses de sa part, certes. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle aille si loin. Je ne méritais pas tant d'attention.
Ses dernières paroles suffirent à envisager la suite. Aucun mot n'allait me venir, aucune idiotie non plus, rien, alors, anticipant à l'avance mon geste, peut-être un peu trop spontané, peut-être pas, qui sait ? je laissai mon sourire s'étendre délicatement sur mes lèvres, et je m'avançai à mon tour vers elle, les bras écartés, la serrant dans mes bras.
Je ne sais pas discuter normalement, je ne sais pas me disputer, mais en conséquence, je ne sais pas non plus me réconcilier... Le geste m'avait paru adéquat, autant qu'il m'avait semblé nécessaire à mon propre réconfort. Je voulais retrouver ce que nous avions perdu, récupérer cette once de chaleur qui habitait autrefois nos conversations.
Resserrant mon étreinte quelques secondes avant de me reculer et de lui faire face, je lui offris un joli sourire, pas bien grand, mais qui avait le mérite de refléter ce qui se déroulait en moi.

-Laissons ça derrière nous. Je ne veux plus en parler. Ca nous fait trop de mal, à toutes les deux.

Nous nous étions excusés. Nous avions exagéré ce jour-là, mais nous avions été emportées par nos sentiments. En même temps, une Tonnerre et une Feu qui se disputent, vous vous attendiez à quoi ? A ce que tout ce qui sort de nos bouches soit logique et réfléchi...? Il n'était plus nécessaire de revenir dessus. Y revenir sans cesse ne nous permettrait jamais de nous réconcilier vraiment...

-Concernant tes entraînements... Tu n'es pas obligée de faire ça avec moi, tu sais. C'était l'idée d'Ys à l'origine... D'autres Masters te correspondraient probablement mieux.

J'avais beau ne pas avoir conscience de tout, je savais que j'étais particulière. Pour vouloir travailler avec moi, il faut s'accrocher. Dans la catégorie "Tonnerre", je suis probablement la plus changeante d'entre nous...

-En tout cas ça me fait plaisir ce que tu m'as dit. Je m'excuse une nouvelle fois aussi et... Moi non plus, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, sans vous en général.

Allen, Aoi, Ys et Joyce. Mes amis les plus proches. Il y avait bien d'autres personnes que j'affectionnais, mais je les voyais moins souvent. La vie ne nous permet probablement pas d'être parfaitement proche de tant de monde à la fois.

-Et j'espère que je ne t'ai pas dérangé dans quelque chose d'important en débarquant comme ça...

Il y a bien des choses que je regrette dans ma vie, mais parmi elle, ce sont les refus de bonheur que je me suis imposée qui me démoralise le plus. Quand papa est mort, je ne me suis pas sentie le droit de sourire de nouveau. Quand Vince et Maman l'on rejoint dans les limbes, j'ai refuser de les rejoindre, avec pour seule volonté celle de m'accorder cette punition, pour cause de leur mort à tous les deux. Je n'étais pas vivante parce que je l'avais voulu, mais parce que je m'y étais obligée. Mais ça, personne ne le savait. Pas même Ys ou Liam.
Quand bien même j'ai choisi de rejoindre Terrae à la fin de mon traitement, la vérité est que je n'ai jamais permis au bonheur de m'effleurer. Il était trop éphémère, trop inconstant pour moi. Mais ça là? Sentir l'amitié, l'amour et l'espoir vous envelopper en leur sein, vous protégeant du malheur?
Voir son amour se battre pour ne pas vous laisser seule face à tous ça, son frère se battre pour lutter contre vous, malgré tout, afin que vous acceptiez de vous battre, et vos amis les plus proches se démener pour trouver des moyens de vous sauvez? Il m'était impossible de ne pas y voir le bonheur ou l'espoir. Ils étaient tous resté, pas un n'avez fuis. Ils étaient toujours là, malgré que je les repousse ou que je les blesse, et Mitsuki était là pour me le prouver.

Le geste, s'il me surprit, me laissa bien coite. Mitsuki avait une noblesse d'esprit dont j'étais dépourvue. Je suis restée un instant, les bras ballants, ne sachant comment réagir. Et puis j'ai lentement refermé mes bras autour d'elle, la serrant doucement contre moi, rassurée de sentir encore sa présence dans ma vie. L'étreinte fût brève mais nécessaire et agréable. Cela faisait du bien.

-Laissons ça derrière nous. Je ne veux plus en parler. Ça nous fait trop de mal, à toutes les deux.

J'approuvai d'un hochement de la tête, un fin sourire rempli d'espoir aux lèvres. Elle avait raison. Pourquoi devrions-nous nous étaler, alors que nous avions déjà tout dit?

-Concernant tes entraînements... Tu n'es pas obligée de faire ça avec moi, tu sais. C'était l'idée d'Ys à l'origine... D'autres Masters te correspondraient probablement mieux.

- Peut-être. Mais aucun d'eux ne fait parti de ceux que je voudrai voir le jour où je réussirai. Toi si.

Parce que oui, je voulais qu'elle soit là. Comme Ys, Liam ou Misao. Je voulais que chacun soit là le jour où je réussirai à vaincre ma maladie. Parce que oui, j'y arriverai.

-En tout cas ça me fait plaisir ce que tu m'as dit. Je m'excuse une nouvelle fois aussi et... Moi non plus, je ne sais pas ce que je ferais sans toi, sans vous en général.

Un sourire franc ourla mes lèvres, et je ne fis rien, ni pour l'en empêcher, ni pour répondre. Sans eux, je n'étais que peu de choses. Ils étaient mon bonheur le plus sincère, et mon espoir le plus grand. Comment faire alors, pour m'imaginer sans eux et leur folie?

-Et j'espère que je ne t'ai pas dérangé dans quelque chose d'important en débarquant comme ça...

Je souris.

- Absolument pas. Je comptai essayer de jouer un peu.... Ça te tente qu'on aille boire un verre? Je suis sûre que tu as des choses à me raconter! Moi en tout cas, j'en ai plein!

Mon sourire n'avait jamais été aussi franc.

Lorsque Joyce m'affirma que c'était moi qu'elle voulait comme professeur, je sentis une sensation de chaleur se répandre dans mon coeur. Je lui adressai un sourire léger et hochai délicatement la tête, sans rien ajouter. Elle serait mon élève alors. J'espère que je serais à la hauteur... Je n'ai jamais conseillé quelqu'un d'affinité Feu. Mais je suis persuadée que ça le fera !
Laissant derrière nous ce passé douloureux, mon amie me proposa d'aller boire un coup. Je souris largement et hochai vivement la tête.

-Très bonne idée ! Même si je ne suis pas sûre d'avoir des idées sur ce que je peux avoir d'intéressant à te raconter !

Je lui offris un sourire léger tandis que nous quittions sa chambre et qu'elle refermait la porte derrière elle.

-Vous avez avancé sur vos chansons pour votre prochain concert ? m'enquis-je alors que nous traversions le couloir. Ys ne m'en a pas trop parlé alors...

Il ne me parle surtout plus. Et moi non plus, du coup. Parce que si j'ai trouvé le courage d'aller voir Joyce, c'est plus dur de trouver celui d'aller voir Ys. En un sens, je comprends un peu Joyce. J'avais été méchante avec elle la dernière fois, et c'est moi qui suis allée la voir pour m'excuser. En ce qui concerne ma dernière entrevue avec Ys... C'est plutôt lui qui a été blessant. Mais enfin. Je n'ai pas envie d'y penser.

-Sinon, je vais bientôt travailler sur un nouveau projet pour Terrae ! Je vais proposer d'installer un ascenseur à l'institut, voire deux, c'est à voir. Ce sera quand même plus pratique que de descendre et monter toutes les marches chaque jour... déclarai-je alors que nous commencions à descendre les escaliers.

Croisons les doigts pour que la conversation ne tombe pas sur Ys. Même si j'en doute. Cela étant, je retiens que Joyce m'a dit avoir plein de choses à me raconter... Alors si c'est possible, je vais passer mon temps à renchérir sur ce qu'elle dit pour éviter ce sujet piquant qu'est Ys. Ce sera beaucoup mieux ! Et puis je préfère parler des autres que parler de moi. Habitude qui s'est ancrée. Probablement parce que la seule personne à qui je racontais mes histoires était Allen. J'ai pas besoin d'en parler aux autres, si lui est là. Et puis après il y a eu Aoi, quand on est arrivés à Terrae. Ca fait déjà deux personnes à qui je raconte ma vie. C'est beaucoup !

-Très bonne idée ! Même si je ne suis pas sûre d'avoir des idées sur ce que je peux avoir d'intéressant à te raconter !

J'ai choppé mon cuir et mon sac et je l'ai suivis dehors, fermant ma porte. J'étais rentrée dans ma chambre furieuse et j'en ressortais heureuse. Que demande le peuple? Souriante, nous nous sommes dirigée vers la sortie de l'institut, direction le village, pour aller boire un verre. Nous retrouvions peu à peu nos habitudes.

-Vous avez avancé sur vos chansons pour votre prochain concert ? Ys ne m'en a pas trop parlé alors...

- Oui on avance pas mal, fin sauf sur une où on a du mal. Mais c'est moi qui ralentit le groupe. C'est une de mes compos, et c'est aussi la cause de mon étoilisation. Disons qu'elle est particulière, et c'est l'ouverture du concert. Alors faut bosser. Mais sinon oui on avance bien.

Je pris une pause tandis que je réfléchissais. Visiblement, Ys et Mitsu était toujours aussi distants. Quels idiots! Ys maudit sois-tu tu ne m'avais pas écouté! Tête de mule! Mitsuki te manquait, tu lui manquais où il était le problème?! Et dire que c'était lui qui m'avait dit qu'entre Liam et moi c'était évident... L'hôpital qui se fout de la charité!

-Sinon, je vais bientôt travailler sur un nouveau projet pour Terrae ! Je vais proposer d'installer un ascenseur à l'institut, voire deux, c'est à voir. Ce sera quand même plus pratique que de descendre et monter toutes les marches chaque jour...

Je rêve où elle essayait d'éviter un certain sujet épineux portant le nom de mon grand frère? Nan Mitsuki, tu t'en sortiras pas si bien tu vas voir!

- Ben c'est sûr que sauf pour les tonnerre lunaire, nous, on rame! Attends c'est chaud les étages quand même!

J'ai ris un peu tandis que l'on avançait plus encore vers notre destination. J'ai repris mon sérieux et les mains dans les poches, fixant loin devant moi, j'ai lancé, nonchalante.

- Bon alors avec Ys? Vous ne vous parlez toujours pas? Ce qu'il peut être têtu! Je lui ai dis pourtant la dernière fois. Il ferait mieux d'admettre qu'il apprécie les gens plutôt que de les fuir!

Ouai. J'aime foutre la merde. Mais avouez que sur le coups, j'ai eu raison! Ys fuyait ses sentiments, et je ne pouvais que le comprendre. Mais ils nous rattrapent toujours, il s'en rendrait bien compte, tôt ou tard. Et ce jour-là, je le charrierai comme il faudrait.

HRP:

Ca, c'est une attaque frontale où je ne m'y connais pas ! J'eus un rire nerveux à l'instant où elle prononça sa phrase. Ca veut dire quoi ça ? Ca veut dire quoi "il est têtu" blablabla ? Je sentis le rouge me monter aux joues malgré moi.

-Mais il ne m'apprécie peut-être pas autant que tu le penses... Enfin, je sais pas pourquoi tu dis ça d'ailleurs. Tout va bien entre nous.

Ouuuuh la menteuse. Elle est... Ouais, taggle. Je m'emballe. En plus, je dis n'importe quoi, il m'adresse plus un mot depuis des semaines. Et je vois même pas pourquoi je mens à Joyce. Parce que c'est vraiment ridicule. Je cache quoi au juste ? Ok, j'ai été un peu méchante, mais c'est lui qui m'a jetée comme une vieille chaussette quand même...
Me mordillant la lèvre inférieure, j'avouai :

-Nan, bon, tu as raison... On ne se parle plus. Je sais même pas pourquoi j'ai essayé de te mentir. Je voulais pas que tu t'inquiètes...

On vient seulement de se retrouver, quoi... Maiiis en même temps, ça m'énerve cette situation avec lui, je comprends pas, ou alors mon inconscient m'empêche de comprendre, je sais pas. Mais vraiment, ça m'énerve, ça lui a pris soudainement, et j'ai pas compris pourquoi en vrai !

-Mais bref, voilà. On ne se parle plus... La dernière fois que je suis allée le voir il a été très froid, très distant, et pour ainsi dire très clair, alors... J'ose pas aller le voir.

Je me passai une main dans les cheveux. Et si on changeait de sujet, hein ?

-Comment ça va toi avec... Comment il s'appelle déjà ? Ce garçon qui est avec vous dans le groupe...

-Mais il ne m'apprécie peut-être pas autant que tu le penses... Enfin, je sais pas pourquoi tu dis ça d'ailleurs. Tout va bien entre nous.

Moque toi de moi je te dirai rien! Que ce soit Ys ou Mitsuki, tous deux avaient visiblement du mal à admettre qu'on puisse sincèrement tenir à eux. Et dans leur cas, c'était bien plus que de l'amitié, c'était évident. Et navrant. Et sincèrement chiant. Parce que OK, ils étaient bien mignons, mais merde, même moi j'avais osé avouer mes sentiments! Cette fois, Ys avait plus d'excuses!

-Nan, bon, tu as raison... On ne se parle plus. Je sais même pas pourquoi j'ai essayé de te mentir. Je voulais pas que tu t'inquiètes...

Je la laissais parler, patiente, attendant qu'elle me dise tout. Si je la coupais, je prendrai le risque qu'elle n'ose plus rien dire. Et autant éviter non?

-Mais bref, voilà. On ne se parle plus... La dernière fois que je suis allée le voir il a été très froid, très distant, et pour ainsi dire très clair, alors... J'ose pas aller le voir.

Je n'ai pas pu me retenir de sourire, et un petit rire m'a même échappé. C'était loin d'être moqueur, mais j'avais du mal à comprendre comment Mitsuki pouvait autant se voiler la face.

- T'es vraiment nulle. Et lui aussi, peut-être même plus que toi... Pour ce qui est de protéger les autres, vous êtes des as, mais quand il s'agît de vous, y a plus personne. Tu devrais vraiment essayer de lui parler. Mais il faut que tu l'y forces. Il y a des choses que tu devrais savoir, je pense que ça t'intéresserait. Et au cas où tu en doutes, je pense qu'Ys t'apprécie bien plus que tu ne le penses. Il te respecte énormément, et la preuve en ai ce qu'il a fait pour moi. C'est parce qu'il a une confiance aveugle et un putain de respect pour toi qu'il m'a confié à tes soins miss.

Elle avait pas l'air à l'aise, et j'ai accepté facilement qu'elle change de sujet, l'air de rien. Comme si je la connaissais pas la fourbe!

-Comment ça va toi avec... Comment il s'appelle déjà ? Ce garçon qui est avec vous dans le groupe...

- Avec Liam? Disons que j'accepte peu à peu ce qu'il s'est passé sur le toit ce jour-là. C'est encore difficile, surtout quand on sait que j'ai faillit le tuer, mais j'ose espérer pouvoir me pardonner comme il semble déjà l'avoir fait... Mais sinon... Je file le parfait amour!

Un tendre sourire effleura mes lèvres à la mention de Liam. Bordel, j'étais vraiment accro à ce mec. C'était flippant quand on y pense, et je doute avoir été très confiante sur le sujet à ce moment-là... Mais j'étais heureuse, et comme l'avait dit mon père, plus jeune, il fallait profiter du bonheur tant qu'il était là.
Ys, Mitsuki, Liam, Kyle, Misao... Des amis chers à mon coeur, pour l'un, même un frère et l'autre, un amour auquel je m'étais attachée. Il m'était difficile de penser que tout pourrait s'arrêter comme ça, d'un coups d'un seul. Tout ne tenait qu'à un battement de coeur n'est-ce pas? Et pourtant, aussi fou que cela puisse paraître, j'y croyais. J'y croyais comme jamais je n'avais eu foi en rien. Ils étaient tous là pour moi, me soutenant et m'encourageant. Je savais que je n'aurais qu'à appeler pour qu'ils arrivent en courant... Je le savais. Et ce simple fait suffisait à mon bonheur. Si l'avenir était incertain, ma foi, elle était plus forte que jamais.

HRP:

Je suis nulle ? "Je" suis nulle ? Moi, je suis nulle ? Mais genre !
J'écoutais Joyce parler, un peu déboussolée. Ouais bah, gnagnagna, c'est pas si évident ! J'ai l'impression d'être un bébé, là, maintenant, qui se fait dicter ses règles par sa maman ou sa grande soeur. Ouais bah, hein, bon, voilà ! Roh. Je fais comme je veux d'abord. Et puis s'il a des choses à me dire, il viendra. De toute façon, elle dit ça, mais elle l'a pas vu la dernière fois. Si vraiment il m'appréciait tant que ça, ça n'aurait pas été si chelou entre nous deux a dernière fois qu'on s'est vus. Et puis oh. J'ai pas envie d'en parler. Soooo changeons de sujet, parlons de son Jules !

Elle a failli le tuer. Elle a failli le tuer. Whaaaat ? Pourquoi j'ai l'impression de pas trop suivre ça ? J'étais déjà au courant ? Oui ? Non ? Heu. Attendez ! Nan mais en vrai, dîtes-moi ! J'suis perdue ! C'est chelou c't'histoire !

-Comment ça ? lâchai-je.

Je la regardai, les yeux un peu écarquillés. Arrêtez, vous foutez pas de ma gueule ! Même moi j'ai jamais fait ça. Si ? J'sais pas...

-T'as... J'ai pas tout suivi. T'as failli le... tuer ?

Je laissai tomber ce mot sur la même intonation qu'il résonnait dans ma tête : le choc. Je secouai la tête pour me remettre les idées au clair.

-T'as failli le tuer ?! Mais j'ai raté ça moi ! Il s'est passé quoi ?!

Omg. Omg. Omg. Elle est dangereuse en fait. Je dois me méfier. Comment la scène a-t-elle pu se dérouler pour qu'il... manque de mourir. OMG. C'EST CHAUD.
Elle file le parfait amour avec un mec qu'elle a manqué de tuer. Mais c'est tellement bizarre ! Déjà, je trouve ça bizarre de filer le parfait amour. Moi, perso, à chaque fois que j'ai eu des copains, c'était hyper naze, ils étaient chiants, on aurait dit des meufs. Et elle, elle manque de tuer son mec, et ils sont ensembles. Ensembles. Ouais. Je le répèterai jamais assez. J'ai pas vu Joyce depuis trop longtemps, j'ai manqué plein de trucs. Elle m'a manqué, je crois.
Après, p't'être que quand il se passe ce genre de trucs, avec des tentatives d'assassinat et tout, ça pimente la relation et ça la rend plus sympa... Moins chiante... J'sais pas.

-Tu penses que c'est normal que j'arrive pas à comprendre ? demandai-je bêtement de but en blanc, l'air abruti.

-Comment ça ?

Il y a des moments que l'on aimerait pouvoir oublier. Pouvoir effacer de notre mémoire sans plus jamais y penser. Des instants pleins de regrets et de douleur. Des secondes ou des heures que l'on voudrait ne plus jamais revivre ni en souvenirs ni en rêves.
Ce moment où j'ai décroché, sur le toit, était exactement dans ce cas de figure. Je m'en voulais toujours autant d'avoir pu blesser Liam, outre la peur que je lui avais causé. Mon étoilisation avait été violente et douloureuse, blessante et traumatisante. C'était difficile d'y repenser, et j'aurais aimé ne plus pouvoir le faire. Mais impossible. Ce moment me hantait.

-T'as... J'ai pas tout suivi. T'as failli le... tuer ?

Mes rêves étaient peuplés de visions de flammes. Je ne revoyais que mes pouvoirs se retournant contre moi et pire, blessant mon ami. Il était resté par obligation, encerclé, sans pouvoir fuir. Il m'avait assuré vouloir resté à mon réveil, à l'hôpital, et je l'avais cru. Liam était altruiste et généreux, et pensait toujours aux autres avant de penser à lui-même. Particulièrement avec moi...

-T'as failli le tuer ?! Mais j'ai raté ça moi ! Il s'est passé quoi ?!

Que c'était-il passé oui? C'était exactement la question que je m'étais posée en me réveillant. Les murs blanc de l'hôpital. L'odeur stérile. Le tissus rugueux du bandage de Liam sur ma paume de main. Je ne comprenais pas. Et aujourd'hui encore, je doute de comprendre vraiment ce qu'il m'était arrivé ce jour-là.

-Tu penses que c'est normal que j'arrive pas à comprendre ?

J'étais incapable de parler, ne sachant pas vraiment comment commencé. Seul Ys et Hideko (obligé pour la directrice hein?) était au courant. Et Ys n'avait pas fait mine de réagir; peut-être parce que lui aussi avait eu peur de ce qu'il était capable de faire et de commettre. Il avait compris. Comme d'habitude. Un grand frère quoi!

- Je suis passée étoile le jour où Liam m'a avoué ses sentiments... Je venais aussi de lui avoué, de même que pour mon état de santé. Et... On a essayé ma chanson. J'avais beaucoup de mal avec cette composition, elle me rappelle bien trop de souvenirs. J'y suis arrivée.

Une pause. Le temps de respirer. De souffler. De se calmer.

- J'ai explosé. J' ai été prise de panique et mes pouvoirs se sont retournés contre moi... Et... Liam a failli y passer, en voulant m'aider. J'ai essayé de l'obliger à fuir mais les flammes l'encercler et c'était incontrôlable!

Je respirais difficilement, me rappelant douloureusement la dure réalité des choses: J'avais faillis le tuer.

- J'ai finis par m'évanouir, l'angoisse m'ayant vidée de toutes énergies... Je me suis réveillée à l'hôpital. C'est Liam qui m'a emmenée. A mon réveil il était toujours là... Et moi je me sens encore coupable pour les douleurs et la peur que je lui ai causé.

Et maintenant? Allait-elle seulement comprendre?

Bon. J'avais peut-être posé la mauvaise question. Mais en même temps, pour une fois, j'avais un argument qui me servait de défense ! C'était elle qui en avait parlé la première... Alors même si ma question était probablement mal placée, et je le remarquai notamment à l'attitude de Joyce qui avait légèrement changé, elle restait naturelle et normale.
Joyce m'expliqua que c'était arrivé quand elle avait dévoilé son potentiel d'étoile. Plusieurs facteurs y jouant, elle avait pété les plombs, et comme attendu, ç'avait en tout cas été le cas pour toutes les personnes que je connaissais, elle n'avait pas réussi à reprendre le contrôle avant de perdre connaissance. Liam l'avait emmenée à l'hôpital et était resté à son chevet tandis qu'elle continuait à culpabiliser jusque dans ses rêves (bon, ça elle l'a pas dit, mais je suis sûre que j'invente pas !).
Je hochai la tête pendant qu'elle parlait, signe que je l'écoutais. Alors qu'elle terminait sa dernière phrase, nous terminions de descendre les escaliers. Je pris la direction de la cour et ouvris la porte que je tenais ouverte pour laisser passer Joyce avant de la laisser se refermer devant moi. Remontant mon écharpe sur mon nez, je glissais mes mains dans mes poches.

-Je comprends. C'est assez compliqué comme situation... Je ne peux pas te dire de ne pas t'en vouloir, parce que compte tenu de ce que j'ai également pu vivre, je m'en veux constamment aussi alors... J'imagine que c'est naturel.

Je shootai dans un caillou au sol, continuant d'avancer en direction du village.

-Après, s'il ne t'en veut pas... Peut-être que tu devrais essayer de laisser tout de même ta culpabilité de côté.

Mitsuki en mode "je comprends la vie de couple, je suis une pro, je sais comment on fait". Vous ne trouvez pas ça ironique vous ? Moi, personnellement, ça me fait beaucoup rire, mais surtout intérieurement, et un peu jaune aussi, parce que je trouve ça pas très gentil quand même de penser ça de moi, même si là, pour le coup, l'idée vient directement de moi.

-Vous en avez déjà reparlé entre vous ? Peut-être que ça t'aiderait à surmonter ça ou... Ou après, sinon, bah tu le laisses te casser les dents, comme ça ça fera un partout et tout le monde est gagnant, y'a plus de culpabilité...!

OUAIS. J'ai les idées du sièèècle je sais !

-Enfin bon. J'espère que je pourrais le rencontrer un jour ce Liam ! J'ai dû le croiser une fois en laissant Ys à l'une de vos repet' à la suite d'un de nos entraînements, mais sinon... C'est bien le garçon qui est brun ? Il a des cheveux longs ? Roh et puis je sais plus...