Mouhahahahaha ! Je suis machiavélique ! Définitivement et complètement ! Mouhahaha ! Pour me venger de toutes les bassesses ce que cette sale indienne m'a faites subir au cours de mon séjour à Terrae, je m'étais décidé (après avoir rédigé mon testament, bien entendu... C'est opération suicide, ça, je vous signifierais d'abord. Enfin, je dis ça... Je dis rien, hein ! Avouez, vous tenez à mon héritage ! Bah en fait, je vais vous le dire... Je refile ma fortune -très maigre, je l'admet- à mes très chères petites sœurs qui n'ont toujours pas pris de nouvelles de moi depuis que je suis arrivé ici -elles le méritent pas mais je les aime bien...- et mes appareils électroniques hantés à Hideko et Haley !... En espérant que mon énergie reste dans leurs carcasses fumantes jusque là...) de jouer un petit tour d'une bassesse tout aussi exemplaire que celles qu'elle lui avait déjà faite. C'est-à-dire... Accrochez vous bien... Hier... J'ai désactivé le réveil de ma collègue pour qu'elle se réveille en retard.
… Bah quoi ? C'est une petite vengeance comme une autre, hein ! Et puis vu comme elle est suuuuuuuuuper amie avec Hideko, elle va même pas se faire engueuler. C'est juste par pure satisfaction personnelle, en fait. Ouais. Foutu orgueil. Je vais être mis à mort rien que pour ça, je le sens bien ! Mais bon, c'est la prise de risques qui est amusant ! Et je pourrais, au pire, toujours hanter sa baraque, hein ! Peufeuteuh !
Enfin bref, j'avais été surpris en train de bidouiller son réveil et m'étais rapidement éclipsé en... Sautant par la fenêtre. Héhé... Bah quoi ? On fait comme on peut ! Et puis, c'est la plus vieiiiiiille méthode ! Et la plus efficace aussi. Repli stratégique mon général !
Rentrant ensuite chez moi, je m'étais couché, le cœur plus léger. Ouais, ouais, c'est bizarre, je sais, maiiiis je vous emmerde. Et puis toc !
Le lendemain, je me réveillai, tout heureux, aux alentours de 10h, riant de ma sublimissime blague. Bah quoi, j'ai le droit de me réjouir en voyant la face déconfite de Haley, nan ? Pfeuh ! Laissez-moi vivre un peu ! Bande de pots de colle ! Si vous voulez tant que ça des autographes, il suffit de me demander, mais laissez-moi de l'air ! Bordel !
Ahahah.
Bref, je m'étais dépêché de filer sous la douche, entrouvrant légèrement la fenêtre pour éviter de transformer ma salle de bain en sauna. J'entrai sous la douche, une serviette suspendue à la porte de verre trempé (= un peu opaque, mais dans les tons gris/blancs, et qui laisse passer la lumière, en gros, pour les incultes de la vie ! Peufeuteuh !). Celle-ci était placée entre deux murs, un peu à l'écart du reste de la salle de bain et du lavabo, qui lui-même se trouvait face à la fenêtre, et sur lequel j'avais laissé traîner mes clopes.
Finalement, enroulant ma serviette autour de ma taille, je ressortis, encore trempé, de la douche et m'avançai pour aller chercher mes cigarettes, sauf que j'aperçus une silhouette pas si inconnue que ça, debout à côté du lavabo. Ah ah. Ah. Je suis... Victime d'hallucination, c'est ça ? C'est les vapeurs de la douche qui me font cet effet ? Putain, ils ont mis quoi dans mes clopes ?! Ah, merde, ça peut pas être ça, j'en ai pas encore fumé aujourd'hui... Mais alors, c'est à long terme que ça fait cet effet-là ?! Non, c'est pas possible ?! C'est pas possible, autrement. Vraiment. C'est une hallucination. Haley n'est pas là, avec son horrible sourire à faire peur au diable. Quoi que... C'est elle le diable ! Le diable est une femme ?! Je le savais ! Ou alors... Ou alors c'est un homme sous l'apparence d'une femme ! Nooooon ! Viiite ! Me cacheeeeer !
La fixant un moment en clignant des yeux comme un parfait abruti, je fronçai ensuite légèrement un sourcil pour en relever l'autre, croisant les bras et appuyant mon épaule contre le mur, ne faisant même plus attention à ma tenue, qui n'en était pas vraiment une.

- Haley, quel hasard de te rencontrer... Dans ma salle de bain, la saluai-je, plus surpris qu'ironique.

Ah, ouais. Comment elle est entrée déjà ?... Ah. La fenêtre. Merde.
Lui lançant un regard (presque !) enjoué, je rajoutai :

- Aloooors, pas trop dormi j'espèèèèère ? ~

Je la vis soudainement exploser de rire, alors qu'elle semblait remarquer dans quelle tenue je me trouvais. Ouais, bon, c'est elle qui débarque chez moi comme une voleuse... Elle a de la chance que je sois pas une fille, je l'aurais virée à coup de pied aux fesses ! Ouais, parce qu'elle, c'est un mec. Y a pas d'autres explications ! Elle a le caractère d'un mec, elle fait chier son monde comme un mec et elle réagit COMME UN MEC ! Une nana qui est foutu devant Apollon torse nu, elle rougit, au moins ! Ou est un peu embarrassée, quand même ! Mais... Elle se fout pas de sa gueule comme un type qu'à les c-... au fond du slip ! Sinon, c'est un mec ! Et j'suis sûr que c'est pour ça qu'elle porte jamais des trucs moulants ! Parce qu'en fait, elle a rien en haut, et tout en bas ! (Non, je ne compte pas vérifier mes affirmations, sinon je vais me faire trucider, et puis, non merci la vision d'horreur ! Et puis j'ai pas encore envie de perdre mes cheveux, hein.) Ou aloooors... C'est peut-être une femelle, mais une femelle extra-terrestre ! Et dans leurs mœurs, être à moitié à poils, c'est pas gênant mais, AU CONTRAIRE !, c'est super marrant ! D'où le fait qu'elle se marre à comme une grosse demeurée pendant que moi je tente d'en connaître la véritable raison ! En plus, c'est pas comme si j'étais pas musclé, hein ! Et on voit mon suuuuuper beau tatouage en forme de serpent sur la poitrine, celui de ma Greffe ! Si c'est pas génial ça ! Il est super beau en plus, ah ah ! J'fais trop caillera, comme ça, j'suis sûr ! ...Enfin, p'tetre pas, parce qu'après la douche, en général, mes cheveux sont mouillés eeeet... Et ils me collent partout sur le front. D'ailleurs, j'en ai un dans l’œil, là, mais j'ai tellement la flemme de le déplacer que je vais pas y toucher, en fait.

- Ou pas, comme tu dis ! Je vais même pas te demander ce que tu fais là, parce que bon...

Haussant les épaules, mon sourire s'élargissant, et j'adoptai un visage faussement angélique (Toute expression angélique sur mon visage ne peut être que fausse, vous devriez le savoir, n'est-ce pas ?) et surpris, le ton suivant.

- Le nom du coupable ? Non, je ne vois vraiment pas ! Ça devrait vraiment me rappeler quelque chose ?

Non, non, j'étais pas content. Je jubilai simplement intérieurement. Vous savez pas à quel point c'est jouissif de voir son visage se tordre haineusement, et me lancer un regard des plus... Méchants !
Puis, soudainement, la marionnette horrible de notre petite... Marionnettiste se plaça devant ses pieds. Je voyais sa Greffe s'activer sous mes yeux, les siens devenant presque entièrement rouges et que son tatouage s'étendait peu à peu. Woah. Flippant.
Puis, m'arrêtant sur ses paroles, je me figeai brusquement en entendant ses mots. Être à la hauteur de mon statut ? Des élèves enlevés ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?
Un frisson me parcourut le dos. Non, ça ne pouvait pas être... Ça ne pouvait pas être ça. Impossible, tout bonnement. Pourquoi cela se répèterait-il ? N'avaient-ils pas déjà eu tout ce qui leur importait, il fallait qu'ils recommencent à présent que cette blessure ne se soit enfin cicatrisée dans le cœur de tout le monde ? Non, ça ne pouvait pas être ça. Elle devait se tromper, raconter des bêtises. Encore, encore, encore. Toujours. Ce ne sont que des fabulations scabreuses d'une folle en mal d'attention. Ce n'est que ça... Ça n'est pas autre chose...
Je me pinçai les lèvres. Et voilà que cela recommençait. Pourquoi tout devait-t-il prendre cette horrible tournure ? Devait-on en informer la Directrice ? Si c'était ça, on ne pouvait pas attendre, il fallait réagir tout de suite... Pour ne pas perdre de vue les acteurs de cette prédiction. Je ne voulais pas y croire, mais, au fond de moi, je savais que les pouvoirs de ma collègue n'étaient pas des leurres.
Hochant faiblement la tête en entendant ses dernières paroles, je lui répondis d'un ton absent ; une de ces voix faiblardes et sans intonation qu'on les machines, presque un murmure.

- Oui, pardon Haley. J'aurais pas dû, ça se reproduira pas.

Relevant les yeux, j'observai la flamme dans sa main sans pourtant y prêter une attention particulière, sans bouger, oubliant de faire un pas en arrière pour m'en protéger.
J'ai peur... que tout ça soit vrai.

{Et ben crois-moi... Tu n'es absolument pas la seule o_o C'est presque choquant o_o
C'est plein de rebondissements, dis donc ! *O*}


Lâche. J'étais tellement lâche. Comment pouvais-je réagir de cette manière-là ? Elle avait raison, il fallait prévenir Hideko. Et pourtant... Et pourtant. Je m'en savais incapable. Je m'en savais incapable, et ça me rendait malade. Comment pouvais-je simplement réagir de cette manière ?! Je m'étais juré, une fois devenu Master, que ces enfants seraient ma raison de vivre ! Que ces enfants, mes élèves, soient en sécurité ! De les protéger coûte que coûte, quel qu'en soit le prix à payer ! Mais alors pourquoi ?! Pourquoi est-ce que je me retrouvais incapable de le faire ?! Pourquoi est-ce que je me retrouvais là, perdu, sans savoir que faire, à tenter de me cacher derrière mon masque déjà complètement fissuré ?!
Maintenant, même Haley avait vu au travers de ce masque au sourire facétieux. Maintenant, même elle avait vu mon véritable visage. Elle aussi, elle avait peur. Elle était surprise, en même temps effrayée. Elle devait se demander où j'étais passé, elle devait se demander... Pourquoi j'étais comme ça. Et pourtant, ça, c'était moi. Mon vrai moi. Celui que je hais plus que tout. Celui que je tente de cacher, celui que je tente de tuer. Je me hais. Je me suis toujours haï. Je me suis haï parce que ma mère me haïssait. Je me suis haï parce que je ne faisais que le mal autour de moi. Et, pourtant, je continuais. Ai-je tenu un seul des engagements que je m'étais fait ? Aucun. Protéger mon élèves ? Tu parles. Leur enseigner, être attentif, à l'écoute ? Nan mais vous m'avez vu ? La seule personne que j'ai tenté d'aider depuis presque un an que je suis Master, c'était Mitsuki. Et même pour elle, qui ne me connaissait pas, c'était étrange. Je ne colle pas à mon propre personnage, et je le sais. Je le sais mieux que personne.
J'avais mal, j'avais envie de pleurer. Moi qui n'ai versé des larmes que trois fois au courant de ma vie, cette envie me prenait à nouveau. Pourquoi ? Pourquoi j'ai tellement peur ? Pourquoi j'ai tellement mal au cœur ?
Sur mon dos, je sentais cette tâche me brûler à nouveau. Haley l'avait-elle vue, avant ? Avait-elle vu cette chose monstrueuse ? Souvenir indélébile de ce temps où le vide me reprenait sans vouloir me lâcher. Souvenir impérissable, que je tentais d'enterrer sous des couches et des couches de faux sourires.
Ce masque, que j'avais mis tant d'année à construire, avait-elle su lire en lui ? Ou était-ce tellement visible ?
Alors qu'Haley sortait de la salle de bain, je me mordis la lèvre. Je ne pouvais pas la rattraper et m'excuser ; je suis bien trop fier. Pourtant, je savais que le seul moyen qu'elle prévienne Hideko était de l'énerver, pour qu'elle parte le plus rapidement possible. Mais elle ne s'énerva pas, au contraire. Surprise, étonnée. Inquiète. Qu'elle s'inquiète plutôt pour nos élèves. C'est aussi son boulot de les protéger, alors qu'elle aille voir Hideko maintenant, bordel !
Je sursautai à peine lorsque sa marionnette Nakoma m'entoura la jambe de ses petits bras. La fixant quelques instants, je sursautai néanmoins légèrement lorsque sa propriétaire me prit dans ses bras, me faisant m'asseoir au sol.
La regardant d'un air surpris, je surpris des larmes pointer au bord de mes yeux. Figé dans une expression étonnée, presque choquée de ce contact. Jamais nous n'en avions eu d'autre qu'un poing en plein visage. C'était tellement... Étrange.
Hochant faiblement la tête, j'eus une expression gênée. Je ne pus néanmoins m'empêcher de faire naître un petit sourire sur mes lèvres. Tout semblait changer, ces derniers temps. Cela faisait bien longtemps qu'un véritable sourire ne s'était peint sur mon visage. Un sourire un peu triste, un peu gêné, mais tellement plus sincère que ceux que je faisais habituellement. Un sourire dont je n'arrivais pas à me débarrasser.

- Merci... lui fis-je dans un murmure.

Je posai mon front contre l'épaule de Haley, serrant légèrement entre mes doigts le tissus de son t-shirt, les yeux fermés, soudainement plus calme. Je sentais pourtant une fine larme couler le long de ma joue, et me bénis d'avoir gardé mes cheveux assez longs pour les cacher.

- Je vais mieux. Tu devrais plutôt aller voir Honda-sama pour la prévenir, je saurais me débrouiller. Je t'accompagne pas, mais je te fais confiance... Alors s'il te plait, n'oublie pas. C'est trop important pour qu'on le laisse passer, soufflais-je.

Honda-sama... J'arrivais toujours pas à croire que je venais de l'appeler comme ça sans m'en rendre compte.

- Merci, vraiment.

Merci pour quoi ? Je ne sais pas encore. Peut-être simplement pour m'avoir prêté son épaule ?
Je ne sais pas. Et, pourtant, j'aimerais véritablement...

- J'aimerais pouvoir te dire ce qui ne va pas... Mais c'est en quelque sorte un peu dur à expliquer. Et puis... Je veux pas que tu me plaignes plus que ça.

Oui, je n'ai absolument pas l'habitude de débordements affectifs tels que celui-ci. Non, je me plains pas, je trouve juste ça trop bizarre. Surtout envers moi, quoi...
Et puis... Pourquoi est-ce que c'est toujours devant mes ennemis que je suis aussi faible et pitoyable ?...

HRP : Désolée du retard ><' J'ai eu un mal fou à m'y remettre... En espérant que je fasse mieux cette fois-ci ><'
Ah et désolée de la taille, je savais plus quoi monologuer o_o'


Je ne savais plus.
Je ne savais plus si les sentiments que je ressentais étaient les miens ou ceux de ma collègue. Surprise et étonnement ; gêne ; une pointe de joie et d'amusement.
Bien sûr.
Bien sûr, elle avait raison ; nous nous amusions tellement ensemble, à nous jouer des mauvais tours à longueur de journée. Cette sorte de pacte que nous avions passé sous silence, d'un simple échange de regards. Cette sorte de pacte qui nous faisait nous haïr, en même temps qu'il nous faisait apprécier ces moments étranges durant lesquels nous pouvions nous défouler, sans avoir peur de quoi que ce soit, si ce n'est de la réaction de l'autre devant nos pitreries.
C'était, en quelque sorte, un peu la même chose avec Hideko. Car ce n'était pas parce que nous nous disputions sans cesse que nous étions incapable de nous entendre. Hideko, je l'ai... Toujours, toujours respectée. Depuis la fois où elle est venue me trouver, esseulé, sans d'autre accroche dans ce monde que mon propre corps que je tentais de détruire. Je lui en ai toujours été réconnaissant, d'être venue me chercher. J'aurais pu ne jamais connaître Terrae, et sans doute que ma vie se serait terminée bien plus rapidement que ce que je n'aurais cru.
Et là, c'était un peu la même chose. Toutes ces personnes, qui se ressemblaient tellement, je me sentais incapable de ne pas m'accrocher à eux comme à une bouée de sauvetage. Je me sentais tellement coupable de mes crimes que je n'aurais jamais, au grand jamais, voulu que quelque chose ne change. Me savoir seul à souffrir, ou tout simplement à payer le prix de mon existence, rien ne me semblait grave. Ce n'était qu'avec ces gens, qui paraîssaient vouloir faire passer mon propre mal-être avant celui des autres que je me demandais à quel jeu ils jouaient.
Enfin de compte, ce n'était pas mon attitude, qui changeait au fil des évènements, qui faisait se fendiller mon masque. Non... Ce n'était pas ça. Le masque tombait, tout simplement, parce que chaque parcelle de sympathie et de gentillesse qu'on me renvoyait faisait tomber ma raison en morceaux un peu plus à chaque fois. Alors non, ce n'était pas de ma faute si j'étais de plus en plus bizarre. C'était simplement de la leur.
Rejeter la faute sur les autres ; voilà une chose que j'ai toujours sue, depuis bien longtemps. Néanmoins, je n'en connaissais que la pratique : je le pensais un instant, et, quelques secondes plus tard, je me retrouvai à me punir moi-même, dans mon propre esprit, pour ce que je savais avoir faire.
Est-ce cela, devenir fou ?
Même moi, je ne me reconnais plus. Je ne sais plus qui je suis.
Je ne sais plus si ce que je vois, lorsque je contemple un miroir, est réellement mon visage. Comment pourrais-je avoir un tel visage ? Un tel sourire ? Alors que je ne sais ni ce qu'est la joie, ni la peine ?
Je ne comprends pas mes propres sentiments ; c'était comme si ils n'avaient commencé à apparaître qu'après mon initiation. Après que l'on m'ait appris à identifier, une à une, chacune des émotions qui me secouaient.
Et maintenant, perdu dans une confusion dont je ne saurais ressortir, je me mis à espérer secrètement que tout cela ne fut qu'un rêve. Que Terrae ne fut qu'un mythe.
Après un moment de silence, je relevai la tête vers elle, croisai ses yeux tout aussi perdus et confus que les miens.
Je hochai la tête, un petit sourire, à peine visible, se fondant sur mes lèvres.

- C'est vrai.

Qu'est-ce qui était vrai ? Je ne sais pas.
Je ne sais plus.
Je ne comprends plus.

Je laissai Haley se relever. Sa main échoua dans mes cheveux dans un geste presque tendre, et ses lèvres sur mon front. Je fermai les yeux, légèrement rougissant et certainement pathétique à cet instant précis. Je ne saurai pas la regarder en face après ça, c'était certain. Néanmoins... Je crois que c'est parce que je ne pourrais simplement pas la remercier comme je le devrais. La remercier d'avoir rempli mon cœur de joie, d'espoir ; ce sentiment que j'ai cherché toute mon enfance chez ma génitrice. Le plus beau cadeau qu'elle pouvait espérer me faire.
Alors qu'elle relançait des paroles plus ou moins encourageantes, je répondis d'un ton guilleret, mon sourire habituel plaqué sur les lèvres :

- Ouais, ouais... Enfin, essaie tout de même, la prochaine fois que tu t'infiltreras chez moi, de ne pas le faire quand je suis sous la douche, merci beaucoup !

Je pouffai légèrement de rire, avant de me relever doucement. Quelle journée ! Si j'avais su que je me ferais consoler par cette espèce de naze ce matin, en me levant, je crois que je ne l'aurais même pas cru. C'est vrai, c'était tellement... Surréaliste ! D'accord, elle n'avait jamais été aussi mauvaise que ce que j'essayais de me faire croire, mais tout de même ! De là à venir pleurer sur son épaule, c'était... Fort, tout de même.
Quel homme !...
Croisant mon regard dans le grand miroir, mon sourire s'évanouit. Une question me brûla longuement les lèvres, alors que j'observai la tâche s'étendant entre mes omoplates, une lueur de dégoût et de rage planant dans mes yeux rubis.
Elle ne l'avait pas vue... N'est-ce pas ?