Le short est une bonne id… Ok non le short c’est tout sauf une bonne idée, d’une manière générale l’épilation c’est pas mon dada, mes deux gigots étant aussi inertes qu’une tranche de jambon j’galère… mais comme j’ai la chance de ne plus sentir ces deux cochonnailles j’peux utiliser de la cire. ‘fin j’me brûle souvent… Genre typiquement en début de semaine quand j’ai essayé de raser tout ça en prévision d’aller à la piscine… Genre c’est super moche, c’est pas blanc dégueulasse et j’ai plus de cloques mais j’ai une partie de la jambe bien rouge.

« Je vais voir s’ils n’ont pas une jupe à la boutique de l’hôtel… J’me suis écharpée les mollets en m’épilant. »

Le glamour est mort ce soir, mais comme je n’ai pas la prétention d’être quelqu’un de glamour. Heureusement. Je partais avec un net désavantage dans la voie du glamourous. Je parle bien entendu de mon goût pour les choses douces et chaudes, tout ce qui est fluffy est mieux que mieux vous voyez ? Je sacrifie sans scrupule le confort au beau depuis l’accident. Avant, avant on s’en fout.

Bon j’en ai marre de parler à la première personne. So. Changement abrupt de manière d’écrire.

Elle ne faisait nul cas de conscience de parler aussi ouvertement à son ami. Certes, elle savait que ses sentiments pour elle n’avaient pas disparus, mais elle ne se voyait pas lui parler avec des pincettes ou le préserver. Elle avait quelque part besoin d’être elle-même avec lui, porter un masque lui aurait été trop douloureux. C’était comme ça, elle le considérait comme un ami, et elle se refusait de mentir à ses amis.

Pas comme certains masters tonnerres qui s’étaient permis de lui cacher la vérité sur une potentielle famille réapparue. Elle se décida à cet instant de parler de Tjay à Nathanaël. Elle se rendit compte qu’elle avait besoin d’en parler à un ami et qu’elle ne pouvait pas le faire avec Aaron. Elle lui en voulait, c’était plus fort qu’elle. Il n’avait pas agit en pensant à mal, ce n’était pas son genre, mais il l’avait blessée et elle était en colère. Elle savait qu’elle lui pardonnerait, mais elle ne savait pas à quel point.

Le métro s’arrêta et ils ne purent s’empêcher de rire. Croyaient-ils réellement que le destin s’acharnait sur eux ? Sans doute pas. Ils se perdirent dans la contemplation des autres usagers. Elle cherchait les mots pour essayer de parler mais se perdit vite fait dans ses pensées. Ce fut finalement Nath qui brisa le silence.

Elle-même n’avait pas fait attention à leur environnement. Elle eut envie de rire en disant qu’au pire ils pourraient réaliser un film d’horreur. L’ambiance était prompte il avait raison, mais sitôt pensé que les lumières s’allumaient. Elle avait été distraite de ses pensées, et le jour revenu elle se dit qu’elle pourrait lui en parler plus tard. La lumière repousse les pensées sombres.

Rapidement de retour dans leur chambre, elle avait eu la joie de constater que la boutique dans l’entrée de l’hôtel avait fermé… De même que toutes les boutiques de fringues rencontrées sur leur trajet.

« Tu sais quoi ? On n’a qu’à commander quelque-chose à manger ici ! Comme ça j’aurais même pas à sortir avec ma chemise de nuit… A la réflexion j’pense que tu aurais plus honte que moi… » dit-elle en sortant le tissu rose aux multiples arcs en ciels de son sac.

« J’emprunte la salle de bain, je te laisse te changer dans la chambre. »

Elle se dirige vers la salle de bain, ferme la porte la rouvre et tend une des serviettes à l’anglais. Elle avait failli oublier ! Quelques minutes plus tard elle est assise sur le sol de la salle de bain changée. Elle n’avait pas réfléchi qu’ici elle ne pouvait pas se servir de l’outil avec lequel elle faisait ses transferts au quotidien… tout comme elle n’avait pas réalisé que sa chaise roulante était trempée. Elle avait donc finalement opté pour le sol sec avant de se rendre compte qu’elle était très conne. Elle aurait mieux fait de rester dans la chambre et de laisser le jeune homme se changer ici, comme ça elle aurait pu s’asseoir sur un lit.

« Nath… Tu peux m’aider ? »

Nathanaël sourit avec empathie lorsque son amie lui parla de ses problèmes épilatoires. Il ne fut pas étonné de sa franchise et, au contraire de ce qu'on aurait pu attendre, il était même heureux qu'elle partage ce genre de détails de sa vie avec lui. Après tout, on ne parlait pas de ce genre de problèmes avec un inconnu ou un collègue de bureau. Il fallait une certaine affinité avec quelqu'un et le Terre voyait cette situation comme positive. Il n'était cependant pas certain de pouvoir aborder n'importe quel sujet avec la jeune femme.

Après les péripéties du métro et alors que les deux amis avaient enfin rejoint leur chambre d'hôtel, le Titan avait consulté la Tonnerre pour savoir comment elle voyait le programme pour la suite de la soirée, lui-même n'étant pas euphorique à l'idée de ressortir, au vu du temps exécrable qu'il faisait. Elle lui proposa alors de commander à manger dans la chambre et lui montra sa magnifique chemise de nuit rose avec des arcs-en-ciel. Il sourit et s'imagina son amie se balader ainsi en ville. Finalement, la situation ne serait pas si étrange que cela. Il avait vu des tenues pour le moins extravagantes lors de la journée.

Lorsqu'Ipiu lui annonça qu'elle partait se changer dans la salle de bain, il se contenta d'acquiescer. Il se demanda s'il s'agissait réellement de la meilleure idée, mais ne questionna pas son amie, songeant qu'elle était la plus à même de savoir ce dont elle avait besoin. Il fut heureux qu'elle lui tendit une serviette pour pouvoir se sécher, puis, pendant que la Tonnerre se changeait, il en fit de même dans la chambre. Nathanaël enleva ses habits mouillés qu'il pendit où il put dans la pièce, se sécha soigneusement et mis des vêtements secs. Il avait opté pour son pyjama : un pantalon de training trois-quart gris foncé et un vieux T-shirt, dont les couleurs dans la gamme des bleus étaient un peu passées. L'Anglais consulta le fascicule de l'hôtel posé sur la petite table en attendant la Sensitive. Il venait de tourner la deuxième page lorsqu'elle l'appela. Il se leva et s'approcha de la porte.

Oui, bien sûr. J'entre.

Le Terre ouvrit doucement la porte pour être certain de ne pas frapper son amie sans le faire exprès. Il avait soudainement aussi un peu d'appréhension, ne sachant pas dans quelle situation il allait trouver Ipiu. Comme leur relation était tout de même un peu compliquée, même s'ils faisaient semblant qu'elle soit très simple, il avait parfois peur d'avoir un comportement déplacé et il n'aimait pas ce qui le mettait à l'épreuve sur ce point.

Il fut soulagé de constater que la jeune femme était changée, mais assise par terre, probablement incapable de se remettre sur son fauteuil toute seule, fauteuil d'ailleurs complètement mouillé. Le Titan s'accroupit près d'elle.

Viens, je te dépose sur ton lit, comme ça tu ne te mouilles pas les fesses.

Il sourit, probablement les joues légèrement rosies de tenir la femme qu'il aimait, en chemise de nuit, dans ses bras. L'Anglais sortit alors de la salle de bain et la déposa sur le matelas.

Préfères-tu laisser ta chaise roulante dans la salle de bain pour le moment ? Je peux essayer de la sécher en utilisant le sèche-cheveux, mais je doute que cela soit très efficace.

Nathanaël marqua une brève pause, avant d'enchaîner.

J'ai consulté les informations disponibles à propos de notre hôtel. J'ai été surpris en bien de constater qu'il est autorisé de manger dans les chambres, à condition de faire appel au room service. Est-ce que cela te convient ? Souhaites-tu faire les démarches toi-même ou préfères-tu que je le fasse ?

Une fois le déroulement des opérations décidé, les deux amis commandèrent à manger. L'Anglais fut heureux d'avaler quelque chose. Il n'avait pas remarqué à quel point il avait faim.

J'ai aussi trouvé les horaires du magasin de vêtements de l'hôtel dans le carnet. Il ouvre assez tôt, donc nous pourrons y aller avant ou après le petit-déjeuner. Quoi qu'il en soit, nous ne devrions pas être stressés.

Tu voies le truc, c’est que quand tu ne voies pas ce qu’il y a de malaisant dans une situation jusqu’à ce que la personne en face de toi rougisse… et là bah tu deviens écarlate. Et là c’est la fin. Genre tu vois là ? Nath est en train de rosir, et moi bah je voyais pas du tout le problème avant qu’il ne rosisse. Vous voyez le truc, c’est que moi j’voyais pas le problème qu’il me porte, il le fait fréquemment et euh… C’est quoi le problème ? Bah euh quoi ma chemise de nuit ? Mais c’est un vêtement comme un autre, c’est pas comme si j’étais torse poil… Pourquoi il rougit mais… MERDE. Voilà j’détourne les yeux pour pas le voir rosir, moi aussi j’suis mal à l’aise maintenant ! C’est pas fairplay, Nathou ou l’art de vous faire sentir à poil alors que vous avez une chemise de nuit quand même. Une chemise de nuit quoi, c’est gros, c’est épais c’est un vêtement. Pourquoi j’ai l’impression d’être à poil bordel ?
On va juste rien dire. C’est fou comment on peut se sentir à poil dans le regard des autres quand même. Ouai parlons de ma chaise roulante, c’est vachement plus safe. CHANGEMENT DE SUJET.

« Laissons-la là où elle est ! On verra demain si elle est encore humide… On a qu’à laisser le radiateur de la salle de bain à donf… »

Et au pire si ça ne fonctionne pas on avisera… On commande, des trucs qui se mangent facilement. Genre des hamburgers c’est cool mais ça risque de fichtre des miettes dans le lit… Alors j’ai pris…. DE LA PIZZA. J’aurais pas dû elle est dégueulasse et je finis par en laisser les trois quart. C’est pas du jeu, c’est d’la merde, remboursé, je sais pas comment une pizza peut avoir le gout de raviolis en conserve ? J’sais pas. Vous non plus. La réponse logique serait la sauce tomate… Mais j’ai pas envie d’être logique. Tant pis demain je mangerais plus meilleurs d’abord.

Le reste de la soirée se passe bien. On parle de tout, de rien de pas grand-chose, et c’est cool. Franchement si j’devais donner un nom à ce qu’on vient de vivre j’dirais que c’était la meilleure pyjama partie de ma vie. J’ai peu de comparatifs, les rares soirées que je passais avec Aaron on finissait rapidement bourrés. C’pas tout à fait proche d’une soirée pyjama ça. (Petite aparté, la rédaction de ses lignes fut entrecoupée de la question existentielle : Aaron et Piu ont(il forniqué ? La réponse est : on ne veut pas savoir…)

Le lendemain nous avons la chance de découvrir que mes habits laissés en tas dans le lavabo ont miraculeusement séché comme mon fauteuil. La magie de la chaleur. On peut se préparer sereinement notre départ pour la piscine. Joi immense… Même si on galère pas mal dans le bus qui nous y conduit….

Lorsque Nathanaël souleva son amie, elle dut voir ses joues rosies, car elle devint elle-même écarlate avant de détourner le regard. Le jeune homme ne perdit pas son sourire, surpris tout de même de voir Ipiu réagir ainsi. Il tâcha de se comporter de la manière la plus naturelle possible pour dissiper le malaise qui s'était installé entre eux contre sa volonté. Il ne souhaitait pas que ce genre de sentiments crée de barrière entre eux. Il lui demanda donc d'une voix posée quoi faire de sa chaise roulante après avoir déposé la Tonnerre sur son lit. Il se contenta de hocher la tête à sa réponse et alla directement augmenter le chauffage dans la salle de bain pour être certain de ne pas oublier de le faire plus tard. Il partagea ensuite les informations qu'il avait pu récoltées sur une solution pour le dîner et sur la boutique de vêtement de l'hôtel.

Ipiu décida de commander de la pizza, ce qui convint au Titan jusqu'à ce qu'il goûte la nourriture livrée. Il grimaça, mais ne dit rien. Il avait faim, alors il mangea sa part et même celle de son amie, après avoir obtenu son accord, lorsqu'il vit qu'elle était plus sage que lui et ne se nourrissait pas de n'importe quoi. Une fois le ventre plein, du moins dans le cas du jeune homme, les deux amis passèrent le reste de la soirée à discuter. Nathanaël était heureux. Tout semblait si simple, si naturel. Il aurait aimé que cela soit toujours le cas.

Après une bonne nuit de sommeil, un repos bien mérité, et un petit-déjeuner copieux, les deux jeunes se mirent en route pour l'aquarium de Sentosa. La façon la plus simple pour s'y rendre, semblait-il, était de prendre le bus. La ligne qu'ils devaient prendre se trouvaient malheureusement être bondée à cette heure-ci et ils eurent toutes les peines du monde à trouver une place. Finalement, deux passagers cédèrent leur place pour permettre à Ipiu et sa chaise roulante de s'installer dans le véhicule. L'Anglais s'y faufila comme il put et le trajet fut pour le moins désagréable. Pour ne rien arranger, il dura trente minutes de plus que prévu à cause d'un accident survenu un peu plus tôt à un carrefours. Si la Tonnerre s'était trouvée à côté de son ami, elle lui aurait certainement lancé que, décidément, ils étaient vraiment en veine ce week-end-là, dû moins ce fut ce que le Terre se plut à penser.

Une fois sur place, ils prirent le temps de respirer un peu. Nathanaël était content d'être grand et d'avoir pu surplomber la plupart des gens, mais il avait eu de la peine pour la Sensitive qui avait probablement dû manquer d'air lors du trajet. Ils ne tardèrent cependant pas à se placer dans la colonne de touristes qui attendaient pour entrer. Après quinze minutes, ils passèrent le panneau indiquant une heure d'attente.

J'espère qu'on ne va pas arriver en retard. Tu avais pris rendez-vous, non ?

À peine l'Anglais eut-il fini sa phrase qu'un employé de l'aquarium vint à leur rencontre. Comme Ipiu était en fauteuil et que le jeune homme l'accompagnait, tous deux avaient droit à une file express. Ils passèrent donc devant tout le monde. Tandis qu'une femme contrôlait leur billet, le Titan se pencha vers son amie.

Finalement, on n'a peut-être pas un si mauvais karma que cela...

Il lui sourit avec douceur, conscient que, dans la plupart des cas, ce genre de phrase était à ne jamais prononcer, mais Nathanaël n'était pas du genre superstitieux. L'employée leur annonça alors qu'ils leur restaient une demi-heure de libre avant leur « moment de partage inoubliable avec les dauphins ». Elle leur indiqua le lieu de rendez-vous et leur donna toutes les informations nécessaires pour le reste de la visite. Une fois entrée dans le bâtiment et enfin seuls, le Terre se tourna vers son amie.

Comment souhaites-tu t'organiser ? Il nous reste environ vingt-cinq minutes. Je ne suis pas certain que commencer la visite soit une bonne idée. Si leur plan est à l'échelle et en fonction de la taille du hall d'entrée, nous devons nous trouver à une dizaine de minute du lieu de rendez-vous.

Il sourit en lui tendant le plan pour qu'elle puisse, si elle le souhaitait, vérifier ses dires.

Le trajet jusqu'à l'aquarium fut des plus pénible. S'il avait été à mes côtés j'aurais proposé à Nathanaël de s'asseoir sur mes genoux. C'était certes peu orthodoxe mais sans doute la meilleure solution en sachant que l'on manquait cruellement de place. Un incident nous mit en retard, on a vraiment un karma de merde ce weekend.
C'est comme si j'avais pas le droit de me poser et d'oublier mes problèmes. J'ai potentiellement un frère qui m'attend à Terrae... Et je crois que avec tout ce temps d'attente je n'ai pas d'autre choix que d'y penser. La la la j'entends rien je pense rien. Ouais non en fait ça marche pas. J'aurais tenté.
C'est super flippant. Et si c'était réellement mon frère? J'aurai dragué mon frère? Certains diront que tant que ça reste en famille tout passe... Mais je dois avouer que ce n'est pas mon plus gros souci... Si j'ai un frère cela rend ma vie d'avant beaucoup plus réelle. Et j'ai envie de l'affronter ? Je ne suis pas sûre.

Heureusement le bus finit par arriver et nous pouvons discourir de tout l'inconfort de notre trajet pendant la file d'attente.

"Je pense qu'on sera à l'heure, j'avais pris de la marge."

Oui bon ça m'aurait fait grave chier de louper ce rendez-vous. On ne nage pas avec les dauphins tous les jours surtout quand on est en fauteuil roulant... Nous arrivons dans les temps. Et même en avance... Comme quoi quand je prévois mon coup... Bon j'admets que dernièrement j'ai été plutôt à la bourre... Et le meilleur dans tout ça c'est que personne me fait des reproches en pensant que c'est car j'ai du mal à franchir certaines marches. Je ne vais pas nier, c'est bien trop utile de ne pas avoir à chercher de nouvelles excuses.

"Tu as raison, si on bouge on ne sera jamais à l'heure. Tu as pensé à mettre ton maillot ? Où il faut qu'on trouve les toilettes ?"

Connaissant le jeune homme il a dû être tout aussi prévoyant que moi et passer son maillot sous ses vêtements. Je crois d'ailleurs que personnellement je vais investir dans plus de bikinis !! C'est vachement facile à mettre ses conneries là. Moi qui galère tout le temps à passer mes sous-vêtements... Bref je ne vais pas m'étendre sur le sujet ici.

En très peu de temps nous rejoignons le lieu de rendez-vous. Il ne nous reste plus qu'à attendre.

" Tu a déjà nagé dans ces conditions ?" je lui demande.

Après tout nous ne parlons que rarement du passé. Je pense que nous sommes incollables sur les nous depuis notre arrivée à Terrae mais nous restons encore trop souvent vagues sur les nous d'avant.

La monitrice vient nous chercher. Elle nous amène dans des vestiaires séparés et m'accompagne personnellement pour m'aider à me changer. Je lui indique que je n'ai pas besoin d'aide pour l'instant. Elle m'aide une fois changée à passer sur une chaise roulante bien plus sommaire que mon fauteuil. Je retrouve Nathanaël près du grand bassin. Son nouveau maillot lui va à ravir. Je lui souris.
Suivant les instructions, nous nous retrouvons bientôt immergés et passons un très bon moment à nager avec les dauphins... Jusqu'à ce que la personne qui m'accompagne ait une crampe et commence à couler. J'essaie de nager vers la surface mais ne pouvant me propulser avec mes jambes son poids m'attire vers le fond du bassin.

Sérieusement y a quelqu'un qui va s'en rendre compte ? On est en train de se noyer les gens. Hello. Vraiment ce serait cool que quelqu'un s'en rende compte. Et si possible rapidement, je commence à avoir des blobfishs qui clignotent derrière mes paupières. Ça craint. Help.

Nathanaël lui sourit, lorsqu'Ipiu acquiesça à sa proposition de se rendre directement au lieu de rendez-vous.

Très bien. Oui, j'ai déjà mis mon maillot. Nous pouvons y aller.

Les deux amis se mirent en route et arrivèrent en avance à l'endroit indiqué sur le plan. La question de son amie le surprit un peu, mais ne le gêna aucunement.

Non, je ne pense pas. J'ai eu beaucoup de natation à l'école, mais nous nous rendions à la piscine publique. J'imagine que nager avec des dauphins est une expérience complètement différente. Et toi ?

Il lui sourit. Ils ne parlaient que très peu de leur passé et il apprécia que la Tonnerre lui ait posé cette question, car même s'il valorisait surtout le présent, il apprenait à ne pas renier son passé, car son passé contribuait à faire de lui l'homme qu'il était aujourd'hui et il en était fier. La monitrice arriva cependant rapidement, mettant un terme à leur discussion.

Nathanaël se retrouva alors seul dans les vestiaires des hommes. Il se dépêcha d'enlever ses vêtements, qu'il plia soigneusement sur le banc trônant au milieu de la salle, puis sortit. Le Titan se retrouva alors seul avec l'un des employés de l'aquarium. Ce dernier eut un bref regard pour le slip de bain coloré du jeune homme, mais l'Anglais ne s'en formalisa pas. Il préférait les vêtements plus sobres, il devait bien l'avouer, mais il commençait à aimer les poissons rouges ornant son maillot. Il connaissait les goûts d'Ipiu, goût parfois un peu originaux, et il était persuadé que ce genre de motif devait lui plaire. Bientôt, son amie et la monitrice sortirent des vestiaires. Nathanaël eut un peu de peine à regarder Ipiu en bikini sans montrer son trouble. Il savait qu'il devait s'attendre à la voir dans ce genre de tenue, mais le savoir et le voir étaient deux choses bien différentes. Le fait qu'elle le voie en slip de bain, par contre, ne le gêna pas un instant.

Heureusement pour lui, la monitrice leur expliqua les règles à respecter et comment la suite allait se passer, ce qui détourna l'attention de tout le monde, y compris la sienne. La Sensitive nagerait avec un professionnel et Nathanaël pourrait entrer seul dans l'eau. Il dût cependant signer un papier certifiant qu'il savait nager et que l'Aquarium ne serait aucunement responsable en cas de problèmes. Tout cela était très rassurant... mais le Terre n'hésita pas un seul instant. Et bientôt, il se retrouva dans l'eau. Il fit quelques brasses, heureux de retrouver cette sensation. Il se rendit alors compte qu'il n'était pas retourné nager depuis qu'il était arrivé à Terrae. Il se promit d'y réfléchir une fois rentré.

Le moment avait quelque chose d'un peu magique, Nathanaël devait bien le concéder. Il avait douté, un instant, de ce que nager avec des dauphins pouvaient lui apporter, mais, à présent, il n'échangerait sa place pour rien au monde. Grâce à sa force surhumaine, il parvenait à nager plus vite qu'auparavant. Il n'en usait cependant pas trop, ne voulant pas attirer l'attention sur lui. Ipiu l'avait déjà mis en garde une fois et elle avait raison. Ils ne se trouvaient pas à Terrae et il se devait de faire attention.

L'Anglais remonta une n-ième fois à la surface pour reprendre de l'air. Il trouvait étrange qu'on ne leur ait pas proposé de tuba ou de petits masques à air comprimé pour profiter pleinement de l'expérience, mais il y avait sans doute des raisons de sécurité que l'Aquarium devait respecter, par exemple. Lorsqu'il revint sous l'eau, cependant, il vit tout de suite que quelque chose était différent... les dauphins avaient changé de comportement et il vit son amie et le nageur professionnel... couler... et la Tonnerre tentait de remonter sans succès, semblait-il... Était-il réellement en train de voir cela ou imaginait-il des choses ? Sans réfléchir plus longtemps, le Titan usa de sa force pour rejoindre rapidement son amie. Son cœur battait la chamade, mais sans doute se trompait-il. Il préférait cependant être sûr. Au pire, il se retrouverait près d'elle un moment. Rapidement, Nathanaël se trouva à la hauteur du professionnel et de la femme qu'il aimait. Cette dernière attrapa son épaule et il put voir un instant la peur dans le regard du nageur. Quelque chose clochait, cette fois-ci, il en était certain. Sans plus attendre, il attrapa Ipiu par la taille et le moniteur par le bras et par la force sur-développée de ses jambes, ils remontèrent ensemble rapidement à la surface. Moins d'une minute plus tard, ils se retrouvèrent au bord, là où ils pouvaient s'accrocher à la paroi de la piscine.

Est-ce... est-ce que... ça va ? Qu'est... qu'est-ce qui... s'est... passé ?

Le jeune homme, bien que très entraîné, était tout de même essoufflé par l'effort et le sursaut d'adrénaline. Il ne lâcha pas la Sensitive, même si cette dernière pouvait se tenir au rebord et ne risquait pas de couler. Ils étaient proches, trop proches peut-être, mais Nathanaël ne le remarqua même pas. Il ne pensa pas à ses cheveux mouillés plaqués contre son crâne et cachant une partie de son œil droit, à sa main posée sur la taille de la jeune femme, sur sa peau nue. Il ne pensa pas non plus à son visage se trouvant à moins d'une vingtaine de centimètres du sien. Son regard ne pouvait quitter les yeux violets de son amie. Il avait eu peur, peur de perdre la femme qu'il aimait, et voulait être certain qu'elle allait bien. Le nageur professionnel qui les accompagnait n'existait plus, tout comme le reste de l'univers.

Hrp:

« Non, je n’ai jamais eu le temps d’avoir ce genre de loisirs. »

Parfois je regrette un peu, j’ai fait pas mal de choses extravagantes, mais nager avec des dauphins jamais. J’imagine que je n’aurais de toute manière pas apprécié l’expérience comme il se doit. C’est triste de penser à moi ainsi, mais j’ai l’impression que je n’étais pas capable de voir comme il se doit. De ressentir comme il se doit. J’ai l’impression d’avoir longtemps été une étrangère.

« Je suis heureuse de partager ça avec toi. »

C’est une nouvelle expérience, et je suis heureuse de sa présence à mes côtés. J’ai l’impression que j’apprécie plus quand je peux partager quelque-chose avec lui. Avoir des amis c’est vraiment un luxe, et je me rends compte de combien je suis riche. Je lui souris alors que nous rejoignons le groupe.

Au début c’est cool… Jusqu’à ce qu’on coule en vrai. J’étais pas préparée, j’avais pas pris une grande goulée d’air avant de plonger et l’aquarium semble tellement profond quand la lumière au dessus de nous s’amenuise. J’pourrais juste nous laisser couler et attendre que quelqu’un nous trouve, j’aurais peut-être assez d’air, mais si je fais ça je m’en voudrais toute ma vie. Pourquoi je suis sensitive et pas téléporteuse ? Pourquoi je suis tonnerre et pas eau ? C’est… OH. L’idée me vient, j’cherche Nathou, je reconnaitrais son aura entre mile. Mais si j’essaie de lui faire sentir ma détresse, saura-t-il la distinguer de ses sentiments ? Ca me bloque et on continue de sombrer. J’sens que j’commence à tourner au ralenti. J’commence à réellement avoir la trouille là.
Soudain il est là. J’m’accroche à lui pour qu’il puisse se servir d’au moins un de ses bras et j’nous sens remonter. Les pouvoirs c’est cool. Quand on atteint enfin la surface, j’me mets à tousser. J’me retourne pour voir que le maitre nageur est encore plus blême que moi. Il a du mal ne serait-ce qu’à tousser, j’pense qu’il a bu la tasse. Je sais pas quoi dire, j’sais pas ce qu’il s’est passé, mais je sais ce qu’il est en train de se passer.

« Nath, aides le à sortir, je vais bien. Il doit avoir de l’eau dans les poumons. »

Nous étions proches, trop proches. Pourtant à ce moment là j’l’avais pas réalisé. J’étais juste trop préoccupé par le maitre nageur. J’me suis accrochée au bord de la piscine et j’l’ai vu reprendre des couleurs une fois sortie de l’eau et de l’eau sortie de lui. J’me suis sentie d’un seul coup claquée. Heureusement quelqu’un m’a sortie de l’eau ? Nath.

« T’es un héros Nathou. Merci. »

T’as encore sauvé ma life. Bin dit donc. L’ardoise commence à être longue. J’lui souris, j’aimais bien nager avec les dauphins… Mais là j’ai qu’une envie c’est de rentrer à Terrae.

Lorsqu'Ipiu lui répondit, l'univers réapparut autour d'eux, brutalement. Nathanaël hocha la tête. Elle semblait aller bien et puis, il y avait urgence. Sans attendre plus longtemps, le Terre se tourna vers le maître nageur et le sortit rapidement de l'eau, puis il le laissa tousser, évacuer l'eau qu'il avait avalée. L'Anglais entendit alors des bruits de pas précipités et sans s'en soucier davantage, présupposant qu'il s'agissait de membres du personnel de l'aquarium et que l'homme serait pris en charge rapidement, il retourna vers la femme qu'il aimait pour l'aider à sortir de la piscine à son tour. Il s'inquiétait de l'y laisser seule trop longtemps. La fatigue, une inattention... un accident était si vite arrivé.

Le Titan prit son amie dans ses bras et vint délicatement la déposer dans le fauteuil mit à disposition par l'aquarium. Il récupéra les premières serviettes de bain qu'il trouva et vint en enrouler une autour de la Tonnerre et lui frotta les bras et le dos avec douceur, pour la réchauffer. Il l'observa avec attention, un peu inquiet. Il l'avait entendue tousser, mais n'était pas certain qu'elle ait évacué l'eau qu'elle avait peut-être avalée. Il craignait une noyade sèche, même si ce genre d'accident se rencontrait plutôt chez les enfants. Il ne voulait pas prendre de risque.

Je ne suis pas un héros, j'ai simplement fait ce que tout le monde aurait fait.


Les deux amis s'étaient remis de leurs émotions, puis s'étaient changés. Un membre du personnel de l'aquarium s'était confondu en excuses, leur offrant une serviette de bain aux couleurs du lieu chacun, ainsi qu'un dauphin en peluche et ils avaient tenu à leur rembourser l'activité aquatique. Nathanaël comprenait le geste et l'intention, mais il n'était pas certain que c'était vraiment faire preuve de tact. Il ne releva pas. Avec Ipiu, ils visitèrent l'aquarium. Elle souhaitait quand même profiter de la fin de leur voyage. Ils leur restaient une journée qu'il serait dommage de gâcher à cause de cet incident. Ils observèrent donc des animaux aquatiques en tout genre : requins, raies, méduses, pieuvres, dauphins, crabes, hippocampes, grenouilles et plein de poissons. Plus le temps passait, plus ils parvenaient à s'émerveiller de ce qu'ils voyaient. L'Anglais gardait cependant toujours un œil sur la Sensitive, mais tâchait de rester discret.

Une fois la visite terminée, les deux amis reprirent le métro pour continuer leure visite de la ville. Ils déambulèrent un moment dans des quartiers typiques, mangèrent un délicieux déjeuner dans un petit coin perdu, mais avec un charme certain, visitèrent des temples ouverts au public, flânèrent dans des parcs. Ils terminèrent leur journée dans un immense bâtiment où on pouvait faire de la gondole à l'intérieur, une fantaisie pour le moins artificielle. Ils trouvèrent une zone avec de nombreuses tables et plein de restaurants, offrant une palette de choix impressionnante. La nourriture y fut bonne, mais pas exceptionnel, le lieu étant beaucoup trop touristique. Le Titan n'apprécia d'ailleurs que moyennement l'endroit, s'agissant après analyse d'un immense centre commercial.

Une fois repus et plutôt fatigués de leur journée, Ipiu et Nathanaël retournèrent chercher leurs bagages, laissés à l'hôtel pour la journée, et prirent le taxi pour retourner à l'aéroport. En chemin, ils purent observer une dernière fois les lumières de la ville. La Tonnerre semblait exténuée, mais ne montrait aucun signe inquiétant concernant son état de santé.

Nous arrivons bientôt. Comment te sens-tu ?

Le Terre préférait tout de même lui poser la question.

Il était plutôt confiant concernant leur voyage de retour. Il n'envisagea pas un instant que leur vol soit annulé ou retardé. Peut-être aurait-il dû, vu toutes les péripéties qu'ils leur étaient arrivées pendant le week-end, mais il aurait de toute manière préféré rester positif.

« Je vais bien Nathou, t’inquiètes pas ! »

C’est sans doute la cinquantième fois que je dis ça aujourd’hui, depuis que j’ai failli couler il me garde toujours dans son champ de vision et me demande comment je vais au moindre signe de fatigue. Je ne l’apprécierais pas autant j’vous jure que je lui roulerais dessus pour lui montrer que je vais bien. Seulement voilà, je sais qu’il s’inquiète et ça me fait plaisir qu’il le fasse. Même si soyons clair : ça me casse les ovaires. Je vais bien, je me sens bien, pas une douleur en base thoracique, juste je suis bien épuisée de m’être débattue dans l’eau comme ça.
En vrai s’il ne s’inquiétait pas autant j’pense que j’lui aurais proposé de rentrer à l’hôtel pour se reposer, mais si j’m’arrête de bouger pour dormir j’pense qu’on finit la journée aux urgences… Donc. C’était chouette malgré tout. Je suis restée un bon moment à regarder les tortues de mer nager, j’leur trouvais des trop bonnes têtes. C’est Nathou qui m’a rappelé l’heure, sinon on aurait raté l’avion. Blague. Pour finir cette désastreuse escapade ce serait parfait. On va éviter.
Quand on passe à la sécurité de l’aéroport le portique a la bonne idée de sonner. SERIEUX MAIS WHAT. Là en fait c’est trop, surtout quand ils commencent à nous proposer une fouille. J’leurs dis que c’est le « gentil fauteuil qui n’ira de toute manière pas dans l’avion » et j’abuse en demandant à l’agent de sécurité de me porter en utilisant un peu de mes pouvoirs pour le convaincre. Pour ne prendre aucun risque je coupe l’alimentation du système d’alarme sonore, ni vue ni connue. Je crois que Nath a capté, j’lui fais un clin d’œil.
C’est avec un grand soulagement que je m’assois au fond du siège de l’avion. Je suis proprement et simplement claquée.

« Tu t’inquiètes pas trop fort si je m’endors hein ? » je glisse à Nath dans un bâillement.

Je pose ma tête sur son épaule et je ferme les paupières, c’est parfait pour dormir j’suis bien callée contre lui. Je suis une sans gêne que voulez-vous ?

« Merci d’être venu avec moi, c’était un chouette voyage, si t’avais pas été là ça aurait pas été si cool. Faudra qu’on se refasse ça. »

J’sais plus trop ce que j’raconte et j’finis par m’endormir. Dans mon rêve le fond des océans est peuplé de sirènes et de tritons gracieux… Et le vert des écailles de Nath lui va si bien… Je souris dans mes rêves. Je suis réveillée par l’hôtesse de l’air qui veut vérifier que ma ceinture est bien attachée pour l’atterrissage. Elle ne la voit pas à cause de la couverture posée sur moi. Je n’ai pas le souvenir de m’être couverte… J’ai encore les yeux emplis de sommeil mais je lui montre la ceinture bien attachée. On débarque bientôt et je retrouve mon fauteuil avant de rentrer à Terrae. C’est le moment de se quitter, mais j’aime pas ça. J’ai vraiment passé de bons moments et je n’ai pas envie de rentrer pour que ça s’arrête, pas envie de retrouver tous ce stress. Pas le choix, le rêve est terminé.