La peur laissa bientôt place au soulagement. Mais il était de courte durée. Tout s'embrouillait dans son esprit, rien n'avait de place concrète. Elle se sentait étrange. Démunie. Elle préférait utiliser l'humour pour se décharger émotionnellement. Pour ne pas s'apitoyer. Parce qu'elle était chiante quand elle le faisait, et qu'Allen n'avait pas non plus besoin de ça. Elle ne voulait pas qu'il la console, alors elle tentait de parler d'autre chose, de rire, qu'il se moque d'elle. Et ça n'y manqua pas.

Elle recula vaguement, perturbée par la soudaine proximité et le petit coup qu'il lui mit sur le front. Elle lui attrapa la main pour l'obliger à la baisser, un rire nerveux au bord des lèvres. Elle voulut protester par un "mais", cependant elle n'eut pas le temps de répliquer.

Elle fit la moue et lâcha sa main, croisant les bras sur sa poitrine.

—Comme si c'était simple.

Mais quelque part, ça lui donnait l'espoir que tout le monde ne pensait pas la même chose. Que lui ne l'imaginait pas aussi idiote qu'elle paraissait être. Alors elle étira un sourire plus léger, plus doux, plus rassuré. Avant qu'il ne l'attaque avec un bonbon. Trop de changement d'ambiance d'un coup, là.

—Hééé ! Nan mais tranquille, d'où tu m'attaques ?? C'est ta faute si tu suis pas, t'as pas de cerveau ou quoi ? Elle… Eeelle...

En fait, Aria ne savait pas non plus. Elle attrapa la télécommande et coupa l'épisode, avant de sélectionner un autre film.

—Bon, vas-y, pas de commentaire, je mets Zootopie, c'est bien Zootopie, nan ? C'est ta punition pour m'avoir dit que j'pouvais mourir à cause du sucre ! Je devrais t'enfoncer un crocodile dans l'oreille. Il mangerait le reste de ta cervelle.

La fille à peine violente, oui oui. Elle attrapa le bonbon volant et le goba, avant de se caler sur son lit, sur les genoux, l'air de danser à moitié.

—Si je chante c'est normal, hein, désolée ! J'aime trop Shakira pour ça ! J'suis sûre que tu sais pas bouger ton bassin comme elle.

Mais elle elle savait faire, d'abord. Elle regarda Allen, sans trop savoir s'il allait vraiment rester ou pas. Mais au fond, ça pouvait être rigolo. Non ? Mais si, alleez.… Autant ne pas penser à tout ça. Autant sourire. Autant être soi-même, pas vrai ?

HAN. Il venait vraiment de dire ça ?! Le fourbe ! Le visage d'Ariana prit une expression de stupéfaction pure, associée avec un brin de vexation. Non mais d'où elle était chiante ? Qui est-ce qui venait tout le temps embêter qui, hein ? Bon, certes, c'était un peu réciproque, mais on n'a pas de relations sociales sans réciprocités, sinon on appelle ça être un meuble, et Ariana était beaucoup trop bruyante pour être un meuble. (Cela dit, ceci expliquerait peut-être pourquoi les gens ont l'impression d'avoir des gens chez eux même quand il n'y a personne : il s'agissait peut-être de personnes comme Ariana, voilà, mystère résolu, Martin Mystère peut tout remballer, et Scooby-doo aussi.)

—Alors déjà, j'ai toujours été une Eau toute timide et mignonne, c'est toi qui est trop aveugle pour le voir. Les Airs ne sont pas censés être vifs, d'ailleurs ? Elle est où la vivacité chez toi ? fit-elle en lui soulevant le bras, comme pour chercher. Non parce qu'à part quand tu te dandines pendant un karaoké… Et puis chiante ! Chiante ! Non mais on aura tout vu ! Qui est-ce qui vient squatter ma chambre en quête de réconfort, hein ? Homme faible !

Vous me direz, entre faible et fiable, il n'y a qu'une faute de frappe qui les sépare. (vécu now)

—Hein ? Quoi ? Quoi quoi quoi ? Rends-moi mes bonbons, monstre ! fit-elle en se jetant à moitié sur lui, alors que le film commençait. Et n'imp ! J'ai imité Shakira toute mon adolescence, personne imite Shakira mieux que moi ! Bon, à part elle-même, mais ça c'est un détail. En plus j'imite super bien l'accent colombien.

S'imiter soi-même, ça comptait, d'ailleurs ?

Elle réussit à choper le paquet - en s'étalant sur les jambes d'Allen - et rampa pour se remettre droite.

—TOUT LE MONDE a attendu qu'ils se mettent ensemble, cariño. Même toi, je suis sûre ! De toute manière, la barrière de l'espèce ne m'empêchera jamais de les shipper, jamais ! Même si j'avoue que des petits repins ce serait chelou. Au pire, ils adoptent ou ils prennent une mère porteuse, ça se fait !

Aïe, mauvais sujet, mauvais sujet. Elle eut le coeur qui s'accéléra mais fit comme si de rien n'était. Pas questions de se morfondre. Pas question de laisser tomber si rapidement. Elle pourrait le faire, plus tard, lorsqu'Allen serait parti...

Elle tourna la tête vers la télévision - elle était énorme, quand même ! - et commença à sortir les répliques au moment où elles étaient prononcées.

—Ce qu'il y a de cool avec la puce, quand même, c'est qu'on peut voir n'importe quel film en VO sans les sous-titres.

Elle n'attendait que le moment où Shakira se mettrait à chanter pour sauter sur son lit et se dandiner dans son superbe costume de panda. Parce que le swag.

—Bah, des renards lapins... Des repins, quoi…

Et genre, elle le croyait tellement pas quand il disait qu'il attendait rien. De toute manière Nick et Judy étaient trop mignons ensemble, les gens ne peuvent pas ne pas les aimer ensemble, voilà. Et leur relation se suffisait à elle-même, en plus, toussa toussa ! Bon, Aria aurait pu déblatérer à ce sujet pendant des heures mais elle sentait que si elle commençait, elle allait perdre Allen. Et rien que de savoir qu'elle regardait ce film lui redonnait un grand sourire. Oublier un peu les soucis, profiter d'une présence amicale et reloue, avec de la bonne musique et un bon film, c'est tout ce qu'il fallait.

Ohlala la mauvaise foi du gaaars.

—Oui, et quand j'ai arrêté de le faire, tu as accouru jusqu'à ma chambre… Alors, qui ne peut pas se passer de l'autre ? répliqua-t-elle sur le même ton, sans même tourner la tête vers lui.

Et bim, 1-1. Comme ça, c'était fait ! Elle en profita même pour lui mettre un coup de coude devant son sous-entendu pas du tout évident. Bien sûr que non, elle n'était pas nulle en anglais ! Elle était juste… un peu… pas douée !

OHHH LA MUSIQUE COMMENCAIT BIENTÔT. Elle se mit à se dandiner sur place, impatiente.

—J'fais c'que je veux, je suis dans ma chambre. Puis cette chanson, c'est un peu l'histoire de ma vie, alors j'la gueule et dansant si j'ai envie ! rit-elle, avant de se mettre debout sur son lit et de commencer à se déhancher alors que la chanson démarrait. Et j'suis aussi bonne qu'elle, sors les alliances Allien ! se moqua-t-elle avant de se mettre à chanter.

Elle finit par tirer sur le bras d'Allen, sans parvenir à réprimer son rire. Laisser évacuer, aussi nerveux que cela puisse être. Elle ne voulait pas s'arrêter de vivre. Elle pouvait être heureuse. Elle pouvait encore l'être, il fallait qu'elle trouve du courage, c'était tout. Et du courage, elle pouvait en trouver là, en se déhanchant en kigurumi panda sur son lit - et probablement en faisant profiter ses voisins de ses capacités vocales, désolée pour eux.

—Alleeeeez cariño, viens danser !

Il allait encore dire non ce bnqsjkbdk. Mais tant pis, elle était à fond. Il lui fallait au moins ça.

Et voilà le rabat-joie de service. Tout le temps en train de râler, hein, c'était pas possible ! Elle secoua la tête et fit mine de ne pas entendre ses quolibets. À vrai dire, elle sauta même réellement plusieurs fois sur le lit juste pour l'emmerder, et lui offrit un laaaarge sourire, avant de lui tirer la langue.

—Tu veux dire que j'aurai l'insigne honneur de te masser ? Tu me laisserais te toucher ? Wow, c'est tellement étonnant que j'en suis sans voix ! se moqua-t-elle. Si j't'en fais un, tu m'en fais un aussi ! Pas le choix ! C'est du donnant-donnant, je suis pas trop pour l'exploitation, tout ça tout ça. C'est pas parce que je suis rousse que je dois être ta roux de secours.

Jeu de mots pourri rpz.

—Et arrête de mater. Sinon je te congèle, maintenant que je peux !

Elle l'avait vu, lààà. Bon, en vrai, c'est surtout qu'elle devait prendre une partie de l'espace visuel, et qu'il devait probablement avoir peur d'avoir ses fesses en pleine tête.

Une fois la chanson terminée, elle se laissa lourdement tomber à côté de lui et fourra sans aucune gêne sa main entre ses jambes pour récupérer son paquet. De bonbons. Genre. Non mais. Les crocos en gélatine, quoi.

—Trop chiant les clubs de danse et les chorales, on fait pas ce qu'on veut, on n'est pas libres ! Si tu veux, je chante libérée délivrée pour accompagner tout ça ? Nan mais bref ! J'ai peur des gens, en vrai. J'ose pas m'inscrire dans un club avec plein de gens que je connais pas. Tu vas pas me dire que tu flippes jamais, toi ?

Sourire moqueur, avant qu'elle ne gobe quelques bonbons en plus. J'sais pas si elle se rend compte qu'elle est une contradiction ambulante.

—Et arrête de te moquer de Judy, elle est trop mignonne mais elle a juste pas de chance ! Et elle se donne à fond, c'est troooop un modèle pour moi, j'aurais trop aimé être comme elle, mais clairement, elle est beaucoup plus intelligente. Enfin, un peu lente, quoi, mais c'est une héroïne de disney, on peut pas lui demander la lune non plus. J'suis trop triste quand elle se fait rembarrer de partout en vrai ! Même si le moment avec ses voisins est graaave marrant.

Puis elle gloussa et sourit en coin.

—Et puis... Nick ! Nick quoi ! Je suis amoureuse ! Je l'aime ! Je l'épouserai un jour ! Enfin, tu m'as comprise.

Même si fondamentalement, ce n'était plus trop dans ses plans, là.

—Eh, mais, en vrai, tu lui ressembles trop à casser tout le monde comme ça, Allien. Genre dans le cynisme et tout ! Avec un coeur de petit renardeau tristoune et trauma derrière tout ça. On t'a aussi mis une muselière quand t'as voulu rentrer chez les scouts ? fit-elle en tapotant sa joue - elle avait fait de GROS efforts pour ne pas lui tirer la joue, elle avait peur de la lui arracher à force. Roh, c'est bon, me lance pas ce regard-là, je blague.

Maintenant, elle était entrée en mode papotage automatique. C'était comme le pilotage auto, sauf que c'était beaucoup plus chiant, et qu'elle avait plus besoin de penser, comme ça. Navrée. C'est ta faute. T'as cherché, en même temps.

Et ses mains à elles, elles étaient pas divines, peut-être ? Elle le gratifia d'un reniflement dédaigneux et reporta son attention sur la télévision en lançant un "Ouais ouais, fais pas genre t'es pas un garçon facile etout". Elle profita de son manque de réaction pour récupérer son paquet de bonbons et l'engloutir progressivement.

—Mais non. Je rêve d'être une meuf cool qui sait se donner à fond pour ce qu'elle veut, même si les gens la trouvent relou ! Genre tu trouves pas que c'est un bon modèle, sérieusement ?? C'est pas comme Ana dans la Reine des Neiges, elle, elle est...

Elle s'interrompit. "Oh. Bah. Je suis pareille en fait. Sauf que j'ai pas rencontré de blondinet cool et mignon qui sera l'homme de ma vie. Too bad."

Rire, rire. Allez, ris Aria, bon sang.

—Moi ? Une grande liste ?? Tu me surestime là ! N'imp... Si peu ! Enfin, quand même un peu, mais pas autant que tu le crois. Nick est vraiment cool, à faire son cynique pour cacher ses blessures etout. Puis il est mignon, il aide Judy même quand il pourrait ne plus le faire... C'est un chic type ! Enfin, renard. J'veux dire, il a le choix et il reste quand même, tout le monde le fait pas ! Puis, il est canon avec ses lunettes de soleil et son uniforme. Bon, ooook, c'est un héros de disney, MAIS. Y a plein de mecs qui font ça aussi dans la vraie vie ! Bon, pas que des mecs, mais t'as compris l'idée, pas vrai ? J'aime bien ce genre de perso, même si du coup c'est du déjà-vu... MAIS. PAR EXEMPLE. OBI WAN JE VEUX L'EPOUSER AUSSI ET IL EST TOUJOURS COOL. Même quand c'est un nul. Ca lui donne une autre dimension qui est chouette. Et Jack Sparrow. Mais lui c'est blblblbl…

Qui d'autre ? Hmmm... Miguel, dans la Route d'Eldorado. (TRACER LEEE CHEMINNN. j'me la suis foutue en tête merci au revoir.) WILL GRAHAM. ET HANNIBAL. ET LE MECHANT DANS ANGES ET DEMONS. ET SHERLOCK (tous). Bon, après, c'était tricher, parce qu'elle kiffait quand même pas mal les acteurs surtout. Genre Edward Norton pour Will, et l'autre dans la série, elle connaissait plus son nom, mais elle l'adorait aussi. GASPARD ULLIEL DAMN BON SANG et bon ok Hopkins aussi parce qu'il était cool mais GASPARD ULLIEL CE BG DE LA MORT OMG MAIS AHHHH. (j'ai rêvé de lui aujo, c'est drôle, j'viens juste de me souvenir du rêve.) ET EWAN MCGREGOR, CHOUCHOU DE SON KOKORO !!!
Bref. Pas beaucoup de monde. Juste quelques uns. De temps en temps. Régulièrement. (Et puis leurs voix sont aussi à crever de blblbl, hein.)

—Hein ?! Hé !! C'est super méchant ! T'as pas fini un peu ? Personne a rien décidé en plus, j't'appelle comme je veux... Hallen de poisson.

Et ça, c'était gratuit, et signé Aria. Luv. Grand sourire. (Inutile de dire qu'elle était particulièrement fière ?)

—Déjà. Je suis très débrouillarde, je te signale, et... NON MAIS TRANQUILLE JE SUIS PAS TON ESCLAVE. J'deviens grosse et moche comme toi si j'ai envie, gordito*. (*petit gros)

Elle tapota de ventre d'Allen et le pinça pour se venger, et mesurer son gras… bon, certes inexistant, mais tant pis : c'était la mauvaise foi qui avait créé le monde !

—Allez, fous-toi sur le ventre, gordito ! Sauf si tu y arrives pas parce qu'il est aussi énorme que ton égo. Tu le commences quand ton régime ?

Popopooo.

Pas une grande liste ? Dis donc, parler de liste, ça la fait parler, hein. Parce que jusque là, je me contentais un peu de "Nan mais lâche-moi la grappe" et autres répliques de quatre mots maxi, et là, voilà qu'elle s'emballe. Bon, c'est pas plus mal, faut s'imaginer que ça lui permet de penser à autre chose, hein ?
Bon, par contre, outre le monologue, j'suis désolé, j'suis resté bloqué sur un truc.

-Nick est canon ? Un renard est canon ?

Je ne la verrais plus jamais de la même façon. C'est une zoophile. D'où l'intérêt de la muselière, après tout ! Enfin, j'me comprends.
"Hallen de poisson", hein. Elle a vraiment un truc pour trouver des surnoms pourris. Elle devrait en faire son métier ! Je suis sûre qu'elle percerait ! Elle tient quelque chose, sans déconner ! C'est un don.
Après son jeu de mot pourri auquel je décidais de ne pas accorder d'importance, elle se jeta sur moi -encore, à croire qu'elle a envie de moi, hein- pour essayer de me toucher... Quoi, d'ailleurs ? MAIS ELLE ARRETE DE ME PELOTER OUI ?!

- J'suis p't'être moche mais loin d'être gros j'te signale !

J'ai même fait un régime pour grossir, alors qu'elle fasse pas genre ! Par contre, carrément j'me mets sur le ventre ? Et quoi, elle s'met où, elle s'assoit sur moi ? Mais j'suis pas une chaise omg ! J'peux pas rester assis pendant qu'elle me fait mon massage ? N'importe quoi. C'est quoi cette technique espagnole encore ?

- Pour ta gouverne, mon régime est terminé !

Régime pour grossir, je rappelle. J'sais même pas où elle a trouvé du gras quand elle m'a sauté dessus, elle m'a surtout tiré la peau ! Elle m'a fait mal en plus, même pas elle s'excuse. C'est intolérable.

- J'm'allongerai pas, c'est hors de question. Tu vas me demander quoi de plus si je m'allonge ? Que j'me déshabille ? J'reste assis, et toi tu te débrouilles.

Je repris le paquet de bonbon -encore, elle veut vraiment grossir, en fait, et se rendre malade. Parce que dans le fond, elle le fait vraiment exprès ! J'suis p't'être pas attentif aux gens en général, mais techniquement, elle est pas diabétique ? Ca m'énerve, j'essaie de faire le mec inquiet en arrivant, j'essaie même de prendre soin d'elle, et je me fais lyncher ! C'est vraiment pas cool.

- Je peux te donner quelques conseils pour perdre du poids si tu veux. J'vois bien que ça te complexe, tu essaies de faire de moi ton pote gros.

Je me redressai et me plaçai dos à elle.

-Bon allez, fini les conneries, j'attends mon massage ! Je veux voir si t'es si douée que tu le prétends.

Allen ne la comprendrait définitivement jamais, ahh. Evidemment que Nick était canon, suffisait de le voir avec ses lunettes. C'était comme Robin des Bois renard, il était grave canon ! Si on le mettait sous forme humaine, tout le monde lui arracherait ses fringues !! Mais bon, elle n'allait pas se casser les pieds à lui expliquer, il n'arriverait pas à comprendre avec son cerveau démuni.

—T'es moche ET gros. Regarde tes joues... Et ton double menton ! Non mais ça ne va plus, fit-elle en secouant la tête, l'air déçue.

Elle lui lança un sourire mutin, amusée.

—Faut t'remettre au sport, cariño !

Elle commençait tout juste à remonter les manches et de sa combi lorsqu'Allen l'envoya totalement bouler. Elle gonfla les joues comme une enfant et lui donna un coup dans le dos du plat de la main.

—Mais t'es chiant ! Enlève ton haut et allonge toi, je peux pas faire de massage correct sinon ! C'est juste relou quand on est assis. Puis t'es vraiment prude, comme gars, c'est pas possible !

Plissant le nez, Ariana fonça soudainement dans son dos et s'appuya contre lui pour essayer de le faire chuter vers l'avant ou le côté - sans grand succès.

—De 1 : Je suis douée ! De 2 : il reste que deux places, celle du pote gros ou du pote gay, tu choisis ! Et de 3.… JE SUIS PAS GROSSE. J'ai des stocks pour l'hiver, c'est DIFFERENT.

Elle abandonna et se redressa, tentant de trouver un moyen pour l'obliger à se mettre sur le ventre, mais il n'avait pas vraiment l'air prêt à le faire... Il lui fallait trouver quelque chose, mais quoi... Son visage se tordit en une petite moue réflexive, puis s'illumina. ohohohohohohoh.

Elle étira un laaaarge sourire et s'approcha d'Allen lentement. Elle glissa ses lèvres près de son oreille.

—Allen ? souffla-t-elle en glissant ses main sur ses épaules et dans son dos…

Avant de le chatouiller à mort.

—Alleeezzz mets-toi sur le ventre bon sang !! J'vais pas te violer c'est bon, râla-t-elle.

—Ok, mais quand j'aurai commencé ce fameux régime, puisque je suis grosse ! Je voudrais pas t'imposer mes bourrelets. Puis j'en fais du sport, moi ! Je cours le matin !  Tu fais pas de sport du tout, en fait ? Bouhh.

Ses efforts étant légèrement inutiles, Ariana décida d'employer ses forces à le convaincre d'une autre manière. Sauf que vous savez quoi ? C'était un autre échec monumental. GE-NI-AL. Donc en plus, il se laissait pas faire quand elle le voulait, et après, il était pas chatouilleux encore ?! Non mais et puis quoi encore ?!

—Mais pourquoi ?! répliqua-t-elle immédiatement, lorsqu'il lui dit ne pas être chatouilleux. C'est pas juste.

Au moins, il obéissait cette fois, boudiou ! Elle rougit jusqu'à la racine des cheveux. Enlever son haut aussi ? Bien sûr, elle le ferait, ça ne la gênait pas - elle était probablement la moins pudique des deux - puisque de toute manière elle serait allongée sur le ventre. Mais le problème, c'était son ventre. Elle rit nerveusement et tenta de regarder à droite et à gauche, comme si elle cherchait quelque chose susceptible de l'aider.

—Bien sûr !

Elle était vraiment STUPIDE ? Oui. En fait. Pas besoin de se poser la question. Elle l'était.

—Mais j'serais sur le ventre, tu pourrais pas mater, c'est con hein ? se moqua-t-elle, malgré son rythme cardiaque qui s'emballait d'appréhension.

Et s'il sentait ? Et s'il entendait ? Est-ce que la chose avait déjà un coeur ? Est-ce qu'il pourrait savoir ? Aucune chance, hein, pas vrai ?!

Elle fut interrompue par Allen qui venait littéralement de se mettre à poils devant elle. Non, j'abuse, il avait juste enlevé son haut : mais ne vous y trompez pas, c'était totalement suffisant pour faire taire Aria et la faire le fixer avec la bouche ouverte. Elle la ferma, parce qu'elle ne voulait pas qu'il lui dise de ne pas gober de mouches. De toute manière, il était déjà en train de s'allonger. ET ELLE ETAIT CALME. IL ETAIT CANON, MAIS ELLE ETAIT CALME ET MAÎTRESSE D'ELLE-MÊME.

—Mais... arrête, je suis pas si obèse ! grommela-t-elle en se retenant de lui mettre une claque sur le cul par réflexe.

Oui, c'était un réflexe. UN REFLEXE. Vous connaissez pas ?! Quand vous avez des fesses devant vous, et que cette personne dit de la merde, ou ne vous regarde pas, que vous connaissez quand même cette personne, n'abusons pas, et que vous lui claquez le cul avant de faire genre "NON C'ETAIT LUI/ELLE" en pointant votre voisin ?
Bon.

Elle remonta donc ses manches (qui étaient redescendues sur ses bras entre temps) et se retint de grimper sur Allen - parce que c'était comme ça qu'elle faisait les massages et qu'il allait ENCORE faire une remarque genre "euh euh c'est awkward plz descend de mes fesses g peur" - et passa donc ses mains dans son dos.

—Ah, désolée, je crois que j'ai les mains froides.

Aria commença par regarder au niveau de ses épaules pour voir si elle ne pouvait pas trouver des petits noeuds à dénouer.

Hum. Moment awkward. Elle baissa les yeux vers Allen et remonta vers la télé. Elle hésitait à lui balancer des glaçons dans le slip ou le dos, pour l'embêter. Elle rit toute seule. Et dût se retenir d'exploser de rire en imaginant sa tête. Et Allen la regardait en mode "wtf c'est une psychopathe ?"...

—Euh. C'est. LE FILM. C'EST DROLE AHAHAH.

Judy qui vient de se faire engueuler par son chef. C'est clair que c'est le passage hilarant par excellence, espèce de BOULET.

Vous connaissez "le malaise" ? C'est cette chose que vous ressentez quand votre poto se redresse avec le visage écarlate pour remettre son t-shirt en vous disant que vous faites un massage pourri, après que vous ayez pensé à lui balancer des glaçons dans son slip - et en vous demandant quelle réaction il allait avoir. VOILÀ, CE GENRE DE MALAISE.

Aria le fixait en bougonnant et protestant à vive voix, mécontente. Elle avait à peine commencé, d'abord ! Comme il assumait pas, ce nul ! Elle allait le taper un jour. Elle attrapa son coussin, pour trouver un moment pour le lui balancer en pleine tête, dès qu'elle le pourrait et que ça passerait bien. Du coup, elle commença son geste, et, prise dans son élan, elle n'arriva pas à l'arrêter à temps. Il atterrit dans sa tête alors qu'il avait à peine terminé sa phrase. Elle eut un rire nerveux, le coeur battant, sans savoir quoi dire, quoi faire, comment briser le malaise, comment... MERDE QUOI. IL FAISAIT CHIER A REDEVENIR SERIEUX, LÀ, D'UN COUP.

Elle déglutit.

—Désoléééeee... C'était pour le truc d'avant, comme t'as dit que je massais mal, alors que tu m'as même pas laissée finir, eeeettt du coup, bah... Bref...

Elle soupira à son tour et lui lança un regard neutre.

—Moins j'y pense et mieux je me porte, disons. C'est. Quand je souris j'ai l'impression que ça va mieux. Même si c'est pas le cas. Si on pense trop à ce qui nous fait du mal, ça continue à nous faire du mal. J'ai aucun contrôle dessus. Mais quand je ris comme ça, ça me libère un peu.

Doucement, elle haussa les épaules et leva les yeux vers le plafond, pensive, comme si elle pouvait y voir quelque chose d'invisible. Elle gardait ses mains posées sur ses cuisses.

—Je sais que je suis bizarre. J'ai passé plusieurs jours à... pas aller bien. Et à voir personne. Alors ça m'a fait du bien, de pouvoir penser à autre chose un tout petit peu. Je préfèrerais qu'on parle pas de tout ça.

"Pas avec toi, s'il te plaît."

—Tu préfèrerais que je fasse la gueule, que je sois apathique et que je sois triste ? Je peux aussi. Mais j'ai pas vraiment envie que tu me voies comme ça. Puis peut-être que comme ça tu arrêteras de t'inquiéter. Pourquoi tu t'inquiètes ? demanda-t-elle, les yeux brillants de larmes contenues. Ca va. Je vais bien. Ca va passer. J'ai pris ma décision, je crois, alors ça va passer.

"J'ai envie d'être heureuse. Et parfois, faire semblant de l'être, ça nous donne l'impression d'être plus fort."