Je soupirai et recommençais encore et encore. J'avais passé tout mon après-midi à me défouler plus qu'à m'entraîner.
J'étais toujours autant furieuse. Je devais aller à une visite médicale d'ici deux ou trois jours et j'appréhendais. Et Liam qui ne m'avait jamais contacté depuis trois ans! Ah non, autant pour moi, simplement il ne pouvais jamais me voir.

J'ai encore essayer de frapper avec mes pouvoirs avant de finir au poing contre ce pauvre sac. J'étais vannée.
Je n'avais vu personne depuis un moment. Je n'avais même pas fêté mon anniversaire. Ça y est, j'avais 18 ans. Dans certains pays, c'était la majorité. Pour moi, c'était juste la huitième année sans mon père, et la troisième sans ma mère et mon petit frère. Trois ans aussi, que j'avais été diagnostiqué: Youpi!

Je m'améliorais néanmoins, et force m'était de constater qu'Ys avait eu raison: Les entraînements avec Mitsuki étaient dures, mais ils portaient leurs fruits. Les médecins semblaient plus confiants, m’affirmant que mon corps semblait de nouveau enclin à se battre, lui aussi, contre le seul ennemi que j'avais vraiment: la maladie.
J'étais pourtant et surtout aussi devenue bien froide. Sauf avec mes amis bien sûr. Je m'étais endurcie, mais avec eux, je m'étais ouverte. J'avais appris à faire confiance et je me laissais porter doucement.

Toujours est-il que ce jour là était un jour sans. J'avais envie de hurler, alors j'avais mis ma colère à profit pour m'entraîner. Mais j'étais arrivée au point de rupture et je ne pouvais plus utiliser mon pouvoir. J'étais épuisée.
J'allais retourner au vestiaire, comme d'habitude après tout le monde quand j'entendis des cris à vous glacer le sang du côté des vestiaires féminins.
J'ai courrus pour voir ce qu'il s'y passait quand j'ai vu un homme se faire bombarder au travers de la porte ouverte. Qui est assez con pour rentrer aussi?
C'est quand le con en question est allé s'asseoir sur les gradins en râlant que je l'ai reconnus. Oui, c'était bien mon frère. Je me suis pris un fou-rire. M'approchant, je vins le rejoindre, toujours tout sourire, et le rire me secouant.

- Salut feu-follet. On t'as pas dis qu'il y a plus discret que la porte pour pratiquer le voyeurisme?

Ok, ce n'était certes pas une bonne idée. Mais généralement, à cette heure tardive, il n'y avait jamais personne. Le Tonnerre pensait juste bien qu'il fallait se rendre à l'évidence, l'hiver était terminé.
Et merci pour le rappel! Surtout à celle qu lui avait envoyé un sèche cheveux! Sérieux, il comprenait pas. La fois dernière, du moins, l'été dernier, Aaron était entré, normal, et personne n'avait rien dis. Il était même acclamer tel un leader... C'est une blague! Il se la raconte trop ce gars et temps qu'il y aura des idiotes comme ça, il continuera à se pavaner tel un coq.

Se frottant le nez, pestant dans son coin, un son de voix vint attirer son attention. Relevant les yeux, il tomba sur Joyce. Cette dernière était souriante jusqu'aux oreilles. Ne pas demander pourquoi! Il l'avait bien saisi, elle se moquait de lui. Peut être qu'elle n'avait pas tord.

"Non mais je matais que dalle! Je te cherchais. Elles sont tarées ces nanas."

Il est convaincu, c'est elles qui ont un problème. Puis une fois la douleur estompée, reprenant ses esprits et calmant ses ardeurs, le garçon réalisa qu'il avait enfin trouvé Joyce (c'est elle qui la trouvé).

"JOYCE!!Je t'ai enfin trouvé!! Il fallait que je te montre un truc et...le voyeurisme?"

Plissant des yeux, le jeune homme observe sa petite soeur d'un air de soupçon. genre mais c'est quoi cette proposition? Genre, elle sait comment s'y prendre? Non mais depuis quand? Depuis quand avait-elle changée?
Dix huit ans, ce n'est pas grand et c'est énorme en même temps.
Pour un adulte, ce n'est qu'une question d'âge, pour un jeune majeur, c'est une libération.
En ce qui concerne Joyce, il se doutait bien qu'elle s'en moquait et qu'elle ne le crierait pas sur les toits. Plutôt discrète malgré son tempérament de feu, elle s'était tout de même tut et n'avait rien fêter. Cependant, elle avait changé. Elle s'était affinée, ses cheveux avaient drôlement poussés. Bref, elle s'était embellie. Mais malgré ces petits détails, elle reste sa petite soeur et vous savez comment ça fonctionne. On ne vous apprendra rien.
Et l'idée qu'elle puisse observer des hommes nus dans les vestiaires dérangea le Tonnerre.

"Dis moi, depuis quand tu mattes en scred toi?! C'est toi la perverse en fait!"

Ys pourrait nier ou non, je remarquai tout de même son changement. Ca faisait trois ans qu'on se connaissait. Trois ans qu'un abrutit était venu m'emmerder dans les sous-sol, jusqu'à disparaître sous mon nez.
Il avait changé. Il se tenait plus droit, avait un air plus... heureux. Ys avait trouvé son équilibre. Je n'étais que plus fière de lui, bien que je ne le lui dirais jamais. De plus, j'étais heureuse pour lui, et pour Mitsuki.

"Non mais je matais que dalle! Je te cherchais. Elles sont tarées ces nanas."

J'ai ris un instant avant de finir de me calmer. Et oui, j'étais bien d'accord avec lui. C'est pas comme si un sous-vêtement changeait d'un maillot. M'enfin!

Pourquoi me cherchais-tu?

"JOYCE!! Je t'ai enfin trouvé!! Il fallait que je te montre un truc et...le voyeurisme?"

Ce mec est fou c'est définitif. Je l'ai regardé avec perplexité, me demandant s'il n'avait pas de la fièvre. Et puis j'ai réalisé que c'était juste le manque de cerveau dans sa boîte crânienne. Ouais. J'avais un frère débile, je sais, ça arrive.

"Dis moi, depuis quand tu mattes en scred toi?! C'est toi la perverse en fait!"

Pauvre de lui, il avait l'air choqué le petit papy!

Rappelle moi qui est entré dans le vestiaire des filles, provoquant l'hystérie générale?

J'aurai pu dire que non, je n'étais pas de ce genre, et qu'en plus j'avais un copain. Mais soyons honnête: Je n'avais pas vu Lima depuis trois ans et ça aurait été beaucoup moins drôle pas vrai?
Bon aller, il voulait quoi au fait?

HRP:

J'ai regardé Ys avec intérêt cette fois, me demandant ce qu'il faisait vraiment là, à me chercher, quitte à prendre le risque de se voir arriver une bande de nana en furie.
Il avait toujours le chic pour me voir quand j'en avais besoin, comme s'il savait que j'avais besoin de lui, bien que je ne le dirais jamais. Fallait pas être devin pour savoir que Liam et moi, ça n'allait pas, et Ys me connaissait mieux que quiconque pour savoir aussi que je ne souhaitais pas en parler.

"Je dirais que ça reste entièrement de ta faute. Essayes de te changer dans les vestiaires des garçons la prochaine fois, j'aurai moins de problème."

- Tu sais que c'est pas con comme idée? Ils sont beaucoup moins chichiteux que les filles!

Moi, le provoquer? Jamais! Bien sûr, je ne le ferai pas, mais j'adorais l'embêter, et savoir que je pourrai être capable de le faire juste pour l'emmerder suffisait à faire ressortir son côté frère protecteur. C'était marrant.
Je le vis alors chercher quelque chose dans sa poche arrière et je devins suspicieuse. Qu'est ce qu'il allait encore me montrer?

"En fait, je voulais t'emmenais quelque part mais tu te moque de moi au lieu de me demander comment je vais."

- Pas besoin, ça se voit. Bon aller accouche, tu veux m'emmener où encore?

La vérité, c'était que j'étais euphorique. J'aimais traîner avec lui, bien que je m'en cache. Je me retenais de lui arracher des mains le fameux trésor. Il pouvait toujours essayer de me culpabiliser, ça ne marcherait jamais, et il le savais autant que moi. Il a d'ailleurs très vite reprit le sourire.

"Bon okay fais pas cette gueule! Déjà que t'as gagné en rides, n'en rajoutes pas d'avantages. Je voulais tout simplement t'emmener à un concert. Enfin, si t'es dispo bien sûr!"

J'ai eu un léger bug. Bon OK, j'ai carrément fait un arrêt sur image. Je n'avais pas souvent reçu de cadeau, pas depuis que ma famille avait périe. C'était même... Le premier que l'on me faisait vraiment. Que ce soit de la part de Ys me touchait d'autant plus.
J'ai eu probablement le sourire d'un enfant devant le sapin le matin de Noël. Un concert avec mon grand frère. Je pouvais juste pas rêver mieux. Mais bien sûr, ça, fallait pas qu'il le sache. J'ai effacé mon sourire et j'ai affiché un air suffisant.

- Ben écoute, n'ayant rien d'autre à faire, j'accepte ta proposition! Mais à l'unique condition que tu cesses d'aller mater les filles dans les vestiaires! Sinon je le dirai à Mitsuki!

On entendait ma joie dans ma voix. Comment aurait-il pu en être autrement? Une fois encore, Ys avait agît comme le frère qu'il était.

Le jeune homme se contente de lever les yeux au ciel. Cela vaut mieux, du moins, c'était la solution selon lui. Il ne devait surtout par rentrer dans la provocation de la jeune femme au sujet des vestiaires pour hommes. La maline le cherchait et pour une fois, il allait devoir se montrer plus intelligent. Surtout qu'il est bien conscient que tout cela ne soit qu'une pure plaisanterie mais ce dernier serait capable de se laisser envahir par ses sentiments.

Néanmoins, la conversation dérive et la blonde devient impatiente. Elle se moque bien si le jeune home souffre de cette attaque soudaine depuis qu'elle connait l'existence d'un secret. Le garçon a sans doute vendu la mèche trop vite mais tant puis, son impatience fit sourire le Tonnerre. On dirait une gamine qui veut son cadeau maintenant. Et pour une fois, il pouvait la faire tourner en bourrique tout en prenant son temps pour lui dévoiler la surprise. C'était pas comme s'il lui offrait quelque chose tous les jours.

Finalement le suspense tombe, et son comportement est à mourir de rire. Du moins, il donne le vertige. Pendant quelques minutes, elle a un sourire de gosse, elle a les yeux qui brillent mais quand cette dernière retrouve sa voix, elle devient indifférente. Toute joie évanouie en quelques secondes. Quelle bonne comédienne! Fierté quand tu nous tiens!
Evidemment, Joyce a toujours été cette fille qui tient ses positions et surtout, elle se fait violence pour ne pas perdre la face. Et les menaces, ça, ce sont ses alliés.

"Caches ta joie surtout..."

Fit le jeune homme d'un air blasé avant de réaliser soudainement qu'il n'avait pas prévenu Mistuki qu'il ne rentrerait pas ce soir.

"Oh!! Attends, Mitsu, je lui ai pas dis pour ce soir!! Je vais me faire défoncer, donnes moi deux secondes..."

Il est pitoyable. Il serait le genre de père qui oublierait son enfant dans le siège auto. Horrible n'est ce pas? Il ne pouvait pas être partout à la fois. Et aussitôt, le Tonnerre s'empresse d'attraper son téléphone pour envoyer un très lonnnnng message. A croire qu'il lui envoyait un roman. C'est qu'il ne voulait pas se faire gronder en rentrant. Et durant ce temps, il se perd dans ses pensées quand son regard dévie sur sa soeur, les billets en mains.

"Au fait... tu comptes pas te pointer comme ça j'espère?!"

Fit-il avec un air blasé en la pointant du doigt de haut en bas. On aurait dit une diva qui fait la moue du genre "Ma chéwie".
Bah il devait être tolérant, elle sortait de ses entraînements mais il ne pouvait pas s'empêcher de critiquer. Surtout qu'elle venait de quitter la planète Terre après cette offre.

Je vis bien qu'Ys avait compris mon manège. Lui comme moi étions fier, on aurait jamais montré nos sentiments, même quand ils étaient évidents.
J'aurais pu lui sauter dans les bras en le remerciant, en lui disant ce que son geste représentait pour moi, mais avouons le, je ne suis et ne serais jamais de ce genre là.

"Caches ta joie surtout..."

J'ai eu un petit sourire complice. Il savait parfaitement combien j'étais heureuse qu'il me propose ça.

"Oh!! Attends, Mitsu, je lui ai pas dis pour ce soir!! Je vais me faire défoncer, donnes moi deux secondes..."

Je le vis se détourner pour taper un loooong message. Non mais sérieux, il lui racontait quoi? Il en mettait du temps!
Non pour de vrai, j'étais heureuse de le voir ainsi. Si on m'avait dit qu'Ys s'ouvrirait autant au monde quand je l'ai rencontré, je n'y aurai pas cru. Il était si solitaire! Si seul! Et regardez-le! Et oui, comme quoi, tout change.

"Au fait... tu comptes pas te pointer comme ça j'espère?!"

J'ai ris. Je devais admettre qu'il avait raison. Je portais un short noir et un top blanc et j'étais en sueur. Pas la grande classe.
J'ai levé les yeux au ciel et j'ai pointé le vestiaire pour fille juste avant d'y filer, sans un mot de plus. Il n'y avait plus personne. Voir un pervers débouler avait dû les refroidir d'y passer vingts ans. Et ouais, Ys pouvait parfois être utile.

J'ai pris une douche rapide avant d'enfiler un jean et un top couleur bordeaux. Un peu de mascara et terminé. J'ai rejoins Ys après avoir enfilé mes éternelles bottes de cuir.

- Ça te convient M. le styliste?

Je ne dupais personne tant je souriais. J'étais plus qu'excitée à l'idée d'aller voir un concert avec lui. Et puis... J'avais besoin de me changer les idées. Et je pouvais compter sur Ys pour me casser les pieds à un tel point que je finirais bien par penser à autre chose.
S'il y avait bien une chose qui ne changerait jamais, c'était ça. Et c'était pour le mieux.

En deux trois mouvements, après un signe de tête, Joyce disparaît et retourne aux vestiaires. D'un fin sourire, Ys observe la silhouette de sa sœur disparaître. Elle est loin l'époque où ils se seraient bouffer le museau au sous sol. Et quelle époque! Ca lui manque par moment. Bon, ok, il parle comme un vieux et heureusement que Joyce ne l'entendait pas sinon elle n'aurait pas manqué d'en rajouter.
Et ca ne parait pas si vieux que ça et pourtant... ça fait pas mal de temps maintenant. Quoi? Quatre ans au moins?
Et tandis que le Tonnerre se laissait balancer dans ses souvenirs, il vit la horde de filles dégénérées passaient pour rejoindre l'institut tout en lui jetant un regard noir.

*Des malades -_-...*

Bito, lui, il se fait pas prendre. Pourtant, il lui manque un grain. Mise à part la solution de faire l'opossum pour s'en sortir, ce gars aurait été crucifier vingt fois sur les murs du gymnase. Y a pas de justice!
Une fois le danger éloigné, Ys s'installe sur les gradins, écoutant une playliste sur son téléphone. C'est qu'elle en met du temps la petite. Genre, y a quoi à modifier ? T'es moche, t'es moche. Laisses tomber. Bon ok, c'est méchant, mais c'est son grand frère ok?!
Finalement, Joyce revient fraichement. En fait, elle est bien habillée et en plus de ça, elle met du mascara. Ouais, elle fait ça, ces derniers temps. Dix huit ans pas vrai?!

"Hum... Mouais, mais faut que tu perdes plus de poids. T'as un gros cul. En revanche, tu tires parfaitement bien la gueule comme les mannequins!"

Fit-il d'un sourire diabolique. C'est sa manière à lui de lui dire qu'il approuvé. Mais il se décide à s'arrêter et ne pas l'embêter plus que ça. Se téléportant du gradin pour être à quelques pas de son amie, Ys reprit, un clin d'œil en plus:

"Je déconnes..."

Mais ça, elle le sait. Ceci dit, il trouve bon de le lui rappeler.
Posant une cigarette sur son oreille, le Tonnerre ouvra le chemin à prendre. Ils n'allaient pas non plus rester ici éternellement. Ses mains vinrent se croiser derrière sa tête, tandis qu'il reprit aisément:

"Au fait, t'aurais pu prévenir plutôt. On aurait une méga fiesta. Je suis sûr que Mitsu aurait été trop contente. Tu sais, elle est du genre à s'éclater à tout préparer. Et puis, ça aurait été une super excuse pour picoler à mort!"

Pour sûr, Mitsu se serait éclater à créer une ambiance de folie pour son anniversaire. D'ailleurs, elle allait être déçue. Cependant, bien qu'il comprenait les réactions de sa sœur vis à vis de cet évènement, il aurait tout de même aimé qu'elle le fasse. Il fallait qu'elle aille de l'avant, qu'elle change sa vision des choses ou du moins, essayer autre chose.

"Hum... Mouais, mais faut que tu perdes plus de poids. T'as un gros cul. En revanche, tu tires parfaitement bien la gueule comme les mannequins!"

- Ça c'est parce que tu me brises les ovaires papy...

J'ai marmonné pour moi même la petite pique, ne voulant pas lui donner une excuse de plus pour me planter là et reprendre mon cadeau.
Bien sûr, il se téléporta devant moi avant de me préciser qu'il plaisantait. Quel idiot, comme si j'avais besoin qu'il me le rappelle!

Je me souviens du temps où j'hésitais encore entre l'aimer ou le détester. Et puis il y avait eu cette audition débile. Ce moment où tous deux nous étions vraiment vu, pour la première fois. Ce jour où, par la musique, on avait appris à se connaître. Tout était parti de trois notes. Tout était parti de là. Tout partirait toujours de là.
Il m'avait proposer d'intégrer son groupe à la fin, et ce fût le début de notre amitié. De notre fraternité.

On se mit en route et au moment où il mit une cigarette sur son oreille, je l'attrapai et la brisai en deux. Non Ys, tu ne fumeras pas. C'est mort.
J'ai comprit le reproche qu'il allait me faire avant même qu'il le formule.

"Au fait, t'aurais pu prévenir plutôt. On aurait une méga fiesta. Je suis sûr que Mitsu aurait été trop contente. Tu sais, elle est du genre à s'éclater à tout préparer. Et puis, ça aurait été une super excuse pour picoler à mort!"

Je savais à quoi il faisait référence. Mais il en était hors de question. J'avais perdu toute ma famille le jour de mon anniversaire. S'il croyait sincèrement que je le refêterai un jour!
Mais après tout, Ys ne pouvait pas savoir.. Quoique. Toujours est-il que je ne pouvais pas lui en vouloir de vouloir mon bonheur et que je passe à autre chose.

- Je ne vois pas du tout de quoi tu parles feu-follet.

T'as raison Joyce, faisons comme si on savait pas de quoi il parlait... Très mature comme réaction!

On ne change pas une équipe qui gagne.
Ys et Joyce de nouveau réunis pour se lancer des piques. La soirée promettait d'être riche en répliques. Ys préféra d'ailleurs laisser couler car oui, la nuit leur appartenait.
Masi tandis que le Tonnerre lui demande de rendre des comptes, en soit, Joyce nie, comme à son habitude.
Le jeune homme aurait pu le voir arriver. Il la connaissait suffisamment pour la deviner sur la défense. Mais pouvait-il vraiment lui en vouloir? Bien sûr que non. Qui ici, à Terrae, n'a pas été une seule fois sur la défense? Bon, après, y a des exceptions. Joyce est une personne parmi tant d'autres qui reste la plupart du temps en retrait. Aby lui ressemblait énormément, c'est qui lui avait frappé chez ces filles. Même en dépit qu'ils puissent avoir battis un lien aussi fort, aussi fraternel, il resterait toujours un jardin secret.

Peut être que tous deux craignaient le regard de l'autre. Peut être qu'ils avaient peur de se décevoir et que ce lien qu'ils avaient gagné finirait par disparaître. Pourtant, Joyce avait fait un incroyable effort en avouant sa maladie. Et l'effort qu'elle avait du se fournir, Ys s'en souvenait très bien. Et la pente était très raide.
Mais le jeune homme n'insisterait pas. Il connaît malheureusement pas toutes les facettes, peut être qu'un jour, ils finiront par accepter.
Fourrant ses mains dans ses poches, le jeune homme leva les yeux au ciel.

"Bien sûr, bien sûr petite tête.... sérieux t'aurais pu éviter d'exploser ma clope. En plus, j'ai gravement diminué tu sais! J'en suis qu'à un paquet par jour. Je te préviens, je comptais fumer ce soir alors me gâche pas ce plaisir."

Non mais c'est vrai, lui qui était à deux paquets, avait progressé. Et vous savez que c'est compliqué pour un gros fumeur. Surtout que c'était un expert, ouais, il n'allait pas qu'au bureau de tabac... Mais ça, c'était y a longtemps. Très longtemps.
De toute manière, en plus que Joyce lui explose ses paquets, il le sentait qu'il devait diminuer. S'il voulait devenir le meilleur des Masters, il devait s'acharner au travail et c'était pas en crachant des poumons qu'il y arriverait.

"Au fait, je me demandais... Joyce, c'est américain?"

C'est con, ouais? Jusqu'ici, mise à part qu'ils se chamaillent pour un rien ou qu'ils partageant la musique, ils ne savaient pas pour autant d'où ils venaient et qui ils étaient autrefois. Ou du moins, tout n'est que superflus.

Je ne voulais pas qu'Ys sache. C'était idiot hein? Comme s'il allait me juger. A bien y réfléchir, Ys ne savait rien de moi finalement, et je ne savais rien non plus de lui. Ou très peu. On était aussi fier l'un que l'autre, aussi secret sur ce qui nous était arrivé. Ma seule confidence avait été la maladie. La sienne, son étoilisation, tout du moins ce que j'en avais compris.
Ys me sorti de mes pensées en pestant pour sa clope:

"Bien sûr, bien sûr petite tête.... sérieux t'aurais pu éviter d'exploser ma clope. En plus, j'ai gravement diminué tu sais! J'en suis qu'à un paquet par jour. Je te préviens, je comptais fumer ce soir alors me gâche pas ce plaisir."

- Oui oui...

Comme si moi, j'allais le laisser fumer en paix... Même pas en rêve vieillard, c'est mal me connaitre que de le croire!
On a avancé, chacun perdu dans ses pensées. Je réfléchissais. Pourquoi étais-je si hermétique à l'idée de parler de qui j'étais autrefois à Ys? S'il y avait bien une personne pouvant comprendre, c'était lui non? Et puis, je n'avais concrètement rien fait de mal pas vrai? "Sauf survivre quand eux sont morts..."

"Au fait, je me demandais... Joyce, c'est américain?"

J'ai tiqué. C'était la seconde fois ce soir qu'Ys me posait une question, plus ou moins directe, en lien avec mon histoire. Je lui ai lancé un regard curieux, me demandant si lui aussi s'était rendu compte que nous ne nous connaissions pas si bien.
J'ai finis par regarder droit devant moi, un petit sourire en coin. Mon prénom pas vrai?

- Ouais, ça l'est. Je suis de Chicago. C'est mon père qui a choisit. Il... Quand ils ont appris que ma mère était enceinte, ils ont été fou de joie mais aussi d'inquiétude. Papa n'avait pas finis ses études et maman devait prendre un congé, j'étais ce qu'on appelle une grossesse à risque je crois. Alors quand je suis née et qu'ils ont vu que tout allait bien, papa a voulu marqué le coups. Il a donc fait une référence de merde à la joie et voilà: Joyce. Pas très original, je sais.

C'était un beau souvenir. Papa et maman me l'avait raconté quand on cherchait ensemble le nom de mon futur petit frère. Je n'étais pas bien haute, peut-être quatre ou cinq ans. Papa me tenait sur ses genoux et maman était en face de moi. Je m'en souviens.
Parler de mes parents n'étaient jamais facile pour moi, mais je voulus faire un effort. Ys avait le droit à autre chose qu'à un simple "oui" à demi murmuré.

- Et toi? Japon je suppose?

Je me fis la promesse de répondre à toutes ses questions, même les plus délicates, à condition qu'il réponde aux miennes, en son temps. Chacun son rythme comme on dit pas vrai?
Je voulais le connaître moi aussi, et cette fois, sans musique. Juste nous. Parce que parfois, c'est l'instrument brut qui mérite un regard, et pas les sons qu'il émet.

Du coin de l'oeil, Ys jeta un regard méfiant à la petite blonde. Non mais sérieusement, elle n'allait tout de même pas lui bousiller ses clopes toute la soirée? Tu connais le prix du paquet? Il fait comment exactement Liam? C'est pas parce que c'est son amoureux et qu'il lui fait les yeux doux que ça fonctionne, si? C'est de l'injustice!

Bref Ys préféra oublier et passer à autre chose. Surtout quand il se rend compte que ces deux là ne sachent pas tout sur eux. Certes, il restera toujours une part de mystère. Mais tout n' est que temporaire. Nous le savons, les secrets ne sont pas fait pour durer.
Ceci dit, Joyce tique et leurs regards échangés sont annonciateurs. Malgré tout, Joyce ne se braque pas plus tel le fut un temps. Et elle développe. Elle explique. Elle en dit plus qu'Ys ne l'aurait crus. Et tout ouïe, il l'écoute attentivement.
Un fin sourire s'étire et son regard se reporte à l'horizon.

"Moi, je trouve ça cool. Ça explique d'où tu viens. Ça démontre aussi combien tu représentais..."

C'est idiot mais il pourrait la jalouser. Il sait sans connaitre les détails que son amie avait vécu quelque chose d'horrible. Ses chansons rappellent suffisamment un terrible drame, une perte douloureuse. Mais il pouvait désormais découvrir combien ses parents pouvaient l'aimer. Avant son malheur, Joyce avait été aimé. Elle était surement une fille différente de celle qu'elle était aujourd'hui. Et elle était surement bien plus heureuse.

"Ouep..." Fit il indifféremment.

Instinctivement, son attention se porte sur la blonde. Il a sentit un regard remplit de sous entendus. Ok, il a compris. Allez le rebelle, toi aussi, tu dois jouer le jeu!

"Ma mère était japonaise et américaine... L'autre co-.... mon père" Fit il avec hargne "est japonais."

C'est dingue comme l'envie de l'insulter comme pour évacuer sa haine le démange encore après tout ce temps. Même des années après. Puis il fait un effort et sourit de nouveau. Un sourit tordu en soit. Il ne faut pas gâcher la soirée.

"Mais bon, c'est pas pour autant que je parle super bien l'anglais!" Reprend-t'il avec ironie.

Il ne fallait pas compter seulement sur ses origines, surtout quand on est légèrement paresseux sur les bords.

"Ys... c'est le nom d'une île qui a disparut sous les eaux. Mon majordome m'a toujours dis que ma mère aimait les histoires mystiques et tout."

En soit, s'il n'avait pas eu Alfred dans sa vie, il ne saurait rien de sa mère et de ce qu'elle avait aimée. Ni aucune photo et  malheureusement, ses souvenirs d'enfants s'évanouissent.
Fourrant ses mains dans les poches, les jeunes terriens marchaient au milieu de la place. Il y avait du monde ce soir. Des animations, des danseurs, de la musique, des rires, des ventes, de la lumière...

"T'as vécu où exactement? Excuses moi mais j'ai jamais voyagé, donc je me demande si c'est mieux là bas ou ici. T'as une préférence?"

Et si cette soirée leur permettait d'être lié? Plus fort qu'ils ne l'auraient imaginés? Après tout, ils n'étaient plus ces étrangers du sous sol.

C'était bizarre de se rendre compte au bout de tout ce temps qu'on connaissait rien de nos passés respectifs. Ys ne m'avait jamais parlé de qui il avait été avant d'arriver à Terrae, pas plus que je ne lui avais avoué mon histoire et ses déboires.
Il a sourit quand j'ai évoqué les origines de mon prénom et ça m'a fait plaisir, parce qu'il avait sincèrement été attentif à son histoire.

"Moi, je trouve ça cool. Ça explique d'où tu viens. Ça démontre aussi combien tu représentais..."

J'ai bien senti cette aigreur, cette envie dans la voix et sans que je ne sache vraiment l'expliquer, il m'est apparu évident qu'Ys avait une histoire bien différente de la mienne, même si nous avions tous deux dans le regard la même lueur de perte qui à la base, nous avait rapproché. Pas besoin d'être devin pour comprendre qu'on était tous les deux sans famille et seuls face au reste. On avait trouvé notre famille à Terrae, c'était là notre premier point commun.

Néanmoins, je ne me contentais pas de son acquiescement passif face à ma demande de réciproque. Je voulais le connaitre moi aussi, et je le lui fis comprendre. Je ne le forcerai pas, bien sûr, mais j'espérais sincèrement qu'il se confie à moi et qu'il ait suffisamment confiance en moi pour s'en sentir l'envie et le droit.  

"Ma mère était japonaise et américaine... L'autre co-.... mon père est japonais."

Pour moi qui avait aimé mon père de tout mon coeur, il était difficile d'entre mon plus proche ami manquer d'insulter le sien. Mais pour connaitre Ys, je savais que s'il vouait une haine aussi tenace à son géniteur, c'était sûrement pas pour une punition un peu trop sévère datant de l'enfance. Visiblement, il y avait une histoire derrière tout ça, et j'espérais sincèrement la connaitre un jour.
Il avait un sourire bancal et il tenta même de faire de l'humour mais je le connaissais par coeur, et je savais que le coeur n'y était pas. J'avais rouvert une plaie.

"Ys... c'est le nom d'une île qui a disparut sous les eaux. Mon majordome m'a toujours dis que ma mère aimait les histoires mystiques et tout."

Pardon? J'ai bien entendu? Son majordome? Attendez, deux secondes. Genre. Cet énergumène malpoli aux premiers abords serait de la haute? Sans dec? Oh mince!
Dans un autre contexte, j'aurai pu exploser de rire face à cette découverte, mais j'ai beaucoup plus réagit face au temps employé pour parler de sa mère. Sa mère était décédé, et si c'était son majordome qui lui avait offert les origines de son prénom, cela voulait sûrement dire qu'elle était morte quand mon ami était encore tout jeune. J'ai doucement comprit pourquoi Ys m'avait semblé si froid et si distant pendant longtemps. Il n'avait pas beaucoup connu l'amour maternel, et visiblement, c'était pas son père qui avait rattrapé le coups. Ys avait grandit seul... Du moins c'était la conclusion à laquelle j'arrivais.

"T'as vécu où exactement? Excuses moi mais j'ai jamais voyagé, donc je me demande si c'est mieux là bas ou ici. T'as une préférence?"

Y avait du monde autour de nous, mais je n'en voyais pas un seul. J'étais obnubilée par la conversation que nous avions. Je voulais le connaitre, vraiment. Et le pire, c'est que je voulais aussi qu'il me connaisse, moi qui n'avait jamais raconté mon histoire à personne, pas même à Liam, qui n'en avait que des bribes.

- J'ai vécu à Chicago toute mon enfance, je n'ai pas beaucoup bougé. J'ai jamais pu vivre en ville cependant. Ma... Ma mère était championne de CSO et elle avait besoin de pouvoir s'entraîner librement. Quand à mon père, il était chirurgien, ce qui explique qu'on ait pas pu non plus trop s'éloigner.

J'ai fais une pause. C'était difficile d'en parler, mais je savais que je pouvais me confier. Et ça me faisait du bien, de ne plus garder ça pour moi. De partager.

- Honnêtement, après tout ce qu'il s'est passé, je ne retournerai probablement plus jamais là-bas. Mais c'est une chouette ville... J'adorais vivre là-bas. Quand j'étais petite, je rêvais de pouvoir poursuivre mes études à New-York, c'est te dire à quel point j'aimais le pays... Mes parents nous y avaient emmenés, Vincent et moi, une fois. Je suis tombée amoureuse de la ville.

Quand je pense que j'étais suffisamment candide pour croire un instant que la vie serait simple...

- Ys... T'accepterai de me parler de... toi? Je veux dire... Tu sais mmh... Je me suis toujours demandée... Comment t'en es venu à atterrir ici?

Bon question diplomatie, on repassera hein...