C'est difficile de redevenir naturel, de réapprendre à vivre à deux, quand on a vécu seule si longtemps. J'avais longtemps attendu que Liam daigne répondre à mes appels et à mes messages, qu'il revienne. J'avais longtemps attendu un geste de son affection, un baiser n'importe. Je n'avais plus la patience d'attendre.

Au début de notre relation, j'avais souvent trouvé Liam trop timide, trop craintif avec les gestes d'affection. C'était difficile de supporter ce genre de chose. Quand votre raison vous crie de lâcher prise, il est difficile de voir que de l'autre côté, ce n'est pas la même chose. Ça avait finit par nous conduire à notre perte. Tous ces non-dits, tous ces mensonges. J'en avais assez d'attendre de Liam qu'il comprenne seul, de lui laisser le temps et l'espace dont il avait besoin. Il avait eu trois ans pour réfléchir, moi non.

Il a arrêté le film, visiblement irrité par notre soirée. Il avait l'air inquiet et m'a même demander si tout allait bien. Non Liam, tout ne va pas bien. Tu te comportes comme si les trois ans n'avaient pas été là. Tu te mens à toi même en pensant que tout va rentrer dans l'ordre tout seul. Qu'on aura pas d'effort à faire, pas de concessions. Il a continué à chercher en me demandant si c'était le film ou les sucreries le problème. Non. C'était pas ça.  Et puis il a eut l'air de comprendre, me lançant un regard mi-figue, mi-raisin.

- J'ai... J'ai fait quelque chose de mal ! Dis-moi quoi, je ne le ferais plus, je suis désolé...

Je me suis rassise, consciente que la conversation allait devenir bien lourde de sens à présent. Que lui dire? La vérité? Je n'avais plus le choix.

- Tu te comportes avec moi comme si j'avais encore quinze ans. Comme si rien ne s'était passé. Je ne suis plus une enfant Liam, tu es parti trois ans et c'est énorme. Ne fais pas comme si rien n'avait changé alors que nous sommes les preuves vivantes que trois années peuvent métamorphoser les gens.

J'ai fais une pause avant d'enfin vriller mon regard vert au sien, de ce beau bleu lavande. On avait tellement changé. Nous n'étions plus des enfants et nous ne le serions plus jamais. J'étais âgé de dix-huit ans, lui de vingt-trois. C'était ainsi. Nous ne nous étions pas vu grandir, ni gagner en maturité. Nous nous redécouvrions.

- Je n'ai plus quinze ans Liam. Alors arrête de te comporter avec moi comme tel et surtout comme si tu m'avais quitté la veille. C'est blessant, vexant et assez désorientant. Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Si c'est qu'on reprenne là où on s'était arrêté, c'est impossible et tu le sais. Il s'est passé beaucoup trop de choses entre temps. On a grandit. Il faut faire avec. On a perdu ces trois ans et on ne les rattrapera jamais. Alors par pitié, ne fait pas comme si on le pouvait.

Joyce s'assit et je vis dans ses yeux que la soirée détente était terminée. Elle inspira et se lança dans ce que je savais être une tirade pleine de vérité blessante dont je n'avais pas eu conscience avant, idiot que j'étais.

- Tu te comportes avec moi comme si j'avais encore quinze ans. Comme si rien ne s'était passé. Je ne suis plus une enfant Liam, tu es parti trois ans et c'est énorme. Ne fais pas comme si rien n'avait changé alors que nous sommes les preuves vivantes que trois années peuvent métamorphoser les gens.

C'était comme si je m'étais pris un coup en pleine poitrine. J'eus l'impression de tomber un instant et de heurter le sol violemment, mais je restais assis, droit comme un i, les yeux baissés face à la réprimande.

- Je n'ai plus quinze ans Liam. Alors arrête de te comporter avec moi comme tel et surtout comme si tu m'avais quitté la veille. C'est blessant, vexant et assez désorientant. Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Si c'est qu'on reprenne là où on s'était arrêté, c'est impossible et tu le sais. Il s'est passé beaucoup trop de choses entre temps. On a grandit. Il faut faire avec. On a perdu ces trois ans et on ne les rattrapera jamais. Alors par pitié, ne fait pas comme si on le pouvait.

Je levais les yeux et l'explorait à nouveau du regard. Ses cheveux avaient poussé, ses yeux gagné en maturité, et son corps aussi avait changé. Elle avait raison sur toute la ligne, je devais l'avouer.

- Tu as raison. Pardon, Joyce, je suis un idiot... Dis-moi, que dois-je faire ? Je suis perdu.

Après tout elle était la première petite amie que j'avais jamais eu. J'étais bien incapable de comprendre tout d'un seul coup... Il me fallait une direction. Je ferais tout pour ne pas la perdre. Je lui lançais un regard suppliant. Elle était la seule et l'unique.

Je savais que Liam était prêt à tout pour que notre couple renaisse de ses cendres, mais il était impossible d'effacer les trois années écoulées. C'était ainsi et nous n'y pouvions rien. J'ai soupiré. J'avais mal à la tête à force de me prendre le chou avec lui depuis l'après-midi.

Beaucoup trop de problème d'un coups. Liam a baissé les yeux, comme à chaque fois que l'on s'engueulait et qu'il s'en voulait. C'était étrange de voir à quel point Hero et lui avaient le même comportement. Flippant presque.
Il a finit par m'observer, mais différemment que précédemment. Il me voyait pour la première fois depuis son retour. Il voyait mes longs cheveux, mes yeux, plus sages qu'autrefois, voyait les quelques centimètres que j'avais gagné, les formes de femme qui s'étaient emparés de mon corps. Il voyait enfin les années écoulées et admettait silencieusement que j'avais raison.

- Tu as raison. Pardon, Joyce, je suis un idiot... Dis-moi, que dois-je faire ? Je suis perdu.

J'ai soupiré dans un sourire. Il était adorable à tenter de trouver mon aide. Mais là-dessus, je ne pouvais pas vraiment l'aider. Il fallait qu'il trouve seul le bon rythme. Qu'il sache ce dont il avait ou non envie et qu'on en parle ensembles. Il fallait qu'il me parle de ses peurs, de ses craintes, de ses envies et de ses besoins.
Je ne pouvais pas tout deviner, ni tout diriger. Dans une relation, on était deux. C'était ainsi, ce ne serait jamais autrement. Mais je pouvais lui montrer ce que moi, je voulais et attendais.

Je me rapprochée de lui, un sourire malicieux aux lèvres et j'ai posé le pc sur la table de chevet avant de m'asseoir à cheval sur ses cuisses, face à lui. Je l'ai embrassé.

- Déjà, tu vas me faire un câlin. Un vrai, pas un où tu te barres deux secondes après chercher je ne sais quoi, je ne sais où.

J'ai ris, pour lui montrer que je ne lui en tenais pas rigueur. Après tout, il fallati qu'on apprenne de nouveau à se connaitre, comme la première fois.

- Et ensuite, dis moi ce que tu attends de notre relation. Ce dont tu as ou non envie. Donne moi tes limites, demande-moi ce dont tu as besoin. Je ne peux pas toujours décider pour nous deux. Prends des initiatives, montre moi ce que tu veux là, maintenant. Mais arrête de me repousser comme si j'étais en sucre. Comme si c'était mal de se laisser aller.

Je me suis avancée, toute trace de malice envolée, un air tendre et demandeur dans le regard. J'ai pris son visage entre mes mains.

- Et par pitié, embrasse-moi. S'il te plait.

Et j'ai volé ses lèvres, sans retenue cette fois. Fermant les yeux, j'ai retrouvé ce petit bout d'éternité que j'avais entrevu la première fois qu'il m'avait embrassé, presque trois ans et demie plus tôt.

Je levais les yeux vers Joyce, l'interrogeant du regard. Elle sourit et soupira, et je me demandais un instant si elle se moquait de moi. Je balayait cette idée d'une pichenette mentale, et regardais le jeune femme se rapprocher jusqu'à être assise à califourchon sur moi, l'air malicieux. Elle posa un baiser sur mes lèvres, alors que je l'observais, ébahi.

- Déjà, tu vas me faire un câlin. Un vrai, pas un où tu te barres deux secondes après chercher je ne sais quoi, je ne sais où.

Une aiguille de culpabilité me picota le cœur mais le rire de Joyce la délogea. Elle reprit :

- Et ensuite, dis moi ce que tu attends de notre relation. Ce dont tu as ou non envie. Donne moi tes limites, demande-moi ce dont tu as besoin. Je ne peux pas toujours décider pour nous deux. Prends des initiatives, montre moi ce que tu veux là, maintenant. Mais arrête de me repousser comme si j'étais en sucre. Comme si c'était mal de se laisser aller.

Ce que j'attendais de notre relation... Voilà une bonne question. Je voulais qu'on s'entende bien, qu'on passe du temps ensemble sans que cela ne devienne obligatoire ou envahissant, et je voulais pouvoir la tenir dans mes bras, lui offrir les choses qu'elle désirait le plus. Je voulais prendre soin d'elle, la sauver, l'aider et l'aimer. Voilà ce que je voulais.
Je la regardais à nouveau, la redécouvrant, encore. J'avais face à moi une jeune femme sublime, au regard encore sauvage. Son air sérieux et l'éclat tendre dans ses yeux eurent raison de moi. Ses mains s'emparèrent doucement de mon visage tandis qu'elle me volait à nouveau mon cœur.

- Et par pitié, embrasse-moi. S'il te plait.

Et, sans me laisser le temps de réagir, elle fit le premier pas. Ses lèvres touchèrent les miennes sans retenue. J'entrais dans son jeu, passant un de mes bras à sa taille, la serrant contre moi. Mon autre main trouva le chemin de ses cheveux et les caressa. Ils étaient doux, soyeux. Je sentais que je perdais pieds, et même mon équilibre commençait à me faire défaut. Je glissais en arrière, entraînant la jeune femme avec moi, répondant à son baiser. Le film attendrait. Je m'écartais légèrement, la serrant contre moi avec force.

- Tu es à moi, je ne partage pas. Tu es ma perle rare. Je veux que tu sois à mes côtés, toujours. Et je veux te protéger, même si tu n'en as pas besoin, te cajoler, t'offrir tout ce dont tu rêve. Je suis là, rien que pour toi.

Allongé sur le dos, Joyce au dessus de moi, j'écartais les bras en croix, comme pour montrer que je ne comptais plus partir. Au diable les obstacles que nous rencontreront, je serais plus fort qu'eux.

Amen putain! Oui je sais mon expression est paradoxale. Je peux pas dire une injure et amen dans la même phrase. Breeeeeeeeeeeeeeeef, on recommence!

Enfin, Liam commençait à me regarder autrement qu'une gamine de quinze piges qui ne connait rien à la vie. C'est pas que ça commençait à me saouler mais presque. Non, arrêtons de mentir, c'était atroce! J'avais l'impression d'être une enfant alors que je ne l'étais plus. Certes, j'étais encore jeune, mais j'avais dû m'occuper de mon petit frère à la mort de mon père, j'avais dû gérer seule la maladie, j'avais dû m'occuper des chevaux de ma mère quand elle n'avait plus pu... Et dans trois ans, je devrai m'occuper de mon héritage, encore une fois, seule. Je n'étais pas une gamine. J'avais été confronté aux problèmes d'adulte depuis toute jeune. Alors merde, ça me gavait de voir Liam me traiter comme autrefois, quand on s'était connu. J'avais encore changé! Et lui aussi!

Quand je l'ai embrassé, son bras est venu se loger sur ma taille, me rapprochant d'avantage de lui. J'ai été surprise de ce revirement. Il acceptait enfin de se laisser aller, j'avais gagné! Il passa son autre main dans mes cheveux et j'ai souris sous le baiser. C'était agréable de se sentir aimée et chérie. De se sentir belle sous chacun de ses regards, sublime sous chacune de ses caresses.
Il s'est laissé glissé en arrière, m'écartant légèrement pour échanger trois mots.

- Tu es à moi, je ne partage pas. Tu es ma perle rare. Je veux que tu sois à mes côtés, toujours. Et je veux te protéger, même si tu n'en as pas besoin, te cajoler, t'offrir tout ce dont tu rêve. Je suis là, rien que pour toi.

J'ai souris, profondément émue. ""Tu es à moi, je ne partage pas, c'était beau. Dans sa bouche, c'était beau.
Il s'est couché, les bras en croix, comme pour me montrer qu'il cessait de lutter. Je pouvais bien faire ce que je voulais, il accepterait. Tant que, bien sûr, je respecte ce dont il avait envie et qu'il venait de me confier. Mais tout ça, je le voulais aussi. Je voulais qu'il me protège, qu'il me câline, qu'il soit à mes côtés, que l'on ne soit que l'un à l'autre, qu'il soit là rien qu'à moi... Et bien sûr, la seule chose que je rêvais qu'il m'offre, il me l'avait déjà donné, quelques heures plus tôt: Lui. Il était rentré, et c'est tout ce que j'avais toujours voulu, pendant trois ans durant.
Me penchant, je vins poser mes mains de chaque côté de sa tête, évitant soigneusement d'écraser ses dreads.

- Je ne suis qu'à toi Liam. C'est le cas depuis le premier jour et ce le sera jusqu'au dernier.

Me penchant, je l'ai de nouveau embrassé, prête à démarrer une nouvelle histoire, un renouveau. C'était ça en fait. Ce soir-là, nous acceptions tous deux de clore un chapitre fait de souffrance et de déception pour en commencer un nouveau, ensembles cette fois, pleins de promesses et d'espoir.

Le sourire qui répondit à mes paroles était si beau, si pur que mon amour pour elle grandit encore. Je restais là, étendu sur le dos, la contemplant pour la première fois comme je n'avais jamais osé le faire. Et elle était belle, telle une reine. Ma reine. Elle se pencha sur moi, les mains à plat des deux côtés de ma tête. Je remarquais comme à travers une brume qu'elle évitait soigneusement d'écraser les longs dreadlocks qui s'étaient éparpillés autours de ma tête et de mes épaules. Je lui en fus reconnaissant, mais je décidais alors que la prochaine surprise qu'elle aurait serait un Liam aux cheveux soyeux... Et beaucoup plus courts !

- Je ne suis qu'à toi Liam. C'est le cas depuis le premier jour et ce le sera jusqu'au dernier.

C'était assez, c'était tout ce que je demandais. Elle semblait d'accord pour me supporter encore pour un long moment et cela me ravit. Elle m'embrassa et je l'enlaçais, la plaquant contre moi, mes doigts peignant ses cheveux dorés. Il était temps que l'histoire que nous avions entamé il y a de cela trois ans prenne un nouveau tournant, et que notre couple renaisse de ses cendres. Le reste de la nuit passa, rapide et lente en même temps, mais jamais assez longue. Nous n'arrivâmes jamais au bout du film et l'ordinateur en veille sur la table était le témoin du renouveau qui s'était emparé de nous. C'était fini, tout rentrait dans l'ordre, nous allions enfin retrouver la fusion qui caractérisait notre couple. Il était temps de passer à quelque chose de nouveau, de lumineux.