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L'habit ne fait pas le moine, et c'est tout nu que je pavane | Keiko
##   Sam 5 Aoû 2017 - 9:17
Charlie-Ange Petit

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Charlie-Ange Petit
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T’as pas le rire facile ces derniers temps, tu ne pleures pas non plus. On pourrait croire que rien n’a changé, tu es toujours anesthésié des émotions. Les médicaments t’aident à gérer tout ça, t’aident à garder la tête hors de l’eau. Tu as quitté l’hôpital il y a une dizaine de jours, tu n’as pourtant pas repris le travail. Tu viens chaque matin aux ateliers proposés par le service où tu avais tes quartiers. Tu ne vas pas mieux, tu te sens cruellement toi. Moche, inutile, petit. La seule différence ? Tu te soignes. Tu essaies de t’en sortir, et ça compte.

Le psychiatre te reçoit, il doit évaluer que tu es apte à continuer ainsi. Tu parles, ça fait mal de s’ouvrir mais tu ne le considères plus comme un ennemi. Lui il t’écoute, il t’écoute comme personne n’a su le faire, ne le fera jamais plus sans doute. Tu parles de tout de rien, de choses superficielles au début, comme si tu avais honte de te livrer et petit à petit il atteint ton mal-être, et tu parles vraiment.

Tu as mal depuis longtemps, depuis longtemps tu ne trouves plus ta place. Tu lutes, tu rames à contre-sens, t’essaies de faire semblant, et tu ne te leurres même plus. Ça commencé il y a longtemps, par des remarques presque inoffensives, celles qui ont commencé à cisailler ta confiance en toi. « Tu pourrais avoir envie plus souvent » te reprochait son ex, comme si l’envie se contrôler, tu n’avais jamais eu le courage de répliquer « Tu devrais avoir envie de faire le ménage plus souvent. » Il avait toujours eu peur de déclencher une dispute… Et voilà bien le fond du problème, vexer les gens, leur faire de la peine, c’était compliqué pour l’homme qui préférer s’écraser et encaisser…

Mais au bout d’un moment ça avait été trop lourd, et maintenant tu devais vivre avec le sentiment d’avoir déçu tous ceux qui comptent, à commencer par toi. Tu n’as pas encore appelé tes parents ou ton frère. Tu leur as juste écrit une lettre… Qui n’est probablement pas encore arrivée. Tu ne veux pas te confronter à eux, tu as peur. Tu crèves de peur. Peur qu’ils s’en foutent, peur qu’ils se fâchent. Peur que ça ne compte pas pour eux. Peur qu’ils ne le comprennent pas une fois de plus leur fils. Le psy essaie de te faire formuler le passé pour te laisser envisager l’avenir.

Une heure ne suffira pas, il te dit à la semaine prochaine pour un nouveau rendez-vous particulier, et à demain pour un atelier de groupe.

Tu sors éreinté comme à chacune de vos entrevues. Tu t’arrêtes devant la machine à café, tu as besoin d’un remontant. Tu choisi un chocolat chaud, il n’est pas trop mauvais et le sucre te fait du bien. Tu t’assoies et te mets à souffler sur la tasse pour la faire refroidir.


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##   Dim 6 Aoû 2017 - 18:06
Keiko Weiss

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L’habit ne fait pas le moine,

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Charlie-Ange & Keiko

Sur le moment il ne lui avait pas semblait qu’elle était en train de faire un choix. De trancher et dire oui à une proposition qui allait révolutionner sa vie. Non pas qu’elle n’ait pas comprit le marché qu’on lui faisait, mais plutôt qu’elle n’avait pas envisagé la chose dans toutes son ampleur. En prenant le temps d’observer et d’analyser chaque répercussion positive ou négative que cela aurait sur les différents plans de sa vie. Comment aurait-elle pu réfléchir ? D’un elle n’était pas du tout en état pour au moment clé où on l’avait interrogé. De deux, elle avait toujours était ainsi, prenant ses décisions à l’instinct plutôt que comme la conséquence d’un raisonnement posé. Et pour finir, elle avait était envahi par un sentiment inexplicable quand le master s’était présenté à elle et lui avait parlé.

Même encore à présent, elle n’arrivait pas à expliquer de façon rationnelle ce qui s’était passé en elle à ce moment-là. Keiko ne pourrait surement jamais comprendre ce qui s’était passé, vu que c’était de l’ordre du surnaturel et que ça se passait d’explication. Mais elle était du genre têtu à vouloir toujours découvrir le fin mot de l’histoire et à comprendre comment les choses fonctionnaient et pourquoi il en était ainsi. Même si elle devrait faire le deuil de la rationalité des éléments, à présent qu’elle était dans un monde bien réel et extraordinaire, elle chercherait quand même à découvrir le pourquoi des faits, même si c’était insensé et surement voué à l’échec !

Aujourd’hui encore elle avait rendez-vous chez le psychiatre, c’était son troisième depuis son arrivée à Terrae. Le scientifique lui avait assuré qu’elle n’avait pas besoin d’un suivi particulier, suite à sa réaction aux évènements qui l’avait conduite ici ? Toutefois il lui avait quand même conseillé de prendre quelques rendez-vous avec lui, pour discuter si elle en ressentait le besoin. Dans un premier temps elle avait eu enfin de refuser poliment son offre et c’est d’ailleurs ce qu’elle a fait. Puis elle revint sur sa décision et accepta de reprogrammer un autre rendez-vous pour s’entretenir à nouveau avec lui. Keiko ne ressentait pas le besoin de parler de Terrae, de la découverte étrange et surprenante de ce monde, de ses pouvoirs et de ses habitants. Elle avait besoin de parler de sa petite sœur, Ethel, partie trop tôt, et de qui elle n’arrivait pas à faire le deuil.

En s’étirant dans son lit ce matin-là, la première image mentale qu’elle eut, ce fut celle du visage de sa sœur, image à la fois réconfortante et emplie de tristesse. Elle repoussa les draps d’un geste brusque à l’autre bout du lit et se rua sous la douche faisant jaillir l’eau froide des robinets. L’eau glacée qui venait frapper sa peau comme des pics de glace, lui fit le plus grand bien pour oublier ce réveil désastreux.

*Réveil… je ne me rappelle pas l’avoir entendu sonner ce matin…*

La jeune femme se dépêcha de terminer sa douche, puis piqua un petit sprint jusqu’à la cuisine pour jeter un coup d’œil à la pendule… 9h14. Pour être à l’heure au rendez-vous de 9h ça allait être compliqué. Ça ne l’a surprenait pas vraiment, car elle avait le don d’être toujours en retard à ses rendez-vous et cela même si elle avait mis son réveil plus d’une heure et demi avant ! D’ailleurs elle retourna dans sa chambre pour comprendre ce qui était à l’origine de sa panne de réveil. Les chiffres 4:30 clignotaient inlassablement sur le cadran du réveil, indiquant qu’il y avait eu une coupure de courant à ce moment-là. Elle poussa un juron dans sa barbe et finit de se préparer avant de partir en trombe pour l’hôpital.

- Oui excusez-moi pour le retard, j’ai eu un soucis avec mon réveil.

Ses excuses ne lui ouvrirent cependant pas les portes du cabinet du psychiatre. Elle eut droit à une réprimande de la part de l’infirmière de l’accueil. Cette dernière lui répondit que le docteur avait du coup prit son rendez-vous suivant, qui lui était arrivé en avance. Et elle prit un malin plaisir à souligner ce dernier mot. L’infirmière ajouta aussi que si elle le voulait le psychiatre pourrait la recevoir juste après, à 10h, mais qu’il ne pourrait lui accorder que 30 minutes au lieu de l’heure prévu. Keiko jeta un coup d’œil à l’horloge au-dessus du guichet de l’accueil, celle-ci indiquait presque 9h40. Après une brève réflexion, la demoiselle accepta et se dirigea vers la salle d’attente.

En passant elle entrevit la machine à café et se dit qu’un petit déjeuner ne serait pas de refus après ce coup de speed qu’elle avait dû faire pour arriver avec quarante minutes de retard à son rendez-vous. Keiko se tourna vers la machine et choisit déjà mentalement ce qu’elle souhaitait prendre, ce serait un cappuccino vanille. Elle plongea ensuite sa main dans son sac pour y prendre sa monnaie. Mais la miss eue beau fouiller en tous sens impossible de mettre la main sur celui-ci. Keiko l’avait tout simplement oublié chez elle.

*Non c’est pas vrai ! Mais où est-ce que tu te caches ?*

Sans perdre espoir elle chercha énergiquement pendant encore deux bonnes minutes avant d’abandonner. Sa seule récompense fut de trouver une pièce de 20 centimes dans le fond de son sac. Elle garda celle-ci en main et contempla avec envie la boisson chaude qu’elle désirait boire. Dégoutée elle laissa sa tête tomber contre la vitre de la machine, se maudissant d’être aussi tête en l’air ! Et cela sans même se douter un instant que toute la scène avait été observé par un jeune homme dans son dos.




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##   Dim 6 Aoû 2017 - 20:04
Charlie-Ange Petit

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Le chocolat chaud a toujours été un allier dans ta lutte contre les forces du mal. Le chocolat c’est une drogue, c’est la tienne, ça a été la tienne. Ça se voit que tu ne t’es pas nourri correctement d’un moment. Au début tu mettais un point d’honneur à arracher la sonde naso-gastrique par laquelle on t’alimentait, essayait de t’alimenter du coup… Puis t’as compris que si tu ne le faisais pas on te foutait la paix, et enfin que si tu faisais ce qu’on te disait, c’est-à-dire manger, tu avais une paix encore plus royale.
Pourtant tu mangeais moins qu’avant, et ça se voyait t’avais fondu, il n’y avait plus vraiment de graisse sur ta carcasse et tes muscles aussi s’étaient réduits. T’avais les joues creuses, mais tu y travaillais, la preuve tu prenais un chocolat chaud sucré dans une machine à café lambda. Il devait être gras, mauvais pour ta santé, mais bon pour ton moral.

Tu en as bu une petite gorgée et tu t’es brulé la lippe, le chocolat c’était peut-être pas une si bonne idée. Tu le poses sur le siège à côté du tien dans la salle d’attente, et t’attends. C’est le lieu consacré. De même que les WC sont le lieu consacré à l’introspection et au sens de la vie, tout le monde le sait.

Que se passe-t-il dans ta petite tête ? Peu à la réalité, tu te demandes comment tu vas remplir ta journée. Tu te dis que tu devrais sortir avec ton carnet à dessin, le mois d’aout tokyoïte est plein de jolies scènes à croquer. Sortir te fait du bien, tu as du mal à rester dans cette chambre où les sombres pensées qui tournaillaient avaient fini par te blesser. Bien entendu elle a été nettoyée, bien entendu pas assez en profondeur. En changeant les draps hier matin tu as vu la tâche sur le matelas, t’as grimacé et puis t’as mis un nouveau drap pour la cacher, et une petite voix t’as dit « plus jamais ça » et ça c’est chouette.

Ton regard est attiré par la jeune femme qui commence sa discussion avec la machine à café, cette dernière vile commerçante refuse de lâcher une boisson chaude par pitié pour la fille qui vient de retourner trois fois son sac pour essayer de lui payer son dû. Elle n’est pas compréhensive, mais toi t’es plus sympa.

« Tu sais, si tu lui files de coups de boule elle sera pas plus disposée à te filer ton café. »

Tu glisses trois cents yens dans la fente, ça sera suffisant même pour la plus chère des boissons. Tu ne roules pas sur l’or, mais t’es pas radin. Puis de toute manière ici la cafétaria te nourrit même quand tu n’as rien pour la payer, alors bien entendu donner n’est pas une grande privation.

« Le chocolat est bon, le cappuccino se laisse boire, le café vanille a un goût de litière, après mon avis n’est pas le meilleur. Prends ce que tu veux. »

T’es un peu un habitué, tu les as tous testés deux fois, histoire d’être sûr que ta première impression n’était pas faussée. Tu es donc à peu près certain de ce que tu racontes. Tu t’éloignes déjà, t’attends pas de remerciements, t’es pas intervenu pour ça. T’as oublié de la mettre en garde contre le thé qui est beaucoup trop sucré, et c’est un futur diabétique qui le dit.

Tu retournes t’asseoir, t’as pas fait attention à ses cheveux si blonds qu’ils en deviennent blanc ou à ses yeux bleus si clairs qu’ils en deviennent limpides. Tu sais déjà que c’est une femme, et c’est pas mal. Ton chocolat a refroidi mais tu ne le bois pas d’une traite, t’as tout ton temps.

Tu ne voies pas la machine se rebeller contre ton élan de générosité et servir de l’eau tiède à la jeune femme au lieu de la boisson escomptée. Quelle connasse cette machine à café.


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##   Mar 8 Aoû 2017 - 18:15
Keiko Weiss

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Après être resté quelques secondes la tête appuyée contre la vitre de la machine à café, elle se releva et songea qu’à présent il était d’abandonné l’idée d’obtenir quoique ce soit de cette boite de métal.  La jeune femme n’eut pas le temps de se retourner dans son dos un frêle garçon s’était glissé comme un fantôme qui aurait fait une subite apparition. Cependant elle ne fut pas effrayée peut-être passablement hébété et surprise de cette venue improvisée, mais elle n’en fit presque rien transparaître. Elle ne put s’empêcher de le détailler du regard et de lui trouver la mine blafarde, le corps d’une maigreur presque inquiétante. Ces observations l’amenèrent à penser que ça devait être l’un des patients récurrents de cet hôpital, même si elle n’avait rien pour le prouver d’autre que son intuition.

- Je ne la tapais pas. Je me recueillais sur sa tombe. se défendit-elle avec une pointe d’humour mélangée dans sa voix.

C’était sa première réplique dans cette scène, elle l’avait formulée pour éviter un quelconque malentendu ou le moindre quiproquo. Tout en songeant que c’était peut-être déjà trop tard pour corriger l’image qu’il avait pu avoir d’elle et remodeler cette première impression. Keiko aurait souhaité lui dire qu’elle n’avait pas besoin de ses services, qu’elle s’était résignée à ne pas obtenir son petit déjeuner ce matin. Mais le garçon ne lui en laissa pas l’occasion, il glissa de l’argent dans la fente prévu à cet effet tout en formulant ce qui semblait être une sorte de conseil pour bien choisir sa boisson. Puis il reparti aussitôt sans rien attendre d’elle en échange de son geste.

L’espace d’un bref instant elle resta incrédule devant l’écran de la machine qui lui demandait de choisir sa boisson. Elle était gênée, elle n’avait pas envie d’accepter l’argent d’un parfait inconnu ! Toutefois refuser ce geste généreux et désintéressé lui paraissait être encore plus malpoli que de simplement l’autoriser. Aussi reporta-t-elle une nouvelle fois son attention sur la machine infernale. Il lui restait encore à choisir une boisson et à décider du même coup si elle souhaitait ou non prendre en considération les remarques du jeune homme pour sa sélection. Keiko opta pour finalement pour un cappuccino simple, en découvrant que l’accompagnement vanille n’était proposé qu’avec l’expresso, et pas avec le cappuccino. Dès les premières gouttes qui tombèrent avec difficulté dans le gobelet en plastique, la demoiselle comprit que quelque chose clochait. Ça ne sentait pas le cappuccino, le liquide qui s’échappait de la machine n’en avait pas non plus la couleur !

*Non mais sérieusement quelle matinée pourrie !* songea-t-elle en retirant tout de même la boisson délivrée par le distributeur diabolique.

Il n’y avait pas besoin d’effectuer le moindre petit examen pour déterminer quelle substance elle avait entre les mains. Elle avala sa salive de travers pour comme ravaler sa colère montante et son orgueil, qui lui donnait envie de crier au scandale. Keiko se dirigea d’une démarche assurée vers le garçon rencontré il y a peu. Puis elle s’assit sur la chaise qui se trouvait face à lui et reprit la parole à son intention :


- Merci pour la boisson.

Elle marqua une brève pause volontaire avant d’ajouter :

- Vous ne m’avez pas dit… l’eau chaude comment est-elle ici ?

Puisqu’il fallait attendre un bon moment avant que le psychiatre ne la prenne en entretien, autant faire passer le temps en conversant un peu et se faire ainsi une nouvelle connaissance. Après si tel était son idée pour occuper son temps d’attente, elle ignorait quels étaient les projets du jeune homme qui se tenait assit face à elle. Peut-être avait-il mieux à faire ? Peut-être ne souhaitait-il pas être dérangé ? Sa réponse à sa demi-interrogation lui fournirait surement quelques indices quant à la suite possible des évènements…




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##   Mer 9 Aoû 2017 - 7:35
Charlie-Ange Petit

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Tu t’es demandé s’il existait des cultures où pour se recueillir on foutait sa tête contre une pierre tombale. Tu t’es dit que oui, avant de réfléchir au fait que non peut-être pas… Enfin pas dans des cimetières tels qu’on a l’habitude d’en croise en occident, peut-être que sur des tombes isolées comme celles des protestants, ou dans le passé en Egypte, chez les grecs ou un truc comme ça ? En fait, tu t’en moques de si la réplique a une once de réalisme dans cette réalité, c’était drôle et t’as eu un sourire doux. T’sais ton sourire habituel, sauf que t’en as perdu l’habitude.

T’as perdu l’habitude de sourire mec ! T’sais que tes premières rides (fais pas genre t’as vingt-huit ans maintenant mon gros) c’étaient celles qui entourent les commissures de tes lèves quand tu les étires en un sourire. Elles ne sont peut-être pas encore creusées mais elles existent, tu les as déjà observées en t’approchant du miroir si prêt qu’il a dû être effrayé que tu ne lui fiches un coup de boule comme la fille sur la machine… Ensuite ont suivi les petites plicatures qui naissent quand tu plisses les yeux en riant de bon cœur… Mais ça tu l’as zappé aussi.

C’est triste, mais je ne pleurerais pas pour toi, parce que t’as pris la décision de réapprendre le bonheur. Un pas après l’autre, une grimace heureuse après l’autre. Le chocolat a son rôle dans le mécanisme, à n’en pas douter. Il est maintenant assez tiède pour épargner ta lippe, mais tu prends encore le temps de savourer. Tu en as à revendre du temps, pourquoi se presser ? Le temps c’est comme le pain, gardes en un peu pour demain.

La jeune femme te rejoint, tu mets quelques secondes à raccorder son image à celle de la jeune fille qui appuyait sa tête contre le distributeur. Elle s’assoit sur la chaise en face de la tienne, et tu comprends qu’elle va se lancer dans cette convention sociale qu’on appelle la discussion car il y avait encore nombre de places libres dans la salle d’attente. Cela n’est pas pour te déranger tant qu’elle ne tente pas de remerciements intempestifs, tu n’as jamais su accepter un simple merci, ne pensant pas le mériter. Après tout, quand on fait les choses pour soi on n’attend pas de remerciements, et tu penses que les gens gentils de ta sorte ne le sont pas réellement. Tu penses que tu donnes pour toi et non pour les autres car tu te prouves ainsi à toi-même que tu es une bonne personne, et que tu ne veux pas découvrir ce que ça fait de dire non… Après tout, tu es un monstre d’égoïsme Angie, tout le monde le sait… Tu travailles cette image de toi à l’aide des psys qui essaient de te faire comprendre qu’un refus n’est pas une preuve de méchanceté, surtout quand une acceptation te blesse. Tu n’as pas appris à te protéger.

« Elle est un peu fade, mais vraiment bouillante. »
tu réponds dans un sourire plus amusé.

La mésaventure de la jeune femme est assez coquasse, et c’est le genre d’histoire qui te fait sourire. Tu as toujours préféré rire des contrariétés que de t’y arrêter. Tu cherches dans tes poches et en sort un tube de gouache, un sachet de poivre récupéré à la cantine quelques jours plus tôt. Tu t’étais trompé, tu croyais prendre du sucre pour ton yaourt et tu avais gentiment pris deux sachets de poivre. Autant dire que ça n’avait pas le même goût.

« J’ai du poivre et un trombone pour l’assaisonner si tu veux ? »


La gouache c’est vraiment dégueulasse, même en rigolant tu ne pouvais lui en proposer.

Il n’est pas coutume de sympathiser dans la salle d’attente d’un psychiatre car on sait que les personnes présentes vont assez mal pour être là… Et sont potentiellement déséquilibrées… Tu cherches un détail chez elle pour débuter la conversation, un objet, un… Rien. Tu ne vas quand même pas lui dire qu’il fait beau aujourd’hui…

« Est-ce que ton sac c’est une machine à laver à porte-monnaie ? »

C’est pas top, mais tout le monde sait qu’il y a de vilains lutins dans les machines à laver qui mange les chaussettes…. C’est une tentative un peu foireuse d’être drôle…


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##   Lun 14 Aoû 2017 - 18:29
Keiko Weiss

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La situation aurait pu être embarrassante, selon leurs perceptions des évènements. Mais la façon particulière qu’avait le jeune homme de tourner les choses en dérision, et la capacité de Keiko à passer au-dessus de ces contrariétés légères, faisaient que la situation leur apparaissait plus comme comique que contrariante. Cela n’enlevait rien au fait que la jeune femme se trouvait encombrée d’un gobelet en plastique chaud qu’elle ne boirait surement pas. Par automatisme surement, elle souffla dessus et changea la tasse de main pour éviter de voir sa peau la brûler sous peu. Visiblement le garçon n’était pas contrarié de voir que son argent n’avait pas desservi le but escompté. Il prit même la nouvelle avec une légèreté et présence d’esprit, si on peut dire les choses ainsi. Elle rit légèrement et appuya sa remarque :

- Effectivement je me crame.

Et elle posa momentanément la tasse sur un rebord de la table basse qui se trouvait entre eux deux. La proposition que fit ensuite le jeune homme eut pour effet d’intriguer la demoiselle. Par cette réplique il montrait qu’il voulait bien jouer son petit jeu et rentrer dans son délire, mais jusqu’où irait-il ? C’était le genre de jeu qui plaisait bien à la miss et dont elle n’avait pas encore exploré de réelles limites. Si elle l’avait déjà soupçonnée tout à l’heure quand il lui avait exposé ses propositions de boissons, elle en avait là la confirmation, ce garçon avait un humour original. Keiko ne saurait dire si cela lui plaisait ou pas. Son humeur du moment faisait que cela passait comme du petit lait, dans d’autres circonstances cela n’aurait surement pas été le cas. Mais pour savoir si cet humour particulier allait la contrarier ou au contraire l’amuser, il fallait qu’elle le pousse davantage.

Son regard se baissa sur sa main avec dessus les trouvailles qu’il avait dénichées dans sa poche de pantalon. Elle fut rassurée qu’il ne lui ait pas proposé le tube de gouache bleu roi. Cela aurait donné une couleur sympa au liquide, mais son corps n’aurait surement pas apprécié ce genre de mélange. Le trombone faisait un peu intrus, quoique ça puisse être pratique d’en avoir un sur soi, si on travaillait dans l’administration, ou si on souhaitait crocheter une serrure. Seul le dernier objet l’intéressa elle répondit en attrapant un sachet de poivre :

- Du poivre ? Je pense que ça aurait été meilleur avec du sucre !

Sa plaisanterie passée, elle secoua le petit cachet et l’observa en le tendant vers le plafond, pour le voir à la lumière de l’ampoule suspendue au-dessus d’eux. Le jeune homme en profita pour relancer la discussion sur un tout autre sujet, prenant à parti son sac à main et la brève impression que celui-ci lui avait fait devant la machine à café. C’était un peu réducteur de le considérer ainsi, surtout quand on sait à quel point cet objet et vital dans la vie de toute femme ! Keiko aurait pu se creuser les méninges pour essayer de donner du sens à son interrogation, parce que de prime abord elle n’avait pas trop sait où est-ce qu’il venait en venir. Si ce n’est qu’il souhaitait apparemment poursuivre son échange avec elle un peu plus. Mais la demoiselle aux cheveux d’argent avait déjà une autre idée en tête. Ramenant le sachet sous ses yeux elle l’ouvrit et vida son contenu dans le verre d’eau chaude. Keiko releva sa tête vers son interlocuteur pour bien garder en mémoire son expression avant l’instant fatidique. Puis elle prit le gobelet d’un geste sûr, elle lança avant de le diriger vers ses lèvres :

- Voyons voir ce que ça donne !




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##   Mer 16 Aoû 2017 - 7:20
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Vous connaissez l’adage : l’eau ça mouille et le feu ça brûle. Vous vous trouviez maintenant devant une évolution à la manière pokémon : l’eau qui brûle. A défaut de contenir un arôme de chocolat ou de café, un arome de feu. C’était un fait peut-être pas si étonnant que ça en fait, car bon vous n’aviez pas inventé la machine à courber les bananes et l’eau chaude existait en réalité depuis des dizaines de milliers d’années… Mais c’était tout de même un concept nouveau pour cette machine d’offrir de l’eau chaude en récompense des pièces dont on la nourrissait. Tu te pris à penser « j’espères qu’elle n’est pas cassée, je boirais quoi moi en sortant de chez le psy ? »

La voix de la raison te répondit : de l’eau chaude… Tu devrais te fournir préventivement en thés et infusions de toutes sortes au cas où.

« Tout le monde pense que ce serait meilleur avec du sucre, mais personne ne teste pour en être certain… »
déplores-tu.

Sauf toi, qui mettait maintenant du poivre dans tes yaourts natures. Ça en changeait clairement le goût et tu continuais à mettre du sucre, mais tu trouvais ça assez étrange pour continuer l’expérience. Ce n’était pas très bon, mais pas immangeable, alors tu cherchais sans doute encore inconsciemment à être différent. Si tu étais différent les gens ne pouvaient pas te juger avec leur norme. Tu rentrais dans un case plus grande que toutes celles qu’ils possédaient par ailleurs : celle des différents.

Oh, bien entendu ce n’était pas la plus confortable des cases, ce n’était pas même la plus demandée, les gens normaux préféraient être mis dans des cases particulières « gentils » « beaux » « drôles » tu étais un peu de tout ça, mais beaucoup de « bizarre » et ça n’était pas pour te déplaire.

La jeune femme se saisit du poivre et se lance un défi, cela ne te choque pas outre mesure, les excentricités tu en fais ta tasse de thé. Tu la regardes arquant un sourcil devant sa théâtralité, cela se voit, si tu n’avais pas été là pour l’entrainer, pour la voir, sans doute n’aurait-elle pas tenté l’expérience, mais parce que tu es là, car vous avez eu cet échange verbal et non verbal d’ailleurs, elle décide de se jeter à l’eau. Ou plutôt de jeter le sachet de poivre à l’eau, en somme ça ne te choque pas plus que ça car tu as déjà goûté bon nombre de thés poivrés… Mais d’habitude le poivre n’est pas le principal élément de l’infusion, juste un arôme pour la relever.

Tu la regardes avec plus de curiosité que d’indignation, ne pensant pas un instant le poivre gâché dans la manœuvre, après tout toute expérience mérite d’être menée. Surtout quand elles sont personnelles et permettent de remettre ses certitudes en question, trop de gens pensent que le poivre n’est pas bon. Toi le premier en fait, juste accepté pour relever certains mets. Alors pourquoi ne pas le réaccréditer aux yeux de tous ? Le poivre est un aliment comme un autre, peut-être êtes-vous des pionniers du bon goût et que dans cent ans les yaourts au poivre seront devenus aussi communs que les infusions au poivre ? Tu n’y crois qu’à moitié, personne ne t’a jamais pris pour modèle penses-tu.

« Alors c’est comment ? »
finis-tu par demander.


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##   Lun 21 Aoû 2017 - 19:03
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Non elle n’hésita pas un micro-instant, de toute façon elle ne risquait pas grand-chose. Dans le pire des cas, elle trouverait cela infect, brulant, aurait envie de vomir, ou elle le recracherait sur son généreux donateur qui était face à elle. Bon, ça c’était quand même les pires scénarios, elle arriverait à se contenir pour ne pas arriver à un tel extrême. Et dans le meilleur des cas, peut-être qu’elle trouverait cela bon, qu’elle serait surprise, qu’elle finirait rapidement sa tasse et qu’elle recommanderait cette boisson à tous ceux qui voudraient l’entendre. Son verdict tomba sans appel, accompagné d’un visage dénué d’expression :

- Fade, je suis déçue...

Le scénario bof, elle ne l’avait pas anticipé ! Elle s’était préparé à soit avoir une révélation, quoiqu’elle n’y croyait pas vraiment. Plus vraisemblablement elle s’était préparée à masquer une moue de dégoût et à se forcer à avaler. Mais elle n’eut rien de ce genre à faire. A la limite elle devait cacher un peu sa déception naissante. Pour un peu et elle aurait tenté l’eau à la gouache bleu royale ! Non, bien sûr que non elle n’aurait jamais fait ça, juste eut l’envie ! Il fallait cependant qu’elle y aille de sa petite remarque supplémentaire :

- Mais ça reste tout de même meilleur que la simple eau chaude !

Elle avait presque déclaré ça fièrement. Pitoyable. Mais vrai. Elle avait sept ans quand elle avait tenté l’expérience. C’était l’âge où elle se posait tout un tas de questions et faisait des expériences, plus insensées les unes que les autres. Le gâteau de boue, je déconseille. La tagada-nutella, excellent ! Le fromage de chèvre, marmelade à l’orange, zeste de citron, basilic, surprenant ! Elle s’était inspirée du traditionnel chèvre-miel. Petite elle adorait les sucettes, comme beaucoup d’enfants, ainsi que les bâtons de réglisse et le sucre d’orge. Alors elle c’était dit que le bâton de cannelle devait fonctionner pareil… En fait non, ne jamais prendre la cannelle pour une sucette, après vous êtes anesthésié de la bouche pour quelques jours. Enfin bref, elle avait essayé l’eau bouillante, juste frémissante plutôt, juste avant que sa mère ne jette les pâtes dans la casserole pour les faire cuire. Elle avait trouvé cela très chaud, mais ça n’avait rien de transcendant.

Non là, il convenait tout de même de reconnaitre que le poivre, relevait un peu le goût. Ce n’était pas bien dur étant donné que Keiko trouvait que l’eau n’avait aucun goût particulier. Il jouait son rôle d’assaisonnement, après tout on ne lui en demandait pas davantage. Avec cette dégustation, Kei s’était tellement focalisé sur la tasse, que l’espace d’un espace elle en avait oublié le jeune homme. Mais ce ne fut que l’espace d’un bref instant ? Car hormis le fait qu’elle voulait tester une nouvelle saveur, elle voulait aussi observer l’expression du garçon fasse à sa tentative. Il ne fut pas une seule seconde surpris, presque comme s’il s’y était attendu. Mais Keiko ne soupçonné pas un instant qu’il puisse avoir prémédité cette scène, ni  même la suite de celle-ci. Sans trop de conviction elle lui tendit le gobelet en plastique tout en lui proposant :

- Vous voulez tester ?

Techniquement, elle aurait dû dire goûter, mais comme cette boisson n’avait pas vraiment de goût il lui était difficile d’employer ce terme. Tout en attendant la réponse du jeune homme, elle observa du coin de l’œil un des médecins se diriger vers la machine à café et passer sa commande. Secrètement, sans trop savoir pourquoi Keiko espérait que la machine infernale lui servirait le même breuvage qu’à elle. Et en même temps elle était persuadée qu’avec la chance qu’elle avait l’homme en blouse blanche, lui, aurait une boisson des plus normales, celle-là même qu’il avait demandé…




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##   Sam 26 Aoû 2017 - 11:10
Charlie-Ange Petit

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En même temps c’était du poivre pas du piment, et du poivre de cantine qui plus est. C’est-à-dire du poivre de basse qualité tout juste bon à rehausser un plat de goût passable. Certainement pas celui qu’on utiliserait pour une sauce au poivre ou rehausser un tajine de légumes. C’était un condiment fade réservé à des plats fades, et le pire dans tout ça c’est que tu ne trouvais pas réellement ça triste. Après tu ne doutais pas que cela soit meilleur que l’eau chaude, tu n’avais jamais aimé ça l’eau d’une manière générale. T’étais ce genre de type à rajouter du sirop au fond de ton verre dès que tu le pouvais… bien sûr comme tout être humain il t’arrivait de boire de l’eau en grande quantité pour étancher ta soif, mais si le choix se présentait tu préférais y rajouter un gout sucré ou un peu de thé.
Tu ne croyais que plus en ses paroles car il t’était déjà arrivé plus souvent qu’à ton tour d’oublier ton sachet de thé dans ton eau chaude, faut dire que ça t’avait pas particulière plus. T’avais corrigé le tir, rajouté ton thé et ton sucre.

Tu sais pas quoi dire en vrai, ta tchatche elle s’est enfuie avec ta confiance en toi. Toi qui n’a jamais eu de mal à t’intégrer, à lancer une conversation, à distraire quelqu’un, tu ne sais même plus comment trouver tes mots. T’en as eu mare des conversations vides, parce que tu t’es rendu compte que t’étais vide toi… C’est dur. Dur de parler aux autres, dur d’accepter les silences. T’as l’impression d’être un inadapté quand tu ne trouves pas de réponses, mais t’as toujours l’impression d’être à côté de la plaque quand tu parles.

C’est peut-être parce que t’as besoin de parler de toi, t’as besoin de réapprendre à dire je… Mais t’as l’impression que ce « je » trop présent dans ton esprit ne compte pas pour les autres. Surtout pour les gens que tu rencontres, tu n’es rien. Quand bien même tu sais que c’est faux, tu continues à le ressentir de la sorte… Savoir n’est pas comprendre, et la dépression a la vie dure. A passer sa vie à faire semblant d’aller bien, tu n’es plus certain de savoir quand ça va mal. Pourtant t’as recommencé à avancer doucement, tu peux maintenant tenir un semblant de conversation avec une inconnue.

« Pourquoi pas ? »
tu lui tends ton reste de chocolat chaud en échange de sa tasse, c’est la moindre des choses… Même s’il n’en reste que quelques gorgées.

Tu regardes le liquide grisâtre et rempli de grumeaux qui n’est décidément pas bien appétissant. Tu déplies ton trombone pour en faire une touillette et après quelques tours de gobelet la boisson a déjà l’air plus homogène. C’est déjà mieux non ? Au moins en apparence, allez un peu de courage tu peux le faire mon grand. Tu avales le liquide d’une traite. C’est pas si infame que ça en fa…

« ATCHOUM ! »

« ATCHOUM ! »

« ATCHOUM ! »

T’arrives pas à en placer une pour donner ton avis t’as le gout du poivre qui remonte dans ta gorge et vient te chatouiller derrière les narines et tu tousses. Tu éternues sans arrêt, t’as du mal à respirer car sitôt l’air entré dans tes poumons il s’en retrouve expulsé par saccade. T’as les yeux qui se mettent à pleurer. Tu mets tes mains devant ta bouches pour éviter comme on te l’a appris de planter tes germes partout autour de toi.

« ATCHOUM ! »

Il faut bien cinq minutes pour que t’arrêtes d’éternuer et que tu reprennes une teinte décente. Finalement t’arrives à glisser un truc qui ressemble à : « T’as raison plutôt fade… »


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##   Dim 27 Aoû 2017 - 18:02
Keiko Weiss

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L’habit ne fait pas le moine,

Et c’est tout nu que je pavane.




Charlie-Ange & Keiko

I faut avouer qu’elle ne s’était pas attendu à ce qu’il lui réponde avec un échange de tasses. Bien volontiers, Keiko tendit l’autre main pour attraper le gobelet tandis qu’elle transmettait son eau chaude poivrée. La jeune femme jeta un coup d’œil au contenu de son nouveau récipient. Et comme pour s’assurer de l’hypothèse qui s’était formée dans sa tête, elle huma le produit.

*Du chocolat chaud. Ça fait une éternité que je n’en ai pas bu, ni même senti.*

En fait il s’agissait de la boisson de son enfance. Beaucoup de ses prenait des céréales pour guise de petit-déjeuner, pour sa part elle s’était habitué au chocolat chaud. Quand l’humeur lui en disait il lui arrivait de la parfumer à la cannelle. Toutefois un peu après ses treize ans, elle avait décrété qu’elle n’était plus une enfant. Alors Kei avait relayé son bol tout au fond du placard pour ne plus le revoir et avait inconsciemment fait une croix sur cette boisson. Cela faisait tout drôle d’avoir de nouveau cette boisson chaude entre les mains. Sans réfléchir, elle avala en deux gorgées, ce qui restait de chocolat chaud dans la tasse. Elle trouva cela délicieux, même si ça ne valait pas le goût de la caféine.

Le gobelet à présent vide, elle reposa celui-ci sur la petite table basse entre eux. Puis elle reporta une nouvelle fois sur l’homme face à elle. Keiko était certaine qu’il ne se dégonflerait pas et qu’il tenterait à son tour l’expérience. Par contre elle n’avait pas songé une seconde qu’il voudrait boire d’un trait l’ensemble de la boisson ! La miss eut un hoquet de stupeur et ouvrit deux grands ronds comme des soucoupes quand elle le vit procéder ainsi ! En conséquence il eut droit à une violente quinte de toux. Et techniquement Keiko aurait dû s’en inquiéter, se demander si le garçon arrivait à respirer correctement, s’il n’avait pas la gorge qui lui brûlait… Mais il n’en fut rien ! Pour toute réponse elle éclata de rire, alors qu’i n’arrêtait pas d’éternuer.

Son fou rire prit fin un peu avant sa quinte de toux. Et quand elle reprit ses esprit, elle plongea une main dans son sac et en retira un paquet de mouchoir en papier. Elle en sortit un et le tendit au jeune homme sans rien dire. De toute façon, se simple geste se passer de commentaire, il lui paraissait normal d’agir ainsi au vu de la situation. Quand le jeune homme réussit à calmer son éternuements il put enfin commenter sa dégustation. Elle lui sourit devant sa répartie et se leva pour aller au distributeur de boisson fraiche. Au passage elle avait emporté les deux gobelets en plastique vide et les avaient tous deux jetés dans la poubelle la plus proche. Kei tira un gobelet à côté du distributeur et laissa un long filet d’eau fraiche remplir ce dernier avant de l’apporter au garçon. Elle le posa devant lui sur la table basse.

- On va dire que c’est pour aider à digérer.

La jeune femme aux cheveux argent lui fit un petit sourire complice et reprit place face à lui. Elle avait pris cette initiative en notant que quand le garçon s’était exprimé il avait eu une voix un peu râpeuse, signe que le poivre n’avait pas été du meilleur effet pour lui en passant en quantité dans son organisme. Keiko avait aussi relevé quand lui donnant son commentaire il l’avait tutoyé, il lui semblait que c’était d’ailleurs la première fois depuis l’instant de leur rencontre. Elle trouvait du coup approprié d’en profiter pour faire les présentations :


- Moi c’est Keiko, et toi ?

C’était tout de même plus agréable de discuter avec une personne tout en connaissant le prénom de celle-ci et d’avoir ainsi la possibilité de l’appeler. Distraitement Kei jeta un petit regard vers la pendule et vit que cela faisait une dizaine de minutes qu’elle avait fait la rencontre du jeune homme devant la machine à café de cet hôpital et qu’il lui restait encore un peu de temps avant qu’on ne vienne l’appeler pour son rendez-vous.




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##   Mar 29 Aoû 2017 - 22:35
Charlie-Ange Petit

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Charlie-Ange Petit
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Quand on fait une bêtise on la fait bien. Ça avait toujours été ton adage, et cette fois encore tu ne lui fis pas outrage.

Certains pourront dire que tu n’as pas appris de tes erreurs, que le temps n’a pas su te modérer. D’autres que tu es en train de te retrouver, tête de mule, fonceur, frondeur. Tu t’es toujours adapté aux autres, mais lorsque tu décidais de faire quelque-chose tu le faisais… peu importe les conséquences, parfois tu te rendais compte en route que tu t’étais trompé de chemin, mais tu préférer arriver quelque-part que repartir en arrière. Derrière il fait froid, derrière il y a des regrets de ces trop nombreuses choses que tu n’as pas faites.

Le poivre te pique la glotte, tu tousses, mais pas un instant tu t’es dit que tu devais gouter du bout des lèvres. Ça aurait été trop simple, une demie-expérience, une petite fuite. Tu avais accepté le challenge, autant le rendre intéressant. Tu toussais tes poumons, mais tu ne regrettais rien car c’était drôle comme ça. T’avais envie de joindre ton rire au sien mais tu toussais encore trop  pour qu’un éclat ne devienne un rire, ils préféraient se perdre et se briser sur ta glotte fermée dans un effort de toux qui ne voulait pas se calmer. Tu toussais autant que tu riais et chaque nouveau rire déclenchait ta toux. Ça fait du bien de rire Angie, mais ça comme beaucoup de choses tu l’avais oublié.

T’as les yeux qui pleurent, tant de rire que de larmes libérées par l’effort qui met toute ta cage thoracique à l’épreuve. Le mouchoir de la jeune femme est le bienvenu, il te permet de te débarrasser de ces larmes qui encombrent tes yeux sans les irriter. Tu te sens mieux, on se sent toujours mieux après un fou rire. Depuis combien de temps n’as-tu pas ri de si bon cœur ? Tu ne te trouvais pas bien drôle ces derniers temps et rire de toi ça te fait du bien, mais ça te laisse un peu vidé, trop d’émotions en peu de temps tu n’es plus habitué.

Elle revient avec un verre d’eau qui t’ai destiné et après l’avoir bu d’une traite tu commentes :

« Merci, rien de tel qu’un petit digestif pour clore un bon diner… »

Tu souris encore et tu lui en es reconnaissant. Reconnaissant qu’elle ait décidé de rire, reconnaissant que son rire ait été amusé et non moqueur. Tu es reconnaissant qu’elle t’ait rappelé ce sentiment de joie simple. Ça n’a pas duré longtemps, ça s’estompera bientôt mais pour quelques instants tu te sens bien.

Elle a plutôt le bon timing pour se présenter, c’est fou ce qu’un fou-rire partager peut ouvrir à l’échange. Rire, c’est bon pour la santé (spécial dédi le grand Q).

« Moi c’est Angie, Charlie-Ange, Chacha, ou à peu près tout ce qui te plaira tant que tu ne m’appelles ni Charlie, ni Ange. »

Tu fais des avancées prodigieuses mon grand, maintenant plutôt que de t’offusquer qu’on diminue ton prénom en Charlie ou en Ange, tu préviens dès le départ que tu n’as pas envie qu’on le fasse. C’est bien, vraiment. Tu as vu un rire ça rend puissant, un rire c’est grisant. Tu continues sur les banalités, celles qui ne sont pas dangereuses, tu ne lui demande pas encore depuis combien de temps elle est à Terrae ou ce qu’elle fait dans la vie, c’est le genre de détails qu’on évite d’ébruiter surtout dans la salle d’attente de chez un psy.

« Tu es de quelle nationalité ? Moi je suis français, et sans la puce traductrice je ne comprendrais rien du tout à ce que disent la majorité des gens ici. »

Le français avait toujours été la seule langue à ta portée, oh bien entendu tu comprenais un peu l’espagnol, un peu l’anglais… Mais ce n’étaient que quelques mots par ci par là, et une incompréhension plutôt grande par ailleurs.

« Vous voulez peut-être des biscuits ? du thé ? » on pourrait croire que la proposition de la secrétaire est ironique, mais non, elle vous sourit.

Elle est étonnée de te voir rire, de te voir une mine autre que celle taciturne qu’elle te connait. Elle s’est alors rappelé que le service avait aussi pour but d’accueillir les personnes en détresse, qu’elles voient un psychologue ou non. Elles doivent se sentir dans un espace sécurisant et non seulement dans un hôpital froid et vide. Tu es étonné de la proposition, mais tu hoches la tête affirmativement, pourquoi pas ?


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