Jetant un œil à cette blessure futile, le jeune homme fut soulagé de constater que cette dernière s'était arrêtée de couler. 
Mais son attention fut rapidement reporter sur la dénommée Tahia qui ne se cacha pas. Cette dernière avait ri de son malheur, non par méchanceté. Il en est bien conscient, il n'est plus un enfant. Néanmoins, il fut bien honteux d'être découvert à nu. 
Jusqu'à maintenant il se débrouillait seul, même pour la cuisine. Bien que les résultats furent que très rarement à la hauteur de ses attentes. Mais il n'avait jamais osé demander. Question de fierté surement. Alors que la jeune femme soit la première à le découvrir sous son véritable visage est un pas vers l'autodérision. Histoire d'être "normal" enfin.

Il entend bien que cette dernière tente de le rassurer. Elle n'a pas tellement tord, il faut le reconnaître. Et elle n'hésite pas à lui rappeler qu'ils sont sur un pied d'estale. Un détail qui dans le fond console. C'est rassurant de savoir que la personne ne face de vous ne se moque pas de vous ou vous pointe du doigt. En vérité, Renji n'a jamais été pointé du doigt, ce n'est pas pour autant qu'il ne craint pas le devenir. Les seules fois où on l'a pointé du doigt, c'était pour une autre raison bien plus grave.
D'un hochement de la tête, il lui fit un signe de reconnaissance et reporta son attention sur le balai qu'il tenait fermement. Seulement, tandis que le silence reprit sa place, il se rendit compte que cette histoire ne ménerait à rien.
Aussi il jugea bon d'y mettre du sien et il reprit d'une voix posée:

"Serait il possible que je balaye et que tu ... Que tu ramasses, s'il te plait?"

Ouais si c'est pour en foutre encore à côté, c''est pas la peine. C'est une perte de temps pour lui comme pour elle. Et il n'est jamais très sage et intelligent de rester sur ses positions. Il faut savoir accpeter ses défauts et trouver des solutions. C'est ainsi qu'on avance, c'est ainsi qu'on évolue.

HRP> désolé c'est court >.>

Bon, ils avaient au moins fait quelques grands pas: d'une, le jeune homme la laissait l'aider à ranger la salle, de deux, il semblait avoir compris qu'elle ne le jugeait pas pour sa maladresse et lui en était reconnaissant. Et finalement, pour terminer, il lui demandait de l'aider à ramasser les débris au sol. Oui, il y avait du progrès et cela ne fit que confirmer à Tahia qu'en dépit de son comportement plutôt distant, Renji ne semblait pas être quelqu'un de méchant. Oh surement que sa nature faisait que les gens devaient le trouver froid, peu bavard et difficilement approchable, ce qu'elle ne leur reprocherait pas honnêtement, mais ce n'était pas pour autant qu'il était une mauvaise personne. Comme quoi, il fallait parfois se méfier des apparences, cela pouvait cacher quelques surprises. Et la jeune femme trouvait l'attitude de l'autre étudiant étrangement amusante, en dépit de la situation. Peut être parce que cela lui faisait voir le garçon d'une autre manière, que voir quelqu'un gêné pour si peu était 'mignon' d'une certaine manière. Elle ne saurait vraiment le dire. Au moins, la brune pouvait admettre que tout ça lui changeait les idées et lui faisait oublier un temps qu'à l'extérieur de cette pièce, c'était encore le chaos à l'institut.

Délaissant temporairement son côté de la salle de classe, l'Air se rapprocha du jeune homme, gardant tout de même une certaine distance avec lui, puisqu'il semblait aussi gêné qu'elle de la proximité avec les gens.

"Il n'y a pas de souci. Et si ça peut éviter que tu te blesses à nouveau. Pas que ça me dérangerait de te soigner mais avec tout ça, j'ai pas utilisé mes pouvoirs depuis qu'ils sont revenus, histoire d'éviter de recréer des tensions. Comme s'il n'y en avait pas déjà assez comme ça..."

Peut être qu'en avoir fait référence n'était pas une si bonne idée car Tahia sentit une pointe d'agacement lui venir rien que de repenser à cette semaine pour le moins inimaginable. Sérieusement, si même après ces quelques jours, personne n'était encore capable de se calmer et de rationaliser un minimum, ce n'était même pas la possible menace qui allait causer le plus de problèmes à Terrae mais ses propres occupants. Et ils avaient déjà commencé, qui plus est. L'état de la salle que les deux étudiants occupés en était la preuve et cela n'améliora pas l'humeur de la Guérisseuse, qui avait pourtant réussi à se calmer il y a quelques minutes. Non vraiment, la jeune femme pouvait être très compréhensible sur beaucoup de choses et s'y adapter en fonction de la situation mais là, s'en était presque ridicule. Mais ce n'était pas comme si elle pouvait vraiment y faire grand chose. Une pensée soudaine vint alors à la brune alors qu'elle fixait Renji, tandis que la curiosité reprennait le pas sur l'agacement qu'elle ressentait.

"D'ailleurs, quel est ton pouvoir, si ce n'est pas trop indiscret? Je suis une Air Solaire pour ma part, une Guérisseuse."

Après tout, la jeune femme aimait bien connaitre les affinités de chacun et elle devait admettre qu'elle ne saurait dire pour Renji ce qu'il pouvait bien être. Il ne semblait pas être un Tonnerre, elle en avait rencontré suffisamment pour l'affirmer sans l'ombre d'une hésitation, à moins qu'elle se trompe, ce qui n'était pas non plus exclu quoique peu probable. Toujours est il que Tahia était curieuse d'en savoir plus sur son camarade.

[HRP: Il y a pas de soucis, t'inquiète ^^]

Demander un coup de main, demander de l'aide est synonyme de faiblesse. C'est du moins sous cet angle que le japonais perçoit les choses. Généralement, et par cause de solitude, il se débrouillait toujours seul. En aucun cas cela ne le déranger plus que ça. Bien au contraire, il préférait travailler ainsi. Bien que depuis son arrivée à Terrae, ses habitudes ont du être bouleversées, il n'en reste pas moins qu'il restait seul, sans jamais rien demander à qui que se soit. 
Malheureusement pour lui, il arrive parfois qu'on puisse se trouver face à un mur, un peu comme en ce moment. N'ayant pas d'autre choix que de changer ses convictions. Néanmoins cela lui permettra d'une: de ne pas se blesser de nouveau. Et deuxio: de ne pas étendre et rajouter du travail. Qu'il s'en rajoute, tant puis, c'est son choix. Mais Tahia n'avait rien demander et elle était suffisamment attristée de trouver cet état dans un tel carnage.

De ce fait, Renji fut soulagé que cette dernière accepte sa proposition sans vraiment se moquer. Bien au contraire, elle semblait même soulagée. Un hochement de tête en guise de respect et de remerciement, le jeune homme reprit là où il s'était arrêté. Au moins, ils gardaient toujours cette distance, ce qui fut en soit rassurant. 
Retournant à sa tâche, Renji comprit alors que Tahia avait récupéré ses pouvoirs. C'est vrai, il avait presque oublié. Il ne s'en servait que si peu, que leur absence n'était pas remarquée.
Et tandis qu'il se perdait dans ses pensées, voilà que la brune le questionne sur son affinité tout en annonçant la sienne. 

"Est ce si important que cela?"

Siffle-t'il tout en continuant de balayer. Le silence qui s'installe et la désagréable sensation d'être observé indiquent que clairement, sa réponse a de l'importance. Perplexe, Renji se retourna pour poser son regard sur son interlocutrice pour finalement croiser son regard vairon. 

"Terre Solaire. Télépathe."

Un instant à l'observer avant de reprendre son service. Il s'est toujours demandé pourquoi les résidants ici se poser souvent la question. Est ce donc si important de se présenter sous cet œil? Cela ressemblerait presque à des papiers d'identité. D'ailleurs, Tahia est une Air solaire, une Guérisseuse. Elle aurait pu être Terre ou bien Eau, il ne saurait même pas faire la différence. Peut être qu'un jour il pourrait s'y interesser et alors là il comprendrait toute l'importance qu'ils y donnent.
Tout en soulevant une table pour progresser dans sa tâche, il reprit d'une voix calme:

"Je ne les ai toujours pas récupéré, tu sais, mes pouvoirs."

Ouais, il a bien dis "mes" tout comme il aurait pu dire "les". Après tout, il s'en moque bien. Il ne s'en sert jamais, ce n'est là que de la poudre aux yeux. Une absence, une punition ont leur ôtant que certains résidants n'ont pas accepté. Si bien qu'ils en sont venus à saccager des classes. C'est idiot, qu'étaient ils alors avant d'avoir ces pouvoirs? Ils étaient l'égal d'eux même aujourd'hui. On dirait des enfants pourris gâtés à qui on aura ôter leurs jouets. Pathétique!
D'ailleurs, même une fois retrouvé, Tahia ne semble pas être de ceux à qui leur absence aura été des plus marquants. 
Reposant la table, Renji prit un instant avant de reporter son attention sur la brune, quelque peu curieux.

"Dis moi, tu n'es pas soulagée de les avoir récupéré?"

Tahia finit par lui répondre avec toute l'honnêteté du monde. Ainsi elle également avait besoin de sentir la présence de ses pouvoirs. Non au point de s'en servir constamment, mais surtout pour oublier le Vide qui l'a amené ici. Autrefois, quelques mois après son arrivée, Renji avait du mal à concevoir qu'un Vide pouvait être la cause de leur souffrance. Pour lui, il ne s'agissait là que d'un caprice. Terrae n'était rien d'autre  qu'un centre de détention pour adolescents démunis et paumés.
Finalement, peu à peu, il apprit et accepta de regarder Terrae sous un autre angle. Ce n'est pas encore son apogée, mais il faisait des efforts. Bien que les pouvoirs oubliés ne soient pas une réelle perte, le Vide est tout autant néfaste à ses yeux. Pour tout dire, le Vide est là depuis qu'il est jeune, enfant, bambin. Toute son éducation et sa jeunesse fut élevée dans l'ignorance des sentiments et le refus de les obtenir. Une statue de pierre. Alors ressentir le Vide aurait signifié qu'un jour il avait été "vivant". Et pourtant...

Relevant son regard sur cette dernière, Renji n'ajouta rien. Il ne juge pas nécessaire que cette dernière connaisse cette partie de lui, de son histoire. De toute manière, ils sont de simples étrangers qui s'entraident à nettoyer la bêtise humaine.
Et en parlant de bêtise humaine, y revenons.
Tandis que le brun reprend sa tâche, à savoir balayer les morceaux de verre, il n'en reste pas moins attentif aux dires de la brune. Cette dernière donne son point de vue sur ce désastre dont subi Terrae chaque jour. Silencieux comme toujours, Renji sentit bien là une pointe d'amertume et de chagrin dans la voix de son interlocutrice.
Et lorsque cette dernière devint silencieuse, Renji s'arrête, saisit d'un moment d'hésitation.

"Il est parfois plus facile de détruire ce que nous aimons pour oublier tout le chagrin qu'il nous a été causé."

Portant son attention sur la miss, il reprit toujours aussi calme et détaché:

"Je ne suis pas le mieux placé pour dire ça, mais je pense que ces personnes qui ont saccagé cette pièce sont désespérés et préfères voire ces lieux tombés en lambeaux avec eux. C'est parfois plus simple de tout détruire pour s'exprimer."

Un instant se passe et le garçon reprit son travail. Autrefois, lorsqu'il n'était encore le bras droit du chef, les Yankees saccageaient tout sur leur passage. Pas uniquement par plaisir ou pour l'envie d'emmerder son monde, mais surtout pour ne pas être les seuls à être traité de minables ou de sombrer seuls dans leur patathétique existence. 
Bien sûr, Renji ne rajoutera rien de plus, évitant de s'étendre sur ce sujet qu'il connaît que trop bien. Et aujourd'hui, voyant les choses sous un autre angle, il préfère nettoyer la sauvagerie des désespérés plutôt que de forcer cet endroit à sombre avec lui dans son désespoir. 

Le calme revient tandis que les deux terriens s'activent. Et tandis que Renji repose son balai pour décaler une table de ses mains libres, son attention fut interrompue par Tahia. Alors qu'elle ramassait les débris au sol, elle reprit la paroles et ses dires furent du moins surprenants.
Ouvrant de grands yeux, Renji reste un long moment à la fixer, bouche bée.
Pas quelqu'un de méchant... Depuis son arrivée à Terrae, personne ne le craignait. Au contraire, on le pensait diffèrent, on lui offrait une chance d'être "normale."
Et combien cela faisait du bien même encore maintenant.
Peu à peu, son visage reprit une expression dite normale et d'une voix douce, il répondit:

"Merci."

C'est idiot et elle doit rien comprendre. Mais qu'importe, pour lui, c'est suffisant. 
Tahia aussi ne semble pas être une mauvaise personne. Elle semble douce et patiente. Et surtout elle est entière. Sincère, elle n'a pas froid aux yeux. C'est alors que Renji reprit:

"Les Tonnerres... caractère imprévisible et lunatique. C'est bien ça?"

Il n'avait encore jamais croisé de Tonnerre. Il ne saurait donc dire si cette catégorie de Terrae pourrait lui correspondre, si du moins, il serait faire preuve de patience. Mais au vue de ce qu'il a pu entendre, NON! Il ne pourrait jamais supporter un Tonnerre.

"Est ce que je peux te poser une question indiscrète?"

Lui laissant le temps de choisir, ancrant son regard bleu dans son regard vairon, il reprit alors d'une voix posée et grave:

"As tu créer de réels liens ici?"

Il parait qu'il est parfois mieux de parler avec un étranger pour obtenir des réponses sincères. Si Tahia était honnête tout comme il le pensait, il pourrait obtenir une réponse construite et réfléchie. Car oui, si Tahia lui répondait ce qu'il souhaiterait inconsciemment entendre. Alors peut être qu'à ce moment là, il commencerait à penser qu'il est possible d'obtenir une autre vie ici, qu'on puisse devenir une toute autre personne. 
Et que finalement les résidants ici ne sont pas de simples ados désemparés se servant d'un Vide pour excuse.

Leurs regards se croisent et bien qu'ils ne connaissent rien l'un de l'autre, ils se comprennent. Ils sont sur la même longueur en dépit du désastre qui les entoure.
Renji ne saurait dire si Tahia pourrait une personne dont il pourrait supporter la présence plus longtemps. Néanmoins elle dégage un aura et un calme qui ne perturbent pas le japonais. Ou se pourrait il que se soit lui qui ait changé à ce point? 
Allez savoir! Tout reste t il, que pour l'instant, tout se passe bien.
Il en vint même à donner son avis que les raisons et ce pourquoi les résidants coupables du désastre soient passé à l'acte. Et Tahia le regarde sans brancher, l'écoutant attentivement. 
Finalement, elle adhère ses paroles. Ceci dit elle maintient que, quoiqu'il arrive, elle n'aurait jamais recourt à de telles circonstances. Renji ne rajoute rien, mais un fin sourire pas plus qu'invisible se dessine. Il se doute bien que cette jeune femme doit être sage d'esprit. Elle choisirait la meilleure solution après avoir retourné le problème sous tous ses angles. 
C'est du moins le genre de comportement dont le jeune homme apprécie. 

Et tandis qu'ils reprirent le travail, ce fut pour mieux reprendre la conversation et pas des moindres. Bien qu'après plusieurs semaines, le japonais n'avait jamais accepté l'idée que de tels pouvoirs et des affinités puissent être réelles. Il les avait accepté que récemment. Et peu à peu, il avait tenté d'étudier cette hiérarchie et le fonctionnement à Terrae. Il se souvenait parfaitement des paroles d'un dénommé Nathanaël. D'ailleurs, il gardait toujours en tête qu'un jour il devrait partir à sa recherche afin de lui présenter ses excuses. L'anglais avait surement du le prendre pour un fou.
Ce fut le petit qu'émit la brune qui tira le japonais de ses songes. Relevant les yeux sur cette dernière, il resta néanmoins calme et écouta sa version sur les affinités.  Hyperactif? Très bien soit. Et tandis que cette dernière donna son avis, Renji repensa à ses recherches et ce dont il était mentionné au sujet des Airs. Néanmoins il est bien heureux d'apprendre de la bouche de Tahia que ce ne sont là que de simples formalités. Après tout, Air, Terre, Feu, ils sont ce qu'ils sont. Point.

Il n'aura pas à réfléchir plus longtemps que la jeune femme donna un résumé sur son affinité. Douce, c'est une certitude. En revanche, qu'elle devienne folle de rage si un ami proche était en danger, est assez normal en soit, non? Que dire. Renji n'avait jamais connu ce genre de situation mais il supposait que c'était un réflexe humain après tout. La question de cette dernière l'interpella et l'étonna malgré tout. D'un mouvement de la tête, il reprit calmement:

"Non, je n'irai pas jusque là. Mais après tout, je ne te connais pas suffisamment." 

Bon, Tahia n'a pas non plus une tête qui fait peur mais il ne faut jamais sous estimé les gens qui nous entoure. Garder méfiance est sa meilleure arme. Alors peut être bien que Tahia avait cette force qu'elle ne se doutait même pas. Mais il se semblerait que son ami ne sache pas utiliser les mots qu'il faut pour l'employer.
Et d'ailleurs, en ce qui concerne les liens et les raisons pour lesquelles on pourrait avoir une "tête flippante", Renji finit par demander. Alors certes, c'est assez indiscret en soit. Mais curieux et désirant s'ouvrir sur ce monde, il souhaitait savoir comment s'y prenait les autres. Comment s'y prenait ils les autres pour avoir des amis?
Et finalement, après mûre réflexion, son interlocutrice lui donne une réponse franche. Terrae ne semblerait pas être uniquement une école pour jeunes abandonnés et désespérés. C'est du moins ce qu'il avait pu découvrir après cet état d'urgence.
Et voilà qu'il comprend la peur de Tahia: s'attacher aux autres.
Arquant un sourcil, il reste silencieux un instant. Comment pourrait il comprendre cette peur, lui qui avait pour seule amie la solitude.

"Je t'avouerais avoir un peu de mal à concevoir cette crainte."

S'attacher aux autres... Serait ce donc le lien qui pourrait tout aussi bien se faner comme perdurer?
Être déçu d'un proche, souffrir pour un proche, aimer pour un proche, se soucier pour un proche... Serait ce donc ces émotions dont Tahia faisait référence? Pourtant, au vue de ce qu'il se trouve ses yeux, elle ne semble plus si inquiète et perdue. Au contraire, elle semblerait avoir trouvé ce qu'elle cherchait.
Fuyant son regard, le japonais posa le balai et jeta un regard autour d'eux. Il n'y avait plus aucun morceau de verre. Mais il restait toujours les traces de peinture. Saisissant un sceau, le brun allait pour quitter la salle quand la voix de Tahia l'interpella. Reportant son attention sur elle, il en fut plus étonné encore par ses paroles et son sourire. 
Immobile, il l'écouta attentivement. Elle ne voyait en lui rien de mal ou de monstrueux. Encore une fois, elle désirait le rassurer et se permit de lui poser une question des plus inattendues.

"Qui se démarque plus qu-"

Se répéta-t'il quand il se perdit dans ses pensées. Automatiquement son regard tomba au sol, pensif. Une personne ayant de l'importance pour lui... Il tentait en vain d'y ré fléchir quand soudainement une pensée lui vint. Une chevelure aussi sombre que le charbon qui glisse comme une cascade.
Relevant la tête vers Tahia, il reprit plus posément:

"Oui, je pense qu'il y est quelqu'un ici. Bien que cela fasse quelques jours que je ne l'ai pas revu..."

Sa voix retombe. Depuis cette histoire au parc, il n'avait plus eu de nouvelles de l'anglaise et ce malgré l'état d'urgence à Terrae. Peut être qu'il devrait songer à redoubler d'effort et lui présenter ses excuses. Ou du moins prendre ses nouvelles et savoir comment se sent elle. C'est ainsi qu'on fait, n'est ce pas?
Reprenant contenance, Renji reprit de plus belle:

"Il nous faut de l'eau savonneuse. Souhaites tu m'accompagner?" 

Se tenant sur le seuil de la porte, sceau en main, le jeune homme devint pensif. Tout ce dont cette fille qu'il avait considérée telle une inconnue avait su trouver les mots justes et surtout des paroles troublantes.
Une personne qui avait de l'intérêt à son égard... Se serait mentir de dire le contraire. Après tout s'il devait s'en tenir à la signification et l'importance de cette question, Pandora était la seule résidante ici à avoir cette place. Personne encore ne l'avait accepté telle qu'elle l'avait fait, lui et son héritage peu avantageux. Maintenant qu'il y pense, il devrait aller la trouver un jour et lui présenter ses excuses. Certes, il n'avait pas compris sa réaction ce jour au parc, mais il se doutait que cela avait un lien avec son manque d'intérêt aux liens et tout ce dont l'anglaise avait tenté en vain à lui faire comprendre. C'est surement ça... 
De toute manière, ça ou autre chose, il lui devait, il pouvait bien faire ça. 
Tahia aura eu le mérite d'éveiller chez le japonais un brin de conscience, une responsabilité et surtout, un sentiment: se préoccuper des autres.

Et tandis qu'il se décidait silencieusement à ses prochains actes, voilà que les paroles de la brune vinrent troubler le garçon. Reportant son attention sur cette dernière, il resta stoique, quelque peu confus. Premier pas? Ne comprenant pas là la moindre signification, il eut rapidement réponse. Tahia avait bien remarqué son étonnement et se permit quelques explications. Et tout se relie: l'attachement. 
Refermant doucement la bouche, le jeune homme fit un hochement de tête en avant.

"Hum.... Je suppose que tu dis juste."

Oui, se doit être ça. 
Après tout, depuis leur retrouvailles à répétitions, Renji s'était décidé à rester, ici, à Terrae. Surement parce que ce premier pas avait déclenché un début d'attachement. 
Lui proposant de l'accompagner, ce fut sans surprise que la brune accepta, emportant son propre sceau. Cette dernière lui proposa un itinéraire plus pratique pour leurs tâches. Ce n'était pas comme si Renji avait de meilleurs options et il acquiesça sa proposition.

"Je te suis. Je ne connais pas suffisamment les lieux."

Sans discuter son idée, Renji suivit la jeune femme jusqu'à leur objectif. Tout au long du trajet et durant le remplissage des sceaux, ce fut dans le silence. Ce n'était pas un silence pesant et angoissant, non, c'était calme, tranquille, sans prise de tête. Finalement la compagnie de cette fille n'était pas dérangeante, appréciable même. 
Une fois les sceaux pleins, les deux terriens remontèrent les escaliers jusqu'à la classe. 
Et sans s'y attendre, Tahia posa une question qui attira tout de suite l'attention du japonais. Encore une fois, elle avait sut taper juste. Contrairement à elle, Renji ne craignait pas la solitude et encore moins l'effet qu'on puisse ressentir si l'on perdait une personne chère. 
C'était ainsi qu'il avait grandis.

"Hum... Oui."

Inutile d'en dire plus, Tahia l'avait déjà deviné. A ses yeux, c'est un véritable crime d'avoir été élever de la sorte. Si seulement il pouvait la comprendre. Il ne peut malheureusement qu'imaginer.
Et tandis qu'ils montèrent les dernières marches, cette dernière reprit de plus belle, donnant son point de vue en tant qu'être humain. Ne peuvent vivre seuls.... Plissant les yeux au sol, Renji resta silencieux tout en écoutant sa voisine. Tout ce dont Pandora avait tenté de lui faire comprendre, ces liens... 
En écoutant Tahia, le garçon comprenait que tout cela rester humain, tout ce dont on lui avait appris à hair, à repousser. Humain. Lien. Depuis quelques temps, ces choses "nouvelles" le préoccupaient, l'empêchant même parfois de terminer ses entraînements correctement. Et voilà qu'il croise cette fille, Tahia. 
Il faut croire que le destin tente de lui dire quelque chose. Et pourtant, au milieu de tout cela, il remarque néanmoins quelque chose chez la brune. S'interrompt dans sa marche, se tenant à ses côtés, il se place de profil histoire de pouvoir croiser son regard.

"Toi, tu aimerais ne plus faire attention à cette lame à double tranchante?"

Ca crève les yeux. Tahia craint quelque chose encore, il ne saurait dire quoi, mais celle ci aimerait pouvoir être aussi inconsciente que ces idiots et se lier autant que possible, jusqu'à la fin. Mais il semblerait qu'elle même ne comprenne pas la méthode pour y accéder. 
Et tandis qu'il attendait sa réponse, perdus dans ce silence, son attention fut attirée par autre chose. Interpellé, il détourna son regard sur ce qui provenait derrière eux, au bout du couloir où la classe même avait été vandalisée.
Des jeunes lycéens, un groupe de quatre, riaient tout en parlant haut et fort.

-Yosh! Ils ont mis un sacré bordel en fait. Mais je m'attendais à mieux que ça.

-Quoi? Tu veux qu'on fasse pire? 

-Moi je dis qu'on pourrait y déclencher un feu. Regardez là bas, il y a une poubelle...

Sourcils froncés, il n'aura pas fallu longtemps pour comprendre. Sans détourner son regard du groupe, Renji reprit d'une voix calme, tout en sachant garder son sang froid.

"Tu les connais?"

Non mais sans blague, ils vont pas venir tout foutre en l'air? Ces humains...