Il sourit. Ariana a l'impression de le redécouvrir un peu, de voir une toute autre facette de lui que ce qu'il lui montre habituellement ; une sensibilité, une tendresse, une douceur qu'elle n'aurait sans doute pu qu'imaginer. De l'extérieur, Mitsuki et Ys ont l'air d'un couple un peu survolté, et certains peinent parfois à imaginer à quel point leur relation est forte. Elle aussi ne se le figurait pas vraiment ; sans doute parce que ce n'est pas ce qu'ils laissent entrevoir d'eux, qu'ils ne sont pas dans l'étalage de tendresse et d'amour.

Pourtant, celui qui imagine que Ys ne tient pas à Mitsuki est bien sot. Elle l'oublie un peu, parfois ; mais lorsqu'il parle d'elle, il a toujours cet éclat dans les yeux, toujours ce sourire. Ce sourire qui a disparu aujourd'hui, mais qu'Ariana espère pouvoir faire naître à nouveau. Comment doit-elle faire ? Doit-elle faire l'idiote, ou doit-elle au contraire se montrer plus attentive, attentionnée ? Est-ce qu'Ys a besoin d'un câlin ? Elle pense à tout ça pour ne pas penser au reste, lui lançant un sourire embarrassé qui signifie certainement qu'elle ne la connait pas tant que ça, au final. C'est simplement l'image que lui renvoie Mitsuki. L'image d'une femme qu'elle ne connait au final pas tant que ça, aux problèmes qu'elle ignore et aux craintes qu'elle oublie… Il suffit de se souvenir que, durant tout ce temps qu'Ariana a passé à se rapprocher d'Allen, Mitsuki l'a passé à s'en éloigner. Et maintenant, depuis combien de temps ne se parlent-ils plus ?

Elle se sent un peu mal à cette pensée, comme si elle avait participé à cet éloignement. Il faudrait qu'elle en parle avec Allen, un de ces jours...

Alors elle propose des choses, à foison, pour occuper son esprit ; elle sourit, elle se sent un peu mieux, même si la boule d'angoisse continue à tourner dans son ventre.

—Mais non, c'est bon, on va pas faire la Belle et le Clochard ! La Belle et la Bête c'est plus de la musique, des bougies, lumière tamisée... Et Histoire Eternelle qui passe en fond !

Un rire lui échappe.

—Va pour les crêpes, c'est facile à préparer au moins !

ELLE POURRA DESSINER DES COEURS DESSUS ET DES MOTS D'AMOUR OHLALA (et des instructions pour Ys, en tout petit, genre "SOURIS ET SOIS NATUREL OKEY").

Les deux jeunes gens se relèvent ; Ariana attrape de quoi s'habiller pendant qu'Ys parle et hausse deux sourcils.

—Ouiiiiii. Mais je m'occupe de touuuuut pour la déco, t'en fais pas. Tu me laisses le temps de prendre une douche, de me changer, et après tu reviens me chercher pour qu'on aille en ville pour choisir tout ça ? J'y réfléchirai sous l'eau ! J'suis dans mon élément, ohohoh.

C'était nul.

Elle fait un geste de la main enthousiaste à Ys et va s'enfermer dans la salle-de-bain pour se préparer sommairement. Et essayer de se changer les idées. Elle met du Shakira à fond sur son portable pour se remettre d'aplomb. Bon, maintenant, quelles couleurs on va pouvoir prendre, hein ? Hmmm... Pas de rose, c'est trop kitch. Du rouge et du doré ? Ca fait un peu Gryffondor. Mais en même temps, Mitsu et Ys, c'est carrément des Gryffondor.

Ouais, allez. Rouge et or. CE SERA CHOUEYTTE !

Regard blasé. Bah oui, sinon elle peut très bien sortir en pyjama licorne et se faire photographier par tous ses potes, c'est une siiii bonne idée ! Elle soupire et sourit finalement gentiment, le patpat sur la tête en galérant, aidée par sa béquille, et acquiesce.

—Ca marche, on se voit tout à l'heure !

Il ne lui faut pas longtemps pour aller s'enfermer dans la salle de bain. Un peu sonnée par la nouvelle, elle tâche de se préparer, de manière un peu plus mécanique qu'elle ne l'aurait souhaité. Douche, séchage de cheveux, coiffage, habillage. Bref, rien de fifou, on passe les détails.

Elle ressort dans un pantalon qu'elle a galéré à enfiler et un sweat à capuche bordeaux ; hop, son sac, puis c'est bon, elle est prête ! En attendant qu'Ys arrive, elle se ressert un café dans un petit thermos refermable et sourit largement en entendant les quelques coups contre sa porte. Elle sautille comme elle peut jusque là-bas et lui ouvre.

—Tu as le sens du timing dis-donc ! Tu as pu récupérer quelques trucs déjà ?

La rouquine sort de sa chambre et la ferme à clés, avant de se retourner vers son ami.

—Bonnnnn ! Direction les boutiques, allez allez ! On est pressés, on a du pain sur la planche !! Enfin, j'ai surtout envie d'un petit pain au chocolat, je t'avouerais...

Son estomac grommelle pour toute réponse. Alley, fais pas attendre la demoiselle !

—Du coup j'ai réfléchi un peu pour les couleurs : techniquement il devrait faire beau ce soir, donc vous aurez la chance d'avoir le joooli ciel plein d'étoiles ; par contre il nous faut des bougies, des pétales de fleurs bleu nuit et jaune, et je dis bien un JOLI JAUNE, pas du jaune pipi merci bien, si on va vers du jaune-orangé j'accepte mais il faut que ce soit raccord ; la nappe devra être blanche, serviettes bleu nuit, j'accepte les étoiles dorées pour la déco de la table. Pour les lanternes, ce sera plus compliqué, faudra trouver un truc pas trop kitsch, mais j'attends de voir ce qu'ils proposent en magasin, énumère-t-elle en comptant sur ses doigts. Et au passage, va falloir te trouver d'autres fringues parce que ça va pas du tout, là.

C'est bon, des questions ?!

Donc tout va bien, il a déjà déplacé les meubles... La rouquine roule des yeux et lâche finalement un rire, avant de faire un bisou bruyant et rapide sur le biceps tendu.

—Bravoooo Ys, tu as fait un trèèès bon travail, je suis fière de toi ! s'amuse-t-elle en lui faisant un clin d'oeil.

Bah quoi ? Il allait pas espérer qu'elle ne ferait rien, non plus ? Il lui a tendu la perche, là, et une sacrément grosse en plus ! (Coquin.) Maintenant, plutôt que de perdre du temps à parler dans le vide de la pluie et du beau temps, elle préfère le mettre à profit pour lui exposer son plan parfait et fabuleux. À vrai dire, pendant ses explications, Ariana espérait qu'Ys aurait la merveilleuse idée de les téléporter directement au village, mais elle était bien trop occupée à décrire de quelle teinte les serviettes devaient être. Mais non, Ys prend des notes, et elle a bien trop peur de louper quoi que ce soit pour l'interrompre. Bon, au moins, ils auraient une liste !! (Illisible, mais ça, elle ne le sait pas encore.)

Elle roule des yeux. D'où pas de chandelles, ils vont être dehors et la luminosité sera naze, donc ce sera des bougies et tant pis si elle a peur. Non mais oh, on ne dit pas à la décoratrice quoi faire, non plus !

—Pas forcément une cravate, surtout si elle a peur de ta réaction, mais au moins te coiffer et porter une chemise propre, parce que sinon ça va être un peu la loose. Et nooon t'inquiète je vais pas te remettre une robe, ohlala, comme t'as peur~

Et elle parle en connaissance de cause, hein ; elle en a eu quelques-uns, des rendez-vous où le type est venu en t-shirt. Ca s'est toujours mal fini. (Elle n'est absolument pas superstitieuse...)

Aria hausse deux sourcils lorsqu'il la désigne, en train de claudiquer avec sa béquille.

—Ah, en parlant de ça, tu peux nous téléporter directement en ville ? C'est pas que j'ai pas envie de traverser la moitié de Terrae à béquille, mais c'eest pas très pratique en fait...

Elle lui offre un sourire d'excuse.

—Disons que... normalement je devrais pouvoir m'en passer bientôt, dit-elle avec un sourire. Mais j'ai encore des faiblesses dans la jambe parfois comme je (suis un peu conne et je) saute partout. Mais ça va, hein, t'en fais pas ? J'ai pas été si- enfin ça va, quoi.

Mal à l'aise, elle se rappelle la forêt...

—Tu... te transformes souvent en gros lézard méchant, toi, d'ailleurs ? C'est nouveau ?...

Ouais, ok, c'est pas forcément le meilleur moment d'en parler mais elle est un peu trop curieuse pour se retenir.

La rouquine secoue la tête avec un sourire pour faire comprendre à Ys que ce n'est pas grave, elle aurait pu le demander un peu plus tôt de toute manière. Elle n'osait pas trop, surtout parce qu'utiliser les pouvoirs des autres, ça ne se fait pas trop. Ca ne la dérange pas si on lui demande, mais peut-être que certaines personnes ont des réticences

—Moi ça ne me gêne pas, je ne me téléporte pas souvent... Mais ça fait toujours bizarre ! rit-elle.

Pas la peine de s'appesantir sur l'état de ses jambes — Ariana ne veut pas en parler. Elle y pense suffisamment, elle le vit suffisamment ; elle sait. Elle sait qu'elle devrait faire attention à elle, à son alimentation, à ses jambes, surtout. Elle sait que son diabète est dangereux, qu'elle devrait être plus prudente ; mais la forêt... La forêt, ça l'avait mise hors d'elle. Un tel élan de rage, une telle urgence à se jeter au coeur du combat, à se jeter au coeur de la mort. Elle aurait pu mourir — elle le sait. Elle a juste eu beaucoup de chance, et beaucoup d'os cassés.

Il allait lui tendre la main — elle l'a bien vu suspendre son geste, hésitant, douloureusement. L'éclat sombre qui passe dans ses yeux l'inquiète, bien qu'il ne détourne pas le regard. Elle sourit faiblement, une nouvelle fois. Elle n'aurait sans doute pas dû en parler, mais... c'était une impulsion. Ys n'en donne pas vraiment l'air, mais il porte beaucoup de choses. Dans ses yeux, dans son coeur, sur ses épaules. Elle aimerait pouvoir dire quelque chose pour apaiser un peu sa peine qui déborde, aujourd'hui.

Tout doucement, elle pose sa main sur la sienne. Elle lui sourit. C'est toujours un peu vague, toujours un peu triste, mais toujours très doux.

—Hé, c'est pas grave d'accord ? Pourquoi je t'en voudrais ?

Elle ne comprend pas bien. Il avait fait ça pour les sauver, non ? Alors pourquoi il s'en veut comme ça ? Parce qu'il les a inquiété ? Parce qu'il leur a fait peur ? ... Parce qu'il aurait pu les blesser ?

—Tu ne m'as pas blessée. J'étais- (Sa voix se bloque.) J'étais un peu plus loin. Nicolas a pris soin de moi. Et après on m'a vite emmenée.

C'est un mensonge. Elle a l'impression que les secours ont mis des heures à arriver. Que son corps pulsait tout entier sa souffrance, sans jamais pouvoir s'arrêter. Mais il n'a pas besoin de savoir ça. Répondre à sa question honnêtement, c'est le moins qu'elle puisse faire.

—Disons que c'était surtout étrange de voir un dinosaure se battre contre un dragon, plaisante-t-elle d'un ton léger.

Mais hésitant. Ce n'était pas vraiment ce qui l'inquiétait sur le moment. Elle avait peur pour lui surtout. Pour ses amis.

—Je suis contente que tu n'aies pas été trop blessé...

Pourquoi la remercie-t-il ? Elle sent sa cage thoracique se comprimer, sa gorge se serrer lentement. Elle n'aime pas voir son ami avec ces yeux-là. Elle le préfère fier et invaincu plutôt que triste et déçu… Elle aimerait faire quelque chose de plus pour lui ; chasser ses soucis, chasser ses peurs, chasser ses remords. Les remords tuent — c'est ce qu'elle a le plus appris, ces dernières années. Lorsqu'on abuse de son pouvoir, on finit toujours par blesser quelqu'un d'autre. Toujours. Elle dévie le regard, fixe le sol, prend soin de ne pas trébucher avec sa béquille. Elle commence à avoir un peu mal au bras, mais elle ne dit rien. Elle secoue simplement la tête, sourit à nouveau.

—C'est rien, Ys.

Elle le pense. C'est rien. Parce qu'elle ne se force pas. Parce qu'elle est sincère. Parce qu'il est son ami. Parce que, si les autres ont peur de lui, si les autres ont peur, ne devraient-ils pas avoir peur d'elle aussi ?

—Tu sais, je me suis transformée en une bestiole flippante aussi. Je suis pas un dragon, mais un p'tit loup, ça fait peur aussi nan ?! essaie-t-elle de le faire rire, en mettant son index en crochet à côté de sa bouche pour imiter des crocs. Ashton, c'est pas un morphe, lui aussi ?

Aria ne connaît pas tous les Masters, mais il lui dit quelque chose, si c'est bien le professeur de maths blond auquel elle pense. Elle s'est dit plusieurs fois qu'elle devrait demander de l'aide à un Master pour ses pouvoirs, mais au final, elle n'a jamais osé — trop timide, et finalement, sûrement inutile. Peut-être qu'elle pourra aller lui demander quelques conseils ? Comme.... Herm. Elle ne sait pas trop.

Elle serre doucement la main du Master et lui sourit, acquiesce.

—Merci. C'est gentil.

Début des courses, now !! Ariana glousse un peu devant les tissus et la déco. Elle tente parfois de convaincre Ys de prendre quelques petites choses en plus et se heurte parfois à des "non" catégoriques. Mais euh, la rose sous la cloche, c'était bien non ?! C'est pas too much, non plus ! ... Bon, un peu.

Elle relève les yeux vers lui pour lui montrer quelle belle nappe elle a trouvé et tombe nez à nez avec… des lunettes moustache. Hum. Petit silence gêné. Puis elle hausse un sourcil et pose son poing contre sa hanche en faisant un petit déhanché et une bouche en coeur.

—Oh bah alors mon chéri, je trouve que ça te donne un air tout à fait charmant. J'ai l'accessoire parfait pour aller avec tout ça, dit-elle tout en se déplaçant, avant de lui présenter un objet qu'elle aime beaucoup porter lors d'une soirée arrosée : un boa à plumes, qu'elle lui passe autour du cou. Hmmm, cette couleur bleu vif, c'est transcendant mon chou, se moque-t-elle gentiment, un grand sourire aux lèvres.

Elle lui tapote la joue.

—Nan, plus sérieusement : la moustache, t'oublies. Sauf si tu veux absolument avoir l'air d'un d'jeuns des années 80, mais je te le conseille pas vraiment, ils portaient des pulls affreux à cette époque-là.

Elle récupère des lunettes en forme de coeur presque plus grandes que sa tête et sort son téléphone pour un selfie, bouche en cul de poule.

—Oh viens, on fait des photos !

Elle prend quelques clichés, puis entreprend d'échanger leurs lunettes, prenant différentes poses toutes plus grotesques les unes que les autres. Elle lui fait un grooos béco sur la joue pour la peine, et lâche un petit rire.

—On est magnifiques, cariño.

Ariana glousse. Ouais, il n'assume toujours pas sa part féminine, le big boss, hein ; c'est un peu con, parce qu'elle aime bien quand il panique comme ça. Ce serait d'ailleurs encore plus drôle s'il prenait pas un air mortifié à chaque fois qu'elle évoque le souvenir, genre allez, où est ton sens de l'auto-dérision Yssette ?!! Aria n'aurait aucun problème à se déguiser (ou se transformer) en homme, c'est pas plus honteux que de se transformer ou déguiser en femme ! Pfff, les hommes ne sont que des mauviettes !

—Mais t'es très beau avec ton boa pourtant, regarde, fais comme moi et roule des hanches un peu, glousse-t-elle en se déhanchant, l'enjoignant à faire de même.

Elle est contente de le voir rire, surtout. Elle oublie un peu le malaise qu'elle a ressenti un peu plus tôt, comme à chaque fois qu'elle se laisse emporter dans une discussion avec un ami. C'est doux, c'est amusant, c'est pétillant ; c'est Aria.

—Ah ça, je confirme ! J'adore la musique des années 70 à 2000, rit-elle. Je suis une fan inconditionnelle d'ABBA, pour commencer… et de plein de musiques plus ou moins avouables.

Beaucoup plus "moins" que "plus", je tiens à ajouter.

—Bon, j'vais éviter de te faire le karaoké en live, d'après Allen ça rend les gens fous, glousse-t-elle.

Et c'est pas un compliment, quand on dit "fous", hein.
Vient la séance selfie, où ils prennent plaisir à faire des têtes bien étranges. Elle se marre quand elle évoque Allen et lui tire la langue en répliquant :

—T'en fais pas, ta tête est absolument parfaite aussi. Je suis certaine qu'il sera enchanté de voir à quel point tu peux être fabulous !

Elle lâche un rire en reposant les grosses lunettes... Puis décide finalement de les acheter, pour le fun. Autant garder un petit souvenir, et pour les soirées ce sera sûrement utile un jour !

—Ouiiiiiii des crêpes ! Ca marche, on se rejoint dehors mon chou ! A tout de suite !!

Tacru elle allait pas dévaliser le magasin ? C'est un peu mal la connaître, là.

—Oh noooooon, ne fais pas çaaa~, dramatise-t-elle faussement, jartant sa main de dessus sa tête avec un rire.

Dans le pire des cas, s'il le fait, c'est lui qui aura l'air con et elle pourra se foutre de sa gueule, ça lui paraît être un bon compromis. La rouquine sautille donc dans les rayons de la boutique et achète encore quelques petites choses, avant de ressortir avec ses sacs. Elle se dirige vers l'endroit où doit se tenir Ys.

—Crêêêêêpes !!!!

Oui, c'est l'appel du ventre, littéralement. Et après ça : c'est parti pour la préparation du toit !!!

Le visage d'Ys n'est pas aussi souriant qu'à l'accoutumée. On dirait qu'il est retombé dans des idées noires, le temps d'aller chercher les crêpes. Mais il fait un effort, alors elle en fait un aussi ; elle aimerait pouvoir lui demander à quoi il pense, mais il parle d'autre chose. Il râle sur ses emplettes, et elle roule des yeux et gonfle les joues. Elle galère un peu avec sa béquille en plus, il pourrait être reconnaissant de tout ce qu'elle fait pour lui, quand même !!

Elle sourit en coin et hausse un sourcil, l'air complice.

—Oh, ne t'en fais pas, je trouve toujours un moyen pour rentabiliser les trucs que j'achète. J'aime bien organiser des fiestas, et puis, aider mes copains à déclarer leur flamme c'est mon dada, t'en fais paaas !

Elle repense un peu à Nicolas, qui était si effrayé par la simple idée de la St Valentin. Ahhhh, ses amis sont un peu bêtes en amour... Heureusement qu'elle rattrape tout ça, hein ! (Moi j'dis : lol.)

Elle le remercie avec un sourire doux quand il récupère ses sacs, hume la bonne odeur de crêpe qui s'échappe des paquets. 'Tain, elle a beaucoup trop faim !!!! Elle les lui arracherait bien des mains pour les grignoter, mais hé, ça s'fait pas ok.

—Ouiii, au travail ! Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour préparer tout ça !!

Grand sourire alors qu'elle s'accroche à son bras.

—Direction : le toit ! Il faut qu'on privatise tout ça, ce sera chouettos ! Je resterai dans le coin. Si tu veux, je peux me transformer en hibou pour faire le fond sonore. Je fais très bien le "ouh-ouh" du hibou, j'te jure. Tu me crois pas ?!

La suite des événements est simple : la préparation débute. Il faut placer les nappes, les décorations, les lumières, créer l'ambiance la plus parfaite et la plus chouette du monde, avec du jaune et du bleu sombre, et des étoiles et des paillettes dorées.

Elle a un sourire satisfait à la fin de leur dur labeur.

—Alors, qu'est-ce que tu en penses ? demande-t-elle à Ys avec un sourire mutin.

Mais d'où, c'était une super idée le hibou, pourtant ?! Pourquoi il réagit comme ça ?! Karma tout niqué toi-même lààà, vas-y. Elle fait faussement la moue, sans réussir à camoufler un rire qui finit par s'échapper. Oui, bon, oh, ça va, c'est dur de faire la gueule à Ys, ok ? (Et si y a des hiboux, j'suis sûre, omg, tu veux t'batter)

Toute fière du résultat, Ariana glousse au début de la phrase d'Ys… avant de lâcher un petit cri indigné. Elle lui donne une petite tape sur le bras et rit.

—Qui a une petite tête ici ?! Je suis très créative, moi, môsieur.

En même temps, quand c'est ton unique talent, c'est mieux quand les gens le reconnaissent, hein, sinon bonjour la confiance en soi de merde ! Elle rit tout de même, lui fait rapidement un câlin, tout sourire, puis se laisse tomber sur une chaise en soufflant lourdement.

—Pouah, j'suis épuisée...

Maintenant, il ne manque plus que... hein ?

Les yeux d'Ariana se relèvent vers Ys et elle fait la moue devant son hésitation. Elle cligne des yeux, fixe la table, puis Ys, puis secoue la tête. Il y a quelque chose qu'elle ne comprend pas bien, là. C'est sérieux ?

—Comment ça, les manger ensemble ? Il faut que tu appelles Mitsuki ! Ca se passera bien, faut pas avoir peur !

Elle se mordille la lèvre. Il ne va pas abandonner maintenant, hein ? Pas après tous les efforts qu'ils ont déployés pour que tout soit parfait ? Ses mots se bloquent un peu dans sa gorge.

—Si tu as trop peur qu'elle ne vienne pas, je peux toujours l'appeler pour lui dire de me rejoindre, je te jure je ferai ça bien, tu verras, t'auras pas à t'inquiéter...

Elle a la boule de tristesse et de panique qui monte. Pourquoi il ne veut pas, d'un coup ?!

—Je ferai ça bien...

Est-ce que c'est de sa faute ?