Ariana ne se vexe pas facilement, elle n'est pas non plus facilement mise en colère. Elle sait qu'Ys ne va pas bien, et elle espérait pouvoir l'aider un peu ; mais au final quoi, au final, il ne veut plus de son aide ? Elle a fait quelque chose de mal, pas correctement ? Est-ce qu'elle en a trop fait ? Visiblement pas.

Il ne va pas l'appeler, en fait. C'était peut-être pour ça qu'il avait l'air un peu triste, lorsqu'il est revenu des crêpes. Aria sent un goût amer se glisser sur sa langue, elle ne se sent pas très bien. L'impression d'avoir tout donné pour rien, d'avoir encore tout fiche en l'air. Elle n'enlève pas sa main du contact d'Ys, mais elle détourne les yeux. Il la lâche vite, de toute manière.

C'est décevant.

Elle n'est pas en colère contre lui, mais elle se sent soudainement vidée de ses forces. Elle court partout depuis cinq heures du matin pour rien. Elle a envie de se rouler en boule dans un coin et de pleurer. Pleurer parce que la situation est nulle pour Ys, et qu'elle est sûre que s'il prenait ses couilles pour les poser sur la table, Mitsuki viendrait et serait contente de le voir. Mais visiblement, c'est plus simple de se débiner. Plus simple de faire comme si tous les efforts qu'ils ont mis dans la réalisation dans ce repas n'existaient pas.

Et il lui fait des yeux de cocker. Elle essaie de ne pas pincer les lèvres, mais elle soupire. Elle est épuisée. Elle est un peu en colère, quand même, mais elle ne dira rien. Il est assez triste comme ça.

—Tu ne vas pas lui faire peur, sois pas bête...

Mais soit.

—On peut manger, dit-elle sur un ton plus las qu'agacé. Je t'en veux pas. Je suis juste très fatiguée.

Elle aurait envie de lui tirer les oreilles et de lui dire de se motiver un peu, mais il est aussi têtu qu'elle. Elle, elle abandonne. Elle envie de tout faire brûler. Dommage qu'elle soit Eau...

—C'est juste… dommage, souffle-t-elle.

Dommage et un peu décevant.

Non, Ys ne sait visiblement pas. Ca l'agace. Ca l'agace parce que malgré sa bonne humeur et sa bonne constitution, elle s'est levée très tôt pour l'aider et que ça n'a servi à rien. Elle observe sa décoration avec la plus vive des indifférences — tout cela lui paraît si fade et sans intérêt qu'elle se demande encore pourquoi elle s'est donné tant de mal.

Malgré tout, elle attrape le verre qu'on lui tend — c'est quelque chose de rassurant, et elle ne refuse jamais vraiment un verre. C'est facile de se laisser aller. Elle voudrait rouler des yeux et froncer les sourcils, elle se contente de hausser une épaule vague, comme si elle ne savait pas déjà qu'il parlait d'elle.

—Parfois il faut savoir précipiter les choses. Poser les choses à plat, en discuter, s'excuser, essayer de comprendre. Vouloir essayer de la récupérer ce n'est pas précipiter les choses, tu sais.

Ce n'est pas Mitsuki, le problème, dans le fond. C'est juste toi qui as peur.

Haussement de sourcil. Sourire amusé.

—J'aime bien le sirop d'érable.

C'est sucré, c'est tout doux. Ca fait du bien, même au coeur de la tourmente. Là, elle n'a pas très envie de nutella ; ça ne lui provoque qu'un vague sourire un peu forcé lorsqu'elle s'imagine le goût du chocolat sur sa langue.

Ariana boit une gorgée de cidre, puis appuie son coude sur la table, menton dans sa main.

—Pourquoi tu as peur de retourner la voir, au juste ? T'es amoureux d'elle, elle est amoureuse de toi... J'ai un peu du mal à comprendre ce qu'il se passe entre vous en ce moment, sourit-elle piteusement.

Elle ne va pas lui dire que depuis le passage à Master d'Ys, elle le trouve changé. Trop, peut-être. Pas moins amusant, mais plus sérieux, plus déterminé, plus absent, souvent, aussi. Les événements de cet automne ont eu lieu juste après son passage de rang, peut-être que c'est normal qu'il s'implique tant ? Quant à Mitsuki... Elle n'ose pas trop en parler, mais cette histoire avec Allen la taraude toujours. Elle aimerait pouvoir en parler à Ys, lui poser des questions, savoir ce qu'elle peut faire pour essayer de les faire entrer à nouveau en contact, au moins un peu. Mais elle sait aussi que ce n'est pas le moment.

Haussement de sourcil de la part d'Aria. Elle acquiesce malgré tout en attrapant un des petits pots pour l'observer de plus près, un semblant de sourire — vague — sur les lèvres.

—Effectivement, elles sont plutôt mignonnes. Je testerai tout à l'heure, pour le moment j'ai très très envie de tester ce sirop d'érable.

Elle essaie de donner une tonalité humoristique à sa voix, mais ça ne fonctionne pas aussi bien que prévu. Elle ne s'en formalise pas réellement ; l'important est de rester un semblant naturelle pour ne pas trop inquiéter Ys, en face. Même si elle est fatiguée et qu'elle a très honnêtement juste envie de le planter là et s'enrouler dans sa couette, elle sait aussi qu'elle se sentirait trop coupable de laisser son ami derrière elle de cette manière.

Ariana dévie la discussion vers Mitsuki encore une fois. Elle n'a pas très envie de le lâcher à ce propos ; pas pour se venger, mais par obsession. Elle a besoin de savoir ce à quoi il pense, ça lui tourne dans la tête sans avoir de logique.

Satisfaire son égo ; visiblement, c'est là son plus grand problème. Elle ne comprend même pas sa manière de sous-entendre, encore une fois, que Mitsuki ne l'aime pas, ou pas comme lui. Qu'est-ce qu'il en sait ? Est-ce que pour une simple maladresse, elle sera condamnée à porter l'étiquette "n'aime pas suffisamment son mec" ? C'est ridicule. Le reste, en revanche... Elle peut le comprendre, elle suppose. Elle, ce n'est pas un compagnon ou une compagne qu'elle a perdu. Son coeur se serre, et elle lutte pour ne pas que son visage s'affaisse. Elle sourit faiblement.

—Ys, les sentiments ne sont pas réservés qu'aux femmes, se sent-elle obligée de lui signaler d'une voix douce. Tu as le droit de ressentir des émotions, d'en parler, et pareil pour tes sentiments, qu'ils soient amoureux ou amicaux. Ce n'est pas un défaut, ni un manque virilité ou je-ne-sais-pas-quoi.

Elle se recule dans sa chaise et se sert le sirop d'érable sur sa crêpe avec un soupir.

—Mais je peux comprendre. Il y a des Vides qu'on ne peut pas combler, sourit-elle faiblement.

Le sien ?
Elle relève les yeux vers Ys, un peu perdue.

—Tu ne vas pas perdre Mitsuki, pas si tu fais ce qu'il faut pour la récupérer. Mais laisse lui de l'espace, du temps. Il y a des personnes qui ont du mal avec leurs sentiments... Et quand on les brusque, ça leur fait aussi faire des erreurs, ça les rend terriblement anxieux. Ce n'est peut-être pas une erreur de ne pas aller la voir ce soir, mais ne la laisse pas filer entre tes doigts. C'est dur de récupérer quelqu'un qui pense que tu es déjà définitivement parti.

Elle se mordille la lèvre. Elle pense à Allen. Elle se demande comment ce sera, plus tard… (et son coeur se serre un peu)

"Parler de ces choses, c'est une faiblesse."
Elle a ces mots qui tournent un moment dans sa tête et, même si elle n'est pas totalement d'accord, une partie de son être réagit et comprend. Elle n'est pas mieux placée pour lui faire la morale — peut-être qu'elle n'aurait même pas de conseils à lui donner, au vu de la difficulté qu'elle a à exprimer ses propres émotions.

Finis les doubles standards, Aria ; Ys aussi est mal à l'aise, et ça pourrait être sympa que tu le remarques et l'acceptes. Elle acquiesce lentement, sourit à peine ; c'est compréhensible. Elle se demande un peu quel genre de vie Ys a pu vivre pour être aussi inquiet de ses relations, désabusé de ses émotions, et surtout aussi honteux de ses sentiments. Peut-être que ce n'est pas tout à fait pareil, pour les hommes. C'est vrai que la société leur demande implicitement (et explicitement, parfois) d'être forts et inflexibles. Le sentimentalisme est sujet aux railleries. Elle se demande parfois pourquoi ; puis elle se rappelle qu'il est tellement plus simple de montrer que de dire aux gens qu'on les aime.

Elle sourit plus fort.

—Un peu borné, je l'admets~, rit-elle un instant.

Elle tente de le rassurer, comme elle le peut. C'est parfois difficile de trouver les bons mots, mais elle essaie et y met toute son énergie. Elle fait la moue lorsqu'il désigne la décoration, hausse une épaule. À quel moment il a décidé d'abandonner, au juste ?

Ariana tâtonne de sa fourchette dans l'assiette, sans trop savoir comment la commencer — elle n'a vraiment plus faim. Elle se force néanmoins, et le sucre lui fait un peu de bien. Même si la question d'Ys la surprend. Elle aimerait hausser un sourcil et faire la moue.

—Je ne m'en inquiète pas vraiment, ça m'a simplement traversé l'esprit comme on en discutait. De toute manière, on sait qu'il en aura marre à un moment donné, sourit-elle en lui faisant un clin d'oeil, avant de hausser une épaule. Non, je ne sais pas. Mais j'accepte l'aide, je suppose.

Elle le dit, mais elle ne le pense pas pour autant. Elle n'irait pas vraiment le voir consciemment pour parler de ses problèmes — ce n'est pas une chose qu'elle fait.

—De toute manière, tout va bien avec Allen. Sauf s'il t'a dit autre chose, mais ça je ne peux pas vraiment le savoir...

C'est difficile de communiquer avec quelqu'un tout en lui mentant, se rend compte Ariana, alors qu'elle mastique sa crêpe noyée sous une tonne de sirop d'érable. Sans doute est-ce pour cette raison qu'elle ne se permet que rarement de mentir, ou pas omission ; elle est bien piètre menteuse, sauf lorsqu'il s'agit de faire croire aux autres qu'elle va bien. En ce moment, elle y arrive un peu moins bien — mais la fatigue l'en empêche, et ils sont compréhensifs. Ils doivent se dire que son hospitalisation joue beaucoup, et c'est vrai. Qui pourrait lui en vouloir, hein... ?

Là, c'est un peu différent. Elle n'a pas envie de parler de ça, et surtout elle ne se voit pas aller lui parler de ça à lui. Peut-être à Nicolas, et encore. Au final, elle se rend compte qu'elle ne sait pas vraiment à qui se confier, elle non plus. Elle est entourée de gens qui l'aiment et qu'elle aime, mais à quel prix ? Celui du silence et du mensonge ? Elle se retient de fermer les yeux à la confirmation d'Ys — elle rit, à la place. En fait, ça ne la fait pas vraiment rire — il se lassera forcément d'elle un jour, il l'a toujours trouvée chiante, et même s'il est amoureux d'elle avec ses qualités et ses défauts, ça ne veut pas dire que ça durera toute la vie. Elle a un petit creux dans la poitrine qu'elle comble avec encore plus de crêpe et de sirop.

La fourchette à quelques centimètres de sa bouche, elle s'interrompt dans son geste face à la réponse d'Ys. Rapide, brusque. Eberluée, elle cligne des yeux, tentant de percer derrière la carapace de son ami. Est-ce qu'Allen..... lui a vraiment dit quelque chose ? Son rythme cardiaque s'accélère, elle a une nausée soudaine et violente ; elle ne se rend pas compte qu'elle a blêmi. La lumière doit sans doute le cacher, de toute manière.

Elle déglutit lorsqu'Ys va trouver une cigarette pour l'allumer, et elle mange son morceau de crêpe sans envie. Ne pas vomir.

C'est donc ça. Pas d'inquiétude. Ahaha. Et puis en vrai, c'est quoi cette question stupide qu'il pose juste après ? Elle fait la moue, soupire.

—Parce que tu crois que c'est quelque chose qu'on sait aussi vite ? dit-elle en boudant. J'aime pas tellement ces termes...

Un crush peut devenir un grand amour. Et encore, c'est quoi, ça, un grand amour ? Elle a trop peur de se dire que c'est le cas et d'être déçue l'instant d'après. Elle se mordille la lèvre. Il devait sans doute simplement lui demander si elle est sérieuse ou pas, avec lui.

—Je suis. Amoureuse depuis un certain temps, commence-t-elle avec difficulté, sans trop savoir où regarder. Donc je suppose que ce n'est pas juste une amourette, sinon je ne me serais pas donné autant de mal, et lui non plus.

La rouquine remet une mèche de cheveux derrière son oreille. Cette fois, son visage a viré de couleur, elle est écarlate.

—Allen, c'est juste Allen, souffle-t-elle. Je sais pas si je peux dire que c'est un grand amour, mais je suis amoureuse et je suis heureuse avec lui. Et j'espère qu'il l'est avec moi aussi ? Alors... Enfin, c'est pas important de savoir le titre que je lui donne ?

Parce qu'elle l'aime, et c'est ce qui compte. Elle l'aime à en rire, à en pleurer, à en mourir. Peut-être que ce serait bien, d'aller dormir avec lui, ce soir... Est-ce qu'il a quelque chose de prévu ? Juste une étreinte, son oreille contre son coeur... Eux deux et le calme, sans rien de plus.

Elle se mordille la lèvre. Elle non plus, elle n'a jamais ressenti ça pour personne. Peut-être justement parce qu'il est si opposé à elle ? Ou parce qu'il l'aide à être davantage elle-même, au contraire ?

—J'ai juste envie qu'on soit bien ensemble.

Elle le murmure, comme pour elle-même, songeuse. Elle a des désirs simples, au final. Aimer, être aimée. Respecter, être respectée. Ecouter, être écoutée.

—Dis, Ys... C'est bizarre que vous vous parliez moins... ose-t-elle en se mordant la lèvre. Vous étiez proches, à un moment donné. Est-ce que vous vous êtes disputés, vous aussi ?

Elle ne voulait pas lui faire comprendre que c'était stupide, parce qu'elle ne le pense pas vraiment. C'est simplement que pour elle, c'est compliqué. Elle n'a pas l'habitude. Elle, elle n'a pas rencontré Allen de manière spéciale — ou plutôt si. Il lui a soulevé la jupe, et ils ont fait n'importe quoi après ça ; la barbe-à-papa, le karaoké, les sous-entendus. Au final, c'était une rencontre extraordinairement banale. Elle n'aurait pas su dire si elle ressentait quelque chose de spécial en le rencontrant. Simplement, il était mignon et gentil, beau et un peu con surtout, agaçant, mais il la faisait tellement rire.

Aria aime rire. Elle aime rire autant qu'elle aime être douce, qu'elle aime aider et aimer. Allen faisait parfois ressortir ses mauvais côtés, son côté un peu excessif, pour attirer son regard, peut-être ? Elle avait envie d'exister pour lui. Peut-être qu'elle en a toujours eu envie, qui sait ? Elle n'en est pas encore tout à fait certaine aujourd'hui. Elle ne sait même pas vraiment depuis quand elle est amoureuse comme ça. Mais ça fait longtemps. ((Peut-être toujours.))

—Ce n'est pas bête, souffle-t-elle.

Timide.
Aria est une eau, il faudrait ne pas l'oublier.

Elle n'ose pas trop regarder Ys. Elle se tortille les doigts, regarde ailleurs. Mais lorsqu'elle arrive à poser ses yeux sur lui, elle peut voir beaucoup de douceur. C'est étrange d'être regardée comme ça. Comme si on la redécouvrait, derrière toutes ces couches de maquillage ardent et superficiel.

Elle attrape son verre pour chasser la sensation étrange et engourdissante qui accompagne la gêne, boit quelques gorgées. Elle laisse le temps à Ys de répondre. Acquiesce finalement de soulagement.

—Tu travailles trop, sourit-elle faiblement. Prends du temps pour voir tes amis. C'est trop triste de rester tout seul. Si tu veux, tu peux venir à une de nos soirées une fois, avec Nicolas, Adé et compagnie ?

Elle repose son verre, retourne finir sa crêpe. S'interrompt. Encore. Elle relève les yeux vers Ys. Le coin de ses lèvres se soulève, elle acquiesce.

—Oui. Oui, ce sera bien, souffle-t-elle. On s'amusera bien, tous ensemble.

Elle a une pointe d'espoir, vite balayé. Son sourire tremble, ses yeux se plissent un peu et se remplissent de larmes. Elle baisse la tête pour le cacher, respire lentement pour se contenir. Ca craint. Elle est trop fatiguée. Elle n'arrive plus à se retenir. Mais. Elle repense à Allen et Mitsuki. Eux qui avaient une si belle amitié. Et Mitsuki et Ys... Pourquoi tout est si compliqué ? Pourquoi il faut qu'ils soient tous séparés et malheureux ? Elle veut retrouver ses amis. Leurs rires. Leurs sourires. Leur joie. Elle aimerait que tout soit comme avant. Avant que l'institut ne soit attaqué, que leurs pouvoirs ne leur soient retirés. Avant que tout le monde n'aille mal, qu'Asbjorn se terre, qu'Alice se sente démunie, qu'Adélaïde ne retrouve sa fichue famille, que Nicolas ne se drogue. Avant que tout n'explose et qu'elle n'ait l'impression que sa vie n'est qu'une succession d'échec.

Que tout soit comme avant, mais en mieux.
Sans la peine.
Sans la peur.
Sans la honte.

Un rire lui échappe. Elle s'essuie les yeux, en les levant vers le ciel.

—Je suis affreusement sentimentale, ce soir.

Excuse-moi.

—Tout ça me manque.

Et je sais que ça te manque, à toi aussi.

La Cool Patrol, oui. Elle acquiesce lentement, sourit faiblement en repensant à ses amis. Avec un peu de chance, ça ferait du bien à Ys de voir d'autres gens. Ca le sortirait de son amertume, de sa tristesse et de sa solitude. Parce qu'il a l'air seul, en ce moment. Est-ce que c'est si bien que ça, de passer Master ? Elle aurait préféré que ça ne le rende pas aussi grave, aussi sérieux, aussi absent. Et puis, le restaurant a l'air un peu plus vide, sans lui.

Parler de se retrouver tous les quatre, comme si rien n'avait changé, ça lui fait mal. Elle sait qu'ils en sont loin et même si elle espère, elle sait que ça ne changera rien. Elle ne peut rien faire de plus que ce qu'ils ont fait ce soir, il ne tient qu'à Ys de retourner la voir, il ne tient qu'à lui d'aller s'excuser, d'essayer de comprendre, d'accepter. C'est tout, c'est comme ça : Ariana, toi, tu ne peux rien faire, alors reste assise et n'essaie plus rien.

Ys se lève, lui essuie une larme. Sa main tendue la fait un peu reculer au début, mais elle se souvient que c'est lui et le laisse faire, sourit piteusement. On en rira, hein. Non, elle n'est pas certaine. Ils passeront au-dessus, mais ils ne peuvent pas rire constamment de tout. Elle, en tout cas, ne le peut plus.

—On fera en sorte.

Cette fois-ci, il lui tend la main ; ils n'ont pas fini leur crêpe, tous les deux, mais au point où ils en sont elle n'est pas certaine que ce soit une bonne idée de rester davantage ici, elle aussi. L'ambiance est presque morbide. Et puis, la perspective de voir un bon film l'enchante davantage. Elle pose sa petite main dans celle tendue de son ami.

—Parce que tu crois que j'ai besoin d'être bordée ? se moque-t-elle gentiment. Mais je veux bien. Tu veux pas venir dans ma chambre plutôt ? J'ai une grande télé. Ca me gêne pas si tu dors juste à côté, mais si tu préfères pas on peut aller aux dortoirs quand même...

Elle a l'habitude de dormir avec des gens, sans qu'il n'y ait d'implication. Ca lui arrivait de temps en temps avec Nicolas, quand ils s'endormaient après un film, le soir. Et puis, une chambre avec des draps à imprimé arc-en-ciel, c'est tellement plus swag que le pauvre dortoir tout gris tout triste. Surtout celui des mecs. La dernière fois qu'elle y était (kof kof kooof) ça puait le mort, là-bas.

Doucement les deux amis tentent de rendre cette ambiance moins lourde, moins triste. Aria tente une moquerie. Le Master sourit de plus belle. Essayer de changer d'air, de voir autre chose. Alors tant puis pour cet effort fourni inutilement. Bien qu'il en gardera un bon souvenir malgré tout, il ne saurait jamais s'excuser d'avantage de l'avoir déranger autant et pour rien.
La bonne nouvelle de cette journée, c'était que cette fille était devenue bien plus qu'une ancienne collègue de travail, une voisine de pallier. C'était surement l'une de ces amies précieuses qu'on se bat pour les garder.

La jeune femme, bien qu'hésitante sur l'instant, lui donne la main. L'aidant ainsi à se relever, Ys ramassa ses béquilles pour lui tendre avant de reprendre suite à sa proposition.

"Hum, en vérité, j'aimerai éviter les dortoirs ouais. Alors j'accepte de te suivre."

Lâche-t'il sous un sourire plus proche de la grimace. Ce n'est pas tant que dormir avec William soit un problème, mais les dortoirs franchement, il en avait assez vu comme ça. Alors une pause ne peut pas faire de mal.

"Par contre tu me laisse t'offrir le petit déjeuner d'accord?"

Au moins pour s'excuser d'avoir été autant lamentable ce soir.
Et dire qu'il y avait bien une personne à Terrae qui lui pardonnait son erreur passé, c'était surement la soirée la plus apaisante et la plus douce qu'il ait passé depuis longtemps. Pourvu qu'un jour il ne déçoit jamais cette personne.
Lui offrant son bras pour l'aider à s'appuyer, ils prirent la direction des chambres tout en continuant de discuter de tout et de rien. Amicalement et simplement. Et c'était pas plus mal. C'était même mieux que de préparer un discours.

HRP> Désolé c'est pas terrible là :/
Que dirais tu qu'on clore cet rp? A moins que tu le trouve inachevé bien sûr :)