« Tu m’as dit que tu ne voulais pas être mon modèle, alors je n’y ai pas réfléchi. » tu réponds en toute honnêteté.

C’est plus difficile de se désinvestir de ce que l’on a entamé que de ne pas le commencer. Quand on commence à se projeter, on peut être facilement déçu. Tu essaies de te préserver autant que faire se peut de la déception, ne voulant faire peser son poids ni sur toi ni sur ceux qui l’engendrent.
Il se lève, te surplombe. Tu n’es pas très à l’aise il faut l’avouer même si tu ne ressens aucune animosité de sa part. C’est juste que tu n’aimes pas… Ne pas avoir de solution de repli ? Qu’on envahisse ton espace personnel ainsi ? C’est au-delà de ça, ce n’est pas une question d’amour. C’est une tension qui se crée dans ton être, une tension désagréable. Tu te forces cependant à ne pas l’écouter, parce que si tu fuyais maintenant tu as peur de lui faire mal.
Tu regardes donc en silence les détails qui lui importent. Tu ne les avais pas remarqués a vrai dire, ou plutôt tu les avais vues sans les voir, sans leur porter l’attention qu’elles méritaient à ses yeux. De grandes cicatrices balafrent ses bras. Il te montre ensuite un petit V dans son cou, derrière la naissance de son oreille et finit par désigner son nez qui n’est pas tellement droit si tu y prêtes attention. Ce n’est pas ce dernier détail qui te gène, et pourtant il s’inscrit dans toutes les cicatrices qui semblent si dures à porter pour Jérémy qui se penche vers toi.
N’a-t-il pas conscience qu’il est intimidant dans cette position ? C’est difficile de réfléchir correctement, et ton sourire doit disparaitre quelques instants alors qu’une ligne de concentration nait entre tes sourcils. Il attend une réponse que tu n’avais pas cherchée et qui t’échappait maintenant qu’il t’avait montré son point de vue, ce qui lui importait à lui. Il te fallait faire marche arrière pour ne pas répondre une connerie du genre « ce que tu préfèrerais me montrer. » pour t’échapper d’une situation désagréable.
Qu’est-ce qui t’avait poussé à penser qu’il ferait un bon modèle ? Tu dirais son atmosphère, mais celle qu’il dégageait maintenant était différente. Trop précise, trop détaillée.

« Ta silhouette, tu portes beaucoup de cicatrices, mais j’sais pas comment l’dire… C’est pas ce qu’on voit au premier coup d’œil ? C’est quelque-chose qu’il faut découvrir en faisant attention à toi, et donc à l’œuvre ? Un truc qui change son atmosphère quand on s’arrête dessus ? »

T’sais pas si c’était ce qu’il voulait. T’sais même pas s’il attendait une réponse.

Angie répond simplement qu'il n'a pas réfléchi. Jérémy a du mal à comprendre ; c'est comme s'il se disait qu'il allait cuisiner quelque chose, sans savoir ce qui se trouvait dans le frigo ni avoir l'image du plat final dans son esprit. Il a cette réponse inscrite dans son crâne quand il s'approche de lui et lui montre le peu de cicatrice qu'il supporte... et ce tatouage qui est une erreur. Alors qu'il se penche vers lui, le sourire d'Angie faiblit et il y a quelque chose dans son regard qui lui rappelle étrangement les proies qu'il chassait au village. Jérémy se redresse pour se tasser au fond du siège, laissant Angie récupérer son... espace vital. :

-Pardon. lâche-t-il d'un ton plus bourru qu'il ne l'aurait voulu.

Il a du mal à saisir pourquoi avoir une réponse lui tient tant à cœur... Peut-être qu'il verrait comme ça s'il a vraiment changé ? Ou si c'est simplement une énième manipulation de son esprit sur lui-même pour ne pas être seul ? Si Angie avait vraiment pas peur ou s'il se voilait la face ?... Va savoir. Il y a peut-être aussi cette crainte des répercutions... genre... qu'on se foute de sa gueule ou autre chose. Jérémy fait la moue quand Angie répond... en posant des questions.

C'est compliqué. Et c'est à découvrir... Mais c'est quelque chose qui "change". Jérémy fronce les sourcils... Putain les cours de philo en terminal c'était moins compliqué que ça ! Il se tasse sur son siège, croise les bras et mordille un peu sa lèvre avant de lâcher. :

-J'veux bien être ton modèle.

...Hein ? Euh... T'es sûr ?
Oh bordel. Comment on dit en anglais ? "playing hard to get" ? AHAH !
Fermez-la bon sang.

Tu fais non de la tête, il n’a pas à s’excuser. C’est toi qui es mal à l’aise quand on s’approche de toi. Ce qui est drôle, c’est que si c’était toi qui avais franchi cette distance ça ne t’aurait pas dérangé. C’est l’un de tes nombreux paradoxes, est sans doute l’un des moins étranges. Jéremy a fait marche arrière, s’assaillant à nouveau sur la chaise de l’autre côté de la petite salle d’attente, te laissant le temps de finir de réfléchir.
Le jeune homme a l’air perplexe quand tu lui réponds, posant des questions auxquelles tu n’as pas la réponse à voix haute… Peut-être que lui l’a ? Ou peut-être qu’en les disant à quelqu’un tu pourras y répondre toi-même ? Toi tu n’étais pas très assidu en philosophie en terminale, et de toute manière c’était loin tout ça, ce qui te servait d’excuse si on peut dire.

Soudain l’annonce tombe et t’as ton cœur qui se permet de battre plus vite pour exprimer la joie qui retentit aussi sur ton visage et qui s’accompagne d’un :

« SUPER ! »

C’est un peu trop fort et tu fermes la bouche surpris d’avoir crié. Pourtant tu ne t’excuses pas, ton esprit est déjà en train de partir loin, tu réfléchis. Une licorne ? Sérieux ? Tu m’expliques ce que fait une licorne dans tes pensées là maintenant de suite ? C’est super chelou, même si j’admets qu’il y en a toujours une qui traine dans un coin.

« Merci, c’est super sympa ! Je te promets que tu ne le regretteras pas ! »

C’est à peu près au moment où tu allais lui dire que s’il voulait vous pourriez monter le projet à deux, en discuter beaucoup avant pour voir ce qu’il était prêt à faire ou ce qu’il ne voulait pas faire. Poser nu ? C’était envisageable, mais peut-être n’apprécierait-il pas… Pourtant un noir et blanc avec des contrastes lui irait bien… Peut-être qu’il voyait en son nez cassé un défaut, mais tu trouvais cet appendice anguleux plutôt beau.

« Monsieur Bonnet c’est à vous ! » dit un des psychologues.

T’as sursauté, juste tu étais complètement passionné par votre échange et tu ne l’as pas vu venir. Mince.

« Le premier qui sort attend l’autre pour en parler ? » tu demandes au grand blond.

Jérémy a les bras croisés. Il ne sursaute pas quand Angie s'écrit d'un seul coup, il peut pas empêcher ses sourcils de se lever sous l'effet de la surprise, pour un bref instant, avant de retrouver son visage neutre. Il s'attendait à ce qu'il soit content... pas à ce point-là par contre. Il pince ses lèvres et se concentre pour s'éviter de rougir. Hm, c'est parce que c'est un artiste qui aime ce qu'il fait, c'tout. Quant à savoir si c'est sympa ou s'il le regrettera... on verra plus tard, on n'y est pas encore et heureusement en fait.

Comme un sauveur qui sonne le gong -ou le début de la récré-, un psy annonce que c'est au tour de Jérémy. Il se lève alors qu'Angie demande à ce qu'ils s'attendent une fois la séance finie. Il regarde le grand brun un court moment avant de sourire à-demi. :

-On s'attend à l'entrée de l'hôpital alors.

Il aura sans doute besoin de fumer après tout ça.

Bout de consultation ennuyante:

Jérémy allume sa cigarette, non loin de l'entrée de l'hôpital pour qu'Angie le repère mais sans enfumer les autres. Il pourrait partir là, rentrer chez lui, réviser son dossier sur les pommes-de-terre, ses fiches sur les différentes variétés adaptées aux différents usages, des meilleures méthodes de cultures aux meilleurs outils pour les cuisiner de manière gastronomique... Mais non. Il y avait une chose que le psychologue lui avait dit qui l'avait finalement convaincu de ne pas prendre les jambes à son cou. "C'est dur de se mettre dans la tête d'un artiste, voir ce qu'il voit, imaginer ce qu'il perçoit quand d'autres ne font que voir. C'est peut-être pour ça que tu as dit oui ; tu aimerais comprendre ce qu'il a perçu chez toi pour te demander ça." ...Jérémy doute. Qu'est-ce qu'Angie a pu voir chez lui, alors qu'il ne le connaît pas, qu'il ne sait rien des horreurs qu'il a pu commettre, recevoir ?... Est-ce que c'est important au final ?

Il respire lentement en observant le mouvement de la foule qui entre et qui sort, qui vient et qui s'en va, comme un ballet où les danseurs ne le regardent pas. Et il attend.

L’entrée de l’hôpital ? MAIS QUELLE ENTREE ! NON NE DISPARAIT PAS. Réfléchis Angie. REFLECHIS SERIEUSEMENT ! GENRE, toutes les sorties ne sont pas des entrées. Respire. RESPIRE. L’entrée de l’hôpital n’est pas l’endroit par lequel tu rentres dans l’hôpital. C’est l’endroit sur lequel il y a écrit hôpital en grosse lettres. C’est de cette entrée dont il doit parler, oui c’est ça ! T’en es absolument persuadé. Ou p’t’être que tu cherches absolument à t’en persuader parce que sinon tu vas stresser en te disant que tu vas pas le trouver et qu’il va t’attendre de trop et que c’est nul de faire attendre les gens.
D’ailleurs toi on t’appelle et te voilà en face de ta psy… J’sais plus si j’lui ai déjà donné un genre, mais au pire on va dire que j’ai la flemme de vérifier et que de toutes manières on va assumer l’fait que tu connais tout l’service de psychiatrie. Et comme j’suis pas comme Néo et qu’suis tenue au secret professionnel j’vais pas détailler ce qu’il se passe entre toi et le psy… Tiens elle a encore changé de sexe sans que j’m’en rende compte. Bref. Substantiellement il t’a fait comprendre qu’une rencontre mensuelle c’était trèèèèèèèès large et qu’il ne t’abandonnait pas mais qu’t’avais plus grand raison de venir le voir. Tu vas bien. T’es un type bizarre une fois ce fait accepté on ne peut pas dire que tu ailles mal.
Te voilà donc à hâter le pas pour rejoindre le blond. T’es presque hors de souffle quand tu reconnais la silhouette de la reine des neiges… T’as pas couru, c’est interdit dans les couloirs d’un hôpital, sauf dans Urgences ! T’as juste marché très vite et tu manques de souffle, c’est tout. Enfin, tu t’apprêtes à l’appeler pour qu’il détourne la tête dans sa direction… Et… T’AS OUBLIE SON PRENOM. Putain. Tant pis, il va falloir que tu fasses avec. Improvise ! Je sais pas ! Tu tends le bras en l’air et fais de grands signes en te rapprochant de lui jusqu’à ce qu’il accroche ton regard.

« ça s’est bien passé ? »

Bien meilleure question de relou quand tu sors de chez le psy. T’as tout compris à la vie gars. Enfin, peut importe t’es lancé.

« Si tu veux je te paie un chocolat pour qu’on en discute ! »

OUI UN CHOCOLAT. Parce que l’hiver t’imagine pas qu’on puisse boire autre chose, enfin pas spontanément. L’été non plus. Sauf que l’hiver le chocolat est chaud et que l’été il est froid. Ta vie est tellement simple. Bon pas spontanément tu peux envisager qu’il préfère le thé ou le café bien que leurs aromes te laissent souvent de marbre.

Jérémy tourne la tête quand quelqu'un s'approche de lui. Il n'a pas vu qui s'était, et il se rend compte de plusieurs choses ; il a assumé d'instinct que c'était Angie, parce que personne ne vient lui parler sinon des gens qui le connaissent déjà, ensuite, il n'a pas réagi violemment. ...alors qu'il aurait sans doute été plus défensif, avant. Il sourit à moitié seulement quand il le reconnaît, même lorsqu'il lui pose la question qu'il faut jamais poser après un rendez-vous chez un psy. :

-Ça s'est passé. J'espère que pour toi aussi.

Non il ne posera pas la question... même si ça lui brûle les lèvres. Parce que plus d'informations, ça veut dire plus de moyens de pression. Mais il n'était plus comme ça, apparemment.

Angie propose de lui payer un chocolat. Jérémy termine sa cigarette en songeant que les chocolats étaient de piètre qualité dans certains endroits de Terrae... mais, il ne dit pas non à une boisson réconfortante, surtout après cette visite chez le psy. Et comme il n'est ni café, ni thé, ça l'arrange un peu. :

-Ok. Je te suis.

Il essaie... du moins, il voudrait essayer de lancer une conversation normale. Le fait est qu'il a pas l'impression d'en avoir eu une depuis son arrivée... Ou s'il en a eu, elle était lancée par les autres. C'était pas trop sa façon de fonctionner jusque là ; il laissait les autres dévoiler leurs faiblesses, leurs histoires, et s'arranger pour retenir ce qui lui importait. :

-Ça fait longtemps que tu es à Terrae ?

C'est tout ce qui lui est venu. D'abord parce qu'il ne veut pas tout de suite parler de l'éventualité de poser... Il stresse un peu, il faut l'admettre. Ensuite, c'est une question banale, à ses yeux.

A la réflexion tu ne t’attendais pas à une réponse plus construite. Il t’avait indiqué pourquoi il était là, et tu te doutais qu’il n’allait pas t’en dire bien plus. Tu avais posé cette question dans le feu de l’action. Si tu ne l’avais pas oubliée sitôt posée, tu t’en serais p’t’être voulue en y repensant. Heureusement que tu n’as aucune mémoire finalement ! Voilà vous passez aux choses importantes : le chocolat. T’as lu un jour un truc du genre « quelle chance que de vivre sur terre, la seule planète où pousse le chocolat. » et tu avais trouvé cela très juste. Tu as une mémoire bien sélective car tu t’souviens de ça bien des années plus tard.

Tu entraines le blondinet dans un café où tu as tes habitudes. Tu souris au barista et lui commande deux chocolats chauds. Tu les aimes particulièrement ici car ils sont doux, crémeux et peu sucrés. Tout ce qu’il faut par un soir froid d’hiver, un matin d’hiver, une après-midi d’hiver. Le chocolat chaud est la base de toute alimentation l’hiver.

Installé sur ton taboué haut tu peux répondre tranquillement à Jérémy. T’as les pieds posés sur la barre transversale, t’aimes cette sensation de déséquilibre contrôlée. P’t’être que ça fait partie du charme des bars.

« Je suis arrivé en 2015, et je suis encore initié. T’imagines la honte ? » dis-tu non sans humour.

T’en avais parlé avec le psychologue aujourd’hui alors ça te trainé un peu dans la tête. En général les gens étaient étoilisés après un ou deux ans… Toi tu prenais ton temps, et plus que cela. Alors t’avais choisi d’en rire plutôt que d’y accorder de l’importance. Vous avez décidé d’engager une conversation normale, alors tu la continue de la sorte :

« Tu sais de quelle affinité tu es toi ? »

Peut-être qu’il est simplement initié. T’en sais rien, et p’t’être que tu veux juste le mettre à l’aise en parlant d’autre choses. Tu ne veux pas le forcer à revenir sur le sujet de la peinture. Tu attends qu’il le fasse de lui-même, s’il n’en a pas envie tu ne le remettras pas sur le tapis. Tu n’as pas envie de le forcer, tu préfères y aller en douceur parce qu’avant de dire oui il avait dit non, alors tu as décidé de considérer que c’était un « peut-être » pour l’instant.

La chaleur du bar s'écrase sur lui d'un coup. Un léger frisson plus tard, il s'y adapte, se réchauffe enfin. Rien que l'ambiance du lieu est aussi réconfortante qu'un chocolat chaud. Il s'assoit sur le tabouret au bar, aux côté d'Angie, après avoir posé son manteau sur son genou. Il replace ses bracelets éponges dans un mouvement qu'il fait par habitude, comme s'il respirait, puis appuie ses coudes, corps en avant, visage tourné vers Angie.

Il a un haussement d'épaule quand il lui avoue qu'il est Initié alors qu'il est là depuis bientôt 4 ans. Jérémy n'avait pas vraiment idée de ce qu'il fallait pour faire évoluer ses pouvoirs à Terrae. De toute façon, il n'aimait pas les siens donc il s'en foutait un peu. Eh, avant il disait qu'il était juste au-dessus de ça et qu'il valait mieux que tous les autres pour cacher son malaise ! C'est une évolution ça, qui n'a rien à voir avec le fait d'être Feu Solaire, mais tant qu'il y a de la progression on s'en branle non ? Ouais aller on va dire ça. Il baisse les yeux. :

-Vaut mieux son temps et bien faire que se précipiter et foirer.

...Note : gardez cette excuse la prochaine fois que Nico l'emmerde pour le forcer un tout p'tit peu à s'entraîner avec ses pouvoirs. Et puis Jérémy admettait qu'ils étaient humains avant d'être des bizarreries de magie, il se concentrait d'abord sur cette partie de lui... Est-ce qu'on pouvait vraiment lui en vouloir pour ça ?... La rébellion aura eu ça de positif au moins... La question suivante d'Angie était à prévoir, et il lui faut toute la volonté du monde pour retenir une grimace de dégoût de se peindre sur son visage. :

-Feu Invisible. Initié aussi... depuis l'année dernière.

Une tasse apparaît devant ses yeux et il salue le serveur d'un hochement de tête. Il pivote la tasse pour que la hanse soit tenue par sa main gauche, sa main droite s'emparant de la cuiller. Il touille un peu, vérifiant la consistance du chocolat d'un œil critique ; pas trop de mousse. C'est un premier bon point. Jérémy reprend. :

-Ouais je sais j'ai les pouvoirs les plus inutiles du monde... lâche-t-il amer, avant de réussir à avoir un semblant de sourire. ...ça doit être parce que ma personnalité est too much.

Beh oui, vous savez, parce que les pouvoirs c'est selon le caractère des gens... ...Ok bon bref on s'en fout.

Après les conseils pour les troubles de l’érection, Jérem grimaça en dévoilant son affinité. Surprise. Il était feu. Tu n’as pas l’impression de connaitre beaucoup de feux, peut-être Haley ? Tu n’en es même pas sûr. Il a l’air vraiment dégouté d’être feu invisible. Tu ne comprends pas vraiment en quoi !

« TU PEUX TE RENDRE INIVIBLE ? Mais c’est HYPER TROP GENIAL ! Imagine tous les effets spéciaux que tu peux faire ! Plus besoin de fond vert ou de retouches informatiques ! C’est hyper génial ! J’aurais trop aimé ! »

Ta vision simple du monde m’étonnera toujours… Et ce d’autant plus que tu trouves à chaque pouvoir des intérêts plutôt certains. Les terres titans peuvent comme les télépathes manipuler l’argile mais ils ont un net avantage pour sculpter la roche. Les eaux voyants peuvent prévoir la sortie du prochain épisode d’Outlander et rien que pour ça tu les crains. Ils ont le pouvoir du spoile. Les eaux morphes peuvent changer de silhouette quasiment à volonté, il suffit maintenant d’un seul acteur pour TOUT UN FILM. Les feux invisibles peuvent faire des effets spéciaux de ouf : tant pyrotechniques que magiques. Les feux marionnettistes pouvaient organiser de grands balais, ça pouvait être superbe s’ils trouvaient des volontaires. Les airs… POUVAIENT VOLER. A partir de ce constat nul besoin de leur trouver une activité artistique quand ils pouvaient à eux-seuls créer une nouvelle forme de danse. Quand aux tonnerres… Ils pouvaient briller dans la nuit ? Bon. Eux tu as du mal à leur trouver une utilité autre que pour les effets spéciaux mais tu les trouves quand même beaucoup moins pété que les feux.

Vos chocolats vous ont rejoint, et tu embrasses le tien pour en boire une grosse gorgée qui te brûle le gosier. On ne t’as jamais dit que prudence est mère de sureté ? Tant pis pour toi, tu finis d’avaler ta goulée brulante n’ayant pas le réflexe salvateur de la recracher. Ta muqueuse linguale en a pris un coup, mais du coup tu demandes à ton comparse :

« Dis, tu peux faire diminuer la brulure ? »

Sait-on jamais… A défaut tu commanderas un grand verre d'eau. Tu fais un signe au serveur pour qu'il t'en porte un. Il doit voir à ta tête cramoisie ce qu'il vient de se passer et s'il ne se permet de pouffer il ne doit pas en penser moins...

Angie pense que c'est vraiment cool d'être Invisible... C'est... vraiment un artiste, parce que la première chose qui lui vient à l'esprit, ce sont les effets spéciaux dans les films. Hm. Généralement, les mecs pensent plutôt à mater les filles en toute discrétion dans les vestiaires non ? Non. Pas les mecs. Les gros pervers dégueulasses. Ah ? Oui Jérémy, tu fais parti des pervers. :

-Je... Je n'y avais pas pensé je t'avoue.

Est-ce que, au moins, tu penses à ce que tu pourrais faire de tes pouvoirs ? Non. Parce qu'être Invisible wtf et le Feu... c'est du feu. Voilà, question réglée. Mais du coup... peut-être qu'il le fera... On peut dire merci à Angie pour lui donner l'idée d'éventuellement y réfléchir. C'est le début de quelque chose et c'est pas rien -quoi que ça veuille dire. :

-Et toi quel est- ?

Il a pas le temps de finir. Angie s'étrangle à moitié. Il ne recrache pas sa gorgée mais il prend deux teintes de rouge d'un coup... Ah. Il s'est brûlé. C'est confirmé par le fait qu'il lui demande d'atténuer... la... brûlure ?... Comment il pourrait faire ça ?!... Mais. Mais t'es abruti ou bien ?! Tu. Es. Feu ! Jérémy bat furieusement des paupières. :

-Euh non je euh-... Je savais même pas que je pouvais faire ça.

...J'ai envie de démissionner. Franchement. Angie demande un verre d'eau que le serveur lui apporte. Jérémy continue de touiller son chocolat, un peu hagard et gêné, se demandant tout ce qu'il a bien pu rater en se refusant de s'entraîner comme ça. :

-Je suis désolé. finit-il par lâcher. Je suis vraiment pas à l'aise avec mes pouvoirs alors... je sais pas faire grand chose... à part allumer mes clopes quand j'ai oublié mon briquet.

Il a. Vraiment. Envie de changer de sujet. Il toussote, souffle un peu sur sa boisson -pour éviter de se faire avoir comme Angie- et reprend, l'air de rien. :

-Et du coup, j'te demandais, c'est quoi ton affinité ?

Cela ne te choque pas outre mesure qu’il n’y ait pas pensé. C’est normal ? ‘fin, tu te dis que chacun doit voir différemment l’utilisation qu’on peut faire de ses pouvoirs. Il allait te demander le tien quand t’as commencé à t’étouffer avec ton propre chocolat. Sérieusement gars ? T’es sûr t’abuses pas ? Tu lui demandes de l’aide mais tu finis par devoir commander un verre d’eau, sa fraicheur n’atténue que sommairement la brulure de ta gorge, mais ça va. En vrai t’as connu pire. ‘fin c’est dure de t’en souvenir là maintenant mais si t’as connu pire, genre le bras ou la tête cassé. Tu laisses la douleur refluer et quand tu peux enfin parler tu lui dis.

« Je suis terre télépathe, mais ne t’inquiète pas j’utilise pas ma télépathie, sauf si les gens me donnent l’autorisation, et encore là j’sais pas trop comment faire et j’y arrive une fois sur trente-six… »

Mais au moins tu sais dire « NOPE » à ton pouvoir et le tenir en laisse. C’est déjà pas mal, azy vous n’êtes pas que deux débiles qui aiment se flageller…

« Et je sais pas si tu peux réellement diminuer les brulures, si faut c’est que les guérisseurs qui font ça, mais j’me suis dit que p’t’être c’était possible ? J’sais pas, on m’a souvent dit que j’réfléchis bizarrement, genre la première utilité que j’ai trouvé à mon pouvoir c’est de faire la poussière sans m’embêter… Alors à chaque fois que j’pense à un truc je teste, quitte à avoir un pouvoir autant l’utiliser d’une manière utile ? J’dis pas qu’allumer des clopes c’est pas utile, mais c’est hyper commun au final… Tu voudrais pas trouver une manière d’utiliser ton pouvoir que tu es le seul à maitriser ? ‘fin. Nan, mais m’écoute pas, c’est les divagations d’un mec saoulé au chocolat chaud, j’ai pas à me mêler de ta vie pardon. »

Angie est Télépathe et veut le rassurer aussitôt. Jérémy fait un geste de la main. :

-Oh t'inquiètes pas, je vis avec des Sensitifs... C'est pas la même chose je sais, mais j'ai appris à ne pas vivre les pouvoirs des autres comme une intrusion. Et puis j'ai une... amie... qui est Télépathe. Du coup je sais à peu près comment ça marche.

Plus que ses propres pouvoirs ? Ouais limite. C'est ça quand on préfère réunir des informations sur les autres plutôt qu'en soi. Il prend une pause, faisant tournoyer le chocolat avec sa cuiller, avant d'ajouter. :

-Si t'as besoin de... lire dans ma tête... pour faire le portrait... Je suis d'accord.

OOF. IL FAIT CHAUD NON ? Non ? Ok, passons à la suite VITE.

Ensuite, Angie lui explique qu'en vérité, il ne sait pas s'il peut atténuer les brûlures, ce n'était qu'une proposition. Il explique aussi que c'est la première utilité qu'il a trouvé à être Feu avant de lui demander s'il n'avait pas penser à autre chose qu'à allumer ses cigarettes... avant de s'excuser d'essayer de se mêler de sa vie... Dans d'autres circonstances, Jérémy aurait sans doute pensé ça aussi, qu'il avait pas à s'occuper de ses affaires... :

-Non, je pense pas que le Feu soit utile en fait. Je dirais même que c'est dangereux.

Après tout on dit bien qu'il ne faut pas jouer avec le feu... Il touille une dernière fois son chocolat avant de boire une gorgée. C'est chaud mais pas bouillant, il a profité de la mésaventure du Télépathe pour s'éviter des souffrances... :

-Tu fais quoi avec de la poussière ? De l'argile ?...

« Tu vis avec des sensitifs ? Tu fais parti de ceux qui vivent en coloc pour transformer l’une de leurs chambres en tout sauf une chambre ? »

Certains les sous-louent, d’autres les transforme en lieux de rendez-vous pour des clubs, d’autres y ouvrent de petits commerces clandestins… Et comme ici tout le monde a droit d’avoir une chambre la directrice ne retire pas celles de ceux qui ne l’occupent pas. Tu te demandes comment tout le monde peut encore rentrer dans les dortoirs. C’est peut-être pour ça qu’il y a des masterisations… enfin, tu as d’autres chats à fouetter.

Tu le regardes avec surprise quand il fait sa proposition. Tu n’dis rien mais ton esprit vogue déjà loin. C’est hyper intéressant comme idée. Genre hyper méga. Sur le concept même, faire un autoportrait de quelqu’un d’autre. C’est inédit ? Peut-être pas, pas comme ça tout du moins. Si tu pouvais le peindre comme lui se voit. Il rougit ? Hm. Peut-être pas, et si c’est la cas tu ne t’en rends pas compte. Il va falloir que tu t’entraines beaucoup avant de pouvoir faire cela, et que tu y penses beaucoup avant d’oser le lui demander.

Tu comprends qu’il a du mal avec son pouvoir parce qu’il a peur de faire mal à autrui. Tu trouves ça doux. Tu réfléchis à comment expliquer ta pensée et il enchaine déjà. Transformer la poussière en argile ? Non la terre n’est pas assez grasse. Ca ferait une boue sale.

« Hm. Je la mets dehors et comme ça ma chambre est relativement propre… »

Tu cherches encore tes mots, ils t’échappent finalement sans que tu n’y ais mis tout ce que tu voulais dedans.

« Je ne pense pas que le feu soit dangereux en lui-même. C’est comme un couteau, certes l’un comme l’autre peuvent blesser celui qui ne sait pas s’en servir, mais entre des mains aguerries un couteau permet de préparer les meilleurs plats alors qu’entre des mains malintentionnées il se transforme en arme. Je pense que c’est pareil avec le feu. »

Angie semble étonné qu'il vive avec d'autres personnes. :

-Non je-... Hein ?

Il ne savait pas que les colocations se faisaient, bon il avait appris celle de Ipiu mais ça lui paraissait normal qu'elle soit assistée vu que voilà... Il ne voyait pas comment on pouvait transformer une chambre en pas chambre, mais il supposait, de loin -vu qu'il a toujours eu la chance de vivre dans une maison-, que de vivre à plusieurs dans un endroit exiguë devait être un champ de bataille plus qu'un véritable lieu de vie. Pour une fois, Jérémy était pas vraiment aux faits de quelque chose, ça a suffi pour le dérouter un peu avant de reprendre pour expliquer sa situation. :

-Non, je vis avec un Master parce que... eh bien d'abord à cause de mon passé... et puis il avait adopté ma petite sœur donc, ça paraissait logique, je pense, que je finisse chez lui...

Jérémy n'y avait pas réfléchi en vérité, il est juste parti du principe que quelqu'un devait le surveiller et que c'était malheureusement tombé sur Aaron. Il n'avait pas pensé qu'il y avait peut-être d'autres raisons plus douces derrière ce geste.

La boisson est bonne, pas trop bourrée de sucre et assez goûtue pour qu'on ne soit pas agressé par le chocolat. Ca le réchauffe tout entier avant de s'écraser dans son estomac. Il n'aurait jamais cette sensation là s'il se décidait à utiliser ses pouvoirs... Angie, lui, avoue qu'il le fait pour se débarrasser de la poussière et... Et oui c'est carrément utile en fait. Jérémy est ordonné, mais il ne pense pas forcément à passer l'aspirateur ou à nettoyer la salle de bains -c'est Nico qui le fait du coup-, et éviter de sortir une machine bruyante et de s'abîmer à piétiner dans toute la maison pour dépoussiérer c'est un avantage. Est-ce que ça voudrait dire qu'en combat il pourrait t'envoyer du sable directement dans tes yeux ?... Hm. Jérémy fronce un peu les sourcils.

Angie reprend la conversation sur le feu en le comparant à un couteau. Dans de mauvaises mains, le couteau blesse mais dans de bonnes, il peut faire de la cuisine. Jérémy se tourne complétement vers lui, un bras appuyé au bar. Oui il a attiré son attention sur cette phrase. Et il a méchamment envie de répondre qu'on ne compare pas un couteau avec un pinceau, on ne compare pas le feu et la terre, la destruction et la matrice. Que Dieu le pardonne d'avoir comparé l'enfer et le paradis. Et surtout d'avoir parlé de tes mains. S'il savait ! Peut-être qu'il te peindrait tout un canevas de rouge. Ou de noir. Ou bien il ne te peindrait pas du tout, c'est plus probable. Tais-toi, je n'ai plus envie de t'écouter. Jérémy soupire. :

-Je suppose que tu as raison.

« C’est… Compliqué ? » tu traduits parce que tu ne comprends pas les liens de cause à effet du truc.

Genre c’est hyper chelou qu’un master ait adopté sa petite sœur et qu’il ait suivi. Ou peut-être qu’il s’est senti vide parce que ce master avait adopté sa petite sœur et pas lui ? Finalement les choses s’étaient bien arrangées puisqu’il avait pu la rejoindre. Etait-il possible d’adopter des enfants en dehors de Terrae, c’était pas hyper cool parce qu’ils allaient grandir avec pleins de gens avec des pouvoirs sans en avoir… Ca devait être assez complexant non ? Puis séparer une famille, ce master n’était pas très sympathique… Enfin, au moins avait-il accepté de la réunir quand Jérémi avait rejoint Terrae… C’était déjà ça.
Angie ? J’crois que tu te fais des fils tout seul mon grand, t’es à cent mile lieux de la vérité…

Tu n’as pas la moindre idée des idées qui se bousculent dans la tête du feu. Tu n’as pas l’habitude de regarder dans les pensées d’autrui, et même si tu l’avais tu n’as pas encore les capacités de le faire sans énormément de concentration. Que répondre à cela ? Ce n’est clairement pas évident.

« J’ai souvent raison quand je n’ai pas tort ! »

De l’humour pour masquer que tu ne sais clairement pas quoi ajouter mais bientôt ton cerveau embraye sur les multiples usages que l’on peut trouver au feu dans le quotidien, aussi les livre-tu à ton comparse.

« Avec du feu tu peux faire cuire des aliments sans four, réchauffer une pièce, faire s’envoler des lanternes, créer des ambiances hyper chouettes. »

Genre ça doit être ouf pour faire une soirée avec son ou sa chérie… Tu seras presque jaloux finalement des possibilités que tu peux entrevoir. Le feu peut in fine s’avérer utile !