Une autre journée banale et ennuyante s'était déroulée aujourd'hui. Les seuls événements "marquants" ayant été l'arrivée de deux nouveaux arrivants aux joues bouffies par les larmes remplaçant immédiatement les deux départs du dortoir. Je me souviens de mon désarroi en comprenant que l'uniquement lit à côté du mien retrouvait déjà un propriétaire.. Puis de ma joie dissimulée en me rendant compte que celui-ci est sourd. Je veux dire, c'est triste pour lui et j'en suis navré. Mais l'idée de me dire que quelqu'un peu écouter la moindre de mes respirations à quelque chose d'oppressant. Et pour le coup, j'avais au moins l'esprit léger lorsque ce garçon avait le dos tourné. Il n'allait pas m'espionner. Le seul problème étant son choc sûrement récent en raison de ses larmes incessantes.

Malgré le peu d'action, j'ai rapidement trouvé le sommeil et ce, en dépit du bruit ambiant. Plus tôt encore que la fin du repas pour certains. A croire que cette journée m'avait fatiguée plus que ce que je n'imaginais. Néanmoins, telle une tâche dans mon plan initial de repos, mes yeux se sont ouverts alors que la nuit régnait. Les uniques lumières venant du néon de sortie de secours et de la lune au travers des rideaux. Maugréant, j'essaie d'abord de me rendormir avant de ne me rendre compte que mon cerveau s'est remit en route. La gorge légèrement sèche et de toute manière trop éveillé pour rester prostré dans mon lit, je me suis levé et dirigé vers les toilettes où, après un coup sur le visage et une gorgée rafraîchissante, je remplis ma bouteille d'eau.
L'esprit encore légèrement embrumé mais les yeux désormais habitués à la pénombre, je me réinsère dans le dortoir en retournant dans l'angle me servant de chambre en me surprenant à sourire. Finalement, j'avais plutôt eu de la chance.. Un sourd et un mur comme voisins, il y a pire comme prison. M'asseyant en tailleurs sur le matelas et m'adossant au mur, je laisse mes yeux fureter au travers des rideaux pendant de longues minutes avant qu'un grattement à ma gauche ne m'intrigue. Un bruit métallique. Comme si de petites pattes grattaient quelque chose près de la porte, ou la porte elle même.
Fronçant les sourcils, et alors que je m'apprêtais à aller enquêter, je vois la porte s'ouvrir en grand, manquant de provoquer un boucan pas possible, sauvé par un sac venant amortir le choc de l'ouverture. Le tout très rapidement suivi par un homme relativement grand et moins relativement stable à l'air goguenard, sûrement fier d'avoir réussi à ouvrir une porte sans verrou. L'individu se dirige alors en direction de mon lit, comble du désespoir et commence à beugler en chuchotant, visiblement conscient inconsciemment de l'heure tardive, en proférant des menaces. L'air sûrement plus perdu que lui, je suis son regard et observe la cible de ses menaces, n'étant autres que Igor Porte-manteau. Me grattant la tempe et estimant son taux d’alcoolémie à environ Bien mûr/ml de sang, je me racle légèrement la gorge pour attirer son attention avant de lever la main.

"Tu es dans les dortoirs des novices là."

Me relevant en silence, je m'approche de lui en essayant de ne pas faire de gestes brusques. Au vu de sa taille et de sa carrure, et malgré son état imbibé, je n'avais aucun doute sur la véracité de sa menace de "Démonter" quelqu'un. Me disant même que dans les deux sens, cela pourrait être douloureux. MAIS BREF. M'approchant doucement, je viens lui montrer le lit, amicalement.

"Tu veux pas t'asseoir un peu, tu as l'air de galérer à tenir debout.. Et c'est qui "L'autre" ?"

L'air perplexe, je regarde le séduisant déchet humain s'affaler sur mon lit avec une once d'espoir de ne pas y recevoir son vomi. Tout aussi interloqué, je l'écoute baragouiner tant bien que mal son histoire tout en me demandant intérieurement combien de verres lui a-t-il fallu pour ce mettre une mine pareille. Dans le doute et avec la sincère volonté de faire passer ce moment de la meilleure façon qu'il soit, j'approuve la plupart de ses dires, venant à lâcher un "Forcément.." pour appuyer sa conviction sur les tonnerres. Bien que je n'ai vraiment aucune foutue idée de ce que cela indique. Et puis, il me pose la question fatidique. Qui suis-je.. Déjà que faire dire mon prénom à un étranger relève d'une épreuve des jeux olympiques. Mais d'un étranger bourré.. Là, on arrive dans le paralympique. Mais bon, tentons.

"Håkan. Je m'appelle Håkan, ça se prononce H-OH-k-aan."

Lui laissant quelques secondes pour s'entrainer ou non à le prononcer, j'attrape mon coussin que je viens poser à côté de lui pour qu'il se cale avec avant de récupérer une petite bassine que je dépose près du lit.

"Si jamais tu sens que ça va repartir et que tu n'as pas le temps d'aller aux toilettes... Vise la bassine, pas moi, le lit ou le voisin.."

Lui souriant, je me rends compte de mon aisance actuelle et tique un peu. Peut-être la mi-pénombre m'aide-t-elle et me donne une forme d’anonymat. Ou peut-être est-ce parce qu'il est bourré. Ou juste parce qu'il y a un homme dans mon lit.. Non. Eh oh.. On va se calmer.
Bref. Me frottant les cheveux pour me réveiller un peu, je pose une fesse sur mon lit, mettant une distance, faible mais respectueuse, entre nous, je reprends la parole.

"Et toi ? A part "Complètement déchiré", tu es.. ?

Il vient bien de dire ex-tolard et ex-mafieux ou j'ai rêvé.. Non non, il insiste. Bon.. Soit c'est un délire de mec bourré ou.. Non, vraiment, je crois qu'il dit vrai.
Clignant doucement des yeux, je le détaille un peu plus sérieusement afin de déceler la moindre arme possible sans réelle réussite. Manqué de tuer quelqu'un.. Parfait.. En même temps, au vu des différents cas que j'ai put croiser dans le dortoir. J'imagine qu'un ex-mafieux bourré à trois heures du matin dans mon lit relève du normal ici.. Il y a bien des gens qui font tomber la pluie ici alors..
L'air un peu perplexe, je continue cependant à prêter attention à ce qu'il me raconte sans même tiquer sur mon prénom. J'entends par là, qu'encore une fois, je n'attendais pas grand chose d'un mec torché à une heure pareille de la nuit.

"Je suis arrivé il y a quelques jours.. Semaine.. ? Je t'avoue que je ne sais même pas quel jour on est."

Et puis.. Sa blague. J'avoue que j'ai retenu un rire, pouffant légèrement avant d'essayer de faire passer ça, sans succès, pour un toussotement. Cette blague honteuse.. Il a osé la faire. Du culot il en a.

"Elle était nulle.. Mais j'aime bien. Je ne sais pas ce que tu entends par initié Tonnerre.. Mais tu ne crachais pas sur les tonnerres tout à l'heure ?"

Lui souriant amicalement, je lui tapote le genou comme pour lui montrer ma compréhension du bordel que doit être sa tête au moment où nous parlons.

"Et pourquoi tu as faillis tuer quelqu'un ? Histoire d'éviter de faire la même erreur que ce type ?"

Lui souriant amicalement pour essayer de créer un lien où je ne me ferais pas étrangler dans la nuit, je saisis ma bouteille d'eau et la pose à côté de lui.

"Et tu devrais commencer à boire un peu d'eau, sinon demain tu vas être au bout de ta vie. J'ai peut-être un truc à manger.."

Me penchant en arrière dans une position assez casse gueule afin d'atteindre mon casier, je tâche d'attraper quelque chose sans tomber du lit. Une fesse encore sur les draps tandis que l'autre se met en équilibre dans le vide. Le dos tourné à l'homme, ayant visiblement assez de confiance pour il faut croire.. Un simple coup de vent pouvant me faire virer dans le vide et ainsi offrir mon visage au sol.
La voix tirée par la position et par ma concentration, je tâche de me faire comprendre comme je peux.

"J'ai quelques brioches si tu veux, ça pourra éponger.. Tu veux ?"

Aussi sanguin qu'il puisse paraître et aussi éméché qu'il soit, dans le fond, il avait raison de s'être emporté. Peut-être pas dans cette envergure mais bon.. Et puis après tout, après une insulte homophobe, moi je ne dis pas non à une bonne tarte dans la gueule.. Pas venant de moi hein, sinon c'est surtout moi qui vais me faire mal. Mais vu son gabarit à lui, je pense que ça peut se jouer. Je me met alors à loucher à moitié sur ses paluches alors qui se saisit de la bouteille, les trouvant particulièrement grandes. Qui dit grande ma-.. Arrrh la ferme Håkan.. Bref. Me voilà donc parti en excursion via ferrata sur le bord de mon lit lorsque je l'entends me répondre.. Quelque chose.. De singulier. Mes brioches... Mes brioches ? Oh putain mes brioches ! Réalisant ce que cette expression veut dire, je percute soudainement qu'effectivement, étant habillé d'un t-shirt boxer, sa vision était sûrement droit sur mon petit, mais présent, postérieur. Gêné et voulant me redresser rapidement, je suis surpris par son mouvement et finit par à moitié rebondir, m'offrant une position encore plus spectaculaire. La gueule et toute la partie haute étalée sur le sol, la main dans le rangement à l'étagère décrochée, une poigne sur une brioche et toutes les autres au sol, une de mes jambes encore présente sur le lit et l'autre à genou au sol. Et désormais moi.. Pouffant de rire comme un gamin de quatre ans alors que je peine à essayer de réussir à parler.

"On .. A.. De la chance. Le mec le plus proche est sourd."

Ricanant toujours un peu et amusé de la situation malgré mon esprit morose d'il y a quelques minutes, je lance les brioche vers le lit quitte à attaquer un peu mon nouveau pote le mafieux avant d'essayer de me dépêtrer de ma posture. Finalement à quatre patte au sol, je m'époussette un peu avant de m'asseoir sur le sol dur en regardant l'homme éclaté dans mon lit, surement encore hilare de sa trouvaille et de ma débandade.

"Les brioches de Hareng.. Tu es un génie.."

Pouffant légèrement, amusé de la situation, je pousse une brioche vers l'homme, l'incitant à manger un peu. Fallait bien éponger un peu ce qu'il avait dans l'estomac et le sang. Frottant mes jambes pour combattre le froid arrivant, je continue de lui sourire, plutôt détendu. A croire que c'est moi la personne alcoolisée.

"Tu veux que j'aille remplir la bouteille ou ça va ? Et sinon, je suis d'accord avec toi. Il l'avait bien mérité ce type. Je suis certains que tu l'as bien amoché."

Je lui fais un clin d'oeil et rassemble mes jambes contre mon torse, tâchant de ne pas me mettre à grelotter comme un débile, finissant par mettre mes coudes sur le bord du lit.

Souriant, j'écoute son histoire avec la mâchoire serrée, voulant éviter de claquer des dents. Une nouvelle référence à la prison parvient à passer sans même me donner un frisson, à croire que décidément, la normalité est toute relative ici. Ricanant face à l'annonce du dépôt de brevet, je viens à me dire qu'il va sûrement avoir oublier la totalité de notre discussion le lendemain et en développerait presque un petit pincement au cœur. Grelottant légèrement, j'écoute avec attention sa dernière prise de parole.

"Tu sais, peut-être que si tu ne l'avais pas amoché, la situation aurait empirée. Ou peut-être qu'il aurait emmerdé quelqu'un d'autre, voir pire. Te met pas dans le mal parce qu'un abrutis a eu ce qu'il méritait."

Haussant les épaules, je fini par me relever en grelottant pour de bon, mon corps chétif ayant du mal à combattre la fraîcheur après avoir été enroulé dans mes draps. Avec l'ex-mafiaux tolard séduisant aux grandes mains menaceur de porte manteau étalé en plein milieu de mon lit, il m'est difficile de le rejoindre sans devenir plus "intime" avec lui. L'air perplexe, je relève les yeux vers lui, la bouche pincée d'une moue de réflexion.

"Bon par contre, là je commence à avoir un peu froid. Donc soit tu me fais une petite place et on reste ici. Soit tu veux bouger et je m'habille."

Les bras plaqués contre moi, frottant ma peau pour la réchauffer, je lui souris amicalement. L'Islandais frigorifié.. Je dois avec une bonne dégaine comme ça tiens.

Les yeux légèrement plissés et le corps tremblotant, je patiente tandis que Vodka-man semble en pleine réflexion sur les deux choix se présentant à lui. Dépité, je commence à essayer de chercher mon pantalon du regard sans grand succès avant que Baxter ne se mette à parler. J'écoute son invitation dans mon propre lit et me fige un peu. Malgré la situation, ma méfiance naturelle et tout ce qui devrait me faire redouter ce genre d'action, je ne peux pas m'empêcher de trouver la situation un poil agréable. Enfin je veux dire, il faut voir la scène. Un homme plutôt grand, plutôt fort, parlant de se battre, au passé ténébreux, allongé dans mon lit, relevant la couette sans bouger pour m'y inviter et donc, me serrer dans un lit une place... Je veux dire, il y a pire comme scénario.
Mes joues devenues sanguines cachées par la pénombre, du moins je l'espère puisque ma vision est moins nette dans la nuit, je tâche de paraître parfaitement à l'aise et m'approche du lit afin de m'y glisser. Je viens à mordiller légèrement ma lèvre pour essayer de camoufler un sourire nerveux, désireux de ne pas passer pour une écolière timide. Après tout, c'est juste m'allonger avec lui. Il n'y a rien de particulier.. Détend toi Håkan, tu es pathétique..
Déposant d'abord mes fesses sur le lit avant de finalement y enterrer tout mon corps, je remercie la nature de m'avoir donné ce format "réduit" et ainsi éviter de n'avoir qu'un quart de mon corps au chaud. Non, là même si je ne trouve pas de position, je suis au moins à peu près entièrement à l'intérieur même si une légère partie de moi se trouve dans le vide afin de laisser un peu écart entre nos deux corps. Après tout, si je suis "habitué" à avoir un homme près de moi, je ne connais pas trop l'état d'esprit d'un homme torché.. Mieux vaut éviter de risquer de se faire tabasser parce qu'il aurait mal pris un geste..

"C'est déjà mieux niveau chaleur."

Continuant de grelotter, je sens néanmoins la chaleur de la couverture et, par extension, celle du corps de l'homme à côté de moi réchauffer le mien lentement mais sûrement. Gesticulant depuis mon retour au lit, mon corps ne cesse d'essayer de trouver une position agréable et qui ne mettrait pas Baxter mal à l'aise.

"Bon, un lit deux places aurait été mieux, mais bon. C'est déjà ça. Et sinon, tu as un boulot ici ?"

Oui, tentative un peu ridicule d'essayer de briser une gêne hypothétique. Mais il faut dire que je ne sais pas vraiment s'il s'en fiche de nature ou s'il s'en fiche parce qu'il est bourré et qu'au fur et à mesure qu'il décuve il va avoir envie de me tabasser à coup de Igor.

Oh le con.. N-.. Je.. Le.. Mzfzpnpn.... ....... .................. Pendant l'espace de quelques secondes, mon cerveau disjoncte et mon regard sur fige avec un mélange de terreur et de plaisir lorsque je comprends et voit Baxter ôter sa chemise sans aucune gêne. Mes yeux détaillent alors son torse, musculeux et marqué. Et ce, autant par les tatouages que les cicatrices. Me raclant la gorge en même temps que je la gratte avec mes doigts afin d'essayer de camoufler le fait que je ne sais pas quoi faire à part le mater honteusement, je fini par me calmer un peu en l'entendant parler avant qu'il ne me lâche la bombe verbale. Moi, perturbé.. Et merde... Et .. Je sens mon corps frotter contre le linge du lit, comme attiré. Je ne commence à comprendre lorsque que je fais le lien entre le fait que ses mains sont venues m'entourer quelques secondes avant. Et quelques secondes après, je fini la tête enfoncée dans son torse. Écrasée suffisamment peu pour me laisser respirer, mais bien assez pour ne respirer que son odeur à lui.
Perplexe et encore un peu sous le "choc", je cligne lentement des yeux et percute la maigre distance nous séparant lorsque mes cils rencontrent une légère résistance. Restant quelques secondes interdit et immobile, je tâche de retrouver bonne figure en reprenant la parole.

"Je croyais que tu disais ça dans le sens passion. Je ne sais pas que tu étais.. Vraiment.. Cuisinier. C'est.. Bien.."

La voix modifiée par la couverture à sa hauteur et donc, légèrement sur ma tête ainsi que le fait que ma bouche est presque collée à sa peau, lui offrant des effleurement à chaque mots formulés. Je me surprends à me demander quel goût aurait sa peau si.. NON MAIS ARRETE ! Il veut justement que tu dérailles. Tiens toi bien Håkan. Rassemble tes idées. Où sont tes mains ?
Paniqué, j'essaie de faire bouger mes muscles l'air de rien pour essayer de repérer où mes mains se situent avant d'essayer de les ramener contre mon torse. Bien décidé à jouer le jeu de qui sera le plus mal à l'aise, je décide de les faire courir involontairement le long de ses hanches avant de les faire glisser sur son torse. Ressentant au passage les ondulations de sa musculature do-... Håkan putain ! Ressaisis toi ! Dis quelque chose !

"Tu as la peau douce."

Vraiment.. ? Genre.. Vraiment ? Heimskur.