Une journée assez banale en vue, comme la plupart de celles que j'ai vécu ici, en perspective.. L'air blasé, je regarde mon téléphone avec tristesse. Toujours aucun appel, aucun SmS, rien. Dépité, je le range et fini par laisser mes jambes me guider entre les diverses allées. Le tout jusqu'à arriver au Parc. Relativement peu de personnes sont présentes. Déjà en raison de la météo, quand même assez loin de celle d'été et sûrement en raison de l'heure où la plupart des jeunes sont toujours en cours. J'en avais même profiter pour aller poster ma lettre pour la directrice pour une recherche d'emploi sur le chemin.
Ravi de ne pas avoir à me soucier de croiser qui que ce soit, je commence à m'étire et... Un homme plutôt grand, se plante devant moi, me largue un paquet entre les mains et file se mettre derrière un arbre pour vider sa vessie. ...
Resté silencieux tout au long de son monologue, je me permet de baisser les yeux vers le paquet étrange qu'il venait de me donner. Enroulé dans des aillons ce que je n'oserai même pas utiliser comme torchon, je découvre un petit paquet intriguant. Plissant un œil, j'essaie de palper le dit paquet avant d'y découvrir une fente. Observant ce qu'il y a à l'intérieur, mon visage se décompose littéralement dans la seconde suivante. Non.. NON.. NON ! Je ne peux pas être vu avec ça entre les mains. Pas juste après avoir demandé un poste à la directrice.. J'ai déjà peu de chances mais alors là, c'est foutu.

Des pieds et leurs martèlement viennent me réveiller de ma torpeur et j'aperçois trois visages visiblement bien agacés commencer à regarder de près chaque personnes présentes. L'enflure.. Il me laisse avec son paquet et ses emmerdes. N'ayant même pas le temps de tourner la tête vers l'idiot m'ayant laissé sa bombe, je me retrouve nez à nez avec trois étudiants visiblement très peu content. Ceux-ci commencent à pester en me regardant, s'exprimant et me posant de multiples questions que je ne daigne même pas répondre. Non, je reste silencieux, le paquet contre moi comme un livre qu'on voudrait garder. Ils me posent des questions sur l'autre idiot. Sur le paquet que j'ai entre les mains et insistent... Reste calme Håkan. Reste calme. Tu as déjà fais face à pire. Tu t'es déjà sorti de pire. Et tu as déjà-... Une main se pose sur le paquet et je vois mon pied partir à vive allure droit dans les valseuses du premier homme avant que ma main de libre ne vienne gifler un deuxième au niveau de la gorge. Ne demandant pas me reste, je détale aussi vite que possible en m'enfuyant dans le parc, paquet sous la main. Comme quoi, les cours de self-defense m'auront servi un jour. Et puis, je ne pouvais pas me permettre d'être vu avec ça et d'être traité de voleur. Je préfère autant qu'ils oublient mon visage banal.. De toute manière, ils ne pourront pas aller se plaindre à la direction, pas avec ce genre de sujet.

Filant à vive allure, je me faufile au travers des rares gens et fini par me cacher non loin d'une espèce de jardin olfactif. Reprenant mon souffle, à moitié étalé au sol derrière d'épais buissons, je maudis ma chance et me promet de gifler cet abrutis aux cheveux blancs.

L'idiot aux cheveux blancs ne tarde pas à pointer le bout de son nez. Son air aussi ahuris qu'énervé me fait bouillir intérieurement. Il est aisé de remarquer qu'il est sanguin, je me demande même sur le coup s'il pensait vraiment duper quelqu'un avec le ton donné à sa première phrase. Ou alors avec la fausse inquiétude de la deuxième. Maiiis, n'ayez crainte, voilà l'arrivée de l’honnêteté lorsqu'il me demande de récupérer son paquet. Fronçant les sourcils, je le détaille avec un air clairement agacé et, alors que je m'apprête à l'envoyer chier en lui lançant son paquet au visage, je tique sur un bruit et des paroles et réagit instinctivement. Mettant mon doigt sur ma bouche, je laisse tomber le paquet au sol et attrape le Blanc par la chemise avant de tirer vers le bas pour l'inciter à s'abaisser, quitte à faucher ses jambes en cas de résistance. Ma mâchoire se serre d'ailleurs légèrement lorsque je me rends compte du gabarit de l'énergumène. Il serait mon type si il n'était pas aussi stupide.

Gardant mon doigt sur mes lèvres pour l'inciter à garder sa bouche close, j'attends que les bruits de pas se calme pour daigner enfin lui répondre. La voix à mi chemin entre ton normal et chuchotement.

"Ça fait à peine deux semaine que je suis là et je suis déjà dans une affaire de drogue.. C'est une blague."

Poussant sans aucune délicatesse son paquet vers lui, je grommelle mon agacement en croisant les bras.

"T'es vraiment trop stupide de penser qu'ils allaient me laisser tranquille, avec un paquet emballé comme ça. Et sans même me dire de le cacher. Et puis, à la base, comme tu as réussi à te faire cramer avec ça ? Je sais pas moi, tu aurais dû réfléchir avant d'agir."

Me rendant compte que je suis en train de commencer à me lancer dans une réflexion sur comment voler des substances illégales, je secoue ma tête pour chasser ses pensées.

"Je te préviens que si on nous chope et que la direction est au courant, je me lave les mains et je te vends."

Complet mensonge. Au fond de moi, je sais très bien que je le couvrirais. Même si je ne le connais pas. Même si je ne l'aime pas. C'est un abrutis stupide idiot bête. Mais dans le fond. Il doit juste être aussi paumé que nous tous. Et quelque chose me dit qu'il doit pas être à sa première connerie. Alors autant lui épargner celle ci. Mais ça, il n'aa pas besoin de le savoir.

Au mauvais endroit au mauvais moment.. Il a une drôle de façon de parler de son côté froussard et fuyard celui là.. Mais soit, on va passer. Il me dépasser d'une ou deux têtes et sa musculature existe alors que la mienne n'a jamais été.. Alors ce serait bien d'éviter de l'agacer plus que de mesure, surtout sans témoins. Même si son caractère me tape légèrement sur le système, sa paroles m'apaisent un peu. Me calme. Et... Quoi ?! D'où ça marche bien. Mais il est sérieux ce type ? Calme toi Håkan, ne laisse rien paraître. Voilà, hoche la tête et sourit, tu es le parfait petit élève gentil. Ça va l'ennuyer et il va part-.. Argh.. Il me dit son nom. Bon.. Il me prend définitivement pour un sans honneur capable de vendre qui que ce soit pour sa propre sécurité.. Je l'ai cherché en même temps. Mais bon, il aurait au moins put faire semblant de croire que je suis ce que je suis réellement mais dont il ne sait pas la réalité.... C'est clair dans ma tête. Et maintenant.. Il me demande des explications.. Et me propose de la conso'.. Génial.. Franchement, si je me met à courir après lui avoir jeté de la terre dans les yeux, j'ai une chance d'atteindre les mecs pour qu'ils le fassent fuir et je n'aurais à parler à personne.. Mais j'ai pas envie d'avoir de la terre sous les ongles.. Rha.. A contrecœur, je me met donc à lui répondre, le visage assez neutre.

"Je m'appelle Håkan."

Le nom, c'est fait. Un objectif sur trois d'effectué.

"Non merci, c'est gentil mais je ne consomme plu-pas.. Pas."

Hm.. Bon, je me met un Six sur dix pour l'effort.. Deux sur trois. Presque.

"Je viens d'Islande. C'est une petite communauté et tout le monde se connait. Mon frère était très populaire mais avait aussi pas mal de personnes qui lui en voulait.. Pour des raisons autour de ce que tu as entre les mains. Alors j'ai pris des cours pour savoir me défendre en cas de problème. Et m'enfuir."

Trois sur trois. Presque parfaitement exécuté. Une légère crispation de la mâchoire et une dureté dans la voix en trop marquant ma sensibilité sur le sujet de présentes mais pour le reste parfait. Il peut maintenant se lever et s'en aller sans jamais plus m'adresser la parole à moi, le porteur de cam.

"T'es du genre à toujours te mettre dans des emmerdes ou je me trompe ? C'est juste une excuse pour te taper avec des gens ou tu aimes juste le côté interdit ?"

Mais qu'.. Mais non.. Maiiis nooon.. Il y a faute là.. Si même mon cerveau veut me faire passer pour quelqu'un de social qui s'intéresse aux autres... Oui, c'est le cas. Mais j'ai pas envie que les gens pensent ça de moi.. Je veux pas qu'on pense à moi en fait.. Laissez moi tranquille..

L'air neutre mais l'esprit dépité, je me rends peu à peu compte que je me retrouve à devoir bel et bien une discussion avec cette personne. Mes yeux se mettent donc à le détailler avec un peu plus d'intérêt, cherchant visiblement à changer la première mauvaise impression pour laisser la place à son véritable visage. Ma bouche se déchire dans une petite moue d'interrogation lorsque je détaille son apparence, remarquant plus de détails qu'à ma première inspection.

Sa voix me relève de mes pensées et je l'écoute avec un peu plus d'attention. Evidemment, il reste un jeune fou qui parle d'herbe comme il doit parler de tunning.. Rho.. Je suis pas gentil.. Non mais c'est vrai.. Il a l'air d'être du genre à se prendre pour quelqu'un d'important et d'être méprisant envers les autres.. Il suffit juste voir comment il m'a aborder.. Non mais je te jure.. Non.. Arrêtes.. Tu commences à le diaboliser, il est peut-être gent-... Il est sérieux ?
Roulant des yeux sous sa question, je me met à soupirer. Evidemment qu'il ne devait pas me prendre au sérieux. A ses yeux, je ne suis qu'un petit agneau égaré. Grinçant des doigts, je laisse un petit silence s'installer avant de lui répondre.

"Non, je fais partie des gens qui restent sceptiques, n'attendent rien et se satisferont de ce qui leur tombera dans les mains parce que de toute manière, ils n'ont rien d'autre."

Haussant les épaules, je plisse les yeux en le toisant d'un regard un peu froid. Non, je n'ai pas aimé son espèce de commentaire maladroit ou intentionnel. Comme s'il était le seul à avoir souffert ou que seule sa façon de penser est légitime.

"Nous étions jumeaux. Mais sinon, tu es naturellement condescendant ou c'est juste un traitement spécial que tu m'offre. Non parce que autant discuter avec un mec qui consomme voir deal, je m'en fiche éperdument. Mais parler avec un blaireau qui juge et me considère comme un enfant de chœur pathétique.."

L'espace d'un instant, j'écarquille les yeux en étant surpris de ma propre spontanéité. Ma voix ayant perdu, l'espace d'un instant, sa crainte habituelle, n'ayant fait place qu'à du franc agacement. Serrant la mâchoire, je détourne la tête et fini par cracher, retrouvant ma voix moins posée.

"T'sais, si tu n'as pas envie de passer plus de temps avec "Le type bien qui suit toutes les règles" tu peux aussi partir et retourner discuter avec les cultivateurs hein."

Les sourcils légèrement froncés, véritablement vexé, je me ferme un peu plus. Alors que j'entends des bruits de pas et de parole, je me saisis d'un petit caillou que je viens jeter avec le peu de force que j'ai dans une direction opposée au jardin de senteur, cherchant à attirer leur attention ailleurs. Un bruit de bois éclaté plus tard, je détourne mon regard vers lui, attendant clairement de savoir s'il compte rester planter là ou s'en aller et profiter de la diversion.